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12.novembre.201612.11.2016 // Les Crises

Crise de la société américaine, crise de la globalisation ? – par Emmanuel Todd

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Conférence de Todd la veille du scrutin…

Source : Blog Mediapart, Emmanuel Todd, 08-11-2016

Emmanuel Todd travaille actuellement sur les tensions de la société américaine et leurs liens avec la globalisation. La conférence d’Emmanuel Todd s’est tenue à Nantes le 8 novembre 2016, quelques heures avant la proclamation des résultats.

Lors du débat du 26 septembre dernier, les deux candidats à la présidentielle américaine se sont accordés pour désigner un ennemi commun : la globalisation.

Dernière forme prise par la mondialisation, elle est marquée par l’instantanéité des échanges et par le néolibéralisme. Or, si la société américaine a su jouir des avantages de ce système, elle a dû faire face à des revers aux conséquences dramatiques. Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui la globalisation concentre les critiques de bon nombre de citoyens américains. Beaucoup d’entre eux ne font plus confiance au multiculturalisme et sont tentés par le populisme.

(Ca commence à 41’00)

Emmanuel Todd souhaite apporter certains éléments qui nous permettront de comprendre le résultat des élections. Le traitement médiatique aux Etats-Unis a été complètement fou. Les médias en France ne font que les recopier, avec une moindre connaissance des réalités américaines. L’establishment et sa presse n’ont pas été mobilisés seulement contre Trump mais aussi contre son électorat et contre les thématiques qui sont apparues dans la première partie de la campagne électorale et qui ont montré le début d’une « reprise en main de l’Amérique par elle-même ».

La seconde partie de la campagne, concentrée sur les personnes de Trump (et son rapport aux femmes) et de Clinton (et son rapport à la Loi) ont occulté la première partie, soit la rupture des tabous sur les éléments centraux de la globalisation, la liberté des échanges et la liberté de circulation des hommes. La vision hyper individualiste de l’espèce humaine (il n’y a plus de nations, les individus circulent librement comme s’il n’appartenaient à aucun système national ou culturel), les marchandises doivent circuler… Dans la campagne de Trump, le rejet du libre échange et le rejet des Mexicains sont liés. Le déclencheur fut l’idée que les sociétés doivent rétablir des frontières contrôlables, c’est une mise en question du libre échange, interdite par les économistes et par l’establishment.

Sanders avait également mis au coeur de son programme une contestation du libre échange. Lors de son ralliement à Clinton, ses supporters ne se sont manifestés à la convention démocrate que lorsqu’il a été question de la critique du libre échange. Il s’agit donc d’une thématique très importante, très différente de la manière dont la campagne a été présentée par les médias : la campagne a été lancée sur des thèmes extrêmement sérieux, de critique sociale et de mutation sociale et économique.

Comment l’Amérique s’est-elle dirigée vers le libre échange ? C’est le protectionnisme qui a permis après la guerre civile le décollage de l’économie et la suprématie de l’Amérique à l’échelle mondiale. Le niveau des prélèvement douaniers en 1934 est de 18%, en 2007 de 1,5%. Le libre échange a déclenché une montée des inégalités puis finalement une stagnation du revenu médian. D’où l’importance du retournement actuel dans un pays habitué à une croissance ininterrompue : la rupture du rêve américain. Les effets du libre échange sur l’industrie, sur les salaires des ouvriers et de la classe moyenne sont faciles à observer, en dépit de l’avis des centaines d’économistes anti-Trump qui se sont manifestés lors de la campagne électorale.

La présentation de l’électorat de Trump comme représentant une « infra-Amérique » pose le problème de la stratification éducative. L’effondrement de la valeur d’égalité, réalisé par l’abaissement des barrières douanières et leur non rétablissement en période de crise, a été rendu possible par l’évolution des structures éducatives. La montée du sentiment démocratique est liée à celle du niveau éducatif. Les sociétés avancées atteignent au tournant du XXe s. l’alphabétisation universelle. Cela aboutit à un sentiment égalitaire, favorisant la conscience nationale et favorable aux politiques protectionnistes. Peu de gens ont alors fait des études supérieures. En 1940, 6% seulement, en 2000, 32 %. Le monde perd son homogénéité éducative. Apparaît un nouveau type d’inégalité, avec l’apparition d’un monde de « supérieurs ». Sur ce plan, les Etats-Unis ont 30 ans d’avance. Contrairement à une idée générale, le niveau d’éducation moyen de la population américaine est très élevé, avec peu de différences entre tranches d’âge mais en revanche d’importantes inégalités éducatives. Le gros de l’électorat de Trump représente par exemple les éduqués supérieurs n’ayant pas atteint le niveau de la licence. La campagne électorale US a révélé des thématiques élitistes et anti-populistes de la part du camp Clinton qui reflètent ces inégalités.

Il faut essayer de comprendre pourquoi le monde anglo-saxon, qui a imposé au monde les règles du libre-échange, la globalisation, ne supporte plus les conséquences de ses propres valeurs. Comme si on avait été trop loin dans le stress induit par les conceptions néolibérales. On a constaté une remontée de la mortalité dans la population blanche (les blancs représentent 75% de la population), qu’on ne retrouve pas dans les minorités noire et hispanique. La mortalité du groupe blanc a cependant continué à baisser chez les éduqués supérieurs.

On devra observer dans les résultats des élections les différences selon le niveau éducatif. Dans le groupe blanc, le vote Clinton / Trump est directement lié, et consciemment, au niveau éducatif. Dans les derniers sondages, Trump était majoritaire dans le groupe ayant une éducation supérieure incomplète (n’ayant pas atteint le niveau de la licence) mais finit par s’implanter dans le monde ouvrier blanc.

Ce qui rend la poussée électorale de Trump dangereuse pour les Démocrates, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’une révolte « populiste » de gens ayant un niveau éducatif très bas, mais c’est aussi un phénomène de classes moyennes. Et les bouleversements historiques interviennent dans les sociétés quand les classes moyennes interviennent.

Réponses aux questions :

– Comparaison avec la situation en Europe

L’Amérique est en avance, y compris dans le déclin économique. Mais la campagne est intéressante parce que les Américains décident pour eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas en Europe.

