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16.septembre.202516.9.2025 // Les Crises

Revue de presse du 16/09/2025

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La revue de presse de la semaine avec d’un côté le bruit, celui des armes, celui des manifestants, celui de la désinformation et de la propagande d’ici ou d’ailleurs, et de l’autre côté le silence, des voix que l’on fait taire, des affaires qu’on enterre, des maux planétaires et inégalitaires. Merci à nos contributeurs.

DÉMOCRATIE

Y a-t-il un backlash antiféministe sur la première radio de France ?

"Après l’inexplicable sup­pres­sion, l’année dernière, de l’émission quo­ti­dienne de satire politique présentée par Charline Vanhoenacker et sa bande et le licen­cie­ment de Guillaume Meurice (qui a valu à Adèle Van Reeth, direc­trice de la station, une motion de défiance signée par 80 % des titu­laires), la grille des pro­grammes de la rentrée 2025 semble confirmer le rai­dis­se­ment éditorial de France Inter. Moins d’investigation, moins de repor­tages et deux thé­ma­tiques élaguées à la machette : l’écologie et le genre. L’émission « La Terre au carré » se voit amputée de son dernier quart d’heure, lors duquel des militant·es éco­lo­gistes (Cyril Dion, Claire Nouvian, Féris Barkat…), des médias indé­pen­dants et auditeur·ices prenaient la parole. Exit également l’émission heb­do­ma­daire sur les luttes sociales « C’est bientôt demain ». Côté féminisme, c’est l’hécatombe. La chronique heb­do­ma­daire d’Anne-Cécile Mailfert, pré­si­dente fon­da­trice de la Fondation des femmes, passe à la trappe. La jour­na­liste Giulia Foïs, jour­na­liste pro­duc­trice depuis 2019 des émissions « Pas son genre » puis « En marge » (qui a réalisé la saison dernière plusieurs pics d’audience à 775 000 auditeur·ices) est, pour sa part, remerciée."

Source : La Déferlante

Affaire Thomas Legrand : le journalisme politique malade de son corporatisme

"Le journalisme politique tel qu’il est pratiqué est un problème. Pour y remédier, la profession pourrait faire preuve d’autocritique et envisager des solutions. L’une d’entre elles consisterait à repenser le métier de fond en comble : du reportage et de l’enquête plutôt que du commentaire, de la transparence plutôt que du off, du fond plutôt que des sondages et de la comm’. Du journalisme plutôt que de l’éditorialisme, en somme : ce serait là un garde-fou nécessaire – quoique insuffisant – contre le mélange des genres, et la voie vers une information de qualité. Reste une deuxième porte de sortie, en forme de pis-aller : prendre acte du rôle politique des éditorialistes et garantir alors les conditions d’un réel pluralisme des expressions et des courants d’idées dans les médias audiovisuels, a fortiori de service public – on en est loin."

Source : Acrimed

Propagande militaire sur franceinfo TV

"Jamais un porte-parole d’une armée étrangère n’a disposé d’une tribune aussi large sur les médias français pour déballer ce que l’on ne peut qualifier autrement que de propagande. Et franceinfo TV n’est pas en reste, puisque ce colonel de l’armée israélienne intervient très régulièrement sur nos antennes, interrogé au cours de longues interviews qui durent parfois plus de dix minutes, avec une déférence qui ne laisse pas d’étonner. La médaille militaire pourrait être décernée à la chaîne pour sa tranche 14/16 du 28 juin 2025, lorsqu’Olivier Rafowicz est complaisamment appelé « Mon Colonel », comme si journaliste et officier faisaient partie du même métier."

Source : La CGT France-TV

ENVIRONNEMENT

Le budget carbone de la planète sera épuisé dans 3 ans : l’alerte des scientifiques

"« C’est désormais inéluctable. » À contre-courant de l’habituelle nuance des scientifiques, Pierre Friedlingstein, directeur de recherche CNRS à l’École normale supérieure, l’assure à Reporterre : le seuil crucial de 1,5 °C de réchauffement sera à coup sûr dépassé sur plusieurs années. Dans une étude publiée le 19 juin dans la revue Earth System Science Data, un consortium international de 61 chercheurs a actualisé les indicateurs géophysiques clés du changement climatique. Et les nouvelles ne sont pas bonnes : « Les niveaux et le rythme du réchauffement sont sans précédent », alerte le professeur Piers Forster, auteur principal. Toujours en hausse, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau record, en franchissant la barre des 55 milliards de tonnes d’équivalent CO2 en 2023. Une année exceptionnelle ? Non."

