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1.mars.20161.3.2016 // Les Crises

Charlie Hebdo : que d’erreurs ! Par Eric Stemmelen

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L’auteur a été un des responsables pendant 7 ans du Service des Voyages Officiels et de la Sécurité des Hautes Personnalités devenu, en 1994, le Service de la Protection des Hautes Personnalités – il sait donc de quoi il parle.

Son article m’a stupéfait – vive Internet qui laisse une place pour que les spécialistes s’expriment.

Il est toujours stupéfiant de constater à quel point les médias se lancent dans des enquêtes sans grand intérêt après un attentat (qui a logé le terroriste etc) et ne posent jamais les questions dérangeantes pour le pouvoir (c’est quoi cette protection policière de bouse ?)

Oh, la réponse est généralement simple et classique : on se rend compte qu’on veut juste couvrir le travail de gros incompétents. Et comme, désormais, on refuse de les sanctionner comme il se doit (qui a perdu sa place en France à cause du 7 janvier ?), eh bien, comme ça se voit comme le nez au milieu de la figure, cela entretient des théories parfois délirantes visant à faire croire qu’il y a eu volonté délibérée que l’événement arrive – alors qu’on couvre juste des crétins… Et après on hurle au « complotisme »…

Mais plus largement, c’est un signe fort de l’époque : JAMAIS de sanctions (terrorisme, faillites bancaires, échecs politiques, affaire Kerviel, etc).

Le financiarisme, c’est aussi l’ère de l’impunité (au lampiste près bien sûr)…

Source : Blog Mediapart, Eric Stemmelen, 12-01-2016

Un an après les actes terroristes commis par les frères Kouachi à l’encontre de Charlie Hebdo, suivis de la prise d’otage dramatique de leur complice Coulibaly à l’Hyper-Casher, au-delà de la légitime émotion du peuple français venant de subir la plus grande attaque terroriste depuis la guerre d’Algérie, il est plus que nécessaire d’analyser ce qu’il faut bien appeler au minimum les carences des services du Ministère de l’Intérieur avant que ces crimes soient commis.

On ne peut se satisfaire du satisfecit général attribué – à juste titre – à tous les services de police et de gendarmerie qui, par leur travail remarquable, ont abouti à la neutralisation rapide des Kouachi et autre Coulibaly.

En effet, l’accumulation d’erreurs dans la prévention de ces crimes laisse perplexe d’autant qu’aucune explication officielle en provenance du Ministère de l’Intérieur sur ses propres dysfonctionnements n’a été donnée à ce jour !

En réalité, malgré les très nombreux signaux alarmants de la menace pesant sur le journal satirique et en particulier sur le caricaturiste Stéphane Charbonnier plus connu sous le nom de Charb, il est clair que cette menace avait été sous estimée par les services du Ministère de l’Intérieur pour deux raisons essentielles : le manque d’informations précises (et pourtant plusieurs indices auraient permis de s’en inquiéter plus sérieusement) et surtout l’absence de gestion dans le temps des mesures de sécurité.

1) Les menaces sur Charlie n’ont pas vraiment été prises au sérieux par les services de police :

La publication par Charlie Hebdo des caricatures de dessinateurs danois et suédois mettant en scène le prophète Mahomet en 2006 a rapidement entraîné des menaces de mort proférées à l’encontre du journal Charlie Hebdo.

L’UCLAT (Unité de Coordination et de Liaison Antiterroriste), petite unité dépendant directement du Directeur Général de la Police Nationale, est chargée d’évaluer l’état de la menace selon une classification allant de l’état de menace latente à l’attentat imminent.

Toutefois, cette analyse ne doit jamais empêcher d’une part les services de police concernés de faire un examen approfondi de l’analyse des missions de sécurité en adaptant leur dispositif et d’autre part de se coordonner constamment de façon à apporter une réponse cohérente au niveau de menace.

En 2006, 9 ans avant les tragiques événements de janvier 2015, un car de gendarmes avait été placé pendant quelques mois devant les locaux du journal menacé qui se trouvait alors dans le quartier du Marais. L’ancien directeur de Charlie Philippe Val et le dessinateur Cabu sont alors placés sous la protection du SPHP (Service de Protection des Hautes Personnalités).

Cette protection est abandonnée en 2011 puis reprise la même année après la publication de la caricature « Charia Hebdo » concernant les élections en Tunisie quand un cocktail molotov est lancé sur la façade des nouveaux locaux du journal dans le XXème arrondissement de Paris : la Préfecture de Police remet en place devant les nouveaux locaux dans le XXème arrondissement un car de police et le SPHP protège à nouveau quelques membres de la rédaction du journal (Charb, Riss, Luz).

Dès cette époque, il est clair que les services du ministère de l’Intérieur, en particulier la Préfecture de Police et le SPHP n’ont pas compris que ce type de menace émanant d’islamistes fanatiques devaient non seulement être pris au sérieux mais surtout se maintenir dans le temps.

Manifestement beaucoup de responsables avaient oublié qu’en 1991 Chapour Bakhtiar, dernier Premier Ministre du Shah d’Iran, avait été assassiné suite à une fatwa émise par les religieux iraniens et qu’il avait fallu 11 ans aux assassins pour parvenir à leurs fins après une première tentative d’assassinat en 1980 à son domicile de Neuilly sur Seine, tentative qui avait couté la vie au policier Jean Michel Jamme.

Les similitudes sont frappantes avec Charlie (et Charb en particulier) : 11 ans d’un coté, 9 ans de l’autre, des signes avant coureurs : non seulement des menaces mais aussi des cas concrets (tentatives d’assassinat, cocktail molotov).

En 2012, 2 individus sont arrêtés pour appel au meurtre de Charb et de la rédaction de Charlie.

Mais c’est en mars 2013 que les menaces se précisent de façon explicite : Charb apprend que sa tête est mise à prix avec 9 autres hommes (dont Salman Rushdie et Lars Vilks qui échappera à un attentat le 14 février 2015) et 2 femmes pour « crime contre l’Islam » dans le magazine Inspire. Ce trimestriel luxueux rédigé sur papier glacé exclusivement en langue anglaise s’adresse aux apprentis djihadistes occidentaux et a été lancé en 2010 par AQPA (Al-Qaida dans la péninsule arabique) au Yémen. Cette publication est bien évidemment téléchargeable sur internet !

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La liste des cibles à abattre d’al-Qaïda Yemen (Détail ici)

Cette menace très précise sur la vie de Charb était connue puisque le journal métro news en fait mention dans son numéro du 3 mars 2013 mais dès juillet 2010 le journaliste Georges Malbrunot du Figaro indique les menaces de ce magazine . Il est à ce moment inconcevable que les services de police et en particulier le SPHP et la Préfecture de Police n’aient pas été informés par l’UCLAT. Ce point mérite d’être éclairci par les services officiels car la presse rapporte que c’est Charb lui même qui a informé les services de police. A la suite de son intervention sa sécurité devient une protection rapprochée (3 policiers du SPHP en permanence) et non plus un simple accompagnement de sécurité.

