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10.juillet.201410.7.2014 // Les Crises

L’horreur au Soudan : le génocide du Darfour

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Le Soudan

Ce pays grand comme 3 fois la France compte 35 millions d’habitants.

Indépendant en 1956, il connait une suite de coups d’État, jusqu’à celui du général Omar al-Bashir en 1989. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l’amputation et la lapidation. Bien que les États du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud du pays (alors rattaché au Soudan avec ses 11 millions d’habitants).

Omar al-Bashir accueille entre 1992 et 1996 Oussama ben Laden.

La guerre civile au Darfour

Une rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d’atrocités au cours de cette guerre qui opposait la population arabisée du Soudan aux musulmans, chrétiens et animistes non-arabes de la région.

Les Janjawids sont des milices levées dans les tribus noires arabisées du Tchad et du Darfour. Apparues en 1988, elles sont tolérées par le gouvernement soudanais, qui les intègre à sa politique régionale de contrôle territorial.

En 1999-2000, confronté aux menaces de rébellion dans le Darfour occidental et septentrional, Khartoum décide d’armer les milices Janjawids. Quand l’insurrection prend de l’ampleur en février 2003, conduite par l’Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité, le gouvernement soudanais réplique en faisant des Janjawids sa principale force de répression. Encouragées à attaquer et reconquérir les zones tenues par les rebelles au Darfour, les milices Janjawids ont utilisé la tactique de la terre brûlée, accompagnée d’atrocités généralisées à l’encontre des civils : massacres, viols et déportations.

Le Département d’État américain (ministère des Affaires étrangères), soupçonne depuis 2004 les chefs Janjawids de génocide. Le Conseil de sécurité des Nations unies a aussi appelé à un désarmement des milices Janjawids.

Ces milices sont accusées du massacre de plus de 50 000 personnes, le conflit ayant fait, en trois ans, plus de 300 000 morts et 3 millions de déplacés et réfugiés, selon certaines estimations.

En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disaient garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuaient à de nombreux endroits.

En 2005, un accord de paix est signé, prévoyant l’autodétermination du Soudan du Sud, État indépendant depuis 2011.

Début 2006, de nombreux Janjawids ont été intégrés à l’armée soudanaise, à la Défense populaire ou aux gardes-frontières.

Réactions judiciaires de la communauté internationale

En mai 2007, la Cour pénale internationale a lancé deux mandats d’arrêts internationaux contre 2 soudanais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : Ahmed Haroun, ancien ministre de l’Intérieur, et Ali Kosheib, l’un des principaux chefs des milices janjawids.

En décembre 2007, le procureur de la Cour pénale internationale a dénoncé le manque de coopération du Soudan et demandé au Conseil de sécurité d’adresser un message ferme et unanime aux autorités soudanaises pour leur demander d’exécuter les mandats d’arrêt. Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu’il faut «briser le système criminel » mis en place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes [déplacées] sont à la clef ».

En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun a conservé son poste de ministre d’État chargé des affaires humanitaires. De plus il a été nommé membre du Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la force hybride ONU-Union africaine pour le Darfour (MINUAD). Le procureur de la CPI a dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de manière répétée l’autorité du Conseil de sécurité».

Le 14 juillet 2008, le procureur de la Cour pénale internationale a demandé aux juges de la CPI d’émettre un mandat d’arrêt à charge d’Omar el-Béchir parce qu’il aurait commis des crimes de génocide, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre au Darfour.

Le 4 mars 2009, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Ce dernier est accusé de crime de guerre et crime contre l’Humanité dans le cadre de la guerre civile au Darfour. (Source : Wikipédia)

Rapports et témoignages sur le Darfour

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2004 (portant sur l’année 2003) :

« Toutefois, en janvier et en février, des milices soutenues et financées par le gouvernement ont attaqué et incendié des villages et tué de nombreux civils dans les zones pétrolifères. Dans le Darfour (ouest du pays), des milices alliées au pouvoir ont tué des centaines de civils et l’aviation gouvernementale a bombardé des villages. »

« Le 16 août, les Janjawid ont attaqué Garaday, un village d’environ 400 habitants proche de Silaya. Quelque 200 civils auraient été massacrés, dans certains cas à l’intérieur de leur maison, et d’autres auraient été battus et arrêtés. Tous les autres ont fui. »

« Le 20 août, des milices soutenues par le gouvernement ont attaqué le village de Murli, non loin d’Al Geneina. Quatre-vingt-deux personnes ont trouvé la mort, abattues par balles ou brûlées vives à l’intérieur de leur maison. En septembre, une nouvelle attaque des Janjawid contre Murli, menée un jour de marché, a fait 72 victimes. »

« Les raids des Janjawid contre des villages s’accompagnaient d’actes de violence envers les femmes, notamment d’agressions sexuelles. Trois adolescentes de Murli, âgées respectivement de dix, quinze et dix-sept ans, auraient été violées par des membres des Janjawid lorsqu’elles tentaient de s’enfuir. Deux femmes âgées de vingt et vingt-cinq ans auraient subi le même sort alors qu’elles ramassaient du bois à l’extérieur du village. »

« En septembre, des membres du MJE ont arrêté six personnes qu’ils soupçonnaient d’être des espions. Ils les ont frappées à coups de crosse de fusil, puis ont versé un mélange d’acide, de piments et d’essence dans la bouche, le nez et les oreilles de deux d’entre elles. Celles-ci ont été libérées en décembre ; les quatre autres personnes arrêtées en même temps qu’elles s’étaient évadées en octobre. »

« Selon toute apparence, les membres de l’armée et des forces de sécurité avaient systématiquement recours à la torture dans le Darfour ; cette pratique était également courante dans d’autres régions. »

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2005 :

« Quand on a essayé de s’enfuir ils ont tiré sur des enfants. Ils ont violé des femmes ; j’ai vu plusieurs fois des Janjawid violer des femmes et des jeunes filles. Ils sont contents quand ils violent. Ils chantent et ils disent que nous ne sommes que des esclaves et qu’ils peuvent faire de nous ce qu’ils veulent.» A., trente-sept ans, originaire de Mukjar, dans le Darfour (Soudan)

« Tout au long de l’année 2004, le Darfour a été le théâtre d’une autre tragédie humanitaire de très grande ampleur ; c’est dans cette région du Soudan que s’est illustrée le plus nettement l’incapacité de la communauté des nations à fournir une réponse adaptée aux crises en matière de droits humains. À l’inverse du tsunami, cette situation dramatique n’était pas l’œuvre de la nature mais celle de l’homme. La communauté internationale n’a ici déployé que très peu d’efforts pour mettre un terme aux souffrances des populations concernées ou pour les apaiser.

Dans cette région, tout au long de l’année, d’innombrables femmes, jeunes filles et fillettes ont été violées, enlevées et contraintes à l’esclavage sexuel par les Janjawid, une milice armée, financée et soutenue par le gouvernement soudanais qui recrutait ses membres parmi les groupes nomades. Les viols massifs qui ont été commis, notamment les viols collectifs d’élèves, constituaient sans conteste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Souvent vêtus d’uniformes soudanais et accompagnés de l’armée nationale, les Janjawid ont également incendié des villages, massacré des civils et pillé les biens et le bétail. L’aviation gouvernementale a ajouté aux souffrances de la population en bombardant des villages. Quant aux forces de sécurité, elles torturaient quasi systématiquement les personnes arrêtées : bien souvent, ces dernières étaient frappées violemment à l’aide de tuyaux, recevaient des coups de fouet ou de bottes et, dans certains cas, avaient les ongles arrachés ou étaient brûlées avec des cigarettes. À la fin de l’année, le conflit avait contraint plus d’un million et demi de personnes à fuir leur foyer après la destruction de leur village et le pillage de leurs troupeaux et de leurs biens. La quasi-totalité des localités de la région ont été dévastées. Au cours des derniers mois de 2004, le conflit au Darfour s’est encore intensifié : l’armée et les milices soutenues par l’État ont lancé des offensives contre la population civile, les forces gouvernementales et les forces rebelles se sont affrontées et des convois humanitaires ont été attaqués.

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2006 :

Au Darfour, des civils ont été tués ou blessés par les troupes gouvernementales – qui ont parfois bombardé des villages – et par les Janjawid, des milices nomades alliées au gouvernement. Des femmes ont été violées et certaines ont été enlevées et réduites en esclavage sexuel. De nombreuses personnes ont fui les conflits et l’extrême pauvreté qui sévissaient dans le sud et d’autres endroits du Darfour.

Le gouvernement soudanais et les milices qui lui sont alliées, les Janjawid, ont tué et blessé des civils au cours de bombardements et d’incursions contre des villages, ont violé des femmes et des jeunes filles et ont chassé des habitants de leurs terres . Le secrétaire général et les organes des Nations unies ont fait état de violations effroyables et d’une ampleur extrême, la situation au Darfour étant marquée par des atteintes aux droits humains généralisées et systématiques, des violations du droit humanitaire, le déplacement forcé de millions de personnes et la menace d’une famine.

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2007 :

En août, les forces gouvernementales ont lancé une offensive de grande ampleur dans le nord du Darfour et dans la région de Djebel Marra, qui s’est accompagnée d’attaques de Janjawids contre des villages et qui se poursuivait encore à la fin de l’année. Les bombardements aériens de cibles civiles étaient fréquents. . Le recours à la torture, qui restait très répandu, était même systématique dans certaines régions, dont le Darfour.
Cette année encore, les Janjawids ont pratiqué le viol de manière systématique au Darfour. Dans la plupart des cas, cela se passait lorsque les femmes sortaient des camps de personnes déplacées pour aller chercher du bois. Dans d’autres, les femmes étaient violées lorsque les Janjawids attaquaient les villages. Les auteurs de ces actes bénéficiaient d’une quasi-impunité.

