Les forces israéliennes ont tué plus de 100 civils au Liban pendant le cessez-le-feu, selon des responsables de l’ONU.
Source : Sharon Zhang, Truthout
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Selon les casques bleus de l’ONU, les forces israéliennes ont commis des milliers de violations de l’espace aérien et terrestre libanais au cours de l’année écoulée depuis la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Selon la Force intérimaire des Nations unies au Liban, connue sous le nom de FINUL, les forces israéliennes sont responsables de plus de 7 500 violations aériennes et de près de 2 500 violations terrestres au cours de l’année écoulée. Cela représente un total de près de 10 000 violations en moins d’un an de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre 2024.
Il a également été indiqué que les forces de maintien de la paix ont remis plus de 360 « caches d’armes abandonnées » du Hezbollah à l’armée libanaise.
« Une stabilité fragile règne le long de la Ligne bleue » a déclaré la FINUL. Elle a précisé que les violations sont signalées au Conseil de sécurité des Nations unies.
La force dite de maintien de la paix a été créée en 1978, en réponse à l’invasion du Liban par Israël. Son objectif principal est de surveiller le retrait des forces israéliennes au-delà de la « ligne bleue » établie pour séparer le Liban d’Israël et du plateau du Golan occupé par Israël. Israël a violé cette ligne à plusieurs reprises, notamment lors de nombreuses invasions ultérieures du Liban.
Selon l’ONU, les forces israéliennes ont mené plus de 500 frappes aériennes au Liban au cours des dix premiers mois du cessez-le-feu, tuant au moins 108 civils, dont 16 enfants. Israël viole le cessez-le-feu presque quotidiennement, ont déclaré des responsables.
L’ONU a également enregistré 19 enlèvements de civils libanais par des soldats israéliens.
« Malgré le cessez-le-feu, Israël continue de frapper le territoire libanais presque quotidiennement » a déclaré un groupe d’experts des droits humains des Nations unies dans un communiqué publié en octobre. « Ces attaques ont entraîné un nombre croissant de morts et de blessés parmi les civils, ainsi que la destruction et l’endommagement d’infrastructures, de logements, de l’environnement et de zones agricoles vitales pour la subsistance des civils. »
Israël a menacé de nouvelles escalades au Liban et a récemment intensifié ses attaques. Mardi, Israël a mené l’une de ses frappes aériennes les plus meurtrières depuis le cessez-le-feu contre un camp de réfugiés palestiniens dans le sud du Liban, tuant 13 personnes.
La FINUL a également rapporté que dimanche, les forces israéliennes ont tiré des rafales de mitrailleuses lourdes depuis un char situé près de l’une des cinq positions qu’Israël détient encore au Liban. Ces rafales ont touché le sol à environ cinq mètres des soldats de la paix de la FINUL, « qui étaient à pied et ont dû se mettre à l’abri sur le terrain », a déclaré l’agence.
Les soldats de la paix ont alors demandé à Israël de cesser le feu par l’intermédiaire de ses canaux de communication avec l’armée, et le char s’est retiré une demi-heure plus tard. « Cela constitue une violation grave de la résolution 1701 du Conseil de sécurité », a déclaré le groupe.
Cette déclaration intervient quelques jours après que la FINUL a déclaré vendredi qu’Israël construisait des murs sur le territoire libanais au-delà de la Ligne bleue. Selon le groupe, ces murs ont rendu « inaccessibles » plus de 4 000 mètres carrés de terres libanaises.
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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et ses sujets de prédilection sont la politique, le climat et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter (X) et Bluesky
Source : Sharon Zhang, Truthout, 20-11-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Israël a utilisé des armes à sous-munitions largement interdites au Liban, comme le suggèrent des photos de restes de munitions
Exclusif : ces images constituent la première indication qu’Israël a utilisé des armes à sous-munitions depuis près de 20 ans.
