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12.décembre.201812.12.2018 // Les Crises

Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?, Jacques Ellul

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Excellente synthèse de ce livre majeur de Jacques Ellul

Source : 1000 idées de culture générale, Romain Treffel, 10-12-2018

Cette synthèse a été rédigée par Romain Treffel, du site 1000 idées de culture générale.

Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? est une compilation de textes de Jacques Ellul portant sur le thème du travail, un des axes de son œuvre.

Mêlant la sociologie et la théologie, il oppose la contrainte inhérente au travail à la gratuité spirituelle qui caractérise la vocation. L’écart entre les deux se creuse, et l’activité de l’homme perd de son sens à cause du progrès technique. Seule la consommation, la face jouissive du système social, réussit encore à en légitimer la face contraignante, le travail.

Mais leur tension appelle une remise en cause fondamentale : le travail est-il vraiment un impératif anthropologique ?

Le travail, c’est la liberté

Il est logique qu’on valorise le travail : si la paresse est la mère des vices, alors le travail est le père des vertus – en découleraient la vérité, la justice, la fraternité, ou encore la santé (et on peut encore continuer).

« C’est la croyance commune, profonde, indéracinable des hommes de ce temps, écrit Jacques Ellul. Et pourtant c’est un lieu commun difficile à avaler. »

À l’évidence, l’homme n’aime pas travailler : s’il y consent, c’est soit par ambition – pour parvenir à la richesse et la gloire – soit par divertissement (ou, plus rarement, par passion).

« L’homme normal trouve le travail fatiguant, pénible, ennuyeux, et fait tout ce qu’il peut pour s’en dispenser, et il a bien raison. »

Les indices de cette vérité perdue sont pourtant là, sous nos yeux.

À l’origine, le travail désigne le carcan imposé à l’animal pour le castrer ou le ferrer ; et le sens premier du mot est « gêne, peine, souffrance ». Mais surtout, le fait de travailler a été amplement condamné dans diverses cultures : il s’agissait d’une activité inférieure dans l’Antiquité, chez les Arabes, les Hindous ; elle a également été dévalorisée dans le judaïsme et le christianisme.

En connaisseur des idées chrétiennes, Jacques Ellul affirme même que la valorisation du travail en est en réalité absente : il y est toujours assimilé au péché, à la servilité, ou à la matérialité qui occulte le sens spirituel de la vie ; en tant que règle religieuse, il n’y est qu’une expression d’humilité, voire de mortification.

D’où provient donc notre inexplicable amour pour le travail ?

« Le travail n’a commencé à devenir noble qu’au XVIIIe siècle, dans le siècle bourgeois. »

Voué au travail, le bourgeois a transformé une situation de fait en une vertu.

Puis les philosophes des Lumières se sont faits les premiers apôtres de cette nouvelle vertu : « Forcez les hommes au travail, écrit par exemple, Voltaire, vous les rendrez honnêtes gens. […] Le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin. »

La bourgeoisie a alors diffusé cette éthique du travail à toute la société, comme le montre la condamnation de l’oisiveté des pauvres par les textes de la Révolution française.

Elle l’a ensuite inoculée, avec l’aide de l’Église, à la classe ouvrière lors de l’industrialisation de la fin du XVIIIe siècle : « Et le pire, c’est que l’ouvrier a fini par y croire, à cette vertu. C’est dans les cercles ouvriers et socialistes que l’on va trouver au XIXe siècle les discours les plus exaltés sur le travail. Et Proudhon comme Louis Blanc s’y laissent posséder. Le grand tour de passe-passe est réussi. La morale bourgeoise est devenue morale ouvrière. »

Même Marx est tombé dans le panneau, au point qu’il a fait du travail un mythe de gauche, désormais indéracinable dans l’esprit du travailleur.

« Il [Marx] est vraiment un penseur bourgeois, écrit Jacques Ellul, lorsqu’il explique toute l’histoire par le travail, qu’il formule toute la relation de l’homme avec le monde par la voie du travail ; et qu’il évalue toute pensée d’après sa relation avec le travail, et qu’il donne le travail comme source créatrice de la valeur. »

Or, le travail du bourgeois n’a rien à voir avec celui du prolétaire !

Pour le bourgeois, le travail, c’est surtout le travail des autres qu’il dirige, tandis que le prolétaire s’enorgueillit de mériter, lui, le noble titre de « travailleur ».

Jacques Ellul considère que la mystification atteint son paroxysme avec l’inscription de la formule Arbeit macht frei (« Le travail rend libre. ») à la porte des camps nazis.

En fait, le travail est le point commun des morales bourgeoise, nazie et communiste. La société bourgeoise compte dessus pour redresser les pervertis ; l’Allemagne nazie pour extirper l’individualisme du citoyen ; les régimes communistes pour réprimer les instincts bourgeois et assurer la contribution individuelle (obligatoire) au progrès socialiste1Dans les sociétés socialistes (URSS, Roumanie, Yougoslavie, RDA, Cuba), le lieu commun est généralisé, et même incarné dans des institutions.

Comment s’étonner que l’équation « travail = égalité » soit matraquée au moment même où le premier terme est devenu un destin implacable ?

« Mais bien sûr, c’est exactement dans la mesure même où le bonhomme est encaserné dans les blocs, lié à la machine, enserré dans les règlements administratifs, submergé de papiers officiels, tenu sous l’œil vigilant des polices, percé à jour par la perspicacité des psychologues, trituré par les impalpables tentacules des Mass Media, figé dans le faisceau

lumineux des microscopes sociaux et politiques, dépossédé de lui-même par toute la vie qu’on lui apprête pour son plus grand bonheur, confort, hygiène, santé, longévité, c’est dans la mesure même où le travail est son plus implacable destin, qu’il faut bien (qu’il faut bien sans quoi ce serait intolérable et porterait immédiatement au suicide), qu’il faut bien croire à ce lieu commun, se l’approprier avec rage, l’enfouir au plus profond de son cœur, et credo quia absurdum, le transformer en une raison de vivre. Ce que les gardiens vigilants espéraient précisément. »

De la Bible à l’histoire du non-travail

La dévalorisation du travail est le fil conducteur de l’évolution du concept à travers les siècles et les cultures, jusqu’à l’exception de la modernité.

Jacques Ellul avance qu’il apparaît, dans la grande majorité des occurrences bibliques, comme une contrainte et une peine. Lorsque l’homme a la responsabilité du jardin d’Éden, par exemple, il ne s’agit pas de travail au sens moderne du terme.

C’est après la rupture entre Dieu et l’homme que la pénibilité de l’activité est introduite : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front. » (Genèse 3:19).

Le travail est donc fondamentalement une nécessité, soit le contraire d’un jeu, d’un acte spontané. Il est une pure et simple condition de la survie de l’homme – impossible de vivre sans travailler – en conséquence de quoi il ne recèle aucune valeur en lui-même.

Jacques Ellul dissipe également deux préjugés théologiques :

  1. la Bible ne dit pas qu’il faut travailler pour obéir à Dieu ;
  2. elle ne fait aucune promesse sur les effets du travail, elle en souligne plutôt l’aléa (il n’est pas automatiquement gratifiant).

La perspective théologique du Moyen Âge revalorisera certes le travail en en faisant une condamnation divine ou une peine acceptée pour la gloire de Dieu ; mais ces interprétations confirment qu’il est dépourvu de valeur intrinsèque dans sa réalité naturelle.

Cette conception biblique est cohérente avec l’histoire du travail.

Contrairement à ce que l’on croit, le labeur était relativement léger dans les âges primitifs et dans les sociétés traditionnelles. Comme les ressources étaient abondantes par rapport à la taille de la population, l’effort nécessaire à la survie était faible. Même l’esclave de l’Antiquité n’était pas surchargé comme l’esclave africain des XVII et XVIIIe siècles – le maître voyait en lui un capital à rentabiliser sur le long terme, et il lui confiait même parfois des responsabilités importantes.

À cet égard, Marx a tout faux (il ne fait que recycler les croyances de son époque).

En outre, la mentalité des sociétés traditionnelles était en accord avec la réalité matérielle : l’idéal de la vie humaine était alors l’absence de travail.

Le citoyen romain, par exemple, évite le negotium (« travail, commerce ») et recherche l’otium (« loisir, oisiveté »).

Or, il ne faut pas confondre l’otium avec l’inaction : « L’Otium n’est pas le vide, précise Jacques Ellul, mais la relation humaine, la conversation, la discussion sur les problèmes politiques, la participation aux assemblées nombreuses, aux associations et confréries : donc une vie vouée à la relation sociale et à la politique et non pas absorbée par le travail. »

Le fondement de cet idéal est l’évidence de la pénibilité du travail, reconnue dans toutes les sociétés pendant très longtemps.

La société technicienne semble faire exception, qui enferme l’individu moderne dans le cercle vicieux du travail : « […] plus nous travaillons, plus nous épuisons les richesses spontanées de la nature, plus nous voulons aussi consommer des biens toujours davantage complexes et glorifiants. Et plus ceci exige alors de nouvelles forces de travail engagées dans de nouveaux processus de production. »

L’excès de travail entraîne un excès de consommation, dont découle une pénurie soluble… par un surcroît de travail !

Les sociétés humaines d’autrefois, et celles des peuples extérieurs, reposent, elles, sur une organisation de la vie minutieuse, qui accouche d’un équilibre économique admirable entre la consommation et la reproduction, avec la plus grande économie possible d’efforts.

L’idéologie du travail et l’industrie ont détruit cela : « L’histoire des hommes était faite d’une modération, parfois d’une défiance, envers le Travail. Nous avons tout changé. Nous sommes devenus les adorateurs du Travail et de nos œuvres… »

Le travail dans l’Ecclésiaste

Jacques Ellul analyse plus en profondeur la conception biblique du travail en se concentrant sur le quatrième des livres poétiques de l’Ancien Testament.

Ce texte particulier établit clairement que la vanité du monde matérielle implique celle du travail : « […] le travail n’a aucun sens et aucune valeur par lui-même. Il n’est pas une valeur. Il n’est pas une justification pour vivre. »

Le travail ne change rien à l’essence des choses, il n’a d’incidence que sur les apparences. N’en déplaise au bourgeois, il n’a aucun effet moralisateur.

L’âme de l’homme ne peut pas être comblée par le travail, qui est une activité limitée, sans transcendance. Le seul moyen de lui donner un sens est de l’accomplir pour autrui, c’est-à-dire d’en céder gratuitement les fruits.

« C’est une perversion grave lorsque toute une société prétend combler l’âme par le travail ! Ceci ne peut produire qu’un grand vide, une absence terrible, dans laquelle vont s’engouffrer toutes les autres passions. »

La quête du mérite n’est pas moins vaine, précise l’Ecclésiaste, dans la mesure où le résultat est indépendant de l’effort.

Le sens de l’opportunité de l’éthique capitaliste est en réalité inutile : « Avec la meilleure organisation du travail et de l’économie, vous n’empêcherez de toute façon pas le temps mauvais, l’heure inexpiable de tomber sur l’homme. Vous n’empêcherez ni la « chance », ni le « hasard »… et maintenant, en plus, nous savons que dans la plus stricte organisation vous n’empêchez pas non plus le « piston ». »

Les seuls résultats certains d’une vie recouverte par le travail sont la frustration et la haine.

À l’échelle collective, les relations humaines sont corrompues par le travail, la société progressivement dissoute : « Le travail concurrence, élimination des autres, victoire du plus fort, provocation à la jalousie quand il y a réussite ! Voilà le travail ! ».

L’Ecclésiaste préconise donc de travailler le moins possible et d’accepter de consommer moins : « Mieux vaut du repos plein le creux de la main que de pleines poignées [de richesse] de travail – et de poursuite de vent » (IV, 6).

Le paradoxe est que l’homme moderne veut consommer beaucoup en travaillant peu, alors que sa consommation n’est rendue possible que par l’excès de travail.

Les deux modestes bénéfices du travail reconnus par le texte biblique sont que le travail bien fait garantit un bon sommeil et qu’on peut y mettre une certaine sagesse.

