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27.octobre.201527.10.2015
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Les Réparations allemandes (2/5) : L’occupation de la Ruhr

Suite de notre série sur les réparations allemandes de la Première guerre mondiale, et leurs conséquences : Le Traité de Versailles L’occupation de la Ruhr L’hyperinflation allemande de 1923 Les défauts des années 1930 Le montant réellement payé par l’Allemagne L’occupation de la Ruhr Le Royaume-uni déclara alors que cette occupation était illégale et immorale. […]
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Suite de notre série sur les réparations allemandes de la Première guerre mondiale, et leurs conséquences :

  1. Le Traité de Versailles
  2. L’occupation de la Ruhr
  3. L’hyperinflation allemande de 1923
  4. Les défauts des années 1930
  5. Le montant réellement payé par l’Allemagne

L’occupation de la Ruhr

Le Royaume-uni déclara alors que cette occupation était illégale et immorale. En effet, si, initialement, les gouvernements britanniques soutinrent des demandes élevées de dédommagement (le Royaume-Uni se trouvant davantage endetté que la France), John Maynard Keynes, Lloyd George et Balfour plaideront ensuite pour une annulation « multilatérale » de toutes les dettes publiques liées au conflit et à la reconstruction. Ceux-ci espéraient que le Royaume-Uni – comme la plupart des autres pays européens – puisse sortir de cette annulation comme profiteur net, pour autant que le Trésor public américain renonce également à ses propres créances. Mais en 1923, les Britanniques accepteront de rembourser partiellement leur dette envers les États-Unis, s’élevant à 4,6 milliards de dollars.

Cependant, le premier ministre français Raymond Poincaré était extrêmement réticent à ordonner l’occupation, et n’avait pris cette mesure qu’après que les Britanniques eurent rejeté ses propositions de sanctions plus modérées contre l’Allemagne. Les socialistes tentent de démontrer les dangers d’une occupation. Clémenceau s’y opposait et le Maréchal Foch parlait d’un “terrible nid de guêpes” où la France avait mis la main. Poincaré était sous pression, car la France avait besoin de l’argent allemand pour rembourser sa dette envers les États-Unis et l’Angleterre. La France et la Belgique tentèrent donc de faire respecter par la force les obligations financières qui étaient imparties aux vaincus par le traité de Versailles avant de commencer leurs propres remboursements.

Rappelons enfin que, selon le traité de Versailles, l’Allemagne devait payer aux alliés 20 milliards de marks-or (MdMo) avant mai 1921 puis 5 milliards d’ici le 31 décembre 1922, soit 25 MdMo. Elle n’en a versé en fait que 7,5 puis 2,9 MdMo, soit 10,4 MdMo, somme sur laquelle la France n’a touché que 2 MdMo environ en raison de la priorité de remboursement belge.

Le 11 janvier 1923, 47 000 hommes dans cinq divisions, trois françaises et deux belges, traversent la zone démilitarisée et occupent la Ruhr (Ruhrbesetzung), base de la puissance industrielle allemande. Une vague d’indignation secoue alors toutes les couches de la population dans le Reich vaincu. Le chancelier allemand Wilhelm Cuno proteste et appelle ses concitoyens à la « résistance passive » (passiver Widerstand) face à l’occupation. Mais les Français ripostent en faisant tirer sur des grévistes et en instaurant une barrière douanière entre la Ruhr et le reste de l’Allemagne.

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Par l’appel à la résistance passive, toute la vie économique de la région occupée fut paralysée. Les hauts fourneaux furent éteints et les mines fermées. Les cheminots se mirent en grève et les fonctionnaires allemands s’en tinrent à la convention prise, d’éviter tous contacts avec les autorités occupantes. Pour transporter les minerais et le charbon de la Ruhr vers la France, des milliers de techniciens et de cheminots furent mobilisés pour travailler dans la région occupée. Mais dès que les transports se remirent à rouler, des vétérans allemands, dont d’anciens combattants des corps francs comme Heinz Oskar Hauenstein et Albert Leo Schlageter, passèrent à la résistance active et organisèrent des actions de sabotage. Ils firent sauter des ponts, des lignes de chemin de fer et des canaux pour empêcher le transport vers l’étranger des biens économiques allemands. Le 12 mars, les deux premiers Français sont assassinés.

Les autorités occupantes réagirent avec dureté. La région occupée fut complètement verrouillée et la police allemande désarmée. Krupp et d’autres industriels furent condamnés à quinze ans de prison. Partout des confrontations sanglantes eurent lieu. Le 31 mars, la direction des usines Krupp, d’Essen, a excité les ouvriers contre un détachement français qui opérait des réquisitions ; celui-ci tire pour se défendre : on relève 13 tués et 30 blessés. L’incident fut exploité par la propagande allemande. D’innombrables citoyens furent arrêtés ou expulsés. Lorsque les Français arrêtèrent Schlageter suite à une trahison, alors qu’il venait de faire sauter un pont près de Calkum, tous les recours en grâce furent inutiles, les Français voulant faire un exemple. L’officier de la Grande Guerre, âgé de 28 ans, fut fusillé le 26 mai.

A Francfort, les manifestations d’hostilité de la foule envers les soldats coloniaux honnis s’achèvent par un drame le 7 avril : des tirailleurs malmenés font usage de leurs armes pour se dégager et abandonnent morts et blessés sur la chaussée. Pour les Allemands, qui parlent de dix morts et de trente blessés, les Marocains ont tiré sans motif sur des civils désarmés, mais pour les Français, les tirailleurs sont tombés dans un vrai guet-apens « provoqué sur ordre de Berlin ». Le général Mordacq justifie la tuerie sans états d’âme : « Cette leçon calma complètement la population qui, jusqu’à la fin de l’occupation, ne récidiva plus. En présence de la force, les Allemands s’inclinent toujours. » L’émoi est considérable pourtant, autant en Allemagne qu’à l’étranger, et l’implication de soldats indigènes ne fait qu’augmenter l’indignation. En France même, les journaux socialistes, hostiles à la politique militariste et à la paix de Versailles, se déchaînent. L’Humanité ironise : « Ainsi qu’il fallait s’y attendre, le sang a coulé, avant-hier, dans les rues de Francfort, où les vaillantes troupes marocaines, auxquelles est confiée là-bas la cause de la civilisation et du droit, […] ont gagné sans péril un supplément de gloire. »

La résistance se poursuivit néanmoins sans discontinuer. Ainsi, le 10 juin à Dortmund, deux officiers français furent abattus en pleine rue. La réaction des Français coûta la vie à sept civils.

inflation allemagne 1923

Exécution de Heinz Oskar Hauenstein

Les tentatives françaises de détacher des régions rhénanes du Reich avec l’aide de mouvements séparatistes ne connurent aucun succès. Des attentats perpétrés contre des chefs séparatistes et la résistance de toute la population ruinèrent ces tentatives. Le 26 septembre, le nouveau chancelier déclare que la résistance passive doit se terminer. À ce moment-là, 132 Allemands avaient été tués; onze d’entre eux avaient été condamnés à mort mais un seul avait été exécuté. 150 000 personnes avaient été expulsées de la région; d’innombrables autres avaient écopé d’amendes ou avaient subi des peines de prison.

