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25.janvier.202325.1.2023 // Les Crises

Climat : 2023 sera-t-elle l’une des années les plus chaudes jamais observées ?

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La prévision annuelle de température mondiale du Met Office pour 2023 suggère que l’année prochaine sera l’une des années les plus chaudes jamais observées.

Source : Global Climat, JL

D’après le Met Office, la température moyenne mondiale pour 2023 devrait se situer entre 1,08°C et 1,32°C (avec une estimation centrale de 1,20°C) au-dessus de la moyenne de la période préindustrielle (1850-1900). Il s’agirait alors de la dixième année consécutive avec des températures atteignant au moins 1°C au-dessus des niveaux préindustriels. L’estimation centrale de 1,20°C pour 2023 représenterait la 4e anomalie la plus élevée des annales. L’année 2022 est en passe d’être la 5e ou 6e année la plus chaude, selon les séries de température prises en considération.

La graphique ci-dessous montre l’évolution de la température globale de 1880 à 2022 (données provisoires pour 2022) par rapport à la période préindustrielle (moyenne 1850-1900) pour cinq séries d’observations (HadCRUT5 du Met Office, NOAA, NASA, ERA5, Berkeley Earth).

Anomalies de température globale par rapport à 1850-1900 d’après HadCRUT5(Met Office), NOAA, NASA, ERA5, Berkeley Earth.

Le graphique suivant montre la moyenne des observations jusqu’à 2022 ainsi que la prévision du Met Office pour 2023, à savoir une valeur centrale de +1,20°C avec une fourchette de +1,08°C à +1,32°C.

Moyenne des observations de température globale de 1980 à 2022 (en rouge) et prévision du Met Office pour 2023 (pointillés noirs) avec fourchette de prévision.

La température mondiale au cours des trois dernières années a été influencée par l’effet d’un épisode La Niña prolongé. Des températures de surface de la mer plus froides que la moyenne se produisent dans le Pacifique tropical. La Niña a un effet de refroidissement temporaire sur la température moyenne mondiale.

Pour l’année prochaine, le modèle climatique du Met Office indique la fin des trois années consécutives avec un état La Niña et un retour à des conditions relativement plus chaudes dans certaines parties du Pacifique tropical. Ce changement conduira probablement à ce que la température mondiale en 2023 soit plus chaude qu’en 2022.

Jusqu’à présent, 2016 et 2020 ont été les années les plus chaudes depuis le début des observations en 1850. 2016 a été une année El Niño où la température mondiale a été dopée par des eaux de certaines parties du Pacifique tropical lors de l’hiver 2015-2016. 2020 a été stimulée par les conditions relativement chaudes du Pacifique en 2019, dans une bien moindre mesure que l’épisode majeur de 2016.

Sans un épisode El Niño pour augmenter la température mondiale, 2023 ne sera peut-être pas une année record, mais avec l’augmentation de fond des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui se poursuit à un rythme soutenu, il est probable que l’année prochaine sera une autre année notable dans la série, d’après le Met Office.

Certains modèles prévoient l’émergence de conditions El Niño dans la 2e partie de l’année 2023 mais les effets devraient principalement se faire sentir fin 2023 et surtout en 2024.

La série des années les plus chaudes a commencé en 2014. Depuis lors, les températures mondiales ont dépassé 1,0°C au-dessus de la période préindustrielle (1850-1900). Sur la période 2014-2022, l’anomalie globale s’élève à 1,17°C d’après la moyenne des séries HadCRUT5, NASA, NOAA, Berkeley Earth et ERA5.

Il faut noter que les prévisions sont basées sur les principaux moteurs du climat mondial, mais elles n’incluent pas les événements imprévisibles tels que les grandes éruptions volcaniques, qui provoqueraient un refroidissement temporaire.

Les prévisions du Met Office pour la température moyenne mondiale en 2022, publiées fin 2021 (0,97 °C à 1,21 °C avec une estimation centrale de 1,09 °C), concordent bien avec les dernières observations de la température mondiale jusqu’à présent cette année. Les données de janvier à octobre 2022 montrent que la température moyenne mondiale est d’environ 1,16 ⁰C au-dessus des niveaux préindustriels.

