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3.février.20163.2.2016 // Les Crises

Dans le piège de l’État Islamique, par William R. Polk

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Source : Consortiumnews.com, le 17/11/2015

Reportage spécial : l’État Islamique a entamé la « phase 2 » de son plan. Après avoir établi un rudimentaire « califat » en Syrie et Irak (phase 1), il cherche maintenant à provoquer une réaction « fatale » de l’Occident, un piège dans lequel les politiciens « durs » sont en train de tomber, selon l’historien William R. Polk.

Par William R. Polk

A la suite de l’attaque terroriste de Paris, on a réagi comme « le stratège de l’État Islamique » – en supposant qu’une telle personne existe – l’attendait et le souhaitait : un bombardement massif de représailles.

Un stratège sait qu’une telle action militaire occidentale contient sa propre défaite, comme l’ont prouvé les opérations d’Afghanistan, d’Irak, de Libye et ailleurs. Ces réactions prévisibles et exagérées ont non seulement échoué à arrêter les insurgés, mais les ont même aidés à recruter de nouveaux soutiens en blessant des spectateurs non engagés. L’État Islamique a appris la leçon ; pas nos leaders apparemment.

Le président Barack Obama réunit son équipe de sécurité nationale pour discuter de la situation en Syrie, dans la salle de crise de la Maison-Blanche, le 30 août 2013. De gauche à droite autour de la table : la Conseillère à la sécurité nationale Susan E. Rice, le procureur général Eric Holder, le Secrétaire d’État John Kerry, et le vice-président Joe Biden. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Pete Souza)

La colère et la vengeance sont émotionnellement satisfaisantes mais elles ne sont pas productives. Le problème que nous rencontrons n’est pas juste de répliquer contre l’État Islamique, ce qui est simple, mais de rétablir une sécurité mondiale à moindre coût. Les premières étapes pour cela sont de comprendre d’où viennent ces extrémistes, pourquoi certains les soutiennent, et ce qu’ils veulent. Alors seulement nous saurons lutter contre eux.

Mais lorsque je lis la presse, que j’écoute les déclarations des chefs d’États et que je regarde décoller les chasseurs bombardiers, je ne vois pas le signe que nos chefs aient trouvé une voie vers la sécurité. Je n’ai pas la satisfaction de trouver, dans ce qui m’est donné à lire ou à entendre, les premières étapes d’une analyse prudente et élaborée. Je propose donc ici, tirant parti de nombreuses années d’observation, quelques réflexions sur le terrorisme et les politiques de contre-insurrection, en me focalisant sur l’ÉI (connu également sous le nom de ISIS, ISIL, Daech ou État Islamique).

Mes commentaires sont de cinq ordres : (1) analyse de nos forces et de celles de nos adversaires ; (2) notre stratégie et la leur ; (3) ce qui motive leurs actions ; (4) le résultat de nos actions ; et (5) les choix qui s’offrent à nous. Je commencerai par nos forces et nos faiblesses puis les leurs :

– Les États-Unis, la puissance occidentale majeure et la Russie ont à leur disposition de vastes services de renseignement qui collectent des informations à travers de nombreux biais (écoutes téléphoniques, interceptions radio, décryptage, images aériennes et satellites et d’autres moyens, parfois plus ésotériques, de filature, d’observation et d’identification des personnes).

De plus, nos services de sécurité continuent d’employer les moyens traditionnels de l’action secrète et ont un budget quasi illimité pour acheter de l’information, pour encourager la désertion ou pour « louer » des loyautés temporaires. De plus, la majorité des personnes au sein de la communauté d’où émanent les attaques souhaiteraient que celles-ci s’arrêtent. Ainsi, notre plus grand avantage réside dans le fait que la vaste majorité des membres de toutes les sociétés concernées ne désirent pas voir leurs vies perturbées. Ils veulent tout simplement vivre en paix.

Choisir son camp

– Les populations locales dans les zones tenues par les rebelles sont sans doute neutres. Mais elles sont prises entre deux feux : l’ÉI et nous. Ce que nous faisons et ce que nous ne faisons pas les fera pencher en faveur d’un camp ou d’un autre. Les « stratèges de l’ÉI » ont compris cela et cherchent à nous pousser à faire du mal ou à effrayer les populations. Dès que possible, beaucoup fuiront le proche danger là où elles le pourront (des centaines de milliers de personnes l’ont fait).

Mais l’arme de prédilection de la guerre contre-insurrectionnelle – le bombardement aérien – fait qu’il y a peu de différence entre « la proximité » et « le lointain ». Les tirs ciblés tuent peut-être les chefs (et les personnes à proximité), mais les bombardements aériens sont plus massifs et moins ciblés. Le « stratège de l’ÉI » sait que plus nos attaques seront massives, plus il y aura de soutiens pour rallier la bannière de l’ÉI.

– Le grand avantage dont jouit l’ÉI c’est la grande asymétrie dans la nature des cibles que chaque protagoniste offre à l’autre : les États modernes et industriels comme les nôtres sont des structures très élaborées et nécessairement complexes, alors que l’organisation de l’ÉI est forcément mobile, peu coûteuse et dispersée. Nous avons perçu ce contraste clairement, avant l’avènement de l’ÉI ; lors des attaques d’al-Qaïda du 11 septembre 2001. Les attaques ont coûté la vie à seulement quelques dizaines de terroristes et ont coûté sans doute moins de 100 000 dollars, mais ont tué plusieurs milliers de victimes et le coût pour l’économie américaine dépasse les 100 milliards de dollars (en comptant les longues guerres qui en ont résulté en Afghanistan et en Irak).

De plus, il faut y ajouter les coûts psychologiques, légaux et politiques. al-Qaïda n’avait pas grand-chose à perdre en termes de légalité ou de moralité, mais ils ont poussé les États-Unis à des actes qui ont affaibli leurs valeurs traditionnelles et créé la défiance de leurs propres citoyens. Pour al-Qaïda, ce fut une victoire acquise à moindre coût.

– La plus grande faiblesse de l’ÉI c’est que la vaste majorité des musulmans veut, comme tout individu, pouvoir « vaquer à ses occupations », se réunir et consommer, travailler et se divertir, rivaliser et procréer. Ce ne sont pas des fanatiques et ils ne veulent pas finir martyrs ou héros.

En vérité, le « stratège de l’ÉI » n’a pas une très haute opinion de ces gens ordinaires. Dans un document qui décrit la stratégie de l’ÉI – Idarah at-Tawhish (la gestion de la sauvagerie) – le ou les stratèges écrivent :

« Notez que … nous disons que les masses posent des difficultés… nous savons que nous ne pouvons généralement pas leur faire confiance, étant donné la façon dont les impérialistes étrangers et les traîtres locaux les ont formés, et nous comprenons qu’il n’y aura pas d’amélioration pour la population avant la victoire finale. En conséquence notre stratégie est de gagner leur sympathie, ou au moins de les neutraliser. »

Comment le « stratège de l’ÉI » compte-t-il faire cela ? La réponse réside dans un programme socio-politique qui vise à « unir le cœur du peuple » en donnant de l’argent, de la nourriture ou des services médicaux et en fournissant un système judiciaire efficace pour remplacer celui – corrompu – de ses rivaux locaux. Ce programme a enregistré quelques succès, mais il est fragilisé et mis en danger par la violence de l’ÉI et la terreur qu’il suscite.