Cela étant, il faut garder la même attitude générale à son égard : prendre conscience de sa petitesse, de sa vanité fondamentale, et le considérer avec distance, sans passion – puisque ses conséquences ne nous appartiennent pas – mais le faire quand même.

Pour Jacques Ellul, la vanité du travail annule aussi le progrès technique : « Et vos satellites et vos sondes spatiales, et vos centrales atomiques et vos milliards de volts et vos millions de voitures et de télés, poursuite du vent. Il n’en restera rien. Rien. Absolument rien. Dans le séjour des morts où tout va. »

L’idéologie du travail

C’est au XVIIe siècle, en Angleterre, en Hollande, et en France, que le travail devient une valeur.

Ce phénomène s’explique par 4 évolutions cruciales :

  1. le passage de l’artisanat à l’industrie a rendu le travail plus dur et plus inhumain ;
  2. les valeurs traditionnelles ont été abandonnées tant par les classes dirigeantes déchristianisées que par les ouvriers déracinés ;
  3. l’économie (la production de richesse) est devenue le moteur de la civilisation ;
  4. le système productif s’est organisé autour de l’opposition radicale de l’exploiteur et de l’exploité.

L’idéologie du travail « joue, écrit Jacques Ellul, le rôle de toutes les idéologies : d’une part voiler la situation réelle en la transposant dans un domaine idéal, en attirant toute l’attention sur l’idéal, l’ennobli, le vertueux, d’autre part, justifier cette même situation en la colorant des couleurs du bien et du sens. »

Sa thèse centrale est que l’homme est fait pour le travail, qui lui confère sa supériorité (par rapport à l’animal) et son indépendance (par rapport au nomade ou au mendiant, eux dépendants des circonstances).

« Je me rappelle telle pierre tombale avec pour seule inscription, sous le nom du défunt : « Le travail fut sa vie ». Il n’y avait rien d’autre à dire sur toute une vie d’homme. »

Le culte collectif du travail commence à l’école : « Et à l’école, on apprend d’abord et avant tout à l’enfant la valeur sacrée du travail. C’est la base (avec la Patrie) de l’enseignement primaire de 1860 à 1940 environ. Cette idéologie va pénétrer totalement des générations. »

Ses implications débordent d’ailleurs très largement le champ économique : en découle notamment la prétendue supériorité de l’Occident, dans la mesure où il aurait la mission de mettre les autres civilisations au travail ; ou encore la supériorité de l’homme sur la femme (parce qu’elle ne travaille pas).

Sur le plan social, toutes les classes (y compris rentiers, nobles, et hommes de religion) doivent être mises au travail, sinon à être mises au ban (comme les chômeurs et les retraités).

Or, la bourgeoisie n’a pas imposé l’idéologie du travail pour tromper l’ouvrier, mais pour se justifier elle-même.

Elle a été si sincère qu’elle a fait croire à Marx que l’homme réalise son essence humaine et sociale dans le travail, qu’il crée le monde par son travail (Manuscrits de 1844). C’est le capitalisme, d’après le philosophe, qui a avili le travail.

Avec leur foi dans cette analyse, les socialistes et les syndicats ont répandu et fortifié l’idéologie du travail à la fin du XIXe siècle en sacralisant le mot « travailleur ».

Gérante de l’opium du peuple, l’Église a alors légitimé la nouvelle religion ex post. Une nouvelle interprétation a été donnée au quatrième commandement 2« Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage. », transformant ainsi un été de fait en un impératif ; puis le travail est devenu la voie du salut.

« On commence à utiliser comme preuve de l’excellence du travail le fait que Jésus était un travailleur. Qui plus est un travailleur manuel. Bien entendu les Évangiles n’en disent rien du tout. La seule allusion étant « le fils du charpentier ». Mais n’était-ce pas évident que, fils de son père, il en exerçait le métier, il était lui-même charpentier. Que de discours sur cette simple déduction que rien ne vient garantir. Enfin, cela allait de soi, dans le contexte de cette idéologie, Jésus ne pouvait pas avoir été un vagabond, un mendiant, un méditatif. Il fallait qu’il ait travaillé dans l’atelier paternel. Et que de discours sur l’origine prolétarienne. »

Le maquillage du travail en vocation a été, pour Jacques Ellul, « l’une des grandes trahisons de l’Église », parce que l’opération a grandement facilité l’exploitation de l’ouvrier, son emprisonnement dans le destin du travail, déclaré volonté divine.

En dépit de l’avertissement biblique sur le risque d’idolâtrie afférent au travail, l’Église est allée dans le sens de la nouvelle idéologie au moment même où elle produisait les plus grandes oeuvres de l’humanité. Elle a même rejoint Voltaire le pourfendeur de la fainéantise, un des créateurs de l’idéologie du travail, en prônant la pauvreté méritante.

Les possibilités techniques et le travail

La valeur travail est derrière la transformation des modes de production enclenchée depuis 1945 : l’automatisation, l’informatisation et la pénétration des techniques dans tous les secteurs ont pour but de décupler l’efficience du travail.

Cette recherche de la productivité par le progrès technique a accouché d’une nouvelle société, nécessairement ouverte et flexible pour intégrer toute information susceptible de se traduire par un surcroît d’efficience. La place qui incombe à l’homme dans ce processus de production est très éprouvante nerveusement.

Or, l’accroissement de la productivité devrait logiquement provoquer la baisse du temps de travail : « Il y a accroissement de productivité et inévitablement économie de travail, puisque à la limite il peut ne plus y avoir aucune intervention de l’homme dans le processus de production. Cela exige une réduction massive du temps de travail. »

Puisque ce n’est plus le travail, mais la technique qui produit de la valeur, Jacques Ellul propose une réduction drastique du temps de travail : « Ce n’est pas du tout « utopique » ou imaginaire de réclamer les deux heures de travail par jour, du moins dans les secteurs susceptibles de l’automatisation-informatisation. D’ailleurs, compte tenu du fait que l’usure nerveuse est beaucoup plus grave et moins réparable que la fatigue musculaire, il est devenu indispensable dans ces métiers d’abréger les séquences de travail continu et de réduire déjà sérieusement la durée de la journée de travail. »

Mais on ne change pas d’idéologie comme de chemise.

Que deviendra la vie sans le travail ? Que fera l’homme de tout ce temps « libre » ? Il sera chômeur six heures par jour ?!

La réforme économique n’est pas anodine, reconnaît Jacques Ellul ; elle implique une réorientation totale de la société, une révolution politique. Or, les sociétés industrielles ne s’estiment pas mûres pour tenter une telle expérience.

Seulement, l’issue est inéluctable : le système économique de Marx s’effondre, les tensions vont s’accroissant.

« Que celui-ci s’exprime par le chômage direct, ou par l’allongement des études pour les jeunes entrant plus tard sur le marché du travail (tendance socialiste) ou par l’avancement de l’âge de la retraite : cela revient au même, la population des non-producteurs de marchandises va augmenter. Il ne faut pas s’affoler, car sur le plan économique, dans la mesure où la productivité, industrielle, agricole, tertiaire augmente, il ne va pas y avoir baisse de production, au contraire. Mais il y a une population vacante qui ne cessera de grandir au fur et à mesure de l’automatisation. »

Cette progressive disparition du travail rendra nécessaire de réviser les salaires, de trouver des débouchées à une probable surproduction, et elle effacera la différence entre les nations industrialisées et les non industrialisées.

Avant Jacques Ellul, l’économiste anglais Robert Theobald a entrevu que le progrès technique capitaliste débouchera sur un problème de partage de la richesse que le marché ne pourra plus résoudre (étant donné l’impossibilité d’évaluer rigoureusement le mérite individuel) – d’où la succession des crises et la nécessité de reprendre la réflexion communiste. Il a par exemple imaginé de diviser la richesse produite par la société en 3 parts (sans forcément nationaliser la production) : 1° la part attribuée à chacun ; 2° celle qui rétribue le supplément de travail ; et 3° celle qui rétribue le risque.

Cependant, la question la plus ardue est celle de la transition d’un système à l’autre.

Comme l’explique le philosophe tchèque Radovan Richta, la révolution économique de la réduction drastique du temps de travail est impossible sans une révolution culturelle en raison de la « peur du vide ».

« Que va devenir l’homme ne travaillant plus à produire une valeur économique correspondant à sa survie ! Est-ce la « civilisation des loisirs » ? Ce serait une catastrophe. D’une part l’homme moderne habité par l’idéologie du travail a perdu toute créativité spontanée, n’est plus du tout capable de se donner des loisirs intelligents. D’autre part, nous sommes assaillis par l’industrie des loisirs qui fausse complètement la liberté possible. En réalité, l’idée de loisir entraîne toujours, chez les gens raisonnables, la peur d’une incohérence, d’une « liberté » absurde. L’homme va s’abrutir à la télé. Ou bien on lui organisera des loisirs. »

D’après Richta, le temps économisé par les machines doit être investi, à l’échelle collective, dans l’élaboration d’une nouvelle organisation sociale adaptée ; et, à l’échelle individuelle, dans le développement des capacités créatrices de l’homme.

Une fois atteint un niveau technique élevé, il devient en effet plus rentable d’investir dans l’homme 3Le rendement marginal de l’investissement dans le progrès technique a baissé, tandis que celui de l’investissement dans l’homme reste important, voire croissant., d’où la nécessité d’une culture générale pour encadrer le progrès technique : « Pour que la technique soit utilisée correctement et qu’il y ait une vraie révolution scientifique et industrielle, il faut que la « culture » (au sens large) qui était en marge depuis deux cents ans, et considérée comme un luxe inutile devienne le centre et le critère du développement. »

Travail et vocation

Jacques Ellul définit la vocation comme une action gratuite, mais menée avec le même soin que le travail, qui a un impact social. Lui s’est par exemple engagé dans un club de prévention de la délinquance 4 Il l’a fait parce qu’il pense que les mutations nécessaires à la libération de l’homme passent d’abord par la reconstitution du tissu social de base..

Si la vocation a l’avantage de reconnecter l’homme à sa tâche, il reste cependant à la trouver, voire à l’inventer.

En revanche, son image inverse, le travail « alimentaire », n’empêche pas l’investissement dans une vocation ; bien au contraire, la contrainte et l’insignifiance de ce travail poussent l’individu à s’exprimer dans une tâche transcendante. Le travail et la vocation sont donc liés par un mouvement dialectique, ils s’enrichissent mutuellement.

Plutôt que d’entrer par vocation dans un ordre établi par Dieu, il faut entrer dans l’ordre de la nécessité et dans le désordre du monde afin de les mettre en question en cherchant à y exprimer sa vocation.

Jacques Ellul précise qu’il ne faut pas confondre le « non-travail » avec le chômage, à propos duquel il a 3 certitudes :

  1. sa cause principale est l’automatisation ;
  2. il ne correspond pas à un choix chrétien ;
  3. il doit être résolu en même temps que la question du travail.

La solution cohérente est que l’homme moderne choisisse volontairement un travail à productivité faible, mais à forte consommation de main d’œuvre.

Vers la fin du prolétariat ?

Pour Jacques Ellul, le problème du travail est enchaîné au destin du prolétariat.

À cet égard, les socialismes non totalitaires apparaissent en réalité « réactionnaires » :

« Ils sont « vieux » parce qu’ils n’ont pratiquement rien renouvelé de leur doctrine, de leur pensée, de leurs objectifs, de leur tactique. Ils conservent l’idée simpliste qu’ils sont mandataires de la classe ouvrière, et que l’important est d’abord de prendre le pouvoir. Ils n’ont aucune idée des problèmes posés dans le monde moderne, et analysent la société actuelle comme si rien n’avait changé. Même un phénomène aussi énorme que les multinationales n’entraîne chez eux aucune invention pour les maîtriser ou pour les détruire. […] Il est évident que ce socialisme ne peut en rien répondre aux problèmes actuels de notre monde. »

Pour autant, l’objectif du socialisme – libérer l’homme – reste le bon ; c’est le diagnostic qui pêche. Il passe à côté du fait que l’aliénation moderne n’est plus le fait du capitalisme, mais de l’État et de la technique : « La libération humaine aujourd’hui ne peut se jouer que par rapport à l’État, qui doit être supprimé, et par rapport à la technique, qui doit être maîtrisée. »

La technique n’est pas mauvaise en elle-même, elle est ambivalente – c’est selon ce qu’on en fait. Seulement, il ne faut pas croire naïvement que l’informatisation et l’automatisation vont libérer les hommes – le capitalisme n’a que faire de la technique libératrice, comme les technologies de l’information qui rendent possible la démocratie directe ou l’autogestion socialiste.