Des faits semblables sont exposés par une autre grande ONG, Humn Right Watch, par exemple dans un rapport datant de 2005 (en anglais)

Tous les témoignages recueillis par les journalistes de la presse internationale ou les membres d’ONG corroborent ces exactions. Voici quelques exemples, parmi les milliers qu’on peut trouver sur Internet.

 

Der Spiegel, juin 2005 : “Chronique d’un massacre annoncé” par Thilo Thielke

C’est alors que l’enfer se déchaîna à l’autre extrémité de la ville. Des combattants en tenue de camouflage émergèrent dans la brume matinale à l’ouest, se dirigeant vers la ville de 20.000 habitants, suivis par des hordes de miliciens arabes Janjawids à dos de chameau, se ruant sur la localité de Khor Abeche comme des cavaliers de l’Apocalypse. Une troisième vague de soldats avec des armes lourdes et des bazookas arrivèrent sur des pick-ups et des camions.Des dizaines de maisons furent incendiées en quelques minutes, faisant monter dans le ciel des nuages de fumée noire qui préfiguraient l’horreur qui allait s’abattre sur Khor Abeche le 7 avril 2005.

Abakir, voyant la fumée, partit en courant le plus vite possible avec Mariam et leurs enfants en dehors de la ville. Après avoir donné l’assaut à Khor Abeche depuis trois points endroits différents, les attaquants mirent la ville à feu et à sang, massacrant tout le monde sur leur passage – hommes, femmes et enfants. Abakir et sa famille survécurent en se cachant dans une grotte, où ils entendirent toute la journée la destruction de Khor Abeche : le grondement de l’artillerie, les tirs de Kalachnikov, les bombes larguées par les Antonov de l’armée soudanaise – et les cris épouvantables des mourants.

Le Département d’Etat des Etats-Unis a depuis longtemps défini comme un génocide ce qu’il appelle les « crimes contre l’Humanité » commis au Darfour. Amnesty International parle de « meurtres de civils, torture, viols, enlèvements, destructions de villages et de propriétés privées ». Une commission du gouvernement britannique ainsi que diverses ONG estiment qu’il y a eu entre 180 000 et 400 000 morts depuis 2003. Sur les six millions d’habitants que compte le Darfour, deux millions vivent maintenant dans des camps de réfugiés surpeuplés. 200 000 autres se sont réfugiés au Tchad.


Témoignage de Dily, ancien Janjawid, 2006. Ce témoignage a été repris dans The Guardian, 18 octobre 2006, article de Eric Reeves Sudan Tribune, octobre 2006 The Guardian, octobre 2006

Dily, un arabe soudanais, se rappelle comment pendant trois ans avec ses camarades, à dos de chameau et de cheval, il a donné l’assaut contre des villages au Darfour, rasant les habitations, tirant et hurlant « Tuez les esclaves ! Tuez les esclaves ! ».

Les maisons étaient brûlées, les hommes les femmes et les enfants tués – parfois avec l’aide des bombardements de l’aviation gouvernementale. Les commandants disaient que les villages devaient être détruits et qu’il ne fallait épargner ni les femmes ni les enfants. La plupart criaient : « Tuez les noirs ! Tuez les noirs !”.

Dily a déclaré n’avoir jamais violé de femme, mais que les autres Janjawids les violaient. ”Ils partaient avec les femmes et les filles à l’écart et les violaient. Si elles refusaient, on entendait des coups de feu »

 

The Guardian, 2 février 2005, Ewen MacAskill – L’ONU dresse une liste d’atrocités commises au Soudan qui risquent des sanctions

Les Etats-Unis ont l’intention de réclamer des sanctions contre le Soudan suite à quatre mois d’enquête qui a mis en plein jour le rôle du gouvernement soudanais et de ses milices, les Janjawids, dans la destruction d’environ 700 villages et dans le déchaînement de violences qui ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes et le déplacement forcé d’1,8 million d’habitants. Les enquêteurs ont appuyé leurs conclusions sur une série de faits concrets. Parmi eux :

  • les récits de civils tués brûlés vifs et d’autres partiellement brûlés. Des filles âgées de 8 ans ont été violées
  • A Kailek, au su du Darfour, le rapport d’enquête mentionne que « la commission a entendu des témoins crédibles raconter que des victimes capturées étaient traînées vivantes par des chevaux et des chameaux, attachées par des cordes placées autour de leur cou. Des témoins ont vu un jeune homme se faire arracher les deux yeux. Une fois aveugle, il fut contraint de courir puis exécuté.
  • Les enquêteurs ont interviewé plusieurs témoins oculaires à Kaikek qui ont confirmé une attaque combinée des troupes gouvernementales et des Janjawids, attaque au cours de laquelle les femmes et les enfants furent séparées des hommes, puis les femmes et les enfants furent violés par des groupes d’hommes à plusieurs reprises. 80 cas de viols furent rapportés.

D’après l’ambassadeur britannique auprès des Nations Unies, Emyr Jones Parry, « la grande majorité des attaques sont des attaques terrestres par les soldats gouvernementaux, les Janjawids ou bien les deux à la fois. Des centaines de récits décrivent le meurtre de civils, des massacres, des exécutions sommaires, des viols et d’autres formes de violences sexuelles, des tortures, des enlèvements, la mise à sac de propriétés privées ainsi que la destruction délibérée et l’incendie de villages ».

Ces récits démontrent que les viols et les violences sexuelles pratiqués par les Janjawids et les soldats gouvernementaux font partie d’une stratégie délibérée.
The Guardian, mars 2009, Mark Tran – « Violez les femmes, tuez les enfants » : un ancien soldat soudanais raconte les attaques au Darfour

B Kajabier, un déserteur de l’armée soudanaise, décrit une scène juste avant l’assaut donné contre un village par l’armée soudanaise en avril 2003. Le colonel Jaja prit la parole devant ses troupes, des Arabes pour la plupart, mais quelques noirs aussi, après qu’ils furent descendus de leurs véhicules. Les ordres étaient précis : « Violez les femmes, tuez les enfants. Ne laissez rien debout »

Six ans plus tard, Kajabier, qui a fui le Soudan, a décidé de témoigner contre le gouvernement soudanais. Kajabier, un noir du Darfour qui fut enrôlé dans l’armée soudanaise, dit qu’il participa à l’attaque de plusieurs villages en avril 2003. « Nous encerclions les villages, les Janjawid nous suivaient à dos de cheval et de chameau, et pourchassaient ceux qui réussissaient à fuir les soldats. Nous brûlions les maisons une par une et nous commencions à tirer. Très peu de villageois survécurent ».

On estime que 200 000 personnes sont mortes et que 2,7 millions sont devenues des réfugiés depuis le début des combats au Darfour entre l’armée gouvernementale et les forces rebelles en 2003.

 

San Francisco Gate Avril 2006 Jim Doyle – Des survivants du génocide au Darfour racontent l’horreur

Il y a quatre mois les Janjawids ont attaqué le village de mon cousin et ont brûlé toutes les maisons… Ils ont tué mon cousin devant sa femme et ses cinq enfants »

 

Article 1 – Témoignages de réfugiés du Darfour installés au Tchad (témoignages recueillis en juin et juillet 2007 à la frontière entre le Soudan et le Tchad

Les Janjawids, avec le soutien direct et indirect du gouvernement soudanais, commettent des meurtres de masse et des actes de génocide, violent les femmes, brûlent des mosquées et tuent des enfants. Les habitants du Darfour sont victimes de ces pratiques où qu’ils vivent, dans des villages ou des camps de réfugiés. Le gouvernement soudanais a fourni des armes et des munitions aux Janjawids, et leur a donné beaucoup d’argent. Les Janjawids brûlent les villages et tuent leurs habitants avec l’aide du gouvernement soudanais qui envoie des militaires expérimentés et des avions.

Témoignage de Khadija, une femme de 22 ans du Darfour : Les Janjawids sont arrivés le 15 août 2003. Ils se sont séparés en plusieurs groupes, ont attaqué le village et tué environ 30 personnes, surtout des jeunes gens et des enfants. Après que le village ait brûlé, l’armée soudanaise est arrivée avec des soldats expérimentés, des armes lourdes et des hélicoptères qui ont attaqué le village appuyés par les Janjawids montés sur des chameaux et des chevaux. Ils ont tué 52 personnes, surtout des enfants, des femmes et des vieillards. Ils ont aussi violé plus de 20 filles. Le matin suivant, ils se sont à nouveau divisés en trois groupes et ont attaqué le village à 4 heures du matin, tuant 70 personnes. Quand ils furent à court de munitions, ils brûlèrent les villageois vivants et les tuèrent à coups de couteau.

 

BMJ.com (British Medical Journal) – La femme médecin qui a témoigné des atrocités au Darfour reçoit un prix

Halima Bashir, une femme médecin qui fut victime de viols en réunion après avoir témoigné des atrocités commises au sud du Soudan, a reçu le prix Anna Politkovskaya décernée aux femmes défendant les droits des femmes.

Le docteur Bashir explique qu’elle devait témoigner car, “en tant que médecin, j’ai soigné des enfants victimes de viol au Darfour. Imaginez cela. Imaginez un pays ou des hommes et des dirigeants gouvernementaux mettent en place une politique de viols d’enfants comme une arme de guerre. C’est ce qui se passe dans mon pays.

 

The Guardian Juillet 2008 Mark Tran – Une voix s’élève pour les victimes du Darfour

Halima Bashir, une femme médecin soudanaise qui a fui le Darfour et vit maintenant à Londres, raconte la tragédie qui se déroule dans son pays d’origine.

Pour la punir elle fut transférée à Mazkhabad, un village loin de tout dans le nord du Darfour, et devint responsable d’un dispensaire. C’est là qu’elle vit de près les atrocités commises au Darfour. Dans ses pires cauchemars, elle n’aurait pu imaginer voir de telles horreurs, et soigner des fillettes de huit ans violées à de nombreuses reprises.