(On peut considérer que Sayyid Qutb, un théoricien islamiste exécuté en Égypte en 1966, est le philosophe à l’origine de l’Islam fondamentaliste. Ce que j’appelle « le stratège » est peut-être – ou a été – Abu Bakr Naji, il s’agit éventuellement d’un nom de guerre ou même d’un pseudonyme de comité. Pour plus de détails, voir « Comprendre l’Islam fondamentaliste » sur Consortiumnews.com)

Des guerres mal gérées

– Les stratégies euro-américaines et russes contre les guérillas et les terroristes se sont toutes appuyées avant tout sur l’action militaire. Ce fut évident lors de notre campagne en Afghanistan. Les Russes répètent aujourd’hui en Syrie à peu près la stratégie qui fut la leur en Afghanistan, tout comme nous avons nous-même répété notre stratégie du Vietnam lors de notre engagement en Afghanistan. Les É-U, nos alliés et la Russie sont maintenant apparemment embarqués dans la même stratégie générale en Syrie et en Irak.

Les stratégies prétendument plus sophistiquées (comme la formation, les campagnes anticorruption, les programmes « de sécurité », la création d’emplois, diverses formes de corruption et autres activités économiques) reçoivent assez peu d’attention. La partie la moins discutée est la dimension politique de l’insurrection.

Pourtant, tout du moins selon moi, la réalité de l’insurrection est exactement l’inverse des priorités sur lesquelles nous misons notre argent et mettons nos efforts. Dans mon calcul, lors d’une insurrection, la politique compte sans doute pour 80% du problème, l’administration pour 15% et la composante militaire et paramilitaire ne compte que pour 5%. Un bref regard sur les sommes engagées démontre que nos attributions de fonds, notre action politique, nos compétences administratives et notre puissance militaire se font dans l’ordre exactement inverse.

– Trois raisons expliquent pourquoi cet ordre d’attribution, même s’il a démontré son inefficacité, est toujours employé : la première est l’incapacité des « experts » de la contre-insurrection à comprendre la nature politique de celle-ci ; la seconde est que l’attitude martiale, les roulements de tambours et l’appel à l’action militaire permettent aux dirigeants politiques de se faire remarquer ; et la troisième, c’est que les fabricants d’armes et les travailleurs qui les fabriquent veulent gagner de l’argent.

Sur ce dernier point, le président Dwight Eisenhower avait raison, c’est le monde à l’envers : le complexe militaro-industriel (auquel il faut adjoindre le Congrès corrompu par les lobbies) dirige la vie politique américaine.

Nous n’avons pas besoin de deviner quelle est la stratégie de l’ÉI. Ses chefs nous l’ont dit. La gestion de la sauvagerie (utilisant le terme arabe de tawhish, qui évoque la répugnance, et s’applique à un lieu désolé, hanté de bêtes sauvages, dans lequel il n’y a aucune humanité ni douceur, mais seulement la sauvagerie, la terreur et la cruauté) détaille la campagne à long terme de destruction du pouvoir des États et des sociétés que Daech appelle « les Croisés » – c’est-à-dire les puissances occidentales, que l’ÉI dénonce comme impérialistes – et d’élimination des traîtres qui les soutiennent au sein des sociétés musulmanes.

Les Trois Étapes

– La campagne de l’État Islamique se répartit en trois étapes :

La première étape est de harceler l’ennemi afin de créer un chaos par lequel le pouvoir des forces étrangères et leurs mandataires locaux sont distraits et affaiblis, tandis que les terroristes musulmans et les guérilleros apprennent à se servir de leur pouvoir de manière efficace.

La deuxième étape est « la propagation de la sauvagerie », qui commence localement par des attaques à faible échelle pour ensuite se métastaser. Des individus et des groupes locaux reprennent la cause, et agissent d’eux-mêmes ou en coordination limitée. Ceux qui mettent à exécution les programmes de l’ÉI le font parce qu’ils en ont adopté les idées, et non parce qu’ils sont dirigés par une autorité centrale.

Pendant que sa campagne se déploie, les ennemis de l’ÉI, en particulier les États-Unis, chercheront à répliquer, mais ils n’y parviendront pas. « L’Amérique ne trouvera pas d’État sur lequel se venger, parce que les seuls États qui restent sont ses clients, » d’après le plan. « Elle n’aura d’autre choix que d’occuper le terrain et d’installer des bases militaires dans la région… ceci la fera entrer en guerre contre les populations locales. Il est évident qu’à ce moment-là cela accélère les mouvements qui favorisent l’expansion djihadiste et crée des vocations chez de nombreux jeunes qui observent les évènements et cherchent un moyen de résistance.

« Ainsi, » poursuit le « stratège de l’ÉI », la tactique correcte est de « diversifier et d’élargir les frappes de harcèlement partout dans le monde musulman, et même à l’extérieur si c’est possible, afin de disperser les efforts de l’alliance ennemie et ainsi les vider, autant que possible, de leur énergie, de leur volonté et de leurs fonds. »

« Par exemple : si une destination touristique indonésienne prisée par les Croisés est frappée, alors toutes les destinations touristiques dans tous les États du monde devront être protégées par l’emploi de forces additionnelles, ce qui causera une forte augmentation de la dépense. »

Ainsi, dans le cadre de ce plan, l’ÉI a déclaré récemment que ses membres avaient abattu un avion de ligne russe au-dessus du Sinaï, alors qu’il revenait de la station balnéaire égyptienne de Sharm-el-Sheikh au bord de la mer Rouge.

Le plan poursuit : « Si une banque usuraire des Croisés est frappée en Turquie, alors toutes les banques appartenant aux Croisés devront être sécurisées dans tous les pays, drainant ainsi les ressources (c’est à dire le coût de la sécurité). »

« Si des intérêts pétroliers sont frappés près du port d’Aden, d’importantes mesures de sécurité devront être mises en place par l’ensemble des compagnies pétrolières, sur leurs tankers, le long de leurs pipe-lines afin de les protéger, augmentant ainsi les coûts. Si deux des auteurs apostats sont tués dans une opération simultanée dans deux pays différents, ils devront assurer la sécurité de centaines d’écrivains dans les autres pays musulmans.

« Ainsi, il y a diversification et élargissement du cercle des cibles et des attaques, accomplies par de petits groupes séparés. De plus, frapper répétitivement le même type de cibles deux ou trois fois leur montrera clairement que ce type de cibles est vulnérable. »

L’attaque de Paris ne fut pas, comme l’a annoncé le New York Times le 16 novembre, un changement de tactique de l’ÉI ; c’était au contraire un évènement qui s’intégrait parfaitement à sa stratégie à long terme.

« Société combattante »

La troisième étape est constituée de « la gestion de la sauvagerie » afin de créer une « société combattante ». Pour minimiser l’effet de la puissance aérienne de ses ennemis, l’ÉI s’est transformé en État nomade, pratiquement sans frontières. Mais à l’intérieur des zones qu’il contrôle, il a mis en place un programme socio-politique afin « d’unifier le cœur du peuple en fournissant moyens financiers, nourriture et services médicaux et en mettant en place un système judiciaire fondé sur la charia. Sur cette base, il devient possible de créer un État rudimentaire. »

Le « stratège de l’ÉI » a tiré les leçons de la défaite russe en Afghanistan. Comme les Afghans ne pouvaient pas vaincre les Russes dans une bataille rangée, ils ont cherché à provoquer les Russes afin de les obliger à étendre excessivement leurs forces, ce qui les engagea dans un conflit coûteux et sans issue. Ce conflit a acculé l’économie soviétique à la banqueroute, tandis que les méthodes cruelles employées par l’armée Rouge ont coûté à l’Union Soviétique le soutien à la fois de son propre peuple et celui des Afghans. L’Amérique et l’Europe, selon le « stratège de l’ÉI », peuvent être attirées dans le même piège.

