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25.novembre.201625.11.2016 // Les Crises

L’Empire contre-attaque, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, le 02/10/2016

Une décennie auparavant, les gouvernements de gauche, défiant Washington et les lobbies mondialisés, ont pris le pouvoir au Brésil, en Argentine, au Paraguay, au Venezuela, en Uruguay, en Bolivie et en Équateur. Il semblait que la vague en Amérique latine renversait tout. L’ingérence de Washington et l’exploitation par des entreprises internationales pourraient finalement être vaincues. Les gouvernements latino-américains, dirigés par des leaders charismatiques tels que Hugo Chavez au Venezuela, Luiz Inácio Lula da Silva au Brésil, Evo Morales en Bolivie et Rafael Correa en Équateur, ont remporté d’énormes victoires électorales. Ils ont institué des réformes socialistes qui ont bénéficié aux pauvres et à la classe ouvrière. Ils ont refusé d’être des marionnettes des États-Unis. Ils ont pris le contrôle des ressources de leurs pays ainsi que leur destinée. Ils ont construit la première révolte réussie contre le néolibéralisme et la domination des entreprises. Ce fut une révolte que beaucoup aux États-Unis espéraient importer ici-même.

Mais les mouvements et gouvernements d’Amérique latine sont devenus des proies face aux sombres forces de l’impérialisme américain et la fureur du monde des affaires. Les ruses longtemps appliquées par Washington et ses entreprises alliées sont de retour : la propagande « noire », la manipulation des médias, les pots-de-vin et la corruption des politiques, généraux, policiers, responsables syndicaux et journalistes, le coup d’État législatif, l’étranglement économique, le discrédit des leaders élus démocratiquement, la criminalisation de la gauche, et l’utilisation d’escadrons de la mort pour faire taire et faire disparaitre ceux qui prennent la défense des pauvres. C’est un jeu ancien et sale.

Le président Correa, qui a subi l’inimitié de Washington pour avoir accordé l’asile politique à Julian Assange il y a quatre ans et pour avoir fermé la base militaire aérienne américaine de Manta en 2009, a prévenu récemment qu’une nouvelle version de l’Opération Condor était en place en Amérique latine. L’Opération Condor, active dans les années 1970 et 1980, a vu des milliers de syndicalistes, de dirigeants communautaires, d’étudiants, de militants, d’hommes politiques, de diplomates, de chefs religieux, de journalistes et d’artistes être torturés, assassinés et disparaître. Les chefs du renseignement des régimes de droite en Argentine, Bolivie, Chili, Paraguay, Uruguay et, plus tard, du Brésil avaient supervisé les campagnes de terreur. Ils ont reçu des fonds des États-Unis, le soutien logistique et la formation de la Central Intelligence Agency. La liberté de la presse, les organisations syndicales, toutes les formes de dissidence artistique et d’opposition politique ont été supprimées. Dans un effort coordonné, ces régimes démembraient brutalement les mouvements radicaux et gauchistes à travers l’Amérique latine. Rien qu’en Argentine 30 000 personnes ont disparu.

L’Amérique latine semble prête à être plongée de nouveau dans une période de contrôle dictatorial et de pure exploitation par les entreprises privées. Les gouvernements de l’Équateur, de la Bolivie et du Venezuela, qui est au bord de l’effondrement, ont dû combattre des tentatives de coup d’État de droite et de sabotage économique continu. Le sénat brésilien a destitué la présidente démocratiquement élue Dilma Rousseff. Le nouveau président de l’aile droite de l’Argentine, Mauricio Macri, financé par les fonds spéculatifs américains, a remboursé rapidement ses bienfaiteurs en remettant 4,65 milliards de dollars à quatre fonds spéculatifs, incluant Elliott Management dirigé par le milliardaire Paul Singer. La rétribution des fonds spéculatifs qui avaient acheté la dette argentine à quelques pennies pour un dollar signifie que la firme de Singer a pris 2,4 milliards de dollars, un montant de 10 à 15 fois l’investissement initial. Le gouvernement argentin précédent, sous Cristina Fernández de Kirchner, avait refusé de payer la dette acquise par les fonds spéculatifs et les avait férocement qualifiés de « fonds vautours ».

