Centrée dans la région de non-droit de l’Asie du Sud-Est connue sous le nom de Triangle d’or, l’industrie de l’escroquerie est une nouvelle forme de capitalisme fondée sur la corruption, le crime organisé et l’esclavage – et elle ne cesse de se développer.
Source : Jacobin, Chris Dite, Ivan Franceschini, Ling Li, Mark Bo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Entretien avec Ivan Franceschini, Ling Li et Mark Bo
On estime que plus de 220 000 personnes travaillent dans des complexes d’escroquerie en ligne dans la région tristement célèbre du Triangle d’or en Asie du Sud-Est. Attirées vers des villes frontalières sous de faux prétextes, elles sont forcées de travailler soit comme escrocs ciblant en ligne des personnes à l’étranger, soit comme prestataires de services ou travailleurs et travailleuses du sexe dans les mêmes complexes.
L’esclavage, la violence écoeurante et caractère apparemment illégal de ce secteur ont contraint les gouvernements de la région à réagir. L’enlèvement comme esclave d’un jeune acteur en 2024 est devenu une cause célèbre sur les médias sociaux chinois et a conduit à sa libération en janvier 2025. En février, la panique croissante en Chine continentale, à Hong Kong et à Macao concernant l’enlèvement de jeunes gens a conduit à une montée en puissance spectaculaire. Le gouvernement chinois, en coordination avec le Myanmar et la Thaïlande, a mené des raids dans les villes frontalières, sauvant ainsi environ 7 000 personnes.
En dépit de la répression, le secteur des complexes d’escroquerie continue d’engranger des centaines de milliards de dollars chaque année. Il s’est considérablement complexifié, impliquant potentiellement environ six millions de personnes en dehors des complexes pour faciliter le flux d’argent engendré par des escroqueries.
Dans leur nouveau livre Scam : Inside Southeast Asia’s Cybercrime Compounds [Arnaque : dans les arcanes de la cybercriminalité en Asie du Sud-Est], Ivan Franceschini, Ling Li et Mark Bo se penchent sur la structure de cette puissante industrie de l’ombre. Cherchant à aller au-delà des titres sensationnalistes et des stéréotypes, ils ont interrogé des centaines de victimes de ces réseaux d’escroquerie. Leurs recherches brossent un tableau sombre de cet autre aspect du capitalisme contemporain.
Jacobin s’est entretenu avec Franceschini, Li et Bo au sujet de leur travail et des raisons pour lesquelles il est nécessaire que nous ayons une compréhension plus nuancée de ce qui se passe en Asie du Sud-Est.
Chris Dite : Votre livre Scam présente un modèle économique que vous qualifiez de « capitalisme des complexes emmurés. » Pourriez-vous expliquer ce concept ?
Ivan Franceschini : Nous considérons les complexes d’escroquerie comme l’une des dernières manifestations d’un capitalisme prédateur. Les cyber-escroqueries à l’échelle industrielle sont quelque chose de relativement nouveau, mais en même temps, ce phénomène peut être replacé dans une perspective plus large et à plus long terme. Nous soulignons quatre dimensions qui caractérisent une telle réalité.
La première est l’exceptionnalité. Les complexes d’Asie du Sud-Est sont une forme plus extrême de zones économiques spéciales. C’est de la ségrégation pure : il y a des murs, de la surveillance, des barbelés, des gardes partout, des caméras, et les acteurs étatiques sont complices. Mais c’est paradoxal parce que les personnes piégées à l’intérieur sont également connectées au monde extérieur 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 via l’internet, bien qu’elles ne puissent pas communiquer librement.
Le deuxième aspect est l’organisation du travail et le contrôle de la main-d’œuvre. Ces employeurs fournissent un logement et tentent de contrôler la main-d’œuvre en organisant tous les aspects de la production. Les travailleurs sont piégés dans des locaux où ils dorment, mangent et vivent. Il existe des précédents historiques qui aident à comprendre ce phénomène, comme les régimes d’exploitation minière en Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, ainsi que les régimes de dortoirs en Chine au cours de la période de réforme et d’ouverture.
En faisant en sorte que leurs victimes se sentent vues et entendues, ils cultivent une sorte de dépendance.
