David Cayla est économiste, membre des économistes atterrés. Ses travaux portent principalement sur l’économie de l’Union européenne, sur le néolibéralisme et l’histoire de la pensée économique. Auteur avec Coralie Delaume de « La Fin de l’Union européenne (Michalon 2017) » il vient de publier « Déclin et chute du néolibéralisme: Covid, inflation, pénuries : comment reconstruire l’économie sur de nouvelles bases » chez De Boeck Supérieur.
Dans cette interview par Olivier Berruyer pour le site Élucid, il propose de décortiquer ce qu’est réellement le néolibéralisme, en faisant un tour d’horizon de l’Union européenne, du système bancaire, du fonctionnement du marché, de la fixation des prix, ou encore de la désindustrialisation que nous subissons.
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Commentaire recommandé
Merci.
C’est rare que je sois d’accord (à quelques détails près, comme pour la détermination de la valeur) avec un économiste (qui en plus distingue la diversité des pensées libérales en pointant les différences avec le néolibéralisme), mais c’est le cas dans cette interview, avec une excellente analyse des changements de paradigme imposés par les diktats néolibéraux.
Juste pour compléter.
– À 17:00 : le système de Bretton Woods ne s’est pas effondré tout seul (en 1971), il a été unilatéralement dénoncé par les USA qui ont imposé leurs propres diktats (c’est mieux quand on identifie les vrais responsables).
– Il ne faut pas oublier que le néolibéralisme (avec le développement du commerce international) est consubstantiel au fait que les USA aient imposé le $ comme monnaie d’échange internationale et donc de facto comme devise de réserves des BC. Ce changement de système monétaire était indispensable pour que les USA continuent à faire fonctionner la planche à billets pour financer leur programme spatial et continuer la course aux armements. Une façon « ingénieuse » de soutenir la valeur du $ par sa demande permanente de tous les pays qui commercent avec.
– Son corollaire la valorisation par l’offre et la demande des valeurs monétaires rend illusoire toute politique monétaire indépendante en l’absence soit de l’autosuffisance économique, soit de productions convoitées par le reste du monde qui couvriraient les besoins d’importation.
– Pour tenir les objectifs de réduction de CO², en fait, la bonne mesure des « sacrifices » est de savoir que chaque terrien devrait vivre au maximum au niveau de vie moyen d’un Indien, soit pour un Français réduire en moyenne son niveau de vie par plus de 5… Très clairement, je partage le scepticisme et pessimisme de David Cayla que nous puissions y arriver un jour par cette voie-là et qu’il faut en conséquence « penser autrement »…
Quand Cayla pointe l’incompréhension de ses collègues économistes sur la « concurrence et la réalité des territoires » (à 51:00), en fait, je pense qu’on peut généraliser à « tous » les économistes ce problème de contextualisation de leur pensée… comme s’ils réfléchissaient « hors sol », de manière théorique, sans jamais avoir éprouvé dans le réel leurs théories.
Par exemple, même pour Cayla, quand (à 01:09:00) il dit « qu’il ne comprend pas trop parce que la théorie dit que la monnaie c’est un élément très important de la politique économique », c’est qu’il n’a toujours pas intégré que la valeur d’une monnaie (dans notre contexte mondialisé) est une conséquence des forces économiques d’un pays, pas une cause (sauf pour les USA qui mènent la « danse ») !
S’il avait dû diriger des entreprises – dont la valorisation et la prospérité ne dépendent en réalité que de leur « désirabilité » – il le saurait, et c’est pourquoi il semble ne pas comprendre que c’est pareil pour toute monnaie, devenue une marchandise comme une autre.
Cette quasi-permanence de la confusion des effets et des causes est détectable chez tous les économistes, à l’exception paradoxalement de ceux qui s’occupent de micro-économie.
3 réactions et commentaires
Merci.
C’est rare que je sois d’accord (à quelques détails près, comme pour la détermination de la valeur) avec un économiste (qui en plus distingue la diversité des pensées libérales en pointant les différences avec le néolibéralisme), mais c’est le cas dans cette interview, avec une excellente analyse des changements de paradigme imposés par les diktats néolibéraux.
Juste pour compléter.