Galerie photos, en vrac…

« L’ingénieur et le douanier français » – L’Illustration 13 janvier 1923

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

À Essen :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

À Dortmund :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

 

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

 

La « Kommandantur » française à Essen :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

La résistance anti-française dans la Ruhr

Rassemblement de 500 000 Berlinois contre l’occupation de la Ruhr à la KonigsPlatz le 14 janvier 1923 :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Ouvriers en grève :

« Ici, on ne sert pas les Français ni les Belges »

affiche allemandeOccupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Une affiche allemande appelant à la résistance passive durant la crise de la Ruhr : « Non, vous ne me soumettrez pas »!

affiche allemande Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

« Le droit est mort, vive la brutalité ! », Kladderadatsch, 1923. Ce journal satirique présente une Marianne revêtue de l’uniforme français en train d’assassiner une femme qui est probablement Germania. Marianne est présentée comme une prostituée immorale et diabolique. En arrière-plan, les usines de la Ruhr, prises par les Français comme gage des réparations financières décidées par le traité de Versailles.

affiche allemandeOccupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

« Les mains de la Ruhr ! »

affiche allemande Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

« Le massacre d’Essen : Bah, la conscience mondiale ! Mon avocat s’appelle Poincaré » (Dans Simplicissimus. Heine Thomas Theodor)

Le 10 avril 1923, enterrement des ouvriers Krupp tués par les Français à Essen :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Traces de la mitraille sur le mur de l’usine Krupp

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Enterrement des deux adjudants français tués par un policier allemand le 10 juin :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Discours du général Jean-Marie Degoutte, commandant en chef de l’armée du Rhin

Démonstration de chasseurs alpins suite au meurtre des deux soldats :

Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

Plaque commémorative sur un passage souterrain de RuhrtalBahn (SNCF locale) pour une victime de l’occupation de la Ruhr à Wenger, Wetter (Ruhr) :

« Le 15 VIII 1923 est tombé dans la lutte pour la Ruhr, victimes de Occupation dans l’accomplissement son devoir, le serrurier de Reichsbahn Ernst B [illisible], de Witten »

 

D’autres dessins à connotation raciste présentaient les troupes françaises comme presque exclusivement composées de soldats coloniaux barbares et violeurs. Rappelons que sur les 250 000 soldats français en Rhénanie en 1920, seuls 25 000 étaient non-européens (surtout nord-africains), dont seulement 5 000 étaient noirs.

La « force noire », qui désigne les troupes africaines, devient sous la plume des journalistes « la honte noire » (Schwarze Schmach), qui apparaît lors de l’occupation de la Rhénanie (conformément au traité de Versailles). On retrouve là un des poncifs de la pensée coloniale qui considère l’Africain comme incapable de réprimer ses instincts sexuels. L’idée d’abâtardissement de la race allemande par le métissage est aussi sous-jacente. Pour beaucoup, les coloniaux seraient en outre porteurs de maladies exotiques ou sexuelles.

Après une première vague d’indignation vers mars 1919, tout débuta véritablement en avril 1920. Contrevenant aux clauses du traité de Versailles, la Reichswehr était entrée dans la région de la Ruhr pour mater les ouvriers insurgés depuis le putsch de Kapp. Les Français occupaient alors en représailles Francfort et Darmstadt. Des troupes marocaines, prises de panique, tirèrent à la mitrailleuse dans la foule lors d’une manifestation, causant plusieurs morts. Dès lors, la campagne se radicalisa.

Lancée à l’origine par la presse d’extrême-droite allemande, cette rumeur fut reprise par les autorités gouvernementales, qui y virent un moyen de contester le bien-fondé de l’occupation de la Rhénanie, le gouvernement français étant accusé de soumettre une population occidentale blanche au joug de ressortissants de peuples « primitifs. L’objectif du gouvernement allemand était de convaincre les alliés de la France (États-Unis et Angleterre, …), que celle-ci se comportait d’une manière indigne d’une nation civilisée.

La gouvernement allemand indiqua dans une note interne : « L’Allemagne a tiré les enseignements du conflit mondial ; elle sait le poids des opinions publiques et l’impact d’une propagande massive dans la bataille diplomatique qui l’oppose à la France. En montrant la France comme une nation belliqueuse, assoiffée de revanche, qui ne pense qu’à « humilier » et « asservir » l’Allemagne, le Reich entend déstabiliser la position de la France dans les négociations de l’après-guerre. Sont notamment en jeu l’occupation du territoire et le paiement des réparations… » (Le Naour) Il émit ensuite une protestation officielle, via les autorités suisses : «la mise en place de troupes de couleur en territoire allemand est une insulte au sentiment de la communauté de la race blanche. Ce sentiment devrait aussi animer nos adversaires qui ont déclaré vouloir fonder une Société des nations»

On lit alors dans les Frankfurter Nachrichten du 7 juillet 1921 : «Des jeunes filles ont été conduites chez des médecins sans connaissance et les veines presque vides de sang. Les Noirs coupent souvent les artères à leur victime ou les mordent et sucent ensuite leur sang. Ce sont évidemment des bêtes sauvages. »

En France, le journal Le Populaire s’emporta : « Quel est le crétin, l’intégral crétin […] qui a trouvé bien glorieux de loger dans la maison de Goethe des Noirs également remarquables pour leur courage à tout faire, pour leur excellence à propager la vérole, pour leur inaptitude à bien articuler un langage européen, et pour leur ignorance, et partant leur mépris pour l’auteur de Faust? »

Le Commissariat général des troupes noires, chargé depuis le 11 octobre 1918 de la tutelle morale et matérielle des troupes noires en service en Europe, fit procéder en Rhénanie, en février, juin et septembre 1921, à des enquêtes. Ces enquêtes démontrent le caractère totalement infondé de ces diverses accusations. En 1922, le capitaine Bouriand est chargé par l’État-major français de mener une enquête sur La campagne allemande contre les troupes noires (les Anglais et les Américains feront la même chose par la suite) : «En plus d’un an de séjour, il n’y a eu qu’une plainte et la plainte faute de preuves a été suivie d’un acquittement par le conseil de guerre», notera-t-il, en précisant que les troupes sénégalaises avaient quitté le Rhin au 1er janvier 1920, et les troupes malgaches, le 1er novembre 1921. Dans un courrier, -et les Américains arriveront à la même conclusion- il dénoncera la propagande politique allemande et ses «tracts calomnieux».