La troisième dimension est l’extraction de données. Les entreprises criminelles, tout comme les entreprises technologiques légales, extraient des données des utilisateurs de manière sophistiquée. Il s’agit d’une industrie basée sur l’appropriation d’informations, avec une très forte composante personnelle. En donnant à leurs victimes le sentiment d’être vues et entendues, ils cultivent une sorte de dépendance.
Ling Li : Les escrocs sont capables d’exploiter les vulnérabilités humaines fondamentales. La solitude est un problème mondial et, malgré les progrès technologiques, les liens sociaux ne se sont pas nécessairement renforcés. Sortir avec quelqu’un et se faire des amis est devenu encore plus difficile qu’auparavant. Les escrocs exploitent ces émotions. Un ancien escroc m’a dit que ces derniers analysent votre passé, comprennent ce dont vous avez le plus besoin, élaborent un rêve et vous font croire que vous pouvez l’obtenir. Plus vous êtes pauvre et marginalisé, plus vous êtes vulnérable, parce que vous êtes en attente de quelque chose.
Ivan Franceschini : Le dernier aspect du capitalisme composé est la dépossession et la prolétarisation. La plupart des gens qui se retrouvent dans ces complexes sont issues de milieux défavorisés et leur éducation n’est que de niveau élémentaire. Ils sont souvent issus de familles qui ont perdu leurs moyens de subsistance ou ce sont des jeunes qui luttent pour trouver un emploi bien rémunéré. Ils sont désespérés, se sentent responsables de leur famille et n’ont pas d’alternatives décentes pour gagner leur vie.
Chris Dite : Vous indiquez que « toute tentative d’esquisser un profil de victime type de la criminalité forcée dans l’industrie est susceptible de se solder par une simplification excessive. » Pourquoi ?
Ling Li : La diversité des expériences rend impossible toute généralisation. Les individus s’engagent dans ces opérations à partir de situations très différentes. Certains sont tentés par de fausses offres d’emploi, d’autres sont victimes de la traite des êtres humains, d’autres encore s’engagent en sachant qu’ils vont travailler dans l’illégalité, mais sans réaliser l’ampleur du danger jusqu’à ce qu’ils se retrouvent pris au piège. Et cela ne signifie pas qu’ils avaient l’intention de devenir des escrocs. Nous avons rencontré des personnes qui nous ont dit qu’elles pensaient se rendre dans les villes frontalières pour faire de la contrebande de jade ou au Cambodge pour extraire des bitcoins.
Nombre de victimes correspondent au profil traditionnel des victimes de la traite des êtres humains : elles sont relativement jeunes, ont un niveau d’éducation élémentaire et rencontrent des difficultés financières. Mais ce n’est pas là une description de tout le monde. Les victimes originaires d’Asie du Sud ont souvent un niveau d’éducation plus élevé et maîtrisent mieux l’anglais, ce qui s’explique en partie par des méthodes de recrutement différentes. Les victimes chinoises, vietnamiennes ou indonésiennes sont plus susceptibles de faire l’objet d’un trafic par le biais de relations informelles telles que des amis, des gens du même village ou des offres d’emploi en ligne sur les médias sociaux. Les victimes sud-asiatiques ou africaines sont souvent recrutées par l’intermédiaire d’agences pour l’emploi qui se révèlent être des trafiquants.
Si certaines victimes sont forcées d’intégrer des équipes de programmation ou d’intelligence artificielle, beaucoup d’autres effectuent des tâches simples qui ne nécessitent aucune formation technique, comme copier-coller des scripts. Pour de nombreuses opérations, les victimes n’ont pas besoin de parler une autre langue – elles utilisent ChatGPT de manière très efficace. Il est donc erroné de présumer que, parce qu’elles sont impliquées dans des crimes cybernétiques, les victimes doivent avoir des compétences informatiques ou linguistiques. Cette hypothèse risque de laisser de côté les victimes les plus vulnérables.
Chris Dite : L’économie mondiale convenable fonctionne sur la base de pratiques et de politiques économiques d’exploitation ou d’appauvrissement. Comment ces pratiques et politiques alimentent-elles et aggravent-elles les industries de l’ombre que vous analysez dans votre ouvrage ?