– Perte de prestige des USA

L’extérieur est important dans la campagne. La russophobie des Démocrates, qui ne semblent penser qu’en terme militaire, est ahurissante. L’Amérique perd le contrôle de tous ses alliés (Europe contrôlée par l’Allemagne, etc.). Mais subsiste une solidarité mondiale des establishments, souvent des gens de gauche, présentant Trump comme dangereux et Clinton comme compétente. Or le message de Trump porte sur la question de la réalité. Il dit à l’Amérique que ça va mal, alors que Clinton défend des « valeurs ». A l’international, Trump prend acte du déclin, pense que les alliés doivent assurer leur propre défense, mais n’est pas belliciste, veut s’entendre avec la Russie. Clinton veut conserver une société fragmentée par l’absence de protection douanière et dans le domaine international a des projets d’intervention en Syrie, rend possible l’idée de guerre avec la Russie. L’establishment est dans une problématique de domination culturelle plutôt que de perception de la réalité du monde.

– Le mandat Obama

L’électorat a fini par se rallier à Clinton, mais Obama avait déjà opéré un premier recentrage national en terme de couverture santé, de reconstruction des infrastructures. C’est un paradoxe. Avant qu’il soit aspiré par le clintonisme, Obama a préfiguré l’évolution actuelle, qui touche à la fois la gauche et la droite. Le système anglo-saxon peut produire des ruptures assez violentes, comme l’arrivée au pouvoir de Reagan en 1980 et le virage néolibéral. Avec le Brexit, premier recentrage national, on a vu apparaître avec Teresa May un discours « conservateur de gauche » se préoccupant des classes populaires. Le retour aux conceptions nationales semble sur une voie inéluctable.

– Comment expliquer la position des Démocrates clintoniens ?

Ce sont les partisans d’une société post-démocratique. La force électorale de l’Amérique impériale représentée par Clinton est constituée d’un groupe supérieur assez massif croyant à la globalisation, allié à Wall Street et disposant d’un mercenariat électoral captif, les minorités. Le simple fait que les classes moyennes et le prolétariat noirs votent de la même façon montre du reste que la question raciale n’est pas résolue. Le pari démocrate repose sur l’espoir d’une évolution démographique : l’importance des minorités, alors que l’Amérique de Trump ne reposerait que sur une minorité blanche. Mais la rhétorique des minorités produit des effets de surmobilisation blanche (le corps électoral est encore aux 3/4 blanc). Les noirs qui votent démocrates votent contre leur intérêt économique. Les gens favorisés le plus par une politique protectionniste seraient ceux de la minorité noire. Et Clinton n’est pas Obama. Bill Clinton avait joué un rôle assez dur dans la poursuite des politiques d’enfermement carcéral des jeunes noirs. Les Hispaniques dans les sondages restaient à 30% en faveur de Trump en dépit de ses déclarations sur les Mexicains. Mais ceux-ci ne sont pas tellement à gauche, traditionnellement.

La démocratie américaine est une démocratie raciale fondée sur la solidarité du groupe blanc contre les minorités indienne et noire. La notion de race semblant indépassable, la dé-ségrégation issue des lois civiques a déstabilisé le système démocratique américain. Le Parti républicain s’est redéfini comme un Parti blanc. Les politiques néolibérales contre les subventions publiques étaient admises tant qu’on suggérait que les aides sociales étaient orientées vers le groupe noir. Trump a détruit cette logique en se désolidarisant des objectifs libre échangistes. La problématique a été déplacée par Trump des valeurs religieuses traditionnelles du Parti républicain vers des problématiques de classe. On s’aperçoit que la stratégie démocrate est par contre raciale. Et Sanders écarté, Clinton s’est recentrée sur les « valeurs ».

– Sur la démocratie : en phase de déclin.

La France n’est plus une démocratie. Le vote est devenu une simple « illustration ». On revit peut-être quelque chose d’assez habituel dans l’histoire de la démocratie. La victoire du Brexit, victoire spectaculaire des non éduqués sur les éduqués supérieurs. Les universitaires anglais sont en fureur. Mais les représentants anglais conservateurs respectent la démocratie. Aux Etats-Unis, Trump, personnage improbable, se met à la tête du même genre de revendication. Il faut parler de révolte populaire ou de révolte démocratique car l’oligarchie a échoué en terme social et économique par rapport aux intérêts du gros de la population. Mais ce regain démocratique nous confronte à la réalité du fondement ethnique de la démocratie : il n’y a pas de démocratie sans un peuple qui existe à travers une langue et des habitudes culturelles. La problématique migratoire, la redéfinition du corps national et de la conception des frontières qui peut apparaître absurde dans un monde varié et coloré qui ne permet pas de parler vraiment d' »ethnie » est pourtant un phénomène primordial. Le corps des citoyens n’est pas un absolu, il a besoin de se définir « contre ». En Amérique, contre les Indiens et les Noirs. En admettant que le phénomène Trump constitue un regain démocratique, c’est à l’intérieur du groupe blanc, qui se définit contre d’autres groupes, tels que les Mexicains. L’idée de démocratie est confrontée à un non-dit.

– Que peut faire Trump ?

C’est une situation historique qui n’a jamais existé. Peut-il y avoir un ralliement des éduqués supérieurs à une stratégie de recentrage national ? On est peut-être dans une logique de lutte des classes, mais il y a la question raciale qui est actuellement indépassable.

– Le Brexit a été plébiscité par les classes inférieures et moins éduquées

On aurait dit il y a peu de temps que le fait que cette catégorie d’inférieurs vote le Brexit invalide ce scrutin. C’est ce qu’on disait du vote noir aux Etats-Unis : en quoi un vote d’inférieurs serait-il valable ? En France, le vote contre le Traité constitutionnel européen a été invalidé. Au Royaume-Uni, le tempérament démocratique est plus fort. Le vote sur le Brexit est respecté.

On peut se demander si les éduqués supérieurs sont réellement supérieurs. Le système éducatif pensé comme émancipateur est devenu une machine à fabriquer des inégalités et donc à justifier l’inégalité.

Il s’agit avant tout d’un monde de bons élèves. Le tri ne se fait pas que sur l’intelligence mais aussi sur l’obéissance : intelligence et soumission. Peut-on vraiment décrire l’establishment français ou américain comme intelligent ? Il faut décrédibiliser l’idée que ce monde supérieur est supérieur en intelligence, par exemple du point de vue de l’économie. Une population qui élirait Trump désavouerait ce système de domination. On reproche souvent aux Républicains d’être Créationnistes. Mais que penser de l’auto-hallucination de centaines d’économistes, pétitionnant contre Trump, présentant le libre échange comme indépassable ? Il s’agit de fausse conscience : les éduqués supérieurs ne sont pas supérieurs.