Bashir dut soigner plus de 40 filles qui furent violées dans leur école alors que les soldats soudanais condamnaient les entrées. Les parents restaient à l’extérieur de l’école, entendant les hurlements de leurs filles.

Une victime de viol qui était aussi enseignante dit à Bashir : « Ils criaient et hurlaient. Vous savez ce qu’ils nous disaient ? Nous sommes venus pour vous tuer tous ! Vous mettre à mort tous : Vous êtes des esclaves noirs ! Vous êtes pires que des chiens. Le pire, c’est qu’ils riaient et exultaient alors qu’ils commettaient ces atrocités.»

Les Janjawids s’en prirent finalement à Bashir. Trois hommes en uniforme l’amenèrent du dispensaire au camp militaire, où elle fut battue et violée à de nombreuses reprises. Son calvaire se répéta un second jour durant lequel Bashir se retira mentalement dans sa tête « dans un endroit très éloigné où Dieu m’amena près de lui, un endroit où plus personne ne pouvait m’atteindre »

Bashir ne peut expliquer les actes de ses bourreaux que comme une forme virulente de racisme. « C’est à cause de la couleur de notre peau, c’est parce que nous sommes noirs » dit elle. « Même à l’école on nous insulte à cause de la couleur de notre peau. C’est quelque chose qui perdure depuis très longtemps ».

Bashir se souvient de ses études à l’université de médecine, où elle avait la réputation d’être une étudiante très travailleuse. Les cadavres que nous disséquions étaient toujours noirs. Une de ses amies lui a dit un jour : « Pour les Arabes, nous ne valons rien lorsque nous sommes vivants, et encore moins lorsque nous sommes morts. »

 

Rapport du Département d’Etat des Etats-Unis, 2004

Lorsqu’ils décrivaient les attaques, les réfugiés expliquaient souvent que l’armée gouvernementale et les Janjawids formaient un groupe uni ; comme le déclara un réfugié « les soldats et les Janjawids agissent toujours de concert ». Les principales victimes sont les populations non-arabophones du Darfour. De nombreux témoignages dignes de foi décrivent l’utilisation d’insultes raciales et ethniques par les Janjawids et les soldats gouvernementaux ; « Tuez les esclaves ; Tuez les esclaves !» et « Nos ordres sont de tuer tous les noirs » sont des mots d’ordre souvent entendus. Un réfugié a entendu un membre des Janjawids dire « nous tuons tous les noirs, nous tuons même le bétail s’il est de couleur noire ». De nombreux réfugiés décrivent des enlèvements en masse, y compris avec des camions de l’armée soudanaise, mais personne ne sait ce que deviennent ces réfugiés. Quelques témoins disent avoir connaissance d’exécutions de masse et de charniers ».

 

Le Darfour Détruit: Les exécutants soudanais brisent le silence from Aegis Trust on Vimeo.

Commentaire recommandé

Alfred // 10.07.2014 à 20h49

Olivier,
Ce qui est décrit dans l’article, je l’ai vu de mes yeux. Mais je suis très gêné par ton discours. Je suis toujours gêné par la campagne autour du Génocide au Darfour. Pourquoi? J’ai un peu de mal entendre certains avoir considérations morales à géométrie variable quand aucun des acteurs des crises soudanaises n’a d’intérêt pour les populations.
Pour une fois je connais un peu le sujet. J’ai travaillé pendant un an pour une organisation humanitaire à la frontière du Sud et du Nord Soudan (zone pétolifère). Voila ce que je peux apporter:
Le contexte.
Premièrement l’état nord soudanais est très ancien. Sous une forme ou une autre on retrouve des institutions étatiques, parfois dominées par l’Égypte, jusqu’à l’antiquité.
Le Darfour existe en tant qu’entité politique depuis l’introduction de l’islam dans la région au XIV siècle (dernier sultan autonome du Darfour au début du XXème siècle).
Ces deux entités ont eu des pouvoirs forts et des BOURGEOISIES. Elles son été colonisées par les Egyptiens tenus en laisse par les Anglais.
Le sud soudan par contre est le seul coin d’afrique (à l’exception de l’Éthiopie brièvement) à n’avoir jamais été vraiment colonisé. La main-mise du condominium anglo-égyptien s’exerce plutôt au travers de raids et de comptoirs de mercenaires et de marchands (d’esclaves notamment) contre une variété de sociétés farouchement indépendantes sur un terrain peu commode. Jamais de structures de pouvoir fortes ou de bourgeoisie n’ont été mises en place. Administration et infrastructures espsilonesques (c’est pourtant la seule « colonie » « anglaise » à n’avoir pas rapporté plus d’argent qu’elle n’en coutait; rien à tirer du Sud mais il ne fallait pas laisser la place aux Français). Le pouvoir est resté immuablement très décentralisé et la société et l’économie « archaiques » (sans connotation péjorative). C’est à dire aussi totalement inadaptées au monde moderne qu’elles étaient totalement adaptées à l’environnent très dur.
Lorsque l’égypte est devenue autonome, les anglais ont mis des barrières à la maimise du nord sur le sud avant de se rétracter à la veille de l’indépendance, en causant du ressentiment dans le sud.
A l’indépendance, à la violence de la guerre qui commence immédiatement, s’ajoute la violence du télescopage qu’ont subi plus tôt tous les peuples colonisés entre leurs valeurs et les valeurs aujourd’hui globales. Dans le sud une vache garde encore aujourd’hui plus de valeur per se (le VRAI capital) que de valeur en argent.
Pas de pouvoir fort, c’est à dire pas d’oppression de l’intérieur, pas de bourgeoisie comprador mais aussi très grande faiblesse vis à vis des agression externes.
Les trois régions Nord, Sud et Darfour connaissent depuis toujours des cohabitations difficiles entre éleveurs et agriculteurs dans un contexte de ressources rares. Quelque soient la religion, l’ethnicité. Par contre le Sud a toujours subi les raids et les razzia du Nord et du Nord Est (Darfour). La mise en esclavage des populations du sud était encore une réalité lorsque j’y ai travaillé.
1955: indépendence de l’ensemble. 1955 certains au sud veulent aussi retrouver leur indépendence (du nord): La guerre donc.
Cette guerre connait une pause en 1972 après environ 500 000 morts (traité d’addis abeba) et aussitôt débarquent Shell et Chevron qui prospectent la mer rouge et le Sud. Dans le Sud les couts sont élevés en raison du territoire on l’a vu peu commode. Bingo. Il y a du pétrole à gogo dans le sud.
1980. Début de l’exploitation.
1978. Début des travaux du canal du Jonglei qui vise à détourner en partie le Nil Blanc des marais du sudd ou il ‘évapore en grade partie au détriment du soudan du nord et de l’égypte (c’était une des contrepartie de la construction du barrage d’assouan lors des derniers accords de partage des eaux du Nil). En effet le débit du Nil Blanc est bien plus faible à Khartoum qu’en sortie de l’Ouganda à cause de ces marais. Or ces marais sont le lieu des champs pétrolifère ET le refuge des rebelles du sud. Leur assèchement aurait donc trois avantages. Davantge d’eau en aval. Pétrole plus accessible. Refuges rebelles plus accessibles.
Par ailleurs le mode de vie et de subsistance d’immenses populations du sud (toutes ethnies confondues) repose sur ces marais et la fertilité apportée par la submersion de vastes zones en saison des pluies).
Résultat: en 1983 les rebelles du sud reprennent le combat après 11 ans de pause. (Selon le narrative c’est parce que le gouvernement du nord veut imposer la charia à toute la population chrétienne et animiste du sud.) Depuis ce chantier de canal est mort.
Dès lors le gouvernement du nord va pratiquer l’épuration économique autour des puits. L’objectif est double: Faire de l’environnement des puits un désert (dépopulation, forets rasées) afin d’assurer la sécurité (réussite). « Nettoyer » ethniquement la région afin de repousser la frontière vers le sud en cas de victoire des rebelles et garantir l’appartenance de la ressource au Nord (echec).
Pratiquement: les avions cargos antonov larguent par la porte arrière non pas des colis parachutés mais des futs d’explosifs sur les villages de paille et de bambou; les hélicoptères (dès qu’ils deviendront disponibles avec les premiers revenus du pétrole) tirent sur les éleveurs et agriculteurs (j’ai vu une foule d’environ 2000 personnes se disperser et disparaitre en quelques secondes parce qu’un hélicoptère passait à l’horizon; ça n’est pas comique, c’est le résultat d’une réalité dramatique); l’artillerie bombarde les marchés; les conflits ancestraux sont instrumentalisés par la distribution d’armes de guerres et de munitions: Ce qui se réglait brutalement à la sagaie avec la mort d’un ou deux guerriers se règle de façon plus définitive au fusil automatique par des massacres plus conséquents. L’instrumentalisation des populations en transhumance fait DEJA partie de cette politique et se poursuivra beaucoup plus tard avec les Djandjawids au Darfour. Mais pas que. On arme les Nuers contre les Dinka et les sous groupes Nuers entre eux. Dès lors et depuis plus de 30 ans maintenant tous les jours les femmes se déplacent par groupes de quinze pour aller chercher l’eau et le bois afin de minimiser les risques de viol qui se comptent par dizaines de milliers. Chacun vit dans l’insécurité totale et permanente. La subsistance n’est plus assurée.
A l’époque cela suscite un peu d’émotion en occident et cela avec les retours sur investissement moindres que prévu (couts élevés et conflit) ainsi que l’assassinat de trois cadres expatriés de Chevron en 1984 font partir les compagnies pétrolières américaines. Compagnies dont le gouvernement choisi le sud et arme notamment les Dinka. Le gouvernement nord soudanais devient un véritable artiste dans la manipulation de milices qui changent de bord comme de chemise et se scindent et se rescindent plus vite que des cellules. A coté les américains font figure d’amateurs. On s’enlise.
Mais tout le conflit est entretenu par un flot de ressources extérieures. Le prix même d’une simple balle (qq dizaines de centimes) est sans rapport avec ce qu’un sud soudanais « dépense » pour survivre. Sans compter l’indisponibilité pratique de l’argent et de la balle. L’entretient de chaque milice pourtant bien misérable du nord comme du sud constitue une véritable fortune par rapport aux ressources du territoire. Par ailleurs la présence d’armes modernes déstructure totalement l’économie et les pouvoirs (razzias de betail; les hiérarchies des milices prennent le pas sur les anciens).
Les occidentaux ont l’indignation outrée mais brève. La routine des massacres s’installe et bientôt tout le monde s’en fout. CHAQUE JOUR pendant trente ans quelques dizaines de femmes sont violées, quelques dizaines de civils sont tués, quelques centaines affamés. Pas assez nombreux A LA FOIS pour faire un génocide? Il y aura pourtant 2 millions de morts à la fin. Assez peu en tout cas pour passer sous les radars de l’attention médiatique. C’est vrai qu’entre temps il y a eu le génocide rwandais (800 000 morts d’un coup) et les guerres du congo (plus de 5 milions de victimes mais sans le faire toujours exprès).
Mais on va revenir sur les radars du centre de commandement de l’Indignation.
Le départ de Chevron? Pas de soucis pour le gouvernement: Les chinois débarquent suivis des malaisiens et d’aventuriers divers comme le suédois Lundin (bravo d’ailleurs à la journaliste suédoise couillue qui a fait ce que personne n’est allé faire pour Total). Là ça fait chier. Le pétrole, que personne n’en profite OK, c’est pour plus tard. Par contre le pétrole pour les jaunes faut pas déconner.
On est dans une situation de merde ou les jaunes ont raflé tous les blocks en exploitation (sauf un qui est exploité par une compagnie de l’immaculé Canada) dans le sud occupé militairement par le nord, et même des blocks intéressants mais pas exploités du nord (par exemple au Darfour (tient?)). Pendant ce temps les blocks tout à fait au sud sont inexploitables pour cause de guerre. Le plus grand d’entre eux, le block 5 est celui de… Total (ah!)
Alors, mister Bush décide de sauver les pauvres sud soudanais chrétiens des méchants musulmans du nord en même temps qu’il détruit l’irak (et accessoirement de casser les couilles des chinois). Pas en armant le sud, c’est déjà fait (bon si on en remet une couche pour faire comprendre). On va surtout remettre l’objet massacre au soudan sur le radar de l’indignation et des négociations de paix et de PARTAGE du pétrole se mettent en place. Mais les fils de pute nord soudanais sont résilients et malins et ils ont l’avantage militaire. La paix tarde à se concrétiser; les nord soudanais sont très retors sur le partage du pétrole. Alors JOKER.
Re Contexte. L’économie soudanaise est très centralisée ainsi que sa politique. Toutes les usines ou presque sont autour de Khartoum et les élites ne viennent pas d’ailleurs. Toutes les périphéries du pays voient leur bourgeoisie demander sans succès une part du gâteau.Tient le Darfour est dans le lot mais pas que (la cote aussi). Ainsi selon le narative le « succès » du sud qui voit se rapprocher l’indépendance aurait ouvert les appétits des élites périphériques (et montré la méthode: la guerre).
Par ailleurs toutes les frontières du soudan ou presque traversent des ethnies voire des nations intégrées à des degrés divers. Exactement de la même manière que la frontière franco-espagnole sépare les basques (conscience d’appartenance forte) et les catalans (conscience d’appartenance faible) entre eux.
Ainsi les zaghawas sont partagés entre le Tchad et le Soudan et ont déjà bien servi aux uns aux autres pour se faire des mamours à coup de roquettes par mouvement rebelles interposés (depuis les guerres tchado-lybiennes au moins). D’ailleurs le capricieux mais néanmoins grand ami de la FRANCE (tient) Idriss Déby Itno a pris le pouvoir au Tchad en partant du Soudan.
Voila donc que soutenue par des « inconnus », avec des ressources « inconnues », des mouvements rebelles dont certains zaghawas et d’autres liées au mouvement séparatiste sud soudanais (soutenu par les américains) émergent et un conflit éclate en février 2003 au Darfour (mais pas sur la cote par exemple). Ici il est à noter que par deux fois déjà le Darfour avait connu une sorte de guerre civile entre ses composantes pour le partage des ressources sans que le gouvernement nord soudanais ne soit intervenu.
Cette fois pourtant il intervient (avec la légéreté qui le caractérise). Peut-être s’est il senti un peu menacé? En effet le message qui lui est délivré est clair: « es-tu certain de survivre à DEUX conflit majeurs? » L’effet escompté est vite atteint. Les négociations avancent et l’indépendance du sud se concrétise en 2011. La paix s’installe dans le sud (youpi pour le block 5 de Total!). – Apparté: Cette paix ne durera pas longtemps au Sud Soudan et une nouvelle Guerre civile éclatera entre Nuers et Dinka. Deux générations aux moins qui n’ont connu que la guerre, aucune élite formée même super corrompue car pas de tradition étatique, zéro économie car « économie » traditionnelle dévastée et de toutes façons archaique et des dizaines d’années d’instrumentalisation des divisions ethniques: c’était du tout vu (sans compter à mon avis un chien de leur chienne des Nord soudanais par nuers interposés quand je suis les noms des différents leaders Nuers (l’ordure Gadet à Bentiu)). –
Bref si on revient au Génocide du Darfour: Le gouvernement nord soudanais utilise toutes les techniques et tactiques immondes qu’il a utilisé pendant des décennies dans le sud pour vaincre dans une guerre qu’il n’a pas initiée. Par ailleurs autant il avait intérêt au nettoyage ethnique dans le sud et ne s’en est jamais privé autant ce n’est stratégiquement pas nécessaire au Darfour. Au Darfour le gouvernement massacreur reconnait 10 000 morts. Il ment bien sur. Selon Wikipedia « les états-unis (ça ok), israel (bon) et le canada (ça alors) estiment que le conflit au Darfour couvre un génocide ayant fait environ 330 000 morts ». La France elle est « préocupée » officiellement. Mais le concert des laquais (dont inénarrable valet (pot?) de chambre Kouchner) crie au génocide.
Ce terme de génocide répété en boucle avec le renfort de stars du cinéma sert un intérêt géopolitique.
Il correspond à une réalité qui est STRICTEMENT la même que celle qu’a vécu la zone pétrolifère du soudan du sud pendant plus de vingt ans (2 000 000 de victimes sur tout le sud).