L’espoir de la coïncidence du socialisme et de la technique se heurte à 2 obstacles principaux :

  1. la technique contaminera probablement le socialisme dans un sens incompatible avec son idéal originel ;
  2. elle est elle-même l’expression du régime politique antérieur (« La technique n’est pas neutre. »), de telle sorte qu’elle contribuera à faire prévaloir la continuité sur la révolution 5 C’est le même problème qu’avec l’État qui phagocyte la révolution. – la survivance des moyens entraînera la survivance des idées.

Pour Jacques Ellul, le socialisme actuel (il écrit au début des années 1980) n’est pas en mesure de contenir la technique ; il favorise tout au contraire l’émergence d’un techno-socialisme à partir de toutes les structures aliénantes antérieures (l’État, la bureaucratie, la structure économique).

Si l’informatique est certes une force décentralisatrice, les réseaux nécessaires à son déploiement requièrent en revanche une centralisation dont le pouvoir accaparera inévitablement les moyens. Elle offrira par conséquent in fine de puissants outils de contrôle aux administrations centrales.

La technique impose donc sa logique intrinsèque : le perpétuel accroissement de sa propre puissance indépendamment de toute finalité politique.

Cette logique a donné naissance à la société de consommation : « La technique nous oriente nécessairement vers une société de consommation, mais ceci veut dire en même temps société de gaspillage. Car il faut inévitablement épuiser le trop-plein des produits (et ce n’est encore une fois pas la faute du capitalisme si, dans bien des domaines, il y a trop de choses) et on ne peut y arriver qu’en brisant, jetant, renouvelant… »

Jacques Ellul déplore l’utopie des loisirs qui y est permise par l’économie de travail 6« Or, quel est l’usage aujourd’hui du temps libre ? La bagnole abrutissante, la TV abrutissante, la sottise des jeux télévisés, le grégarisme des loisirs… aucune invention, aucune initiative, et il y a parfaite conjugaison entre la paresse et la sottise naturelles et les moyens techniques de masse. » et réfute le préjugé selon lequel la démocratisation des technologies favorise la créativité 7« Il ne faut pas faire confiance à la multiplicité des engins mis à la disposition de l’individu : chacun peut faire du cinéma avec les caméras micro, chacun peut faire de la musique, chacun peut créer de la télé grâce à la vidéo. Mais si vous mettez un appareil entre les mains d’un imbécile, il ne deviendra pas intelligent pour cela, et si vous fournissez une caméra à quelqu’un qui n’a aucun sens esthétique, il fabriquera indéfiniment des navets. Il n’est que de voir les diapos et les films de vacances de l’« amateur moyen » ! ». L’homme ne s’élèvera pas spontanément, même si on risque de substituer le conformisme auquel aboutit la pédagogie à l’abrutissement de l’individu laissé à lui-même.

À ses yeux, la seule orientation souhaitable est la conjonction d’un socialisme de liberté qui se consacre à tous les prolétariats (fonction des diverses formes d’aliénation), d’une part, et de la nouvelle technique, d’autre part : « Pour qu’il y ait liberté, il faut la destruction radicale de l’État bureaucratique et centralisateur, le refus de toute technique de puissance, refus de la croissance économique, refus de l’expansion, refus de l’instrumentalité généralisée. »

C’est d’une véritable révolution, au caractère nécessairement terrible, dont il s’agit.

En voici les 5 actions clés :

  1. aider gratuitement le Tiers-monde (en particulier pour empêcher son explosion démographique) ;
  2. choisir délibérément la non-puissance, ce qui implique de supprimer totalement l’État bureaucratique ;
  3. décentraliser et diversifier tous les domaines de la société ;
  4. réduire le temps de travail à 2 heures quotidiennes ;
  5. organiser l’économie en 2 secteurs : un secteur ultra productif, d’une part, pour les biens de base où chacun devra d’abord travailler 8 heures par jour pendant quelques années ; et un secteur agricole et artisanal, d’autre part, où chacun fera ses 2 heures quotidiennes pendant le reste de sa vie 8L’incertitude demeure néanmoins quant au problème du temps libéré : « Le temps libéré, cette énorme quantité de temps libre, pourra bien sûr être utilisé de façon débile ou désolante. Il y aura ceux qui vivront collés à leur écran de TV, ceux qui passeront leur vie au bistrot. Ceux qui s’éterniseront à la pétanque… oui. Mais je suis pourtant convaincu que la majorité ne se satisfera pas de cela. […] je suis convaincu qu’il n’est pas nécessaire de fabriquer des loisirs organisés, contrôlés ni de « former » les gens à utiliser sainement leurs loisirs. L’homme a besoin de s’intéresser à quelque chose et c’est de manque d’intérêt que nous crevons aujourd’hui. L’homme a besoin de fabriquer une œuvre qui soit la sienne (comme les soldats de 14-18 fabriquant des vases de fleurs dans des douilles d’obus, comme les marins de la marine en bois fabriquant les fameux voiliers en bouteille…) et s’il a du temps libre, à lui, avec des possibilités d’expression multiples, je sais que cet homme « en général » trouvera sa forme d’expression et la concrétisation de ses désirs. Ce ne sera peut-être pas beau, ce ne sera peut-être pas élevé ni efficace ; ce sera Lui. Ce que nous avons perdu. […] si on ne fait pas ce pari, alors ce que je sais avec certitude et ce que j’ai décrit dans toute une partie de mon œuvre, c’est la fin de ce que jusqu’ici on a essayé de réaliser en étant homme, en sombrant dans le prolétariat universel. ».

Le problème est que les moyens et la volonté ne sont plus alignés. Si une gestion socialiste globale est désormais possible grâce à la décentralisation informatique, l’esprit révolutionnaire n’est plus là.

Les prolétaires modernes ne sont plus animés par le projet de réorienter radicalement la société ; ils ne sont pas prêts à faire vaciller les évidences que la société de consommation propose à leur existence ; ils préfèrent que les privilégiés leur cèdent des avantages concrets de court terme qui les enfoncent dans leur aliénation, plutôt que de prendre le risque d’imaginer une nouvelle organisation pour la collectivité.

Or, l’inconnu de la révolution est l’espace de la liberté : « […] une révolution n’est pas un programme de cinéma. Elle ne marche pas sur des rails de chemin de fer. Elle est forcément une aventure débouchant dans un certain inconnu. Une révolution ne se déroule pas comme un raisonnement mathématique. Il n’y a pas un chemin tout fait atteignant un lieu tout organisé d’avance. Elle ouvre un chemin, qu’elle effectue au fur et à mesure, et en même temps elle construit le but, le telos du chemin en question. C’est en pratiquant l’action révolutionnaire que l’objectif se construit au fur et à mesure. Et tel est l’exercice de la liberté. »

Jacques Ellul fait l’hypothèse que l’informatique représente l’opportunité inédite de contrôler le système technicien. Il a le sentiment que la civilisation est à un point de bascule : « Nous sommes donc à mes yeux et pour une période probablement brève à ce point de croisée possible entre un socialisme de liberté et une cybernétisation de la société. »

En pratique, il imagine l’installation du socialisme de la liberté en 4 étapes :

  1. la suppression de l’État central parallèlement à l’accélération de l’automatisation et de l’informatisation ;
  2. la suppression des postes devenus inutiles et la réduction du temps de travail (rendues possible par la redistribution du revenu national) ;
  3. la mise en place de l’autogestion (telle que décrite par Cornelius Castoriadis) ;
  4. la libération gratuite des pays du Tiers-monde.

Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à ce que les multinationales, la technostructure et la classe politique jouent le jeu.

C’est pourquoi cette révolution politique présuppose, encore une fois, une révolution culturelle, un nouveau « chemin intellectuel et moral ». La mutation idéologique nécessaire repose notamment sur un nouveau rapport au temps, qui se concrétisera par exemple dans l’étalement de la formation tout au long de la vie.

Plus fondamentalement, le chemin dessiné par Jacques Ellul vise à la récusation de l’efficacité comme critère dernier de toute activité : « Pour accéder au socialisme « libre » ou « à visage humain », sans régression technique, pour libérer l’individu qui continuerait spontanément à travailler, à opérer dans le monde technique, pour obéir à une autre valeur que celle de l’efficacité tout en conservant la technique comme instrument matériel, pour user de la technique tout en cessant d’obéir à la logique de la technique, il faut une mutation de l’homme. Une mutation psychologique, idéologique, morale, une transformation des finalités de la vie. Et ceci devrait s’effectuer en chacun. »

Malheureusement, la science et la technique ont été sacralisées.

Les révolutionnaires doivent donc leur opposer les valeurs chrétiennes et prendre Dieu pour point d’appui. Au bout de sa réflexion, Jacques Ellul retrouve la parole de Jésus-Christ.

Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?

Jacques Ellul réfléchit à la finalité du travail à partir de l’Apocalypse.

Le fait que les marchands et les grands de la terre tirent leur puissance du travail signifie que la joie du travail, celle des artistes, artisans, des ouvriers, est perdue.

Plus généralement, le texte biblique condamne le travail ainsi que l’œuvre qui en sort des mains de l’homme : « S’il y a une civilisation où le produit de l’œuvre de nos mains est porté au niveau religieux, c’est exactement la nôtre. Or, à cette divinisation de la technique/ objets produits, qui s’exprime bien entendu par une sorte de divinisation du travail, correspond exactement comme contrepartie, je dirais « obligée », la dévaluation de l’homme, l’apparition du statut d’homme subordonné au travail, et qui n’a pas d’autre valeur que de travailler. »

Le dénouement du récit prophétique est original : Dieu assume finalement les œuvres humaines, la grandeur de leurs techniques et la beauté de leurs arts, mais il les dépouille de toutes leurs scories.

« […] nous apportons à Dieu nos pauvres inventions, parfois maléfiques, nos techniques exprimant le mal de notre esprit de puissance, notre misérable travail sans signification métro-boulot-dodo, nos peines productrices de richesses injustes, notre fatigue et le sentiment de notre inutilité, ou nos réussites insolentes et nos œuvres grandioses, la perfection de l’art, avec aussi la perfection de l’art de la guerre et de celui de la torture, nous apportons tout, et tout cela Dieu le reprend pour en faire ce qui sera en même temps sa gloire et notre gloire, au travers de notre histoire de sang, de révolte, d’angoisse, d’orgueil, de fatigue, de misère et d’injustice. Tout étant assumé par lui pour être transfiguré au travers de la mort et du jugement (comme la condition humaine entière a été assumée par Jésus-Christ dans l’incarnation pour être transfigurée). Pourquoi, pour qui travaillons-nous ? Pour fournir à Dieu les éléments, les pierres, les idées, les matériaux de la Jérusalem céleste, où tout prendra sa place et son sens. Telle est la promesse qui est devant nous, et sans laquelle rien ne signifie rien. »