Source : Reporterre

EUROPE

Les Bulgares révoltés contre l’entrée de leur pays dans la zone euro

"Alors que les élites européennes et bulgares ont applaudi le feu vert donné par la Commission européenne à l’entrée du pays balkanique dans l’euro, la population doute fortement de la pertinence de cette transition monétaire. Outre les craintes légitimes d’une potentielle inflation durant le changement de monnaie, les Bulgares craignent aussi un scénario similaire à leur voisin grec, alors que leur pays est le plus pauvre de l’UE. Une forte contestation a donc émergé dans ce pays moins europhile et moins atlantiste que la moyenne."

Source : Le Vent Se Lève

FRANCE

10 septembre : et maintenant ?

"La population s’est organisée par elle-même, sans attendre les consignes. La fin de la routine manifestation déclarée – journée de grève isolée est actée. Le 18 septembre : monter en radicalité en emportant tout le monde avec nous. “Alors, on voit bien que la France n’a en fait pas été bloquée !” La journaliste d’une chaîne de télévision que j’ai eue au téléphone à la fin de cette journée du 10 septembre jubilait un peu, en me lançant cette pique. Elle était hélas, comme beaucoup de ses confrères, mal informée. Si tout le pays n’a pas été à l’arrêt en ce 10 septembre 2025, premier jour du mandat d’un Premier ministre fantoche nommé par un président n’ayant plus aucune légitimité, nomination rendue possible par l’existence d’un régime autoritaire chaque jour plus répressif, il a été ébranlé."

Source : Frustration Magazine

Lecornu visé par une enquête : un silence absolu

"Au sein du pôle communication du journal, Claire Denis recense toutes les semaines les reprises de nos informations et de ses développements dans la presse. Ces derniers jours, nous sommes toujours cité pour notre enquête estivale sur Patrick Sébastien, qui commence pourtant à dater. Ou encore pour notre travail sur Jean Pormanove. On lui a donc demandé par curiosité : quid de l’affaire Lecornu ? Résultat : alors qu’il a été nommé mardi à Matignon, pas un seul média n’a rappelé que le nouveau premier ministre est sous le coup d’une enquête judiciaire pour favoritisme. Pas un seul ne l’a ne serait-ce que mentionné dans une incise. Le « rienàfoutrisme » médiatique sur les questions de probité rendrait presque grossier."

Source : Mediapart

Le retaillisme, maladie sénile de l’Algérie française

"Pour l’historien Alain Ruscio, les observateurs de la vie politique française qui ont cru discerner dans le discours de Bruno Retailleau à l’égard de l’Algérie une nouveauté se sont lourdement trompés. Le locataire de la Place Beauvau se situe dans la droite ligne d’une tradition française toujours vivace : le refus obstiné, contre le cours de l’histoire, de l’indépendance d’un État algérien au sud de la Méditerranée."

Source : Nouvel obs

Le Service de santé des armées réorganise ses centres médicaux dans la perspective d’un engagement de haute intensité

"Le 26 août, le SSA a annoncé son intention de créer sept « centres médicaux des armées zonaux » pour chaque zone de défense et de sécurité [ouest, sud-ouest, sud, sud-est, est, Île de France et nord]. La mission de ces CMA zonaux consistera à « assurer la prise en compte de la dimension ‘santé’ des opérations sous le contrôle opérationnel de l’officier général de zone de défense et de sécurité [OGZDS] » et à « être l’interlocuteur unique des commandants de base de défense ainsi que des Agences régionales de santé », explique le SSA. « En temps de crise, le commandant du CMA zonal sera le directeur médical [DIRMED] de la chaîne OTIAD [organisation territoriale interarmées de défense] » et, « en temps de guerre », il fournira « le soutien médical des unités de sa zone, qui ne sont pas projetées », ajoute le SSA."

Source : Opex 360

GÉOPOLITIQUE

Israël peut-il invoquer la légitime défense pour justifier sa frappe au Qatar ?