J’ai interviewé Guillaume Long, le ministre de l’Équateur des Affaires étrangères et de la mobilité humaine, pour mon spectacle « On Contact » la semaine dernière. Long, qui a obtenu un doctorat de l’Institut pour l’Étude des Amériques à l’Université de Londres, a lancé un appel à l’Organisation des Nations Unies pour la création d’une agence mondiale de réglementation fiscale. Il a dit qu’une telle agence devrait forcer les sociétés esquivant l’impôt, dont le Fonds monétaire international estime les coûts pour les pays en développement à plus de 200 milliards de dollars par an en perte de revenus, à payer les pays pour les ressources naturelles qu’elles extraient et pour les pertes nationales résultant d’accords privés souvent secrets. Il a également demandé l’abolition des paradis fiscaux à l’étranger.

Long dit que les politiques économiques néolibérales des années 1980 et 90 ont été profondément destructrices en Amérique latine. Les faibles contrôles économiques existants ont été abandonnés au nom du libre-échange et de la déréglementation. Les sociétés et les banques internationales ont reçu le permis d’exploiter. « Cette déréglementation dans un environnement déjà déréglementé » a donné lieu à l’anarchie, dit Long. « Les gens puissants ont même eu moins de contrôles et de contrepoids à leurs pouvoirs, » a-t-il dit.

« Le néolibéralisme est mauvais dans la plupart des contextes, » dit Long quand nous avons parlé à New York. « Il a été mauvais en Europe. Il a été mauvais dans d’autres parties du monde. Il a démantelé l’État-providence. Dans le contexte où nous avions déjà un État faible, où les institutions ne sont pas consolidées, où il y a de forts vestiges féodaux, comme en Amérique latine, où vous n’avez pas vraiment un fort contrat social avec des institutions, avec la modernité, le néolibéralisme brise simplement toute espèce de pacte social. Cela signifie plus de pauvreté, plus d’inégalités, d’énormes vagues d’instabilité. »

Les pays ont vu les services de base, dont plusieurs déjà insuffisants, réduits ou éliminés au nom de l’austérité. Les élites ont amassé des fortunes alors que presque tout le monde est tombé dans la misère économique. Le paysage politique et économique est devenu instable. L’Équateur a eu sept présidents entre 1996 et 2006, l’année où Correa a été élu. Il a subi une crise bancaire massive en 1999. Il a abandonné la monnaie du pays pour le dollar américain en désespoir de cause. Le chaos en Équateur a été répercuté dans les pays tels que la Bolivie et l’Argentine. L’Argentine, en 1998, est tombée dans une dépression qui a vu l’économie se contracter de 28%. Plus de 50% des Argentins ont plongé dans la pauvreté.

« L’Amérique latine, » a déclaré Long, « avait touché le fond. »

C’est à partir de ce bourbier néolibéral que la gauche s’est regroupée et a pris le pouvoir.

« Les peuples sont parvenus à mettre un terme à ce moment de leur histoire, » dit Long. « Ils ont décidé de reconstruire leurs sociétés et de lutter contre l’interventionnisme étranger et je dirais même l’impérialisme. À ce jour en Amérique latine, la question principale est l’inégalité. L’Amérique latine n’est pas nécessairement le continent le plus pauvre du monde. Mais il est certainement le continent le plus inégalitaire du monde. »

« L’Équateur est un producteur de pétrole, » a déclaré long. « Nous produisons environ 530 000 barils de pétrole par jour. Nous recevions 20% de redevances des multinationales d’extraction de pétrole. Maintenant, c’est l’inverse. C’est nous qui payons une redevance aux multinationales d’extraction. Nous avons dû renégocier tous nos contrats pétroliers en 2008 et 2009. Certaines multinationales ont refusé de se conformer aux nouvelles règles du jeu et ont quitté le pays. Alors, notre compagnie pétrolière d’État entra en jeu et occupa les puits. Mais la plupart des multinationales ont dit OK, on y va, c’est toujours rentable. Alors maintenant, c’est dans l’autre sens. Nous payons des entreprises privées pour extraire le pétrole, mais ce pétrole est à nous. »

Long admit qu’il y a eu de sérieux revers, mais insista sur le fait que la gauche n’est pas décomposée.

