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Révélations : Comment la France a inventé le complexe industriel de censure – Twitter Files

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Ce rapport met en évidence un effort coordonné du président français Emmanuel Macron, de ses gouvernements successifs, des membres du Parlement français, d’institutions universitaires et d’ONG affiliées à l’État travaillant ensemble pour forcer le plus influent des réseaux sociaux à censurer des propos licites, à transmettre des données internes sensibles et à encadrer la « modération du contenu » de Twitter dans le monde bien au delà des frontières de l’hexagone.

Étude de cas: les Twitter Files France

par Pascal Clérotte et Thomas FaziSource
3 septembre 2025

L’UE et la France pourraient bientôt contraindre les plateformes numériques à censurer les utilisateurs américains. À la date de publication de ce rapport, le 3 septembre 2025, la censure européenne est le principal point d’achoppement des négociations commerciales en cours avec l’administration Trump. L’an dernier, le principal responsable de la censure numérique de l’UE, l’ancien commissaire européen Thierry Breton, avait menacé Elon Musk de sanctions après qu’il ait réalisé une interview de Donald Trump sur X. Nombreux sont ceux qui pensent que les réseaux sociaux pourraient, pour des raisons politiques et économiques, être contraints d’accepter la censure européenne

Ce rapport met en évidence un effort coordonné du président français Emmanuel Macron, de ses gouvernements successifs, des membres du Parlement français, d’institutions universitaires et d’ONG affiliées à l’État travaillant ensemble pour forcer le plus influent des réseaux sociaux à censurer des propos licites, à transmettre des données internes sensibles et à encadrer la « modération du contenu » de Twitter dans le monde bien au delà des frontières de l’hexagone. Il faut également noter que la censure voulue par Emmanuel Macron n’est que l’aboutissement d’un processus enclenché par son prédécesseur, le socialiste François Hollande. Notre enquête montre que :

— Emmanuel Macron a tenté avec insistance de communiquer directement avec le PDG de Twitter de l’époque, Jack Dorsey ;
— La France et l’UE cherchent bien à imposer une censure à l’échelle de l’Occident ;
— Des ONG affiliées à l’État français ont exigé un accès à des données internes sensibles de Twitter et aux processus de modération du contenu ;
— Les autorités françaises actionnent des ONG, comme organisations supposées indépendantes de défense de l’intérêt général ou comme “fact checkers”, les autorisant ainsi à faire ce que la loi leur interdit de faire: imposer de manière oblique une censure préalable du contenu généré par les utilisateurs sur les plateformes.

Ce rapport est illustré sur les TWITTER FILES – FRANCE, une étude de communications internes à Twitter dont l’authenticité est établie. Il révèle comment l’État français, en toute légalité, a inventé le complexe industriel de la censure il y a plus de cinquante ans. La France a posé les bases du cadre institutionnel et réglementaire sophistiqué qui désormais sévit dans toute l’Europe, notamment à travers le Digital Services Act (DSA), le règlement loi au cœur du conflit commercial entre l’administration Trump et l’Europe.

Les TWITTER FILES, des pièces de procédures judiciaires et d’autres obtenues par des injonctions du Congrès américain de 2022 à 2024 ont révélé une alliance objective entre l’administration américaine, l’appareil d’État – notamment l’appareil répressif et de renseignement – et le secteur à but non lucratif, ONG en tête, pour imposer une censure partisane et idéologique des discours hétérodoxes, contestataire ou dissidents sur les plateformes numériques. Aujourd’hui, l’administration Trump a coupé les vivres au complexe industriel de censure américain et a imposé un retour au premier amendement garantissant la pleine liberté d’expression. En revanche, ce complexe gagne en puissance en Europe, notamment en France. Le président Emmanuel Macron, lors de son discours la veille du 14 juillet 2025, a souligné l’urgence d’une « sécurité cognitive ». Cette extension de l’État de sécurité nationale à l’esprit des citoyens est l’aboutissement d’une longue évolution de contrôle du discours et du récit coordonné par l’État.

L’audiovisuel public français est à ce jour le plus grand groupe médiatique du pays. L’écrasante majorité des médias privés grand public appartiennent à des oligarques qui doivent une part importante de leur fortune à l’État – par le biais de marchés publics, de licences d’exploitation, ou de financements publics. La presse est subventionnée par l’État à hauteur d’un tiers de son chiffre d’affaires. En France, la liberté d’expression est étroitement encadrée, tout comme l’est la démocratie. L’élite, issue de la haute fonction publique, détermine par la loi ou la réglementation le spectre des opinions acceptables dans le débat national. Certaines opinions sont criminalisées, passibles d’amendes ou d’emprisonnement. Puisque les infractions pénales relevant de l’exercice de la liberté d’expression ne figurent pour la plupart pas au code pénal, l’État ne dispose pas de l’initiative des poursuites. L’action publique est enclenchée par des ONG accréditées par l’État, agissant de jure et de facto comme autant de procureurs privés.