Par respect pour toutes les victimes employez s’il vous plait les mêmes mots lorsqu’elles sont soumises aux mêmes outrages. Après choisissez les mots qui conviennent en conscience.

Par défi pour les bourreaux et ceux qui les tiennent en laisse depuis des bureaux luxueux, au minimum, n’entrez pas dans leur jeu ou mettez les le nez dans leur merde.

Le quidam soudanais n’a pas d’amis sur la scène internationale. Il est soumis à des prédateurs de tous bord qui se font du fric en mettant du SANG dans votre voiture.

Pour terminer sur BNPP.
Vrai la BNPP est une saloperie de banque. Ses dirigeants sans scrupules, sur lesquels nous avons un pouvoir exclusivement théorique par l’entremise de nos hommes politiques et de notre politique personnelle de client, s’imaginent que s’ils n’avaient pas pris la place au soleil soudanais d’autres l’auraient prise. Ils ont tout a fait raison bien sur. Et nos dits politiques aussi qui étaient sans doute d’accord.
L’amende de la BNPP est bien méritée mais tôt out tard NOUS allons en payer les conséquences (si j’ai bien compris il y a quand même un petit effet de levier en jeu). Avant de me réjouir je l’indigne qu’aucun autre acteur du drame Soudanais ne soit puni. Savait vous que les camions qui transportaient les miliciens quand j’y étais étaient fourni par Renault? Alors une amende pour Renault? Et tous les autres, de tous les pays?

Cette amende est conforme au droit vous avez raison. Mais vous avez tort lorsque vous laissez entendre qu’elle est conforme à la morale. D’abord parce que les Etats-Unis sont activement partie prenante au drame soudanais. Ensuite parce que si la BNPP n’avait pas fait les bons offices et qu’une banque chinoise l’avait remplacé, rien ne se serait passé ET NOUS AURIONS CONTINUE à acheter des robots ménagers faits en chine avec de l’énergie et du plastique rouge-sang (en sachant bien que très probablement aucune banque chinoise n’aurait subi d’amende). Nous continuons bien à changer de téléphone régulièrement malgré tout ce que nous savons sur la filière du coltan au congo… (perso j’essaie de ralonger mais bon en majorité).

Honnêtement, l’acceptation que vous avez de l’amende de la BNPP (qui est bien méritée, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes) et de son montant en particulier (parce qu’il est discordant par rapport aux autres, pas parce qu’il fait enfin mal à une multinationale) constitue à mes yeux une défaite intellectuelle. Il n’y a pas de morale dans les relations internationales et la BNPP se fait taper dessus parce que la France est faible. Point. ça il ne faut pas l’accepter.

