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29.février.201229.2.2012
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Retour sur le Mécanisme Européen de Stabilité (MES)

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Le Sénat ayant adopté aujourd’hui le MES, il clôt la procédure parlementaire de ratification du MES pour la France.

Nous avons déjà discuté du Mécanisme Européen de Stabilité dans ce billet Le Dictateur d’Opérette et dans celui-là Les vrais scandales du MES.

Je reviens rapidement sur les modifications apportées en février et le pourquoi de mon opposition absolue au MES.

Le principe du MES en quelques lignes

Rappelons la situation : les 17 États de l’Eurozone empruntent séparément sur les marchés, et payent des taux de plus en plus divergents (cf. ce billet):

Météo des taux souverains

Des mécanismes temporaires ont été créés pour venir en aide à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande via des prêts.

Le MES va remplacer ces structures. Ce sera une institution internationale, comme le FMI.

Il va disposer d’un capital de 700 Md€ – mais dont seulement 80 Md€ vont être versés dans les 5 ans, les autres 620 Md€ n’étant appelables qu’en cas de besoin.

Fort de ses 80 Md€, le MES pourra aller emprunter sur les marchés jusqu’à 500 M€ – avec donc une garantie des États européens de 700 Md€. Sommes qu’il reprêtera aux États en difficulté – avec donc des taux supérieurs aux taux auquel il se sera financé.

Contrairement au FMI qui ne prête que de l’argent déposé par ses membres, le MES est donc essentiellement une nouvelle usine à créer de la dette pour rembourser des dettes – et aura donc un levier de 6 (=500/80).

La part de la France dans le capital sera de 143 Md€ dont 16 Md€ à payer dans les 5 ans, dont 6 Md€ en 2012.

contribution MES ESM

Les problèmes

Bien entendu, le MES va limiter les difficultés pour les États les plus fragiles, qui ne seront plus attaqués comme ils le sont aujourd’hui.

MAIS le MES risque surtout de faire en sorte que tout le monde soit attaqué !

Honnêtement, c’est à pleurer : le principe est que, comme les États n’inspirent plus confiance aux prêteurs, ils créent une structure qui va emprunter aux prêteurs pour leur reprêter l’argent que les prêteurs hésitaient à leur prêter directement. Kafka es-tu là ?

On comprend bien au passage qu’il y a un avantage : une espèce de garantie commune, une sorte de mutualisation.

Mais à quoi cela rime de mutualiser 17 pays insolvables ? En quoi est-ce une solution ?

On nous présente à longueur cette ânerie comme un « pare-feu ». Pare-feu en papier, oui !

QUI sait à combien le MES empruntera en juillet 2012 et en janvier 2013 ? Si ça marche, très bien, le jeu de la dette continuera encore un peu – mais on remboursera comment le MES ? Et si dès juillet, le taux du MES est de 5 %, c’est game over ?

Aurez-vous confiance, vous, dans ce machin qui va prêter à la Grèce ou au Portugal, avec la garantie de l’Espagne et de l’Italie – qui sont juste en train de sombrer… Ou de l’Allemagne, dont on voit à longueur de semaine son empressement à donner de l’argent à des pays du Sud…

Pire, comme pour la Grèce, ce machin va simplement faire peser sur le contribuable de futures charges pour rembourser des créancier privés : les banques : injuste !

Pire que pire : sur l’Europe, j’ai plutôt une fibre fédéraliste – sans renier l’importance des États nationaux. Mais c’est pour moi une sorte de « rêve », de projet à 50 ans. Projet qui nécessite de construire durant des décennies un esprit européen. Et pour cela, d’avoir des politiques communes intelligentes sur l’éducation, le social, la défense, la recherche, la justice, la police… Ce n’est que quand un Grec sera considéré par un Allemand comme pratiquement un Bavarois qu’un approfondissement pourra intervenir – et ce n’est donc pas demain la veille.

Or, l’Union Européenne, que Maurice Allais appelait fort justement « l’Organisation de Bruxelles » sème depuis 25 ans les graines d’une destruction de cet idéal : concurrence généralisée, moins-disant social, recul démocratique permanent, et enfin cette folie : construire une Europe politique par l’économique, et même pire, seulement par une monnaie. Comment imaginer que cela puisse marcher ?