Dans ce combat, le « stratège de l’ÉI » considère la violence comme la stratégie-clé. Elle affaiblit l’ennemi et en même temps agit comme l’école – presque « l’hôpital » social – nécessaire pour transformer les sociétés corrompues actuelles en « véritables croyants » du monde islamique de demain. L’ÉI a pu s’inspirer de Franz Fanon, un psychiatre franco-carribeo-africain, dont le livre, « Les Damnés de la Terre », a eu une large audience dans le tiers-monde.

Selon Fanon, la violence est « une force régénératrice. … Elle libère l’indigène de son complexe d’infériorité, de son désespoir et de son inaction ; elle le rend courageux et lui rend sa dignité. »

Le stratège de l’ÉI pense la violence dans ces termes, ainsi qu’en termes d’impact sur ses opposants, en écrivant : le djihad « n’est rien que la violence, la cruauté, le terrorisme, la terreur (inspirée aux autres) et le massacre. »

Il doit être conduit sans pitié : « Le djihad ne peut être poursuivi par la douceur. … La douceur est un facteur d’échec dans toute action djihadiste. … Que nous employions la douceur ou la dureté, nos ennemis ne nous épargnerons pas s’ils se saisissent de nous. Donc, il nous est nécessaire de leur donner de quoi réfléchir mille fois avant de s’attaquer à nous… »

« En conséquence, rien ne nous retient de faire couler leur sang ; au contraire, nous voyons que c’est l’une des plus importantes obligations, puisqu’ils ne se repentent pas, qu’ils ne prient pas et ne donnent pas les aumônes (comme l’Islam l’exige). Toutes les religions appartiennent à Dieu. »

Faire « payer l’ennemi » peut être fait partout : « si le régime apostat d’Égypte tente de capturer ou tuer un groupe de moudjahidines (combattants) … les moudjahidines d’Algérie et du Maroc peuvent frapper directement l’ambassade d’Égypte et revendiquer cette action, ou ils peuvent kidnapper un diplomate égyptien jusqu’à ce que le groupe de combattants soit libéré… »

« La politique de la violence exige également que, si les demandes ne sont pas exaucées, les otages doivent être liquidés de la façon la plus atroce, afin de terroriser au plus profond l’ennemi et ses soutiens. »

Comme nous le savons, liquider des captifs de façon atroce est une spécialité de l’ÉI. Mais, si nous regardons l’ensemble des guérillas, nous voyons que cela a été largement pratiqué.

Le petit livre de la guérilla

– La doctrine politico-militaire de l’ÉI que décrit le « stratège » peut être vue comme une version religieuse des guerres dont se réclamaient Mao Zedong et Ho-Chi Minh : une combinaison de terrorisme lorsque c’était la seule option, guérilla lorsque cela était possible quand les zones d’opération étaient sûres, et enfin – lorsque le conflit devenait « mature » – la création d’un État minimal mais belliqueux. Cet enchaînement des faits s’est souvent répété pendant les dix-neuvième et vingtième siècles, comme je l’ai rapporté dans mon livre « Violent Politics ». Cette stratégie est sale, brutale et coûteuse, mais elle a presque toujours réussi. L’ÉI l’a adoptée.

Comme nous le disent les chefs de l’ÉI, de leur point de vue il ne s’agit pas d’un combat « économique, social ou politique » entre des adversaires étatiques pour le contrôle d’un territoire, mais d’une « bataille des esprits, » sous-tendue par une proclamation déterminée de l’Islam. Nous n’avons rien vu de tel dans le monde depuis les grandes guerres de religion en Europe il y a quelque 400 ans.

Pourquoi les nations occidentales plongeraient-elles aujourd’hui dans un tel conflit ? Si nous ne répondons pas à cette question – ou si nous ne sommes pas à la hauteur de la réponse – nous risquons de passer quelques années très douloureuses.

– Le guide de l’ÉI, La Gestion de la Sauvagerie, commence par une analyse du monde dont les musulmans ont hérité des impérialistes et des colonisateurs. Non seulement les musulmans, mais tous les peuples du tiers-monde ont grandement souffert. Et leurs descendants continuent d’entretenir la mémoire de la « destruction de leur âme ». Selon l’ÉI, les grandes puissances et leurs alliés locaux « ont fait plus de victimes que tous les djihads de ce siècle. »

Est-ce seulement une exagération destinée à enflammer la haine de l’Occident ? Malheureusement, non. Que nous nous souvenions de ces évènements ou non, les descendants des victimes, eux, s’en souviennent.

Le souvenir des années qui ont suivi la traversée de l’Atlantique par Colomb devient de plus en plus amer. Alors que les Européens tout d’abord, puis les Américains et les Russes – le monde du « Nord » – ont gagné en puissance relative, ils ont plongé vers le « Sud », détruisant les États locaux, défaisant les sociétés et supprimant les ordres religieux. L’impérialisme, et l’humiliation et les massacres de masse qu’il a engendrés, bien que largement oubliés par les coupables, sont néanmoins bien présents dans la mémoire actuelle des victimes.

Les chiffres sont ahurissants : dans une région relativement petite d’Afrique, le Congo, où un habitant sur dix est musulman, on estime que les Belges ont tué deux fois plus d’indigènes que les nazis n’ont tué de Juifs et de Roms – 10 à 15 millions de personnes.

Presque aucune société de ce que j’appelle « le Sud » n’est épargnée par le souvenir d’évènements similaires, infligés par « le Nord ». Il suffit de considérer l’histoire militaire récente :

A Java, les Hollandais ont imposé un régime colonial aux indigènes et, lorsque ceux-ci ont tenté de recouvrer leur indépendance, environ 300 000 « rebelles » ont été tués entre 1835 et 1840 ; de même les « rebelles » de Sumatra ont été éliminés entre 1873 et 1914.

En Algérie, après un conflit de 15 ans commencé en 1830, les Français ont volé la terre des locaux, rasé des centaines de villages, massacré un nombre incalculable d’autochtones et imposé un régime d’apartheid aux survivants.

En Asie centrale, les Russes et les Chinois ont appauvri puis expulsé des populations auparavant prospères. Alors dans une âpre guerre dans le Caucase, les Russes, comme le raconte Tolstoï, ont éliminé des sociétés tout entières.

En Inde, après une tentative de révolte en 1857, les Britanniques ont détruit l’Empire moghol et ont tué des centaines de milliers d’Indiens. En Libye, les Italiens ont tué environ les deux tiers de la population de Cyrénaïque.

Anciens et nouveaux griefs

On pourrait considérer que tout cela appartient au passé et devrait être oublié. Peut-être, mais il y a d’autres massacres datant de la dernière décennie, et qui ne peuvent être excusés ainsi. Lors de la campagne américaine au Vietnam (un pays non-musulman), le napalm, les bombes à fragmentation et les mitrailleuses ont été suivis par la défoliation, les produits chimiques cancérigènes et un programme d’assassinats qui, au total, ont causé la mort de peut-être 2 millions de civils.

En Afghanistan, les chiffres sont inférieurs, parce que la population est moins nombreuse mais, en plus du demi-million de morts estimé, toute une génération d’Afghans a été « marquée » et n’atteindra jamais sa taille physique normale ou, peut-être, ne développera pas ses capacités intellectuelles. Les victimes dues au conflit russe en Afghanistan ne sont pas connues, mais ne peuvent être inférieures au demi-million. En Irak, on estime qu’à la suite de l’invasion par les É-U en 2003, environ un million d’Irakiens sont morts.

