Je rappelle aux nouveaux lecteurs que DiaCrisis fonctionne à l’aide de dons servant à compenser ses coûts – elle est sans but lucratif, et fonctionne au quotidien avec 100 % de bénévoles (que je remercie encore très chaleureusement, sans eux, tout ceci n’existerait pas).
Je lance donc ce jour un appel à votre générosité pour commencer le financement 2018 de l’association DiaCrisis. Je rappelle que nous réalisons les appels à terme échu pour veiller à ce que les dons soient bien en phase avec les dépenses réelles (nous ne cherchons évidemment pas à réaliser des bénéfices).
Voici la situation des dépenses 2017 à fin novembre :
- 30 % des dons 2017 ont servi à financer des stagiaires (en particulier pour des recherches et des rédactions de synthèses historiques) et de l’aide pour le fonctionnement du blog ;
- 40 % ont servi à acheter des livres pour documentation, surtout pour les stagiaires ;
- 22 % ont servi à des achats informatiques.
Notre objectif est de récolter 7 000 € ce semestre.
Cette année les stagiaires vont travailler sur le pétrole et sur des sujets historiques.
Je vous rappelle aussi que vos dons sont déductibles à 66 % de vos impôts (si vous êtes imposables). Ainsi, un don de 20 € ne vous coûtera au final que moins de 7 € et un de 100 € seulement 34 €… Les entreprises peuvent également réaliser un don déductible dans les mêmes conditions, au titre du mécénat.
Naturellement, un expert-comptable s’occupe de la comptabilité.
Vous pouvez donner très simplement et de manière sécurisée avec une carte bleue : c’est ici (pas besoin d’avoir un compte Paypal, une Carte Bleue suffit pour réaliser le don). C’est le moyen le plus simple pour nous. (NB : ne revenez pas en arrière durant le don, cela risque de bloquer la procédure pour 24 heures par sécurité).
Cependant, si vous souhaitez réaliser un gros don, n’hésitez pas à nous contacter pour que nous vous fournissions nos coordonnées pour un virement bancaire, afin d’économiser des frais.
Dans tous les cas, n’hésitez pas, même pour de petits montants, vu votre nombre, cela aidera beaucoup…
Merci encore pour votre fidélité et votre soutien !
Olivier Berruyer
P.P.S. un exemple du travail d’un des stagiaires sur le renversement d’Allende :
- « Sauvez le Chili » : les actions secrètes de la CIA visant à empêcher l’investiture d’Allende
Nixon est hors de lui en apprenant l’arrivée en tête d’Allende qu’il n’hésite pas à qualifier de « fils de pute » dans ses échanges avec l’Ambassadeur Korry[1]. Le couple de la Maison Blanche, « Nixinger », décide alors la relance d’opérations secrètes et clandestines pour empêcher l’accession au pouvoir du leader marxiste. À l’issue d’une réunion du Comité 40 le 14 septembre, il est décidé d’engager des actions sabotage économique et politique ainsi que des opérations de propagande. Trop minimaliste, cette approche ne convient pas au Président Nixon. Il convoque le DCI Richard Helms le lendemain et lui donne 48 heures pour mettre sur pied un plan d’action afin de fomenter un coup d’État militaire au Chili. Dans les notes manuscrites que prend Helms durant cette réunion, on peut lire : « 1 chance sur 10 peut-être, mais sauvez le Chili ! », « $10 millions disponibles, plus si nécessaire » et « faites hurler l’économie »[2]. Le 18 septembre, Nixon s’entretient également avec Agustin Edwards, le propriétaire du journal El Mercurio, pour discuter, en présence de Helms, de la situation politique du Chili et des différentes pistes étudiées par les américains[3]. Mais le comité 40 et l’Ambassadeur Korry ne sont pas informés de l’ouverture de cette « deuxième voie » (Track II). En d’autres termes, non seulement le Président Nixon décide d’empêcher violemment l’accession au pouvoir d’un Président-élu démocratiquement, mais il le fait en court-circuitant les institutions de supervision de l’action secrète et en violant les procédures normales. Bien entendu, ceci est fait sciemment.
[1] Pierrick de Morel, « 11 septembre 1973 : le Chili face à la dictature », francetvinfo.fr, 11 septembre 2013 ; Mark Weisbrot, « The US game in Latin America », theguardian.com, 29 janvier 2010.