"Un État est autorisé par le droit international à frapper des adversaires situés sur le territoire d’un autre État, mais seulement à des conditions précises, qui ne semblent pas réunies dans le cas de la frappe israélienne visant des responsables du Hamas à Doha. Six personnes auraient été tuées, dont le fils d’un haut responsable du Hamas. Les condamnations internationales n’ont pas tardé. Le gouvernement qatari a qualifié la frappe de « violation flagrante des règles et principes du droit international », un sentiment partagé par de très nombreux leaders du monde entier – de Recep Tayyip Erdogan à Emmanuel Macron en passant par Keir Starmer et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a estimé qu’Israël s’était rendu coupable d’une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Qatar."

Source : The Conversation

INEGALITES

En quoi les inégalités socio-économiques sont-elles accentuées par le poids de la transmission du patrimoine ?

"On a beaucoup dit que la « passion de l’égalité » caractérisait la culture politique française depuis des siècles : comparaison des statuts sociaux, logique de l’honneur, dénonciation de l’inégalité de revenus, illégitimité du capital, etc. Mais cette passion française, toujours vive aujourd’hui, montre un point aveugle. Elle ne reconnaît pas à hauteur de son importance l’un des moteurs de cette inégalité, à savoir l’héritage. Dans la France contemporaine, près de la moitié des individus n’ont pratiquement pas de patrimoine alors que les 10% des plus riches détiennent à eux seuls la moitié de richesses privées, et le 1 % des plus riches possèdent à eux seuls près d’un quart. L’héritage ne corrige pas ces inégalités tout au contraire, il les renforce ; et ce phénomène s’est encore accentué ces dernières décennies."

Source : France Culture

RÉFLEXION

« Gaza à la lumière de Fanon »

"Dans mon livre, je décris le sentiment d’exaltation éprouvé par Fanon face à l’attitude combative du peuple algérien. Mais ce que Fanon admirait chez les Algériens, ce n’était pas tant l’usage des mitrailleuses et des bombes que ce qui sous-tendait leur résistance : la dignité, l’esprit de sacrifice, le refus d’être déracinés, l’attachement à leur culture et la détermination à se constituer en nation – soit cela même que les Palestiniens désignent depuis des décennies du nom de « sumud », qui exprime la fermeté inébranlable dans la résilience. Dans les manifestations de solidarité organisées sur les campus étatsuniens, on a entendu scander le slogan « Nous sommes tous palestiniens », une expression de solidarité et d’identification imaginaire sans doute hyperbolique, mais que Fanon aurait certainement apprécié."

Source : Blog Mediapart

SOCIETÉ

Un enfant sur dix dans le monde est obèse, selon l’UNICEF

"Pour la première fois, l’obésité supplante l’insuffisance pondérale comme forme la plus répandue de malnutrition chez les enfants et adolescents dans le monde. Près de 188 millions d’enfants âgés de 5 à 19 ans, soit un sur dix dans le monde, sont concernés par ce trouble, qui les expose à des maladies chroniques comme le diabète de type 2, les pathologies cardiovasculaires ou certains cancers. « Lorsque nous parlons de malnutrition, nous ne parlons plus seulement des enfants souffrant d’insuffisance pondérale », a constaté Catherine Russell, la directrice générale de l’UNICEF. La forte croissance de l’obésité infantile au cours des deux dernières décennies a des répercussions graves sur leur santé et leur développement. « Les aliments ultra-transformés remplacent de plus en plus les fruits, les légumes et les protéines, à un moment où la nutrition joue un rôle essentiel dans la croissance, le développement cognitif et la santé mentale des enfants », a averti Mme Russell."

Source : ONU Info

ÉCONOMIE

Les élucubrations de François Bayrou sur la dette

"L’État dispose de deux instruments pour financer ses politiques publiques : les prélèvements obligatoires et l’emprunt. Il y a, dans une certaine mesure, un arbitrage à faire entre ces deux formes de financement. Financer l’État par les prélèvements obligatoires (via l’impôt ou les cotisations sociales) suppose que chacun soit mis à contribution. Financer l’État par l’endettement permet aux créanciers de celui-ci, donc aux agents économiques les plus fortunés (entreprises ou ménages), d’être rémunérés pour leur contribution. Dans le premier cas, cela coûte à tout le monde. Dans le second, cela apporte des revenus aux créanciers, ce qui permet de comprendre la volonté souvent affichée des classes sociales les plus aisées de réduire les prélèvements obligatoires : de leur point de vue, il vaut mieux financer l’État à l’aide de titres de dettes sur lesquels ils peuvent percevoir une rémunération qui, quoique faible ces dernières années, demeure relativement sûre pour la dette publique française, plutôt que d’être taxés."

Source : Blog Mediapart

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