Ivan Franceschini : Ce type d’industrie prospère grâce aux difficultés économiques. Il s’est rapidement développé pendant la pandémie de Covid, lorsque la mobilité était limitée, qu’il était difficile de trouver un emploi et que les gens se sentaient seuls, malheureux et stressés. Cette situation a créé une demande pour le type de « services » proposés par les escrocs, et il est beaucoup plus facile de cibler les personnes isolées.
Ce type d’industrie prospère grâce aux difficultés économiques.
Dans le même temps, beaucoup de gens ont perdu leur emploi et de nombreuses entreprises familiales ont fait faillite. Beaucoup de gens avaient désespéremment besoin de trouver du travail et c’est ainsi que, lorsque quelqu’un s’est présenté en disant : « J’ai quelque chose pour vous » ils ne se sont pas posé de questions. Et ils se sont retrouvés dans ces enclos emmurés. En temps normal, ils auraient peut-être réfléchi à deux fois avant de s’installer dans un nouveau pays.
Et cette situation risque d’empirer. De nombreuses économies sont confrontées à des défis structurels, et l’économie chinoise ralentit. Les jeunes sont en souffrance, perdent espoir et se tournent vers des comportements tels que le tang ping [« s’allonger à plat » – se retirer complètement du marché du travail chinois ultra-compétitif], parce qu’il est très difficile de trouver des emplois suffisamment rémunérés.
Chris Dite : Certains ont suggéré que l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie [Belt and Road Initiative] a alimenté la croissance des complexes d’escroquerie – y a-t-il une part de vérité dans cette affirmation ?
Mark Bo : Nous avons essayé de mesurer le rôle joué par l’État chinois, dans la mesure où de nombreuses analyses ont essayé de lier la croissance de l’industrie de l’escroquerie et la BRI. Le problème est que la majorité des pays ont signé un protocole d’accord avec la Chine pour coopérer dans le cadre de l’initiative de croissance économique BRI. Mais l’industrie de l’escroquerie ne se concentre que sur une poignée de pays. Singapour, la Malaisie et l’Indonésie, par exemple, ont signé des protocoles d’accord avec la BRI, mais n’ont pas connu la même explosion d’activités frauduleuses que le Cambodge, le Laos ou le Myanmar.
Les conditions locales sont le facteur clé, elles sont un réel aimant pour les opérations criminelles et leur permettent de prospérer. La BRI est beaucoup moins importante. En fait, l’industrie de l’escroquerie a nui à la réputation de la BRI : dans certains cas, des opérations d’escroquerie et d’autres investisseurs douteux ont faussement prétendu être soutenus par la BRI ou bénéficier d’une forme de soutien de l’État.
La participation des entreprises d’État chinoises [SOEs] à l’industrie de l’escroquerie vaut vraiment la peine d’être examinée. Nous avons observé qu’un grand nombre d’entreprises d’État ont été recrutées pour la construction de sites impliqués dans des jeux d’argent en ligne et des escroqueries. Mais cela ne signifie pas qu’elles sont des investisseurs, mais simplement qu’elles sont des sous-traitants sous contrat. Nous ne pouvons donc pas affirmer avec certitude que cela est dû à un manque de diligence ou à un manque d’intérêt pour les gens avec lesquels ils font des affaires. Mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une conséquence de l’expansion mondiale et rapide du secteur des sous-traitants chinois.
Chris Dite : Dans votre ouvrage, vous affirmez qu’en ces temps de polarisation croissante, il est nécessaire d’adopter un point de vue plus nuancé quant aux « dessous de la Chine mondiale. » Qu’entendez-vous par là ?
Ivan Franceschini : Au-delà des approches centrées sur les agences gouvernementales et les entreprises d’État chinoises, ainsi que sur les acteurs locaux avec lesquels elles travaillent, il existe une autre couche d’acteurs, beaucoup moins visible, que l’on pourrait appeler « les dessous de la Chine mondiale. » Cette couche compte les opérations transnationales des syndicats du crime chinois, dont leurs flux d’argent parallèles, leurs interactions, leurs homologues étrangers et les groupes locaux, sans oublier les efforts déployés par la Chine pour traquer ces acteurs.
