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20.juin.201120.6.2011 // Les Crises

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Alors je vous recommande 2 choses aujourd’hui.

Tout d’abord, l’excellente conférence organisée à l’Assemblée Nationale le 11 juin 2011 par le MPEP, sur le thème « Que faire de l’Union Européenne ? ». Vous pouvez l’écouter ici :

Le plateau, remarquable, était constitué (dans l’ordre) de :

  • Bernard Cassen,
  • Frédéric Lordon (à 14’50),
  • Jacques Nikonoff,
  • Jacques Sapir (à 38’40),
  • Emmanuel Todd (à 51’10).

Les interventions de Lordon et Sapir sont particulièrement passionnantes, je vous les recommande, ainsi que les échanges qui ont suivi (à 1″10″00).

Il y a prendre et à laisser dans cet échange, mais cet anti-pensée-unique est assez rafraîchissante, et aide à la réflexion.

Mpep

Deuxièmement, je vous recommande également le dernier article de Frédéric Lordon sur son blog, traitant de la démondialisation. Je vous l’ai mis en pdf ici. Petit extrait :

« C’est qu’en effet il n’est pas d’autre prémisse possible au débat mondialisation/démondialisation que celle qui tient la souveraineté d’un peuple pour le concept-clé de l’époque moderne. La modernité, au sens conceptuel du terme, dont on verra sans peine qu’il s’oppose en tout aux bouillies des usages éditorialistes de ce mot, c’est que des communautés humaines se déclarent maîtresses de leur destin – souveraines. Voilà le fait constitutif de notre horizon historique et politique, la donnée cardinale dont l’ignorance condamne irrémédiablement à l’insignifiance. Or, à l’exact inverse de tous ses amis qui répètent en boucle qu’elle est la modernité même, la mondialisation est anti-moderne précisément au sens où elle organise la dépossession des souverainetés partout où elles existent, sans leur offrir la moindre solution de re-création. La substitution insistante du terme « gouvernance » à celui de « gouvernement » est bien là pour dire le projet général de la dégouvernementalisation du monde, c’est-à-dire de sa dépolitisation. Surtout pas d’Etat – quelle qu’en soit la circonscription –, donc pas de loi, à l’extrême rigueur des règles mais minimales et sans force, et surtout, bien sûr, de l’« éthique »… C’est dans cet univers libre de toute force politique souveraine, la seule qui serait capable de les contenir, que les forces du capital veulent être seules significatives à se mouvoir.

Il fallait donc d’abord déborder les souverainetés nationales, ces lieux ignobles de l’arraisonnement politique des excès privés du capital. Sous couleur de la Terre plate et du monde enfin un, l’abattement des frontières s’en est chargé. Et en effet : quand le financement des déficits est entièrement abandonné aux investisseurs internationaux, quand ceux-ci ont entièrement barre sur les orientations fondamentales des politiques économiques (et commandent la rigueur sans fin), quand les gouvernements se targuent de réformer les retraites au nom du triple-A à maintenir, quand les entreprises peuvent exciper de l’argument aussi ignoble que bien fondé des actionnaires à satisfaire pour justifier les plans sociaux, quand la « liberté d’établissement » promue par le Traité européen autorise tous les chantages à la délocalisation sans que les gouvernements locaux ne puissent mot dire, quand les riches pratiquent l’évasion fiscale à grande échelle sans qu’on puisse les rattraper, en effet la souveraineté n’est plus qu’un souvenir puisque les peuples ne maîtrisent rigoureusement plus rien des éléments fondamentaux de leur destinée. »

Je vous recommande aussi ce billet et celui-ci.

Bonne lecture !

 

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

7 réactions et commentaires

  • sremus // 20.06.2011 à 09h23

    Sur la même problématique je vous recommande également l’article suivant:
    http://juvin2012.com/de-loccident-mondialise-aux-empires-dechus/

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  • BA // 22.06.2011 à 19h34

    Der Spiegel (le Miroir) est le plus grand et le plus influent hebdomadaire allemand d’investigation, créé par Rudolf Augstein en 1946-1947.

    Der Spiegel est un grand magazine d’enquêtes et d’investigation allemand de tendance centre gauche.

    (Source : Wikipedia)

    Pour Der Spiegel, la cause est entendue : l’euro est mort.

    Regardez bien la photo de couverture :

    http://www.spiegel.de/spiegel/0,1518,ausg-4929,00.html

    Nachruf auf eine gemeinsame Währung = « Nécrologie de la monnaie unique. »

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  • BA // 23.06.2011 à 18h39

    Jeudi 23 juin 2011 :
    La réunion des ministres des Finances européens n’a pas du tout rassuré les investisseurs internationaux.
    Les taux des obligations d’Etat continuent à exploser.

    Portugal, Irlande, Grèce : des records historiques ont été battus aujourd’hui.

    Concernant ces trois Etats en faillite, les courbes des taux sont inversées !

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 14,392 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 3 ans : 15,320 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 11,424 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Irlande : taux des obligations à 2 ans : 13,702 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 3 ans : 15,162 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 11,788 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 28,636 %.
    Grèce : taux des obligations à 3 ans : 29,528 %.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 16,876 %.