Source : Blog Mediapart, Emmanuel Todd, 08-11-2016

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Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 10.11.2016 à 05h26

Depuis le brexit la guerre préventive contre le populisme est déclarée dans les médias et s’amplifie avec le trumpisme. Le peuple n’étant ni compris ni soutenu se sent trahi par ceux qui étaient censés défendre ses intérêts. Alors il s’exprime et quand il le fait les élites auto-proclamées l’accusent de populisme.
C’est le fondement même de la démocratie le vote du peuple. Quand les idéologistes portés au pouvoir par le peuple sont désavoués par ce même peuple, alors ils le déclarent populiste et le présentent comme le plus grand danger qu’il faut éviter. Le peuple subitement est déclaré extrémiste quand il s’oppose au totalitarisme de ceux qui savent mieux que lui. C’est l’alerte générale. Le mot populiste va occuper tous les médias. Mais le peuple populiste (c’est un pléonasme) continuera à désavouer ces pseudo élites. Faudra-t-il pour ces « élites » supprimer le droit de vote? Ou l’étendre au maximum pour le diluer?

58 réactions et commentaires

  • Caliban // 10.11.2016 à 03h22

    Merci pour cette vidéo, où on apprend énormément comme d’habitude avec M. Todd.
    Il y a tout de même une nouvelle attristante, son départ à la retraite (méritée) dans 6 mois 🙂

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  • albert // 10.11.2016 à 05h09

    Merci pour cette vidéo.
    Emmanuel Todd est tout de même un personnage étonnant.
    On a parfois du mal à croire qu’il argumente avant la décision des urnes, la veille comme vous le précisez, ce qui donne un poids considérable à son intelligente analyse de la situation américaine, de la globalisation, de la démocratie, puis de l’éducation (lors de la dernière question du public sur les fameux pans des électeurs rétifs ‘peu éduqués’).

      +21

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  • DUGUESCLIN // 10.11.2016 à 05h26

    Depuis le brexit la guerre préventive contre le populisme est déclarée dans les médias et s’amplifie avec le trumpisme. Le peuple n’étant ni compris ni soutenu se sent trahi par ceux qui étaient censés défendre ses intérêts. Alors il s’exprime et quand il le fait les élites auto-proclamées l’accusent de populisme.
    C’est le fondement même de la démocratie le vote du peuple. Quand les idéologistes portés au pouvoir par le peuple sont désavoués par ce même peuple, alors ils le déclarent populiste et le présentent comme le plus grand danger qu’il faut éviter. Le peuple subitement est déclaré extrémiste quand il s’oppose au totalitarisme de ceux qui savent mieux que lui. C’est l’alerte générale. Le mot populiste va occuper tous les médias. Mais le peuple populiste (c’est un pléonasme) continuera à désavouer ces pseudo élites. Faudra-t-il pour ces « élites » supprimer le droit de vote? Ou l’étendre au maximum pour le diluer?

      +54

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    • geoffrey // 10.11.2016 à 12h15

      l’étendre au max’…le droit de vote des étrangers ? théorie du remplacement….

      Tonton Marx avait pourtant expliqué ce que vaut la démoc’ bourgeoise !

      les gens-dissidents doivent désormais penser l’après-démoc’ représentative – gardons la démocratie !

      et partant, l’après-capitalisme : écologie, du travail pour tous, plus d’amour/agapé et moins de cupidité.

      Geof’, neo-communiste

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    • Barbe // 10.11.2016 à 13h29

      Le peuple ne peut pas être populiste.
      Ce ne peut donc pas être un pléonasme.
      Seul des pseudo chefs, au trop gros appétit de pouvoir, peuvent être populistes.

        +6

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    • polarBear // 16.11.2016 à 09h10

      Vu vos propos, que je partage, je pense que vous connaissez déjà…
      Mais on ne sait jamais, alors voilà : http://www.chantaldelsol.fr/a-quoi-don-leurope-sil-ne-doit-pas-y-avoir-de-democratie/

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  • en passant // 10.11.2016 à 07h01

    J’y vois un signe de séparation de plus en plus grande entre les elites d’un côté qui possèdent tout et les peuples qui s’appauvrissent et s’usent au travail.
    Les merdias ne voient rien venir car ils sont formatés par leurs dirigeants, elites eux même.
    Nos politiques ne sont pas a même de comprendre cela ni de trouver des solutions a nos problèmes car ils ne visent que leur élection ou réélection.
    La solution peut venir de la démocratie participative mais le peuple n’est pas prêt pour cela car il est dans son schéma de transfert de responsabilité vers le politique avec un vote tout les 5-6 ans.

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    • lvzor // 13.11.2016 à 18h16

      Fabuleux :
      Ce soir 13 novembre, à propos de l’élection de Trump, la chaîne larbinique de propagande atlantiste TV5monde passe un « débat » sur la politique internationale (« Kiosque ») où, en plus de la présentation à charge contre le Président élu des US, les 4 intervenants se déclarent dès l’introduction consternés voire horrifiés par l’élection du candidat « vulgaire » et « raciste ».

      Difficile d’apprendre à ces 5 guignols ce qu’est réellement la vulgarité autrement qu’à coups de tarte…

        +4

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  • de Bernardy // 10.11.2016 à 07h27

    Supérieur ? « Avec les études que j’ai faites ! » Je repense à mon service militaire. Je disais à des officiers : « Relisez votre manuel, vous êtes supérieurs EN GRADE, pour le reste … »

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    • Micmac // 10.11.2016 à 07h55

      Mouais, si vous avez regardé la vidéo, c’est exactement l’argument que Todd conteste.

      Pour avoir fait mon service militaire en tant que troufion en ayant fait des études supérieurs (pour n’avoir aucun privilège), et en ayant observé la gente galonnée de prés sans a priori, j’ai pu constaté qu’ils n’étaient pas (pour la plupart, avec des exceptions notables) si bête qu’ils en avaient l’air (et que les troufions n’étaient pas dupe non plus) … et qu’ils en avaient vu d’autres.

      Mais bon, j’étais pas dans des bureaux, j’étais en compagnie de combat, je creusais en plein hiver des trous dans le Norrrd (accent Galabru) pour dormir dedans avec mon FAMAS…

      Faut toujours l’avoir sur soi, si tu le perds, t’es dans les caca, donc tu dors avec.

      Je ne suis pas si vieux, c’était pas longtemps avant que ce ne soit plus obligatoire.

        +12

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      • Micmac // 10.11.2016 à 08h12

        Et d’ailleurs, on était un certain nombre comme moi à avoir fait des études et à n’avoir demandé aucun passe droit.

        Beaucoup de ceux-ci étaient militant PS… Pas moi, j’étais plutôt à gauche mais pas aussi impliqué. Enfin, ils étaient des vrais socialistes, pas comme Hollande et Valls.

