Selon un aphorisme attribué tantôt à Léon Tolstoï, tantôt à John Gardner, toute littérature repose sur l’une des deux intrigues suivantes : une personne part en voyage ou un étranger arrive en ville. Permettez-moi de vous proposer ma propre version. Nous pourrions résumer toute l’histoire de l’humanité en deux mots : les gens se déplacent. Tout le reste n’est que le développement de cette trame de base.
Source : TomDispatch, Aviva Chomsky
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Certaines des pires atrocités de l’histoire peuvent être attribuées à des gens qui ont essayé de contrôler les mouvements d’autres personnes, que ce soit en les emprisonnant, en les rassemblant dans des camps de prisonniers (camps de concentration, hameaux stratégiques, villages modèles), en les réduisant en esclavage et en les déplaçant, ou en les entassant dans des pays ou des régions assiégés tout en verrouillant les frontières de tout pays vers lequel ils pourraient vouloir fuir, les condamnant souvent à la mort dans des déserts ou des mers hostiles pour avoir tenté d’exercer leur droit humain fondamental,Israël la liberté de mouvement.
Liberté en Europe et domination coloniale
En février, le président Trump a pris le monde entier de court en proclamant que les États-Unis devraient « prendre le contrôle » de Gaza et débarrasser entièrement le territoire de sa population palestinienne. Pourtant, à bien des égards, aussi surprenant que cela ait pu paraître, sa proposition s’inscrivait parfaitement dans sa volonté d’expulser des millions de personnes des États-Unis. Toutes deux reflètent une arrogance coloniale que partagent les États-Unis et Israël : l’idée que certains (Américains/Européens/Blancs/colonisateurs) ont le droit de se déplacer comme ils le souhaitent tout en déplaçant d’autres gens contre leur volonté. Il s’agit en quelque sorte d’une version contemporaine (et historique) de l’apartheid.
Forcer les gens à se déplacer ou interdire leur mobilité sont les deux faces d’une même médaille coloniale ou néocoloniale. Les colonisateurs envahissent et chassent les gens ou les réduisent en esclavage, les déplacent, les enferment et les emprisonnent tout en les excluant des espaces privilégiés qu’ils se créent en se barricadant. Dans un cycle vicieux, les colonisateurs ou les puissances impériales justifient leurs frontières et leurs murs au nom de la « sécurité » tout en se protégeant de ceux qui cherchent désespérément à échapper à leur domination. Et ces idées, aussi anciennes soient-elles, sont encore bien vivantes.
Depuis Christophe Colomb, les grands impérialistes européens défendent le droit à la liberté de circulation sur cette planète. Aujourd’hui, le dépliant que vous recevez par la poste avec votre passeport insiste fièrement sur le fait que grâce à « votre passeport américain, le monde vous appartient ! »
Vous pouvez aussi prendre en considération les propos désinvoltes de l’historien et scientifique Jared Diamond, qui affirme : « Aucune société traditionnelle n’a toléré l’accès relativement ouvert dont jouissent les citoyens américains ou européens modernes, dont la plupart peuvent voyager n’importe où […] en présentant simplement un passeport et un visa valides à un agent chargé de leur contrôle. »
Selon Diamond, les Américains et les Européens incarnent à merveille les libertés offertes par le monde moderne, tandis que les sociétés plus « traditionnelles » oppriment les gens en limitant leurs déplacements. Mais si les Américains et les Européens jouissent de la liberté de voyager, ce n’est pas parce qu’ils sont tellement plus modernes que les autres habitants de cette planète. C’est parce que les autres pays ne restreignent pas cette liberté. En revanche, ce sont les États-Unis et l’Europe, symboles de la modernité selon Diamond, qui tentent d’imposer les plus grandes restrictions par le biais de leurs frontières militarisées et leurs régimes de déportation.
Peut-être devrions-nous plus précisément définir la modernité comme étant la volonté européenne de contrôler la mobilité, forçant les autres à accepter leurs intrusions tout en refusant leur libre mobilité au reste du monde. Les États-Unis et Israël offrent un éventail d’exemples de la manière dont le droit d’expulser, le droit de déplacer, le droit d’enfermer et le droit d’exclure tendent à se compléter sur cette étrange planète qui est la nôtre. Les deux pays se revendiquent comme des démocraties libérales et célèbrent leur engagement en faveur de l’égalité des droits, tout en réservant ces droits à certains et en excluant d’autres.