Le tableau ci-dessous compare les prévisions annuelles de température de surface moyenne mondiale du Met Office (à gauche) et les températures observées (à droite) pour la période 2000-2022 à partir de séries de données combinées issues de différentes sources (Met Office, NOAA, NASA, Berkeley Earth, ERA5) , par rapport à la période préindustrielle 1850-1900.

D’après une analysée publiée par l’Organisation météorologique mondiale début 2022, il est extrêmement probable que l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée, battant le record de 2016. La probabilité qu’au moins une des cinq prochaines années dépasse 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels est estimée à près de 50%.

D’après la mise à jour mondiale annuelle à décennale sur le climat produite avec l’Organisation météorologique mondiale, les années 2022-2026 seront très probablement (93% de chances) plus chaudes que la moyenne 2017-2021.

L’OMM avait estimé début 2022 que les années 2022-2026 devraient afficher une température annuelle comprise entre 1,1 °C et 1,7 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Il n’est donc pas exclu, selon l’analyse de l’OMM, de voir une année approcher 1,7°C d’ici 2026. Il faudrait pour cela qu’un événement El Niño majeur survienne. Comme on l’a vu, certaines modèles tablent sur l’émergence de conditions El Niño dans la deuxième moitié de 2023. Reste à savoir quelle sera l’ampleur du phénomène s’il émerge.

La plupart des modèles indiquent une interruption de l’événement actuel de La Niña et une transition vers ENSO-neutre en janvier-mars 2023. Ensuite, il y a de fortes chances que ENSO-neutre persiste jusqu’en avril-juin 2023, et un transition vers El Niño par la suite. Les probabilités de conditions El Niño restent très faibles jusqu’au printemps boréal mais pendant l’été boréal, ces probabilités sont les plus dominantes (49 % en mai-juillet, 60 % en juin-août, 64 % en juillet-septembre, 66 % en août-octobre 2023).

Le tableau ci-dessous montre la probabilité pour chaque période de trois mois de voir se mettre en place des conditions La Niña, neutres ou El Niño entre décembre-janvier-février 2022-2023 et août-septembre-octobre 2023. Attention, les modèles se heurtent à la barrière de prévisibilité du printemps. Cela signifie que tant que le printemps ne sera pas passé, les prévisions resteront aléatoires. Sur la base de la prédiction moyenne multimodèle, les probabilités en pourcentage pour les conditions La Niña, ENSO-neutre et El Niño (utilisant des seuils de -0,5 °C et 0,5 °C ) sur les 9 saisons à venir sont les suivantes :

Source : CPC-IRI

Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, les pays ont convenu de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, et de préférence de le limiter à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Mais d’après l’OMM, c’est désormais du 50/50 pour qu’au moins une année dépasse 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2026. Une seule année de dépassement supérieur à 1,5 °C ne signifie pas que la planète a dépassé officiellement le seuil emblématique de l’Accord de Paris. Elle révèle que nous nous rapprochons de plus en plus d’une situation où une température de 1,5 °C pourrait être dépassé sur une période prolongée.

Officiellement, la déclaration selon laquelle la Terre a atteint un réchauffement de 1,5 °C depuis l’ère préindustrielle ne sera pas faite après qu’une seule année, ou un seul endroit, ait dépassé ce seuil. Un premier dépassement au-delà de 1,5 °C serait temporaire, probablement aidé par une anomalie climatique majeure telle qu’un schéma météorologique El Niño.

Le réchauffement est mesuré comme une moyenne mondiale sur 20 ans, pour tenir compte de la variabilité naturelle du système. Le rapport du GIEC AR6 définit le « temps de franchissement du seuil » comme le point médian de la première période de 20 ans où la température globale de l’air de surface est en moyenne supérieure à la température seuil.

