L’administration Trump a cité les conclusions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour justifier ses attaques.
Source : Truthout, Stephen Prager, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Le Parlement iranien a approuvé mercredi un projet de loi suspendant sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La résolution stipule que les inspecteurs en désarmement de l’organisation de surveillance nucléaire des Nations unies ne seront pas autorisés à entrer dans le pays à moins qu’elle ne garantisse la sécurité des installations nucléaires iraniennes et leur capacité à poursuivre des activités nucléaires pacifiques.
Avant le vote, les législateurs ont dénoncé l’AIEA, l’accusant d’avoir permis les frappes aériennes américaines sur les installations nucléaires iraniennes samedi – frappes que l’Iran, ainsi que d’autres observateurs du droit international, ont dénoncées comme une violation claire de sa souveraineté.
« L’AIEA, qui n’a même pas officiellement condamné l’attaque contre les installations nucléaires iraniennes, a bradé sa crédibilité internationale », a déclaré Mohammad Baqer Qalibaf, président du parlement iranien. « C’est pourquoi [l’Organisation iranienne de l’énergie atomique] suspendra sa coopération avec l’Agence jusqu’à ce que la sécurité de ses installations nucléaires soit garantie, et le programme nucléaire pacifique de l’Iran se poursuivra à un rythme encore plus rapide. »
En réponse à la résolution, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré que « le retour des inspecteurs dans les installations nucléaires iraniennes est une priorité absolue. »
Les inspecteurs indépendants n’ont pas encore été en mesure d’examiner les dommages subis par les trois sites nucléaires – Fordo, Natanz et Ispahan – frappés par les États-Unis.
À la suite des frappes, le président américain Donald Trump a affirmé que les sites nucléaires iraniens avaient été « complètement et entièrement oblitérés. »
Toutefois, des articles publiés mardi par CNN et le New York Times, basés sur des sources anonymes ayant connaissance d’une évaluation interne de l’Agence de renseignement de la défense américaine, ont réfuté cette affirmation, affirmant que les frappes n’ont fait reculer le programme nucléaire iranien que de quelques mois.
Grossi a déclaré lundi que les frappes aériennes avaient probablement infligé des « dégâts très importants » à Fordo, mais qu’aucune conclusion ne pouvait être tirée tant que des inspecteurs indépendants n’auraient pas été autorisés à examiner le site et à rendre compte du stock d’uranium iranien.
Le dernier rapport de l’AIEA, publié le 31 mai, ne contient « aucune indication crédible d’un programme nucléaire structuré et non déclaré » poursuivi par l’Iran – une conclusion reprise par les agences de renseignement américaines.
Toutefois, l’AIEA a constaté que l’Iran avait considérablement augmenté son stock d’uranium enrichi à 60 %, un niveau proche de celui des armes, ce qui, selon elle, constitue une violation du traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Malgré l’absence de « menace imminente », selon les évaluations les plus récentes des services de renseignement, l’administration Trump a cité les conclusions de l’AIEA pour justifier ses attaques.
En conséquence, l’organisation nucléaire iranienne a remis en question la crédibilité de l’AIEA en tant qu’intermédiaire neutre, l’accusant « d’inaction délibérée » à la suite des frappes américaines et israéliennes. Elle a déclaré dans un communiqué dimanche que ces frappes avaient été menées « avec le silence, voire la complicité, de l’AIEA. »
Certains critiques ont affirmé que la décision de l’AIEA de déclarer l’Iran en violation du TNP était le résultat d’un important bras-de-fer de la part des États-Unis et que l’AIEA n’avait pas appliqué un examen similaire au programme d’armement nucléaire d’Israël.
L’Iran soutient que son programme nucléaire est entièrement pacifique et que les frappes sur ses installations nucléaires violent le TNP, qui accorde aux pays un « droit inaliénable » de développer l’énergie nucléaire à des fins non militaires.
Les experts nucléaires avertissent que les frappes américaines sur l’Iran ont sapé la crédibilité du TNP, incitant certaines factions iraniennes à demander la sortie pure et simple du pays.
Kelsey Davenport, directrice de la politique de non-prolifération à l’Arms Control Association, a suggéré lundi que les attaques américaines pourraient encourager l’Iran et d’autres nations à violer le traité et à se doter d’armes nucléaires, les percevant comme nécessaires à leur protection.
« Du point de vue de la non-prolifération, la décision de Trump de frapper l’Iran est une escalade imprudente et irresponsable qui risque de rapprocher l’Iran de l’armement nucléaire à long terme » a déclaré Davenport. « Sur le plan politique, l’Iran est désormais plus enclin à se doter de l’arme nucléaire. »
*
Stephen Prager est rédacteur pour Common Dreams.
Source : Truthout, Stephen Prager, CommonDreams, 25-06-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
« Proche » selon l’AIEA ? L’uranium iranien est « enrichi à 60 %, un niveau proche de celui des armes » (sic). Les armes nucléaires nécessitent un enrichissement au-delà de 95%, bien au-dessus donc de ces fameux 60%.
5 réactions et commentaires
Bah oui…et cela fait que l’Iran se retrouve aujourd’hui dans le même cas de figure qu’ Israël…qui n’a pas signé le TNP…qui a ( ou pas ?) des armes nucléaires…et donc qui n’a pas de contrôles de l’AIEA et des ‘inspecteurs indépendants’…non plus ! C’est quoi le problème ?
+2
Alerter« Proche » selon l’AIEA ? L’uranium iranien est « enrichi à 60 %, un niveau proche de celui des armes » (sic). Les armes nucléaires nécessitent un enrichissement au-delà de 95%, bien au-dessus donc de ces fameux 60%.
+9
Alerter« l’AIEA a constaté que l’Iran avait considérablement augmenté son stock d’uranium enrichi à 60 %, un niveau proche de celui des armes, ce qui, selon elle, constitue une violation du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) »
L’article omet de contextualiser, c’est dommage. L’Iran respectait l’accord de 2015 et n’enrichissait pas au-delà de 3,5%. C’est seulement après que Trump ait déchiré unilatéralement en 2018 l’accord signé par Obama que l’Iran a fini à son tour par ne plus respecter son engagement à ne pas aller au-delà de 3,5%.
+1
AlerterLa lecture des rapports de l’AIEA montre sans ambiguité que dès le début de l’année 2024 l’Iran refuse l’accès de sites nucléaires à l’Agence sans mentionner les 2 sites dits secrets et supplémentaires qui ont été en construction bien avant 2018.
Vous pouvez les lire ici (en anglais)
https://www.iaea.org/newscenter/focus/iran/iaea-and-iran-iaea-board-reports
+0
AlerterL’AIEA n’a d’aucune manière autorisée ou permis ou facilités les frappes de l’administration Trump.
Pour ceux qui sont un peu curieux les rapports de l’AIEA datés dès le milieu de l’année 2024 sont très clairs. Ici
https://www.iaea.org/sites/default/files/documents/gov2024-44.pdf
La lecture de l’item B (en anglais) est révélateur et les conclusions sont évidentes. L’Iran a refusé d’accepter les contrôles de l’Agence chargé de surveiller les activités nucléaires de l’Iran.
https://www.iaea.org/newscenter/focus/iran/iaea-and-iran-iaea-board-reports
Personne ne doute que Israel possède une triade d’armes nucléaire. Si l’Iran accède a ce seuil on assistera à une course régionale. L’Egypte et l’Arabie Saoudite sont les candidates régionales pourquoi pas la Turquie et plus loin Taiwan et l’Ukraine.
+0
Alerter