« Ça dépend de la façon de mesurer le succès, » dit-il. « Si vous mesurez en termes de longévité, et combien de temps ces gouvernements étaient au pouvoir — dans notre cas, nous sommes toujours au pouvoir, bien sûr, et nous allons gagner en février l’année prochaine — alors ce que vous voyez, au Venezuela plus ou moins 17 ans [que les gouvernements de gauche ont été au pouvoir], en Équateur 10 ans maintenant, et en Argentine et au Brésil, 13 années. »

« Une des critiques visant la gauche est qu’ils sont bien intentionnés, des gens valables avec de bonnes idées, mais qu’on ne doit pas les laisser gouverner parce que le pays va faire faillite, » dit-il. « Mais en Équateur nous avons eu des taux de croissance très sains, 5 à 10 pour cent par an. Nous avons eu beaucoup de bons résultats économiques. Nous avons diversifié notre économie. Nous avons délaissé l’importation de 80% de l’énergie pour [devenir] exportateurs nets d’électricité. Nous avons fait de grandes réformes dans l’enseignement, dans l’enseignement supérieur. Beaucoup de choses qui ont eu du succès sur le plan économique. Alors que l’économie néolibérale, orthodoxe, a échoué la décennie précédente ».

Long a reconnu que son gouvernement s’est créé de puissants ennemis, pas seulement en accordant l’asile politique à Assange dans son ambassade à Londres, mais en assignant Chevron Texaco en Cour de justice pour essayer d’obtenir réparation des dommages écologiques causés par ses déversements massifs de pétrole en Amazonie, où la compagnie a foré depuis le début des années soixante jusqu’à son expulsion en 1992. Elle a laissé derrière elle quelques mille fosses à déchets toxiques. Les déversements de pétrole représentent collectivement quatre-vingt-cinq fois la taille du déversement de la British Pétroleum dans le Golfe du Mexique et dix-huit fois la quantité de la marée noire de l’Exxon Valdez. Une Cour équatorienne a ordonné à Chevron Texaco de payer 18,2 milliards de dollars en dédommagement, un montant réduit plus tard à 9,5 milliards de dollars. Le géant du pétrole, de toute façon, a refusé de payer. L’Équateur s’est tourné vers les Cours internationales dans une tentative pour arracher le paiement à la compagnie.

Long a dit que la différence entre les épandages massifs de pétrole ailleurs et les déversements équatoriens étaient que ces derniers n’étaient pas accidentels. « [Ils ont été faits] à dessein pour réduire les coûts. Ils étaient au milieu de l’Amazonie. Normalement, ce que vous auriez dû faire c’est extraire le pétrole et placer ces membranes qui permettent d’empêcher les infiltrations dans le sol. Ils n’ont pas posé ces membranes. Le pétrole s’est infiltré dans le réseau d’eau. Il a pollué l’ensemble du réseau de rivières de l’Amazone. Il a créé un énorme problème sanitaire et de santé publique. Il y a eu beaucoup de cancers détectés. »

Long a dit que son gouvernement était parfaitement conscient que Chevron Texaco avait « un énorme pouvoir de lobbying aux États-Unis, à Wall Street, à Washington. »

« Il y a beaucoup de choses qui ne se voient pas, » en parlant de la campagne de déstabilisation contre son gouvernement et les autres gouvernements de gauche. « Les avantages que nous pourrions récolter, les investissements que nous ne recevrons pas parce que nous avons été souverainistes. Dans le cas de [l’Équateur fermant] la base aérienne américaine de Manta, nous aurions aimé que les américains comprennent et ça a été le cas. Mais ce fut un geste audacieux. Nous avons déclaré « plus jamais ça. » Nous l’avons déclaré dans notre constitution. Nous avons écrit une nouvelle constitution en 2008. Ce fût un vibrant moment de notre histoire. Nous avons établi de nouvelles règles du jeu. Nous avons l’une des constitutions les plus progressistes du monde. Elle déclare effectivement les droits de la Nature. C’est la seule constitution qui déclare les droits de la Nature, et pas seulement les droits de l’Homme. Nous avons libéré le territoire équatorien des bases militaires étrangères. Il n’y avait pas d’autre moyen. Mais il y a des conséquences à vos actes. »

Une de ces conséquences fut un coup d’État avorté en 2010 par les membres de la Police Nationale équatorienne. Il a été réprimé par la force. Long accusa les nombreuses ONG occidentales en Équateur et dans la région de financer les partis de droite. Les militaires, les chefs de la police et aussi des politiciens en Amérique latine ont été depuis longtemps sur les fiches de paye de la CIA. Le président Correa en 2008 a renvoyé son ministre de la Défense, le chef du renseignement des armées, les commandants de l’armée et de l’armée de l’air, et les chefs interarmées, disant que le renseignement équatorien était « totalement infiltré et soumis à la CIA. »