Le ministre des Affaires étrangères socialiste Adolf Köster alla pourtant jusqu’à dénoncer « le danger sanitaire que fait peser sur l’Allemagne et l’Europe le recours aux cinquante mille hommes d’une race étrangère » (NdR : chiffre exagéré, le nombre réel n’en a jamais dépassé la moitié) alors que le président socialiste de la République Friedrich Ebert affirma qu’« il faut que soit proclamé dans le monde que les habitants de la Rhénanie considèrent l’utilisation de troupes noires de la plus basse culture, pour contrôler une population représentant une haute civilisation et une puissante économie, comme une atteinte insolente aux lois de la civilisation européenne ».

Mais ce qui n’est encore que protestations isolées se transforme en vaste mouvement d’opinion et de pression à la suite d’un article de l’anticolonialiste anglais Edmund Morel dans le Daily Herald. Le 10 avril paraît à la une de ce quotidien du Labour Party un long article au retentissement formidable dénonçant «le fléau noir en Europe» : non contents d’employer pendant la guerre «des centaines de milliers de barbares africains primitifs qui remplissaient leurs musettes d’yeux, d’oreilles et de têtes de l’ennemi», les militaristes français inondent l’Allemagne occupée de troupes noires, au nombre de 30 à 40 000 rien que dans le Palatinat. «Ils y sont devenus un effroi et une épouvante pour toute la population par le viol des femmes et des jeunes filles.» L’horreur ne s’arrête pas là puisque le viol est suivi «presque toujours» de la maladie, étant donné que les Noirs ont tous la syphilis. Enfin, Morel s’attarde sur les disparitions, les fameux cadavres découverts dans le fumier d’une caserne, l’ignoble contrainte pesant sur les municipalités mises en demeure d’ouvrir des maisons de tolérance et de les pourvoir en jeunes filles et en jeunes garçons, les suicides des femmes déshonorées par les Noirs. «Les choses sont de telle nature que des étrangers les jugeraient de pure invention qu’elles soient imprimées ou racontées», ajoute-t-il pour mieux convaincre. Les Noirs sont-ils pour autant les vrais responsables de ces atrocités quotidiennes? Les militaristes français sont en effet bien plus coupables: ils ont recruté leurs troupes coloniales parmi les peuples les plus primitifs, à dessein, et les laissent libres de violenter la population civile, leurs instincts ne pouvant être contrôlés. Il est vrai que «les races africaines sont de toutes les races les plus sexuellement développées. […] Elles sont insatiables sur le plan sexuel. C’est un fait parfaitement connu

Ce sont d’abord les socialistes qui ont relayé les propos d’Edmund Morel, et il n’est pas rare que leurs journaux aient traduit fidèlement l’article du Daily Herald. Dès le 11 avril, en France, le socialiste Jean Longuet en donne communication dans un meeting réunissant féministes et internationalistes. Deux jours plus tard, il livre un article violent au Populaire qui lui vaudra les poursuites du ministre de la Guerre : «Les révélations douloureuses publiées par E. D. Morel, dans le Daily Herald, viennent souligner le scandale de l’emploi de demi-sauvages d’Afrique comme troupes d’occupation en un pays européen. Les viols accompagnés des pires violences – voire de véritables assassinats -, les terribles progrès faits par les maladies vénériennes, et en particulier par la syphilis, parmi les jeunes femmes du bassin de la Sarre et de la rive gauche du Rhin, livrées à toute la brutalité des Sénégalais et des Marocains, voilà quelques-uns des crimes que le Daily Herald dénonce.» (Le Naour)

On lira donc avec effroi ce pamphlet du journaliste britannique socialiste E.D. Morel : The Horror on the Rhine, paru à la suite des articles en 1920, monument de propagande… (si quelqu’un peut trouver une version française…)

Au vu de la vive émotion internationale (en particulier aux États-Unis), le gouvernement, en même temps qu’il rejetait comme calomnieuses ces accusations, remplaça piteusement les troupes coloniales (Sénégalaises, Marocaines, Malgaches) progressivement stationnées sur le Rhin par des troupes métropolitaines, y-compris les troupes antillaises, lesquelles, ulcérées, protestèrent à l’Assemblée par la voix du député de la Martinqiue Gratien Candace.

 

En Allemagne, cette campagne de propagande fut répercutée par des films, pièces de théâtre, romans, affiches, etc.

honte noire schwarze schmach Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

« Occupation française de la Ruhr », brochure illustrée de A.M. Cray, 1923.

honte noire schwarze schmach Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzunglocar

honte noire schwarze schmach Occupation de la Ruhr par la France en 1923 Ruhrbesetzung

 

Elle fut ensuite reprise par Adolf Hitler :

« Car il faut qu’on se rende enfin clairement compte de ce fait : l’ennemi mortel, l’ennemi impitoyable du peuple Allemand est et reste la France. […] C’est pour cette raison que la France est, et reste, l’ennemi que nous avons le plus à craindre. Ce peuple, qui tombe de plus en plus au niveau des nègres, met sourdement en danger, par appui qu’il prête aux Juifs pour atteindre leur but de domination universelle, l’existence de la race blanche en Europe. Car la contamination provoquée par l’afflux de sang nègre sur le Rhin, au coeur de l’Europe, répond aussi bien à la soif de vengeance sadique et perverse de cet ennemi héréditaire de notre peuple qu’au froid calcul du Juif, qui y voit le moyen de commencer le métissage du continent européen en son centre et, en infectant la race blanche avec le sang d’une basse humanité, de poser les fondations de sa propre domination. Le rôle que la France, aiguillonnée par sa soif de vengeance et systématiquement guidée par les Juifs, joue aujourd’hui en Europe, est un péché contre l’existence de l’humanité blanche et déchaînera un jour contre ce peuple tous les esprits vengeurs d’une génération qui aura reconnu dans la pollution des races le péché héréditaire de l’humanité. » [Adolf Hitler, Mein Kampf]

Le récit de ces atrocités rencontre un immense écho dans toute l’Allemagne. Seules les enquêtes internationales menées permettront de convaincre les démocrates, les socialistes, les féministes germaniques de l’inanité de telles affirmations. Pour autant, le gouvernement allemand ne formule pas de protestations. Les ligues nationalistes n’abandonnent pas leur campagne de dénigrement et mènent une intense propagande (conférences, diffusion de tracts).

Dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir a lieu le recensement des métis allemands. Une des lois de Nuremberg édictées par le régime national-socialiste en 1935 dispose, en son article 13 que « la terre ne peut appartenir qu’à celui qui est de sang allemand ou apparenté. N’est pas de sang allemand celui qui a, parmi ses ancêtres, du côté paternel ou du côté maternel, une fraction de sang juif ou de sang noir ». Les Afro-Allemands sont alors déchus de leur nationalité, leurs passeports sont confisqués et les études universitaires, le service militaire et les bains publics leur sont progressivement interdits, ainsi que le mariage avec des Allemands; ceux prononcés antérieurement sont même progressivement annulés. En 1937, les Nazis lancèrent une loi instituant la stérilisation forcée des métis allemands : la moitié de ces adolescents « bâtards du Rhin » (RheinlandBastarde) furent effectivement stérilisés (environ 400) – pour donner une apparence de légalité, 90 % des mères donnèrent leur accord, menacée sinon de camp de rééducation. Les massacres de tirailleurs sénégalais prisonniers en 1940 ont également été décrits comme étant une conséquence de cette campagne de propagande de l’immédiat après-guerre.