Romain Treffel

Source : 1000 idées de culture générale, Romain Treffel, 10-12-2018

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Notes

Notes
1 Dans les sociétés socialistes (URSS, Roumanie, Yougoslavie, RDA, Cuba), le lieu commun est généralisé, et même incarné dans des institutions.
2 « Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage. »
3 Le rendement marginal de l’investissement dans le progrès technique a baissé, tandis que celui de l’investissement dans l’homme reste important, voire croissant.
4 Il l’a fait parce qu’il pense que les mutations nécessaires à la libération de l’homme passent d’abord par la reconstitution du tissu social de base.
5 C’est le même problème qu’avec l’État qui phagocyte la révolution.
6 « Or, quel est l’usage aujourd’hui du temps libre ? La bagnole abrutissante, la TV abrutissante, la sottise des jeux télévisés, le grégarisme des loisirs… aucune invention, aucune initiative, et il y a parfaite conjugaison entre la paresse et la sottise naturelles et les moyens techniques de masse. »
7 « Il ne faut pas faire confiance à la multiplicité des engins mis à la disposition de l’individu : chacun peut faire du cinéma avec les caméras micro, chacun peut faire de la musique, chacun peut créer de la télé grâce à la vidéo. Mais si vous mettez un appareil entre les mains d’un imbécile, il ne deviendra pas intelligent pour cela, et si vous fournissez une caméra à quelqu’un qui n’a aucun sens esthétique, il fabriquera indéfiniment des navets. Il n’est que de voir les diapos et les films de vacances de l’« amateur moyen » ! »
8 L’incertitude demeure néanmoins quant au problème du temps libéré : « Le temps libéré, cette énorme quantité de temps libre, pourra bien sûr être utilisé de façon débile ou désolante. Il y aura ceux qui vivront collés à leur écran de TV, ceux qui passeront leur vie au bistrot. Ceux qui s’éterniseront à la pétanque… oui. Mais je suis pourtant convaincu que la majorité ne se satisfera pas de cela. […] je suis convaincu qu’il n’est pas nécessaire de fabriquer des loisirs organisés, contrôlés ni de « former » les gens à utiliser sainement leurs loisirs. L’homme a besoin de s’intéresser à quelque chose et c’est de manque d’intérêt que nous crevons aujourd’hui. L’homme a besoin de fabriquer une œuvre qui soit la sienne (comme les soldats de 14-18 fabriquant des vases de fleurs dans des douilles d’obus, comme les marins de la marine en bois fabriquant les fameux voiliers en bouteille…) et s’il a du temps libre, à lui, avec des possibilités d’expression multiples, je sais que cet homme « en général » trouvera sa forme d’expression et la concrétisation de ses désirs. Ce ne sera peut-être pas beau, ce ne sera peut-être pas élevé ni efficace ; ce sera Lui. Ce que nous avons perdu. […] si on ne fait pas ce pari, alors ce que je sais avec certitude et ce que j’ai décrit dans toute une partie de mon œuvre, c’est la fin de ce que jusqu’ici on a essayé de réaliser en étant homme, en sombrant dans le prolétariat universel. »

Commentaire recommandé

libraire // 12.12.2018 à 09h51

Magnifique réponse empreinte de dialectisme et de dogmatisme! Qui prétend avoir une stratégie de la « conquête de la liberté de l’humanité », valable pour tous et surtout pour les autres, puisque incompétent à se défaire de ses propres grilles culturelles, et donc en conséquence tolérer un propos différend de sa pensée sans traiter d’abord son interlocuteur d’ignare … »qu’il n’a pas lu »….
Quand je lis  » …..à la dialectique historique à la théorie de l’aliénation et au chemin vers la liberté » je pense politicien dogmatique, rationaliste forcené, déconnecté de sa propre réalité et de toute connaissance sociale. Comment essayer de faire coller un dogme à ce qu’il perçoit intellectuellement autour de lui…..sinon en se gavant de mots creux. Pourvu que la solution imaginée le rassure, qu’importe qu’elle ne convienne qu’a lui!
Aller zou! en rééducation celui qui ne partage pas ma pensée car schizophrène à évolution lente, et dangereux pour mon pouvoir illusoire.
La glorification du travail sert autant la bourgeoisie du capitalisme d’état que celle du capitalisme privé, qui ne peuvent que survivre en s’appuyant sur un progressisme matérialiste, un industrialisme consumériste, un rationalisme social de type esclavagiste, emprisonnant le peuple dans la nécessité du travail. Annihilant au maximum les capacités à créer, imaginer, inventer, rêver; Imaginez ce que ces pouvoirs seraient sans le carcan débilitant du travail et du rendement….
Ah j’oubliais, le dogmatisme interdit l’imaginaire: auto flagellation du doctrinaire.

81 réactions et commentaires

  • Guadet // 12.12.2018 à 08h02

    Depuis la mort d’Elul, malheureusement, l’évolution a été l’inverse de ce qu’il préconisait : destruction de la culture générale, idolâtrie de la technique et du travail permettant aux grandes entreprises, sous prétexte d’être susceptibles d’embaucher, de dicter la politique et d’asservir l’homme.

      +21

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  • AsterixEtPéril // 12.12.2018 à 08h08

    WaOUw ! Bel article.
    Je comprend mieux pourquoi j’ai toujours détesté la formule  » il n’y a pas de sot métier « 

      +4

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    • jdautz // 12.12.2018 à 11h28

      Je pense que ce dicton «il n’y a pas de sot métier» n’est pas du tout à prendre en ce sens !

      Je pense qu’il signifie plutôt que, quand il y a une tâche a accomplir, il faut bien le faire quelle que soit la tâche. Ce n’est pas très loin du « Celui qui ne travaille pas ne mange pas» qui sous-entend, non pas l’asservissement a quoique ce soit, mais que chacun doit donner sa quote-part au travail nécessaire qui rend possible le repas. Rien de capitaliste là dedans, ça serait plutôt communiste et je soupçonne que ces dictons trouvent leur origine au moins au néolithique.

      Quand j’étais plus jeune, j’ai vu souvent mon père, patron d’entreprise familiale, faire des tâches sans se préoccuper ni de son image de marque ni de leur « noblesse ». Quand les salariés on fini leur horaires de travail, je l’ai vu faire de l’empaquetage pour que les colis soient prêt a livrer, balayer l’atelier si les salariés n’en n’ont pas eu le temps, ça va jusqu’a nettoyer les chiottes si il faut le faire.

      On pourrait me répondre que nettoyer les chiottes vu le salaire du PDG n’est pas le modèle ultime de la rentabilité financière, mais je pense au contraire que c’est en faisant ces tâche basiques quotidiennes qu’on ne devient pas un sociopathe déconnecté de la réalité. Je pense qu’il s’agit au contraire d’une saine pratique intellectuelle qui permet de garder les pieds sur terre et que tout PDG devrait pratiquer régulièrement pour comprendre et partager avec ses salariés plutôt qu’a les mépriser ou les transformer carrément en variables d’ajustement chiantes parce que faisant partie du monde du vivant.

      J’avais lu une étude là dessus où il se posaient justement la question de savoir si l’abandon de toutes les tâches quotidiennes a des domestiques et subalternes n’était pas une des grandes causes de la perte d’empathie conduisant la sociopathie que l’on constate systématiquement chez tous les « responsables » dirigeants et les très riches. (que ce soit clair : je ne mélange jamais « le prolétariat » du patronat qui vogue dans la même galère que ses employés et les gros actionnaires/dirigeants des multinationales).

      D’ailleurs on pourrait même généraliser : ne peut-on pas penser qu’un « pauvre » dont le travail ou ses problèmes financiers ne lui permettent plus d’exécuter sereinement les tâches basiques de la vie, d’être un peu au contact avec les gens et la nature, ne subit pas aussi une dérive intellectuelle dommageable dont fait partie le « repli identitaire » (c’est quoi au fait ?).

      N’est-ce pas même ce qui caractérise notre société «judeo-chrétienne» et son obsession de s’affranchir des lois la nature (ce qui est LA constante de nos sociétés dites « occidentales ») ?

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    • Marie // 12.12.2018 à 14h31

      Il n’y a pas de « sot métier », c’est une évidence.Le terme est distinct de « travail » et de son corollaire, l’emploi. Le « plus vieux métier du monde » n’est pas sot, puisqu’il correspond à un besoin « individuel ». D’ailleurs TOUS les besoins sont « individuels » puisque ressentis par tout un chacun, individu. Mais le mode de satisfaction des besoins est soit individuel (consommation alimentaire) soit collectif (utilisation du réseau routier). Il n’y a que de sottes gens , c’est sûr; tel celui qui refuse de balayer une salle de travail sous prétexte que c’est le boulot du personnel qualifié de subalterne…Au passage il supporte de travailler dans la saleté…Tel le fils-à-Papa muni d’un diplôme supérieur qui stagne chez ses parents sous prétexte que l’on ne lui offre pas un emploi débutant conforme à ses espérances. J’en connais…

        +0

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  • calal // 12.12.2018 à 08h12

    Des choses tres interessantes. J’avais imagine qqch d’approchant lors de debat sur le revenu minimum.En laissant des lieux de rencontre virtuels entre entreprises prives,ecoles et citoyens de plus de 16 ans. Ceux qui trouvaient un poste ou une ecole choisiraient librement,les recales seraient obliges d’aller ou l’etat leur dirait.
    Decembre est un mois propice a la reverie puisque l’espoir a ete donne au monde en decembre il y a tres longtemps 😉

    ps il faut laisser la monnaie et le marche pour pouvoir diriger l’innovation dans un sens positif.Par contre la maitrise de la masse monetaire doit etre decide collectivement…

      +0

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  • Bob forrester // 12.12.2018 à 08h20

    Ignoble moralement ( assimiler Marx qu il n a pas lu et Hitler )et vulgaire propagande ideologiquement. On conseille au graphomane de lire les.textes sur la LIBERTE chez HEGEL MARX et LENINE. Que les nazis et l auteur détournent le marxisme à leur profit n est pas une nouveauté. Cet ignare n a rien compris à la dialectique historique à la theorie de l aliénation et au chemin vers la liberté . Il ne comprend pas ce qu est la NECESSITE en histoire et que la conquête de la liberté de l humanité passe par des stades necessaires au sens scientifique. Lamentable quelle chute de la culture française .De l anarchisme pour les nuls!

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    • libraire // 12.12.2018 à 09h51

      Magnifique réponse empreinte de dialectisme et de dogmatisme! Qui prétend avoir une stratégie de la « conquête de la liberté de l’humanité », valable pour tous et surtout pour les autres, puisque incompétent à se défaire de ses propres grilles culturelles, et donc en conséquence tolérer un propos différend de sa pensée sans traiter d’abord son interlocuteur d’ignare … »qu’il n’a pas lu »….
      Quand je lis  » …..à la dialectique historique à la théorie de l’aliénation et au chemin vers la liberté » je pense politicien dogmatique, rationaliste forcené, déconnecté de sa propre réalité et de toute connaissance sociale. Comment essayer de faire coller un dogme à ce qu’il perçoit intellectuellement autour de lui…..sinon en se gavant de mots creux. Pourvu que la solution imaginée le rassure, qu’importe qu’elle ne convienne qu’a lui!
      Aller zou! en rééducation celui qui ne partage pas ma pensée car schizophrène à évolution lente, et dangereux pour mon pouvoir illusoire.
      La glorification du travail sert autant la bourgeoisie du capitalisme d’état que celle du capitalisme privé, qui ne peuvent que survivre en s’appuyant sur un progressisme matérialiste, un industrialisme consumériste, un rationalisme social de type esclavagiste, emprisonnant le peuple dans la nécessité du travail. Annihilant au maximum les capacités à créer, imaginer, inventer, rêver; Imaginez ce que ces pouvoirs seraient sans le carcan débilitant du travail et du rendement….
      Ah j’oubliais, le dogmatisme interdit l’imaginaire: auto flagellation du doctrinaire.

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    • Phil // 12.12.2018 à 11h18

      Ah ces anarchistes qui ne comprennent rien !!
      Heureusement que nous les léninistes sommes là pour leur mettre un peu de plomb dans la tête (5 grammes à bout portant).
      Et le résultat est là: on ne les entend plus proférer leur thèses stupides d’ignares. Rappelez-vous Cronstadt et l’Espagne de 1936.

        +7

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    • Mouise // 12.12.2018 à 12h19

      4ème de couverture de « La pensé marxiste » de Jacques Ellul : A l’institut d’études politiques de Bordeaux, […] de 1950 à 1980 un cours sur la Pensée marxiste était également proposé. […] Ellul fait preuve d’une connaissance approfondie de la pensée de Marx. Son exposé est remarquable de simplicité. Il découvre les écrits de Marx dès l’âge de 18 ans. Dès lors, déclara-t-il : « je n’ai pas trouvé de pensée ou de méthode qui me permette de mieux analyser le monde où je vis. Marx c’est sûr, a orienté mes interprétations en profondeur. » […] « Je veux, disait Ellul à ses étudiants, que vous soyez amenés à savoir pourquoi vous seriez pour ou contre. »

        +15

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  • PsyyyX // 12.12.2018 à 08h23

    Faut lire du Méda, elle a analyser la notion de travail et son évolution au cours des derniers siècles de la même façon.