« Il y a une conspiration internationale en ce moment, certainement contre les gouvernements de progrès, » dit-il.  » Il y a eu quelques revers électoraux en Argentine, et le Venezuela est dans une situation difficile. Les médias dénoncent cela d’une certaine façon, mais oui, c’est sûr, le Venezuela affronte de sérieux problèmes. Il y a une tentative de tirer parti de la chute des prix des produits essentiels et de renverser [le gouvernement]. On vient juste d’assister à un coup d’État parlementaire au Brésil. [La présidente Dilma Rousseff] a été élue avec 54 millions de voix. Le Labor Party (parti travailliste) est au pouvoir au Brésil depuis 13 ans. Le seul moyen pour les partis de droite de se débarrasser d’eux est de faire un coup d’État. Ils ne peuvent rien obtenir du suffrage universel. »

Long a déclaré que même si la gauche subit des revers électoraux, il sera difficile pour la droite de réinstaller une politique strictement néolibérale.

« Il y a un terrain politique durement disputé entre une droite traditionnelle et la gauche radicale, » dit-il. « Une gauche radicale, qui a prouvé sa capacité à réduire la pauvreté, les inégalités, et à conduire l’économie, eh bien elle possède des jeunes cadres qui ont été ministres du gouvernement et autres postes. Je pense que tôt ou tard, elle reviendra au pouvoir. »

Les « entreprises-léviathans » et les agences impérialistes qui travaillent pour elles remodèlent à nouveau l’Amérique latine en un paradis pour l’exploitation par les entreprises capitalistes. C’est l’éternelle histoire du combat du faible contre le fort, du pauvre contre le riche, de l’impuissance contre le pouvoir, et de ceux qui veulent être libérés des forces impérialistes.

« Il n’y a pas de limites dans ce combat à mort, » a déclaré Ernesto « Che » Guevara. « Nous ne pouvons pas être indifférents à ce qui se passe partout dans le monde, car une victoire d’un pays contre l’impérialisme est notre victoire ; exactement comme une défaite est notre défaite. »

Source : Truthdig, le 02/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

juliettedesesprits // 25.11.2016 à 08h45

Il faut lire « La stratégie du chaos » de Naomi Klein pour comprendre comment les USA en envoyant en Amérique latine, de jeunes économistes éduqués à l école néolibérale de Milton Friedman ont imposé cette doctrine à ces pays pour pouvoir les piller en toute impunité. Aujourd’hui hui certains pays s en sont émancipés. Les USA ne sont pas prêts à perdre leurs avantages et utilisent les méthodes dont ils sont les champions : déstabilisation, assassinats d opposants, pourquoi pas révolution de couleur.
Quant à l Equateur il faut souligner le courage de ce pays qui donne l asile a Julien Assange et j espère qu il pourra le faire longtemps malgré les pressions.

24 réactions et commentaires

  • juliettedesesprits // 25.11.2016 à 08h45

    Il faut lire « La stratégie du chaos » de Naomi Klein pour comprendre comment les USA en envoyant en Amérique latine, de jeunes économistes éduqués à l école néolibérale de Milton Friedman ont imposé cette doctrine à ces pays pour pouvoir les piller en toute impunité. Aujourd’hui hui certains pays s en sont émancipés. Les USA ne sont pas prêts à perdre leurs avantages et utilisent les méthodes dont ils sont les champions : déstabilisation, assassinats d opposants, pourquoi pas révolution de couleur.
    Quant à l Equateur il faut souligner le courage de ce pays qui donne l asile a Julien Assange et j espère qu il pourra le faire longtemps malgré les pressions.

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  • Larousse // 25.11.2016 à 10h05

    N’importe quoi sur votre vocabulaire anti-bolchévique et les « larbins de l’Est » : à simplifier aussi grossièrement on devient peu crédible. Pour avoir vécu sous « la dictature bolchévique » et avoir toujours des connaissances dans l ‘ex-bloc …. même en Slovaquie, chez des familles catholiques, on ne raisonne pas aussi bêtement et de façon aussi simpliste sur le passé socialiste ( à part quelques « passionnarias de l’anticommunisme » ) après vous pouvez me traiter de menteur… peu importe je n’aime pas les gauchistes et les communistes français qui prétendent vouloir faire mieux que ce qui a été tenté….