Sources :

Jean-Yves Le Naour, La Honte noire : L’Allemagne et les troupes coloniales françaises, 1914-1945, Hachette, Paris, 2004.

Jean-Yves Le Naour, Synthèse sur la Honte Noire, 2006

À suivre dans le prochain billet : L’hyperinflation allemande de 1923

41 réactions et commentaires

  • Martin // 27.10.2015 à 04h02

    Aujourd’hui, Israel stérilise les noires sans leur consentement, sans même leur dire et on en fait pas un drame dans les médias. On ne parle pas d’atrocité. Bref, ce qu’Hitler a fait il y a 80 ans est considéré horrible, mais la même chose aujourd’hui par Netanyahu est banale.

    http://www.lepoint.fr/monde/quand-israel-force-ses-ethiopiennes-a-la-contraception-30-01-2013-1622050_24.php

      +30

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  • Papagateau // 27.10.2015 à 04h32

    Propagande de guerre en temps de paix.
    Propagande d’autant plus efficace qu’on se croît en temps de paix, donc de vérité.
    Rien de changé.
    Peut être parce que pour ceux d’en haut, la vérité, c’est ce qui les sert.

      +8

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    • Pascalcs // 27.10.2015 à 05h16

      « Peut être parce que pour ceux d’en haut, la vérité, c’est ce qui les sert. »

      Je pense que pour ceux « d’en haut », la vérité est plutôt ce qui les dessert en général.

        +16

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  • Zasttava // 27.10.2015 à 08h51

    Billet très intéressant sur une partie de l’histoire qui m’était inconnue dans ses détails.
    Merci beaucoup.

    Du reste, je n’ai pu m’empêcher de me demander avec ironie ce que penseraient ces gouvernements allemands de la politique d’immigration de Mme Merkel aujourd’hui…

      +10

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    • V_Parlier // 27.10.2015 à 21h40

      Une page d’histoire peu connue de moi, c’est vrai, et qui me surprend aussi. Encore un récit qui démontre le rôle stupide et haineux qu »a joué la France en créant le terreau propice pour exacerber en Allemagne ce qui deviendra la nazisme (décidément, répandre la haine et éventuellement le fascisme c’est la spécialité de nos tendres « républicains » bisounours depuis le 20e siècle, je vais finir par le croire vraiment) . Mais comme chacun a son interprétation de « l’histoire se répète », on a beau le dire ça ne sert à rien.

        +5

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      • Aquarius // 05.11.2015 à 16h42

        Ah oui, et si les Allemands ne sont pas d’accord pour nous payer leur dette de guerre, on leur envoi un billet doux parfumé avec de l’huile essentielle de rose avec marqué dessus « Gros polissons » ?

        Et bientôt ça va être de notre faute si ils sont racistes et plein de mauvaise volonté ? Vous êtes sûrs ? Et comme il y a eut des missionnaires français au Japon, on pourra aussi conclure brillamment que c’est de notre faute si les Japonais ont été de véritables salopards pendant la 2nde Guerre et ont torturés et humiliés sans raison pendant des années tous leurs prisonniers ?

        « … qui démontre le rôle stupide et haineux qu”a joué la France en créant le terreau propice pour exacerber en Allemagne ce qui deviendra la nazisme  »

        Et alors ensuite on démontre le rôle stupide et haineux de la France dans la barbarie des esclavagistes musulmans qui fouettaient leurs esclaves dans les galères jusqu’à ce que mort s’en suive ?

        Et oui, faites une thèse ! Et après la démonstration que le nazisme est une création d’origine française et non allemande, on démontre que les milliers de sacrifices humains perpétrés par les barbares aztèques pour nourrir leur dieu de la guerre abject ainsi que la destruction systématiques qu’ils ont fait des codex Mayas sur le continent américain est aussi d’origine française ? Chiche ?

        « bisounours », hein ?

          +0

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  • Macarel // 27.10.2015 à 09h15

    C’est la guerre qui avilit l’homme. Quelle que soit sa couleur, sa culture, sa nationalité, ou son ethnie.

      +9

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  • Charlie Bermude // 27.10.2015 à 10h22

    Ce sujet s’impose crucialement dans notre contexte actuel . Il en révéle aussi les spécificités par rapport à ce précédent .
    La principale me semble étre la position tout a fait opposée des USA , hier capable d’annuler la dette dont ils étaient créancier en dernier ressort car richissime , ajourd’hui débiteurs , avec créanciers dispérsés et incapables de prendre un leadership .
    En supposant que la Chine , face le sacrufuce de ses réserves ou l’accepte , elle accepte du méme coup un role de sous traitant subalterne par rapport aux States .

      +3

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  • Anouchka // 27.10.2015 à 10h25

    En bref, les Nazis n’ont rien inventé: ils procédaient tout naturellement d’une culture européenne qui considérait à l’époque le racisme comme allant de soi et comme nécessaire a la préservation de la civilisation.

      +3

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    • Crapaud Rouge // 27.10.2015 à 13h18

      Certes, le racisme allait de soi à cette époque où tous les maux de la société devaient trouver leur solution par l’eugénisme, le perfectionnement de la race, le darwinisme, etc. Mais les nazis ont quand même beaucoup inventé pour aller plus loin et plus vite que les autres.

        +5

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      • Anouchka // 27.10.2015 à 17h08

        Oui. À moins que l’industrialisation et la rationalisation du crime de masse soit aussi un signe des temps.
        On a tendance à vouloir  » isoler » le peuple et la culture allemands du reste de l’Occident dans cette histoire de nazisme. C’est en partie justifié, mais en partie seulement à mon avis. La spécificité des Nazis existe mais je crois qu’ il faut plus aller chercher du côté de leur caractère profondément mystico-religieux, que pointer du doigt la façon dont ils ont perpétré leurs crimes. La dimension mystique de leur mouvement permet de mieux comprendre pourquoi ils ont poussé si loin le délire raciste

          +3

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      • Homère d’Allore // 28.10.2015 à 00h43

        Il y a certes des spécificités intrinsèques à la Shoah. Comme le caractère industriel du meutre de masse.
        Mais l’idée de race « à exterminer » et non « à civiliser » ou « à soumettre » n’est pas l’apanage des nazis.
        La politique britannique vis à vis des Tasmaniens fut une véritable guerre d’extermination. Les troupes coloniales allemandes en Namibie sous le commandement de Von Trotha furent coupables de ce que l’on appelle maintenant un génocide.

        Il faut lire Sven Lindqvist à ce propos. Particulièrement « Exterminez toutes ces brutes » et « Terra Nullius ».
        Il trouve dans les politiques coloniales les racines de l’idéologie du « Lebensraum » et de la nécessaire extermination des races inférieures.