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  • Colas // 24.06.2011 à 08h42

    La question de la redécouverte des souverainetés, récurrente depuis le début du 19ème siècle d’ailleurs, a souvent conduit à des horreurs sous l’impulsion d’une vision rousseauiste qui n’accepte pas de voir les choses comme elles sont: une société peut-être démocratique et totalitaire, démocratique et égoïste, démocratique et d’extrème-droite. Rappelons-nous le président Wilson, sa foi absolue dans l’auto détermination des peuples et dans la démocratie, son idéalisme qui ont conduit à la rédaction du traité de Versailles et, de là, à la 2ème guerre mondiale.

    Une réactivation des souverainetés DANS L’ETAT ACTUEL DU MONDE (paupérisation des peuples occidentaux, montée en puissance des pays émergents) conduira à la guerre. La condition sine qua non qui permettrait d’aller dans le sens d’une dé-mondialisation nationaliste serait l’instauration de démocraties évoluées dans les grands pays, càd des démocraties dans lesquelles les gens ont été éduqués à être autonomes tout en étant solidaires de tout être humain – et pas seulement de son groupe – , et à penser.

    La question est en fait posée à l’envers: ce n’est pas du côté des nations qu’il faut regarder, mais du côté de la mondialisation; comment rendre la mondialisation démocratique au vrai sens du terme.
    Je pense que c’est face à l’ampleur du chantier que cette interrogation implique qu’il apparaît plus simple pour beaucoup, notamment un grand nombre de penseurs français et d’autres grands pays qui ont une réelle identité nationale construite par l’histoire, d’en revenir à des identités nationales.

    Et l’autre problème que pose la vision des relations internationales exposée par Monsieur Lordon est évidemment le lit que cette pensée peut préparer pour l’extrème-droite: en appeler aux souverainetés nationales c’est se demander ce que ce terme signifie, c’est poser des questions délicates comme celles des immigrations notamment. Les pays nordiques, démocratiques s’il en est, nous montrent pour l’instant que des démocraties peuvent ne pas nécessairement emprunter les voies prônées par l’idéalisme nihiliste du Monde Diplomatique.

    Pour ma part, j’estime que la réactivation des souverainetés locales est une voie trop dangereuse, que la refondation de la mondialisation n’est aujourd’hui pas possible mais que c’est bien dans ce sens qu’il faut aller. Dès lors, la seule chance consiste en un approfondissement des démocraties régionales, par blocs de nations comme l’Europe. La crise actuelle est une chance extraordinaire pour aller dans ce sens, à condition que les dirigeants politiques fassent preuve de courage électoral. Cette utopie me paraît préférable et plus réaliste que celles des nationalismes qui me terrifie au vu des expériences historiques.

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  • BA // 25.06.2011 à 20h09

    Samedi 25 juin 2011 :

    Une majorité d’Allemands n’a plus confiance en l’euro en raison de la crise que traverse la monnaie unique liée à la quasi-asphyxie de l’économie grecque, selon une étude du prestigieux institut Allensbach à paraître demain.

    Au total, 71 % des personnes interrogées affirment avoir « moins », « à peine » ou « pas du tout confiance » en l’euro, selon ce sondage publié par le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

    Seuls 19 % déclarent à l’inverse avoir « une grande » ou « une très grande » confiance en la monnaie unique, selon la même source.

    La défiance à l’égard de l’euro ne cesse de grimper chez les Allemands : en avril 2011, ils n’étaient encore que 66 % à affirmer ne pas avoir confiance en la monnaie européenne.

    En 2008, moins de la moitié des personnes interrogées partageaient cette opinion.

    « Les citoyens allemands sont plus sceptiques qu’il y a un an face à la monnaie unique. La crise grecque est passée par là », constatait récemment Peter Matuschek, analyste de l’Institut allemand de sondage Forsa.

    « Certains estiment s’être suffisamment serrés la ceinture ces dernières années pour que l’Allemagne soit performante. Ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent maintenant aider d’autres pays qui n’ont pas fait les mêmes efforts », assurait également Dominik Hierlemann, politologue de la fondation Bertelsmann.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/06/25/97002-20110625FILWWW00489-les-allemands-moins-confiants-dans-l-euro.php

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  • BA // 27.06.2011 à 20h18

    Lundi 27 juin 2011 :

    La réunion des chefs d’Etat et des chefs de gouvernement européens n’a pas du tout rassuré les investisseurs internationaux.

    Les taux des obligations d’Etat continuent à exploser.

    Portugal, Irlande, Grèce : les courbes des taux sont inversées !

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 14,632 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 3 ans : 15,765 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 11,681 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Irlande : taux des obligations à 2 ans : 14,047 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 3 ans : 15,500 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 12,095 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 29,382 %.
    Grèce : taux des obligations à 3 ans : 29,365 %.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 16,806 %.

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  • Amsterdamois // 29.06.2011 à 13h57

    Ça aura peut-être un rapport avec mon séjour actuellement en Amérique du Sud, mais l’intervention de B. Cassen est intéressante aussi.

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