        On a découvert à l’armée des gens biens, dans l’ensemble, qui nous sortaient de nos milieux d’étudiants formatés. C’est là (avec en arrière fond les colos du comité d’entreprise dominé par la CGT quand j’étais plus jeune, mon père était cadre mais j’y avais droit aussi… grande entreprise sidérurgique aujourd’hui démantelée) où j’ai vraiment réalisé, bourgeois que j’étais et que je suis toujours bien sûr, que le « peuple » n’est vraiment pas con pour l’essentiel.

        Le discours et les raisonnement de Todd anti élitiste touchent vraiment une corde sensible chez moi.

        J’ai vraiment bu du petit lait avec cette vidéo.

          +27

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        • Pinouille // 10.11.2016 à 10h21

          Je pense pour ma part que le « bas-peuple » n’a juste pas l’éducation, la culture ou la curiosité (ou l’énergie après un dure journée de travail) pour comprendre la complexité grandissante des enjeux actuels. Ce n’est malheureusement pas en se contentant de regarder le JT (ce que fait la grande partie des français) qu’on peut y arriver…

          En revanche, ce même peuple est tout à fait à même de constater à son échelle la dégradation de ses conditions de vie et de réagir en conséquence dans son vote.

          La difficulté, c’est que sa situation ne va pas s’améliorer: le progrès technique va continuer à augmenter l’écart de valeur ajoutée économique entre l’élite et la plèbe. Cette dernière, en bonne partie, sera rapidement exclue du monde du travail, remplacée par des robots ou autre intelligence artificielle.
          La gestion de cette tendance lourde est et sera un sujet crucial: l’élite n’est naturellement pas encline à partager une richesse qu’elle estime avoir dument méritée.

          Ca ne m’étonnerait pas de voir un jour se constituer un pays pour riches exclusivement.

            +7

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          • Linder // 10.11.2016 à 10h53

            Mais en quoi les élites éduquées comprennent-elles mieux ? J’enseigne dans un lycée. La majorité de mes collègues sont agrégés, certains ont soutenus des thèses. Pourtant, l’immense majorité d’entre eux est incapable de soutenir une conversation politique et n’ont rien à répondre à deux arguments factuels qui se suivent, car, éducation ou pas, soit on travaille un sujet – et cela demande des heures et des heures, à partir de sources variées, de préférences indépendantes les unes des autres, en croisant les informations – soit on ne le connaît pas et, dans ce cas, on est désinformé par les médias. Ils sont peu, à l’éducation nationale, à pouvoir élever le débat au dessus du niveau du café de la gare.

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          • Ashwolf // 10.11.2016 à 10h56

            Le « bas peuple » n’est pas formaté à la pensée unique. Quand je faisais mes études d’économie, j’étais stupéfait par le niveau de crétinerie de mes camarades qui se contentaient de répéter bêtement les fausses évidences relayées par la doxa économique et par les medias. Je connais de nombreux ouvriers et employés qui ont infiniment plus d’esprit critique. Et encore, j’était à la Fac, je vous raconte pas le niveau des gus qui sortent frais et formatés des écoles de commerce. C’est atterrant…

              +26

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            • Pinouille // 10.11.2016 à 14h19

              « Je connais de nombreux ouvriers et employés qui ont infiniment plus d’esprit critique. »
              Bien sûr: ils subissent de plein fouet les méfaits des évolutions en cours.
              Mais d’expérience, les conclusions se résument presque exclusivement à « les politiques sont tous des pourris, corrompus. Ils veulent que le système se perpétue pour continuer à se gaver ».
              Ma conclusion serait plutôt qu’une fois au pouvoir, les politiques s’aperçoivent rapidement que leurs marges d’actions ont été anéanties par:
              – croissance atone
              – évasion fiscale
              – endettement excessif
              – population vieillissante
              – contraintes de l’UE
              – forces conservatrices
              – dumping fiscal/social
              – système financier au bord du gouffre
              – inégalités croissantes
              – etc

              Ce qui m’étonne aussi, c’est le peu de gens, même parmi les cadres, qui connaissent les mécanismes de création monétaire, le quantitative easing, la santé déplorable des banques, les risques qui pèsent sur leurs actifs

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            • 4Kblademaster // 10.11.2016 à 17h24

              Je sors depuis quelques temps d’une école de commerce et ai fait mon dernière année en échange à la Fac. Rassurez-vous le niveau d’inculture sur tous les sujets est équivalent dans les deux endroits.

              La différence se situe plutôt du côté du niveau de cynisme chez une partie des étudiants des grandes écoles (ceux qui prennent la peine d’analyser le système et non de répéter la pensée prémachée du Monde.fr et autre).

              Même chose dans le monde du travail. Travaillant dans la Finance je suis surpris de constater que mes collègues sont tous des techniciens de haut voir de très haut niveau mais que peu d’entre eux disposent d’une culture économique et historique suffisante (niveau 3ième) pour analyser un tant soit peu les phénomènes qui se déroulent sous nos yeux.

                +22

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            • Olivier Berruyer // 10.11.2016 à 17h57

              C’est en effet une excellente remarque, que je partage…

                +3

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            • Beatrix // 10.11.2016 à 19h12

              Dans les facs, on forme surtout de futurs imposteurs.
              Dans les écoles de commerce et HEC, on produit des CEO ou « Consultants » et « mangers » habiles à démanteler l’économie étatique, au pillage des caisses publiques.
              Enfin, elles décernent le Grand Diplôme de la Soumission aux classes dirigeantes.

              « Je connais de nombreux ouvriers et employés qui ont infiniment plus d’esprit critique »
              comme quoi l’intelligence ne dépend pas du nombre d’années « d’instruirie » en école ou en fac. Grâce à la dimension pratique concrète et manuelle qui mène à l’observation, le sens critique se développe, Il s’appuie sur le constat et l’expérience. L’intello, l’intello-faussaire n’a pas cette chance, son énergie se dépense totalement dans la dissimulation de sa nullité et dans la justification de son importance.

                +11

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            • LBSSO // 10.11.2016 à 21h44

              @4Kblademaster

              Dans une société où une partie des jeunes intègrent que la régulation par le Politique est remplacée par le Marché ,ils n’appréhendent leur enseignement que sous un aspect technique ,utilitariste (concours) et non citoyen.
              La Technique tue  » l’Humanisme  » ,j’entends par là cette faculté à mettre en relation la science ,la technique,l’économie,la sociologie,l’anthropologie ,la philosophie,la littérature ,les arts,etc…En quoi la connaissances des techniques d’analyse financière les plus élaborées suffiraient elles à la compréhension de l’évolution économique du Brésil par ex.?Faut il être polytechnicien pour aller sur le site de la fondation Clinton et s’interroger ou est-ce une question de volonté ?