Comment ne pas voir que cette fuite en avant sur le thème « tout va bien, l’Europe avance par crise » va se terminer dans le mur – tout comme un mariage qui avance par crise finit souvent par un divorce… Comment comparer des « crisettes » passées avec ce que nous vivons ? Comment imaginer qu’on va mutualiser des dettes entre pays ? Avez-vous envie de mutualiser vos dettes avec vos voisins dans votre immeuble ?

Donc, « pire que pire », le MES s’obstine à tourner le dos à des restructurations de dettes (défauts partiels) alors que c’est pratiquement TOUJOURS comme cela que finissent les crises de dettes publiques. Comment cela se termine-t-il en Grèce ? (et on n’a rien vu encore). Le MES vise ainsi à empêcher un État de faire défaut, pour le plonger encore plus profondément dans des cures d’austérité mortifères :

« Une autre disposition formelle placée dans le préambule est celle selon laquelle « conformément aux pratiques du FMI, dans des cas exceptionnels, une participation du secteur privé, sous une forme appropriée et proportionnée, sera envisagée dans les cas où un soutien à la stabilité est octroyé, accompagné d’une conditionnalité sous la forme d’un programme d’ajustement macroéconomique ».

Selon de nombreux observateurs [OB: je ne fais pas partie des « nombreux observateurs »…], la volonté de l’Allemagne d’obtenir la participation du secteur privé est la principale cause de l’extension de la crise à l’Espagne et à l’Italie au second semestre 2011. Toutefois ce considérant signifie en réalité que l’Allemagne confirme son renoncement à cette revendication, affirmé lors du sommet franco-allemand du 5 décembre 2011. Ainsi, le Président de la République a déclaré lors de la conférence de presse à l’issue de ce sommet : « nous nous sommes mis d’accord sur la participation du secteur privé pour dire que ce qui s’est passé en Grèce ne se reproduira pas ; nous nous calerons désormais sur la jurisprudence, en la matière, qui est celle du FMI ».

Selon les indications fournies par le Gouvernement, la doctrine du FMI est souple et pragmatique. Il s’agit en réalité essentiellement de prendre en compte le caractère limité des ressources publiques et le risque d’aléa moral. Par ailleurs cette participation est toujours volontaire, tant du côté des créanciers privés que de celui de l’État concerné. » [Rapport du Sénat sur le MES]

Or, ce droit de faire défaut est un droit régalien, le recours ultime en cas de pépin. Il est toujours très difficile à utiliser, douloureux, mais il existe.

Comment pourra-t-il l’être dans un système MES ? Comment imaginer que le gouvernement italien puisse dire au gouvernement allemand : « désolé, on ne s’en sort pas, je ne peux pas vous rembourser ». Mais que restera-t-il de la coopération en Europe après ça – surtout si un tel défaut italien mettait en défaut l’Allemagne ??

Le MES nous fait ainsi courir le risque de réduire en cendres 60 ans de construction européenne…

Car on s’obstine à vouloir traiter un problème d’insolvabilité avec plus de liquidités – qui seront donc in fine perdues…

Car on s’obstine a écouter des gens ne comprenant à l’évidence pas la Crise :

« Le 28 janvier 2012, Christine Lagarde, directeur général du FMI, a déclaré que l’Europe avait besoin d’un « pare-feu clair et simple […] » [Rapport du Sénat sur le MES]

C’est important de l’écouter, en effet :

« La crise de l’immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d’effet sur l’économie réelle américaine. Il n’y a pas de raisons de penser qu’on aura un effet sur l’économie réelle française. » [Christine Lagarde, 5/11/2007]

« Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l’Europe. » [Christine Lagarde, 10/02/2008]

« Nous avons décidé d’envoyer un signal extrêmement fort aux marchés pour protéger l’euro. Je suis convaincue que le mécanisme va fonctionner. » [Christine Lagarde, 10/05/2010]

« Une restructuration de dette n’est pas à l’ordre du jour au sein de la zone euro » [Christine Lagarde, 19/12/2010]

« Je suis convaincue que la France va conserver sa note AAA. » [Christine Lagarde, 9/07/2010]

Bien entendu, je veux bien être taxé de pessimisme. Bien entendu un tel scénario n’est pas certain. MAIS il est possible, et même probable selon moi. Alors il convient d’être très vigilant, très prudent quand on se met à toucher au coeur du portefeuille de dizaines de millions de citoyens. Cela ne se fait pas à la sauvette, dans le silence des médias et des observateurs. Cela ne peut se faire que par référendum pour moi – démocratie élémentaire…

Et encore, en vraie démocratie, on n’aurait pas signé de tels engagements pour sauver une partie de l’épargne florissante de quelques privilégiés…

Le Traité MES

Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous conseille de lire :

Pour les plus courageux, le traité MES v2 est consultable ici.