    Arendt également. Et Gorz.

    Et je pense que la gauche à repris ces idées de réduction du temps de travail (32h, voir 28h). La défense du service publique aussi ouvre la voie à des secteurs non marchants, utiles, hors des logiques capitalistes.

    Mais bon on passe encore pour des cocos stalinien nous les PCF/CGT… Et l’idée que tout cela est une utopie est grande.

    Et me concernant sur le terrain je voie bien ô combien cette idée qu’il faut absolument travaillé est implantée dans les têtes. Sauf que… Mais je comprends ceux qui cherchent à éviter tout ça même s’ils sont détestés (jalousie ?). Si j’ai quitté le monde des prolos par les études (chose qui n’a rien a voir avec le mérite) c’est pour échapper au monde du travail tel que mes parents le connaissent…

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    • calahan // 12.12.2018 à 12h34

      le partage du travail s’impose comme une évidence quand il tend à se raréfier grâce au progrès technique.

        +3

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    • Cyri // 12.12.2018 à 12h53

      C’est ça ! Rien que dans le mot travail je trouve qu’il y a une profonde injustice : au sens du texte, le travail pour une poignée, c’est une vocation, celle des universitaires comme sous l’ancien régime, astrophysicien et autre chercheur en biologie marine, sociologue ou anthropologue. Pour les patrons, les hommes politiques, et quelques très hauts managers, il n’y a pas ou presque de travail, c’est de l’otium au sens romain. Tous les autres sont condamnés à vendre (tout) leur temps pour subsister tout juste.

        +3

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  • farinet // 12.12.2018 à 08h28

    Oui très belle démonstration de la manipulations de l’humanité. Sénèque, Montaigne et plus près de nous Bertrand Russell ont vanité les vertus de l’oisiveté. Je vous propose ce lien (déjà mis en ligne il y a quelques temps sur ce merveilleux site) d’une vidéo traitant avec humour de ce sujet. http://youtu.be/7KpxsqwNF0o

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    • FARINET // 12.12.2018 à 08h43

      Pour ceux qui n’auraient pas le  » temps  » de tout visionner regardez depuis 22′ jusque 23 ‘
      Cela résume assez bien l’absurdité de nos sociétés.

        +5

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    • Marie // 12.12.2018 à 09h29

      Et Paul Lafargue, le gendre de Marx, avec son « Droit à la paresse ».

        +2

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    • Roselyne Arthaud // 12.12.2018 à 09h59

      merci pour le lien!

        +1

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    • Jean // 12.12.2018 à 11h15

      Merci pour le lien, cela me fait penser à celui-ci plus ancien qui dénonce l’absurdité d’un monde qui s’autodétruit pour assouvir un plaisir fugace qu’il poursuit comme s’il s’agissait du bonheur, alors qu’il ne pourra jamais le satisfaire parce que le bonheur ne réside pas dans la satisfaction éphémère des sens :

      De la servitude moderne : https://www.youtube.com/watch?v=e5LcXFXgqw0

      Note : La solution proposée à la fin de ce documentaire ne me semble pas être la bonne.

        +2

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      • FARINET // 12.12.2018 à 13h44

        Merci Jean pour ce lien qui décrit le fonctionnement de nos sociétés capitalistes avec tous ses excès, Univers, Humanité,Animaux, au nom de l’ argent roi, de la consommation, imposés et défendus par un pouvoir autoritaire et la soumission .
        Je pensais en voyant cela à Orwell 1984 bien sur, à Globalia de Jean Christophe Rufin, mais surtout à La Boétie et son discours de la servitude volontaire.
        Le SYSTEME pour asseoir sa domination, a depuis une trentaine d’années organisé l’ individualisme, pour tuer les réseaux sociaux, ceux de classes, c’est à dire les vrais, ceux qui avaient un pouvoir de rassemblement de discussion et de lutte.
        Les mineurs anglais balayés par Mme Tactcher et son TINA There is no alternative, repris en coeur comme un Mantra, par tous nos médias serviles qui nous déversent chaque jour et en continue que notre bonheur c’est d’AVOIR et de faire confiance au Système qui est le bon.
        Je crois que la solution pour s’en sortir n’est pas simple ni unique, pas vraiment de stratégie globale possible.
        Elle passe déjà dans une prise de conscience, puis des changements individuels qui feront masse. Gullivert l’effet colibris …
        Bon allez, je parle je parle, mais va falloir aller acheter les cadeaux, faut entretenir la chaudière et les dividendes du Père Noel !!!

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      • FARINET // 12.12.2018 à 14h06

        J’étais en modification mais j’ai été pris par le temps, et mon commentaire est parti à l’état initial.
        Donc voici mon amendement comme on dit à la chambre!!!

        Je crois que la solution pour s’en sortir n’est pas simple, pas unique, ni transcendantale et sans réelle stratégie globale possible.
        Elle passe déjà dans une prise de conscience, puis des changements individuels qui feront masse. Gullivert l’effet colibris.
        La somme des Ronds Points de Gilets Jaunes (sans jeu de mots avec colibris), j’ai bien dit somme et pas fusion. Cela représente un renouveau de nos bons vieux réseaux sociaux, faits d’union,d’échange de paroles, de partage et d’objectifs communs. Une solidarité à l’opposé de l’individualisme et c’est déjà un bon début.

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    • Suzanne // 12.12.2018 à 11h56

      Merci beaucoup pour le lien !!! C’est aussi rafraichissant que l’article lui-même, et fait réfléchir. Comment changer sa vie?

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  • Bordron Georges // 12.12.2018 à 08h55

    Le fondement du mal mondial dont souffre le Travail (tout le travail manuel comme intellectuel donc technique), c’est l’excès d’argent fabriqué et répandu par les banques pour couvrir l’endettement.
    Cet argent ne se retrouve que très peu dans le monde du travail mais énormément dans le système financier qui, nous le savons, le fait tourner à la vitesse de la lumière. Ce qui fait tourner ce tourbillon c’est la minuscule part qu’utilisent les populations.
    La part énorme du système financier permet à ses rares maîtres possédants d’en distraire une part pour investir dans tout ce qui permet de se passer de l’intervention humaine: machinisme, robotisation, installations gigantesques de production, de distribution et de commercialisation de masse. Le travail ne cesse pas d’être déplacé par ces investissements. (Il n’en est alors, malgré toutes les propagandes répandues, que plus malheureux).
    Le point faible de ce système: la déshumanisation du Monde, les destructions environnementales, le risque de la finance de s’écrouler si les échanges basiques des populations ralentit. (Les oligarques se protègent de ces dégradations environnementales en quittant les lieux où ils investissent pour aller dans les derniers lieux intacts du milieu naturel ou dans des habitats urbains protégés et très onéreux).

      +3

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    • Daniel // 12.12.2018 à 09h20

      je suis en phase avec vous. la Finalité financière de la société est le problème numéro 1.
      il faut un changmeent de Paradigme vers une société dont la finalité est l’Homme et la terre.
      Le Système actuel impose par le « management » une forme de travail inhumaine dépourvu de créativité (je ne parle pas de loisir, mais bien de travail). Dans ce cadre, le seul but est la rentabilité financière et pas le développement du potentiel de chacun.

      Le système souhaitable aurait cette définition à minima : permettre d’accueillir la prochaine génération dans de meilleurs conditions matérielle, culturelle et morale aussi bien en qualité qu’en quantité.
      =>faire un monde beau, bon et vrai sans pauvre et durable.
      http://www.institutschiller.org/Institut-Schiller-idees-engagements.html

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  • Dubreuil // 12.12.2018 à 08h59

    Rien ne change. Tout se transforme.

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  • Marie // 12.12.2018 à 09h03

    Comme la nature ne nous offre pas à nous, humains, ce dont nous avons « besoin » pour vivre (sauf l’air que l’on respire), nous devons « transformer  » cette nature donc « travailler » pour satisfaire nos besoins. D’où la nécessité de « hiérarchiser » ses besoins -quand on les connait- et donc de « moduler » la quantité de travail (rémunéré) en fonction de…Travailler vient du latin « tripaliare » qui signifie « tourmenter, torturer avec un tripalium, instrument à trois pals ».
    Réduire ses besoins au minimum, vivre avec peu, j’en connais qui le pratiquent et dont la sérénité est enviable.

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    • jdautz // 12.12.2018 à 11h35

      « Comme la nature ne nous offre pas à nous, humains, ce dont nous avons “besoin” pour vivre »

      Vous vous trompez complètement : « La nature peut subvenir a tout nos besoins. Mais elle ne peut pas subvenir a notre convoitise » (de la bouche d’un « natif » d’amérique du nord.)

        +5

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      • Marie // 12.12.2018 à 12h11

        C’est vous qui vous trompez, la nature « naturelle » ( s’entend) ne peut satisfaire nos besoins primaires ie vitaux. : les mûres par exemple, il y en a un certain temps, et il faut les ramasser : travail . Les calories dont le corps humain a besoin pour se maintenir debout ne proviennent plus de l' »économie de cueillette » ( bien qu’il subsiste encore de par le monde des groupes humains vivant ainsi) . Vous buvez de l’eau de pluie, vous, pour hydrater votre corps? Travail…Par contre la convoitise, proche de la cupidité, provient de la vie en société. Et l’argent en tant que tel n’a jamais satisfait aucun besoin on ne le mange pas, on ne le transforme pas « matériellement ». Les ressources « naturelles » ont besoin de l’activité humaine pour être utilisées. Travail encore

          +5

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  • Fred // 12.12.2018 à 09h37

    Encore un philosophe du 20e siècle qui explique que l’être humain devrait être bien différent de ce qu’il est en fait, qui nous explique avec sa petite pensée radicale dans quelle case on devrait être. Ce qu’il dit est bien gentil en surface mais il ne laisse aucune place à la liberté. Avec ce genre d’idées au pouvoir je sais trop bien ou je serai: dans un camp ou l’on m’expliquerait comment bien penser.

      +6

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    • Loxosceles // 12.12.2018 à 11h06

      Vous pensez donc que le travail rend libre ?

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      • Chris // 12.12.2018 à 12h48

        Le travail (je préfère le mot « effort ») rend libre… s’il est créatif, s’il a du sens pour l’individu et le relie à ses semblables.
        Le travail alimentaire est la pire formule que je connaisse : je l’ai observé maintes fois en RH.
        Un véritable défi pour les jeunes et moins jeunes qui ne trouvent pas joie ou satisfaction d’être, invalides à se projeter dans le monde. D’où des “activités refuges” : alcool, drogues, licence, troubles somatoformes, voire carrément mentaux qui se développent.
        Textes intéressants appelant à la réflexion sur la nature de nos sociétés prises dans les convulsions de son expansion artificielle et métastasique.
        PS : j’ai toujours eu un penchant pour Montaigne…

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    • Cyri // 12.12.2018 à 13h15

      Ce n’est pas ce que je comprends : il ne dit pas que l’humain devrait être différent, il dit qu’il l’est. N’avez vous jamais trouvé absurde qu’on vous parle »valeur travail » comme d’une vertu ? Qu’on vous vante les mérites de l’excellence et de la joie au travail comme si vous aviez réellement le choix d’être là ?

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      • Michel LEMOINE // 12.12.2018 à 16h55

        On ne parle généralement pas de valeur travail comme d’une vertu mais comme un fait économique : les marchandises s’échangent selon leur valeur qui correspond au temps de travail socialement nécessaire à leur production. En économie le travail lui-même n’a pas de valeur. Il est mesure de la valeur. Il n’est pas une marchandise. Sur le « marché du travail » c’est la force de travail (la capacité à produire, à créer de la valeur) qui est l’objet de la transaction.