Le colonialisme et l’ordre d’après-guerre
S’il est facile d’imaginer que le colonialisme fait partie de notre passé, il ne faut pas se voiler la face. Ses structures, ses institutions et ses idées hantent encore notre monde. Les colonisateurs se sont toujours distingués par la façon dont ils se sont réservé (et seulement pour eux-mêmes) le droit de se déplacer librement, tout en se réservant le droit de déplacer ceux qu’ils avaient colonisés comme autant de pièces d’échecs.
Se déplacer (et déplacer les autres) est inhérent à tout projet colonial. Les régimes de déportation actuels, en particulier aux États-Unis, en Europe et en Israël, trouvent leur origine dans la détermination des pays colonisateurs à exploiter les richesses des terres et le travail de ceux qu’ils ont colonisés et à jouir de ces richesses dans leurs propres espaces privilégiés, d’où les colonisés sont largement exclus.
« L’ordre mondial fondé sur des règles » qui a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale a créé des institutions destinées à la coopération internationale et au droit international, il a mis fin aux empires coloniaux (au fur et à mesure que les anciennes colonies accédaient à l’indépendance) et a permis d’abolir la ségrégation aux États-Unis et, à terme, l’apartheid en Afrique du Sud. Mais rien de tout cela n’a véritablement ou totalement effacé ce qui existait auparavant. La décolonisation mondiale d’après-guerre et la lutte pour l’égalité se sont révélées être des processus longs et parfois extrêmement meurtriers.
Aux États-Unis, les personnes de couleur sont des citoyens à part entière et ne peuvent plus, en tant que groupe, être légalement enfermées ou expulsées contre leur volonté. L’Europe a elle aussi démantelé ses empires coloniaux. Mais le monde post-colonial a développé une nouvelle forme d’apartheid mondial, qui voit la volonté racialisée d’enfermer et d’expulser être désormais dirigée contre les immigrants, dont la grande majorité essaie d’échapper aux ravages causés par le colonialisme (et plus récemment par le changement climatique) dans leur propre pays.
Israël est en quelque sorte un anachronisme au regard de cette trajectoire du vingtième siècle. Son projet de colonisation a été mis en œuvre au moment même où d’autres peuples colonisés se débarrassaient de leurs dirigeants. Les expulsions de Palestiniens, qui ont commencé dans les années 1940, n’ont fait que s’accélérer de nos jours. Dans le même temps, Israël a créé sa propre version légale de l’apartheid (alors même que celui de l’Afrique du Sud était démantelé), les Palestiniens qui n’ont pas été expulsés étant de plus en plus encerclés dans des prisons et derrière des murs.
Le droit de déporter : Israël
Les sionistes ont commencé à revendiquer leur droit à expulser bien avant la création de l’État d’Israël en 1948.
En 1895, dans un passage souvent cité, le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, a proposé : « nous allons essayer de faire disparaître la population [arabe] sans le sou de l’autre côté de la frontière. […] Le retrait des pauvres doit se faire avec discrétion et circonspection. » Pendant le mandat britannique en Palestine, après la Première Guerre mondiale, les responsables sionistes, arabes et britanniques ont convenu : « Il ne peut y avoir d’État juif viable dans tout ou partie de la Palestine sans un déplacement massif des habitants arabes. »
Les autorités coloniales britanniques de Palestine ont prôné un tel déplacement dans le rapport de la commission Peel de 1937. Il a ensuite été approuvé avec enthousiasme par des dirigeants sionistes tels que David Ben-Gourion, futur premier ministre d’Israël : « Le transfert obligatoire des Arabes depuis les vallées de l’État juif tel que proposé pourrait nous donner […] une opportunité dont nous n’avons jamais osé imaginer dans nos rêves les plus fous » et Chaim Weizmann : « Si un demi-million d’Arabes pouvaient être transférés, deux millions de juifs pourraient les remplacer »).
