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23.février.202023.2.2020 // Les Crises

La défaite de Corbyn a anéanti la dernière illusion de la gauche – Par Jonathan Cook

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Source : Consortium News, Jonathan Cook, 16-12-2019

La réalité est que l’oligarchie – les 0,001 % – contrôle notre vie politique sans interruption depuis 40 ans, écrit Jonathan Cook.

Pochoir du Premier ministre Boris Johnson, à gauche, et du travailliste Jeremy Corbyn.

Il s’agissait de l’élection de deux illusions.

La première a contribué à persuader une grande partie du public britannique de voter pour l’incarnation même d’un aristo d’Eton, un homme qui non seulement a montré un mépris total pour la plupart de ceux qui ont voté pour lui, mais qui a passé sa vie à peine à dissimuler ce mépris. Pour lui, la politique est un moyen de satisfaire son ego, un jeu dont les autres paient toujours le prix et souffrent, une fonction à laquelle il a droit de par sa naissance et son éducation supérieure.

La mesure dans laquelle de telles illusions dominent aujourd’hui notre vie politique a été soulignée il y a deux jours par un commentaire stupéfiant d’un travailleur du marché aux poissons de Grimsby. Il a déclaré qu’il voterait pour la première fois pour les conservateurs parce que « Boris semble être un gars de la classe ouvrière normal ».

Johnson appartient tout aussi bien à la classe ouvrière et est tout aussi « normal », que le Sun et le Mail détenus par des milliardaires. Le Sun n’est pas produit par une bande d’ouvriers qui s’amusent au pub, pas plus que le Mail n’est produit par des cadres moyens consciencieux désireux de défendre les « valeurs britanniques » et le sens du fair-play et de la décence. Comme le reste des médias britanniques, ces médias sont des machines, appartenant à des sociétés mondiales qui nous vendent les illusions – soigneusement emballées et commercialisées dans notre intérêt sectoriel – nécessaires pour s’assurer que rien n’entrave la capacité du monde des affaires à réaliser d’énormes profits à nos dépens et à ceux de la planète.

Le Sun, le Mail, le Telegraph, le Guardian et la BBC ont tous travaillé dur pour se créer des « personnalités ». Ils se présentent comme différents – comme des amis que nous, le public, pourrions ou non choisir d’inviter dans nos foyers – pour gagner la plus grande part possible de l’audience britannique, pour capter chaque section du public en tant que consommateurs de nouvelles, tout en nous nourrissant d’une version déformée et féerique de la réalité qui est optimale pour les affaires. Ils ne sont pas différents des autres entreprises à cet égard.

Ce sont les médias qui ont gagné

Les supermarchés tels que Tesco, Sainsbury, Lidl et Waitrose s’affichent de la même façon pour attirer différentes catégories de public. Mais tous ces supermarchés sont animés par le même besoin pathologique de faire des bénéfices à tout prix. Si Sainsbury vend du thé équitable ainsi que du thé produit de manière traditionnelle, ce n’est pas parce qu’il se soucie plus que Lidl du traitement des travailleurs et des dommages causés à l’environnement, mais parce qu’il sait que sa clientèle se soucie davantage de ces questions. Et tant qu’elle réalise les mêmes bénéfices sur le bon et le mauvais thé, pourquoi ne pourrait-elle pas satisfaire les besoins de sa part de marché au nom de la capacité de choisir et de la liberté ?

Les médias sont cependant différents des supermarchés sur un point. Ils ne sont pas simplement motivés par le profit. En fait, de nombreux médias ont du mal à gagner de l’argent. Il faut plutôt les voir comme les promotions à perte dans un supermarché, ou comme une entreprise fait des pertes pour échapper aux impôts.

Le travail des médias est de servir d’organe de propagande aux grandes entreprises. Même dans le cas où le Sun a subi des pertes financières, il a réussi s’il fait élire le candidat du monde des affaires, le candidat qui maintiendra l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les plus-values et tous les autres impôts qui affectent les bénéfices des entreprises aussi bas que possible sans provoquer une insurrection populaire.