J’ai fini mais si vous vous demandez ce que vous pouvez faire pour les soudanais, faites donc un don aux quelques ONG françaises qui travaillent sur place les pieds dans la merde. Si je n’inclu pas les anglo-saxonnes ce n’est pas par chauvinisme mais pour deux raisons: 1-si leur personnel expatrié est souvent plus compétent elles sont souvent pour des raisons d’organisation régulièrement corrompues sur le terrain (les grandes françaises jamais); 2- elle versent parfois dans la politique et servent les intérêts de leurs gouvernement (je l’ai observé très clairement en Afghanistan) au détriment des populations.
Enfin certains sont tentés de ne pas donner au motif que c’est interminable et que le gamin sauvé de la malnutrition sera peut être le milicien de demain. C’est indéniable, c’est le tonneau des danaïdes (je me souviens avoir trouvé en pleine brousse un puits creusé par une ong danoise en 1976 (!) dans ce qui était un village et qui était devenu un desert par le fait de l’épuration économique). Pour autant. Tous nos frères en humanité méritent de vivre. Chaque jour l’humanité se prive certes de dizaines de milliers de crétins mais aussi d’un Mozart ou d’un Einstein qui n’ont pas eu le temps d’éclore. Enfin, pourquoi pour ceux ci ou pour ceux-là… Votre choix. Ce sera toujours mieux que rien.

Désolé d’avoir été aussi long.

22 réactions et commentaires

  • burgf // 10.07.2014 à 08h49

    Horreurs au Soudan/Sud Soudan/Darfour, certes…
    Derrière tout ça? de sordides histoires de pétrole. Et de géopolitique.
    Un début de piste: http://bernardlugan.blogspot.fr/2012/04/soudan-les-causes-dune-guerre-annoncee.html
    Cela ne nous dit rien des acteurs-acheteurs impliqués.
    Si la BNP officiait avec les autorités du Soudan, c’était évidemment au su et au vu de nombres de services (secrets) occidentaux, et en premier chef ceux des USA.
    Il est donc probable que la BNP officiait en tant que Proxy » pour certains intérets occidentaux.
    Que ce soit une BNP, Deutsche bank, Goldman Sachs ou JP MorganChase à la manoeuvre, que ce soit dans la destruction de la Lybie (la France en proxy pour Washington), de la Syrie (sauvée par la Russie, semble t-il), de la Cote d’Ivoire (affaire Ouatara), toutes ces entités participent ou ont participé à des horreurs néo-coloniales.
    En Afrique, les chinois ne fonctionnent pas du tout en prédateurs violents, et commercent avec les autoritées des pays d’Afrique en échangeant pétrole contre équipements comme routes, écoles, centrales, etc..
    A chacun sa méthode, mais il faut reconnaitre que celle des occidentaux est de moins en moins supportable..
    Ah oui: il y a l’Ukraine aussi!
    Evident que la sanction BNP est une petite tape du boss à un élève récalcitrant et un peu trop sûr de lui. Histoire de bien montrer qui est le Patron.

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    • Azza // 10.07.2014 à 12h21

      Prendre Bernard Lugan comme source, c’est assez terrifiant !

      Surtout quand on connais ses analyses raciales du drame Rwandais et ses theories delirantes sur les « origines » des Hutus et des Tutsis.

      Voir le site de l’association « Survie » pour plus d’infos.

      http://survie.org/mot/bernard-lugan

      Ainsi que la page wiki du personnage

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Lugan#Critiques_.C3.A0_l.27.C3.A9gard_de_Bernard_Lugan

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      • Fracture // 10.07.2014 à 13h27

        Bernard Lugan est attaqué par la gauche car ses thèses remettent en cause leur vison bisounours du monde.

        Comme d’habitude faute de faits concrets, cette gauche pratique l’attaque sur la personne sans jamais avoir réussi à démonter l’un de ses écrits.

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        • Dommage // 10.07.2014 à 14h50

          « la gauche », c’est comme « la droite », ça ne veux pas dire grand-chose. Ni « leur vision bisounours du monde ».

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      • Spipou // 10.07.2014 à 23h47

        Bernard Lugan est un analyste politique assez… Heu… Disons, bizarre, certes !

        Mais comme historien de l’Afrique, c’est LA référence. Ce n’est pas la première fois qu’un grand historien a des analyses plutôt contestables, pour être gentil, au sujet de la politique contemporaine : j’ai déjà parlé de Timothy Snyder au sujet de l’Ukraine.

        En ce qui concerne le Darfour plus précisément, je recommande vivement la lecture de « Le génocide voilé », de Tidyane NDiaye, qui dit notamment « La traite esclavagiste des noirs par les arabes a commencé au Darfour, et se poursuit toujours au Darfour au XXIème siècle ».

        Son livre est extrêmement bien documenté, et il parle notamment du racisme des arabes envers les noirs, dont la sous-humanité est sanctionné par la religion musulmane (même pour les noirs musulmans).

        En arabe, le mot « Ab’d » ou « Abed » signifie tout à la fois « nègre » et « esclave ». Tout un programme !

        http://www.tidiane.net/

          +1

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    • Spipou // 10.07.2014 à 23h55

      Pourquoi vouloir absolument « qu’il ait toujours quelque chose derrière tout ça » ?

      Les occidentaux ne sont pas les seuls à pratiquer l’horreur ! Gengis Khan a fait plus de victimes qu’Hitler, je crois.

      Et puis, même s’il y a des intérêts divers et variés derrière, il faut quand même que les protagonistes locaux existent au préalable avant de pouvoir les utiliser ! C’est comme Pravy Sektor et Svoboda : même s’ils ont été utilisés par les occidentaux, on aurait bien été en mal de les créer s’il n’y avait pas déjà eu des pronazis en Galicie, sans qu’il n’y ait besoin d’aucune incitation extérieure !

      Les populations noires, à commencer par celles du Darfour, sont les victimes des arabes depuis plus d’un millénaire, le fait est parfaitement attesté et documenté, mais il est occulté par les professionnels de l’antiracisme, à commencer par notre ministre de la justice ! (Voir le livre de Tidyane NDiaye dont je donne la référence ci-dessous ; il y a également un historien ghanéen qui a écrit un livre là-dessus, mais j’ai oublié son nom. Le livre de Tidyane NDiaye a l’avantage d’être en français. Je redonne son site si vous voulez lui commander directement. Il a écrit d’autres livres sur l’Afrique qui semblent passionnants, il faudra que je les lise aussi un jour.)

      http://www.tidiane.net/

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      • Spipou // 11.07.2014 à 00h01

        Bon… Mon premier commentaire se retrouve en dessous du second… Celui-ci est une réponse à Burgf, l’autre était une réponse à Azza.

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      • Alfred // 11.07.2014 à 08h51

        Vous n’avez pas tort
        La relation entre la couleur de peau et l’esclavage est patente au soudan. Plus on est blanc plus on est « maitre » plus on est noir plus on est « esclave ».
        Je n’ai pas lu les livres dont vous parlez mais appliquer cette analyse de loin sur le Darfour me semble un peu partiel et tiré par les cheveux. C’est vrai pour tout le soudan et au dela.
        Un « arabe » de kharthoum c’est à dire dans 90% une personne a la peau assez foncée sera victime du racisme et de ce préjugé au caire mais sera auteur du même préjugé au Darfour.
        Mais n’oublions pas que les populations du Darfour ont musulmanes (avec le « défaut » d’être plus noires) et que ce sont les populations nilotiques (noir charbon) qui constituent le bassin historique des esclaves d’AUTANT plus qu’elles ne sont pas musulmanes.
        Il est faux de dire que le bassin d’esclves est au Darfour. Il est dans le bassin du nil.

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        • Spipou // 11.07.2014 à 23h10

          Peut-être que Tidiane NDiaye a pris l’exemple de Darfour (quand même pas très éloigné du Nil par rapport au reste de l’Afrique !) pour souligner que l’esclavage s’y pratique encore.

          Je ne me souviens plus exactement comment il dit ça, il y a assez longtemps que j’ai lu le livre.

          Mais sinon, vu la masse de documentation qu’il cite, je ne pense pas qu’il fasse d’erreurs factuelles.

          Au sujet des musulmans/non musulmans, c’est plus compliqué que ça. Les trafiquants ne devaient en principe pas mettre en esclavage un musulman, mais avec des sous-humains tels que les nègres (j’utilise le mot nègre parce que c’est l’équivalent des mots arabes utilisés à leur égard), ils ne s’embarrassaient pas trop de principes. Tidiane NDiaye explique très bien tout ça, le racisme érigé en principe par les autorités religieuses, etc. Notons que les castreurs (éthiopiens) étaient… chrétiens ! C’était une profession hautement qualifiée et très bien rémunérée !

          Il raconte également la révolte qui a eu lieu dans la région de Bassorah, et qui a abouti à la création d’un état par les esclaves rebelles, état qui a duré, si mes souvenirs sont exacts, quatre décennies… Pour ceux qui s’intéressent au sujet, c’est vraiment un livre indispensable.

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  • Toff de aix // 10.07.2014 à 08h50

    Seigneur, que dire ?….

    Qu’une de nos banques ait cautionné ça, encore ? Petite question : il me semble avoir lu que cette région regorge de ressources (notamment pétrolifères). De là à faire un lien de cause à effet…. Le Soudan exporte t il du pétrole ?

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  • JP64 // 10.07.2014 à 14h59

    Bonjour.

    Un point de vue intéressant sur les rapports Usa/Soudan :

    http://www.espritcorsaire.com/?ID=388/Richard_Lab%C3%A9vi%C3%A8re/Levez_les_sanctions_contre_le_Soudan_!