La mort n’est que l’une des conséquences de la guerre ; les survivants doivent faire face à la peur, la famine, l’humiliation et la misère. Alors que la structure même de la société est endommagée, la vie civile est souvent remplacée par la guerre des gangs, la torture, le kidnapping, le viol et la peur généralisée.

En étudiant ces évènements, les mots de Thomas Hobbes décrivant l’humanité avant la civilisation me sont revenus : « pauvre, méchante, brutale et petite. »

Collectivement, ces conséquences de l’impérialisme, du colonialisme et des incursions militaires dans « le Sud » du monde constituent un holocauste fondateur de l’action musulmane, autant que l’holocauste par les nazis a été fondateur pour l’action juive.

Les blessures ne se sont pas entièrement refermées dans bien des sociétés. Nous en voyons la conséquence dans la fragilité – et parfois même la destruction complète – des organisations civiques, dans la corruption des gouvernements ou dans la violence.

Comme l’écrit « le stratège de l’ÉI », et comme je l’ai entendu de nombreux connaisseurs de l’Afrique et de l’Asie, nous, du « Nord », pratiquons le deux poids deux mesures dans le domaine racial et religieux. Lorsqu’il arrive qu' »ils » tuent un Européen, nous réagissons bien sûr avec horreur. Mais quand « nous » tuons un Africain ou un Asiatique, ou même quand un grand nombre d’Africains ou d’Asiatiques sont tués par l’ÉI ou par un autre groupe de terroristes, nous le remarquons à peine.

Le 13 novembre, la veille de l’attaque de Paris, une attaque similaire a été perpétrée à Beyrouth, au Liban, dans laquelle 41 personnes ont été tuées et 200 blessées. Presque personne en Europe et en Amérique ne l’a relevée. Ce n’est pas seulement une question morale – bien que cela en soit une aussi – mais cela touche aussi à un aspect fondamental de la question du terrorisme.

Le souvenir de tels évènements explique en grande partie pourquoi de jeunes hommes et femmes, même ceux issus de sociétés sûres et prospères, rejoignent l’ÉI. Mettre de côté cet aspect, comme l’a remarqué récemment un journaliste connaisseur de l’Asie, nous empêchera de comprendre la nature de ce que nous affrontons et comment bâtir une sécurité mondiale.

Insurrections victorieuses

– Les résultats d’une insurrection sont décrits dans mon livre « Violent Politics ». J’y ai montré que dans les deux derniers siècles, dans des sociétés très diverses, en plusieurs endroits d’Afrique, d’Asie et d’Europe, les guérillas ont toujours accompli leurs objectifs malgré les mesures les plus draconiennes de contre-insurrection.

Prenons simplement un exemple, l’Afghanistan : les Russes, puis les Américains ont déployé des centaines de milliers de soldats, un grand nombre de mercenaires et de troupes locales et ont utilisé un niveau de force létale sans précédent au cours d’un demi-siècle de guerre.

Si le résultat n’est pas définitif à ce jour, il est toutefois clair que la guérilla n’a pas été vaincue. L’Afghanistan a été surnommé « le tombeau de l’impérialisme. » Son rôle dans la destruction de l’Union Soviétique a été correctement décrit. Ils n’en n’ont pas encore fini avec nous.

Considérons aussi les résultats dans les régions du monde où les hostilités ont relativement décru. Lorsque j’étais un jeune homme, dans les années 40 et 50, je pouvais aller pratiquement n’importe où en Afrique ou en Asie et être reçu cordialement, être nourri et protégé. Aujourd’hui, partout où j’irai, je serai en danger d’être abattu.

Quelles sont nos alternatives dans ce monde de plus en plus dangereux ? Soyons honnêtes et admettons qu’aucune n’est satisfaisante. La colère et la peur en rendent certaines difficiles voire impossibles à mettre en œuvre. Mais je vais toutes les mettre « sur la table » afin de les évaluer en termes de coûts et d’efficacité potentielle.

La première réponse, qui fut annoncée par les présidents François Hollande et Barack Obama quelques heures à peine après les attaques de Paris, est de s’engager dans une guerre totale. L’Armée de l’Air française a immédiatement procédé au bombardement de zones supposées abriter des camps d’entrainement de l’ÉI.

L’étape suivante, sans doute, et bien qu’aucun des deux chefs n’ait été précis sur ce point, inclura sans doute l’envoi de troupes au sol en Syrie et en Irak, en addition de la campagne de bombardement de ces deux pays maintenant rejoints par la Russie. Il s’agit d’une extension et d’une intensification de la politique déjà en œuvre, et, si l’on en juge par le résultat de l’expérience russe en Afghanistan et de la nôtre en Afghanistan et en Irak, les chances de détruire l’ÉI sont faibles. Ces chances diminueront encore si nous tentons un « changement de régime » en Syrie.

Une seconde option, qui je suppose est envisagée à Washington alors que j’écris ces lignes, est de voir Israël envahir la Syrie et l’Irak tout en utilisant sa puissance aérienne pour augmenter ou remplacer celles qui opèrent actuellement. Cette option serait douloureuse pour l’ÉI mais elle collerait parfaitement à sa stratégie à long terme.

De plus, elle démolirait le bloc anti-ÉI qui émerge actuellement, constitué de l’Iran, de la Russie et de la Syrie. Si Israël avançait cette idée, ce qui me semble probable, celle-ci serait rejetée et Israël recevrait en échange une large compensation.

Une troisième option consisterait pour les États-Unis à cesser leur politique anti-Assad et à rejoindre la Russie et l’Iran dans une campagne coordonnée contre l’ÉI. Bien que cette solution soit plus rationnelle que les deux premières, et qu’elle puisse initialement avoir du succès, je ne crois pas qu’à elle seule elle remplisse nos objectifs.

Les drones et les forces spéciales sont déjà utilisés et continueront à l’être, en appui de l’effort principal, quel qu’il soit, mais ils n’ont pas non plus été décisifs là où ils ont été utilisés. A vrai dire, en Afghanistan, ils ont même été contre-productifs.

Comme l’avait prévu « le stratège de l’ÉI », ces attaques ne feront qu’augmenter l’hostilité des locaux à l’égard des étrangers, tandis que les combattants de l’ÉI, s’ils sont assez astucieux pour cela, disparaîtront simplement pour réapparaître un autre jour. Pire, en « décapitant » une guérilla dispersée, on ouvrira la voie à de nouveaux chefs, plus jeunes, plus agressifs.

Répression intérieure

Simultanément aux trois options précédemment citées, je tiens pour presque certain que les gouvernements des États-Unis et d’Europe vont renforcer leurs programmes de surveillance sur leur territoire. Contrôle des déplacements, expulsions (en particulier en France) de populations étrangères ou quasi-étrangères, raids dans les zones urbaines défavorisées, surveillance et autres activités de ce type vont augmenter.

Ces tactiques sont ce que l’ÉI espérait. Les dépenses de « sécurité » vont augmenter et des populations seront confrontées à des mesures « vexatoires ». Mais ces politiques n’assureront pas la sécurité. Lorsque des terroristes sont prêts, comme ceux de l’attaque de Paris, à se faire sauter ou à se faire tuer, il faut s’attendre à de nouvelles attaques, quelles que soient les mesures de sécurité.

Quelles sont alors les mesures non-policières et non-militaires ? Quelles options doit-on considérer ? Deux combinaisons d’économie et de psychologie apparaissent :

La première est l’amélioration des conditions de vie de la communauté nord-africaine en France. Les bidonvilles qui encerclent Paris sont un terrain de choix pour recruter des agents de l’ÉI. Une amélioration des niveaux de vie peut faire une différence, mais au vu de l’expérience passée en Amérique et même en France, le « renouveau urbain » n’est pas la panacée.