Les médias sont là pour soutenir le ou les candidats qui acceptent de brader de plus en plus de services publics pour des bénéfices à court terme, permettant ainsi aux vautours des entreprises de s’empiffrer de leurs carcasses. Le travail des médias consiste à soutenir le candidat qui donnera la priorité aux intérêts des entreprises plutôt qu’à ceux du public, aux profits rapides plutôt qu’à l’avenir du NHS [National Health Service, système de la santé publique du Royaume-Uni, NdT], à la logique autodestructrice du capitalisme plutôt qu’à l’idée – socialiste ou non – d’un secteur public et du bien commun. Les entreprises qui se trouvent derrière le Sun ou le Guardian peuvent se permettre de faire des pertes tant que leurs autres intérêts commerciaux prospèrent.

Ce n’est pas le Sun qui a gagné, c’est toute l’industrie des médias institutionnels.

Le rôle de la BBC dévoilé

La véritable révélation de cette élection a cependant été la BBC, la bien mieux dissimulée de toutes ces machines génératrices d’illusion. La BBC est un média d’État qui utilise depuis longtemps sa branche divertissement – des feuilletons en costumes aux documentaires sur la vie sauvage – pour nous charmer et faire en sorte que la grande majorité du public ne soit que trop heureuse de l’inviter chez eux. Le manque de publicité de la BBC, l’absence apparente d’un impératif commercial sordide, a été important pour nous persuader du mythe selon lequel la British Broadcasting Corporation est animée par un objectif supérieur, qu’elle est un trésor national, qu’elle est de notre côté.

[Ne me dites pas que Laura Kuenssberg, la rédactrice politique de la BBC, ne connaissait pas la règle du vote par correspondance. Elle a enfreint la loi et l’a fait délibérément parce que 1) elle est politiquement partisane (comme elle l’a démontré à maintes reprises) 2) elle sait qu’elle ne paiera pas pour son crime]

Mais la BBC a toujours été l’organe de propagande de l’État, de l’establishment britannique. Une fois, brièvement, à l’époque plus politiquement clivée de ma jeunesse, les intérêts de l’État ont été contestés. Il y a eu des gouvernements travaillistes occasionnels qui essayaient de représenter les intérêts des travailleurs et de puissants syndicats que l’establishment britannique n’osait pas trop s’aliéner. À l’époque, les intérêts populaires divergents ne pouvaient pas être totalement ignorés. La BBC a fait de son mieux pour donner l’impression d’être impartiale, même si ce n’était pas vraiment le cas. Elle a respecté les règles par crainte des réactions de rejet si ce n’était pas le cas.

Tout cela a changé, comme l’a montré cette élection de manière plus frappante que jamais.

[Ce à quoi auraient pu ressembler la plupart des premières pages des journaux ce matin si elles n’étaient pas toutes dans la poche des propriétaires milliardaires qui veulent à tout prix un gouvernement Boris Johnson]

La réalité est que l’oligarchie – les 0,001 % – contrôle notre vie politique sans interruption depuis 40 ans. Comme aux États-Unis, les grandes entreprises ont si bien réussi à s’emparer de nos systèmes politiques et économiques que, pendant la majeure partie de cette période, nous avons eu le choix entre deux partis du capital : le parti conservateur et le New Labour.

[Reporter de la BBC : « Si Boris gagne la majorité qu’il mérite *tant* » Hé ! La Grande-Bretagne, la Corée du Nord a appelé. Elle veut récupérer son ministère de l’information.]

Une société vidée de sa substance

Les grandes compagnies ont utilisé cette règle constante pour consolider leur pouvoir. Les services publics ont été privatisés, les entreprises de construction sont devenues des banques d’affaires, le secteur financier a été déréglementé pour faire du profit la seule mesure de la valeur, et le NHS a été lentement cannibalisé. La BBC a également été touchée. Les gouvernements successifs ont menacé plus ouvertement ses revenus provenant de la redevance. La représentation syndicale, comme ailleurs, s’est érodée et les licenciements sont devenus beaucoup plus faciles avec l’introduction des nouvelles technologies. Les dirigeants de la BBC ont été de plus en plus étroitement liés au monde des grandes compagnies. Et ses rédacteurs en chef sont devenus de plus en plus interchangeables avec les rédacteurs en chef de la presse écrite appartenant à des milliardaires.