      +21

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    • jmw // 25.11.2016 à 10h59

      Bonjour
      Ce serait intéressant que vous développiez votre avis
      merci
      cordialement

        +3

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    • Chris // 25.11.2016 à 11h06

      En effet Larousse, merci pour votre commentaire, que je partage ayant de nombreux amis slovaque, bulgare, hongrois, slovène et croate avec qui je partage depuis 1983.
      Pas plus tard que cette semaine, je passais quelques jours en Slovaquie avec mon compagnon britannique plutôt critique, lequel était très agréablement surpris par la qualité du décor et la vie quotidienne slovaque : des gens accueillants, paisibles et bien organisés.
      Je finis par lui faire sèchement remarquer que des décennies de propagande Ouest intensive et imbécile ne faisait pas pour autant les habitants des anciens pays communistes des déclassés, des extra-terrestres ou des porcs, que c’était des gens éduqués, solidaires, soucieux de donner une bonne éducation à leur enfants, de réussir leur vie, bref, rien de bien différent de nous… peut-être plus de respect pour autrui !
      C’est terrible ce bourrage de crâne. Et je peux dire la même chose des Latinos chez qui je me suis toujours trouvée en sécurité et affinité.

        +25

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  • Lysbeth Levy // 25.11.2016 à 10h16

    Ou lire l’article de Yves Jezequel sur le néocolonialisme et la conquête des ressources essentielles au seul bénéfice des grandes multinationales : http://www.mondialisation.ca/le-neo-colonialisme-de-lempire-et-sa-strategie-du-chaos/5558238  » Celui qui se veut le Maître du Monde a déjà été capable d’imaginer de faire fortune en armant et en donnant à l’ennemi les moyens de faire la guerre, tout en envoyant se faire massacrer par milliers, ses propres soldats comme ce fut le cas de juin 1944 à mai 1945. Cela était parfaitement imaginable et concevable dans la tradition « monroïste » des USA et au nom de sa sacro sainte logique capitaliste présentée comme l’idéal à imposer coûte que coûte au monde entier en détruisant obsessionnellement son contraire: le communisme vu comme le seul ennemi mortel, le « soleil rouge de Satan » à éradiquer du ciel politique avant qu’il ne provoque l’éclipse fatale du « soleil d’or de l’ange du bien »! Nous en sommes là !

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    • geoffrey // 25.11.2016 à 12h13

      Chris,

      je connais l’Amérique latine – pas tout mais pas mal…

      le problème, là-bas comme ici, c’est la classe moyenne : « on » veut tous du confort matériel, et « on » s’en fout des autres ou de l’environnement – c’est la dynamique générale des électeurs de cette classe sociale, quitte à trahir son peuple pour une puissance étrangère.

      en ce sens, l’immigration massive chez nous met la pression sur la classe moyenne : que va-t-elle faire en mai 2017 ? Se soumettre à l’UE pour préserver 3/4 ans son train de vie (avant de tout perdre – guerre civile ?) ou accepter un mode de vie plus sobre ?

      tel est SON dilemme

      Geoffrey, neo-communiste wallon…pas mal censuré aussi : – )

        +6

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  • Lysbeth Levy // 25.11.2016 à 10h37

    Pour que l’Amazone soit dépollué et que la multinationale fasse son travail une pétition en ligne : http://amazonwatch.org/take-action/end-amazon-crude Au Liban également Israel avait bombardé le pipeline et la région est durablement pollué, rien n’a vraiment été fait à ce jour. On dépense des milliards pour la COP21 mais tout est fait pour polluer avec de l’uranium appauvri dans des armes ou des déversements de polluants dans des pays jugés en sous développement : Amérique latine, Afrique, Asie du sud est, mais que font les grandes multinationales écologistes ? Le RCA a rapporté 7 billard de $ mais pourquoi faire au fond ? Si rien ne change a tous les niveaux ?

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  • Raoul // 25.11.2016 à 11h00

    L’empire est en déclin, mais il reste puissant. Les récents événements au Honduras, au Brésil, en Argentine, au Venezuela, en Équateur montrent qu’il a toujours un pouvoir de nuisance élevé et qu’un retour en arrière est toujours possible.