Déjà on peut s’étonner qu’une simple protection rapprochée ait été mise en place et non une protection renforcée mais ce qui est encore plus incompréhensible c’est que 6 mois après cet événement le SPHP réduit l’équipe de protection à 2 policiers. D’après la presse, l’explication officielle était que la menace avait baissé, le ministère de l’Intérieur ayant répondu qu’à cette époque la protection de Charb était à la hauteur de la menace !

Si cette affirmation est exacte on ne peut qu’être atterré par la faiblesse de l’argumentation officielle : une menace précise sur Charb émanant d’Al-Qaida et on diminue en pratique la sécurité accordée à Charb !

Reste à savoir qui a estimé et sur quels critères que la menace avait baissée ?

C’est la même année, mais cela n’est peut être pas un hasard avec la décision de diminuer la protection, que le syndicat de gradés et gardiens Alliance, bien mal inspiré, publie un tract ainsi rédigé :

« Le 4 avril lors d’une audience auprès du Directeur de la DOPC nous avons exigé l’arrêt immédiat de la mission « Charlie Hebdo ». Depuis plus de 7 mois les compagnies d’intervention fournissent jusqu’à 9 collègues par jour pour la protection des locaux privés d’un journal. Inadmissible !!! »

C’est aussi la même année, en 2013, que le SPHP devient le Service de la Protection (SDLP) en intégrant le Service Central Automobile et le Service de Sécurité du Ministère de l’Intérieur. Cette réforme incite le chef de service à supprimer 125 postes de policiers.

Au cours de l’été 2014, alors que le journal déménage pour la 3ème fois dans le 11ème arrondissement rue Nicolas Appert, les services de la Mairie et la Préfecture de Police conduisent un audit de sécurité qui recommande la pose d’un digicode devant la porte du journal au 2ème étage, 1 visiophone et un sas avec 2 portes successives. Ces mesures sont bien le minimum.

En réalité la réceptionniste n’a pas eu de visiophone mais un simple interphone et pour des raisons financières le journal n’a pas installé de sas.

En ce qui concerne l’audit, ayant moi même procédé à de nombreux audits de sécurité au profit de nos ambassades et consulats, je m’interroge sur deux points précis : a- t-on recommandé à Charlie de créer une pièce de sécurité dite « safety room » permettant en cas d’agression de mettre le personnel à l’abri et – ce qui n’a aucune incidence financière – a t-on préconisé aux responsables de Charlie de changer régulièrement les dates de la réunion de rédaction ?

Ces 2 questions méritent une réponse car l’attentat du 7 janvier a eu lieu quand tous les membres de la rédaction étaient présents.

Or une des bases essentielles de la sécurité des personnes consiste justement à varier les habitudes.

Ce n’est pas tout : en septembre 2014, la voiture de police qui était en faction devant le journal est supprimée et est remplacée par des patrouilles. Explication de la Préfecture de Police : le dispositif était peu efficace à cause des multiples entrées de l’immeuble.

Là aussi cette explication n’est pas satisfaisante car la Préfecture de Police oublie l’aspect préventif et dissuasif d’une présence policière permanente et encore aurait –il fallu laisser en place les barrières de sécurité.

En pratique, un passage, toutes les 30 minutes, d’une voiture n’est pas dissuasif : la sécurité est un ensemble : il faut à la fois des barrières et des hommes.

Rien n’empêchait la hiérarchie de la Préfecture de Police de prévoir des relèves d’éléments statiques de façon fréquente. Rien n’empêchait par ailleurs la Préfecture de Police de laisser des barrières, des policiers en statique et de doubler le dispositif par des rondes et patrouilles en voiture ou en vélo ou à pied.

Pire, la protection de Charlie a été allégée justement au moment où le risque terroriste en France augmentait. Le chef de l’UCLAT Loïc Garnier de façon prémonitoire l’indiquait le 15 septembre 2014 en affirmant que la question n’était plus de savoir si nous aurions un attentat en France mais quand.

Le même jour un individu passe en voiture devant Charlie et formule à un journaliste présent sur place des menaces à l’encontre de Charlie : rien d’inquiétant pour le Ministère de l’Intérieur qui identifie l’individu !

En réalité ce faisceau concordant de menaces et bien évidemment je ne suis pas exhaustif, n’entraîne aucun renforcement de la sécurité assurée par la Préfecture de Police et le SPHP. Tout se passe comme si personne ne croyait à la réalité de la menace contre Charlie et contre Charb, les signaux avant coureurs du drame sont multiples et inquiétants mais n’entraînent aucune réaction officielle.

Il n’est donc pas étonnant que l’attentat du 7 janvier ait eu lieu puisque rien ou presque n’a été fait pour l’empêcher.

La paradoxe qui révèle le manque de discernement des autorités veut que les barrières et le car de gendarmes (ou de policiers peu importe) ont été remis en place rue Nicolas Appert alors que Charlie avait déménagé pour être hébergé par le journal Libération . On protège donc un lieu vide un peu comme la protection par de nombreux gendarmes de la bergerie de Latché des années après la mort de François Mitterrand !!!

Le Premier Ministre Valls a bien eu raison de parler dès le 9 janvier 2015 de « failles » dans le renseignement et pour cause : les frères Kouachi et Coulibaly n’étaient pas dans le « viseur » immédiat de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure). C’est tellement évident que l’on ne peut qu’approuver le Premier Ministre.

Mais à la décharge de la DGSI, il est aussi évident que ce service n’a pas les moyens de surveiller physiquement et pas seulement électroniquement par les écoutes tous les apprentis terroristes. Il faudrait pour cela des dizaines de milliers de fonctionnaires.

Oui il y a eu faille y compris de l’UCLAT qui a du considérer une menace latente et non précise sur Charlie et pourtant le simple fait qu’Al-Qaïda mentionne expressément Charb sur la liste de personnes à abattre aurait du suffire à considérer cette menace comme grave et imminente.

Il y a donc des failles avérées de la part des services de renseignement mais ceux-ci ne sont pas les plus responsables.

La Préfecture de Police et particulièrement la DOPC (Direction de l’Ordre Public et de la Circulation) a toujours sous évaluée la menace en ne mettant pas en place un dispositif adéquat. C’était possible puisque ce dispositif a été mis en place après les attentats, mais c’était avant qu’il fallait le faire : là aussi le temps a joué contre les services officiels : l’habitude, les pressions syndicales, les contraintes budgétaires etc…. ne sont pas étrangères aux décisions successives prises qui révèlent d’ailleurs un manque de constance dans le temps (élément essentiel que je répète) : mise en place de car de police puis suppression, mise en place de voitures de police puis suppression , mise en place de barrières puis suppression et cela en fait malgré une menace croissante et de plus en plus précise sans parler de l’absence de garde statique remplacé avec le succès que l’on sait par des rondes et patrouilles.

Comment ne pas penser que les terroristes ont observé l’allégement du dispositif de sécurité et sont passés à l’action à l’instant où il était réduit au minimum c’est à dire soyons clair à un niveau très inférieur à celui qu’il aurait dû être.