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    • Crapaud Rouge // 27.10.2015 à 21h15

      « une réalité non-dite parfois pérenne » : je pense que c’est la bonne hypothèse, malheureusement. Il suffit de penser aux Palestiniens, ou à ce qui se passe en Birmanie (http://www.saphirnews.com/Birmanie-l-ONU-peine-a-reconnaitre-le-racisme-anti-musulman_a16481.html) : « Les Rohingyas sont considérés comme l’une des ethnies les plus persécutés au monde par les Nations Unies. » Et par qui sont-ils persécutés ? Par des bouddhistes, des gens qui pratiquent la religion la plus pacifique qui soit !

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  • Bordol // 27.10.2015 à 10h42

    (La résistance se poursuivit néanmoins sans discontinuer. Ainsi, le 10 juin à Dortmund, deux officiers français furent abattus en pleine rue. La réaction des Français coûta la vie à sept civils.)

    Ça fait drôle de lire ça ! On ne cesse de nous balancer les mêmes histoires sur la seconde guerre mondiale, on ne cesse de nous dire qu’il y a eu au XXème siècle des bons et des méchants…et là, bien avant Jean Moullin, c’est nous qui avons exécuté des civils allemands, bien avant l’occupation de 1940, c’est nous qui avons occupé la Rhür, bien avant les multiples exactions commises par l’armée du Reich, c’est nous qui avons violé des allemandes. Bien avant que l’Allemagne ne fasse mourir de faim toute l’Europe (comme elle le fait en ce moment en Grèce…) c’est nous qui avons imposé une dette de guerre qui a poussé la population allemande dans la misère. D’ailleurs, on ne cesse de mettre en exergue la politique racialiste allemande des années 1940 mais franchement, avec toutes les tribus africaines que l’on a exterminé, avec tous les algériens massacrés par l’armée française, peut-on dire que ce fut si différent que ça dans notre empire colonial ? Je pose juste la question.

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    • Aquarius // 05.11.2015 à 17h11

      Cela s’est passé des milliers de fois sur tous les continents : une lutte de pouvoir, armée, entre 2 camps. A chaque fois les femmes du camp du perdant ont été violées, les richesses pillées, les opposants abattus. En Egypte antique c’était déjà comme ça. Dans le Japon médiéval, dans la Chine antique, en Afrique noire des milliers d’années avant J-C, etc

      Le fait que la France est fait le nécessaire pour faire respecter une dette de guerre n’excuse en rien la barbarie nazie qui a suivie.

      Ce qu’il s’est passé au cours de l’occupation de le Ruhr est d’une banalité affligeante. Quant aux Allemands qui ont été instrumentalisés par le pouvoir en place pour contrer les intérêts de la France, ils savaient TRES BIEN à quoi ils s’exposaient. Ils en assumaient, seuls, les risques. Ils savaient très bien que si ils violentaient ou menaçaient les forces françaises, ils se feraient tirer dessus (d’ailleurs l’Histoire à montré sans ambiguité que les Allemands eux-mêmes avaient la gâchette plutôt facile – ils ne sont pas des « victimes » mais des acteurs de ce qui leur est arrivé). Ils ont cherchés la bagarre avec les troupes françaises, ils savaient à quoi ils s’exposaient. Le scénario aurait d’ailleurs été identique si les troupes étaient anglaises, américaines, espagnoles, italiennes, autrichiennes, russes, japonaises, chinoises, arabes, africaines, etc, … ou même allemandes !

      Si des gens vont chercher la confrontation volontaire avec une armée d’occupation … et bien ils l’obtiennent ! Il n’y a pas d’exception à ma connaissance ?

      Il n’y a pas de « culture de l’excuse » à pratiquer dans cette situation, qui n’a rien d’extraordinaire d’ailleurs aux yeux de l’Histoire.

      Ce sont des VOLONTAIRES qui vont chercher le rapport de force, personne n’a obligé ces Allemands à mettre des bâtons dans les roues dans l’effort français pour récupérer les sommes dues. Le perdant paye, c’est la loi. A chaque fois que la France a perdue, elle a dû payer elle aussi. C’est une loi universelle sur Terre, sur tous les continents et à tous les époques, il n’y a d’écrit nulle part que Dieu, Allah, Bouddha ou Gros Minet a décrété à la naissance du Monde qu’il y aurait une exception pour les Allemands !

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  • yann // 27.10.2015 à 11h06

    @Bordol

    La population algérienne est passée de 2.5 millions à 12 millions d’habitants entre 1830 et 1962, on fait mieux comme génocide. D’ailleurs quand les Français sont arrivés l’Algérie était déjà une colonie ottomane. Il faut arrêter avec les délires gauchistes sur la méchanceté coloniale française. Paul Bairoch a d’ailleurs montré que les empires coloniaux avaient couté beaucoup plus cher aux états d’Europe de l’Ouest que ce qu’ils n’ont rapporté. C’était en fait un grand gaspillage en plus d’être une absurdité. Mais les Français n’ont jamais fait de camp de la mort ou organisé l’extermination des populations locales comme les Anglais en Afrique du Sud avec la guerre des Boers ou les Espagnoles avec les précolombiens. D’autre part si vous aviez suivi le texte vous auriez vu que la France était elle même aux prises avec des dettes de guerre tenues par les Américains. Les Anglo-saxons ont toujours tout fait pour diviser l’Europe et dresser les nations du continent les unes contre les autres.

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    • Anouchka // 27.10.2015 à 11h53

      La colonisation francaise du XIXème siecle a peut-être ete plus maquee par les idéaux universalistes de la révolution française que sa consœur anglaise (beaucoup plus fondée sur l’approche racialiste justement).
      Mais vous n’êtes pas juste lorsque vous évoquez le massacre des amérindiens par les espagnol sans évoquer la politique coloniale francaise des XVIIe-XVIIIe siecle (les différents codes noirs qui sous l’influence de ce qui se pratiquait dans les colonies anglaises sont devenus de plus en plus durs et racistes)

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      • Furax // 27.10.2015 à 15h03

        Mais le code noir, ce n’était pas de la colonisation. C’était de l’esclavagisme dans les colonies, ce qui est très différent. Il n’y a en effet pas de singularité française en matière d’esclavagisme.

        En revanche, il y en a bel et bien eu en matière de colonisation.

        D’abord (même si je commence par la colonisation la plus récente) il y a eu une singularité de la seconde colonisation française (celle commencée au 19ème siècle), avec la logique assimilatrice qui tenait surtout à l’idéologie universaliste et assimilationniste de la république.

        Ensuite, si on remonte jusqu’à la première colonisation française, sous la monarchie, il y a une très forte singularité de la colonisation française en Amérique du nord par rapport aux colonisations espagnole ou anglo-britannique.
        Les colons français ont noué des relations beaucoup moins violentes avec les amérindiens que les colons espagnols ou les colons britanniques dans les territoires qu’ils contrôlaient. Certainement parce qu’ils étaient moins nombreux, mais pas pour cette seule raison.