Pour prendre un exemple parmi tant d’autres, Sarah Sands, rédactrice en chef de l’émission phare Radio 4 Today, a passé ses premières années de carrière dans les journaux lèche-bottes de Boris Johnson, le Mail et le Telegraph.

[88% des publicités des conservateurs contiennent des mensonges, contre 0 pour les travaillistes. La conclusion évidente est donc qu’elles sont toutes aussi mauvaises les unes que les autres.]

Lors de cette élection, la BBC a jeté son masque de service public pour révéler l’automate corporatif de type Terminator en sous-main. C’était choquant à voir, même pour un critique de médias chevronné comme moi. Cette BBC restylée, soigneusement construite au cours des quatre dernières décennies, montre comment l’establishment britannique patriarcal de ma jeunesse – aussi mauvais qu’il ait été – a disparu.

Aujourd’hui, la BBC est un miroir de ce à quoi ressemble notre société vidée de sa substance. Elle n’est plus là pour maintenir la cohésion de la société britannique, pour forger des valeurs communes, pour trouver un terrain d’entente entre le monde des affaires et les syndicats, pour créer un sentiment – même si c’est faux – d’intérêts mutuels entre les riches et les travailleurs. Non, elle est là pour protéger le capitalisme néolibéral survolté, elle est là pour cannibaliser ce qui reste de la société britannique et, en fin de compte, comme nous le découvrirons bientôt, elle est là pour engendrer la guerre civile.

[Un très bref aperçu de la Matrice dans le monde réel, où Corbyn est attentionné, terre à terre et traitée par une grande partie du public britannique comme une « rock star ». Le service normal de la BBC a, bien sûr, été rapidement repris]

Des horizons moraux rétrécis

La deuxième illusion a été entretenue par la gauche. Nous nous sommes accrochés à un rêve, comme un radeau de sauvetage, selon lequel nous avions encore un espace public ; que, aussi horrible que soit notre système électoral, aussi biaisés que soient les tabloïds, nous vivions dans une démocratie où un changement réel et significatif était encore possible ; que le système n’était pas truqué pour empêcher quelqu’un comme Jeremy Corbyn d’accéder un jour au pouvoir.

Cette illusion reposait sur un grand nombre de fausses hypothèses. Que la BBC était encore l’institution de notre jeunesse, qu’elle serait raisonnablement équitable en période électorale, traitant Corbyn sur un pied d’égalité avec Johnson pour les dernières semaines de la campagne. Que les médias sociaux – malgré les efforts incessants de ces nouvelles entreprises médiatiques pour fausser leurs algorithmes afin de nous piéger dans nos propres petites chambres d’écho – feraient contrepoids aux médias traditionnels.

Mais surtout, nous avons fermé les yeux sur les changements sociaux que 40 ans de thatchérisme d’entreprise soutenu par les grandes entreprises et non remis en cause ont fait subir à notre imagination, à notre vision idéologique, à notre capacité de compassion.

À mesure que les institutions publiques étaient démantelées et vendues, le domaine public s’est considérablement rétréci, tout comme nos horizons moraux. Nous avons cessé de nous soucier d’une société dont Margaret Thatcher nous avait dit qu’elle n’existait pas de toute façon.

De larges pans des générations plus âgées ont profité de la liquidation du domaine public et des politiques qui ont ignoré de manière flagrante l’avenir de la planète. Ils étaient persuadés que ce modèle de profit à court terme, d’économie sur brûlis dont ils avaient personnellement bénéficié, était non seulement soutenable, mais qu’il était le seul possible, le seul bon modèle.

Les jeunes générations n’ont jamais connu d’autre réalité. La recherche du profit, la gratification instantanée, le contentement du consommateur sont les seuls critères qui leur ont jamais été proposés pour mesurer la valeur. Un nombre croissant de personnes ont commencé à comprendre qu’il s’agit d’une idéologie malsaine, que nous vivons dans une société insensée et profondément corrompue, mais elles luttent pour imaginer un autre monde, un monde dont elles n’ont pas l’expérience.