      +0

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  • Alfred // 10.07.2014 à 20h49

    Olivier,
    Ce qui est décrit dans l’article, je l’ai vu de mes yeux. Mais je suis très gêné par ton discours. Je suis toujours gêné par la campagne autour du Génocide au Darfour. Pourquoi? J’ai un peu de mal entendre certains avoir considérations morales à géométrie variable quand aucun des acteurs des crises soudanaises n’a d’intérêt pour les populations.
    Pour une fois je connais un peu le sujet. J’ai travaillé pendant un an pour une organisation humanitaire à la frontière du Sud et du Nord Soudan (zone pétolifère). Voila ce que je peux apporter:
    Le contexte.
    Premièrement l’état nord soudanais est très ancien. Sous une forme ou une autre on retrouve des institutions étatiques, parfois dominées par l’Égypte, jusqu’à l’antiquité.
    Le Darfour existe en tant qu’entité politique depuis l’introduction de l’islam dans la région au XIV siècle (dernier sultan autonome du Darfour au début du XXème siècle).
    Ces deux entités ont eu des pouvoirs forts et des BOURGEOISIES. Elles son été colonisées par les Egyptiens tenus en laisse par les Anglais.
    Le sud soudan par contre est le seul coin d’afrique (à l’exception de l’Éthiopie brièvement) à n’avoir jamais été vraiment colonisé. La main-mise du condominium anglo-égyptien s’exerce plutôt au travers de raids et de comptoirs de mercenaires et de marchands (d’esclaves notamment) contre une variété de sociétés farouchement indépendantes sur un terrain peu commode. Jamais de structures de pouvoir fortes ou de bourgeoisie n’ont été mises en place. Administration et infrastructures espsilonesques (c’est pourtant la seule « colonie » « anglaise » à n’avoir pas rapporté plus d’argent qu’elle n’en coutait; rien à tirer du Sud mais il ne fallait pas laisser la place aux Français). Le pouvoir est resté immuablement très décentralisé et la société et l’économie « archaiques » (sans connotation péjorative). C’est à dire aussi totalement inadaptées au monde moderne qu’elles étaient totalement adaptées à l’environnent très dur.
    Lorsque l’égypte est devenue autonome, les anglais ont mis des barrières à la maimise du nord sur le sud avant de se rétracter à la veille de l’indépendance, en causant du ressentiment dans le sud.
    A l’indépendance, à la violence de la guerre qui commence immédiatement, s’ajoute la violence du télescopage qu’ont subi plus tôt tous les peuples colonisés entre leurs valeurs et les valeurs aujourd’hui globales. Dans le sud une vache garde encore aujourd’hui plus de valeur per se (le VRAI capital) que de valeur en argent.
    Pas de pouvoir fort, c’est à dire pas d’oppression de l’intérieur, pas de bourgeoisie comprador mais aussi très grande faiblesse vis à vis des agression externes.
    Les trois régions Nord, Sud et Darfour connaissent depuis toujours des cohabitations difficiles entre éleveurs et agriculteurs dans un contexte de ressources rares. Quelque soient la religion, l’ethnicité. Par contre le Sud a toujours subi les raids et les razzia du Nord et du Nord Est (Darfour). La mise en esclavage des populations du sud était encore une réalité lorsque j’y ai travaillé.
    1955: indépendence de l’ensemble. 1955 certains au sud veulent aussi retrouver leur indépendence (du nord): La guerre donc.
    Cette guerre connait une pause en 1972 après environ 500 000 morts (traité d’addis abeba) et aussitôt débarquent Shell et Chevron qui prospectent la mer rouge et le Sud. Dans le Sud les couts sont élevés en raison du territoire on l’a vu peu commode. Bingo. Il y a du pétrole à gogo dans le sud.
    1980. Début de l’exploitation.
    1978. Début des travaux du canal du Jonglei qui vise à détourner en partie le Nil Blanc des marais du sudd ou il ‘évapore en grade partie au détriment du soudan du nord et de l’égypte (c’était une des contrepartie de la construction du barrage d’assouan lors des derniers accords de partage des eaux du Nil). En effet le débit du Nil Blanc est bien plus faible à Khartoum qu’en sortie de l’Ouganda à cause de ces marais. Or ces marais sont le lieu des champs pétrolifère ET le refuge des rebelles du sud. Leur assèchement aurait donc trois avantages. Davantge d’eau en aval. Pétrole plus accessible. Refuges rebelles plus accessibles.
    Par ailleurs le mode de vie et de subsistance d’immenses populations du sud (toutes ethnies confondues) repose sur ces marais et la fertilité apportée par la submersion de vastes zones en saison des pluies).
    Résultat: en 1983 les rebelles du sud reprennent le combat après 11 ans de pause. (Selon le narrative c’est parce que le gouvernement du nord veut imposer la charia à toute la population chrétienne et animiste du sud.) Depuis ce chantier de canal est mort.
    Dès lors le gouvernement du nord va pratiquer l’épuration économique autour des puits. L’objectif est double: Faire de l’environnement des puits un désert (dépopulation, forets rasées) afin d’assurer la sécurité (réussite). « Nettoyer » ethniquement la région afin de repousser la frontière vers le sud en cas de victoire des rebelles et garantir l’appartenance de la ressource au Nord (echec).
    Pratiquement: les avions cargos antonov larguent par la porte arrière non pas des colis parachutés mais des futs d’explosifs sur les villages de paille et de bambou; les hélicoptères (dès qu’ils deviendront disponibles avec les premiers revenus du pétrole) tirent sur les éleveurs et agriculteurs (j’ai vu une foule d’environ 2000 personnes se disperser et disparaitre en quelques secondes parce qu’un hélicoptère passait à l’horizon; ça n’est pas comique, c’est le résultat d’une réalité dramatique); l’artillerie bombarde les marchés; les conflits ancestraux sont instrumentalisés par la distribution d’armes de guerres et de munitions: Ce qui se réglait brutalement à la sagaie avec la mort d’un ou deux guerriers se règle de façon plus définitive au fusil automatique par des massacres plus conséquents. L’instrumentalisation des populations en transhumance fait DEJA partie de cette politique et se poursuivra beaucoup plus tard avec les Djandjawids au Darfour. Mais pas que. On arme les Nuers contre les Dinka et les sous groupes Nuers entre eux. Dès lors et depuis plus de 30 ans maintenant tous les jours les femmes se déplacent par groupes de quinze pour aller chercher l’eau et le bois afin de minimiser les risques de viol qui se comptent par dizaines de milliers. Chacun vit dans l’insécurité totale et permanente. La subsistance n’est plus assurée.
    A l’époque cela suscite un peu d’émotion en occident et cela avec les retours sur investissement moindres que prévu (couts élevés et conflit) ainsi que l’assassinat de trois cadres expatriés de Chevron en 1984 font partir les compagnies pétrolières américaines. Compagnies dont le gouvernement choisi le sud et arme notamment les Dinka. Le gouvernement nord soudanais devient un véritable artiste dans la manipulation de milices qui changent de bord comme de chemise et se scindent et se rescindent plus vite que des cellules. A coté les américains font figure d’amateurs. On s’enlise.
    Mais tout le conflit est entretenu par un flot de ressources extérieures. Le prix même d’une simple balle (qq dizaines de centimes) est sans rapport avec ce qu’un sud soudanais « dépense » pour survivre. Sans compter l’indisponibilité pratique de l’argent et de la balle. L’entretient de chaque milice pourtant bien misérable du nord comme du sud constitue une véritable fortune par rapport aux ressources du territoire. Par ailleurs la présence d’armes modernes déstructure totalement l’économie et les pouvoirs (razzias de betail; les hiérarchies des milices prennent le pas sur les anciens).
    Les occidentaux ont l’indignation outrée mais brève. La routine des massacres s’installe et bientôt tout le monde s’en fout. CHAQUE JOUR pendant trente ans quelques dizaines de femmes sont violées, quelques dizaines de civils sont tués, quelques centaines affamés. Pas assez nombreux A LA FOIS pour faire un génocide? Il y aura pourtant 2 millions de morts à la fin. Assez peu en tout cas pour passer sous les radars de l’attention médiatique. C’est vrai qu’entre temps il y a eu le génocide rwandais (800 000 morts d’un coup) et les guerres du congo (plus de 5 milions de victimes mais sans le faire toujours exprès).
    Mais on va revenir sur les radars du centre de commandement de l’Indignation.
    Le départ de Chevron? Pas de soucis pour le gouvernement: Les chinois débarquent suivis des malaisiens et d’aventuriers divers comme le suédois Lundin (bravo d’ailleurs à la journaliste suédoise couillue qui a fait ce que personne n’est allé faire pour Total). Là ça fait chier. Le pétrole, que personne n’en profite OK, c’est pour plus tard. Par contre le pétrole pour les jaunes faut pas déconner.
    On est dans une situation de merde ou les jaunes ont raflé tous les blocks en exploitation (sauf un qui est exploité par une compagnie de l’immaculé Canada) dans le sud occupé militairement par le nord, et même des blocks intéressants mais pas exploités du nord (par exemple au Darfour (tient?)). Pendant ce temps les blocks tout à fait au sud sont inexploitables pour cause de guerre. Le plus grand d’entre eux, le block 5 est celui de… Total (ah!)
    Alors, mister Bush décide de sauver les pauvres sud soudanais chrétiens des méchants musulmans du nord en même temps qu’il détruit l’irak (et accessoirement de casser les couilles des chinois). Pas en armant le sud, c’est déjà fait (bon si on en remet une couche pour faire comprendre). On va surtout remettre l’objet massacre au soudan sur le radar de l’indignation et des négociations de paix et de PARTAGE du pétrole se mettent en place. Mais les fils de pute nord soudanais sont résilients et malins et ils ont l’avantage militaire. La paix tarde à se concrétiser; les nord soudanais sont très retors sur le partage du pétrole. Alors JOKER.
    Re Contexte. L’économie soudanaise est très centralisée ainsi que sa politique. Toutes les usines ou presque sont autour de Khartoum et les élites ne viennent pas d’ailleurs. Toutes les périphéries du pays voient leur bourgeoisie demander sans succès une part du gâteau.Tient le Darfour est dans le lot mais pas que (la cote aussi). Ainsi selon le narative le « succès » du sud qui voit se rapprocher l’indépendance aurait ouvert les appétits des élites périphériques (et montré la méthode: la guerre).
    Par ailleurs toutes les frontières du soudan ou presque traversent des ethnies voire des nations intégrées à des degrés divers. Exactement de la même manière que la frontière franco-espagnole sépare les basques (conscience d’appartenance forte) et les catalans (conscience d’appartenance faible) entre eux.
    Ainsi les zaghawas sont partagés entre le Tchad et le Soudan et ont déjà bien servi aux uns aux autres pour se faire des mamours à coup de roquettes par mouvement rebelles interposés (depuis les guerres tchado-lybiennes au moins). D’ailleurs le capricieux mais néanmoins grand ami de la FRANCE (tient) Idriss Déby Itno a pris le pouvoir au Tchad en partant du Soudan.
    Voila donc que soutenue par des « inconnus », avec des ressources « inconnues », des mouvements rebelles dont certains zaghawas et d’autres liées au mouvement séparatiste sud soudanais (soutenu par les américains) émergent et un conflit éclate en février 2003 au Darfour (mais pas sur la cote par exemple). Ici il est à noter que par deux fois déjà le Darfour avait connu une sorte de guerre civile entre ses composantes pour le partage des ressources sans que le gouvernement nord soudanais ne soit intervenu.
    Cette fois pourtant il intervient (avec la légéreté qui le caractérise). Peut-être s’est il senti un peu menacé? En effet le message qui lui est délivré est clair: « es-tu certain de survivre à DEUX conflit majeurs? » L’effet escompté est vite atteint. Les négociations avancent et l’indépendance du sud se concrétise en 2011. La paix s’installe dans le sud (youpi pour le block 5 de Total!). – Apparté: Cette paix ne durera pas longtemps au Sud Soudan et une nouvelle Guerre civile éclatera entre Nuers et Dinka. Deux générations aux moins qui n’ont connu que la guerre, aucune élite formée même super corrompue car pas de tradition étatique, zéro économie car « économie » traditionnelle dévastée et de toutes façons archaique et des dizaines d’années d’instrumentalisation des divisions ethniques: c’était du tout vu (sans compter à mon avis un chien de leur chienne des Nord soudanais par nuers interposés quand je suis les noms des différents leaders Nuers (l’ordure Gadet à Bentiu)). –
    Bref si on revient au Génocide du Darfour: Le gouvernement nord soudanais utilise toutes les techniques et tactiques immondes qu’il a utilisé pendant des décennies dans le sud pour vaincre dans une guerre qu’il n’a pas initiée. Par ailleurs autant il avait intérêt au nettoyage ethnique dans le sud et ne s’en est jamais privé autant ce n’est stratégiquement pas nécessaire au Darfour. Au Darfour le gouvernement massacreur reconnait 10 000 morts. Il ment bien sur. Selon Wikipedia « les états-unis (ça ok), israel (bon) et le canada (ça alors) estiment que le conflit au Darfour couvre un génocide ayant fait environ 330 000 morts ». La France elle est « préocupée » officiellement. Mais le concert des laquais (dont inénarrable valet (pot?) de chambre Kouchner) crie au génocide.
    Ce terme de génocide répété en boucle avec le renfort de stars du cinéma sert un intérêt géopolitique.
    Il correspond à une réalité qui est STRICTEMENT la même que celle qu’a vécu la zone pétrolifère du soudan du sud pendant plus de vingt ans (2 000 000 de victimes sur tout le sud).