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        • bernard.jeannin // 15.12.2018 à 20h11

          Pas d’accord!
          Les marchandises s’échangent selon leur « valeur psychologique, le prix que l’acheteur est prêt à payer. Il y a bien longtemps que les prix de vente sont déconnectés des « coûts de revient ».
          C’est la « financiarisation » de toute l’activité humaine qui est la source de la désintégration de la « société des hommes ». La monnaie, faite pour fluidifier les échanges, est devenue un « produit », qui s’achète et se vend, sur lequel on spécule, et dont le marché est constamment « manipulé », quand ce n’est pas par les « investisseurs », c’est par les « organismes de régulation » (FMI, BCE, …)
          Le travail n’a pas de valeur! c’est un coût, et dans le système actuel, c’est un « coup » pour le travailleur!
          Une partie du pb est de valoriser le travail, et de permettre à chacun de trouver « sa place » dans la « société humaine ».

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  • Frédéric Boyer // 12.12.2018 à 09h40

    « Contrairement à ce que l’on croit, le labeur était relativement léger dans les âges primitifs et dans les sociétés traditionnelles…A cet égard, Marx a tout faux. »

    L’auteur de l’article n’a jamais lu Marx, qui dit exactement la même chose sur le travail dans les sociétés traditionnelles, et qui consacre de nombreuses pages dans « Le Capital » à ce sujet. Il surnomme même le XIVème siècle, le siècle d’or de l’ouvrier agricole anglais….

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    • Ceusette // 14.12.2018 à 13h49

      Je trouve aussi que les attaques contre Marx et même Proudhon sont un peu simplistes, non pas qu’on ne puisse pas le critiquer, mais je les trouve inutiles pour la compréhension de l’article. Il y a, me semble-t-il une confusion entre les expériences socialistes où le travail a été effectivement plutôt glorifié (et les défenseurs du capitalisme devraient eux-mêmes s’interroger) et les écrits spécifiques de Marx. C’est un peu regrettable et je ne trouve pas qu’il y ait lieu d’opposer à ce point Ellul et Marx car je crois qu’ils ont tous les deux raisons sur le fond et me paraissent plutôt complémentaires qu’opposés (si l’on n’adopte pas un point de vue trop dogmatique).

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  • Kokoba // 12.12.2018 à 09h43

    Mouais…
    Je ne suis pas vraiment convaincu par cet article.
    La logique est douteuse avec des présupposés très discutable.

    Dire que le travail lors des temps antiques était moins pesant..
    Je ne suis pas historien, mais affirmer cela demande une démonstration bien plus importante que la lecture de 2, 3 pages de la bible.

    Que le patronat utilise la rhétorique du travail-valeur pour convaincre les ouvriers de travailler davantage, c’est évident. Mais le communisme a aussi extrèmement valorisé le travail.

    Et si les ouvriers étaient fiers d’appartenir au monde du travail, ce n’était pas uniquement parce qu’on leur avait lavé le cerveau. La fierté d’appartenir à un groupe, de faire quelle chose de concret, d’être utile à la société, c’est un peu plus compliqué que ce qui est raconté dans l’article.

    J’ai surtout l’impression que l’auteur est bloqué dans son idéologie. Le résultat n’apporte pas grand chose d’interessant du coup.

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    • porcinet // 12.12.2018 à 18h00

      Ellul bloqué sur une idéologie ! C’est bon ça !
      La logique est douteuse ! extra !
      Il bouscule vos préjugés, vos certitudes basées sur de la répétition, [modéré]
      D’où ce blocage intellectuel (on appelle cela la dissonance cognitive).
      Et oui les ouvriers étaient fiers parce qu’on leur avait lavé le cerveau comme pour le patriotisme, la famille, le mariage, la consommation, l’obéïssance etc…
      Si ces choses étaient naturelles, elles existeraient dans les sociétés primitives et ce n’est pas le cas !
      Le lavage de cerveau peut aussi porter le nom d’éducation.

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      • kiva // 12.12.2018 à 18h38

        Vous appelez quoi sociétés « primitives » ? Parce que l’absence de famille, du mariage ou de hiérarchie (obéissance), va falloir nous donner des exemples concrets…(si vous nous sortez comme exemple les moso pour l’absence de mariage, je vous invite à lire l’article de Patrick de Neuter qui démonte ce mythe, pire c’est même bien plus complexe qu’en Occident). Et en plus ce ne sont pas des « sociétés primitives »…
        Pour le patriotisme ce dernier ne peut exister que si l’on atteint une taille critique et est donc lié à la démographie. Comme la consommation est lié au progrès technique et la massification.

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    • bernard.jeannin // 15.12.2018 à 20h32

      Je voudrais défendre le « travail bien fait ». Je crois que ceux qui « fabriquent », qui utilisent machines, outils, et leurs capacités et connaissances, sont « fiers » du résultat de leur « ouvrage ». Je crois qu’il y a une noblesse du « bel ouvrage », même si la mécanisation et les progrès techniques rendent ce « bel ouvrage » plus lointain. Conseil en Entreprises, j’ai souvent trouvé que les patrons que j’assistais ne « méritaient pas les ouvriers qu’ils avaient » (et je le leur disais, aux patrons en question).
      C’est vrai aussi que la dureté des temps fait que cette « qualité » du travail est en train de s’estomper.
      Et je crois, sans être « décliniste », que c’est un signe de notre aveuglement et de notre perte de « perspective humaine ».

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  • Kiwixar // 12.12.2018 à 10h13

    L’article n’aborde pas la question de l’esclavage. Facile d’être quelqu’un dédaignant le travail quand on a quelques floppées d’esclaves pour faire fructifier la terre, laver le linge, tirer l’eau du puis, construire les aqueducs, entretenir les routes, faire la comptabilité, cuisiner, etc.

    La méga-migration de la découverte du Nouveau Monde a permis aux esclavagistes/capitalistes de découvrir que les migrants étaient moins chers à l’achat (pas de frais de transport, capital) et à l’entretien (jettables) que des esclaves, et pas besoin d’1 surveillant pour 10 esclaves. Il y a bien sûr quelques frais : achat des syndicats, des médias, des flashballs, des gaz lacrymo, des blindés estampillés UE, de figurants aimant le théâtre et leur prof de français.

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    • Sandrine // 12.12.2018 à 18h06

      La « nécessité » de l’esclavage (pour engendrer du surplus qui permettra en retour à la société de se développer et à la civilisation de s’epanouir) est abolie par le progrès technique qui permet de remplacer les esclaves par des robots.
      Ellul est d’accord pour favoriser le développement de la technique si elle va dans ce sens.
      Mais il me semble que Marx dit exactement la même chose au sujet du progrès technique. C’est d’ailleurs pour lui une des conditions de l’avenement de la société communiste. L’article ne mentionne pas du tout cet aspect -et je ne sais pas dans quelle mesure il ne trahit pas la pensée de Ellul sur ce point.

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  • jdautz // 12.12.2018 à 10h27

    Beaucoup d’évocations de la Bible, c’est vrai que notre «morale» en est imbibée, mais avec finesse : il y a encore des «bons-catholiques-donc-de-droite» qui vont manger leur chapeau !

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  • lemoine001 // 12.12.2018 à 10h48

    Juste pour remettre les choses sur leurs pieds, au lieu de se lancer comme J. Ellul dans des considérations politico/éthiques confuses;

    Le double aspect du travail selon Marx

    § Le travail est d’abord l’expression du métabolisme de l’homme et de la nature. “ Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont le corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler les matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature et développe les facultés qui y sommeillent. ”

    § ” Mais il est aussi la manifestation de la subjectivité humaine et c’est en cela qu’il est proprement humain. “ Notre point de départ c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celle du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté. ”

    § ”Le travail humain est donc un processus objectif, “ naturel ” en ce qu’il peut être comparé aux processus biologiques naturels. Mais il n’est humain qu’en tant qu’expression subjective, en tant que manifestation de la puissance personnelle du travailleur.

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    • Sandrine // 12.12.2018 à 13h58

      « Votre » paragraphe 2 confond « travail » et « œuvre », une confusion que ne faisaient pas les philosophes de l’antiquité qui séparaient radicalement le travail nécessaire mais abrutissant fourni par les esclaves et l’œuvre accomplie par les hommes libres (la conception des bâtiment, la sculpture, etc.). Seule l’œuvre etait considérée comme le « propre » de l’homme et jugée de manière positive.
      Marx (et apres lui les théoriciens des pays socialistes/ communiste) n’ont pas du tout pris en compte le fait que certains travaux sont moins « humains » que d’autres, qu’il y a une difference de nature profonde entre un travail d’OS à la chaîne et un travail de professeur à la fac ou de chef d’orchestre…
      En cela, il est vrai de dire que Marx est aveuglé par l’idéologie du travail de son temps, comme le dit Ellul.
      En revanche, je ne suis pas convaincue par l’analyse que fait Ellul des origines de cette idéologie. Il cherche à mon avis à dédouaner à bon compte le christianisme -et singulièrement le protestantisme. Chacun sait en effet l’importance qu’a eu la « parabole des talents » (présente dans Luc et dans Matthieu) dans la pensée de Luther (et par la suite dans l’étique protestante du capitalisme décrite par Weber). Il a ete aussi montré que les prémisses de l’organisation industrielle du travail on été inventées dans les monastères et que les inventeurs des règle monastiques permettant ce type de travail se référaient à Paul (voir à ce propos « la fabrique de l’homme moderne » et les travaux de Pierre Legendre en général)

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      • lemoine001 // 12.12.2018 à 21h10

        Hannah Arendt reprend cette distinction entre travail et œuvre qui pue le mépris de classe.

        Pour sa critique voir : https://lemoine001.com/2013/12/22/hannah-arendt-le-travail/

        Quant à Marx, il avait conscience « que certains travaux sont moins humains ». Il a développé ce thème du travail aliéné des manuscrits de 1844 au Capital;

        Voir : https://vimeo.com/257548551

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        • Sandrine // 13.12.2018 à 15h11

          Vous trouverez aussi cette distinction chez Simone Weil.
          Aucun racisme de classe là-dedans. Juste une critique de la reprise tel quel des méthodes déshumanisantes du taylorisme par des états soi-disant prolétariens et communistes – et cela à des fins productivistes. L’hôpital qui se moque de la charité en quelque sorte.

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          • lemoine001 // 13.12.2018 à 15h40

            Non ! Lisez ce que dit Hannah Arendt dans « la condition de l’homme moderne » de ceux qu’elle nomme « animal laborans » (animal et non homo)
            Une phrase comme celle-ci est claire: « il est enfermé dans le privé de son corps, captif de la satisfaction de besoins que nul ne peut partager et que personne ne saurait pleinement communiquer ». Elle dénie l’humanité au travailleur. Il ne peut pas communiquer alors que la parole est le propre de l’homme. Il n’est qu’un être de besoins.
            Ce ne sont pas les états « prolétariens » qui ont inventé le taylorisme. Ils ont plutôt inventé la journée de huit heures (revendiquée pendant un siècle ailleurs et appliquée pour la première fois en URSS) et la retraite à 60 ans sur laquelle Poutine voudrait revenir.

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            • Sandrine // 13.12.2018 à 16h14

              Ok pour Arendt (Sur laquelle on sent l’influence de Heidegger sur cette question).
              Mais, chez Ellul, le diagnostic est différent, et d’ailleurs il ne méprise pas le soulagement de la peine humaine que représente la technique.

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    • porcinet // 12.12.2018 à 18h05

      Et vous osez dire qu’Ellul est confus. Rassurez-moi, Marx était un dieu omniscient.
      Ellul était un grand spécialiste de Marx, il n’est pas d’accord avec tout et en cela vous dites qu’il a tort parce qu’il n’a pas compris Marx !
      La vision de l’araignée qui tisse sa toile est totalement anthropocentrée et voit ce qu’elle veut voir.
      Et oui les dominants ne travaillent pas et ils ont l’air de bien s’en porter, mieux que leurs croyants.