Malheureusement, la plupart des blogs sombrent dans des vues très complotistes sur des détails du fonctionnement du MES (augmentation du capital, immunités,…), qui sont en fait très communs dans ce genre de traités internationaux. Les vrais (et à mon sens seuls) scandales sont ceux que je vous ai présentés ci-dessus.

Le Sénat en a fait un petit résumé intéressant :

mes mécanisme européen de stabilité

mes mécanisme européen de stabilité

mes mécanisme européen de stabilité

mes mécanisme européen de stabilité

Épilogue démocratique

Enfin, soulignons que si l’UMP a soutenu ce texte (250 à l’Assemblée, 131 au Sénat), le PS s’est courageusement abstenu (134 à l’Assemblée, 126 au Sénat), essentiellement car il est en fait lié à la « règle d’or ». Règle qu’ils voteront en arrivant au pouvoir, je prends les paris. Les communistes ont voté contre, en raison de la perte de souveraineté budgétaire qu’entraîne l’ensemble.

Je tenais cependant à citer les parlementaires courageux qui n’ont pas respecté la consigne de leur parti en cette année d’élections : ils sont tellement rares que cela ira vite

À l’Assemblée :

  • Groupe UMP : ont voté contre le MES : néant
  • Groupe PS : ont voté contre le MES : MM. Christophe Bouillon, Julien Dray, Olivier Dussopt, Henri Emmanuelli, Mme Martine Faure, Pierre Forgues, Mmes Pascale Got, Sandrine Hurel, MM. Régis Juanico, Gilbert Le Bris, Kléber Mesquida, Mmes Catherine Quéré, Marie-Line Reynaud, Chantal Robin-Rodrigo, MM. Pascal Terrasse, et Jacques Valax.
  • Non inscrits : Mme Véronique Besse, MM. Nicolas Dupont-Aignan, Noël Mamère, Anny Poursinoff, François de Rugy et Dominique Souchet.

Au Sénat :

  • Groupe UMP : ont voté contre le MES : néant
  • Groupe PS : ont voté contre le MES : M. Jean-Pierre Godefroy, Mme Marie-Noëlle Lienemann, M. Daniel Percheron
  • Groupe RDS : MM. Jean-Pierre Chevènement, Pierre-Yves Collombat, Robert Tropeano
  • Groupe écologiste : Mmes Aline Archimbaud, Esther Benbassa, Marie-Christine Blandin, Corinne Bouchoux, MM. Ronan Dantec, Jean Desessard, Joël Labbé, Jean-Vincent Placé

Cela augure bien de ce qui va arriver quand notre pays va être attaqué par les marchés financiers…


signature MES ESM

La signature du MES en 2011

36 réactions et commentaires

  • Marcus // 29.02.2012 à 03h12

    Excellent Olivier !
    Non à cette fuite infernale en avant toujours plus vite vers le mur !
    Ce passage d’Olivier auquel je souscris entièrement :
    Comment ne pas voir que cette fuite en avant sur le thème “tout va bien, l’Europe avance par crise” va se terminer dans le mur – tout comme un mariage qui avance par crise finit souvent par un divorce… Comment comparer des “crisettes” passées avec ce que nous vivons ? Comment imaginer qu’on va mutualiser des dettes entre pays ? Avez-vous envie de mutualiser vos dettes avec vos voisins dans votre immeuble ?
    Des pseudo économistes avec leur Blog y croient coûte que coûte.
    Ce sont les mêmes qui hurlaient contre l’idée d’un référendum proposé par Papandréou en Grèce !!!
    Nos économistes ou investisseurs eurocrates qui se fichent comme d’une guigne de la démocratie…
    Bonne journée.
    Marc

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  • Patrick Luder // 29.02.2012 à 07h23


    Superbe, géniale, faramineuse opportunité, surtout à ne pas louper, joignons l’utile à la nécessité !
    Préparons l’avenir sans compter, ouverture des crédits libre, à tous et sans intérêts, mais seulement pour du développement durable … refonte complète de notre Urbanisme, de notre système social, de notre économie,  de notre agriculture, de nos énergies … oublions la dépense, endettons-nous complètement. Quand tout sera prêt, crac, on tire un trait sur notre monnaie fictive, on efface toutes les dettes d’un coup et on repart à zéro (pour tous) avec une monnaie-valeur, type « travail humain » ou type « étalons or et argent ». On ne pourrait pas passer un tel projet en votation ?