    Par respect pour toutes les victimes employez s’il vous plait les mêmes mots lorsqu’elles sont soumises aux mêmes outrages. Après choisissez les mots qui conviennent en conscience.

    Par défi pour les bourreaux et ceux qui les tiennent en laisse depuis des bureaux luxueux, au minimum, n’entrez pas dans leur jeu ou mettez les le nez dans leur merde.

    Le quidam soudanais n’a pas d’amis sur la scène internationale. Il est soumis à des prédateurs de tous bord qui se font du fric en mettant du SANG dans votre voiture.

    Pour terminer sur BNPP.
    Vrai la BNPP est une saloperie de banque. Ses dirigeants sans scrupules, sur lesquels nous avons un pouvoir exclusivement théorique par l’entremise de nos hommes politiques et de notre politique personnelle de client, s’imaginent que s’ils n’avaient pas pris la place au soleil soudanais d’autres l’auraient prise. Ils ont tout a fait raison bien sur. Et nos dits politiques aussi qui étaient sans doute d’accord.
    L’amende de la BNPP est bien méritée mais tôt out tard NOUS allons en payer les conséquences (si j’ai bien compris il y a quand même un petit effet de levier en jeu). Avant de me réjouir je l’indigne qu’aucun autre acteur du drame Soudanais ne soit puni. Savait vous que les camions qui transportaient les miliciens quand j’y étais étaient fourni par Renault? Alors une amende pour Renault? Et tous les autres, de tous les pays?

    Cette amende est conforme au droit vous avez raison. Mais vous avez tort lorsque vous laissez entendre qu’elle est conforme à la morale. D’abord parce que les Etats-Unis sont activement partie prenante au drame soudanais. Ensuite parce que si la BNPP n’avait pas fait les bons offices et qu’une banque chinoise l’avait remplacé, rien ne se serait passé ET NOUS AURIONS CONTINUE à acheter des robots ménagers faits en chine avec de l’énergie et du plastique rouge-sang (en sachant bien que très probablement aucune banque chinoise n’aurait subi d’amende). Nous continuons bien à changer de téléphone régulièrement malgré tout ce que nous savons sur la filière du coltan au congo… (perso j’essaie de ralonger mais bon en majorité).

    Honnêtement, l’acceptation que vous avez de l’amende de la BNPP (qui est bien méritée, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes) et de son montant en particulier (parce qu’il est discordant par rapport aux autres, pas parce qu’il fait enfin mal à une multinationale) constitue à mes yeux une défaite intellectuelle. Il n’y a pas de morale dans les relations internationales et la BNPP se fait taper dessus parce que la France est faible. Point. ça il ne faut pas l’accepter.

    J’ai fini mais si vous vous demandez ce que vous pouvez faire pour les soudanais, faites donc un don aux quelques ONG françaises qui travaillent sur place les pieds dans la merde. Si je n’inclu pas les anglo-saxonnes ce n’est pas par chauvinisme mais pour deux raisons: 1-si leur personnel expatrié est souvent plus compétent elles sont souvent pour des raisons d’organisation régulièrement corrompues sur le terrain (les grandes françaises jamais); 2- elle versent parfois dans la politique et servent les intérêts de leurs gouvernement (je l’ai observé très clairement en Afghanistan) au détriment des populations.
    Enfin certains sont tentés de ne pas donner au motif que c’est interminable et que le gamin sauvé de la malnutrition sera peut être le milicien de demain. C’est indéniable, c’est le tonneau des danaïdes (je me souviens avoir trouvé en pleine brousse un puits creusé par une ong danoise en 1976 (!) dans ce qui était un village et qui était devenu un desert par le fait de l’épuration économique). Pour autant. Tous nos frères en humanité méritent de vivre. Chaque jour l’humanité se prive certes de dizaines de milliers de crétins mais aussi d’un Mozart ou d’un Einstein qui n’ont pas eu le temps d’éclore. Enfin, pourquoi pour ceux ci ou pour ceux-là… Votre choix. Ce sera toujours mieux que rien.

    Désolé d’avoir été aussi long.

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    • Spipou // 11.07.2014 à 00h10

      Alfred, votre témoignage me paraît très intéressant, et je prendrai le temps de le lire.

      Mais quand vous dites « la narrative est que… » non ! Il y a eu une oppression du Nord musulman sur le Sud chrétien et animiste, ainsi qu’une oppression du gouvernement arabe de Khartoum sur les noirs du Darfour. Ce n’est pas une narrative, ce sont des faits !

      Parler de narrative dans ce cas précis me fait penser aux associations dites antiracistes qui ont reproché à Eric Besson d’avoir accueilli en urgence dans les hôpitaux français des chrétiens irakiens victimes de l’attentat dans une église de Bagdad il y a 2 ou 3 ans.

      On ne peut pas excuser les tueurs islamistes par les agissements de la BNP ou autres ! Le mal est le mal, d’où qu’il vienne, et il n’est pas, n’a jamais été depuis que l’humanité existe, ethnocentré !

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      • Alfred // 11.07.2014 à 01h27