              Enfin,le Marché où règne la concurrence favorise peu la compassion.

              « Pour mon père ,le révérend Thomas Hedges qui m’apprit que la plus haute vertu était la compassion et pour le révérend Coleman Brown qui fit en sorte que je ne l’oublie jamais »

              Dédicace de Chris Hedges dans son livre « La guerre est une force qui nous octroie du sens « 

                +4

              Alerter
  • Micmac // 10.11.2016 à 07h43

    Surtout, regardez la vidéo dans son intégralité, ne vous contentez pas du fade résumé! C’est long, mais ça vaut le coup!

    Todd est toujours bon, et même si on est pas d’accord, il donne toujours de solides bases à la réflexion. Contrairement aux affirmations définitives des pseudos intellectuels abonnés aux interventions médiatiques, ses raisonnements sont soigneusement étayés. Il ne s’appuie jamais sur des arguments d’autorité, laissant libre cours à la contestation.

    Mais là, il se surpasse!

    Bien sûr, il anticipe le résultat, et c’est passionnant, mais les réponses aux questions à la fin, c’est du grand Todd!

    L’analogie entre les économistes libre échangistes et les créationnistes, l’affirmation claire que les soit disant élites éduquées sont en fait sélectionnées pour leur docilité (et donc leur médiocrité) à partir d’un certain niveau scolaire (je suis passé par là comme beaucoup d’entre vous…), et la conclusion sur la légitimité du peuple, c’est absolument superbe!

      +40

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  • Garibaldi2 // 10.11.2016 à 08h22

    Allez, encore un petit effort les gars et vous allez nous parler de la lutte des classes ! Qui à mon opinion fait un retour en force alors qu’elle était soit disant dépassée.

      +23

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    • Joséphine // 10.11.2016 à 10h26

      exactement. cette élection invalide, si il fallait encore l’invalider, la stratégie prônée par terra nova pour le PS. le grand retour du refoulé en somme.

        +6

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  • Garibaldi2 // 10.11.2016 à 08h30

    Une petite pour la route : https://www.youtube.com/watch?v=eSMqSf3qKqM

      +2

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    • Perret // 10.11.2016 à 09h10

      A voir car, pour une fois, même s’il se plante, le type est sérieux et sa conclusion colle avec ce qui s’est passé. Il a le mérite de mettre en évidence l’incroyable performance de Trump. Qu’il puisse gagner était envisageable depuis environ 6 mois, mais quand à en être certain ! J’ai crains l’élection de sa concurrence jusqu’au dernier moment.

        +6

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    • tepavac // 12.11.2016 à 05h37

      Je ne savais pas qu’ils racontaient autan de mensonge à la TV. Est-ce légal?
      Je croyais naïvement qu’en France il était strictement condamné toute propagande ayant pour objet une atteinte à la confiance national.
      Si, si, c’est marqué dans le code pénal, dans le chapitre consacré au au terrorisme.

        +1

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  • charlie bermude // 10.11.2016 à 09h25

    Une fois de plus une remarquable analyse de Todd , extremement éclairante surtout en comparaison de la logomachie ambiante .
    Encore plus éclairant à mon avis se révelent les choix de vocabulaire conscients et inconscients , je citerai éducation/instruction , supérieur/tertiaire , revenus/salaires , classes moyennes/ouvriers , égalité/équité etc …Intervient là , précisemment , l’effet de la « globalisation » .
    Dans ce sentiment de supériorité joue une externalisation des revenus par rapport à la production en soi , mais aussi intérieure , autrement dit , elle est rationnelle socialement .
    Le Hic , c’est qu’actuellement , le circuit entre en panne , le revele la difficulté ( sinon l’impossibilité) pour la fed de relever les taux , la prolifération du shadow banking , sa pente inévitable : la dépression et l’écroulement des revenus ‘fictifs’ .

    Todd a eu raison d’insister sur sa révélation de la durabilité des structures familiales , mais peut étre a t il du coup sous estimé leurs influences réciproques qui sortent du cadre national .

      +3

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  • Mr K. // 10.11.2016 à 09h41

    Fabuleuse conférence, en accord parfait avec le temps présent.

    Qu’on est loin des vérités assénées par des pseudo-experts étroits à la ramasse.

    Emmanuel Todd par sa pensée virevoltante passant d’un type d’analyse à une autre nous brosse à grands traits et des touches subtiles un tableau éblouissant, tout en nuances, en précautions pleines d’humilité.

    Emmanuel Todd déborde d’humanité, ce qu’elle a de fragile, d’incertain, de multiple, il réussi la prouesse presque magique de peut-être saisir le mouvement présent de l’histoire. On la devine en action là, la « grâce de l’histoire » ou la « méta-histoire » de Philippe Grasset de Dedefensa.

    On peut dire qu’il atteint le sublime, transformant, digérant, le brouet sale, puant que l’on nous sert en général au quotidien, en un souffle, une vision s’ouvrant vers l’universel.

    Brillantissime!

      +17

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  • Salva // 10.11.2016 à 09h49

    Quand on suit les blogs qui traitent de la vraie actualité, cette élection n’est pas une surprise .

      +8

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  • JacquesJacques // 10.11.2016 à 10h48

    Il est grandiose par la justesse de ses analyses et surtout par sa conclusion libre dans les toutes dernières minutes ( à l’exception de la référence Darwinienne – il est pardonné ). Il d’une humanité superbe !

      +7

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  • Eutectique // 10.11.2016 à 11h06

    « Le populisme – ce pavillon commode sous lequel circulent les plus diverses marchandises – apparaît […] comme l’ennemi métaphysique héréditaire de l’intellectuel dans la mesure même où celui-ci ne peut asseoir sa légitimité qu’en travaillant sans fin à se différencier des gens ordinaires. »

    « Ce n’est que depuis quelques années que « Le Monde » et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infamant qui est maintenant le sien ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme fasciste toute inquiétude ou perplexité du peuple à l’endroit des décisions qui le concernent et que prend solitairement l’oligarchie régnante après consultation de ses prétendus «experts». »

    Jean-Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond

      +13

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  • dgrfv // 10.11.2016 à 11h24

    Je suis effaré par les mimiques, le manque d’attention et d’écoute des 2 jeunes (probablement sur-éduqué).
    Ils donnent malgré eux une illustration des propos tenus par E. Todd.