Israël a ajouté à son droit d’expulser le droit d’emprisonner, d’enfermer et de tuer. Une pléthore de lois et la construction de murs continuent de restreindre le droit au retour, la circulation et les conditions de résidence des Palestiniens. L’historien israélien Ilan Pappé a décrit le régime d’occupation israélien en Cisjordanie et à Gaza depuis 1967 comme ayant créé « la plus grande prison au monde ».
Dans les pays coloniaux plus anciens, l’époque des Pistes des larmes [La Piste des larmes (en cherokee : Nunna daul Isunyi, « La piste où ils ont pleuré » est le nom donné au déplacement forcé de plusieurs peuples natif américains par les États-Unis entre 1831 et 1838, NdT], de la réclusion dans les réserves, du placement forcé des enfants dans des pensionnats et des guerres d’extermination appartient pour l’essentiel au passé. Mais en Israël, nous sommes témoins d’un projet tout à fait similaire qui se déroule sous nos yeux. Le projet d’élimination se poursuit à un rythme soutenu avec les dizaines de milliers de morts à Gaza et se traduit par les propositions osées du président Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visant à supprimer totalement la population palestinienne de cette bande de terre, les restrictions à la mobilité ainsi que les milliers de démolitions de maisons et de déplacements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Le droit de déporter : Les États-Unis
Aux États-Unis, au cours des XIXe et XXe siècles, le pays a mis fin à l’esclavage et à l’enfermement et a accordé aux Africains précédemment asservis et à leurs descendants, ainsi qu’aux Amérindiens, le droit à la citoyenneté.
Toutefois, jusqu’à la fin de la guerre de Sécession, le terme « immigrant » désignait les Européens blancs, les seules personnes qui étaient alors autorisées à accéder à la citoyenneté. La citoyenneté de naissance, instaurée par le 14e amendement, après la guerre de Sécession, a compliqué les choses, car les non-Blancs nés dans les territoires américains devenaient également des citoyens. Afin de contourner ce dilemme, le pays a rapidement commencé à restreindre l’immigration sur une base raciale. À la fin du XXe siècle, le droit d’immigrer et une plus grande égalité des droits sur le territoire américain ont été accordés aux non-Blancs. Mais ces droits ont toujours été fragiles et se sont accompagnés de campagnes anti-immigration et d’expulsion, de plus en plus justifiées par le motif d’« illégalité ».
Les évolutions du XXIe siècle laissent clairement entendre que le cours de l’histoire ne penche pas nécessairement vers la justice, alors qu’un régime de déportation raciale refait surface de manière majeure sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier, bien sûr, fait depuis longtemps la distinction entre les « pays de merde » et les « pays comme la Norvège », alors qu’il continue de serrer la vis en ce qui concerne la majorité des immigrants en provenance d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, tandis qu’il a récemment accueilli de manière très ostensible les Afrikaaners blancs d’Afrique du Sud.
Le traitement répressif des immigrés par l’administration Trump passe par une militarisation sans fin des frontières, la privation du statut juridique de centaines de milliers d’immigrés, la fabrication d’excuses de plus en plus draconiennes pour justifier les expulsions, la généralisation de l’incarcération des immigrés et la poursuite de plans exotiques d’emprisonnement et d’expulsion extraterritoriaux, parmi lesquels la mise sous pression et la corruption de pays allant du Costa Rica et du Venezuela à la Libye et au Soudan du Sud afin qu’ils accueillent des personnes expulsées de force des États-Unis. D’autres encore s’évanouissent dans les prisons de Guantánamo et du Salvador.
Curieusement, ou d’ailleurs, peut-être pas si curieusement, au moment même où les États-Unis expulsent ces « êtres humains méprisables », ils exigent l’extradition d’autres personnes, dont des dizaines de Mexicains. « L’administration précédente a permis à ces criminels de courir librement et de commettre des crimes dans le monde entier », s’est plaint Trump. « Les États-Unis entendent bien étendre leur système judiciaire », a expliqué un analyste mexicain de la sécurité, afin qu’ils puissent poursuivre des Mexicains pour des crimes commis au Mexique. Le déplacement forcé des personnes fonctionne dans les deux sens.