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  • Jeff Renault // 29.02.2012 à 08h27

    Olivier,
    Très bon billet. Merci de ton analyse qui nous donne toujours une approche argumentée et structurée.
    Par contre, sur les votes, tu te trompes sur le scrutin du sénat (http://bit.ly/zmTtNp) : aucun sénateur du groupe écologiste n’a voté contre le MES (hélas !). Ceux que tu cites se sont courageusement abstenus, 2 autres ayant été jusqu’à voter pour (sans doute pour suivre l’incompréhensible appel de Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Pascal Canfin qui soutiennent le MES et vont jusqu’à accuser ceux qui s’y opposent de « terrorisme intellectuel » – http://bit.ly/yMj80f).
    En outre, il me semble que tu évacues rapidement l’aspect fondamentalement anti-démocratique du MES. Dire que tous les traités sur des institutions internationales contiendraient des clauses d’immunités ne rend pas plus sympathiques les statuts du MES. Qu’on en juge : le MES et ses personnels sont intouchables, ses locaux inviolables,  et tous ses biens insaisissables. Il échappe à toute juridiction judiciaire mais peut ester en justice les états. Tous cela octroyé sans que les Peuples européens puissent en décider (c’est vrai que certains ont la fâcheuse habitude de ne pas voter aux référendums comme on attend qu’ils le fassent).
    Ainsi, bien que tes arguments puissent en effet suffire à disqualifier le MES, je crois que la facette anti-démocratique n’est pas à minimiser. Le MES fait tomber les masques et nos prétendus représentants ne s’honorent guère à voter comme un seul homme (ce qui rend en effet d’autant plus respectables ceux qui votent « contre leur camp »).
    Finalement, la « démocratie représentative » est bien un double mensonge : ni démocratie, ni représentative.
     

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  • BA // 29.02.2012 à 08h28

    OB écrit : « Or, ce droit de faire défaut est un droit régalien, le recours ultime en cas de pépin. Il est toujours très difficile à utiliser, douloureux, mais il existe. Comment pourra-t-il l’être dans un système MES ? Comment imaginer que le gouvernement italien puisse dire au gouvernement allemand : “désolé, on ne s’en sort pas, je ne peux pas vous rembourser”. Mais que restera-t-il de la coopération en Europe après ça – surtout si un tel défaut italien mettait en défaut l’Allemagne ?? Le MES nous fait ainsi courir le risque de réduire en cendres 60 ans de construction européenne… »

    C’est prévu.

    60 ans de construction européenne se finiront en cendres.

    Nous pouvons faire une remarque : en Europe, chaque fois qu’on a essayé de faire une construction supranationale, on a écrit des traités européens, on a créé des mécanismes pour solidifier cette construction supranationale, on a prévu des procédures pour pérenniser le tout … et chaque fois ça a fini en cendres.

    Aujourd’hui encore, les partisans de l’Europe supranationale refont exactement cette erreur : croire qu’écrire un traité, ça garantit la solidité.

    Croire que créer un mécanisme, ça garantit la durée de la construction supranationale.

    Croire que mettre en place une procédure, ça pérennise le tout.

    Comme d’habitude, cette construction supranationale s’effondrera  A CAUSE DES PASSIONS NATIONALISTES.

    Comme d’habitude, cette construction supranationale s’effondrera A CAUSE DES PASSIONS HUMAINES.

    Comme d’habitude, les traités et les procédures seront emportés par le torrent, et il n’en restera rien. 

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    • pimo // 29.02.2012 à 08h43

      « Enfin, soulignons que si l’UMP a soutenu ce texte (250 à l’Assemblée, 131 au Sénat), le PS s’est courageusement abstenu (134 à l’Assemblée, 126 au Sénat), essentiellement car il est en fait lié à la “règle d’or”. Règle qu’ils voteront en arrivant au pouvoir, je prends les paris« .