      +8

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    • Mr K. // 10.11.2016 à 12h48

      Il m’a semblé voir la même chose, en tout cas pour les deux étudiants les plus près d’Emmanuel Todd.

      Ils sont peut-être dépassés par la pensée pluri-disciplinaire, relative, d’Emmanuel Todd. Peut-être ne comprennent-ils pas bien et par là sont heurtés dans leurs convictions.

      Le lapsus d’un étudiant qui appelle Emmanuel Todd « Monsieur Trump » est sans doute révélateur.

        +8

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    • calal // 10.11.2016 à 20h02

      enteirement d’accord avec vous. Mais il faut quand meme remercier ces eleves ou cette ecole pour avoir mis cette conference en ligne, ce qui nous a permis ce moment de plaisir intellectuel avec M . Todd (merci au site les crises et a olivier.)

      Si une oligarchie veut reellement se mettre en place, il va falloir qu’elle neutralise l’internet…

        +4

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  • moshedayan // 10.11.2016 à 12h26

    Merci pour cette vidéo. Tout à fait d’accord : on peut même dire que les élites -certaines- et les médias européens en appellent à une forme de « dictature démocratique des minorités », comme lorsqu’ils mettent en avant les manifestations spontanées de milliers d’Américains contre le résultat du vote pour Trump. En clair, ils légitiment ou favorisent la contestation d’une Démocratie globale et nationale et ses institutions. C’est à terme -dresser la corde pour se pendre – et pire favoriser une évolution vers la guerre civile – qui les atteindra alors même eux. (Je ne crois pas que des « journaleux » sur France 2, Europe 1 ou RTL seraient fort joyeux de travailler sous la menace de snipers ou de désordres de rue massifs…) Todd a donc raison d’avertir et de prévenir les consciences des phénomènes qui sont en jeu.

      +4

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  • Julie // 10.11.2016 à 12h53

    Intéressant commentaire.. qui donne une idée de ce qui va se passer chez nous aux présidentielles; avec Juppé en Hillary. Mauvais pari de prendre le candidat de l’establishment si d’aventure il gagnait la primaire. Un plus jeune aurait de meilleures chances contre MLP.

    « I live in a semi-rural, 97% white, normally democratic county in flyover country. The county went heavily for Obama in 2008 and again in 2012. Sanders beat Clinton in the county caucuses this past year. This year, Trump carried my county easily–the first time in decades a republican has done so. They also re-elected female democrats to the state senate and the state house.

    Hard to discern how my county gets flipped off as racist and sexist, but labeling them that way certainly makes it easier to ignore their economic concerns. And my Trump voting neighbors don’t think Trump will do much either for them, but they enjoyed the opportunity to stick it to the Washington/NYC elites. »

      +5

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  • step // 10.11.2016 à 13h00

    « il (le corps citoyen/nation) a besoin de se définir “contre”.  » ça c’est donner du moulin à parole « le nationalisme c’est la GUERRE ». Il a surtout besoin de se définir. Et effectivement quand on se définit, on agit par mimétisme et opposition. Ce qui donne des comportements similaires de 2 corps citoyens sur certaines questions et divergents sur d’autres. Cela ne veut pas dire qu’on doit affronter tout corps citoyen qui ne partage pas nos choix. Il n’y a que les corps citoyens à prétentions universalistes (US,FR,ALL(nazisme)) dont il faut se méfier, puisqu’ils ont tendance à baver sur les choix des voisins.
    Le reste, ma foi, rien à dire.

      +2

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  • Fabrice // 10.11.2016 à 13h44

    Il sera intéressant de voir les explications des commissaires européens qui en faisant passer le Ceta, permettant aux entreprises américaines ayant une filiale canadienne de contester les normes européennes, alors que Trump a annoncé qu’il allait renforcer le protectionnisme américain.

    Ce qui signifie que les pays européens seront portes ouvertes alors que d’autres refusent nos produits, services, je dois avouer que l’on continue dans la folie furieuse.

      +12

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  • Guillaume81 // 10.11.2016 à 15h10

    Interview bourrée d’intuitions intelligentes, en particulier ce qu’il dit sur la stratification récente par l’éducation et sur le caractère fondamentalement racial de la politique aux Etats-Unis (autant d’intuitions qui demanderaient certes peut-être à être vérifiées « factuellement » auprès de spécialistes de la civilisation US).
    J’aurais un léger désaccord sur la question de « l’européanisation » des USA : Todd réfute cette interprétation ; or, il y a bien une caractéristique essentielle de l’histoire US : les USA n’ont plus de « frontière », ce pays n’est plus (de moins en moins) un pays de « farmers » armés de leur fusil et attachés à leur liberté de petit producteur indépendant. C’est un pays massivement salarié et surtout démographiquement « saturé » « à l’européenne » : les pays d’Europe de l’Ouest ont mis en place (même avant la sécu) des mécanismes de sauvegarde de la société parce qu’elles sont de plus longue date des sociétés urbanisées et démographiquement denses, donc très sensibles de plus longue date aux mécanismes de déstabilisation typiques des sociétés urbaines et salariées (chômage, marginalité urbaine, etc.). On a bien vu avec la réforme Obama de l’assurance-maladie et avec les succès du discours de Bernie Sanders centrés sur la question sociale que les USA sont conduits progressivement à adopter les politiques modernes de protection de la société par l’intervention de l’Etat et l’adoption de filets sociaux.
    De ce point de vue, la persistance (de moins en moins évidente) de la doxa reaganienne qui a triomphé dans les années 1980, pourrait être analysée comme une forme de résistance archaïque aux évolutions historiques fondamentales de la société US.

      +4

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  • Greenthumb // 10.11.2016 à 15h46

    Bonjour,
    En-dehors de l’analyse tjrs pointue des courants profonds et de l’impact du néolibéralisme, qu’aucune allusion n’aie été faite sur le programme social (avortement, religion, homophobie etc) ni sur le programme écologique de Trump et de son co-listier me sidère. Sans doute suis-je trop de gauche, écolo et féministe pour considérer ces problématiques comme négligeables, mais tout de même. Suggérer qu’il n’a pu entré dans la course à la présidence que parce qu’il a su capter un électorat sensible à son programme économique (protectionniste), sans évoquer la déflagration sociale sur ces questions m’interroge. D’autant qu’un avant-goût avec la manif pour tous a été donné. Le désastre qui veut que seule l’extrême droite porte un discours protectionniste et ainsi conjoigne à la fois la violence sociale envers toutes les minorités et l’alternative au néolibéralisme m’atterre.