Il existe un écosystème complexe d’acteurs d’origines et d’orientations diverses qui se superpose à l’économie légitime. Il y a bien sûr les triades. Mais il y a aussi des gangsters taïwanais favorables à la réunification chinoise, des influenceurs nationalistes, des groupes criminels organisés plus récemment établis, des hommes d’affaires ordinaires, des trafiquants d’êtres humains et des spécialistes du blanchiment d’argent qui ne considèrent pas que leurs activités sont forcément criminelles.
L’expression « Chine mondiale » n’a en fait aucun sens. Il s’agit plutôt d’une diversité d’acteurs, qui ont chacun leur propre objectif. Il arrive que ceux-ci soient compatibles, voire même parfois fassent écho à celui de l’État chinois. Parfois, ils ne le sont pas, et des conflits surgissent. Cette couche souterraine d’acteurs devrait faire l’objet d’un examen plus approfondi afin de mieux comprendre qui sont ces acteurs et comment ils raisonnent.
Chris Dite : Quel rôle les médias sociaux et les géants de la technologie jouent-ils dans ce contexte ?
Ling Li : En 2022, En 2022, ce n’est que pour quelques cas isolés que nous avons rencontré des victimes qui avaient noué des liens d’amitié sur des plateformes de jeux en ligne, avant d’être ajoutées sur WeChat et attirées dans l’industrie de l’escroquerie par des promesses de salaires élevés et de vie luxueuse au Cambodge. En 2024, près d’un tiers des victimes chinoises que nous avons interrogées avaient été ciblées par le biais de plateformes de médias sociaux telles que Douyin ou Kuaishou.
La médiatisation, par exemple sur Weibo, peut accélérer les tentatives de libération. Mais certaines des victimes dont les familles ont tenté d’utiliser Weibo pour les secourir sont toujours prisonnières aujourd’hui. Pour compliquer les choses, les médias sociaux peuvent parfois entraver les efforts de sauvetage. Il existe de nombreux comptes sur les plateformes chinoises qui prétendent pouvoir libérer les victimes des complexes d’escroquerie. Mais nombre d’entre eux se sont révélés être eux-mêmes des escrocs, exploitant les familles des victimes en prenant leur argent et en disparaissant sans laisser de traces.
Il existe de nombreux comptes sur les plateformes chinoises qui prétendent pouvoir libérer les victimes des complexes d’escroquerie, mais beaucoup d’entre eux se sont révélés être eux-mêmes des escrocs.
En dehors de la Chine, Facebook et Telegram semblent être les principales plateformes hébergeant des offres d’emploi pour des complexes d’escroquerie. Le caractère minimal du cryptage et de la modération des contenus ont fait de Telegram en particulier une plateforme de choix pour les échanges illicites, depuis la vente de données personnelles jusqu’à la traite des êtres humains en passant par la drogue. J’ai personnellement pu prendre connaissance de discussions de groupe où des personnes sont vendues comme des marchandises et où les trafiquants affichent ouvertement leurs prix.
Si les plateformes de médias sociaux ont contribué à sensibiliser le public aux cas de traite, elles restent largement non réglementées en ce qui concerne la prévention des escroqueries et du recrutement par les trafiquants. Dans certains cas, on peut même dire que ces réseaux ont rendu cette exploitation plus facile. Il est essentiel que les ONG et le gouvernement collaborent avec les entreprises technologiques dans la lutte contre la traite des êtres humains et les escroqueries en ligne, et qu’ils les incitent à prendre des mesures énergiques. Elles devraient veiller à supprimer les contenus frauduleux, à renforcer les systèmes de contrôle et à mettre en place des mesures de protection plus strictes.
Chris Dite : Les ONG sont confrontées à d’immenses défis pour faire face à la situation. Pourriez-vous expliquer certains des obstacles structurels à l’action des militants ?
Mark Bo : Pendant des années, les gouvernements des pays qui hébergent les principaux sites d’escroquerie ont nié leur existence. Mais au fil du temps, ils ont été contraints de reconnaître le problème parce qu’il est tout simplement tellement flagrant. Et pourtant, ils continuent de minimiser l’ampleur de cette industrie, rejetant souvent les rapports de violence en les classant comme conflits de travail, ou qualifiant les survivants de criminels plutôt que de victimes. En outre, les personnes à l’origine de l’industrie de l’escroquerie ont souvent des contacts avec les élites locales qui peuvent leur fournir une protection, ce qui signifie que les personnes qui tentent de dénoncer les opérations d’escroquerie ou d’aider les gens à s’enfuir peuvent courir des risques très graves.