      Une belle ironie pour montrer que le PS, comme l’UMP, est favorable sur le fond au MES…
      A moins que cette « abstention » se fasse parite de la stratégie retenue par le candidat HOLLANDE pour jusitifer une « rediscussion des traités » telle qu’annoncée s’il venait au pouvoir en maiprochain… Ce dont on peut douter, bien évidemment… 

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  • FL // 29.02.2012 à 08h45

    Sans compter que la crise de la dette Étasunienne à venir ne facilitera certainement pas les rafistolages inévitables et forcement de plus en plus incertains, destinés à maintenir à flot sous respirateur et perfusion divers, un Euro de plus en plus absurde.
    Jusqu’au jour ou la réalité…etc.
    Comme d’habitude, je partage en grande partie votre analyses.
    J’y apprends beaucoup, tout en gardant l’esprit critique.
     
     

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  • gilles // 29.02.2012 à 09h26

    excellent!! surtout avec la précision suivante:  » sur l’Europe, j’ai plutôt une fibre fédéraliste – sans renier l’importance des États nationaux. Mais c’est pour moi une sorte de “rêve”, de projet à 50 ans. Projet qui nécessite de construire durant des décennies un esprit européen. Et pour cela, d’avoir des politiques communes intelligentes sur l’éducation, le social, la défense, la recherche, la justice, la police… Ce n’est que quand un Grec sera considéré par un Allemand comme pratiquement un Bavarois qu’un approfondissement pourra intervenir – et ce n’est donc pas demain la veille. »

    toutefois, l’immunité revendiquée pose un sérieux problème de démocratie et entraine une certaine suspicion sur les objectifs. Et il n’y a pas que des complotistes pour penser ça:  http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article24403

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  • gilles // 29.02.2012 à 09h33

    Vive l’Europe et ses institutions démocratiques:

    ARTICLE 32
    Statut juridique, privilèges et immunités
    1. En vue de permettre au MES de réaliser son but, le statut juridique, les privilèges et les immunités définis dans le présent article lui sont accordés sur le territoire de chacun de ses membres. Le MES s’efforce d’obtenir la reconnaissance de son statut juridique, de ses privilèges et de ses immunités sur les autres territoires où il intervient ou détient des actifs.
    2. Le MES possède la pleine personnalité juridique et la pleine capacité juridique pour:
    a) acquérir et aliéner des biens meubles et immeubles;
    b) conclure des contrats;
    c) ester en justice, et
    d) conclure un accord de siège et/ou un protocole en vue, le cas échéant, de faire reconnaître son statut juridique, ses privilèges et ses immunités, ou leur donner effet.
    3. Le MES et ses biens, ses financements et ses avoirs, où qu’ils soient situés et quel qu’en soit le détenteur, jouissent de l’immunité de juridiction sous tous ses aspects, sauf dans la mesure où le MES y renonce expressément en vue d’une procédure déterminée ou en vertu d’un contrat, en ce compris la documentation relative aux instruments de financement.
    4. Les biens, les financements et les avoirs du MES, où qu’ils soient situés et quel qu’en soit le détenteur, ne peuvent faire l’objet de perquisitions, de réquisitions, de confiscations, d’expropriations ou de toute autre forme de saisie ou de mainmise de la part du pouvoir exécutif, judiciaire, administratif ou législatif.
    5. Les archives du MES et tous les documents qui lui appartiennent ou qu’il détient sont inviolables.
    6. Les locaux du MES sont inviolables.
    7. Les communications officielles du MES sont traitées par chaque membre du MES et par chaque État qui a reconnu son statut juridique, ses privilèges et ses immunités de la même manière que les communications officielles d’un État qui est membre du MES.
    8. Dans la mesure nécessaire à l’exercice des activités prévues par le présent traité, tous les biens, financements et avoirs du MES sont exempts de restrictions, réglementations, contrôles et moratoires de toute nature.
    9. Le MES est exempté de toute obligation d’obtenir une autorisation ou un agrément, en tant qu’établissement de crédit, prestataire de services d’investissement ou entité autorisée, agréée ou réglementée, imposée par la législation de chacun de ses membres.
     

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  • BG // 29.02.2012 à 09h57

    Il y a eu 438 votants à l’Assemblée nationale sur 577.
    Dans votre épilogue démocratique, vous fustigez l’absence de courage, mais vous oubliez probablement le pire : il manque les noms des absents à ce vote.
    Ces absents qui réussissent ainsi à n’apparaître nul part, à ne pas laisser de trace. Certaines absences m’ont tristement surpris.
    Cela ravive le souvenir d’une interview du juge Falcone : le pire dans la magistrature italienne ce sont les « tiers », ceux qui ne sont ni avec la mafia, ni avec ceux qui la combatte ; ils ne sont pas concernés, mais ne sont pas malhonnêtes.