Je note au passage que la police danoise a mis en place autour du journal Jyllands Posten un dispositif de sécurité statique certainement imparfait mais en tout cas nettement plus efficace que celui mis en place par la Préfecture de Police : Vilks est toujours vivant et Charb est mort !

La Préfecture de Police et le Ministère de l’Intérieur n’ont jamais apporté de réponses précises et circonstanciées sur l’allégement du dispositif : qui a pris les décisions contestables, quand et pour quelles raisons ?

2) La sécurité personnelle de Charb n’a pas été assurée convenablement par le Service de la Protection :

Ayant été moi-même un des responsables pendant 7 ans du Service des Voyages Officiels et de la Sécurité des Hautes Personnalités devenu, en 1994, le Service de la Protection des Hautes Personnalités puis, en 2013, le service de la Protection (SDLP), je suis particulièrement sensible au problème de la sécurité des personnalités.

Il n’est pas besoin de sortir d’une grande école de renseignement pour savoir qu’une menace émise par Al-Qaïda n’est pas une menace à prendre à la légère.

Charb figurait sur une liste nominative de personnes à abattre. Cette seule circonstance aurait justifié une réelle protection rapprochée de Stéphane Charbonnier et ceci même en dehors de toute menace précise ou imminente. Comme je l’indique plus haut le précédent de Chapour Bakhtiar aurait du servir de leçon mais qui se souvient de Chapour Bakhtiar au Service de la Protection ?

La réforme de 2013 réalisée sous l’autorité du Ministre de l’Intérieur Manuel Valls a regroupé le SPHP devenu la Sous Direction de la Protection des Personnes, le Service de Sécurité du Ministère de l’Intérieur (SSMI) devenu la Sous direction de la Sûreté chargé de la garde des bâtiments et le Service Central Automobile (SCA) devenu la Sous Direction des Ressources et des Moyens Mobiles. Cette réforme a eu pour conséquence d’une part de diminuer les effectifs globaux et d’autre part et surtout de rassembler dans un même service des fonctionnaires de culture, de niveau et d’expérience complètement différents.

La Division des missions temporaires qui dépend de la Sous Direction de la Protection des Personnes est en charge des personnalités menacées et était donc chargée de la sécurité de Stéphane Charbonnier.

Ce type de mission obéit à des règles strictes qui ont été codifiées ces dernières années de façon à intégrer dans des textes officiels la pratique professionnelle de la protection des personnalités.

Les textes régissant la sécurité des personnalités ont-ils été appliqués ?

Cette question est essentielle pour comprendre ce qui s’est passé car la non application des textes existants rend les missions irrégulières et entraîne de fait la responsabilité des services de l’Etat.

Le dernier texte en vigueur est l’arrêté du 12 août 2013 signé Manuel Valls qui reprend en partie les dispositions des textes antérieurs.

L’article 5 est ainsi rédigé :

« La sous-direction de la protection des personnes assure, sur le territoire français et à l’étranger, la protection rapprochée ou l’accompagnement de sécurité de personnes françaises ou étrangères. Elle est chargée de la sécurité des membres du gouvernement et des personnalités françaises auxquelles en fonction des risques et menaces évalués par les services spécialisés et sur décision du ministre de l’Intérieur, il est accordé de telles mesures »

Cet article fait explicitement référence aux notions mal comprises de protection rapprochée et d’accompagnement de sécurité. y compris dans les déclarations des responsables politiques au plus haut niveau et dans les différents commentaires de la presse écrite et audiovisuelle.

Cette distinction est fondamentale.

Ces notions techniques étaient connues en interne au Service des Voyages Officiels et de la Sécurité des Hautes Personnalités. Or l’arrêté du 19 octobre 1994 signé du Ministre de l’intérieur Charles Pasqua crée le Service de Protection des Hautes Personnalités et pour la première fois dans un texte officiel, distingue explicitement ces deux types de mission.

L’article 1de cet arrêté (élaboré par moi-même à l’époque) est ainsi rédigé :

« Les missions de protection des hautes personnalités assurées par le service de protection des hautes personnalités sont de deux types :

a. les missions de protection rapprochée nécessitant la présence continue d’au moins trois fonctionnaires armés auprès de la personnalité protégée ;

b. les missions d’accompagnement de sécurité générale nécessitant la présence continue d’un seul fonctionnaire armé auprès de la personnalité protégée. »

Cette définition qui s’applique au SPHP a le mérite d’éviter toute confusion sur la nature de la sécurité des personnes qui bénéficient, en fonction de leur rang protocolaire ou de la menace, soit d’une protection rapprochée soit d’un simple accompagnement de sécurité.

Or, en matière de protection rapprochée, les fonctionnaires qui constituent ce que l’on appelle le triangle de sécurité autour de la personnalité (il convient de rappeler qu’une protection doit couvrir les 360° du champ visuel et que l’on a estimé que l’œil humain pouvait couvrir 120 ° d’où l’explication de la présence continue de 3 officiers de sécurité) doivent également disposer au minimum d’un véhicule de sécurité suivant le véhicule de la personne protégée. Ce véhicule doit être conduit par un conducteur policier expérimenté et armé.

Le dispositif minimum de protection rapprochée est donc de 4 policiers.

Avec au moins une relève (pour couvrir l’amplitude horaire d’activité d’une personnalité sans compter les congés réglementaires) on arrive au minimum à l’affectation de 8 fonctionnaires de police pour une seule personnalité.

Ce dispositif vaut pour une personnalité pour une menace d’intensité faible ou moyenne.

Bien évidemment pour une menace plus importante ou plus précise il faut disposer d’une voiture supplémentaire avec un conducteur et 1 ou 2 officiers de sécurité. Cette voiture dite S 1 se place devant le véhicule de la personnalité. Ce dispositif est indispensable pour assurer une bonne sécurité. En 1977, Hans Martin Schleyer, le patron des patrons allemands a été enlevé par les terroristes de la bande à Baader dans la banlieue de Cologne, séquestré en Belgique et son corps retrouvé dans les Ardennes françaises. H.M. Schleyer circulait en Mercedes blindée et avait une voiture de sécurité en suiveuse. Les conducteurs et les gardes du corps ont tous été tués (on a retrouvé pas moins de 300 balles de pistolet mitrailleur sur place !). L’enlèvement a pu réussir tout simplement car une terroriste, déguisée en mère de famille, avait jeté un landau supposé contenir un bébé devant la voiture de Hans Martin Schleyer !

Comme pour Chapour Bakhtiar qui se souvient de Hans Martin Schleyer au Service de la Protection ?

L’utilité de la voiture de sécurité devant celle de la personnalité est évidente, elle s’arrête devant un obstacle comme celui-ci, les voitures de la personnalité et la voiture suiveuse en sécurité font demi tour. Ceci suppose bien évidemment que les 3 conducteurs concernés soient entraînés à ce type de manœuvre et en liaison radio permanente. Ce dispositif nécessite donc 3 conducteurs et 5 officiers de sécurité au minimum soit 8 en permanence (16 au total avec les relèves). Par ailleurs, une bonne protection nécessite aussi d’avoir des policiers envoyés en précurseurs sur chaque site visité ainsi qu’une garde des lieux de résidence de la personne menacée.