Manifestation pour le NHS – UK National Health Service, mars 2017, Londres. (Alan Stanton/Flickr)

Comment peuvent-ils imaginer ce que la classe ouvrière a réalisé il y a des décennies – comment une société beaucoup plus pauvre a créé des soins médicaux pour tous, un NHS dont notre système actuel est un pâle reflet – alors que cette histoire, cette histoire de lutte est rarement racontée, et quand elle l’est, elle n’est racontée qu’à travers le prisme déformant les médias appartenant à des milliardaires ?

Un système politique truqué

Nous, à gauche, n’avons pas perdu cette élection. Nous avons perdu nos dernières illusions. Le système est truqué – comme il l’a toujours été – au profit de ceux qui sont au pouvoir. Il ne permettra jamais volontairement à un vrai socialiste, ou à tout politicien profondément engagé dans la protection de la société et de la planète, de soustraire le pouvoir à l’oligarchie. C’est, après tout, la définition même du pouvoir. C’est pour les défendre que les médias institutionnels sont là.

Il ne s’agit pas d’être mauvais perdants, ou d’être amers.

Dans le cas extraordinaire où Corbyn aurait surmonté tous ces obstacles institutionnels, toutes les calomnies, et aurait gagné hier soir, j’avais l’intention d’écrire un autre billet aujourd’hui – et cela n’aurait pas été une glorification. Je ne me serais pas réjoui, comme le font aujourd’hui les partisans de Johnson et les opposants de Corbyn au sein du parti conservateur, de larges sections du parti parlementaire travailliste et les médias de droite et libéraux.

[C’est le moment que Freedland espérait et attendait depuis 2017. Lui et le Guardian ont dû attendre deux ans de plus pour se réjouir, mais ils n’ont pas perdu de temps entre-temps. Depuis lors, ils ont travaillé avec acharnement pour s’assurer de la défaite de Corbyn]

Non, j’aurais prévenu que la vraie bataille pour le pouvoir ne faisait que commencer. Aussi mauvaises qu’aient été les quatre dernières années, nous n’avions encore rien vu. Que les généraux qui avaient menacé de se mutiner dès que Corbyn avait été élu chef du Parti travailliste étaient toujours dans l’ombre. Que les médias ne renonceraient pas à leur désinformation, qu’ils l’intensifieraient. Que les services de sécurité qui ont essayé de dépeindre Corbyn comme un espion russe passeraient de l’insinuation à une action plus explicite.

L’avenir est de notre côté

Néanmoins, nous avons l’avenir de notre côté, aussi sombre qu’il puisse être. La planète ne va pas se guérir toute seule avec Johnson, Donald Trump et le Brésilien Jair Bolsonaro aux commandes. Son état va empirer, beaucoup plus vite. Notre économie ne va pas devenir plus productive, ni plus stable, après le Brexit. Le destin économique de la Grande-Bretagne va être encore plus étroitement lié à celui des États-Unis, à mesure que les ressources s’épuisent et que les catastrophes environnementales et climatiques (tempêtes, montée du niveau des mers, inondations, sécheresses, mauvaises récoltes, pénuries d’énergie) se multiplieront. Les contradictions entre une croissance sans fin et une planète aux ressources limitées deviendront encore plus flagrantes, les krachs comme celui de 2008 plus fréquents.

Le parti des grandes entreprises que la victoire de Johnson a déchaîné va conduire, tôt ou tard, à une gueule de bois vraiment terrifiante.

Il est probable que les Blairites exploiteront cette défaite pour ramener le Labour au rôle de parti du capital néolibéral. On nous offrira une fois de plus le « choix » entre les partis conservateurs bleu et rouge. S’ils réussissent, les membres du Parti travailliste déserteront le parti en grand nombre, et celui-ci redeviendra une fois de plus insignifiant, la coquille vide d’un parti ouvrier, aussi vide idéologiquement et spirituellement qu’il l’était jusqu’à ce que Corbyn cherche à le réinventer.