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      • moshedayan // 12.12.2018 à 19h36

        Les réflexions d’Ellul étaient, selon ce qui en est dit ici, intéressantes mais parfois des « impostures » ou « confusions ».
        Voici 2 phraaes :
        1. « le système économique de Marx s’effondre, les tensions vont s’accroissant.[…] mon commentaire depuis quand le système économique de Marx est celui en France ou ailleurs, Marx fut un analyste du capitalisme bourgeois… voilà le fait avéré
        2 «Pour autant, l’objectif du socialisme – libérer l’homme – reste le bon ; c’est le diagnostic qui pêche. Il passe à côté du fait que l’aliénation moderne n’est plus le fait du capitalisme, mais de l’État et de la technique : […] Depuis quand l’aliénation du capital vivant (ouvriers) au profit du capital dur (machines) pour augmenter la productivité a disparu dans le cycle économique ? Sans parler des profits orientés vers la financiarisation (à savoir les placements boursiers par ordinateurs qui provoquent des faillites, licenciements, etc, etc…
        Si ce type de réflexions ont existé chez Ellul, on a tendance à croire alors qu’il s’efforçait d’amender le capitalisme bourgeois, de faire oublier des réalités.
        Enfin, j’ai besoin d’au moins 19° par ces temps de refroidissement, comment je fais dans une maison du 21e s; sans solliciter des énergies élaborées par le travail.
        La philosophie a d’immenses qualités mais elle est inopérante si elle se détache trop de la réalité.
        Effectivement se détacher de l’asservissement d’un travail au profit de quelques uns seulement : c’est libérateur, cela s’appelle la communauté de biens ou communisme non ??? avec aujourd’hui l’urgence écologique !

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        • lemoine001 // 13.12.2018 à 09h25

          Il n’y a pas de système économique de Marx. Son œuvre Le Capital est une critique de l’économie politique. A partir de cette critique et en s’appuyant sur l’observation du capitalisme anglais de son temps, il a construit un concept du capitalisme qui reste aujourd’hui pertinent même s’il précède le développement de la finance et est tout juste contemporain des premières manifestations de l’impérialisme.

          Le concept de capitalisme chez Marx fait apparaitre le phénomène de « la baisse tendancielle du taux de profit moyen » qui est au cœur de ce que vous appelez « l’accroissement des tensions » qui sont non seulement connues de Marx mais expliquées par lui.

          Il est absurde de parler d’aliénation moderne du fait de la technique. Être aliéné au sens de Marx, c’est être mû quand on pense se mouvoir, être étranger à son être. Le travail de l’ouvrier est un travail aliéné quand il sert la machine plutôt qu’il s’en sert. C’est le cas du travailleur à la chaîne. De ce point de vue, la robotisation libère le travailleur qui garde les tâches de réglage et de surveillance de la machine. La machine à laver libère de la corvée de lessive, l’électricité fournit une énergie abondante et facile à utiliser. Tout cela libère … même si quelques phénomènes marginaux induisent de nouvelles formes d’aliénation.

          La techno phobie est une idéologie réactionnaire.

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          • Sandrine // 13.12.2018 à 14h37

            Google, Amazon, l’IA nous libère, c’est bien connu.
            S’opposet au transhumanisme est réactionnaire !
            Ah, dogmatisme! quand tu nous tiens!

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            • lemoine001 // 13.12.2018 à 15h48

              Oui ! vous n’imaginez pas ce que cela pouvait être de faire une recherche avant internet. Il est aussi devenu facile de se procurer un livre, même épuisé, avec Price Minister ou Amazon. Tout n’est pas noir ou blanc, mais qui voudrait se passer de ces outils ?
              Sur le transhumanisme : https://lemoine001.com/2017/10/23/sur-le-transhumanisme-et-la-dictature-du-proletariat/
              Lire aussi : Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumanisme

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            • Sandrine // 13.12.2018 à 16h35

              Argument d’ordre économiciste et productiviste (augmentation de la quantité de recherche rendue possible grâce à la machine, la mise à disposition de la matière qui permet la recherche-le livre- rendue plus rapide – moins de problèmes d’approvisionnement, de stockage…) très peu convainquant selon moi.
              Je pense pour ma part, comme Ellul, que si Marx revenait aujourd’hui, il verrait bien que la technique n’est pas neutre, qu’elle s’est autonomisé et que c’est la maitrise de la technique et non plus seulement la maitrise du capital (l’un ne va évidemment pas sans l’autre) qui détermine les rapports sociaux.

              Marx n’est pas le Christ, il n’est pas interdit de prolonger et de critiquer sa pensée:)) …

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            • RD // 13.12.2018 à 17h15

              Il me semble que la principe critique que l’on peut faire à Ellul c’est qu’il semble considérer la « technique » comme un procédé hors-sol qui apparaitrait ex nihilo : il n’y a pas de technique en tant que telle, elle n’existe que dans un rapport social donné.
              Ellul ne semble pas comprendre ce qui est étrange compte tenu de son parcours et de son érudition que l’autonomisation à laquelle il se réfère n’est que la volonté en quelque sorte du sujet agissant de la société capitaliste, à savoir le capital.

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            • Sandrine // 13.12.2018 à 19h05

              Il me semble qu’on peut faire ce type de reproche à Heidegger (qui remonte jusqu’ aux pré-socratiques, en disant que tout était déjà joué à cette époque-là…) mais beaucoup moins à Ellul, qui, lui, montre que l’autonomisation de la technique par rapport au capital est un phénomène récent (même si préparé de longue date, par la religion du travail par exemple).
              Je suis d’accord que le « système technicien » chez lui ressemble un peu à la vision d’un monde créé par un « mauvais démiurge » tel que décrit dans les gnosticismes chretiens du début de notre ère- une vision un peu manichéenne et apolcalyptique, donc. Ellul s’est d’ailleurs toujours défini comme un penseur chretien « dissident ».
              Mais on pourrait faire aussi ce type de reproche à la vision du « système capitaliste » par les marxistes (même si eux rejettent en théorie le surnaturel).
              Le « capital » ou la « technique » ce sont des entités très abstraites- qui semblent toujours un peu hors sol, déconnectées de la multiplicité du réel.
              Mais quand on prend la peine d’y réfléchir, on voit que ces concepts nous aident à prendre conscience de ce qui nous aliène – et à inventer des solutions pour nous en libérer.

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            • lemoine001 // 13.12.2018 à 20h01

              Réponse à « la technique n’est pas neutre ».

              Effectivement, les financements de recherche ne sont pas donnés au hasard. Non, ils sont guidés par les intérêts économiques. Il n’est pas nécessaire de consulter les statistiques pour cela. Sur suffit de regarder : le Téléthon n’est pas fait pour financer des recherches en armement mais pour chercher des traitements à des maladies qui tuent. Ce que le contribuable accepterait de payer volontiers est remis à la charité. Ce qu’il n’a aucune envie de financer lui est imposé.

              Imaginez aussi ce que pourraient être google ou amazon s’ils étaient transformés en services publics gérés démocratiquement. Quelles perspectives sera pourrait ouvrir ! C’est en ce sens que je dis que ce sont des avancées communistes captées par le capital. Il faut les libérer.

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  • Pinouille // 12.12.2018 à 11h21

    Ce texte fait totalement l’impasse sur les rapports de force entre individus ou entre communautés d’individus (pays par ex). Ce faisant, il aboutit à des conclusions très séduisantes, mais utopiques, voire suicidaires.
    Imaginons 2 pays voisins A et B.
    Le pays A développe une culture de l’équilibre de vie, du refus de l’aliénation par le travail et du partage.
    Le pays B développe une culture de la production, de la consommation, etc…
    B va inexorablement développer une supériorité économique/militaire sur A.
    Quelle que soit la manière dont cette supériorité de B sur A s’exprimera, elle aboutira inexorablement à une vassalisation de A.
    Ainsi, A aura perdu son équilibre de vie, son identité, et sera inféodé à B ou disparaitra tout simplement.
    L’histoire regorge d’exemples de ce type.
    L’actualité aussi: que croyez vous qu’il advient des petits pays voisins de la Chine? Ne sommes nous nous même pas inféodés à une puissance supérieure?

    On peut appliquer un raisonnement similaire à l’échelle individuelle.
    Les classes du haut investissent énormément dans l’éducation de leur progéniture: très forte exigence, cadence de travail très élevée. Pour la satisfaction d’aliéner leurs enfants? « tu vois mon fils, ces gilets jaunes… »

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    • Sandrine // 12.12.2018 à 13h30

      C’est effectivement ce type de logique qui a conduit à la révolution du néolithique sur l’ensemble de la planète, puis à la révolution industrielle et maintenant à la révolution du numérique.
      Pour autant, comme le montre Ellul, ces évolutions sont préparées et accompagnées par un imaginaire, une spiritualité -une « idéologie » diraient les matérialistes. Pour Ellul, contrairement à ce que dit Marx, l’idéologie n’est pas produite de maniere déterministe par l’évolution des rapports de production, elle en est au contraire une condition. C’est l’idéologie qui oriente le progrès technique.
      Il me semble que les idées d’Ellul sont particulièrement illustrées par ce que l’on observe avec la nouvelle économie du numérique, qui, au départ a été impulsée par des libertariens et des activistes de la contre-culture libertaire californienne.

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  • Suzanne // 12.12.2018 à 12h07

    Pour les commentateurs : vous êtes semble-t-il souvent offusqués du manque de liberté recommandé par ce texte, du carcan qu’il impose, mais il me semble que c’est justement un gros défaut de notre société, ça. Prendre toute intervention orale ou écrite comme des injonctions. Non, ce texte est …. un texte. Seulement un texte. Qui propose, décrit, résume ce que disait Ellul. Qui vous oblige à y adhérer? Par contre, est-ce qu’il ne fait pas réfléchir de manière très utile?
    Par exemple, je me dis que, ouf, pour mettre en place l’organisation du travail des plus jeunes pendant huit heures (sept heures en fait) par jour, ce ne serait pas évident, combien d’années, qui, avec quelle formation? Compliqué. Mais faisable.
    Ensuite, on peut se poser la question des deux heures par jour. Sûrement suffisant pour tailler les arbres en hiver et autres travaux agricole de la saison, mais en période de récole non, pas suffisant, parce que les récoltes, si on ne les fait pas, elles se perdent. Pas suffisant non plus si on veut faire de la programmation informatique ou de la composition musicale (faut quatre heures au moins pour se mettre dans le truc). Donc aménagement nécessaire, discussions sans fin, bref, pas facile. Mais faisable !

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    • Sandrine // 12.12.2018 à 13h14

      Il faut prendre cette proposition des 2 heures par jour comme une moyenne annuelle. De meme les huit heures au début de la vie active correspondent à une moyenne à un moment de la vie ou l’on a de l’énergie à « revendre ».
      Il faut aussi mettre cela en parallèle avec le remplacement de l’idéologie du travail par celle de la vocation. Les 2 heures en question correspondent à un type de travail que personne ne peut faire par « vocation » – et que pourtant il faut faire et qu’il est juste de repartir sur tous au lieu de le concentrer sur quelques uns, appelés « esclaves » ou « prolétaires »selon le regime juridique en vigueur.

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  • Louis Robert // 12.12.2018 à 13h55

    La valeur du travail (d’autrui…) est toujours louée chaleureusement par quiconque l’exploite et en tire profit.

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  • Pegaz // 12.12.2018 à 14h11

    De l’humour ! Extrait de « Archimède Le Clochard » de Gilles Grangier avec les dialogues de Michel Audiard.

    « Offres d’emploi » qu’ils appellent ça, leur piège à bagnards!!
    https://www.youtube.com/watch?v=HdQ2sZ2d5bo

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  • Pegaz // 12.12.2018 à 14h25

    L’avenir du travail par Albert Jacquart 1999

    L’origine du mot travail vient du latin tripalium, qui était un instrument de torture à trois pieux. … Le verbe travailler vient du latin populaire tripaliãre, qui signifie torturer avec le tripalium.

    C’est à partir de ce postulat qu’Albert Jacquart va donner son avis aux diverses questions qui lui seront posées

    https://www.youtube.com/watch?v=_tru7cOEle4

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  • lemoine001 // 12.12.2018 à 14h32

    « L’homme normal trouve le travail fatiguant, pénible, ennuyeux, et fait tout ce qu’il peut pour s’en dispenser, et il a bien raison. »

    Cette phrase dit une chose et son contraire. Si l’homme déclaré normal est rebuté par le travail, c’est qu’il en a l’expérience. Donc l’homme normal travaille. Il travaille parce qu’il a des besoins à satisfaire et qu’il a des facultés à utiliser. Et parce qu’il est un homme normal qui a des besoins à satisfaire et des forces à dépenser, l’homme normal aspire à travailler. S’il est condamné à l’inactivité, il en souffrira. Il vivra dans la privation et Il se sentira rejeté de la société.