Une vraie protection rapprochée mobilise donc beaucoup d’effectifs, coute cher et peut durer des années.

La meilleure sécurité consiste toutefois à changer constamment ses habitudes, être imprévisible pour déjouer les reconnaissances des futurs agresseurs. Ceci s’appelle la culture de sécurité qui ne coûte rien si ce n’est d’avoir à changer ses habitudes de vie. Mais cette contrainte doit être bien expliquée à la personnalité menacée qui doit y adhérer car sa vie est à ce prix.

On peut donc légitimement poser la question suivante : connaissant les menaces d’A-Quaida visant nominativement Charb, pourquoi celui-ci n’avait-il pas de protection rapprochée ? Au début, Charb avait une équipe de 4 policiers attachés à sa protection (8 en fait avec les relèves). Cette équipe a été divisée par 2 il y a un peu plus d’un an.

Pourquoi avoir accordé un simple accompagnement de sécurité et non une protection rapprochée à Charb ?

Qui a pris cette décision et quand ?

Franck Brinsolaro mort sur place était ce jour là officiellement l’officier de sécurité de Charb.

En réalité le jour de l’attentat dans les locaux de Charlie Hebdo, il y avait 2 policiers du SPHP en charge de la sécurité de Charb et non un seul.

Le second policier était tout simplement parti « faire des courses ».

On a peine à le croire… Le type fait des courses pendant la réunion de rédaction hebdo…

Ce policier rentrant dans son service, au lieu d’adopter une attitude modeste s’est au contraire félicité d’être en vie et a demandé une décoration et une mutation/promotion vue la dangerosité de la mission. Il semblerait que sa hiérarchie ne soit pas opposée à cette demande.

Quitter son poste pour des raisons personnelles n’est ce pas la définition d’un abandon de poste ?

Enfin on peut s’interroger sur la présence de Franck Brinsolaro dans la même pièce que la rédaction de Charlie. Un officier de sécurité n’a pas à participer aux réunions de rédaction pas plus qu’un officier de sécurité n’a à participer aux réunions politiques d’un membre du gouvernement. Sa place était à l’extérieur devant la porte de la rédaction et son collègue aurait du être à l’entrée des locaux.

Le syndrome bien connu des liens de proximité voire d’amitié entre la personnalité et son garde du corps avait déjà été noté lors du suicide de Pierre Bérégovoy avec l’arme de service de son officier de sécurité.

Ce type de comportement est connu comme les remèdes : affecter un nombre suffisant de fonctionnaires, changer de temps en temps les équipes etc…

Là aussi la routine est un des pires ennemis du professionnalisme.

Charb n’avait pas de protection rapprochée digne de ce nom : c’était une faute et non une erreur eu égard à la menace qui pesait explicitement sur sa vie.

Mais dans cette affaire ce n’est pas seulement l’échelon technique – le Service de la Protection – qui est en cause car l’échelon politique a aussi une part de responsabilité.

La décision d’accorder une protection rapprochée ou un accompagnement de sécurité générale est en effet exclusivement du ressort des autorités gouvernementales :

Les textes sont explicites : en France c’est le Ministre de l’Intérieur (ou par délégation de pouvoir son Directeur de Cabinet) qui a le pouvoir de prendre ce type de décision et lui seul. Ce n’est pas à l’échelon technique à savoir celui de la Police Nationale de décider, c’est à l’échelon politique.

Bien évidemment la décision ministérielle doit être éclairée par l’avis de spécialistes.

Il appartenait donc au Chef du SDLP Frédéric Aureal de solliciter une audience lors de l’arrivée de tout nouveau Ministre de l’Intérieur pour lui expliquer en détail la différence entre protection rapprochée et accompagnement de sécurité générale.

Cela a-t-il été le cas lors de l’arrivée au ministère de Bernard Cazeneuve ?

Cette information aurait aussi du être donnée au nouveau Directeur Général de la Police Nationale Jean Marc Falcone nommé à ce poste en août 2014 et au nouveau conseiller technique police du ministre nommé récemment François Mainsard.

Le ministre de l’Intérieur et ses proches collaborateurs ont-ils été informés du processus décisionnel et de la distinction entre protection et accompagnement de sécurité et des conséquences qu’entraînait le choix de l’une ou l’autre formule en effectifs et en coût ?

Est-il pensable qu’un ministre de l’Intérieur informé de l’état réel de la menace émanant d’Al-Qaïda pesant sur Charlie Hebdo et sur Charb en particulier puisse décider de diminuer drastiquement la sécurité dans ce domaine ? Certainement pas.

Aucune réponse officielle n’a été portée à ce jour à cette question fondamentale car celui ou ceux qui ont recommandé et décidé un simple accompagnement de sécurité pour Charb ont pris une décision lourde de conséquences bien évidemment sur le plan humain mais aussi sur le plan de la responsabilité de l’Etat désormais pleinement engagée.

L’information du ministre avant toute prise de décision est fondamentale :

L’article 14 de l’arrêté du 12 Août 2013 signé par le Ministre de l’Intérieur Manuel VALLS (qui reprend l’article 13 de l’arrêté du 17 décembre 2008 signé par la Ministre de l’Intérieur Alliot-Marie) est ainsi rédigé :

« Une commission présidée par le directeur de cabinet du ministre de l’intérieur ou son représentant rend un avis au ministre de l’intérieur en fonction des risques et menaces évalués par les services spécialisés sur l’octroi ou le maintien de toute mesure de protection rapprochée ou d’accompagnement de sécurité ainsi que le cas échéant, sur la nature et le degré de protection accordée.

Cette commission se réunit à tout moment à la demande du ministre de l’intérieur et au moins deux fois par an. Elle est composée exclusivement d’agents de l’Etat et comprend le directeur général de la police nationale, le directeur général de la gendarmerie nationale, le préfet de police de Paris, le chef du service de la protection et le chef de l’unité de coordination de la lutte antiterroriste, qui peuvent être représentés. Il peut être fait appel le cas échéant à toute personne dont l’expertise est requise. Le Ministre de l’intérieur peut décider de ne pas consulter la commission lorsque la situation le justifie, notamment au regard des délais nécessaires à la commission pour se réunir et rendre son avis »

Ce texte est essentiel.

Pendant des années le ministère de l’Intérieur n’a pas appliqué ses propres textes en ne réunissant pas cette commission.

En 2010, la Cour des Comptes fait un audit du SPHP. Son pré rapport rédigé par Alain Pichon Président de la 4 ème chambre de la Cour des Comptes relevait que toutes les mesures de protection ou d’accompagnement qui n’étaient pas systématiquement justifiées par un niveau de menace correspondant n’étaient pas réglementaires. La Cour indiquait que la décision d’attribution, qui appartient au ministre de l’intérieur, demeurait informelle, la Cour considérait donc que cette situation avait pour effet de déresponsabiliser l’autorité compétente pour l’attribution des dispositifs de protection ou d’accompagnement.