    Seul Cuba a su résister et ce ne sont pas les gesticulations d’un Obama qui y changeront quelque chose. Rappelons, qu’en dépit d’un prétendu réchauffement des relations entre États-Unis et Cuba, le blocus imposé à ce dernier pays est toujours en vigueur. Les cubains ont payé le prix fort pour leur refus de se soumettre et j’espère qu’ils sauront éviter les pièges tendus par les États-Unis. En aucun cas, il ne faut faire confiance à un pays qui, ayant signé plus de 400 traités avec les amérindiens, les a tous violés.

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    • Johnweak // 25.11.2016 à 22h58

      En effet, triste Amérique latine.

      La diabolisation de Cuba qui, dans les années 70-80, a envoyé près de 300.000 médecins, des centaines d’ingénieurs, d’infirmiers, de techniciens, sans parler des troupes envoyées sur les territoires des pays soumis aux dictatures en Amérique latine, en Afrique comme au Moyen-Orient (le soutien du front sandiniste pour renverser Somoza, l’opération « Carlota » au Congo pour lutter contre le régime d’Apartheid (bien soutenu par les USA) l’Angola, la Namibie,..).

      Quand on voit la pauvreté qui règne dans la capitale alors que le pays a donné sans compter et souvent sans rien demander en retour ça fait mal au cœur.
      L’empire a mis du temps à digérer l’alliance économique entre Cuba et le Venezuela. Tout ce qui lui échappe l’indispose. Une guerre économique ponctuée d’attaques terroristes qui dure depuis plusieurs dizaines d’années.

        +8

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      • John Weak // 26.11.2016 à 22h12

        Entièrement d’accord avec votre commentaire. Mais j’ai parlé de pauvreté et non de misère.
        J’avais récolté quelques témoignages il y a quelques semaines, de personnes ayant passé du temps à Cuba.
        Il en sortait que les gens étaient cultivés, solidaires mais la pauvreté persiste et c’est bien logique vu les conditions de développement que le pays a connu. (J’avais cru voir sur le site intal.be qu’elle était se situait aux environs de 20% de la population totale)
        Bien sûr c’est un modèle de santé et d’éducation mais le pays a connu des heures sombres et le mot « criminel » que vous employez convient bien.

        Les vélos importés de Chine par Castro pour faire face aux pénuries de carburant pendant la guerre froide. Certains jours où aucun foyers n’avait d’électricité pendant plusieurs heures.

        L’intérêt du mode de vie des Cubains est que c’est le seul pays au monde à se développer de manière soutenable d’après la WWF. Si tout le monde vivait plus simplement, l’environnement ne s’en porterait pas plus mal.

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      • clauzip12 // 26.11.2016 à 23h30

        La « dictature » de Castro n’est que le système de défense ultra rigoureux que les USA ont imposé depuis la chute de la précédente dictature qui avait transformé Cuba en bordel et casino des USA.
        La révolution de Castro n’était pas communiste comme les opposants de Floride veulent le faire croire.Ces derniers étaient pour beaucoup les propriétaires de ce système auquel les maffia donnaient beaucoup de savoir faire.
        Certes Cuba à reçu l’aide de L’URSS qui a tenté d’ installer des fusées atomique pour contrebalancer les fusées la visant à partir du territoire de la TURQUIE.
        La crise de Cuba des années1963 a été résolue quand les USA ont enlevé leur fusées en TURQUIE.

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    • BEOTIEN // 30.11.2016 à 06h47

      Moi non plus je n’aime pas ce vocabulaire que j’ai combattu, contre Sartre et tous les staliniens de sa trempe et pour Camus et tous ceux pour qui prime l’humain.

      MAIS il faut bien admettre que, in fine, il est entre bien et mal une ligne de partage des eau entre tenants du « toujours plus pour ma gueule » et « partageons ». Alors, pour moi, sachant qu’ils ne sont plus que 64 à accaparer la moitié de la richesse planétaire, le « soviet suprême de la finance »… bien vu.

        +0

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    • BEOTIEN // 30.11.2016 à 06h50

      L’empire en déclin alors que de moins en moins ont de plus en plus (64 possèdent la moitié des richesses planétaires, les 1 % les plus riches 99 % et les 7 autres milliards le UN % restant !!!