Même si elle l’était, cette politique serait difficile à mettre en œuvre par l’administration française. Elle serait fort coûteuse, alors que le gouvernement français se considère déjà comme surendetté, et que les sentiments antimusulmans en France étaient déjà vifs avant les attentats de Paris. Maintenant, l’opinion publique se détourne de la solution sociale et incline à la répression.

Comme dans d’autres pays européens, la combinaison de la peur du terrorisme et de l’afflux de réfugiés rendra difficile la mise en œuvre d’une politique décrite comme pro-musulmane.

Il existe une autre approche, peut-être encore plus improbable, et que l’ÉI redoute particulièrement à mon sens. Le « stratège de l’ÉI » nous a dit qu’une des ressources majeures du mouvement est la communauté, mais il a reconnu que, malgré les terribles souvenirs laissés par l’impérialisme, le public est resté relativement passif.

Cette attitude pourrait grandement évoluer sous le coup d’une invasion ou d’une intensification des bombardements aériens. L’ÉI en est convaincu, et que cela ferait basculer un grand nombre de civils, actuellement « neutres », en soutien des djihadistes, voire en djihadistes eux-mêmes.

Clairement, ce serait à l’avantage des autres pays d’empêcher cela d’advenir.

On peut empêcher, peut-être dans une certaine mesure, la violence de l’ÉI, par des mesures de sécurité, mais je suggère qu’un programme multinational orienté vers des questions de protection sociale, psychologiquement satisfaisant, puisse rendre moins virulents les sentiments de haine dont se nourrit l’ÉI.

Par inadvertance, l’ÉI en a identifié pour nous les éléments cruciaux : combler les besoins des communautés, offrir des compensations aux transgressions récentes, et lancer des appels à un nouveau départ. Un tel programme n’aurait pas besoin d’être massif, et pourrait se limiter, par exemple, aux enfants en établissant des mesures de santé publique, en fournissant des améliorations en nourriture et vitamines.

Des organisations existantes (comme Médecins Sans Frontières, la Fondation Rostropovitch, la Croix Rouge et le Croissant Rouge) pourraient mener à bien ce projet, et, en vérité, elles en font déjà beaucoup. L’ajustement serait surtout psychologique – sur la volonté des nations de reconnaître leurs torts – comme nous l’avons vu dans le cas des « excuses » allemandes pour l’holocauste ou l’absence de remords des Japonais pour le sac de Nankin. Cela coûterait peu et ferait beaucoup, mais à l’heure actuelle cela paraît illusoire.

Ainsi donc, malheureusement, je crains que nous nous dirigions vers une nouvelle décennie de peur, de colère, de misère et de perte des libertés fondamentales.

(Pour plus d’informations sur ce sujet par William R. Polk, lire « Pourquoi beaucoup de musulmans haïssent l’Occident » et « Souvenir musulman de l’impérialisme Occidental » sur Consortiumnews.com)

Source : Consortiumnews.com, le 17/11/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 03.02.2016 à 05h49

Tout cela montre que le soutien à Bachar Al assad est le seul moyen efficace de contrer l’EI.
Les bombardements occidentaux ne font qu’aggraver la montée du terrorisme.
Il en était de même pour l’Irak et la Libye. Les dictateurs, ou supposés tels, maintenaient la paix, mais ils ne livraient pas leurs richesses aux atlantistes, c’est pourquoi ils ont été tués.
La politique atlantiste qui consiste à semer le chaos pour s’emparer des richesses en installant des pantins est la cause de la montée du terrorisme et de la progression de l’EI.

37 réactions et commentaires

  • DUGUESCLIN // 03.02.2016 à 05h49

    Tout cela montre que le soutien à Bachar Al assad est le seul moyen efficace de contrer l’EI.
    Les bombardements occidentaux ne font qu’aggraver la montée du terrorisme.
    Il en était de même pour l’Irak et la Libye. Les dictateurs, ou supposés tels, maintenaient la paix, mais ils ne livraient pas leurs richesses aux atlantistes, c’est pourquoi ils ont été tués.
    La politique atlantiste qui consiste à semer le chaos pour s’emparer des richesses en installant des pantins est la cause de la montée du terrorisme et de la progression de l’EI.

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    • François Carmignola // 03.02.2016 à 07h27

      Barak Obama a qualifié lui même la menace EI de « secondaire ». On a donc des opinions différentes quand à la dangerosité du phénomène, l’attitude américaine étant partiellement en ligne avec le très objectif constat de cet article…
      Une remarque, au sortir des cruelles colonisations occidentales, on pouvait voyager librement et tranquillement dans les zones violentées par un siècle d’esclavages, ce à quoi on assiste serait il du aux décolonisations ?

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      • Chris // 03.02.2016 à 15h44

        Décolonisation-occupation physique certes, mais la colonisation économique n’a jamais cessé et s’est même intensifiée par les bagarres entre les « ex »-colonisateurs.

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    • Milsabor // 03.02.2016 à 08h23

      Sauf que l’alliance des Russes avec Assad contre l’EI répète l’alliance des américains avec le gouvernement anticommuniste sud-vietnamien contre le vietcong. On a vu comment ça s’est terminé. Les dictateurs « résistants » se sont installés tout seuls dans l’après-coup de la décolonisation, ils tenaient leur force de cette indépendance. Alors que Assad devenant le pantin des croisés, perd toute légitimité.

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    • Olposoch // 03.02.2016 à 12h35

      « soutien à Bachar El-Assad »… nope…pas de soutien aux dictateurs.
      Même Poutine n’emploie pas ces mots, il a bien signifié qu’il soutenait l’autorité de l’état syrien, pour que la Syrie ne devienne pas comme l’Afghanistan, l’Irak, la Lybie et tous les autres états détruits.

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    • anne jordan // 04.02.2016 à 00h05

      je poste ici , pour être lue ( , ) une énormité que je n’avais pas relevée à 1 e lecture :  » les bidonvilles qui encerclent Paris  » !!!!
      non , mais !
      d’accord , il a 86 ans , mais tout de même !
      ah , ces amerlocks , toujours la paille dans l’oeil du voisin …

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  • pratclif // 03.02.2016 à 07h38

    Et voir qui est William Polk né en 1929 à Fort Worth Texas. https://goo.gl/9pgOws

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  • Jean-Luc Mercier // 03.02.2016 à 08h20

    Un collègue de travail d’origine marocaine m’avait dit, il y a quelques années, « Ça ne nous dérange pas que les États-Unis se prennent pour Dieu, pourvu qu’ils soient un Dieu juste. » J’y repense souvent depuis…

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    • Muslim // 03.02.2016 à 09h55

      Et dire que les Syriens sont balayés de toutes ces considérations stratégiques, eux qui n’ont rien demandé, ont vu une force largement étrangère investir leur pays. Tout l’appui et l’abatage médiatique pour soutenir des rebelles « modérés » pour mieux gagner du temps et les laisser s’installer.

      Ces pays qui ont eu les mains dans le moteur, autant l’Occident que les pétromonarchies, tous ces gouvernements et organismes sont aussi aux commandes des solutions ? Avec Israël comme intervenant ? Vous n’avez pas l’impression en tant qu’observateurs qu’à chaque boîte de Pandore ouverte une multitude d’autres en sorte ? Vous me demandez, et quelle solution alors ? La seule réellement efficace, c’est de bannir ces pétromonarchies de l’économie mondiale, de les étouffer financièrement. Oui cela est impossible, mais les solutions qu’apporteront tout sourire les gouvernement d’Est en Ouest feront partie de leur plan. Ils ne perdent jamais. Et s’ils vous proposent la guerre, soyez assurés que vous perdrez en vous enfonçant de la fange.