Faire le lien entre les États-Unis et Israël par le biais de l’importation et la déportation
Les régimes coloniaux d’importation-déportation-incarcération des États-Unis et d’Israël sont reliés à bien des égards. Bien entendu, la décision des États-Unis de limiter strictement l’immigration juive (et en provenance d’autres pays d’Europe du Sud et de l’Est) dans les années 1920 a contribué à la quête désespérée de refuge des Juifs européens face aux années hitlériennes à venir, ainsi qu’au développement du sionisme et à la migration d’après-guerre vers Israël.
Composées essentiellement de colonisateurs désireux d’expulser leurs propres populations juives (ou, dans le cas des États-Unis, de s’assurer qu’elles ne s’y ajoutent pas), les toutes nouvelles Nations unies procèdent à la partition de la Palestine pour créer Israël à la fin de l’année 1947. Seule puissance à sortir indemne de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis joueront un rôle prépondérant dans cette organisation.
La proposition du président Trump de se saisir de Gaza et d’en éliminer la population est l’expression de son propre rêve colonial (et celui d’Israël), de ce que Patrick Wolfe, anthropologue australien, est célèbre pour avoir appelé « l’élimination de l’autochtone ». Trump a d’abord suggéré de déporter la population de Gaza en Égypte et en Jordanie, puis au Soudan, en Somalie et au Somaliland, et enfin en Libye, des propositions approuvées avec enthousiasme par le Premier ministre israélien Netanyahou. À la mi-mars de cette année, Israël créait une nouvelle autorité chargée des migrations pour superviser l’expulsion prévue et 80 % des Israéliens juifs trouvaient ce plan « souhaitable » (même si seulement 52 % le jugeaient « réalisable »).
Fin mai, aucun de ces pays n’avait encore accédé à la proposition de Trump, même si les négociations avec la Libye étaient manifestement en cours. Mais le plan de Trump visant à faire pression ou à soudoyer les pays plus pauvres et plus faibles pour qu’ils acceptent les déportés palestiniens reflète ses accords visant à expulser les « indésirables » des États-Unis. Outre les pays d’Amérique latine pays vers lesquels son administration a déjà envoyé des déportés, elle se tourne actuellement vers l’Angola, le Bénin, la Guinée équatoriale, l’Eswatini, la Libye, la Moldavie et le Rwanda comme autant de possibilités. Comme l’a expliqué le secrétaire d’État Marco Rubio : « Nous travaillons avec d’autres pays et leur disons : Nous voulons vous envoyer certains des êtres humains les plus méprisables dans vos pays. […] Pourriez-vous faire ça, pour nous rendre service ? Et plus c’est loin de l’Amérique, mieux c’est. »
Un autre lien entre les régimes de déportation que sont les États-Unis et Israël, c’ est la façon dont l’administration Trump s’est servi d’accusations d’antisémitisme pour emprisonner et expulser des Palestiniens et leurs partisans. En donnant l’ordre d’expulser l’opposant Mahmoud Khalil et d’autres personnes, Rubio a affirmé que le fait de « tolérer une conduite antisémite » compromettait les objectifs de la politique étrangère américaine.
Les États-Unis et Israël partagent également un autre projet dystopique : intensifier la peur et la souffrance pour inciter les gens à « s’expulser d’eux-même ». La secrétaire du ministère de la sécurité intérieure, Kristi Noem, a inondé les réseaux sociaux et autres médias d’une « campagne publicitaire de plusieurs millions de dollars » menaçant les immigrés : « Partez dès maintenant. Si vous ne le faites pas, nous vous trouverons et nous vous expulserons. » À cet égard, les Républicains MAGA sont bien peu différents des Démocrates libéraux, puisque Noem fait écho aux propos de la vice-présidente Kamala Harris concernant les Guatémaltèques : « Ne venez pas… Si vous le faites, vous serez refoulés. » D’une manière étrangement similaire, en Cisjordanie occupée par Israël, les colons affichent sur des écrans et des panneaux d’affichage des publicités pour dire aux Palestiniens : « Il n’y a pas d’avenir en Palestine. » Bien que leurs tactiques diffèrent en termes d’échelle, les États-Unis ne sont pas en train de massacrer les immigrants et ne bombardent pas leurs quartiers, elles ont cependant en commun l’objectif d’éliminer une population.