Ce serait peut-être une bonne chose si ce coup d’état se produisait rapidement au lieu de s’éterniser pendant des années, nous laissant plus longtemps prisonniers de l’illusion que nous pouvons réparer le système en utilisant les outils que la classe des entreprises nous offre.

Nous devons descendre dans la rue – comme nous l’avons déjà fait avec Occupy, avec Extinction Rebellion, avec les grèves des écoles – pour récupérer l’espace public, le réinventer et le redécouvrir. La société n’a pas cessé d’exister. Elle n’a pas été étouffée par Thatcher. Nous avons simplement oublié à quoi elle ressemblait, que nous sommes des humains, pas des machines. Nous avons oublié que nous faisions tous partie de la société, que nous sommes précisément ce qu’elle est.

Le moment est venu de mettre de côté les choses puériles et de reprendre l’avenir entre nos mains.

Jonathan Cook est un journaliste indépendant basé à Nazareth.

Source : Consortium News, Jonathan Cook, 16-12-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Vercoquin // 23.02.2020 à 07h03

Et si on arrêtait de subventionner nos malheureux milliardaires, propriétaires de la totalité de la presse:

Titre, Aides versées en 2017 (Principal propriétaire et patrimoine):

Aujourd’hui t’en France, 8 323 627 € (Bernard Arnault 88 000 M€ )
Libération, 5 913 419 € (Patrick Drahi 9 000 M€)
Le Figaro, 5 699 521 € (Dassault 23 000 M€)
Le Monde, 5 081 486 € (Pierre Bergé 200 M€)
La Croix, 4 624 765 €
Ouest France, 4 476 986 €
L’Humanité, 4 191 650 €
L’Opinion, 2 373 616 € (Famille Bettencourt 45 800 M€)
Dernières nouvelles d’Alsace, 1 752 343 € (Crédit Mutuel)

Sources:
https://droit-finances.commentcamarche.com/faq/33224-aide-a-la-presse-les-journaux-les-plus-aides-par-l-etat
https://www.bastamag.net/Le-pouvoir-d-influence-delirant-des-dix-milliardaires-qui-possedent-la-presse

Question anodine et subsidiaire:
Qui a créé la richesse de ces personnages ?

18 réactions et commentaires

  • gotoul // 23.02.2020 à 06h40

    Il se passe quasi la même chose en France sans avoir eu de Thatcher aux commandes, et d’ailleurs aussi dans presque tous les pays de cette planète. Les grands médias ( par leurs audiences ) ne sont pas vendus , ils ont été achetés. Très bon article !

      +16

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  • Vercoquin // 23.02.2020 à 07h03

    Et si on arrêtait de subventionner nos malheureux milliardaires, propriétaires de la totalité de la presse:

    Titre, Aides versées en 2017 (Principal propriétaire et patrimoine):

    Aujourd’hui t’en France, 8 323 627 € (Bernard Arnault 88 000 M€ )
    Libération, 5 913 419 € (Patrick Drahi 9 000 M€)
    Le Figaro, 5 699 521 € (Dassault 23 000 M€)
    Le Monde, 5 081 486 € (Pierre Bergé 200 M€)
    La Croix, 4 624 765 €
    Ouest France, 4 476 986 €
    L’Humanité, 4 191 650 €
    L’Opinion, 2 373 616 € (Famille Bettencourt 45 800 M€)
    Dernières nouvelles d’Alsace, 1 752 343 € (Crédit Mutuel)

    Sources:
    https://droit-finances.commentcamarche.com/faq/33224-aide-a-la-presse-les-journaux-les-plus-aides-par-l-etat
    https://www.bastamag.net/Le-pouvoir-d-influence-delirant-des-dix-milliardaires-qui-possedent-la-presse

    Question anodine et subsidiaire:
    Qui a créé la richesse de ces personnages ?