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      • Muslim // 03.02.2016 à 09h57

        *dans la fange.

        Les meilleurs solutions sont celles qu’ « ils » ne vous proposeront jamais. Et si vous applaudissez à ces intellectuels qui vous proposent de reprendre les expéditions guerrières, au milieu des tirs se trouveront encore des centaines de milliers de civils innocents. Cela ne peut continuer. J’abhorre ces intellectuels inconséquents qui ne poussent pas jusqu’au limite du pacifisme, et donc la mise au ban et l’assèchement de ces pays, qui d’un seul coup couperait par là-même un bras à l’impérialisme atlantiste.

        Notre sécurité c’est de ne plus croire en ces hommes qui vous commandent la guerre.

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  • philbrasov // 03.02.2016 à 08h30

    Y aurait beaucoup a dire sur ce long article.
    notamment les massacres perpétrés par les occidentaux, qui sur les populations maghrébines, noires asiatiques etc
    silence totale pour les massacres commis par les colons US envers les indiens d’Amérique.

    La Chine n’a jamais été expansionniste. ( Tibet et xinjiang, etant des exceptions lies a des considérations de voisinage avec le grand voisin, et d’alliances et des-alliances au fil des siècles)
    Idem pour la Russie dans la Caucase.
    L’auteur est un peu gonfle de faire le parallèle entre l’intervention russe en Afghanistan, et en syrie.
    L’armée russe au sol était présente en Afghanistan , en Syrie je doute fort que les russes interviennent.
    Et si les USA n’avaient pas arme ( entre autres les fameux stingers), les rebelles afghans et les futurs terroristes islamistes, l’Afghanistan aurait sans doute évolué en un régime dictatorial fort certes , mais stable. Comme cela s’est passe par exemple en Tchétchénie…
    Aujourd’hui c’est un pays stable, diriges par un homme a poigne. On peut en penser ce que l’on veut, mais c’est un fait.
    C’est aussi un fait que Kadhafi était le ciment de la Libye, Assad le ciment de la Syrie, et Hussein le ciment de l’Irak…
    C’est notre besoin maladif de maîtriser les matières premieres au prétexte d’exporter notre supposée démocratie, qui est a l’origine de ce chaos actuel.

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    • Alabama // 03.02.2016 à 13h45

      Assez d’accord avec vous, j’ajouterais un détail assez important: l’Israel…. Qui a manifesté depuis sa création des craintes ( pour moi injustifiées) vis à vis ses voisins et qui a poussé les Atlantistes à réagir en intervenant dans ces pays pour éliminer les menaces et réduire les craints israélites… Le tout sur une base de  » supposé  » menace même s’il pouvait y avoir quelque provocations verbales de la part de dirigeants de pays voisins… La tentation de mettre la main sur les ressources naturelles de ces pays, à fait valider l’option d’intervention pour instaurer la  » Démocratie » ( le besoin maladif comme vous dites) C’était me semble une erreur qu’on commence à payer seulement…. Je pense que l’Israel aurait survécu sans ces interventions!…. En sommes nos grands stratèges en Golf auraient dû passer plus de temps à étudier la psychologie humaine et prévoir sa réaction à une intervention extérieur qui n’est pas perçu comme bienveillante ( et elle ne l’était pas en réalité)…. Géopolitique est une affaire sérieuse qui comprend les risques, ce qui est totalement exclu dans la Golfopolitique…

        +4

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      • philbrasov // 03.02.2016 à 17h13

        Israël c’est différent….
        l’attaque des arabes en 49 un jour après l’indépendance justifiait l’intervention US
        les victoires successives d’Israël, jusqu’en 82 avec l’aide US pour contrer l’influence russe..et leurs allies nationalistes arabes.
        N’oublions pas a propos de la guerre des 6 jours, et la prise du golan par tsahal, l’objectif était double… contrôler militairement ce plateau par l’artillerie,mais AUSSI et SURTOUT contrôler l’approvisionnement en EAU d’Israël.. ( ressource naturelle oh combien indispensable.)
        On connait la suite, en se comportant comme un état ségrégationniste, ça attise la haine envers elle, pour certains peuples du MO et de banlieues..
        Pas tous… les Saoud et le royaume de Jordanie s’en accommodent parfaitement.. Mais aussi dans une moindre mesure la Syrie des Assad…
        Tout en incluant l’Egypte de Moubarak a Sissi, pour des raisons différentes.
        Ça permet de tenir en laisse, qq excités islamisés voulant rompre le pacte national et royal arabe.Hamas, freres musulmans.
        Je suis plus circonspect sur les chiites libanais. ( autre débat)
        Les USA ne sont pas intervenus en irak pour protéger Israël,
        Pour moi , il fallait créer un sanctuaire islamiste sur place en Irak afin de se protéger de ce fléau dans les frontieres US, a la suite du 11/09. Visiblement ça a pas marche
        débat intéressant..mais trop court.

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  • Annouchka // 03.02.2016 à 08h31

    « Nous n’avons rien vu de tel dans le monde depuis les grandes guerres de religion en Europe il y a quelque 400 ans »: point de vue complètement ethno centré qui en outre:
    1) méconnaît le véritable enjeu du conflit actuel au Moyen-Orient qui est beaucoup plus politique et économique que doctrinal (le conflit entre catholiques et protestants était d’abord doctrinal et s’est d’ensuite aggravé du fait des enjeux politiques et sociaux)
    2) oublie complètement les violents conflits idéologiques qui ont fait suite à la révolution française, à l’émergence du marxisme et qui ont par la suite ensanglanté l’Europe et le monde

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    • J // 03.02.2016 à 10h00

      Je ne comprends pas, là. Parce qu’on a un passé violent et intolérant (et il est très difficile de l’oublier vus les pense-bêtes qu’on nous impose) on devrait accepter la violence et l’intolérance des autres ? Sinon à quoi rime ce rappel ?

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      • Annouchka // 03.02.2016 à 11h31

        Ce que je voulais dire, c’est qu’il ne faut pas mettle en parallele le conflit actuel au Moyen Orient avec les guerres de religion européennes d’il y a 400 ans, contrairement à ce qu’écrit l’auteur de l’article.
        – D’une part parce que la création de l’EI n’a rien à voir avec une « réforme » de l’Islam comme on l’entend trop souvent : le protestantisme du xvie siècle était certes une forme de fondamentalisme chrétien comme le wahhabisme a pu être une forme de fondamentalisme musulman au moment de sa naissance. Mais maintenant, c’est plutôt en tant qu’idéologie politique ( institutionnalisée depuis longtemps en Arabie Saoudite) que le wahhabisme agit sur la scène mondiale.
        -D’autre part, l’auteur suggère que la guerre actuelle au Moyen-Orient est une guerre de l’ « Esprit » telle que le monde n’en connaissait plus depuis les guerres de religion. C’est faux. Les grands débats idéologiques qui on tourné autour de la philosophie des lumières ou du marxisme peuvent être interprétés comme des sortes de guerres de religion

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  • J // 03.02.2016 à 08h59

    La description de la stratégie de l’EI me semble pertinente. Par contre, présenter comme des échecs les interventions en Irak, Afghanistan, Libye où ce n’est pas fini, je trouve ça simpliste et prématuré. Les talibans n’ont toujours pas repris Kaboul, après tout. On comptera les points à la fin de la partie, et elle est encore très loin.
    Bien sûr, si on attend d’une quelconque intervention qu’elle soit décisive en quelques mois aux moindres frais, si on se figure que l’EI, et plus généralement le retour du djihad après 2-3 siècles d’effacement, sont des accidents temporaires qui passeront d’eux-mêmes ou d’un coup de baguette magique…

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  • WhereIsMyMind // 03.02.2016 à 09h11

    Je me suis fais la même remarque… Les chiffres semblent totalement surévalués (ce qui est inutile et stupide, car les vraies chiffres doivent déjà être important).