      +4

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    • Jean-Paul B. // 10.11.2016 à 22h38

      Vos remarques sur le climat et la remise en cause d’avancées « sociétales » sont fondées, mais le succès de Trump auprès des électeurs des classes populaires anxieuses pour leur avenir et/ou celui de leurs enfants, semble s’expliquer parce qu’il leur a parlé d’emplois,de remise en cause de la délocalisation de certaines entreprises américaines (au Mexique,etc.) dont les produits retournent sur le marché US sans être taxés comme des marchandises étrangères, de frontières les protégeant contre la circulation sans entraves des biens, des capitaux et des personnes dont les conséquences sont la disparition de nombreux emplois sur le sol US et la concurrence s’exerçant sur ceux qui restent, par l’utilisation d’une main d’oeuvre importée parce que moins coûteuse.
      Je pense que beaucoup en votant Trump, ont voté, peut être sans bien le percevoir,contre les conséquences de la mondialisation qui leur est imposée depuis de nombreuses années par les dirigeants qu’ils avaient eux-mêmes portés au pouvoir.

        +2

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  • Anne Jordan // 10.11.2016 à 16h12

    oui , il y a de quoi être atterré !
    je me permets de (re )signaler le lien entre ce site :
    http://www.lefigaro.fr/medias/2016/11/10/20004-20161110ARTFIG00197-le-site-pro-trump-breitbart-news-veut-conquerir-la-france.php
    et la campagne de Trump .

      +0

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  • charlie bermude // 10.11.2016 à 16h35

    Juste un moment de détente là . Je vois E Todd , un peu comme l’Indiana Jones de la pensée , son fouet c’est l’humour , personnellement , je préfére c’est plus doux . Et là , j’en vois pas beaucoup , je le sens légeremment inquiet . Son objectivité , prend le dessus , mais Trump , est ce qu’il a pas , un petit coté désagréable comme Américain?
    Personnellement ce qui me rassure sur l’humour de Trump c’est son role inoubliable dans  » Maman , j’ai encore raté l’avion  » , un homme qui a de l’humour ne peut pas étre mauvais .

      +1

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  • Georges VALGEORGES // 10.11.2016 à 16h44

    Excellente analyse de Todd (ça ne veut pas dire exacte ou parfaite).
    Pour sortir des commentaires « j’ai aimé ça et moins ça », j’aimerais faire un peu de prospective.

    L’élection US prouve que Trump a adopté la stratégie gagnante, ce qui ne veut pas dire qu’il a analysé correctement la situation (un raisonnement inexact peut amener à un relativement bon résultat – il a gagné de justesse).

    Delà, on a 2 options pour définir Trump et prédire ce qu’il va se passer :

    – soit il est un outil de l’oligarchie. Dans ce cas il va rétropédaler et ses premières actions nous renseignerons rapidement : Mollesse dans la lutte contre Daech, raidissement face à la Russie, laxisme face à l’Arabie Saoudite,…

    – soit il est sincère. Il y a alors 2 options
    1 – Le complexe militaro-monétaro-industriel le force à rentrer dans le rang et il devient malgré lui un outil de l’oligarchie (retour à ci-dessus).
    2 – Il essaye de tenir parole. Nous observerons avec attention ses positions vis-à-vis de la Russie, de Daech, de l’Arabie, de l’Europe, un poste gouvernemental à Sanders, inculpation de Clinton, etc… Est-il un milliardaire réellement soucieux du bien commun ? Alors la position des USA pourrait changer profondément et par là modifier dans les grandes largeurs la géopolitique mondiale. Un monde meilleur serait-il possible ?…

      +4

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    • charlie bermude // 10.11.2016 à 17h02

      A mon avis outil ou pas de l’oligarchie ; la question est devenue obsoléte parce qu’elle est dans une impasse et qu’elle le sait , ce sont ses domestiques ( Clinton(s) compris malgré leur enrichissement sans cause ) qui ont du retard . Aussi parce que ce sera eux les sacrifiés .
      La vraie question ce serait plutot Trump peut il les aider a se tirer d’affaire . On verra , ce qui rassure c’est qu’il est pragmatique et qu’il a tout à gagner , ce qui rassure pas c’est que le mal est profond .

        +2

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    • albert // 10.11.2016 à 23h20

      Pour la politique exterieur aucune idée, mais pour l’intérieur, on commence à avoir des pistes :
      «Ceux qui voyaient en Donald Trump un pourfendeur des « élites » affairistes risquent de déchanter. Le profil des candidats pressentis pour intégrer la nouvelle administration Trump laisse rêveur : un ancien de la puissante banque d’affaires Goldman Sachs au Trésor, un patron de firme pétrolière à l’Energie, un lobbyiste climato-sceptique à l’Environnement ou des représentants de l’agrobusiness à l’Agriculture. Plusieurs secteurs économiques, séduits par les promesses de dérégulation, se réjouissent déjà.»
      http://www.bastamag.net/Dans-la-future-administration-Trump-un-ancien-de-Goldman-Sachs-au-Tresor-un

        +3

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      • Georges VALGEORGES // 11.11.2016 à 16h57

        Oui, et j’ai vu aussi un chirurgien (fou ?) opposé à la sécurité sociale.

          +1

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  • UltraLucide // 10.11.2016 à 18h22

    Mon commentaire et prospectif. Sachant que Todd a eu deux fois raison en avance sur son temps, à propos de la chute inévitable de l’URSS (La chute finale) et de la fin de l’Imperium américain (Après l’Empire), il faudrait revenir sur son opinion à propos de l’Allemagne et l’Europe.
    D’après lui nous assistons à une sorte de suicide de l’Europe sous domination allemande et ce pour la troisième fois en un siècle.
    Aura-t-il raison une troisième fois, et si oui, qu’attendent les « élites » françaises pour se libérer de l’emprise de l’UE sous domination allemande au lieu de continuer à faire bouger le cadavre du « couple franco-allemand » pour faire croire qu’il vit encore?

      +7

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    • Georges VALGEORGES // 11.11.2016 à 17h00

      « qu’attendent les “élites” françaises… »
      On peut avoir quelques éléments de réponse en lisant Annie LACROIX – RIZ (ou en regardant ses conférences).

        +4

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  • Jules // 10.11.2016 à 22h16

    Les 15 dernières minutes sont jubilatoires. (Comme les vieux diesels Todd met du temps à chauffer et à être très bon).

    Les gentils toutous qui formaient l’assistance ont-ils pigé qu’il était, par extension, question d’eux ?