Par exemple, certains journalistes au Cambodge, aux Philippines et au Myanmar jouent un rôle crucial en documentant les complexes de l’industrie de l’escroquerie et les acteurs qui en sont à l’origine. Mais ce type de reportage s’accompagne d’un risque important, notamment en raison des restrictions croissantes imposées aux médias. Les ONG et les groupes de secours plus informels sont également amenés à contrer le discours de l’État : le simple fait d’essayer d’aider les gens peut s’avérer très risqué.
Les défis logistiques sont également nombreux. Le Myanmar, par exemple, est en proie à un conflit très sanglant depuis que la junte a tenté de prendre le contrôle du pays, ce qui soulève des risques importants et des problèmes pratiques.
De manière plus générale, les changements soudains de politique de la deuxième administration Trump ont été dévastateurs. Des agences telles que l’USAID [Agence des États-Unis pour le développement international] finançaient de nombreux journalistes et groupes qui surveillent cette industrie, enquêtent sur les activités criminelles, aident les gens à s’échapper ou fournissent des soins aux survivants. L’annulation brutale de ce financement a contraint de nombreux groupes à tout simplement cesser leurs activités. Des personnes ont été licenciées. D’autres travaillent à temps réduit ou sans rémunération, et cela ne peut pas durer éternellement. Les refuges qui aidaient les personnes qui s’étaient échappées n’ont plus d’argent pour les loger, les nourrir ou leur apporter un soutien médical.
Chris Dite : Les acteurs étatiques devront-ils donc prendre la tête de la lutte contre le capitalisme des complexes emmurés ?
Ivan Franceschini : L’industrie de l’escroquerie est un problème mondial, pas seulement chinois ou américain. Il est donc impératif que toutes les parties se parlent. Mais les obstacles et les risques politiques sont de plus en plus nombreux.
Mark Bo : Rien n’indique que la politique américaine changera de sitôt. Il est donc indispensable que d’autres pays se mobilisent et contribuent à combler cette lacune, du moins en termes de financement. Il s’agit d’un impératif humanitaire, mais aussi d’un intérêt personnel – cette industrie touche le monde entier.
Ling Li : La lutte contre la traite des êtres humains nécessite un leadership local, ainsi que des partenaires extérieurs bien informés qui surveillent la situation et poussent les pays d’accueil à prendre des mesures. La politique chinoise de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays complique plus encore les choses. Mais, évolution positive, les ONG chinoises m’ont dit que le gouvernement envoyait des signaux indiquant qu’il souhaitait apporter une aide directe aux survivants.
Contributeurs
Ivan Franceschini est maître de conférences à l’Institut d’Asie de l’Université de Melbourne. Ses recherches portent sur la criminalité transnationale des Chinois de souche. Il est cofondateur du Made in China Journal, de la People’s Map of Global China et de Global China Pulse.
Ling Li poursuit un doctorat à l’université Ca’ Foscari de Venise. Ces dernières années, elle a apporté son soutien à des survivants d’escroqueries en Asie du Sud-Est.
Mark Bo est chercheur indépendant, il a une formation en cartographie financière et d’entreprise, qu’il utilise pour enquêter sur les acteurs des secteurs des jeux d’argent en ligne, de la fraude et du blanchiment d’argent en Asie de l’Est et du Sud-Est.
Chris Dite est enseignant et membre d’un syndicat.
Source : Jacobin, Chris Dite, Ivan Franceschini, Ling Li, Mark Bo, 14-05-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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1 réactions et commentaires
Il me semblait que le système légal d’escroquerie généralisée était le système boursier…mais plus sérieusement en Asie le royaume de l’escroquerie en ligne et en bandes organisées se situe en Inde dans des villes comme Bangalore.
Je trouve les lamentations sur le retrait de l’USAID [Agence des États-Unis pour le développement international] particulièrement savoureux pourquoi aucune puissance étatique régionale significative n’est présente pour se substituer ?
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