      +2

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  • Homère d’Allore // 03.02.2016 à 09h18

    En effet, l’estimation de « centaines de millions » d’indiens tués par les Britanniques est fantaisiste et affaiblit l’argumentation.

    La fourchette haute est de 29 millions selon les chiffres donnés par Mike Davis.
    Et cela fut surtout dû à la gestion calamiteuse de la famine entre 1876 et 1878.

    Maintenant, il est toujours délicat de comparer des massacres ou des exterminations programmées avec l’incurie de la gestion d’une famine, même si cette dernière reste criminelle.

    C’est la raison pour laquelle je refuse de comparer l’Holodomor à la Shoah. Donc, je garde le même raisonnement pour les famines indienne et irlandaise.

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    • Anouchka // 03.02.2016 à 10h25

      L’Holodomor est sans doute un cas de famine un peu à part car il résultait d’un volontarisme politique et idéologique (la collectivisation et la volonté de mettre au pas les récalcitrants) qui le rend à certain égards comparable à la Shoah (également une volonté politique et idéologique, celle d’éliminer certaines populations jugée indésirables en Europe).

      Le fait que des pays occidentaux puissent être tenus responsables de famines dans les pays qu’ils ont conquis militairement renvoie à une problématique un peu différente : les guerres de conquête, de tout temps, ont généré massacres et famines. Aucun peuple conquérant n’a pu échapper à ça. Le problème avec l’occident, c’est qu’il est porteur soit disant de valeurs de respect de l’autre, de tolérance et de non violence (du fait notamment de son substrat culturel chrétien). C’est cette contradiction idéologique, à mon avis, qui provoque la colère et la révolte de ceux qui se perçoivent comme les anciens dominés et leur rendent intolérables les violences passées subies.

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      • Chris // 03.02.2016 à 15h51

        Dans le même temps, il y eut un Holodomor (1932-34) américain, dû lui aussi à un volontarisme… économique !
        http://reseauinternational.net/lholodomor-aux-etats-unis/
        « Peu de gens savent … exactement à la même époque, environ cinq millions d’agriculteurs étasuniens (près d’un million de familles) ont été chassés par les banques à cause des dettes foncières, mais le régime ne les a pas secourus avec de la terre ou du travail ou l’aide sociale ou la retraite – absolument rien »

        Depuis la crise financière mondiale de 2008, les rangs des Étasuniens dotés des revenus les plus bas du pays ont été rejoints par 5,7 millions de gens.

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    • LBSSO // 03.02.2016 à 13h30

      Bonjour,
      je pense qu’il y a eu un problème de traduction qui a d’ailleurs été modifiée dans le billet:

      « In India, after the attempted revolt of 1857, the British destroyed the Mughal Empire and killed hundreds of thousands of Indians. In Libya, the Italians killed about two-thirds of the population of Cyrenaica. »

      Je vous souhaite des centaines de millions de fois une bonne journée 😉

        +6

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  • Nerouev // 03.02.2016 à 09h29

    Il faudrait peut-être d’abord remonter à la source, à savoir que le problème avant tout est d’ordre énergétique pour des démocraties qui en sont avides et ne savent pas comment vivre sans, dans leur élan. Quelques explications de jancovici valent le coup d’être écoutées ici :
    https://www.youtube.com/watch?v=yiBrP7N9FkA

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  • Max // 03.02.2016 à 09h31

    L’article est intéressant mais me laisse parfois dubitatif.
    Par certains coté, il est, je pense, une continuation de l’article du 02 février 2016 sur les destructions architecturales des wahhabites, article ou j’avais dit que ces derniers n’avaient pas le monopole de ce genres de pratiques, les occidentaux ayant sur la durée fait pire sur tout les continents.
    Mais certaines affirmations me laissent dubitatifs en particulier aux Indes sur les centaines de millions de morts attribué a l’empire Britannique mais ou les massacres de masses ont chronologiquement débuté lors les conquêtes musulmanes.
    http://www.dreuz.info/2013/03/12/hindi-kouch-le-genocide-de-80-millions-dindiens-par-lislam-nest-pas-un-mythe/
    Et s’étendit sur des siècles.
    Les britanniques en envahissant a leur tour en Inde, le firent aussi avec une grande violence mais avec des objectifs différents, comme en Chine en Inde l’objectif des britanniques était économique : La destruction du tissu économique et industriel de ces deux civilisations afin d’imposer les produits manufacturiers britanniques.
    Sur les guerres asymétriques, l’auteur les estimes non-gagnables par une armée classique, l’auteur oublie simplement de mentionner la Tchétchénie, guerre asymétrique gagné par la Russie, a ma connaissance un cas unique ces dernières années.
    J’ai malgré tout apprit des informations pertinentes.

      +5

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    • J // 03.02.2016 à 10h22

      Je n’avais pas remarqué ça, des centaines de millions de morts en Inde pour la répression d’une seule révolte ??? Il doit y avoir une coquille quelque part.

        +0

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      • Racab // 03.02.2016 à 14h14

        Oui, ce sont en fait des centaines de milliers (cf. Post de LBSSO de 13h30)…

        “In India, after the attempted revolt of 1857, the British destroyed the Mughal Empire and killed hundreds of thousands of Indians. In Libya, the Italians killed about two-thirds of the population of Cyrenaica.”

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  • sortezles // 03.02.2016 à 11h40

    Lorsque j’étais au Lyçée, années 70, on nous apprenait depuis le collège que les US avaient grandement contribuer à délivrer la France (le débarquement etc…) des allemands nazis. Notre esprit était et est encore plein de ces images de liesses vis à vis des GI.
    A cette même époque, ma grand-mère, qui avait vécu les deux grandes guerres, la première à attendre le retour de son mari, et à la seconde à vivre l’occupation en direct, m’avait particulièrement choqué par ses propos anti-américains (elle avec environ 75 ans).
    Il faut dire qu’elle et sa famille habitait près d’une « poche » de résistance allemande fixée sur une grande base sous-marine.
    En 45, les américains et les anglais ont lâché des chapelets de bombes sur la région, parfois à 5/6 kilomètres des objectifs.
    Bref, ma grand-mère en a été traumatisée (elle a avait 6 enfants à protéger et à nourrir), et paradoxalement elle haïssait encore plus « nos sauveurs » que les occupants.
    Cette article me conforte sur l’idée que ce que nous faisons en Syrie et en Iraq va immanquablement provoquer ce type de réaction.

      +17

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  • Olysh // 03.02.2016 à 14h16

    « Franz Fanon inspire l’EI » ! On aura vraiment tout lu !

    « Franz fanon (1925-1961) est un psychiatre et essayiste français fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et dans un combat international dressant une solidarité entre « frères » opprimés. Il est l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste.

    Durant toute sa vie, il cherche à analyser les conséquences psychologiques de la colonisation à la fois sur le colon et sur le colonisé. Dans ses livres les plus connus, il analyse le processus de décolonisation sous les angles sociologique, philosophique et psychiatrique. Il a également écrit des articles importants dans sa discipline, la psychiatrie. » (Wikipedia)

    Franz Fanon est un des fondateurs du Tiers-mondisme, un courant politique à l’opposé du califat, de la charia et de l’assassinat de ceux qui ne partagent pas la même religion.