– À 17:00 : le système de Bretton Woods ne s’est pas effondré tout seul (en 1971), il a été unilatéralement dénoncé par les USA qui ont imposé leurs propres diktats (c’est mieux quand on identifie les vrais responsables).
– Il ne faut pas oublier que le néolibéralisme (avec le développement du commerce international) est consubstantiel au fait que les USA aient imposé le $ comme monnaie d’échange internationale et donc de facto comme devise de réserves des BC. Ce changement de système monétaire était indispensable pour que les USA continuent à faire fonctionner la planche à billets pour financer leur programme spatial et continuer la course aux armements. Une façon « ingénieuse » de soutenir la valeur du $ par sa demande permanente de tous les pays qui commercent avec.
– Son corollaire la valorisation par l’offre et la demande des valeurs monétaires rend illusoire toute politique monétaire indépendante en l’absence soit de l’autosuffisance économique, soit de productions convoitées par le reste du monde qui couvriraient les besoins d’importation.
– Pour tenir les objectifs de réduction de CO², en fait, la bonne mesure des « sacrifices » est de savoir que chaque terrien devrait vivre au maximum au niveau de vie moyen d’un Indien, soit pour un Français réduire en moyenne son niveau de vie par plus de 5… Très clairement, je partage le scepticisme et pessimisme de David Cayla que nous puissions y arriver un jour par cette voie-là et qu’il faut en conséquence « penser autrement »…
Quand Cayla pointe l’incompréhension de ses collègues économistes sur la « concurrence et la réalité des territoires » (à 51:00), en fait, je pense qu’on peut généraliser à « tous » les économistes ce problème de contextualisation de leur pensée… comme s’ils réfléchissaient « hors sol », de manière théorique, sans jamais avoir éprouvé dans le réel leurs théories.
Par exemple, même pour Cayla, quand (à 01:09:00) il dit « qu’il ne comprend pas trop parce que la théorie dit que la monnaie c’est un élément très important de la politique économique », c’est qu’il n’a toujours pas intégré que la valeur d’une monnaie (dans notre contexte mondialisé) est une conséquence des forces économiques d’un pays, pas une cause (sauf pour les USA qui mènent la « danse ») !
S’il avait dû diriger des entreprises – dont la valorisation et la prospérité ne dépendent en réalité que de leur « désirabilité » – il le saurait, et c’est pourquoi il semble ne pas comprendre que c’est pareil pour toute monnaie, devenue une marchandise comme une autre.
Cette quasi-permanence de la confusion des effets et des causes est détectable chez tous les économistes, à l’exception paradoxalement de ceux qui s’occupent de micro-économie.
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AlerterNous assistons par exemple dans les régions à des choses incroyables, l’État par la puissance des préfets s’affranchissent des décisions des tribunaux pour installer des porcheries industrielles voire des éoliennes..
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AlerterVidéo très intéressante qui montre bien la folie de notre monde néolibéral globalisé.
Je voudrais néanmoins revenir sur la toute dernière séquence ou David Cayla nous explique que la formation de la valeur est une construction de la société avec un très bel exemple qui démontre l’écart entre nos valeurs d’utilité sociale et la valeur attribuée à travers des salaires monstrueusement disproportionnés .
Je corrigerais cependant en disant que ce n’est pas la société qui produit ces aberrations mais bien un système de valeur capitaliste, dirigé par une ploutocratie, arrivé au bout de sa logique et dans lequel cette société est prise en otage.
C’est bien parce que le footballeur valorise beaucoup de capital qu’il est aussi bien payé alors que l’aide soignante ne valorise pas de capital mais coûte de la valeur dans leur logique libérale.
Et pour faire avaler tout ça, on (des politiques, des médias …) nous racontent des histoires, orientent nos imaginaires et à la fin nous fabriquent des boucs émissaires (immigrés, phobie de l’islam … ) pour que cette ploutocratie continue à décider pour nous.
Tout ça pour dire que oui la société peut construire une autre valeur mais que pour cela il faut un peuple qui se lève et qui lutte, donc avant tout un peuple instruit qui produit à chaque étage de la politique et qui comprend que l’émancipation de chacun passe par le bien commun !
Les forces en présence sont dans une partie difficile. La gauche se voit confrontée directement à l’extrême droite et diabolisée par la droite qui se sent menacée. Dur moment où tout peut basculer !
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