Au cours des trente dernières années, le progrès technologique a pratiquement supprimé toutes les barrières à l’entrée dans les secteurs de l’édition et des médias audiovisuels. L’État ne peut plus contrôler la liberté d’expression comme auparavant mais s’efforce d’exercer par une réglementation accrue le même contrôle sur les médias numériques que sur les médias traditionnels.

L’élection de Donald Trump en 2016 et les allégations d’ingérence russe – une manipulation orchestrée par la campagne de Hillary Clinton et des factions au sein des services de renseignement américains – a déclenché une frénésie législative en Europe. L’establishment a soudain pris conscience que les réseaux sociaux, qui ont contribué à la chute des régimes autoritaires lors du Printemps arabe, pouvaient tout aussi bien être l’instrument de sa propre perte. Le néolibéralisme, le mondialisme, le multiculturalisme et l’Union européenne étant autant d’échecs cuisants, les élites considèrent un contrôle strict de l’expression comme le principal moyen de préserver leur pouvoir et leurs privilèges face à la montée irrépressible des mouvements populistes et souverainistes.

L’État français a développé le complexe industriel de censure le plus efficace d’Europe. Il s’abstient de faire procéder à des perquisitions et des interpellations par les forces de l’ordre comme au Royaume-Uni ou en Allemagne parce que la loi ne l’y autorise pas en matière de liberté d’expression. Il actionne en revanche un système subtil de pressions sociales, médiatiques, administratives et judiciaires exercées sur les citoyens et les plateformes. Depuis 2018, une série de lois liberticides visant à encadrer la liberté d’expression en ligne a été adoptée, sous couvert de protection des enfants, des minorités et de la société dans son ensemble contre la « haine » et les contenus illicites. L’État français et l’Union européenne cherchent à bâtir un système panoptique de contrôle social, incluant la censure déléguée aux ONG et la fin de l’anonymat et de la vie privée, qui passe par contraindre extrajudiciairement les plateformes à procéder à un pré-bunking automatique des contenus. L’État français envisage même de créer son propre algorithme de référence afin de détecter les biais des plateformes et exiger des corrections de leurs algorithmes en conséquence.

Cela s’inscrit dans le prolongement d’initiatives plus vastes menées au niveau de l’UE et de l’OTAN. Outre le DSA, l’UE a introduit des cartes d’identité biométriques pour l’éventuelle introduction éventuelle de l’euro numérique et un portefeuille numérique contenant éléments administratifs, données de santé et autres. Des projets sont en développement pour rendre certains services, par exemple l’accès aux réseaux sociaux, accessibles uniquement par identité numérique. La volonté de la France d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans vise à contraindre tous les citoyens à s’identifier afin de contrôler leurs activités en ligne. Parallèlement, le partenariat UE-OTAN repose sur une série d’initiatives communes. La cybersécurité et la lutte contre la désinformation en constituent un aspect essentiel. Citons par exemple le Centre d’excellence de l’OTAN pour la cyberdéfense à Tallinn et le Centre d’excellence européen pour la lutte contre les menaces hybrides à Helsinki, qui travaillent main dans la main.

La gestion de la pandémie de Covid a largement bafoué toutes les libertés individuelles. Elle s’est est avérée un échec retentissant. Les efforts continus visant à entraver la liberté d’expression en ligne pourraient connaître le même sort, la technologie évoluant plus vite que la réglementation. En attendant, la liberté d’expression n’est plus que l’ombre d’elle-même et se transforme de plus en plus en un privilège accordé à ceux qui ne s’écartent pas du discours officiel.

Le rapport complet

Photo d’ouverture : Moroko – Shutterstock

3 réactions et commentaires

  • Isa // 06.09.2025 à 10h25

    Merci beaucoup.
    Sur ce resumé du rapport de civilization.works, et sur le rapport complet en .pdf.
    Que de choses à voir ! Merci encore

  • nulnestpropheteensonpays // 06.09.2025 à 11h14

    On dirait que la bourgeoisie française est a l’avant garde de la manipulation des masses , après voir été a l’avant garde des moyens de cohéritions et de torture dans le monde . On va le payer longtemps d’avoir raccourci le gros louis …vive Louis Glouton , et viva la revolutione !

  • Lt Briggs // 06.09.2025 à 17h59

    « pré-bunking automatique des contenus »

    Le pre-bunking est l’opposé du debunking, c’est-à-dire que « c’est une technique préventive, qui intervient avant la production de fausses informations », comme précisé sur le site euronews. Fort bien. Mais qu’en est-il des sujets non traités, des informations non données ou reléguées en fin d’articles et condensées en quelques signes ? Des interviews diffusées sans aucune contextualisation ? Des invités dont on tait soigneusement certaines activités voire même les condamnations dont ils ont fait l’objet ?

    Finalement, quand Poutine présélectionne les candidats qui seront face à lui aux présidentielles, il ne fait que du pre-bunking automatique de l’offre électorale. Étonnant que ça ne plaise ni à Paris ni à Bruxelles…

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