      +44

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    • Philippe T. // 23.02.2020 à 11h50

      Bonjour,
      Je me suis toujours demandé pourquoi le contribuable devait financer des journaux non seulement incapables de trouver de nouveaux lecteurs, mais si peu attractifs qu’ils en perdent régulièrement.
      L’argument ressassé imperturbablement, et considéré comme définitivement indiscutable, serait de favoriser le pluralisme et l’expression démocratique.
      Je veux bien que le but soit noble, mais concrètement je ne vois guère de pluralisme dans les différents quotidiens, au moins pour les plus diffusés.
      Quant à favoriser l’information des citoyens pour une meilleure démocratie, est ce que soutenir financièrement (entre autres curiosités) VSD, Paris Match ou l’Equipe y contribue vraiment?
      Je vois plutôt un système bien huilé de connivences entre amis pour détourner l’argent public.

        +27

      Alerter
    • Citizen of Océania // 24.02.2020 à 18h54

      Mais vous êtes complétement fou.
      Vous voulez que l’oligarchie paye pour sa propagande?
      C’est tellement plus simple de faire payer les gueux/Gens qui ne sont rien, rayez la mention inutile et de payer quelques salaires à de hauts fonctionnaires.

      « Les riches c’est fait pour être très riche et les pauvres très pauvres » Force est de constater que si sur la moitié du programme on arrive à avoir des riches très riches, sur les pauvres il reste du chemin à faire, pas assez de pauvres meurent de faim, sont SDF…
      Comment vouez vous après avoir un bon niveau de contrainte économique?

        +5

      Alerter
  • Philnomade // 23.02.2020 à 08h43

    C’est l’appât du gain ‹toute choses désirée› qui a façonné nôtre monde, il est tristement à notre image. Aujourd’hui tout peut paraître imparable, mais il faut croire qu’un outil qu’on pourrait appeler la conscience ‹celle réfutée par la science car elle lui échappe› fait bougé des frontières qui paraissaient définitives. Bref pour échapper au monde marchand il suffit d’arrêter d’y croire soi même.

      +0

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  • Kilsan Aïtous // 23.02.2020 à 09h03

    Une bonne partie de l’oligarchie n’était pas pro-Johnson car contre un Brexit et l’ont fait largement savoir à grands coups de peur-panique. Corbyn (bien médiatisé) est-il vraiment de gauche, comme Hollande ? suffit-il de faire genre « mon adversaire c’est la finance » ?

      +18

    Alerter
    • Manuuk // 23.02.2020 à 23h32

      Vous parlez sans connaître la vie politique anglaise. Bien sûr que Corbyn est de gauche, il a eu affaire à un véritable tour de force pour rester à la tête du manoir. 2 élections en 1 an, un grand nombre de démission du shadow cabinet lors de son élection.

      Bien sûr que les élites sont divisées sur le Brexit. Cela s’est traduit par le combat des deux anciens camarades de classe d’Eton : Cameron et Johnson.

      100% d’accord avec l’article. Il manque juste cette proposition antidémocratique qu’était de proposer un second référendum… Quelle ineptie !

      C’est cela qui leur a coûté à défaite. Corbyn n’a pas réussi à imposer ses idées, qui lui dans le fond de lui même, était pour le Brexit.

      C’est ce qui arrive quand on veut faire de la tambouille

        +6

      Alerter
    • ho // 24.02.2020 à 23h14

      « Corbyn (bien médiatisé) est-il vraiment de gauche, comme Hollande ?  » ???? je ne comprends pas votre phrase. Hollande de gauche, c’est à dire privilégiant la vie à la bourse, c’est à dire s’opposant aux banques US qui possèdent tout, c’est à dire s’opposant à la réactionnaire europe des banques qu’un bande de députés, outrepassant leur mandat, nous à imposé à Versailles??? Ca alorsn je ne m’étais pas aperçu que Hollande nous avait soustrait aux griffes des commissaires €uropéens(es vrais décideurs sont les banques)

      « vraiment de gauche, comme Hollande » Là vous m’avez bien fait rire!!

        +2

      Alerter
  • LBSSO // 23.02.2020 à 09h44

    J Cook ou comment faire porter le chapeau.