Source : Global Climat, JL, 23-12-2022

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16 réactions et commentaires

  • Danton // 25.01.2023 à 08h03

    Olivier étant scientifiquement pointu et rigoureux et ayant accès à beaucoup de sources, je voulais savoir s’il lui est possible d’avoir un historique de relevés de températures dans des fonds de puis de mine, en France ou ailleurs, si possible profonds, si possible avec un historique le plus lointain possible.
    Pourquoi?
    Car il y aura trois résultats possible:
    -aucun changement notable.
    -baisse
    -hausse.
    Et l’évolution de la température à 300, 500 métres de profondeur soit ne nous dira rien soit au contraire beaucoup.
    Merci.

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    • Dunamis // 25.01.2023 à 09h50

      Bonjour,
      Je ne comprends pas votre raisonnement. Enfin plutôt, quelles conclusions pensez-vous tirer de ces mesures ?
      J’avoue ne pas connaître de lien entre la température en profondeur et celle de l’atmosphère et plus généralement de la dérive climatique. Il faut voir aussi de quelle profondeur on parle. Car justement à relative faible profondeur, on aura un « effet cave », c’est-à-dire une température très stable, lissée par l’inertie de la terre environnante.

        +3

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    • Bouddha Vert // 25.01.2023 à 22h44

      Pour les données je vous conseille d’aller sur le site du BRGM en utilisant la recherche avancée du moteur.
      Sans prétendre à aucune compétence en géologie, il me semble qu’à partir de 100m de profondeur la conduction thermique de l’atmosphère si elle est présente est totalement noyée par la chaleur du manteau (au début + 1°C/100 m) qui est fluctuante parceque fluide, et pour finir ces mines sont ventilées pour les travailleurs.

        +4

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  • LG // 25.01.2023 à 10h42

    Vu que personne n’a envie de changer sa façon de vivre, que les affaires continuent comme avant (avant le Covid, avant que l’on sache), que nos politiciens et économistes ne jurent que par la croissance de tout et n’importe quoi, que le tiers monde, n’ayant pas contribué au problème) a bien raison de réclamer sa part de progrès… on est cuits !
    Nous sommes peu à le savoir, il faudrait investir maintenant sur les modes de vie alternatifs, sobres (relocaliser tout, casser le système de concentration, etc.) tant qu’on a les ressources.
    Mais non, …

      +11

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  • yann // 25.01.2023 à 15h12

    Le 28 juillet dernier était le « jour du dépassement » pour l’année 2022, le jour ou l’humanitê a consommé le quota de ressources pour l’année. Et ça revient tous les ans, quelque part au milieu de l’année.

    Bien, mais du coup, comment on calcule un quota annuel sur des ressources non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, métaux) ? Sauf a présupposer une date de fin de l’humanité?

      +1

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    • Bouddha Vert // 25.01.2023 à 23h26

      La sources des hydrocarbures, c’est la vie, ou plutôt les restes de cadavres qui sont « cuis » à petit feux dans l’enveloppe terrestre et disponibles après plusieurs dizaines de millions d’années de tectonique, il faut attendre.
      Pour les métaux, comme rien ne disparait, après plusieurs centaines de millions (milliards?) d’années de transports, de sédimentation, d’années d’érosions hydrauliques, de tectonique, de gravité tout sera de nouveau disponible sous forme de minerais… mais il faut être patient, accepter les rythmes de notre hôte.
      Une espèce « dure », deux millions d’années, après ce n’est généralement plus la même…. L’humanité n’y échappera pas!

      En attendant, il faut repousser le « jour d… »au delà du 31 décembre pour que la biomasse source de toutes les ressources sur terre regagne du terrain.

        +2

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  • Myrkur34 // 25.01.2023 à 17h22

    Vu qu’ils parlent du volcanisme comme faisant partie des impondérables incalculables, ce petit lien, sur le volcan qui s’est presque désintégré entièrement dans les Tonga en début d’année 2022 et ses conséquences climatiques. (2 mètres de flotte sur Sydney cette année, tous les records battus)

    https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/planete/eruption-du-volcan-hunga-londe-de-choc-enregistree-en-france

      +4

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