    Pas sûr. C’est cela le plus drôle.

      +8

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  • Olympi // 10.11.2016 à 22h46

    Pfff le libre échange c’est génial:
    Mme Michu peut acheter des produits moins cher.
    M. Grangin (PDG) peut augmenter ses marges en produisant moins cher.
    M. Yang peut gagner sa croute et augmenter son niveau de vie rapidement en travaillant à l’usine.
    C’est formidable tout le monde gagne \o/

    Le problème c’est qu’on oublie la dynamique de l’économie, parce que 15 ans plus tard M. Michu il vient de perdre son emploi à la dernière usine de M. Grangin, qui vient de fermer..

    Bon pour, résoudre ce problème démocratique je propose de ne donner le droit de vote qu’au bac +2.

      +1

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  • Mat // 11.11.2016 à 11h35

    Todd est toujours passionnant.
    J’aurais tout de même un gros reproche à lui faire : il ne prend pas en compte le problème de l’épuisement des ressources de la planète. Plusieurs fois il parle des « bobos » (terme qui ne veut pas dire grand chose si on le définit pas) avec semble-t-il un peu de mépris, alors que c’est sans doute la partie de la population qui comprend que la croissance économique infinie dans un monde fini n’est pas possible, et donc prend les choses en main pour que son mode de vie soit compatible avec cette contrainte évidente. (manger bio = augmentation sécurité alimentaire, faire du vélo = moins de conso de pétrole, …)
    J’ai l’impression qu’il pense que la totalité de nos problèmes sont liés à de mauvaises politiques économiques (pour la France, il faudrait sortir de l’euro, sortir de la politique de libre échange totale…) ou de mauvaises politiques étrangères, alors qu’il est clair que cela peut expliquer une partie des problèmes, mais sûrement pas la totalité.

      +1

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  • Mc Pavel // 11.11.2016 à 11h49

    Sans doute l’un des rares intellectuels français qui puisse s’autoriser à porter ce titre. Ecouter Todd est toujours à la fois un plaisir et éclairant. Je serai beaucoup plus réservé sur le thème « les Etats-Unis font toujours la course en tête ». L’idée d’un retour à une forme de développement plus auto centré est présent dans les interrogations d’un certain nombre de pays qui n’ont rien à voir avec l’anglosphère, la Russie en particulier depuis le début des années 2000. Mais si on peut comprendre la cohérence du projet russe on a du mal à percevoir à ce stade celle du projet trumpesque. La nostalgie d’un age d’or perdu ne suffit pas à faire un projet. L’histoire ne repasse jamais les plats.

      +2

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    • Azza // 11.11.2016 à 12h50

      Je pense que par sa formule de « course en tete », il veut dire que de par leur position, les USA imposent la marche du Monde. Ca ne veut pas dire que l’innovation n’existe pas ailleurs, mais que c’est l’innovation venue des USA qui dominera la marche de l’innovation mondiale.

      Je pense comme lui que ca va etre vrai pour encore un bon bout de temps. Et la raison en est leur formidable avance technologique qui impacte la societe mondiale dans son ensemble.

        +1

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    • Mat // 11.11.2016 à 14h22

      Comme je disais déjà dans mon commentaire plus haut, Todd rate une partie de son analyse car il ne prend pas en compte l’aspect épuisement des ressources de la planète :

      Si les Etats-Unis sont la première puissance du monde, c’est parce que leur territoire est immense et riche en pétrole, gaz et autres ressources. (et leur modèle économique le permet aussi, mais ce n’est pas suffisant)

      L’Europe n’a plus de ressources, et c’est pour cela que la crise économique et le chômage ont touché l’Europe avant les Etats-Unis.

      L’Europe aurait tout intérêt à s’allier avec la Russie pour profiter des ressources de son territoire.

      Trump veut relancer l’économie du pétrole, gaz, charbon. Il estime les réserves à 50000 milliards de dollars donc en effet c’est un vrai enjeu. Il se cassera peut-être partiellement les dents car le pétrole est malgré tout de plus en plus cher à récupérer.

        +2

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      • christiangedeon // 14.11.2016 à 11h57

        T’inquiète pas Mat,les ressources d ela planète sont très très loin d’être épuisées…je me souviens de Dumont en 1980 qui disait qu’en deux mille le pétrole serait une denrée rare…on sait ce qu’il en est,n’est ce pas?la seule vraie catastrophe qui nous guette et dont personne ne veut parler,c’est la Bombe D…D comme démographie Galopante…D comme Dingue…D comme Démente. Personne n’en parle…Oh pas politiquement correct du tout cette histoire…tiens,si le plus inattendu sur la question en a parlé. le Pape de retour des Philippines…faudrait peut être que les gens arrêtent de se reproduire comme des lapins a-t-il dit… je suis bien d’accord avec çà…Bombe D…le reste st de la roupie de sansonnet.

          +2

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        • Mat // 16.11.2016 à 00h03

          Si on était loin de l’épuisement des ressources (ce qui est clairement faux), la démographie galopante (comme vous dites) ne poserait aucun problème. Ce sont deux problématiques liées.

          Je vous conseille de lire le rapport du club de Rome : Les limites de la croissance (dans un monde fini).

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Halte_%C3%A0_la_croissance_%3F

          Le pétrole se raréfie et c’est de plus en plus difficile techniquement d’aller le chercher. Le pic de pétrole américain est passé depuis 1971 (et oui, jamais ils n’ont produit plus, même avec le pétrole de schiste).

            +0

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  • walther Schiller // 11.11.2016 à 22h39

    « Mes croyances deviennent mes pensées, Mes pensées deviennent mes mots, Mes mots deviennent mes actions, Mes actions deviennent mes habitudes, Mes habitudes deviennent mes valeurs,
    Mes valeurs deviennent mon destin » Gandhi

      +2

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  • Eric Bure // 13.11.2016 à 07h47

    Emmanuel Todd décrit avec justesse et profonde honnêteté ce qu’on peut appeler avec lui le fascisme intellectuel.
    Ce principe non dit de classes éduquées, aujourdhui larges, selon lequel leur statut leur donne raison contre les masses en depit du réel manifeste.
    Todd sauve à lui seul la pensée Francaise post 80´ de son naufrage.
    On le voit maintenant, Trump dit essentiellement la vérité sur des points centraux (guerre, libre échange devastateur, etc.), et ce sont ces mêmes élites sophistiques qui appellent à la remise en cause de son élection au nom de « valeurs » qui ne sont que le paravent de leur incompétence coupable.
    Les classes éduquées sont devenues dangereuses pour les peuples.

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