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  • Pegaz // 25.11.2016 à 14h13

    A cette analyse et témoignage, les conférences données par Rafael Correa abordent les différences idéologiques des deux systèmes économiques avec précision et diplomatie.
    Il est regrettable que celle donnée en 2013 à la Sorbonne, que ce soit sur son site  » http://www.sorbonne.fr  » ou celui de l’université de Paris  » http://www.univ-paris3.fr  » sous son titre  » Rafael Correa, Président de la République de l’Équateur, donne une conférence exceptionnelle en Sorbonne  » ne soit pas disponible (pour la Suisse en tout cas. Ou est-ce de la censure?). Celle de 2008 à Sciences Po tient à la même trame et est disponible https://www.youtube.com/watch?v=kEf-A-o2RW0
    NB. Si l’on ne peut nier l’existence de conflits de civilisation, oppositions endémiques, mais surtout amplifiés par leurs instrumentalisations, la guerre, elle, est idéologique et mondiale. De l’Amérique du Sud au Moyen-Orient en passant par l’Afrique, ce sont des politiques et économies idéologiquement socialistes qui sont déstabilisées voir renversées

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  • Pegaz // 25.11.2016 à 15h18

    Réalisé par Pierre Carles, documentaire sur Rafael Correa, réactions et intérêts des médias à cet autre modèle économique. (Quel est la distance entre préjugé, caricature et la diffamation?)
    Pierre Carles : Opération Correa 1er épisode : Les ânes ont soif
    https://www.youtube.com/watch?v=0rW1kV0pUgA
    Débat – Opération Correa : Les ânes ont soif
    https://www.youtube.com/watch?v=yMf9Kv5vFz4

      +7

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  • lvzor // 25.11.2016 à 15h56

    « – Les “locaux” sont des larbins au service de la mafia étrangère
    – Les “locaux” sont entraînés pour génocider leur peuple, détruire leur pays au nom de la valeur pour l’actionnaire et de la religion séculière des droits de l’homme.
    – Les “locaux” placés au pouvoir par le soviet suprême de la finance doivent tout à leur maître et rien à leur peuple, ce qui explique leur infamie. »

    Pourquoi est-ce que vous limitez ça à l’Amérique Latine? (Certes le 2ème point n’est pas encore VISIBLEMENT d’actualité, mais ils s’entrainent, et d’état d’urgence en état d’urgence et de « young leader » en « young leader »…)

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  • Nicolas Anton // 25.11.2016 à 16h02

    « L’énergie motrice du capitalisme est celle de la pulsion de mort, au sens freudien, heureusement mise au service de la croissance. »
    (Le capitalisme et la pulsion de mort. Bernard Maris – Gilles Dostaler)

    Heureusement. On est rassuré ou pas.

      +2

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  • Dominique // 25.11.2016 à 18h43

    « Il y a une conspiration internationale en ce moment, certainement contre les gouvernements de progrès »

    Relayer cette assertion est-il vraiment moins « conspirationniste » que de faire écho à certains postulats comme quoi une poignée de personnes de l’administration Bush auraient en sous-main aidé les terroristes islamistes à frapper l’Amérique en 2001 ?

    Ma question respecte la charte de bonne conduite et est à mon avis aussi pertinente que d’autres que j’ai émises et qui n’ont pas subies de coupe par la modération que je salue.

      +2

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    • SPQR // 25.11.2016 à 19h56

      Sans hésitation, oui, car il y a un fossé entre la « classique » déstabilisation d’un régime étranger (rapports de domination, défense des intérêts » nationaux » ou du moins privés du pays ingérent etc…) et la participation à une action visant à laisser un groupe terroriste frapper au coeur même de sons propre territoire pour y assassiner plusieurs milliers de ses propres citoyens…

        +6

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      • Dominique // 25.11.2016 à 23h03

        @SPQR
        Sais-tu combien de morts ont fait tes innocentes déstabilisations de régimes étrangers ? Les attentas de 2001, c’est une goutte d’eau dans un océan de morts. Ah mais pardon, les morts étaient étrangers, pas des « propres citoyens » (je te vois venir) ! D’accord. Même les soldats US ?

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  • RGT // 26.11.2016 à 09h34

    J’ai été en Hongrie et en République Tchèque et certes si les gouvernements étaient totalement inféodés à l’URSS, les habitants vivaient frugalement mais bien mieux qu’aujourd’hui.