La Cour estimait en outre que le fait de n’avoir pas réuni la commission en question avait pour conséquence de laisser subsister la déconnection entre la protection assurée par le SPHP et le niveau de menace.

En conséquence, la Cour relevait que la commission, désormais clef de voute du dispositif, n’avait pas formulé d’avis sur les différentes missions assurées et rendait de fait irrégulières les missions qui n’étaient pas justifiées par un niveau de menace particulier.

La Cour recommandait donc fort logiquement que la commission devait se réunir sans tarder, que les décisions attribuant les protections assurées par le SPHP devaient être formalisées par un écrit en précisant la date et l’auteur et que les protections non institutionnelles devaient n’être accordées que pour une durée limitée et révisée périodiquement.

Ces recommandations de la cour des comptes ont été, en partie, suivies d’effet car cette commission depuis 2011 s’est réunie quelques fois en fait essentiellement pour recommander la suppression de certaines missions.

La question qui se pose alors est de savoir si cette commission d’une part s’est prononcée sur la sécurité de Charb et si elle aurait recommandé de transformer la protection rapprochée de Charb (déjà insuffisante à l’origine) en simple accompagnement de sécurité générale ?

Là aussi on attend des réponses officielles sur ce point précis car le doute persiste.

Si ce n’est pas la commission qui a recommandé cette décision, qui a pris cette décision ?

Il est vraisemblable que le ministre n’ait jamais été informé pleinement des décisions qu’il devait prendre et que peut être d’autres ont décidé à sa place avec les conséquences que l’on connaît.

La responsabilité des hauts fonctionnaires composant cette commission est donc directement mise en cause si tant est que la commission se soit bien réunie!

Par contre si cette décision avait été prise au niveau de la Direction Générale de la Police Nationale ou directement au niveau du Service de la Protection, il conviendrait de remarquer que, dans cette hypothèse, ce type de décision serait entaché d’une irrégularité au regard des textes.

Il appartient donc au Ministère de l’Intérieur de fournir des explications détaillées et à la commission d’enquête parlementaire annoncée à grands renforts de publicité mais dont on tarde à voir la constitution à auditionner dans le détail tous les responsables pour se faire une idée exacte du processus décisionnel qui a eu cours.

Cette commission d’enquête parlementaire est indispensable pour faire toute la lumière sur cetet affaire que d’une manière ou d’une autre on peut qualifier de bavure d’Etat étant donné les dysfonctionnements multiples des différents services du Ministère de l’Intérieur.

Conclusion:

Plusieurs mois après les événements de janvier 2015, beaucoup de questions restent en suspens.

Le Premier Ministre a eu beau parler de failles on attend toujours de savoir lesquelles.

Incontestablement il y a eu défaillance des services de renseignement (DGSI et UCLAT) mais il y a surtout eu des erreurs considérables d’appréciation sur la menace et les mesures à prendre pour y faire face : la Préfecture de Police et le Service de la Protection sont en première ligne dans la protection du journal Charlie Hebdo et de Stéphane Charbonnier.

Le Danemark a manifestement pris la menace terroriste à sa juste mesure en tout cas plus que la France.

La mission de protection rapprochée est extrêmement difficile car elle nécessite un professionnalisme constant et permanent : les commissaires affectés au SDLP ont-ils tous effectués les stages de formation aux techniques de protection rapprochée ? Elle demande aussi des qualités humaines évidentes quand on apprend sans vouloir trop y croire (et pourtant !) que deux commissaires divisionnaires du Service de la Protection , ceux là même en charge de la protection des personnes ont demandé une avance sur frais de mission ( une quinzaine d’euros !) pour se rendre aux obsèques de Franck Brinsolaro à Bernay dans l’Eure ! Décidemment je ne reconnais plus mon ancien service !

Contrairement à ce qui est communément admis, la France a les moyens d’assurer une protection à des personnalités menacées. Le manque d’effectifs au sein du Service de la Protection est un faux problème. Déjà en 2013 il ne fallait pas rendre 125 postes de fonctionnaires pour en recruter en urgence 70 après les événements de janvier 2015 qui étaient quand même prévisibles.

Ensuite , comme je l’avais déjà écrit en janvier 2011 dans l’Auditeur (article sur la protection des Hautes Personnalités toujours d’actualité), il serait temps que le gouvernement prenne enfin la décision de supprimer toutes les missions de confort assurées par le SPHP au profit de personnalités françaises qui n’ont pas le rang protocolaire suffisant et qui ne sont pas menacées étant précisé que seuls, les anciens Présidents de la République, dans les textes, ont droit à des officiers de sécurité. Cette règle est la même dans tous les pays européens. Par contre, la France est le seul pays à garder des officiers de sécurité auprès d’anciens ministres notamment de l’Intérieur. La sécurité de Pierre Mauroy ancien Premier Ministre a coûté 3 000 000 € à titre d’exemple.

Ce sont des dizaines de policiers spécialisés du SPHP que le service peut récupérer immédiatement.

Mais ce n’est pas tout, le gouvernement doit également prendre la décision de supprimer toutes les missions de complaisance assurées au bénéfice de personnalités étrangères (des pays du Golfe, du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne essentiellement) qui ne sont ni chefs d’Etat ni chefs de gouvernement et qui sont en visite privée en France. Ces missions ne visent qu’à favoriser le passage de gens fortunés au milieu de la circulation ou à stationner dans des endroits interdits au simple citoyen.

Là aussi la France est un cas unique en Europe.

Là aussi il y a des dizaines de policiers spécialisés à récupérer immédiatement et à utiliser sur de vraies missions de sécurité rapprochée.

Aucune initiative en ce sens n’a été prise sérieusement mais ce n’est pas une surprise car tous les gouvernements précédents de gauche ou de droite ont eu la même attitude.

En outre, le Ministère de l’Intérieur aurait pu rappeler en service les nombreux policiers du SPHP en retraite qui forment la réserve civile de façon à disposer immédiatement de policiers expérimentés.

Enfin le ministère de l’Intérieur pourrait utilement changer sa politique qui consiste à refuser systématiquement le port d’arme aux sociétés françaises de protection des personnes et à accorder plus facilement le port d’armes à des agents privés et à des sociétés privées de droit étranger travaillant en France. Cette situation est ubuesque.

A l’exemple de nombreux pays notamment anglo-saxons, il serait temps de faire travailler ensemble police d’état et sociétés privées de sécurité des personnes bien évidemment avec des contrôles renforcées et des contrats de collaboration. Il y a là un champ immense de possibilités très peu explorées actuellement.

En conclusion, il est une fois de plus triste de constater que les leçons de l’histoire ne servent pas.

Les services de renseignement ne peuvent pas, dans notre démocratie, surveiller tous les suspects.

Par contre, il est indispensable qu’une forte cohérence entre les services chargés de la protection des bâtiments et ceux chargés de la protection des personnes ait lieu en plus de celle avec les services de renseignement.