Source : The Guardian, William Christou
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Israël a utilisé des armes à sous-munitions largement interdites lors de sa récente guerre de 13 mois au Liban, comme le suggèrent les photos de restes de munitions dans le sud du Liban vues par le Guardian.
Les images, qui ont été examinées par six experts en armement différents, semblent montrer les restes de deux types différents d’armes à sous-munitions israéliennes trouvés à trois endroits différents : au sud du fleuve Litani, dans les vallées boisées de Wadi Zibqin, Wadi Barghouz et Wadi Deir Siryan.
Ces preuves constituent la première indication que Israël a utilisé des armes à sous-munitions depuis près de deux décennies, après les avoir employées lors de la guerre du Liban en 2006. Ce serait également la première fois qu’Israël aurait utilisé les deux nouveaux types d’armes à sous-munitions découverts : les missiles guidés M999 Barak Eitan de 155 mm et Ra’am Eitan de 227 mm.
Les armes à sous-munitions sont des bombes contenant de nombreuses sous-munitions plus petites, de petites « bombes », qui se dispersent sur une vaste zone de la taille de plusieurs terrains de football. L’utilisation des armes à sous-munitions est largement interdite, car jusqu’à 40 % des sous-munitions n’explosent pas à l’impact, ce qui représente un danger pour les civils qui pourraient les trouver plus tard et être tués lorsqu’elles explosent.
À ce jour, 124 États ont adhéré à la convention sur les armes à sous-munitions, qui interdit leur utilisation, leur production et leur transfert. Israël n’est pas signataire de la convention et n’est donc pas lié par celle-ci.
« Nous pensons que l’utilisation d’armes à sous-munitions est toujours en contradiction avec le devoir des forces armées de respecter le droit international humanitaire en raison de leur nature aveugle au moment de leur utilisation et après », a déclaré Tamar Gabelnick, directrice de la Coalition contre les armes à sous-munitions. « Leur impact à grande échelle signifie qu’elles ne peuvent pas faire la distinction entre les cibles militaires et civiles, et les restes d’armes à sous-munitions tuent et mutilent des civils pendant des décennies après leur utilisation. »
L’armée israélienne n’a ni confirmé ni infirmé l’utilisation d’armes à sous-munitions, mais a déclaré qu’elle « n’utilisait que des armes légales, conformément au droit international et en minimisant les dommages causés aux civils. »
La guerre entre Israël et le Hezbollah, qui a débuté en octobre 2023 et fait près de 4 000 morts au Liban et environ 120 en Israël, a laissé le groupe militant libanais dévasté. Une grande partie du sud du Liban est toujours en ruines et Israël continue de mener des frappes aériennes quasi quotidiennes dans le pays, malgré le cessez-le-feu signé l’année dernière.
Le Liban a notamment connu une histoire douloureuse avec les armes à sous-munitions. Israël a largué sur le Liban 4 millions de bombes à sous-munitions dans les derniers jours de la guerre de 2006, dont environ 1 million n’ont pas explosé. La présence de bombes à sous-munitions non explosées continue de rendre la vie dangereuse dans le sud du Liban, où plus de 400 personnes ont été tuées par des bombes non explosées depuis 2006.
Le nombre considérable de bombes à sous-munitions non explosées au Liban a été l’un des principaux facteurs qui ont motivé la rédaction de la convention sur les armes à sous-munitions en 2008.
Bien qu’ils n’aient pas rejont la convention, les responsables israéliens ont condamné l’utilisation par l’Iran d’armes à sous-munitions en Israël pendant la guerre de 12 jours qui s’est déroulée cet été. « Le régime terroriste cherche à nuire aux civils et a même utilisé des armes à large dispersion afin de maximiser l’étendue des dégâts », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le brigadier général Effie Defrin, après une frappe iranienne utilisant des armes à sous-munitions dans des zones peuplées du sud d’Israël.