    Ils n’avaient pas accès au « luxe » de la société « libérale » mais par contre ces gouvernements tenaient absolument à ce que tous les habitants aient accès à :
    – Un logement, même petit, mais au moins ils avaient un toit.
    – Un travail, même insignifiant, qui leur permettait de s’insérer dans la société.
    – L’accès gratuit aux services de santé qui leur permettait simplement de vivre sans trop se préoccuper des soins médicaux (même s’ils étaient moins au « top » que leurs homologues occidentaux TOUS les habitants en bénéficiaient).
    – L’accès gratuit à l’éducation qui a permis de fournir une main d’œuvre qualifiée, formée et performante (à très bas coût) aux entreprises occidentales à la chute de l’URSS.

    Quand j’avais été dans ces pays, j’avais remarqué la grande colère des habitants quand ils étaient forcés de constater la présence de plus en plus nombreuse de SDF, catégorie sociale qui n’avait JAMAIS existé auparavant, et dans laquelle chaque citoyen pouvait désormais plonger.

    Quand on leur parle des vertus du « libéralisme » ils sont très nombreux à se mettre en colère.

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    • RGT // 26.11.2016 à 09h47

      Je ne suis pas du tout marxiste, loin de là, et encore moins « communiste ».

      Tout comme les habitants que j’ai rencontré dans ces pays.

      Mais il est indéniable que les conditions de vie des « sans dents » étaient largement plus favorables à l’époque qu’elles ne le sont aujourd’hui.

      La dictature communiste a été remplacée par la dictature financière, et cette dernière est largement plus nuisible et prédatrice pour les « gueux » qui s’en sont bien rendus compte.

      Ensuite, certains s’étonnent que les hongrois aient élu Viktor Orban et que le président tchèque traîne les pieds pour accepter les directives des « Grands Sauveurs »…

      Ces peuples souhaitent seulement retrouver les éléments nécessaires qui permettent de pouvoir garantir de vivre décemment et sans « bling-bling ».

      Si déjà ils pouvaient profiter d’un léger pourcentage du fruit de leur travail ce serait bien. Pour l’instant, ce fruit profite surtout à l’occident (particulièrement l’Allemagne) au sein de la « mondialisation heureuse ».

        +7

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  • Puka Runa // 26.11.2016 à 12h15

    « Long accusa les nombreuses ONG occidentales en Équateur et dans la région de financer les partis de droite. »

    Ayant vécu dans les Andes comme pendant les années 80-90, j’avais alors été surpris du rôle conflictuel joué par certaines organisations d’aide au développement. Ainsi le gouvernement (alors) progressiste et anti-impérialiste d’Alan Garcia avait-il été la cible de plusieurs ONG réputées « de gauche ». Dans la région de Cuzco en 1989, lors de « grèves paysannes », concertées et planifiées, avec à la clef des actions de blocage de routes en des endroits stratégiques. Et ceci dans un contexte de sanctions financières contre un Pérou qui voulait limiter le remboursement de sa dette extérieure et refusait les diktats des FMI et BM. Et à l’arrière-plan, la spectaculaire progression du mouvement maoïste Sentier Lumineux.

    Quant à l’Equateur, oui, des ONG ont soutenu des mouvements « indigénistes » contre Rodrigo Borja au début des années 90, en faveur du colonel Gutierrez par la suite, puis contre Rafeal Correa, pourtant un leader progresssiste.

    Ceci dit, il ne faut pas mettre toutes les ONG dans le même sac !

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  • Devauchelle // 26.11.2016 à 21h10

    Pour savoir ce que les ricains (j’utilise ce terme uniquement pour ne pas nommer  » américains » les seuls habitants des états unis) ont fait pour éliminer toute concurrence politique dans ce continent dont ils prétendent être le seul représentant, il faut en effet se rabattre sur la littérature en lisant « Les invisibles » de RJ Ellory », mais surtout sur « la stratégie du choc », et non du chaos, de Naomi Klein, dont parle Juliette des esprits. Ce livre est la révélation majeure qui permet de comprendre ce que les ricains ont tenté de faire depuis Ronald Reagan pour que le reste du monde obéisse aux principes du néo libéralisme.
    Les deux « modus operandi  » sont différents pour l’Amérique du sud et, par exemple, le proche orient, on l’aura remarqué; vu de notre bord, l’intervention américaine en Irak est ce que l’on connait, alors qu’en Amérique du sud elle est beaucoup plus masquée et compliquée, et pour cela le livre de R J Ellory est indispensable. Mais aussi importante pour les ricains, car autant le proche orient leur est lointain et illisible, autant ce qui se passe au sud de leur continent est important et en théorie jouable en raison des relations commerciales qu’ils entretiennent avec des multinationales localement implantées.

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