    Associer Franz Fanon à l’Etat Islamique c’est comme associer Bourdieu à l’URSS, ça n’a aucun sens.

      +6

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  • TienTien // 03.02.2016 à 14h32

    « Lorsque j’étais jeune homme, dans les années 40 et 50, je pouvais aller pratiquement n’importe où en Afrique ou en Asie et être reçu cordialement, être nourri et protégé. Aujourd’hui, partout où j’irai, je suis en danger d’être abattu ».
    Cette réflexion incluse dans l’article m’inspire de biens amères réflexions pourtant issues de très beaux souvenirs: 1974 avec ma petite voiture équipée de 2 roues de secours supplémentaires et d’un gros jerrycan, le moteur ajusté pour de l’essence au bas degré d’octane, j’ai cheminé jusqu’à…Kaboul et retour. Tout ça avec UN seul visa pour l’Iran car celui pour l’Afghanistan était plus facile à obtenir à Shiraz. Que d’excellents souvenirs à part un ou deux douaniers obtus !
    Essayez donc d’imaginer un tel périple aujourd’hui…

      +7

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  • Goldoni // 03.02.2016 à 17h05

    Cet article, oublié de faire la genèse du djihadisme et d’analyser ses soutiens, depuis les talibans, Al-Qaida et l’E.I.
    Ensuite, le chaos au moyen orient, depuis le non règlement de la question palestinienne à la guerre en Irak puis en Syrie.
    Le rôle du Conseil de Coopération du Golf qui echappe à ses mentors U.S. qui perdent de leur superbe et libèrent les désirs de grandeurs (Arabie Saoudite, mais aussi Turquie, rôle des frères musulmans …).
    J’ai bien aimé hier sur LCI, l’évêque d’Alep disant à un journaliste médusé le rôle positif de la Russie qui a permis de deserrer l’étau autour de la ville et de rendre l’espoir.
    Bien sûr le chaos, ainsi créé rend aussi possible l’expression violente de toutes les frustrations. Surtout quand les groupes de toutes les oppositions, sont les seuls à proposer des bons salaires.

      +2

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  • Louis Robert // 03.02.2016 à 17h11

    « La doctrine politico-militaire de l’ÉI que décrit le “stratège” peut être vue comme une version religieuse des guerres dont se réclamaient Mao Zedong et Ho-Chi Minh…  »

    +

    C’est oublier que Mao et Ho menèrent des luttes patriotiques de libération nationale surtout en sol chinois et vietnamien respectivement, et non pas à l’étranger. Du reste, si je me souviens bien, très peu d’Occidentaux « radicalisés » — jeunes ou vieux — marchèrent dans les pas du Dr Bethune et y participèrent.

    Dans le cas de l’EI, la lutte se veut non seulement nationale mais globale, totale et terroriste:

    1. GLOBALE, à savoir étendue à l’étranger, portée et menée impitoyablement en territoire « ennemi »,
    2. TOTALE et TERRORISTE, donc frappant n’importe quel ennemi (y compris les civils), n’importe quand et n’importe où dans le monde.

    Que je sache, Mao et Ho n’ont jamais mené pareille lutte contre l’Occident ou contre le Japon.

      +6

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  • Ashwolf // 03.02.2016 à 17h43

    La guerre est quasiment gagnée pour le régime syrien, à en croire les gains des deux derniers mois autour d’Alep et dans le Lattakia. L’inconnue principale, c’est l’enclave kurde au Nord du pays qui a doublé son territoire contrôlé en une année. Les « rebelles syriens » sont en fort recul sur tous les fronts et sont à deux doigts de s’effondrer.

    Mais si les russes sont intelligents, ils vont négocier l’autonomie de la région kurde de Syrie. Les russes n’ont absolument pas intérêt à un affaiblissement des kurdes de Syrie alors qu’ils sont au centre de tensions géopolitiques avec la Turquie.

    La Russie a tout intérêt à gagner cette guerre pour renforcer sa position géostratégique à l’internationale.

    Evidemment, tout ça est sans compter l’élection américaine qui arrive à grand pas, et dont le résultat est plus qu’incertain.

      +1

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  • Subotai // 03.02.2016 à 18h23

    C’est pas difficile: estimation des populations, avant – estimation des populations, après.

    Pour la Polynésie Française c’est 90% de la population décimée sur environ un siècle.
    Guerres, destruction des structures sociales, maladie, désespoir…
    Ça marche toujours comme ça.

      +2

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  • Asheloup // 03.02.2016 à 19h38

    La guerre est quasiment gagnée pour le régime syrien, à en croire les gains des deux derniers mois autour d’Alep et dans le Lattakia. L’inconnue principale, c’est l’enclave kurde au Nord du pays qui a doublé son territoire contrôlé en une année. Les « rebelles syriens » sont en fort recul sur tous les fronts et sont à deux doigts de s’effondrer.

    Mais si les russes sont intelligents, ils vont négocier l’autonomie de la région kurde de Syrie. Les russes n’ont absolument pas intérêt à un affaiblissement des kurdes de Syrie alors qu’ils sont au centre de tensions géopolitiques avec la Turquie.

    La Russie a tout intérêt à gagner cette guerre pour renforcer sa position géostratégique à l’internationale.

    Evidemment, tout ça est sans compter l’élection américaine qui arrive à grand pas, et dont le résultat est plus qu’incertain.

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  • Aneya // 04.02.2016 à 10h27

    Il est vrai que la violence appelle la violence et,fonction de mon vécu de la guerre d’Algérie, fonction des atrocités coloniales contre les autochtones Algériens.Sans le vouloir,les forces coloniales ont alimenté l’opposition dans les maquis.Comment ne pas réagir quand une femme est violée devant sa famille ligotée et ne pouvant même pas intervenir ? Comment ne pas réagir quand des innocents sont largués par les paras Français depuis un hélicoptère volant à haute altitude ? Comment ne pas réagir quand supplicié , entre les mains des harkis et des bérets verts et rouges, se fait traiter au chalumeau pour le faire parler ? Certains diront que même les révolutionnaires ont été sans pitié envers ceux qui tombaient entre leurs mains . Il est clair que la lutte armée d’un peuple soumis à esclavage , un peuple où le chien du colon avait plus de considération , cette lutte s’imposait pour chasser l’indu-occupant qui ne comprenait que le langage de la poudre.

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  • christian gedeon // 04.02.2016 à 18h19

    Je ne sais pas trop..cet article mélange carottes poireaux poires et pommes…je le trouve même particulièrement pervers,notamment sur l’Afghanistan… qui sert de socle au raisonnement du monsieur…la guerre d’Afghanistan,je l’ai suivie de bout en bout,et sa relation brève par ce monsieur est juste un terrible mensonge.Parce que les russes n’ont pas été contraints de quitter l’Afghanistan par les afghans,mais bien par les américains ,les pakistanais et autres affidés dont déjàl Arabie ;;;le régime de Babrak Karmal a fait face à une guerre fondamentalement de même nature que celle à laquelle fait face aujourd’hui le régime de Assad. Le fond de cet article (passons sur le sempiternel discours sur la colonisation,comme s’ils n’y avait eu que les occidentaux comme coloniseurs dans l’histoire du monde),et avec l’air de ne pas y toucher revient ni plus ni moins à justifier Daech… de manière obvie et hypocrite.ET cher Olivier,je suis très désolé qu’il ait été publié dans « Les crises »…vraiment.

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  • wen // 05.02.2016 à 23h36

    Il semble au contraire que l’option russe dans la vraie réalité du terrain syrien soit le bon pari !!! Poutine est décidément un homme très fin stratège !

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