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  • yoananda // 29.02.2012 à 10h06

    M’enfin ! Le MES va dans le sens de l’Europe, a savoir, se débarrasser de ces vieux reliquats d’un autre age que sont les nations…
    C’est le projet accepté par tout le monde de la construction Européenne. La crise ne fait qu’accélérer l’intégration fédéraliste et le MES n’est qu’une manière d’avoir une politique commune : on monte d’un cran la gestion des budgets des « anciennes nations » vers le haut du panier a Bruxelles.
    Ou est le scandale ?
    Bon les peuples un peu attardés ne comprennent pas, il faut faire sans eux car la crise nous oblige à accélérer la mise en place ce qui était dans les cartons.

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    • Patrick-Louis Vincent // 29.02.2012 à 14h20

      a voie vers la post-démocratie est en marche. Seuls ceux qui n’ont pas suivi l’évolution des structures politiques de l’Europe, via les différents traités successifs, en sont surpris.

      La démocratie n’avait pas plus vocation à être éternelle que la monarchie. Pour l’instant, elle co-existe avec la gouvernance mondiale par des institutions supranationales. Mais, années après années, la démocratie se vide de sa substance ; elle disparaîtra quand la coquille sera complètement vide.

      Tout cela avait déjà été bien expliqué par Zinoviev dans son livre « La Grande Rupture », développement repris dans cet article de Guy Bensimon :

      http://www.zinoviev.ru/fr/zinoviev-bensimon.html

      L’article est à lire dans son ensemble, à défaut du livre. Voici quelques extraits pour les plus pressés :

      « Nous passons du stade de la société à celui de la suprasociété qui est une forme d’organisation sociale qui se situe à un niveau supérieur à celui de la société, et ceci parce que les sociétés ne peuvent plus absorber les résultats de leur propre évolution. Des phénomènes qualitativement nouveaux font passer l’agrégat société à un stade d’évolution supérieur, la suprasociété » .

       » On a donc maintenant deux niveaux dans la structure des pays occidentaux, la base qui correspond à la structure de la société, et la superstructure, au dessus de cette base, constitué du suprapouvoir ».

      Je cite également cette autre phrase de Ziniviev, donnée au cours d’une entrevue, le journaliste lui demande si l’on peut parler de totalitarisme. Il répond : « le totalitarisme se répand partout, parce que la structure supranationale impose sa loi aux nations.Il existe une superstructure non démocratique qui donne des ordres, sanctionne, organise des embargos, bombarde, affame. Le totalitarisme financier a soumis le pouvoir politique. Il ne connaît ni sentiments, ni pitiés. Il faut aussi préciser que l’on ne résiste pas à une banque, alors que l’on peut faire plier n’importe quelle dictature politique.

      Visionnaire, n’est-ce pas ? propos à rapprocher de ce qui s’est passé en Lybie, de ce qui se passe en Syrie et en Grèce, de la soumission du politique au futur MES. Pour ne pas alourdir mon commentaire, je renvoie à cet entrevue où Zinoviev parle des politiques, des chômeurs, des médias. Tout ce qui se passe en ce moment, Zinoviev l’avait prévu.
      http://foster.20megsfree.com/338.htm

      Vous me direz qu’il y a Internet, comme dernier îlot de résistance et de reflexion. Mais pour combien de temps ? Les lois Hadopi, Acta, et d’autres dans le futur, viendront à bout de cet espace de liberté.  

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      • Marcus // 29.02.2012 à 20h37

        Patrick-Louis Vincent, je suis tombé un peu par hasard sur votre propos et je n’arrive décidément pas à être en désaccord avec vous…
        Ce que vous dites avec les citations de Zinoviev est lumineux d’intelligence.
        Vous êtes un véritable intellectuel !
        Merci et à bientôt de vous lire.
        Et merci à Olivier de vous permettre de vous exprimer.
        A++
        Marc

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        • Patrick-Louis Vincent // 01.03.2012 à 15h14

          Merci Marc. Je remercie aussi Olivier de nous permettre d’exprimer nos reflexions et aussi nos désaccords.

          Voici une video d’une entrevue avec Pierre Hillard, auteur de la Marche Irresistible nu Nouvel Ordre Mondial » qui explique bien les méthodes utilisées par l’oligarchie mondiale pour parvenir à ses fins.

