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25.octobre.202525.10.2025 // Les Crises

Israël mène un holocauste à Gaza. La dénazification est notre seul remède – par Orly Noy

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La suprématie ethnique meurtrière inhérente à la société israélienne est plus profonde que Netanyahou, Ben Gvir et Smotrich. Elle doit être combattue à la racine.

Source : +972, Orly Noy, 18-09-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des Israéliens de droite manifestent près de la frontière avec Gaza pour soutenir le rétablissement des colonies israéliennes dans la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 30 juillet 2025. (Tsafrir Abayov/Flash90)

La ville de Gaza est en proie aux flammes, alors que l’armée israélienne s’est lancée dans une offensive terrestre (du moins jusqu’au récent cessez-le-feu, ndlr) après des semaines de bombardements incessants. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, déjà visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité, a qualifié cette dernière offensive « d’opération intensifiée. » Je vous invite à regarder les images diffusées depuis Gaza pour comprendre ce que signifie réellement cet euphémisme.

Regardez dans les yeux des personnes saisies d’une terreur sans pareille, même dans les moments les plus sombres de ce génocide qui dure depuis deux ans. Voyez les rangées d’enfants recouverts de cendres gisant sur le sol ensanglanté de ce qui était autrefois un centre médical – certains à peine vivants, d’autres hurlant de douleur et de peur – tandis que des mains désespérées tentent de les réconforter ou de les soigner avec les quelques ressources médicales qui restent. Écoutez les cris des familles qui fuient sans savoir où aller. Voyez les parents fouiller les décombres à la recherche de leurs enfants, des membres dépassant des décombres, un ambulancier berçant une fillette immobile, la suppliant en vain d’ouvrir les yeux.

Ce qu’Israël fait à Gaza n’est pas le résultat tragique d’événements chaotiques sur le terrain, mais un acte d’extermination mûrement réfléchi, exécuté de sang-froid par « l’armée du peuple », c’est-à-dire les pères, les fils, les frères et nos voisins, israéliens.

Comment se fait-il que, malgré les témoignages de plus en plus nombreux provenant des camps de concentration et d’extermination de Gaza, aucun mouvement de refus massif n’ait vu le jour en Israël ? Il est vraiment inconcevable qu’après deux ans de ce carnage, seule une poignée d’objecteurs de conscience soient emprisonnés. Même les soi-disant « réfractaires gris » – des soldats de réserve qui ne s’opposent pas à la guerre pour des raisons idéologiques, mais qui sont simplement épuisés et s’interrogent sur son utilité – restent bien trop peu nombreux pour ralentir la machine à tuer, et encore moins pour l’arrêter.

Qui sont ces âmes obéissantes qui font fonctionner ce système ? Comment une société aussi profondément divisée – entre religieux et laïcs, colons et libéraux, kibboutzniks et citadins, immigrants de longue date et nouveaux arrivants – peut-elle s’unir uniquement dans sa volonté de massacrer les Palestiniens sans la moindre hésitation ?

Des Palestiniens pleurent leurs proches tués lors d’attaques israéliennes, à l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 21 août 2025. (Yousef Zaanoun/Activestills)

Au cours des 23 derniers mois, la société israélienne a tissé un réseau infini de mensonges pour justifier et permettre la destruction de Gaza – non seulement aux yeux du monde, mais surtout à ses propres yeux. Le principal de ces mensonges est l’affirmation selon laquelle les otages ne peuvent être libérés que par la pression militaire. Pourtant, ceux qui exécutent les ordres de l’armée, semant la mort à Gaza, le font en sachant pertinemment qu’ils risquent de tuer les otages dans le processus. Les bombardements aveugles d’hôpitaux, d’écoles et de quartiers résidentiels, associés à ce mépris pour la vie des Israéliens retenus captifs, prouvent le véritable objectif de la guerre : l’extermination totale de la population civile de Gaza.

Israël est en train de déclencher un holocauste à Gaza, et cela ne peut être considéré comme la seule volonté des dirigeants fascistes actuels du pays. Cette horreur va bien au-delà de Netanyahou, Ben Gvir et Smotrich. Nous assistons à la phase finale de la nazification de la société israélienne.

La tâche urgente consiste désormais à mettre fin à cet holocauste. Mais l’arrêter n’est que la première étape. Si la société israélienne veut un jour revenir dans le giron de l’humanité, elle doit se soumettre à un profond processus de dénazification.

Une fois que la poussière de la mort sera retombée, nous devrons revenir sur nos pas jusqu’à la Nakba, aux expulsions massives, aux massacres, aux confiscations de terres, aux lois raciales et à l’idéologie de la suprématie inhérente qui a normalisé le mépris pour les peuples autochtones de cette terre et le vol de leurs vies, de leurs biens, de leur dignité et de l’avenir de leurs enfants. Ce n’est qu’en affrontant ce mécanisme mortel inhérent à notre société que nous pourrons commencer à le déraciner.

Ce processus de dénazification doit commencer dès maintenant, et il commence par le refus. Le refus non seulement de participer activement à la destruction de Gaza, mais aussi de revêtir l’uniforme, quel que soit le grade ou le rôle. Le refus de rester dans l’ignorance. Le refus d’être aveugle. Le refus de se taire. Pour les parents, il est du devoir de protéger la prochaine génération afin qu’elle ne devienne pas coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Des Israéliens se baignent dans une source à Lifta, un village palestinien dépeuplé de force lors de la Nakba de 1948, dans la banlieue de Jérusalem, le 28 juillet 2021. (Yonatan Sindel/Flash90)

La dénazification doit également inclure la reconnaissance que ce qui était ne peut rester. Il ne suffira pas de simplement remplacer le gouvernement actuel. Nous devons abandonner le mythe du caractère « juif et démocratique » d’Israël, un paradoxe dont la poigne de fer a contribué à ouvrir la voie à la catastrophe dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés.

Cette tromperie doit cesser, et il faut reconnaître clairement qu’il ne reste que deux voies possibles : soit un État juif, messianique et génocidaire, soit un État véritablement démocratique pour tous ses citoyens.

L’holocauste de Gaza a été rendu possible par l’adhésion à la logique ethno-supremaciste inhérente au sionisme. Il faut donc le dire clairement : le sionisme, sous toutes ses formes, ne peut être lavé de la souillure de ce crime. Il doit être aboli.

La dénazification sera longue et globale, touchant tous les aspects de notre vie collective. Nous devrons probablement sacrifier plusieurs générations supplémentaires – tant les victimes que les auteurs – avant que ce fléau ne soit complètement éradiqué. Mais le processus doit commencer dès maintenant, en refusant de commettre les horreurs qui se produisent quotidiennement à Gaza et en refusant de les laisser passer comme si elles étaient normales.

*

Orly Noy est rédactrice chez Local Call, militante politique et traductrice de poésie et de prose farsi. Elle est présidente du conseil d’administration de B’Tselem et militante au sein du parti politique Balad. Ses écrits traitent des lignes qui se croisent et définissent son identité en tant que Mizrahi, femme de gauche, femme, migrante temporaire vivant au sein d’une immigration perpétuelle, et du dialogue constant entre elles.

Source : +972, Orly Noy, 18-09-2025

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