    L’auteur laisse à penser que la défaite de Corbyn s’explique par l’attitude de la presse .Comme le suggère la juxtaposition du titre et du chapeau de l’article,on pourrait lire ainsi : »La réalité est que l’oligarchie contrôle notre vie politique sans interruption depuis 40 ans ».[Elle a rendu possible] « la défaite de Corbyn [et ]a anéanti la dernière illusion de la gauche »
    Bref, s’il a perdu, sont responsables l’oligarchie et la presse.
    Si cette hypothèse est à retenir, j’en vois deux autres :
    – Le Royaume-Uni reste « pro-business » et libéral. Le refus du carcan réglementaire de l’Europe bruxelloise est une des motivations du Brexit.Or Corbyn représente la gauche de la gauche. Situation courageuse, politiquement risquée.
    – Faut-il rappeler les revirements , les hésitations,les ambiguïtés de Corbyn sur le Brexit et l’immigration ?

    Souvent , dans les commentaires est posée la question de la définition des extrêmes. Simplement : est considéré comme extrême tout parti dont le peuple estime majoritairement qu’il aurait plus à gagner qu’à perdre de le voir accéder au pouvoir. Approche scandaleuse, je l’accorde mais elle me semble très opérante.En ce sens,à tord ou à raison, Corbyn est perçu comme extrémiste .Pas la presse.

      +12

    Alerter
    • kelkun // 23.02.2020 à 11h45

      Auquel, pour compléter concernant cet aveuglement et ces biais logiques des gens qui se nomment pompeusement « de gauche », et dont fait preuve cet adorateur du pâle et louvoyant Corbyn, auquel donc on peut rajouter que les premières mesures concrètes de BoJo, je dis bien concrètes, semblent aller dans le sens des services publics (santé, ferroviaire), et dans le sens des petites gens avec une forte augmentation de 6,2% de l’équivalent smic.
      Le réel et les faits sont étrangers aux dogmatiques si auto-satisfaits de leur supposée clairvoyance…

        +20

      Alerter
    • koui // 23.02.2020 à 12h04

      Le peuple perçoit les politiciens a travers le prisme des médias. Corbyn a été caricaturés en stalinien antisémite favorable au grand remplacement. Cela ne l’exonere pas de ses erreurs politiques, mais il ne fait aucun doute que cela a eu une influence sur les votes. De même Mélenchon est toujours presente par des photos peu flatteuses, qui donnent l’image d’un personnage autoritaire, violent et agressif. Chaque dissension a LFI est traité comme une révolte contre la tyrannie. Chaque manifestation est un acte de guerre contre la démocratie. On retrouve l’influence de la télé chez les collègues qui vont évoquer l’ingérence russe en sa faveur, l’islamogauchisme, le goulag, et j’en passe. Quand les journalistes sont piégés sur de fausses accusations a son égard, l’affaire est vite oubliée. Corbyn est tombé victime de la même science de la communication. Mais le plus surprenant est de voir des conservateurs surfer sur la vague de défiance envers les médias en utilisant les mêmes artifices et les mêmes médias discrédités. Cela rappelle la montée du fascisme comme mouvement conservateur révolutionnaire et antisysteme dans les années 30.

        +10

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      • Anfer // 23.02.2020 à 21h21

        Dans le cas de Mélenchon, vous avez affaire à qqun sur un plateau, qui argumente, qui défend ses idées avec force, qui reconnaît le conflit.
        Et en plus un côté prof d’histoire sympa mais bougon.

        En gros, l’inverse du politicien habituel qui nous fait de la langue de bois et nous sort des éléments de langage.

        Franchement, même avec tout ses défauts, je ne vois pas bien ce qu’on peut lui reprocher quant à son attitude sur les plateaux de télévision.
        Répondre à des questions stupides et malveillantes pendant des heures c’est vraiment pénible.

          +13

        Alerter
  • Bruno Kord // 23.02.2020 à 12h10

    Cook semble découvrir comment fonctionnent les médias depuis 40 ans. Mieux vaut tard que jamais mais ce n’est pas une révélation, notamment pour les lecteurs de ce blog.
    Il laisse entendre que l’échec de la gauche résulte des campagnes de diffamation contre Corbyn. C’est un peu court. Corbyn n’a pas cessé d’être diffamé depuis son arrivée à la tête du Labour. Cela ne l’a pas empêché d’avoir un bon résultat aux predentes élections législatives et un bon résultat aux dernières en nombre de votes.
    Il a perdu des circonscriptions qui votaient travailliste depuis des lustres. La raison en est claire : la position du Labour sur le Brexit. Une très bonne analyse de cette élection a été présentée sur Consortium News le 17 décembre,