[2] Richard Helms (DCI de la CIA), « Notes on Meeting with the President on Chile », 15 septembre 1970.
[3] CIA, « Memorandum of Conversation : Discussion of the Chilean Political Situation », 18 septembre 1970 ; Kissinger fait référence à l’organisation de cette réunion dans une conversation téléphonique quelques jours plus tôt cf. Kissinger, « Transcript of telephone call to Steven Bull », 14 septembre 1970.
En plus de cette proximité entre les armées des deux pays, la CIA parvient à infiltrer les sphères militaires dans deux buts. D’une part, pour propager des informations – parfois fausses – concernant la proximité d’Allende avec Castro afin de susciter de l’hostilité à l’égard du gouvernement ; d’autre part, pour collecter des renseignements sur l’éventualité d’un coup d’État. Mais, entre la collecte d’informations et la participation à l’organisation d’un coup éventuel, la frontière est parfois poreuse. Par exemple, durant la présidence d’Allende, l’antenne de la CIA a collecté tellement de renseignements sur l’éventualité d’un coup qu’elle dispose de listes de personnes à arrêter et d’autres à protéger, ainsi que des plans d’urgence du gouvernement si cela devait arriver. L’Agence affirme n’avoir jamais transmis ces informations aux militaires chiliens[1], mais l’efficacité redoutable de l’exécution du coup du 11 septembre 1973 met fortement en doute cette version des faits[2].
Parallèlement, la CIA renouvelle son soutien aux partis d’opposition (essentiellement aux Chrétiens-Démocrates et au Parti National) leur permettant d’acquérir des médias de communication et de faire campagne aux élections de mi-mandat de 1972 ainsi qu’aux législatives de mars 1973[3]. La CIA poursuit également ses opérations de propagande, notamment en gardant la main sur El Mercurio[4]. Ce journal, que Kissinger considère être une « épine dans le pied d’Allende » qui « aide à donner espoir aux forces d’opposition »[5], reçoit près de $2 millions de fonds secrets de la CIA entre septembre 1971 et mai 1972[6].
Mais l’Agence élargit son soutien en fournissant des aides financières à des groupes patronaux, syndicaux et d’autres organisations d’opposition. C’est le cas du groupe Poder Feminino, une organisation de femmes de la bourgeoisie conservatrice affiliée au Parti Chrétien-Démocrate, qui est particulièrement hostile à Allende[7]. Un package de $1,5 millions est approuvé en octobre 1972 par le Comité 40[8]. La CIA encourage également certains groupes paramilitaires comme la Brigade Rolando Matus et surtout Patria y Libertad. Ce dernier groupe, situé à l’extrême droite de l’échiquier politique, a notamment contribué au blocage complet du pays lors des grèves de camionneurs d’octobre 1972[9]. Concernant cette grève, s’il est avéré qu’aucun soutien direct n’est accordé aux grévistes par la CIA (contrairement à ce qui est souvent dit), néanmoins il apparait que ce soutien est indirect, du fait que de nombreux groupes privés appuyés par la CIA soutiennent le mouvement des camionneurs.
[1] Rapport Church, Livre « Covert Action in Chile, 1963-1973 », 1975, p.38.
[2] Jonathan Haslam, The Nixon Administration and the Death of Allende’s Chile : A Case of Assisted Suicide, Verso, 2005, p.223.
[3] Rapport Church, Livre « Covert Action in Chile, 1963-1973 », 1975, p.28-29.
[4] Ibid., p.29-30.
[5] National Security Council (NSC), “Memorandum for Henry Kissinger: 40 Committee Meeting-Chile”, April 11, 1972.
[6] CIA, “Memorandum for the Record: Authorization for ‘El Mercurio’ Support”, 30 septembre 1971 ; Mémorandum de Theodore Shackley (chef de la Division Hémisphère Ouest) à Richard Helms (DCI), « Request for Additional Funds for El Mercurio », 10 avril 1972.
[7] Zakia Shiraz, “CIA Intervention in Chile and the Fall of the Allende Government in 1973”, Journal of American Studies, Vol.45, No.3, Cambridge University Press, 2011, p.610.
[8] Rapport Church, Livre « Covert Action in Chile, 1963-1973 », 1975, p.30.
[9] Ibid., p.31.
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