Les images des restes de la première munition à fragmentation, une munition antipersonnel avancée M999 Barak Eitan de 155 mm produite par le sous-traitant de défense Elbit Systems en 2019, ont été vérifiées par six experts en armement différents, dont Brian Castner, responsable de la recherche sur les crises à Amnesty International, et NR Jenzen-Jones, directeur d’Armament Research Services, un cabinet de conseil en renseignement technique spécialisé dans l’analyse des armes et des munitions. Elbit Systems n’a pas répondu à notre demande de commentaires.
Chaque obus d’artillerie M999 libère neuf sous-munitions qui explosent en 1 200 éclats de tungstène, selon un manuel de l’armée américaine sur cette arme.
Les photos des restes de la deuxième munition ont été identifiées comme provenant d’une bombe à fragmentation par cinq experts en armement différents, bien que la plupart d’entre eux n’aient pas pu identifier le modèle exact en raison du manque de sources ouvertes sur cette roquette spécifique.
Jenzen-Jones et un autre analyste en armement ont déclaré que l’arme était un missile guidé Ra’am Eitan de 227 mm, un nouveau type de munition à fragmentation développé par Elbit Systems. Ce projectile spécifique a été produit en 2017, comme le prouve son numéo de série.
Les médias israéliens ont décrit les Ra’am Eitan comme des missiles guidés contenant chacun 64 bombes, qui « se dispersent sur un large diamètre et tuent toutes les personnes présentes. » Selon un communiqué de presse publié par l’armée israélienne en février 2024, les troupes israéliennes opérant à la frontière nord du pays étaient équipées de Ra’am Eitan en prévision d’un combat avec le Hezbollah.
La légalité de l’utilisation d’armes à sous-munitions par des pays non signataires dépend des circonstances dans lesquelles elles ont été utilisées, ainsi que des intentions du personnel militaire impliqué dans leur utilisation. Le Guardian ne dispose d’aucune information sur les frappes au cours desquelles ces obus ont été utilisés, car les restes ont été trouvés après coup.
Les restes ont été trouvés dans des vallées densément boisées du sud du Liban, qu’Israël a accusé le Hezbollah d’avoir exploitées pendant la guerre pour se protéger des bombardements aériens et de la surveillance.
En raison de leur large dispersion, les armes à sous-munitions peuvent être utiles contre des soldats répartis sur de vastes zones boisées. Les forces américaines ont utilisé des armes à sous-munitions de manière similaire au Vietnam, en tapissant de bombes les jungles denses où se trouvaient les soldats vietcongs.
Selon les médias israéliens, les deux munitions à fragmentation retrouvées avaient été développées ces dernières années afin de réduire le nombre de munitions non explosées, le Ra’am Eitan affichant un « taux de ratés » de 0,01 %. Israël a développé ces munitions après que son utilisation de bombes à fragmentation lors de la guerre du Liban en 2006 ait suscité l’indignation à l’étranger et dans le pays, cherchant ainsi un moyen de continuer à utiliser des bombes à fragmentation tout en minimisant les dommages causés aux civils.
Gabelnick et d’autres experts en armement ont averti que les taux de ratés annoncés par les fabricants d’armes étaient souvent beaucoup plus élevés sur le terrain. Israel Military Industries a déclaré un taux de ratés de 0,06 % pour les munitions à fragmentation M85 utilisées pendant la guerre de 2006. Une analyse ultérieure a suggéré que ce taux était d’environ 10 %.
Les organisations de défense des droits humains ont déclaré qu’il était impossible d’utiliser les armes à sous-munitions de manière à minimiser les dommages causés aux civils.
« Les armes à sous-munitions sont interdites au niveau international pour une bonne raison. Elles sont intrinsèquement aveugles et il n’y a aucun moyen de les utiliser de manière légale ou responsable. Les civils sont les premiers à en subir les risques, car ces armes restent mortelles pendant des décennies » a déclaré Castner.
Source : The Guardian, William Christou, 19-11-2025
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Rémi // 15.12.2025 à 08h43
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