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        • Anouchka // 27.10.2015 à 16h07

          Est-ce que vous parlez de la Louisiane quand vous évoquez la singularité de la colonisation francaise en Amérique?

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      • Bordol // 27.10.2015 à 15h13

        Des « idéaux universalistes » comme ceux portés par un Jules Ferry que l’on ne pouvait pas soupçonner d’être royaliste catholique ? « Le droit et le devoir de civiliser les races inférieures » comme il disait…

        Désolé mais non, le colonialisme même français, même républicain, même inspiré par l’idéologie des lumière reste du colonialisme, et le colonialisme est une abomination quel que soit celui qui le pratique et celui qui en est victime.
        Les royautés françaises, anglaises et espagnoles ont peut-être colonisé et martyrisés des gens au nom de Dieu, du Roi et de la Patrie ; mais il n’en reste pas moins qu’à l’heure où on parle : c’est au nom des droits de l’homme que l’on bombarde en Syrie & en Libye, c’est au nom de la démocratie qu’on a envahi l’Irak, c’est au nom du liberté du commerce devant abolir les frontières que l’on colonise économiquement la Grèce ou l’Espagne et que l’on met sous pression l’Amérique du sud.
        Je ne sais pas si on peut parler du colonialisme & de l’impérialisme comme d’une boîte de Pandore ouverte par les vieilles monarchies nationales et religieuses européennes.
        Mais le fait est qu’aujourd’hui, ce ne sont plus les rois consacrés qui colonisent, mais bien les « démocraties », manipulées par des pouvoirs vénérant le dieu argent, qui se drapent dans les idéaux universalistes droit-de-l’hommistes et politiquement corrects qui font régner la misère, la mort et l’effroi sur les peuples sur le monde entier, y compris chez nous.

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        • Anouchka // 27.10.2015 à 16h43

          « C’est au nom des droits de l’homme que l’on bombarde en Syrie ou en Libye ».
          Rassurez-vous, c’est aussi au nom des droits de l’homme que les Anglais ont colonisé l’Amérique du Nord, ont massacré les Amerindiens et importé de la main d’œuvre servile. Relisez John Locke, le théoricien des droits de l’homme, il justifie cela très clairement et tres philosophiquement.

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        • theuric // 27.10.2015 à 18h40

          Les colonisateurs et les esclavagistes devaient se justifier, ne serait-ce qu’à leurs propres yeux.
          Mais il y avait aussi un discours universaliste qui, il est vrai, fleurait bon le doudouisme.
          Veuillez, je vous prie, ne pas faire d’anachronisme.
          Comment voulez-vous comparer le XIX° siècle avec aujourd’hui, c’est absurde.
          Gnagnagna, nos ancêtres étaient des méchants, comme discours, ça ne va pas loin.
          Réfléchissez plutôt à ce qu’ils étaient.
          Et aussi et surtout à ce que nous sommes, parce que, quoi que vous en pensiez, nous sommes leurs héritiers.
          Croyez-vous vraiment que ne traine pas, dans notre inconscient, quelques relent de cette époque qui n’attend que le bon moment pour revenir, si ce n’est déjà fait pour quelqu’un comme Monsieur Todd.
          Croyez-vous que ce soit en rejetant d’une façon ou d’une autre que l’on peut se dégager de tout cela?
          Non, mille fois non!
          Seule la compréhension de notre histoire et de la psychologie de nos anciens, de ce qu’ils nous ont légué, nous permettra, avec un peu de chance, d’en écarter les effets les plus imbéciles et funestes.
          Sinon ces monstres grimaçant, qui n’attendent que cela, referont surface.
          Et ne vous en faites pas, vous les suivrez tous, sans une exception.
          C’est pourquoi je me permets de faire l’éloge du travail accomplit par Monsieur Berruyer, parce qu’il nous permet, justement, de nous questionner sur nous mêmes.
          De plus, les européens ne sont pas parti de l’Afrique subsaharienne parce que le moment en était venu, ni pour les peuples des anciennes colonies européennes, ni pour les européens, anglais compris.
          Mais parce que la guerre froide commençait et que ni les U.S.A., ni l’U.R.S.S. ne voulaient que ces colonies perdurent.
          Ils ont donc interrompu le processus de décolonisation en cours en l’accélérant, et les peuples d’Afrique subsaharienne n’étaient pas prêts, ni les colonisateurs, il ne s’en est fallu que de quelques années, nous en sommes tous frustrés (et n’allez pas me dire :moi frustré, ah bon, où ça?, Ça ne prendra pas avec moi, je vous parle ici d’inconscient et non pas de conscient).
          Ce qui fait que, si nous ne prenons pas conscience de ce fait, nous revivrons une courte période de retour à la colonisation, sous une forme ou une autre, inéluctablement, voyez ce qu’il se passe au Mali.
          L’inconscient s’ingénie toujours à nous conduire là où il désir que nous allions.
          Sauf si nous comprenons, encore et toujours, les méandres tortueux de l’histoire, individuelle et/ou collective.
          Si il n’y a pas cette volonté de compréhension, et rien que cette volonté est déjà d’importance, nous iront droit là où j’ai dit.
          Le reste des discours ne sont que des caches-sexes que crée notre inconscient pour nous protéger, sous une forme ou une autre, et qu’est-ce que l’inconscient, tout simplement, comme le disait Karl Jung, ce qui n’est pas conscient.
          Parce que si il y a trop de déséquilibres entre conscient et inconscient, ce dernier fera tout pour protéger notre esprit, jusqu’aux actions les plus stupides et/ou les plus méprisables.

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    • Vladimir K // 27.10.2015 à 14h48

      En effet, le régime de l’indigénat instauré par les Français était sans doute bien plus démocratique que ses équivalents anglais ou espagnols j’imagine.

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      • Anouchka // 27.10.2015 à 16h13

        Quand je parlais de la spécificité de la colonisation francaise par rapport à l’anglaise, je faisais notamment référence a ce qu’en dit Hannah Arendt dans « l’impérialisme ».d’après elle, le type de colonisation mis en place par les Français etait proche du système de l’empire romain, tres marqué par le principe de l’égalité juridique. Au contraire des Anglais qui distinguaient soigneusement « le droit des Anglais » du droit des autres peuples.

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        • INTERIMLOVER // 27.10.2015 à 17h28

          Ca vous paraîtra trivial sans doute, mais…

          Dans le football des années 1930, il n’était pas rare que bonne moitié de l’équipe nationale de France fût composée d’étrangers de souche…dont issus des colonies (Diagne, Ben Barek…).

          En Angleterre, il faut attendre 1978 pour voir enfin évoluer un noir sous le drapeau national (Viv Anderson, né en Angleterre).

          Avant lui, et qu’importât leur talent : veto de la fédération (laquelle, aux Îles, est directement liée à l’establishment aristocratique)…

          En Belgique, il fallut attendre 1987 pour voir un enfant des (anciennes) colonies, quoique né en Belgique, enfin sélectionné chez les Diables Rouges.