          C’est un homme très lucide qui explique clairement des processus complexes de la géopolitique anglosaxone. Il dit, dans cette video, que seul un sursaut de survie des peuples pourrait enrayer ou retarder le mécanisme. Mais reconnaissons que c’est le pot de terre contre le pot de fer.

          http://eurasianfinance.com/2011/10/reflexion-du-pr-hillard-sur-les-progressions-du-nouvel-ordre-mondial/

           

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          • step // 03.03.2012 à 10h04

            en général quand PLV est désespérant, c’est qu’il a raison. quand il est irritant, c’est qu’il sort son idéologie et il est moins clairvoyant. Je le préfère désespérant qu’irritant, mais dans tous les cas, c’est jamais bien gai.

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  • Alain34 // 29.02.2012 à 12h07

    A noter quand même que le député UMP Lionel Tardy c’est abstenu…
    Un des rares, voir l’unique député UMP a voter selon ses convictions (et avec son cerveau) et a ne pas suivre le mouvement. Je me demande souvent ce qu’il fait a l’UMP…

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  • InMedioVertus // 29.02.2012 à 12h44

    Question de néophyte, faisant suite au « prêt » de 530 Mds€ du jour de la BCE :
    1/ Comment la BCE lève cette somme? Elle détient des réserves, où c’est de la monnaie de singe (équivalent numérique de la planche à billets)?
    2/ Pour quelles raisons (de principe,  économique,  et aussi surement juridique ou statutaire) va t-on passer par l’intermédiaire de banques privées qui vont empocher leur commission au passage et ne prête t-on directement : BCE –> Etats ?

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  • InMedioVertus // 29.02.2012 à 13h28

    Merci de votre éclairage,
    1/ Si je comprends bien, la ligne de 530 mds€ de la BCE n’est en quelque sorte qu’une « autorisation de prêter » par la BCE aux banques privées (il n’y a pas de prêt entre la BCE et les banques privées juste une « écriture comptable »)
    2/ « Monnaie détruites lors des remboursements » … des banques privées à la BCE si je suis bien?
     
    Pour revenir sur l’article, sauf erreur, vous dites « il ne faut plus s’endetter » et « surtout pas avec le MES » : Vous semblez partisan d’un défaut des membres en surendettement de la zone euro (en gros : on fait payer les banques et investisseurs privés) et a fortiori d’un retour à l’équilibre budgétaire sinon quoi on reviendrait dans cette même situation.
    La question qui reste c’est donc le temps alors.
    Pensez-vous que l’équilibre budgétaire demain c’est possible?
    Sinon comment fait-on d’ici à son retour?
     
    Navré si je suis un peu hors sujet mais il me semble que la question de la dette et de l’équilibre budgétaire sont liés surtout quand la dette finance le déséquilibre et non des projets d’investissements.
     

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  • Bear Services // 29.02.2012 à 17h54

    Si l’ISDA reconnait demain le défaut (de facto) de la Grèce alors déclenchement des CDS…
     
    Il faudra au-delà d’un MES, peut être aussi une messe !
    Source :
    http://www2.isda.org/news/isda-determinations-committee-accepts-question-related-to-a-potential-hellenic-republic-credit-event

    Bear Services

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  • Dubreuil // 29.02.2012 à 18h10

    Tu ne mentionnes même pas le vote des écologistes !!! (contre)

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  • Julian // 29.02.2012 à 20h47

     » L’Europe sera le mouroir de la France »

    André Malraux… 1972 ! 

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  • Vincent // 02.03.2012 à 21h07

    Le MES sera inefficace et antidémocratique. 

    http://www.blogactualite.org/2012/02/le-mecanisme-europeen-de-stabilite.html 
     

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  • Lesver // 03.03.2012 à 07h48

    Je vous remercie infiniment, vous venez de faire monter encore d’un cran ma compréhension du MES, après lecture de tous vos billets sur le sujet.
    Cela fait maintenant une semaine (que n’ai-je trouvé votre blog immédiatement !) que j’épluche ce texte en tant que simple citoyen, inculte concernant les questions économiques ou juridiques. Pourtant, j’en arrivais quasi aux mêmes conclusions que vous en faisant marcher ma petite tête, mais sans savoir y mettre aussi bien les mots (et j’avoue humblement que je n’avais pas saisi le vote des parlements nationaux pour l’augmentation du capital dans ce charabia). ^^
     
    Vous dites que la plupart des blogs sombrent dans des vues très complotistes, mais même s’ils se trompent sur la forme, vous les rejoignez un peu sur le fond ; ce MES nous enferme in fine dans la casse sociale avec son futur cousin le TSCG, et si ça tourne mal : l’écroulement de l’Europe. Je n’en retiens que ça. Je crois même contrairement à vous que l’immunité n’y est pas anecdotique.
     