La comparaison est d’autant plus révélatrice qu’il existe une différence apparente. Les États-Unis orientent leur répression contre les immigrés, Israël contre la population autochtone. Mais l’histoire la plus ancienne de la déportation aux États-Unis a commencé avec l’expulsion ou le massacre de la population amérindienne indigène afin de défricher les terres et de permettre la colonisation par les Blancs. Pendant ce temps, des centaines de milliers d’Africains étaient victimes d’importation forcée afin de fournir de la main-d’œuvre, souvent avant même que les États-Unis ne deviennent un État indépendant. Ils sont ensuite restés en esclavage et leur mobilité a été restreinte pendant près d’un siècle. En d’autres termes, le contrôle colonial de la liberté de circulation peut prendre différentes formes au fil du temps.
Tant les États-Unis qu’Israël emprisonnent également de manière disproportionnée leurs populations minoritaires, ce qui constitue un autre déni de la liberté de circulation. Aux États-Unis, il s’agit des gens de couleur. Les Noirs représentent 14 % de la population, mais 41 % de la population carcérale. Les Amérindiens sont quatre fois plus incarcérés que les Blancs. Les États-Unis disposent également du plus grand système de détention d’immigrants au monde, et des plans d’expansion sont déjà en cours.
En Israël, ce sont les Palestiniens qui sont emprisonnés de manière disproportionnée, tant à l’intérieur du pays que dans les territoires occupés. Alors que les Palestiniens représentent environ 20 % de la population israélienne, ils constituent environ 60 % des prisonniers en Israël. (Il est difficile de mettre à jour de telles statistiques aujourd’hui, et ce chiffre n’inclut donc pas les milliers de personnes emprisonnées depuis le 7 octobre 2023). De nombreux prisonniers palestiniens croupissent sous le régime de ce qu’Israël appelle la « détention administrative », un statut créé pour les Palestiniens qui permet une prolongation de la détention sans inculpation.
Frontières, murs et apartheid mondial
Nous nous sommes tellement habitués à imaginer un monde composé de pays souverains égaux, chacun créant sa propre politique d’immigration, qu’il est facile de passer à côté des dimensions coloniales des flux d’immigration et des liens entre les histoires coloniales, les restrictions à l’immigration, les expulsions et l’incarcération. Les pays colonisateurs comme Israël et les États-Unis partagent des similitudes particulières (et des liens particuliers), mais la plupart des puissances européennes qui ont bénéficié de l’ordre colonial mondial barricadent aujourd’hui leurs frontières contre les migrants potentiels.
La plupart des gens s’accordent à dire que l’apartheid à l’intérieur des frontières d’un pays est l’exemple même de l’injustice. Pourquoi, alors, sommes-nous si prêts à en accepter une version mondiale ?
*
Aviva Chomsky, collaboratrice régulière de TomDispatch, est professeure d’histoire et coordinatrice des études latino-américaines à l’université d’État de Salem, dans le Massachusetts. Son dernier ouvrage s’intitule Is Science Enough ? (La science suffira-t-elle?) Quarante questions critiques sur la justice climatique.
Source : TomDispatch, Aviva Chomsky, 10-06-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Commentaire recommandé
Combien de temps les « occidentaux », du moins ceux qui sont satisfaits et/ou fiers d’être ce qu’ils sont, vont-ils supporter de comprendre que leur hypocrisie leur explose au visage ?
Cette destruction des valeurs « par l’exemple » est totalement destructrice des individus et promet un avenir bien sombre à ces sociétés dites civilisées et « supérieures ». Ainsi fabrique-t-on des brutes qui ne respectent que la force, et qui font le bonheur des ministres de l’intérieur ou assimilés en justifiant des régimes de plus en plus totalitaires.
2 réactions et commentaires
Merci pour ce texte
l’interrogation du dernier paragraphe est particulièrement percutante.
+8
AlerterCombien de temps les « occidentaux », du moins ceux qui sont satisfaits et/ou fiers d’être ce qu’ils sont, vont-ils supporter de comprendre que leur hypocrisie leur explose au visage ?
Cette destruction des valeurs « par l’exemple » est totalement destructrice des individus et promet un avenir bien sombre à ces sociétés dites civilisées et « supérieures ». Ainsi fabrique-t-on des brutes qui ne respectent que la force, et qui font le bonheur des ministres de l’intérieur ou assimilés en justifiant des régimes de plus en plus totalitaires.
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