          Non sans raison je crois, ni sans vouloir le critiquer plus que de raison (il a bien assez été diabolisé ainsi…), j’observe enfin que le colonialisme « à la belge » fut souvent dépeint comme un « apartheid light ».

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        • Vladimir K // 27.10.2015 à 17h52

          L’indigénat n’est pas tout à fait une démonstration de cette « égalité juridique ».

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        • Astatruc // 27.10.2015 à 20h58

          Theuric, vous soulevez quelque chose de très intéressant, pour rebondir sur votre post,
          Un peu ardu mais tellement juste:
          Michela Marzano « La peur des autres Mythe ou réalité Philosophies tv  »

          https://www.youtube.com/watch?v=pOJU3wxB0LA

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    • INTERIMLOVER // 27.10.2015 à 17h11

      Et moi qui croyais connaître la vie et les opinion Edmund Morel… Ce que vous dites là ne m’étonne guère, que du contraire, mais merci de l’enseignement!

      A ce propos, et puisque sa mémoire fut récemment ravivée par l' »historien » américain Hochschild : plus grande prudence de mise avec le susmentionné, digne héritier surtout d’un bon siècle de terrorisme intellectuel, et le moins du monde désintéressé…

      Je suis profondément anti-impérialiste (et donc -colonialiste), je tiens à le préciser… Mais du bilan financier des colonisations, modeste contribution : la Belgique connut une croissance très spectaculaire dans la foulée immédiate de la…décolonisation du Congo (je laisse Ruanda et Burundi de côté)…

      Explication faisant semble-t-il autorité : parce que bonne part des capitaux (certes pas tous, mais…) avaient mécaniquement reflué de la colonie vers la Métropole…

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      • Joël // 29.10.2015 à 06h22

        Au sujet de la Belgique et du Congo, veuillez chercher le dossier appelé contentieux belgo-congolais qui opposa la République du Zaïre au Royaume de Belgique. Veuillez lire aussi pourquoi la Belgique a assassiné le premier ministre Lumumba. Vous y comprendrez pourquoi il eût ce regain de l’économie belge après la soit disante décolonisation.

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  • Micmac // 27.10.2015 à 13h45

    Je ne suis pas d’accord sur le fait que le traité de Versailles fut une erreur, n’en déplaise à Keynes ou autre Wilson, qui ne voyaient pas les choses de la même façon, n’ayant pas une nation très militarisée et belliciste à leurs frontières.

    Je ne suis pas historien, mais voilà ce que j’en pense après quelques lectures au fil des ans…

    Sur les réparations :

    Si les torts du déclenchement de la guerre furent partagés, le Kaiser en a systématiquement rajouté lorsque un compromis était sur le point d’être trouvé. Par exemple, au dernier moment, Nicolas II parvient à arracher la promesse du Kaiser de ne pas mobiliser, contre la promesse Russe de ne pas mobiliser non plus. Aussi belliqueux que soient les partis de la guerre en France et en Angleterre, ils ne pouvaient pas partir en guerre sans leur second front, sans les Russes. Et que croyez vous qu’il arriva? L’Allemagne décrète la mobilisation générale le lendemain de l’accord! Nicolas II (très en colère, ce qui ne lui ressemble pas) mobilise le lendemain, et la fête peut commencer. Ce n’est que l’ultime épisode. Le fait est que chaque fois qu’un compromis peut être trouvé, le Kaiser en rajoute une couche. C’est manifeste, il veut sa guerre… Difficile de ne pas en tirer la conclusion que Guillaume II a vu l’assassinat de Sarajevo comme autre chose qu’une merveilleuse opportunité…

    Sur les débuts de la guerre elle même, l’Allemagne commence fort en envahissant deux pays neutre (la Belgique et le Luxembourg). La Belgique est presque complètement envahit, et même si se fut amplifié par la propagande, les exactions contre les civils belges furent nombreuses pendant cette invasion (peut-être pour effrayer les Français). Et les destructions dans ces deux pays furent nombreuses aussi au cours de la guerre. Le Nord de la France est presque entièrement rasé. L’Allemagne est intacte.

    La France avait remboursé des réparations très équivalentes en volume (compte tenu du PIB de la France en 1870 et de l’Allemagne en 1918) après la guerre de 1870 alors que la guerre s’était déroulée sur son sol et que l’Allemagne n’avait subit aucun dommage. Ces réparations avaient été calculées pour que la France sombre et ne puisse jamais rembourser et devienne un pays de deuxième zone. Et pourtant, tout fut remboursé intégralement (la croissance économique et la mise à contribution des colonies ont permis ce remboursement).

    Sur la crise et l’hyperinflation : c’est parce que l’Allemagne refusait de payer qu’elle fait tourner la planche à billets, pour rembourser en « monnaie de singe ». C’était possible parce que l’Allemagne importait peu (les économies de l’époque dépendaient plus du charbon que du pétrole). Lorsque le gouvernement décide que ça suffit et que ça doit s’arrêter, il indexe le Mark sur le court du seigle (le fameux « Mark de seigle ») et ça s’arrête du jour au lendemain. L’hyperinflation rend la vie difficile, mais les gens se débrouillent. Les allemands ont beau donner l’impression d’être un peu rigides, ils ont appris la débrouille avec les privations de la guerre. Salaires journaliers pour les ouvriers et employés, trocs, échange de services, paiement différés négociés à l’amiable pour les petites entreprises. Les grandes entreprises avait accès aux devises étrangères. C’était une situation difficile, ça ne pouvait pas durer éternellement (d’ailleurs, encore une fois, lorsque le gouvernement allemand décide que ça doit s’arrêter, ça s’arrête), mais pas un enfer invivable (sauf pour les rentiers qui sont laminés). Pour la grande majorité des allemands, l’hyperinflation ne fait que prolonger les pénuries et les difficultés de la guerre à l’arrière. C’est même moins difficile, puisque pendant la guerre, à partir du printemps 1918, il n’y presque plus rien à bouffer… Lire l' »Obélisque Noir » de Remarque sur cette période d’hyperinflation, tout y est décrit sur la vie quotidienne.

    Ce n’est pas l’hyperinflation qui permet la prise du pouvoir par les nazis. L’hyperinflation cesse en 1923. Le parti nazi monte pendant cette periodique (1922-1923), mais s’effondre ensuite lorsque la prospérité revient. C’est la crise de 29 et la politique déflationniste (ça ne vous rappelle rien?) du chancelier Brüning qui fait exploser le chômage et le remet en scelle. Avant 1929, le parti nazi n’est plus qu’un groupuscule d’agités qui rumine sa rancœur du « coup de poignard dans le dos » et du « dictat de Versailles ».

    Si l’hyperinflation est restée dans l’inconscient collectif allemand comme un symbole de la nécessité d’une monnaie forte, c’est plus un symbole d’autre chose (je ne sais pas trop de quoi…) que la manifestation d’une mémoire collective, basée sur des faits.