La routine, le manque de professionnalisme des uns et des autres, le manque de culture géopolitique et la mauvaise gestion des mesures dans le temps ont abouti, il ne faut pas le nier, au désastre de janvier 2015.

Force est de constater que personne au Ministère de l’Intérieur mais absolument personne ne s’est estimé responsable de ce qui est arrivé, personne ne s’est d’ailleurs excusé de ses propres insuffisances ni n’a jugé opportun de démissionner ou de rendre ses décorations !

C’est peut être cela qui est le plus choquant dans les événements que la France vient de vivre : cette solidarité dans l’irresponsabilité et pourtant les français ont le droit à la vérité comme l’affirmait le Premier Ministre au lendemain des attentats de Copenhague le 16 février 2015 sur RTL : « il faut dire la vérité aux français : il faut s’habituer à vivre avec cette menace terroriste ».

Combien de temps faudra t-il attendre pour avoir enfin une vision claire des multiples prises de décision ayant abouti aux attentats de janvier 2015 ?

Eric Stemmelen, Commissaire Divisionnaire Honoraire

7 ème promotion IHESI – 1996

Source : Mediapart, Eric Stemmelen, 12-01-2016


Une information du Canard Enchaîné :

repetition

(relayée ici par exemple)

Avec quelques précisions dans le Figaro pour la tempérer un peu, faisant suite à un papier précédent… Heureusement la conclusion est claire :

« L’action des policiers du service de protection ne semble pas avoir été défaillante. »

Je dirais même plus : c’était même une franche réussite !

À suivre en novembre : le succès de la protection du Bataclan…

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

40 réactions et commentaires

  • philbrasov // 01.03.2016 à 08h29

    Qu’on se rassure, aucun fonctionnaire n’a démissionné,
    En France, on est responsable mais jamais coupable.

    en 1917 au chemin des dames on fusillait pour abandon de poste
    en 2015 , on décore pour abandon de poste
    autre temps autre mœurs…

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  • scipio // 01.03.2016 à 09h41

    Loic wacquant parlait à propos de la présentation de la sécurité dans les société libérales de pornographie sécuritaire et disait que cet exibitionnisme (que l’on peut voir dans des émissions de reportage sur la police) cachait en fait pas mal de défaillances.

    L’impunité dans l’incurie dont l’auteur parle ici sont parfaitement compatible avec ce que dit L.Wacquant. On montre, on se montre, on se fait mousser, mais derriére qu’y a t’il?
    Une simple illusion sécuritaire.

      +11

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    • bourdeaux // 01.03.2016 à 09h51

      @ scipio : « illusion sécuritaire »: c’est tout à fait juste, on prend généralement des « mesures de sécurité » quand on a négligé celles de la simple vigilance. En ce domaine comme en bien d’autres, le court-termisme a pris le pas sur la longue vue.

        +7

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  • DUGUESCLIN // 01.03.2016 à 10h07

    Je partage votre point de vue.
    Ce n’est pas la question faussée du droit au blasphème qui doit nous mobiliser, mais la question de savoir gérer une société multiculturelle. Autant il est évident que dans une société faites de diverses cultures, religions et visions du monde pas nécessairement compatibles, il faut aller au bout des choix.
    L’idée de rassembler tout le monde derrière des « valeurs » républicaines ne marche pas à partir du moment où ces valeurs (non énumérées clairement) ont des sens différents pour chacun, et même carrément rejetées culturellement par d’autres.
    Si les dites valeurs républicaines qui ont une portée culturelle susceptible de faire un lien entre tous, elles n’en restent pas moins issue d’une culture qui ne fait pas « culturellement » l’unanimité et même combattues par certains. Voilà où nous en sommes, vouloir une chose et son contraire mène au chaos. Comme on peut l’observer en différents points du globe et utilisé pour nous soumettre.

      +11

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    • groucho // 01.03.2016 à 13h01

      Ça ne marche pas, surtout quand il y a un monde entre les proclamations et les réalités de terrain… Nous sommes tous égaux, en théorie, mais manifestement certains beaucoup plus que d’autres, en pratique… Et c’est bien normal que ceux qui le sont le moins, – en plus d’être des cibles faciles et sans défense pour des canards à la Charlie -, finissent par prendre la mouche et certains d’entre eux, probablement une minorité, par carrément mal tourner.
      Tant qu’il y a de graves problèmes sociaux-économiques et que tout ce qu’on fait ne saurait conduire qu’à leur aggravation, non seulement on ne voit pas très bien où elles sont, nos fameuses valeurs, mais de surcroît ça ne risque pas de s’arranger…

      On peut encore ajouter nos interventions intempestives à l’étranger et les désastres qui en découlent, encore au nom de nos valeurs…

        +11

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      • Annouchka // 01.03.2016 à 13h39

        « Nous sommes tous égaux en théorie, mais manifestement certains plus que d’autres dans les faits »
        C’est bien là tout le problème de notre valeur de référence fondamentale « les droits de l’homme ». Elle est sensée être une valeur universelle, susceptible de convenir à tous alors qu’en réalité c’est un concept qui a été pensé dans un cadre culturel bien spécifique, celui de la suprématie technique de l’Europe et de la naissance du capitalisme (le concept de droit de propriété en témoigne particulièrement bien).

        Mais ce contexte a radicalement changé depuis la décolonisation et la diffusion de la modernité technologique. Les droits de l’homme européens, bien adaptés à un contexte culturel chrétien se « retournent « contre eux même et deviennent singulièrement paradoxaux dès qu’ils rencontrent des cultures qui ne sont pas marquées par le référentiel chrétien (les Lumières, de mon point de vue, n’étant qu’une version sécularisée du christianisme)
        D’où ce sentiment que face aux droits de l’homme, certains sont plus égaux que d’autres.
        Et d’où la nécessité aussi d’abandonner la prétention à l’universalisme de notre culture et donc d’une certaine façon d’accepter le « deux poids, deux mesures » en matière culturelle

          +5

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        • groucho // 01.03.2016 à 21h37

          Quand les « droits de l’homme » se traduisent concrètement par la destruction de pays entiers, comme la Libye entre autres, comment voulez-vous convaincre quiconque qu’ils seraient universels ? Il ne faut pas rêver, quand même…

          Ça ne remet l’universalisme en cause que dans la mesure où nous-mêmes ne faisons rien, tout au contraire, pour les faire valoir dans la pratique, à commencer par chez nous…

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      • DUGUESCLIN // 01.03.2016 à 15h25

        Vos réflexions sont claires et je vous rejoins.
        Mais maintenant se pose la question de notre propre culture (de l’antiquité à nos jours),celle qui a fondé nos sociétés avec ses qualités et ses défauts.
        Devons-nous en accepter la disparition? Si oui la remplacer par quoi? Par quel modèle? Celui de la zombification, c’est à dire sans culture sinon celle du consumérisme?
        Ceux qui sont prêts à abandonner leurs racines et accepter l’acculturation existent-ils, tant du côté des nouveaux arrivés que de celui des plus anciens qui vivent de leurs valeurs et de leur culture?
        Sans liens communs, c’est le chaos.