      +11

    Alerter
  • Kilsan Aïtous // 23.02.2020 à 17h05

    Franchement croire que Blair, Clinton, Obama, Hollande, Tsipras, Varoufakis ou macron sont de gauche, il faut le faire …

      +16

    Alerter
  • clauzip12 // 25.02.2020 à 00h10

    la GB ,l’Angleterre,depuis toujours est dominé par l’aristocratie.
    Les salaries sont dans une situation précaire et espèrent qu’en leur donnant le pouvoir ,eux qui ont les capitaux,l’emploi sera relancé.
    Nous verrons à la fin du mandat bojo,si toutefois il le termine,comment sera la société anglaise en général.
    Par ailleurs,j’ai découvert dans l’article moi qui ne pratique pas l’anglais combien la BBC est engagée politiquement et ne traduit pas l’opinion publique.
    La méthode est toujours la même pour accéder au pouvoir,accaparement par la puissance financière des principaux médias,matraquage favorable de toute opposition au bourrin désigné par eux,soutien contre toute évidence du canasson ,écrasement des salariés par des réglementations qui n’ont d’intérêt positif que pour les possédants et actionnaires.
    Chez eux comme chez nous,ça se terminera très mal,très surement.
    Ils ont crée le libéralisme,chez nous c’est l’UE qui nous l’impose,associons les salaries des deux pays!

      +0

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  • c // 25.02.2020 à 10h16

    Donc la gauche n’ a pas vraiment perdu et le Boris n’a pas vraiment gagné,et c’est la faute des médias et de l’oligrachie. Et au passage les classes populaires sont constituées d’abrutis,Londres,sa ceinture bobosienne et les autres villes de même nature socoilogique sont maintenant la gauche. Sérieusement? C’est vraiment çà? Rien d’autre? pas l’ombre d’un sentiment de déclassement ou de perte d’identité? Juste les ouvriers et employés sont bêtes? je trouve cet article lamentable. le Monsieur ferait bien de sortir un peu de…Nazareth. Un petit tour en Grande Bretagne peut-être?

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  • gwakito // 25.02.2020 à 17h01

    « [Un très bref aperçu de la Matrice dans le monde réel, où Corbyn est attentionné, terre à terre et traitée par une grande partie du public britannique comme une “rock star”. Le service normal de la BBC a, bien sûr, été rapidement repris] »

    Petit contresens j’ai l’impression. Ca dit plutôt « petit aperçu du monde réel hors de la matrice ». La matrice c’est le monde ou s’enferment les journalistes, politiques, et autres « bien-pensants », ou la révélation des turpitudes de Griveau (gros vit dans le désordre) est une atteinte à la démocratie (pour nous français) et Jeremy Corbyn un affreux nazi parce qu’il n’aime pas Israël (pour nos amis britanniques). Hors de la matrice y a le monde réel, ou un ministre ne devrait pas montrer sa bite à la première venue et un leader travailliste à le droit d’avoir des opinions parfois un peu controversées sans pour autant être un SS.

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  • leravidemilo // 26.02.2020 à 23h17

    Cet article, tout en énonçant des vérités élémentaires sur les media main stream et sur la domination, avance tout du long en contresens; Corbyn n’a pas perdu, puisque sa défaite (hors quelques coup en dessous de la ceinture) n’était que la conséquence d’une fatalité de la domination. A aucun moment n’est évoquée sa ligne floue, variable et indécise sur le Brexit, et sur la prise en compte du referendum, soit de la souveraineté populaire. Une gauche qui est incapable de prendre en compte la démocratie, et le résultat d’un tel vote, ne peut jamais gagner. C’est totalement incredible comme ils disent. Et tout ça pour, au final proposé un programme radicalisé, dont l’essentiel des mesures ne pouvaient être prises dans le cadre règlementaire imposée par L’u.E…. Comprenne qui pourra mais même vu d’ici, sa victoire me semblait impensable.

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