        Spipou
        Vous m’avez mal lu ou alors je me suis mal exprimé.
        Je ne nie pas l’oppression. Je dis que la guerre recommence « Selon le narrative parce que le gouvernement du nord veut imposer la charia à toute la population chrétienne et animiste du sud ». C’est de la blague. Je dis que cette histoire de charia ce n’est pas la raison du retour des hostilité, que c’est plus compliqué, lié aux ressources et au pouvoir. Autrement dit la charia c’est relativement anecdotique et monté en épingle pour rendre le conflit intelligible pour les niais occidentaux et accessoirement désigner les bons et les méchants.
        J’ai du potasser un peu la loi soudanaise car la « justice » servait à racketter mes employés et le juge m’a fait valoir plusieurs fois que tel ou tel texte ne s’appliquait pas à mes employés car ils étaient chrétiens. Mais si ça l’arrangeait il faisait l’inverse, ça s’appliquait aussi aux chrétiens… Autrement dit, plus que la charia c’était surtout la loi du plus fort. L’oppression comme vous dites.
        Mais ça n’avait rien d’idéologique du tout. De la simple prédation tintée de racisme.
        Je n’ai pas eu l’occasion de croiser de tueurs islamistes au soudan mais il y en avait peut être. Moi je n’ai vu que des bandits et les soldats d’un régime mafieux et raciste.
        Savez-vous que le régime avait le plus grand mal à garder ses militaires sobres et les punissait très (vraiment très) sévèrement à chaque ivrognerie? Pensez vous que cela avait un rapport avec la charia ou avec la discipline militaire dans une zone de combats? Pensez-vous que ces soldats musulmans du nord enivrés à l’alcool de palme étaient de pieux islamistes?
        Il y a un courant islamiste au nord soudan. Mais il y a surtout un régime militaire qui nourrit sa clique avec du fric et la populace avec l’islam. ça ne mange pas de pain, c’est un bon outil d’oppression et il y a toujours des types pour crever pour ça. Quoique pas tant que ça en l’espèce parce que je n’ai pas souvenir que les troufions de base avaient tellement envie d’aller se faire chier et buter dans le sud même pour les beaux yeux de l’islam. Racistes certes. Islamistes bof.
        Quand à l’oppression des arabes sur les noirs, n’importe qui a mis les pieds au soudan a envie de rire jaune. » L’arabe » de l’un est le noir de l’autre. Il n’y pas beaucoup beaucoup d’arabes à la peau blanche même à khartoum. Certes racisme partout, du plus clair vers le plus foncé entre gens plus ou moins noirs dont certains se disent arabes.
        Il faudrait ajouter qu’etre victime ne veut pas dire etre innocent (au sujet du racisme mais pas que).
        Je pense qu’on se trompe d’analyse quand on pense ethnicité ou religion au soudan. A mon avis ce sont des leviers (utilisés à fond) pas des causes. Le pouvoir et la richesse, par contre, comme partout… C’est du moins cette grille d’analyse qui m’a permis d’anticiper des événements (jamais surpris), pas le prisme ethnique ou religieux (toujours des surprises).
        Je ne me souviens pas de l’épisode Besson-antiracistes, là je ne sais pas de quoi vous parlez.
        Je n’excuse rien des islamistes que je méprise comme 1) d’idéologie totalitaire 2) idiots utiles de leur « pire » ennemi.
        Enfin j’essaie prendre en compte mon ethnocentrisme atavique dans mes raisonnements.

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        • Spipou // 11.07.2014 à 04h03

          Oui, je comprends ce que vous voulez dire.

          Mais je pense qu’il ne faut pas reléguer l’islam aux à-côtés !

          C’est quand même une cause, la cause principale (même si les troufions dont vous parlez se soulaient à l’alcool de palme, leur chef d’état était bel et bien un islamiste, et le Soudan une république islamique, régie par la charia).

          Si l’on prend, par exemple, les Guerres de Religion en France et la Guerre de Trente Ans en Allemagne, on ne peut pas dire que leur cause principale n’était pas la religion, même s’il y avait des intérêts de pouvoir derrière (Henri de Guise pour les Guerres de Religion, les Habsbourg d’Espagne et ceux d’Autriche, l’expansionnisme suédois et le Cardinal de Richelieu pour la Guerre de Trente Ans – notons, si je me souviens bien de mon histoire, que Richelieu combattait les protestants en France, mais combattait les catholiques en Allemagne, pour contrer les Habsbourg !). Tous ces appétits sont venus se greffer sur la première cause, qui était : la religion !

          Pour preuve, le Traité de Westphalie a été signé dans deux villes différentes, entre lesquelles des émissaires faisaient la navette, car même forcés de faire la paix par manque de combattants, les princes catholiques et les princes protestants refusaient de se rencontrer !!!!!

          Pour Eric Besson, j’ai essayé une recherche sur notre moteur de recherches favori, mais je n’ai pas retrouvé. J’ai juste retrouvé des articles qui parlent de l’accueil des réfugiés. Mais je me souviens très bien de cette vidéo ou l’on voyait le président de France Terre d’Asile attaquer violemment Besson en l’accusant de faire de la discrimination contre les musulmans ! J’avais trouvé ça infect, et c’était d’autant plus idiot que parmi les réfugiés, il y avait un garde du corps musulman !

          Voici un article qui donne les grandes lignes. Vu que Besson insiste sur la présence du musulman, je pense que c’est écrit après l’intervention du président de France Terre d’Asile.

          http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20101107.OBS2478/eric-besson-communique-sur-l-accueil-des-chretiens-d-irak.html

          Sinon, je n’ai pas encore eu le temps de lire votre long commentaire, je l’ai juste survolé, mais je vais l’imprimer et je le lirai. Votre témoignage m’intéresse beaucoup.

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          • Spipou // 11.07.2014 à 04h13

            (Au sujet du traitement des noirs par les arabes depuis plus d’un millénaire, je vous recommande le livre de Tidiane NDiaye, dont je donne les références plus haut. C’est un travail historique très impressionnant.)

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    • Fracture // 11.07.2014 à 13h55

      Alfred a exprimé le malaise que j’avais eu à l’occasion de la lecture de cet article .

      (bien comprendre la source du malaise : c’est pourquoi un tel article sur la morale de la part d’Olivier.
      Pas un malaise sur les faits car Kevin Carter 1993, ce serait bien tard) .

      Je suis d’accord à 100% avec ce passage :
      « Honnêtement, l’acceptation que vous avez de l’amende de la BNPP (qui est bien méritée, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes) et de son montant en particulier (parce qu’il est discordant par rapport aux autres, pas parce qu’il fait enfin mal à une multinationale) constitue à mes yeux une défaite intellectuelle. Il n’y a pas de morale dans les relations internationales et la BNPP se fait taper dessus parce que la France est faible. Point. ça il ne faut pas l’accepter. »

      Mélanger morale et realpolitik ne donne jamais de bonnes analyses.
      Il y aurait plus lieu de s’interroger pourquoi l’affaire sort maintenant.

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      • Spipou // 12.07.2014 à 23h15

        Je pense que quand on défend une décision de droit, on défend aussi une certaine morale : même si parfois on peut se poser la question, le droit, en principe, est au service de la morale ; sachant bien sûr que la morale peut varier d’une époque à l’autre, d’une civilisation à l’autre, mais c’est quand même sa fonction première : prendre des décisions basées sur la morale, qu’elles s’appliquent aux faibles ou aux puissants, c’est même pour ça que l’administration chargée de dire le droit s’appelle La Justice (rappelons qu’au moyen-âge, rendre mauvaise justice était un crime peut-être pire que le meurtre : signe d’une mentalité éminemment MORALE).

        En l’occurrence, si tout ce qui est dans le dossier de la BNP, résumé par le titre d’Olivier, est vrai, je trouve qu’on ne peut qu’approuver cette décision, et au nom du droit et au nom de la morale (du système moral auquel j’adhère personnellement, tout du moins).

        Maintenant, si l’on trouve qu’il s’agit encore une fois d’impérialisme US, il faut rappeler que la France est ENCORE un état souverain, qui dispose ENCORE d’une justice indépendante, et qu’une entreprise américaine ayant réalisé des malversations sur le sol de la France peut ENCORE y être jugée et condamnée. Il doit bien y avoir des précédents, d’ailleurs, le contraire m’étonnerait bien, même si ça n’a pas la dimension de l’amende infligée à la BNP.

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  • Ouaille // 10.07.2014 à 21h56

    @Alfred: merci pour ce témoignage.

    Je pense que c’est une bonne chose qu’Olivier commence à s’intéresser à l’Afrique, mais il y a encore énormément à découvrir sur les rapports entre l’occident au sens large, et ce continent duquel nous tirons notre richesse depuis tellement longtemps, dans le sang et les armes s’il le faut.

    Toute personne qui s’intéresse au sujet, cherche à démêler les choses et à construire petit à petit une compréhension globale est la bienvenue du moment qu’elle est honnête et prête à changer d’avis lorsque c’est nécessaire.

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  • patrick // 10.07.2014 à 22h20

    Bonjour Olivier
    Je dois dire que je suis assez gêné que vous repreniez à votre compte la thèse du génocide au Darfour.
    SI vous n’avez vraiment pas le temps regardez au moins l’extrait de Ce soir ou jamais à 7’46 ». c’est imparable.
    http://www.dailymotion.com/video/x4228l_ce-soir-ou-jamais-m-e-nab-r-brauman_news
    La campagne menée par les néoconservateurs américains (avec save darfour) auxquels ont embrayés leurs fidèles caniches français avec Urgence Darfour (Kouchner, BHL ,etc…) s’est accompagné de multiples mensonges pour essayer de faire avaliser une intervention militaire (type Somalie ou Irak).
    Parmi ceux qui réfutent le génocide (mais qui ne nient aucunement les massacres) il y a Rony Brauman qui signale par exemple que des centaines de milliers de réfugiés darfouris sont venus se protéger à proximité des forces de réserve du régime pour être en sécurité et qu’elles n’ont pas été génocidées (on n’ imagine pas la même situation possible au Rwanda à l’époque du génocide).
    http://kaempfer.free.fr/Pages/texteshtm/lyon-brauman.htm

    Il y a plein d’autres remarques à faire sur la façon dont on a été informé (simplification du conflit entre Musulmans et Chrétiens ou entre Arabes et Noirs) ou sur le rôle du TPI (le président du TPI de l’époque Moreno Campo à la Justice internationale ce que BHL est à la Philosophie dixit Brauman)

    Enfin au sujet de BHL un de ses faits de gloire injustement méconnu est sa visite au Darfour de 24h. Il faut lire absolument le compte rendu de la visite par un jeune ethnologue qui a connaît très bien le coin.
    http://www.mouvements.info/Choses-mal-vues-au-Darfour.html

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  • Sumbawa // 11.07.2014 à 19h28

    Pétrole au sud du Soudan
    Uranium à l’ouest au Darfour.

    + Hilary Clinton qui félicite Omar el Bechir le jour même où celui ci accepte la tenue du référundum sur l’indépandance du Sud Soudan. le jour même , les USA retirent le Soudan des pays « terroristes »
    C’était il y a environ 2 ans. j’avais apprécié le timing ( Omar , tu coupes ton pays en 2, tu n’es plus un terroriste)

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