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        • bhhell // 02.03.2016 à 18h39

          Mais justement, le problème, c’est l’illusion qu’on pourrait rétablir les »valeurs » par une invocation incantatoire du passé, par un volontarisme tout républicain, alors que le processus que nous vivons résulte de choix majeurs faits des siècles en amont. Le libéralisme adopté par nos ancêtres portait dans ses gènes la zombification actuelle de la société. Tout cela n’a rien d’un accident. L’individualisme (inscrit dans le code napoléonien) détruit les solidarités, les liens, les institutions, y compris pris celles qui ont permis son émergence. On ne vit que l’avancée de ce processus. Tout le reste, « droits de l’homme », « république », « démocratie », « lien social », n’est qu’un habillage hypocrite qui ne fait plus guère illusion. Le roi est nu désormais

            +0

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  • Christian Gedeon // 01.03.2016 à 11h07

    Aïe..Ouille…Non et non. Je suis chrétien catholique et oh horreur pratiquant.Mais ces histoires de blasphème et de profanations commencent à me les briser menu menu… personne n’est obligé de regarder les caricatures de Charlie ou d’aller « admirer  » Piss Christ,pas plus que de lire Salman Rushdie et la palanquée d’auteurs sous fatwa…je vois poindre depuis quelque temps une redoutable propension à la police religieuse et morale,ce qui absolument inacceptable.Nous avons un arsenal législatif qui permet de combattre toute action ou parole pénalement répréhensible ( propos racistes, attaques de lieux de culte,etc…) C’est bien ainsi,et çà suffit largement. C’est quoi ces balivernes de sacré ? Il n’ ya pas et ne doit pas y avoir de délits ou de crimes « anti sacré ».Jamais!

      +14

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    • Annouchka // 01.03.2016 à 11h52

      Justement, Christian Gedeon, la loi Pleven que vous mentionnez (contre l’incitation à la haine raciale) montre bien qu’il y a un « sacré  » dans notre société. C’est un sacré laïque et sécularisé, mais c’est un sacré tout de même. Auschwitz est sacré pour nous, la république, la laïcité, la liberté d’expression, entre autres sont des valeurs sacrées… C’est à dire séparées. On ne peut pas y toucher, ou du moins on ne peut pas en discuter de la même manière que l’on discute du reste.
      Le phénomène de « sacralisation » est à mon avis inévitable dans une société. C’est même la base de la culture. S’il n’y avait pas de sacré, c’est là que nous devrions commencer à nous inquiéter.
      Tout le problème est de savoir qui a le droit de définir le sacré « légitime ». Dans un contexte démocratique, ce n’est pas forcément évident.
      Dans notre société, la science apparaît plus légitime que les textes religieux révélés, ce qui explique que Auschwitz, fait historique avéré, peut « légitimement » être sacré, contrairement au prophète Mahomet, dont la sainteté relève d’une croyance non prouvée scientifiquement…

        +6

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    • alphonse // 01.03.2016 à 12h06

      Excusez moi, mais vivez vous en France ? Même en s’informant uniquement sur internet sur des blogs tels que les crises, il est impossible d’échapper aux unes de Charlie Hebdo. Comme il est impossible de ne pas entendre la dernière phrase de zemmour, finkielkraut, etc. …
      Si vous n’avez pas encore saisi que tout débat sur l’islam en France actuellement sert principalement à noyer le poisson en désignant un bouc émissaire à tous les problèmes économiques et à maintenir la population en état de peur pour l’empêcher de s’intéresser aux vrais problèmes et aux vrais enjeux (Tafta, guerres tous azimuts, Europe …), continuez de lire des articles de ce blog. Vous verrez plus clair sous peu.

      Même si il ne faut pas minimiser les conséquences d’une immigration économique, il ne faut pas croire que ce problème efface tous les autres, bien plus importants et à l’origine même des maux de notre société dont la radicalisation de certains jeunes est l’une des nombreuses facettes.

        +21

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    • Furax // 01.03.2016 à 14h21

      Anouchka, la seule chose que sanctifie la loi Pleven, c’est la notion de commune humanité.

      Le problème c’est qu’il peut arriver un moment ou un stade où les lois et les principes font l’objet d’un usage dévoyé et dont ce n’était pas l’intention originelle. Comme disait je ne sais plus qui, à force de trop caresser un cercle vertueux, on finit par le rendre vicieux.

      Les intolérants en sont venus à retourner nos lois et nos principes contre ceux qui dénoncent leur intolérance. On est passé du « pas de liberté pour les ennemis de la liberté » au « pas de liberté pour les amis de la liberté ».

      Même chose avec les racistes issus de la diversité, tels qu’on en voit au PIR, qui professent un racisme anti-blanc d’une violence inouïe mais qui trouvent ça normal car se considérant comme ayant hérité une dette victimaire les autorisant à retourner leur haine contre ceux qui ne sont pas divers.

        +3

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      • Annouchka // 02.03.2016 à 07h44

        L’intention de la loi Pleven était certainement de sanctifier la notion de commune humanité comme vous le dites bien, mais la façon dont elle est formulée contient les « germes » des effets pervers auquels on assiste aujourd’hui (le fait que cette loi soit systématiquement brandie pour accentuer le communarisme et réduire la liberté d’expression).

        L’un de ces germes réside dans le fait que la loi met sur le même plan l’identité ethnique, la nationalité, la race et la religion. C’est quand même maladroit quand, en France, la plupart des religions sont universalistes et ne sont pas attachées à un peuple en particulier.

        La lutte contre le racisme ne devrait pas être mise sur le même plan que la lutte contre l’intolérance religieuse. Cela n’a rien à voir.

          +2

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  • toff de aix // 01.03.2016 à 12h00

    Article édifiant s’il en est, qui confirme ce que tout le monde pressent : nous sommes dirigés par des incompétents plus occupés à ouvrir le parapluie en permanence, pour se couvrir mutuellement ou encore pire se dédouaner de leur incapacité à justifier les fonctions qui sont les leurs(et les avantages qui vont avec).

    La commission d’enquête parlementaire y fera t elle quelque chose ? Permettez moi d’en douter : à part blanchir tout le monde et redire que « c’est la faute à pas de chance », je ne vois guère d’espoir dans cette fuite en avant…

      +15

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  • jim // 01.03.2016 à 12h50

    Pourquoi Olivier affirmer en conclusion que “Le financiarisme, c’est aussi l’ère de l’impunité”?

    Il me semble que dans cette affaire, comme dans bien d’autres, c’est plutôt le signe d’institutions qui ne fonctionnent plus du tout qu’il faut y voir.

    (terrorisme, faillites bancaires, échecs politiques, affaire Kerviel, etc)

    Il n’y a plus de facto séparation des pouvoirs. Et cela n’a pas grand chose à voir avec le financiarisme. C’est plus une dérive d’un système politique, d’organisation politique, qui promeut une petite caste d’entre soi, cette dernière usant ensuite de ses prérogatives pour se protéger, se juger entre soi, “par le haut” et en courcircuitant tous les intermédiaires qui la gênent.