    Vous dites que pour les poursuivre, il faut une loi et qu’elle est rattachée à un pays, donc en la modifiant dans un seul ça devient trop facile… Ok pour le FMI à vocation internationale, mais vous oubliez l’Europe, et un Parlement européen élu démocratiquement (même si nous votons n’importe comment) ! Pourquoi l’Europe qui crée ce MES ne pourrait pas avoir le pouvoir de poursuivre une institution censée exister pour l’Europe… Je trouve que vous balayez d’une main les arguments contre cet aspect du MES un peu trop facilement. Ce n’est pas parce que c’est commun que c’est normal ou démocratique, surtout quand on peut faire autrement, vous ne croyez pas ?
     
    En tant que convaincu de l’Europe (mais pas par celle-là), je suis triste depuis plusieurs années : mamie s’est trompée, elle aurait dû me croire (lol). A long terme, cette Europe ne créera que de la haine.
    (Excusez la simplification Europe pour Union Européenne)
    La police politique se met en place (http://www.eurogendfor.eu/). Celle d’Internet suivra sous peu.
    [mode humour = on]
    Quel dommage qu’il n’y aura plus de sécu pour me faire vivre jusqu’à 130 ans et voir un 1789 mondial !
    [mode humour off]
    Reste un sursaut démocratique. Nos élites oublient une chose, quand on prend le temps d’expliquer, le petit peuple comprends très bien, même si 2 mois semble juste pour toquer à toutes les portes. Je vais croiser les doigts et continuer à prêcher un vote contre qui n’est pas Blanc (ni le vrai, ni le faux : MLP) lol
     
    Même si ça ne changera pas grand-chose, il vaut mieux ça que d’arrêter de rêver, déjà que d’ici-bas la vie n’est pas si rose…
    NB : @Patrick-Louis Vincent merci pour les liens ^^

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  • Peter M. // 03.03.2012 à 13h31

     
    Encore de nombreuses félicitations Olivier pour cet article (prémonitoire …) je veux rester optimiste mais il faut bien constater que cette construction européenne est devenue très bancale et comme vous le dites si bien, elle aurait due s’emparée de l’éducation, la justice, la police, l’armée, la santé, la fiscalité, etc. pour progresser, au lieu de dérégulariser les marchés à la sauce anglo-saxonne et de créer une monnaie commune. Les étapes logiques n’ont pas été respectées. Et si les peuples n’ont pas un minimum d’intelligence et de solidarité pour se focaliser sur les vrais « coupables » idéologiques et humains de cette situation, nous pouvons craindre le pire. Merci pour votre blog et votre travail qui contribueront à mieux réaliser l’Europe fédérale.      
     

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  • Fournier // 09.10.2012 à 22h54

    Bonjour,

    Si ces détails du fonctionnement du MES (augmentation du capital, immunités,…) n’étaient qu’occasionnels, on pourrait dire qu’ils reflettent la grande incertitude sur de nos dirigeants sur les conséquences de leurs choix.
    N’est-ce pas précisément parce que ces « détails sont en fait très communs » que l’on peut parler de complot ?
    Remplacez le mot « immunité » par « irresponsabilité » et les mots « augmentation de capital » par « pouvoir immodéré », et vous avez certainement là les principales causes de la crise financière.
    Qu’en pensez-vous ?
    Cordialement
    Patrick Fournier

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  • Fournier // 09.10.2012 à 22h59

    Complément:
    Lorsque vous dites « très communs », à quels types de traités, accords, mécanismes, fonds … pensez-vous ? Ces immunités s’appliquent-elles sur tous les accords financiers, bancaires, … qu’ils soient mondiaux, européens ou nationaux ? Sont-elles toujours aussi « protectrices » pour les décideurs ?

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  • ETAVE // 24.06.2013 à 14h19

    Concernant le MES, est-il bien « légal » qu’il puisse prêter directement aux banques d’un Etat membre pour recapitalisation financière ? je comprends bien que s’il prête à l’Etat membre ( lequel servira d’intermédiaire ), cela augmente la dette souveraine de cet Etat ; mais, le traité ne prévoit pas, sauf erreur de ma part, de possibilité de prêter directement aux banques : qu’en pensez-vous ?

    Patrice ETAVE

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