    Si la société le dispense de travailler, qu’il est de cette minorité dont les besoins sont satisfaits sans qu’il ait à travailler, il lui faudra chercher dans le divertissement, dans la charge des affaires publiques, dans une activité artistique ou intellectuelle, ou même dans la guerre, le moyen d’user ses forces.

    Qu’est-ce qu’a fait J. Ellull de sa vie : il a travaillé ! et même beaucoup plus travaillé qu’il ne lui était matériellement nécessaire.

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  • rémi // 12.12.2018 à 14h36

    j’aimerai savoir ce que nous aurions pour vivre, sans ce que peut nous procurer le travail humain. A moins de redevenir chasseur-cueilleur, ce qui en soi malgré tout, reste quand même un travail!!!

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  • lemoine001 // 12.12.2018 à 14h44

     » Il [Marx] est vraiment un penseur bourgeois, écrit Jacques Ellul, lorsqu’il explique toute l’histoire par le travail  »

    Grotesque ! caricatural ! Mais si banal : on s’invente un Marx idiot et on le réfute en trois mots.

    Marx n’a jamais tenté d’expliquer « toute l’histoire ». C’est une entreprise complétement démesurée. Quand il écrit que l’histoire des sociétés a pour moteur la lutte des classes. Il ne parle pas de « toute l’histoire » mais de « l’histoire des sociétés » c’est-à-dire l’histoire des formes d’organisation sociale. Évidemment que si je fais l’histoire de ma paroisse, il est guère vraisemblable que la lutte des classes y ait un rôle central. Il en sera de même dans toutes sortes de domaines.

    Et la lutte des classes est le « moteur » de l’histoire des sociétés. Elle n’explique pas toute l’histoire des sociétés mais est l’élément moteur par lequel les sociétés évoluent. Encore que ce n’est pas si simple puisque que ce moteur passe par le développement des forces productives et son effet sur la structure sociale : apparition de contradictions, de classes nouvelles qui animent ces forces productives. Bref, Marx ce n’est pas simple !

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    • porcinet // 12.12.2018 à 18h16

      [modéré]
      Ellul est un grand penseur, avec des idées qui dépassent l’entendement, limité par leur éducation et soi-disant érudition, de certains.
      Il a vu la société technicienne et le chemin qu’elle nous impose, il a parfaitement décrit notre présent (enfin les alternatives qui s’offraient à nous) mais il est grotesque.

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      • lemoine001 // 12.12.2018 à 21h23

        Je vois que votre élan modérateur a été modéré ! Mais il n’était pas nécessaire. Je ne conteste pas que Ellul a dit des choses intéressantes au sujet de la technique. Il en doit sans doute une partie à Heidegger. Cela n’empêche pas que son hostilité au marxisme ternit sa pensée et surtout en révèle les ressorts

        PS : ce n’est pas lui qui est grotesque, c’est sa critique du marxisme.

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        • Sandrine // 13.12.2018 à 08h54

          Non probablement pas de lien entre Ellul et Heidegger. La critique de la technique chez Heidegger ne date que des années 50, on l’oublie souvent

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  • Père Limpinpin // 12.12.2018 à 16h17

    La pensée d’Ellul (que je ne connais pas) exposée ici a le mérite d’amener la réflexion et la discussion sur des sujets fondamentaux de notre époque en ébullition. Même s’il faut reconnaître que pour l’indécrottable athée que je suis, le filtre biblique est toujours problématique.
    Quoiqu’il en soit, et pour n’en citer qu’une, je ne reviendrai que sur la phrase suivante qui me laisse extrêmement sceptique compte tenu de ce que l’on voit de l’évolution récente du monde :

    « La libération humaine aujourd’hui ne peut se jouer que par rapport à l’État, qui doit être supprimé, et par rapport à la technique, qui doit être maîtrisée. »

    Quand la puissance de l’état disparaît c’est la puissance des multinationales apatrides qui le remplace – ce qui se passe actuellement sous nos yeux – et la libération humaine ne semble pas être le souci principal de ces dernières. Ellul, mort en 1994, aurait-il mal perçu le début de la mondialisation actuelle ?

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  • un citoyen // 12.12.2018 à 17h16

    « À l’évidence, l’homme n’aime pas travailler : s’il y consent, c’est soit par ambition – pour parvenir à la richesse et la gloire – soit par divertissement (ou, plus rarement, par passion). »

    Je ne suis pas d’accord sur ce premier point. Au contraire, je pense que le travail par la passion n’est pas rare et que, en plus, cela a et a eu de grandes répercussions, bonnes ou mauvaises.
    En effet, celui qui travaille de façon libre, animé par une passion, devient un artiste. Cela peut-être les quelques grandes boîtes comme nos GAFAM, A. Einstein et les célèbres découvertes en Physique au début du siècle dernier, une personne qui développe son propre site, … C’est très varié.
    Il construit son projet, et s’il est le premier à l’accomplir, il peut dans beaucoup de cas (et ce n’est pas le cas d’Einstein par exemple) essayer d’y imposer ses volontés sur son utilisation par la société. Sa légitimité à le faire découle du fait que c’est sa création. « C’est lui qui l’a créé ».
    Les travailleurs-artistes deviennent ainsi les premiers. Il y a aussi des compétitions entre premiers s’ils ont développé dans un même domaine (Apple et Microsoft par exemple).
    Parmi les autres, il y a une partie de travailleurs-artistes aussi mais qui sont moins entreprenants. Ces seconds préfèrent assister les premiers pour essayer de suivre leur passion. Un second peut aussi devenir premier en suivant ce chemin et si son ambition le porte à le faire.

    Et il y a les autres où il y a beaucoup de choses à dire.
    Pour faire simple (pour éviter d’écrire un long pavé), il y a d’une part les citoyens normaux qui ne demandent qu’à vivre normalement, et d’autres part ceux qui ont une ambition personnelle, à différents degrés, et sans passion quelconque… à part celle de devenir riche ou glorieux.

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  • jdf // 12.12.2018 à 17h28

    L’otium, chez les Romains, n’était pas synonyme d’oisiveté. C’était une période de la vie consacrée à l’enrichissement intellectuel et culturel.

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  • Frédéric // 12.12.2018 à 18h30

    « 1-la suppression de l’État central parallèlement à l’accélération de l’automatisation et de l’informatisation ;
    2-la suppression des postes devenus inutiles et la réduction du temps de travail (rendues possible par la redistribution du revenu national) »

    « La redistribution du revenu national » Comment puisqu’il n’y aura plus d’état?

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    • RD // 13.12.2018 à 01h03

      Cela s’appelle le communisme : ni argent ni état (ni échange, ni salariat, ni droit de propriétés).

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  • Meowig // 12.12.2018 à 19h00

    Ce texte prend un biais dans son postulat de départ; en effet il fait la confusion très répandue entre le travail et l’emploi (souvent salarié). Dès lors, tout est faussé malgré des explicitations intéressantes et des propos argumentés. In fine, il oppose emploi et oisiveté en laissant entendre que cette dernière est positive, ce qui est délétère alors qu’il eut été bien plus pertinent d’opposer ou au moins de questionner la paire emploi-travail.

    En effet, une personne (ayant un emploi ou non) qui jardine quotidiennement et fait profiter son entourage, sa famille de la récolte de son activité effectue un travail bien plus qu’un bureaucrate salarié dans une administration effectuant la synthèse de résultats pour en sortir des statistiques et une analyse plus ou moins logique.
    De même, une mère (ou un père) au foyer entretenant l’habitation, gérant le foyer et élevant ses enfants en les éduquant et en suivant leur scolarité effectue un travail bien plus qu’une hôtesse (ou un hôte) d’accueil dans un hall de grande entreprise ou de services publics.

    Aussi, pour redonner du sens au texte et s’approcher davantage du réel, il faut lire « emploi » à la place de « travail » pour l’essentiel de ce texte sauf peut-être le passage sur la passion, la vocation. En définitive, c’est bien davantage de l’emploi qu’il faut essayer de s’émanciper que du travail.

    Bien amicalement

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    • Sandrine // 12.12.2018 à 21h27

      Le point que vous soulevez est différent de ce qui est abordé dans le texte : vous, vous évoquez plutôt le problème des « bulshit jobs » – les emplois à l’utilité sociale faible (voir nulle ou négative).
      Le propos de Ellul rejoint cette problématique mais est beaucoup plus radical : il dit que nous nous fourvoyons dans une véritable religion du travail, que nous travaillons pour travailler, par haine de l’oisiveté. Même quand nous travaillons dans notre jardin, nous pouvons être victimes de ce travers. L’exemple typique : les jardins de certains retraités, tirés au cordeau, bichonnés comme s’ils allaient servir de décor à une pub pour Jardiland… est-ce vraiment nécessaire?

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      • Meowig // 12.12.2018 à 21h47

        Je connais la notion de « bullshits jobs » et en effet, les deux exemples que je donne peuvent être rangés dans cette catégorie; en passant cette notion n’est pas abordée mais mérite le détour pour mieux comprendre notre société mais ce n’était pas mon propos de fond.
        Vous avez pris les exemples que je donnais comme arguments critiques de ce texte quand ils ne sont qu’illustrations.
        A mon sens, l’auteur entretient la confusion entre emploi et travail ou n’en n’a pas conscience et dans les deux cas c’est une erreur dès son postulat.
        Mon propos me semble bien plus radical que celui de l’auteur car en défendant l’oisiveté il ne convainc que des convaincus d’avance tandis qu’au contraire en soulevant la question de la différence entre emploi (salarié) et travail c’est à dire activité régulière et constructive cela ouvre un vrai champ de réflexion sur un autre modèle de société.

        Par ailleurs, si j’analyse l’exemple que vous donnez, vous semblez assimiler le jardin impeccable « au cordeau » comme une forme de conditionnement provenant de l’emploi (appelé dans le texte de l’auteur injustement travail) hors je crois plutôt que cela tient davantage du tempérament, du caractère, des vertus morales dudit jardinier; des jardins de la sorte pouvant être tenus par des gens n’ayant jamais eu d’emplois. La question de la nécessité ne se pose pas et dénote au passage un utilitarisme de l’activité qui me parait aller à l’encontre de ce que vous semblez défendre.

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        • Sandrine // 13.12.2018 à 14h48

          Oui mais « les vertus morales dudit jardinier » sont à mettre sur le compte de la « religion du travail », justement (je connais très bien le phénomène, j’ai plein de cas autour de moi)

          Je ne crois pas que séparer la notion de travail salarié de l’idee de travail tout court changera la nature du problème.
          L’emploi salarié a l’avantage de circonscrire le rapport de force entre faibles et forts dans un cadre légal (entre le faible et le fort, c’est la loi qui libère… vous connaissez la suite)

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  • Renaud // 13.12.2018 à 22h42

    Il y a assez longtemps que j’avais conservé cette courte note dont je n’ai pas retrouvé la source.
    Ce propos me semble faire un écho en accord avec le présent article de Romain Treffel sur le livre de Jacques Ellul.

    Voici une formulation juste qui qualifie et couvre le monde (encore) contemporain:

    “”Le capitalisme (et son prétendu opposé le socialo-communisme) n’ont pu fonctionner que parce qu’ils ont hérité d’une série de types anthropologiques qu’ils n’ont pas créés et qu’ils n’auraient pas pu créer eux-même: des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres et wébériens, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle, etc. Ces types ne surgissent pas et ne peuvent pas surgir d’eux-mêmes, ils ont été créés dans des périodes historiques antérieures, par référence à des valeurs alors consacrées et incontestables: l’honnêteté, le service de l’État, la transmission du savoir, la belle ouvrage, etc.” »

    D’après Marcel Mauss, Karl Polanyi, repris par Cornélius Castoriadis, et ce fut l’intuition de George Orwell.

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