    Sur l’occupation militaire des rives du Rhin :

    Elle devait durer 15 ans et s’achève bien avant. Ce qui reste, c’est que cette zone doit rester démilitarisée, et ça, c’était légitime et ça aurait dû être défendu, lorsque Hitler réoccupe la Rhénanie.

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    • LBSSO // 27.10.2015 à 19h07

      Merci pour votre synthèse Micmac.

      L’angle que vous choisissez est essentiellement économique (hyper et déflation,chômage,pénalités,crise de 29,etc…). Ce contexte permet l’ascension,certes irrégulière mais réelle des nazis.Je souhaite partager une réflexion quant à ce type d’analyse.

      Pourquoi ce contexte n’a t il pas profité à d’autres partis politiques en Allemagne qu’ils soient ou non marxistes ?

      Je ne souhaite pas ici tenter de répondre à cette question mais ceux et celles qui ont lu votre post doivent l’avoir à l’esprit..

        +2

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      • LBSSOl // 28.10.2015 à 07h18

        Bonjour Micmac,
        Je partage votre analyse en particulier votre avant dernier paragraphe.
        Je ne voudrais pas trop m’étendre,car c’est limite hors sujet.
        Alors deux éléments parmi beaucoup d’autres possibles (il y aura d’autres occasions d’échanger ,malheureusement…) sans y répondre:
        -la droite catholique aurait elle pu en profiter ?
        -Enfin ,vous abordez la réflexion en citant ,justement ,des faits globaux.Il y a également la personnalité des acteurs.Il n’ y a pas que des circonstances et des mécaniques qui font l’histoire.Les personnalités également . Le nazisme aurait il existé à ce point sans Hitler ou Rohm par exemple ?

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    • Pierre Bacara // 28.10.2015 à 00h23

      « […]le Kaiser […] Guillaume II a vu l’assassinat de Sarajevo comme […] une merveilleuse opportunité… »

      Redite : le plan Schlieffen d’invasion de la France en 1914 était à l’étude depuis 1891 (un quart de siècle).

        +3

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    • Krystyna Hawrot // 28.10.2015 à 17h58

      Je suis d’accord avec vous – pour les nations d’Europe de l’Est qui ont recouvré leur indépendance après une domination de 123 ans pour les Polonais, ou de … 400 ans pour les Tchèques, c’est difficile de dire que le traité de Versailles fut une erreur… il a été fondateur d’Etats modernes et on savait gré à la France de l’avoir fait! Bien sur, il a déplut aux Allemands qui perdaient une fraction de leur territoire – en l’occurrence la ville et la région de Poznan et Katowice et Dabrowa Gornicza en Haute Silésie après les deux insurrections silésiennes et les « plébiscites » (référendums sur les territoires plus ou moins truqués par la partie la plus forte, en l’occurrence l’Allemagne).
      Mais il ne faut pas exagérer – en 1920 il y avait une sérieuse possibilités que les trois pays, Allemagne, nouvelles Pologne et Tchécoslovaquie s’arrangent. Après tout on n’a pas expulsé de leur foyer 2 milions d' »Allemands en 1920 mais en 1945…

      Par contre, je suis frappée que cet article montre à quel point l’occupation de la Ruhr a soudé la classe ouvrière allemande avec la bourgeoisie allemande – pour que Krupp appelle ses ouvriers ç agir contre l’occupant français et obtienne leur obéissance! C’est cela, selon moi, la clé du nazisme plus tard.
      Car en 1920 le sujet du jour c’était aussi la révolution mondiale, l’expérience communiste, bref, la le bolchévisme… et les espoirs des classes populaires et leur organisation étaient très très forte, mille fois plus forte qu’aujourd’hui.

        +3

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    • olivier69 // 29.10.2015 à 13h54

      Vous oubliez également le rôle important des spéculateurs étrangers dans les causes de l’hyperinflation de 1923…

        +2

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  • Vincent // 27.10.2015 à 17h36

    Je suis étonné du ration 800 métis nés de 5000 hommes. (dont 400 stérilisés en 1937)
    Dans mon esprit (borné, certes), on n’est pas sensé faire des gosses avec des soldats occupants.

      +1

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    • Anouchka // 27.10.2015 à 20h22

      Oui, on ne sait pas trop si il s’agit de viols ou d’idylles.
      Quoiqu’il en soit on peut dire qu’en comparaison des 100 000 enfants (200 000?) nés d’un père allemand et d’une mère française en France pendant la seconde guerre mondiale (sachant qu’il y a eu peu de viols en France de la part des Allemands), c’est pas grand chose. La période est beaucoup plus courte, bien sur.

        +4

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      • Astatruc // 27.10.2015 à 21h13

        Anouchka,

        les Allemands avaient des cartes gratuites pour aller au « bordel » ceci explique peut-être cela.

          +2

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  • Maria // 27.10.2015 à 19h43

    Je voulais juste dire que la photo illustrant le billet est tout simplement sublime tellement elle peut être support de pensées et d’interprétation ( peut-être totalement opposées à la réalité des faits ) . Elle fait partie pour moi des photos « puissantes » du 20° siècle .

      +3

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  • vudesirius // 28.10.2015 à 10h03

    Un épisode peu glorieux (la métaphore est faible) de notre histoire. Et comme par hasard, alors qu’il ne se passe pas de semaine sans qu’on ait droit à la télévision à des émissions sur la Résistance, et la 2éme guerre (« un vilage français », etc), pas une fois je n’ai vu mentionné cette page honteuse de notre histoire. N’oublions jamais les allemands qui protestaient pacifiquement contre cette occupation, et qui furent fusillés, comme Schlageter.

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    • Aquarius // 05.11.2015 à 18h01

      Si ils défilaient pacifiquement ils n’auraient pas pu terroriser des artilleurs sénégalais ni assassiner de sang froid des soldats français.

      Si l’anecdote est peu connue c’est surtout parce que tout le côté spectaculaire est de la propagande allemande.

      Il s’agit juste d’une banale occupation dans le cadre d’une dette de guerre. Pas de quoi casser 3 pattes à un canard.

      Les Allemands résistent en face parce qu’ils ne veulent pas payer, alors que quand c’est eux qui gagnent une guerre, ils exigent que les parties adverses les payent ! C’est « ce genre » de mentalité là !

      L’occupation par les Français était justifiée, mais à priori ils ont été désarmés face à la propagande allemande – et c’est un cas de figure dans l’Histoire où c’est la propagande qui a gagnée.

      Les Français ont probablement été trop bons : ils ont laissés la propagande se faire au lieu de taper du poing sur la table. Si ça avait été les Russes par exemple, ou les Américains, ils n’auraient pas laissés la liberté aux Allemands de jouer à ce petit jeu là avec eux. Un « vaincu » ne dicte pas sa politique à un vainqueur.

      Et quand on est trop bon, on perd. Ici certainement s’est joué beaucoup de l’avenir de la France … et de sa future chute à venir. « Trop bon, trop con ».

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