      +11

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  • Chris // 01.03.2016 à 13h09

    Le démontage technique met justement en évidence l’incompétence décisionnelle et le manque de rigueur professionnelle qui advient en cascade, autrement dit, le laxisme à tous les échelons.
    Vu de l’étranger, la France montre un laxisme inquiétant. Qualitativement, les gens font le service minimum. Les manquements ne sont pas punis, à mon avis à cause d’un Code du Travail démentiel dans sa complexité et sur-protection sociale : les gens ne sont pas responsables !
    Les entreprises anglo-saxonnes émettent des directives/modes d’emploi qui détaillent qui, quoi, comment et en quelles circonstances. Ce n’est pas politique, mais fonctionnel.
    N’importe quel nouveau venu en prend connaissance, s’y réfère et applique. Une erreur, selon la gravité, peut lui valoir son licenciement immédiat, sans indemnité de départ.

      +1

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    • Furax // 01.03.2016 à 14h25

      Je suis d’accord avec vous. Mais comme j’expliquais dans mon message ci-dessus, le problème vient d’abord d’en haut.

      Il y a des limites à la motivation et à l’engagement que l’autorité politique peut exiger de ses exécutants quand cette autorité politique elle-même a méthodiquement sapé les conditions d’exercice des missions des forces de l’ordre et a même souvent participé de la délégitimation de l’autorité des services exécutants.

        +8

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    • Wilmotte Karim // 01.03.2016 à 21h22

      C’est à cause du code du travail français que les USA ont les mêmes problèmes?

        +8

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  • patrickluder // 01.03.2016 à 13h30

    Quand des personnes adoptent des attitudes dangereuses, ne sont-elles pas responsables de leurs actes?

      +4

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    • bobob // 01.03.2016 à 18h21

      En l’occurrence, il y a aussi des victimes qui n’ont rien fait de dangereux (quand bien même on serait capable de lister ce qui l’est ou pas et de voir une possible responsabilité dans des actes qui n’ont aucun rapport de proportion entre eux).

      Et en particulier, cet article vise plus spécifiquement la chaîne de décisions qui aboutit à par exemple avoir un policier sur place qui meurt sans pouvoir faire quoi que ce soit.
      Car si vous jugez que ce policier est responsable d’avoir « adopter une attitude dangereuse » alors qu’il n’a certainement fait que respecter les ordres de sa hiérarchie, la responsabilité remonte de quelques crans.

      ps : plus généralement, si on paye des impôts et qu’on accepte les lois qui interdisent le port d’armes, c’est pas totalement indépendant du fait qu’on considère que l’État est censé protéger les citoyens sous son autorité.
      Quand bien même ceux-ci exprimeraient publiquement des opinions légales qui pourraient être jugées « dangereuses » par patrickluder.

        +2

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  • Lea_ // 01.03.2016 à 13h30

    Et que dire des assassinats au Bataclan qui auraient pu être évitées… Nos responsables politiques auraient dédaigné prendre contact avec les services secrets syriens qui détenaient une liste des combattants djihadistes (Voir article: https://www.les-crises.fr/scandale-detat-valls-aurait-refuse-la-liste-des-djihadistes-francais-proposee-par-la-syrie/ )

      +9

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  • RonRon // 01.03.2016 à 14h10

    Annouchka,

    Je suis d’accord avec vous, il y a plein d’excellentes raisons pour que ces gars nés en France se sentent nord-africain et musulman, mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ?

    Encore plus de promotion de l’anti-racisme, encore plus de loi contre la discrimination ?

    Je crois qu’on est au bout du rouleau et seul ceux qui ne côtoient pas cette population peuvent encore penser que ça va bien se passer.

    Non, il n’y aura pas de guerre civile mais de plus en plus de Français voteront pour des candidats qui veulent réduire l’Islam et il y aura un cercle vicieux qui fera que chacun se radicalisera.

    « qu’est-ce que le sacré dans notre société sécularisée »

    Rien n’est sacré, le seul concept qui vaille, c’est la décence.

    Reste à la définir, ça ne me semble pas très compliqué et oui je suis d’accord que ce qui peut choquer les quatre ou cinq grandes religions dans notre pays ne doit pas se trouver sur la couverture mais à l’intérieur d’un journal comme Charlie Hebdo.

      +8

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  • Dommage // 01.03.2016 à 14h14

    Plein d’erreurs, et puis ça:

    « C’est la même année, mais cela n’est peut être pas un hasard avec la décision de diminuer la protection, que le syndicat de gradés et gardiens Alliance, bien mal inspiré, publie un tract ainsi rédigé :

    « Le 4 avril lors d’une audience auprès du Directeur de la DOPC nous avons exigé l’arrêt immédiat de la mission « Charlie Hebdo ». Depuis plus de 7 mois les compagnies d’intervention fournissent jusqu’à 9 collègues par jour pour la protection des locaux privés d’un journal. Inadmissible !!! » »

    Insupportable pour un syndicat droitier de faire de la protection pour des salopards de gauche, hein? Et ç’aurait peut-être été la même en inversant les affiliations politiques.
    Simple exemple d’une des nombreuses et profondes fractures qui parcourent notre société.
    Et qui n’ont pas fini de se multiplier et de s’élargir.

    Quel avenir terrible se dessine pour nos enfants….

      +2

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  • Theoltd // 01.03.2016 à 15h00

    Très bel article, que d’erreurs en vérité. la betise permet en effet d’expliquer beaucoup de choses. Mais pas que les frangins aient oublié leur carte d’identité par exemple, que les assassins soient systématiquement eliminés, ce qui est bien pratique, et que ces faits ont permis enfin, de scinder la France en deux ou en trois: d’un coté les charlie, dont certains sont allés gonfler les effectifs de l’armée régulière, dont la publicité était concomitante) de l’autre, et bien les autres, dont une bonne partie est vite allé rejoindre Daesh…alors voila, merci néanmoins d’essayer de tenter de faire avancer le débat, nous n’em penserons plus jamais moins.

      +2

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  • Ynes // 01.03.2016 à 15h15

    Entièrement d’accord avec vous. Il aurait été plus lucide, plus humain également, de considérer que le sacré des uns et des autres fait partie du patrimoine de l’humanité mais si on est pas obligé d’adhérer à tout, le respecter, s’instruire de ses côtés positifs, oui. Certains membres des  »communautés » religieuses ou athées se font la guerre, au figuré comme au propre, pour asseoir une vision unique, la leur. L’humain, n’est perçu, compris ou accepté, même admis dans sa différence, que sous cet unique prisme. Les excès existeront, et c’est à la justice de se prononcer. Sans justice accessible pour tous, rien ne tient.

      +2

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  • DUGUESCLIN // 01.03.2016 à 15h32

    On peut s’interroger entre, l’incompétence qui est du domaine de la « mise à pied » des responsables, et l’absence d’innocence qui est du domaine de la haute trahison.

      +8

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    • daniel // 01.03.2016 à 22h59

      Oui, et quand « on ne pas qui a fait quoi », il n’est pas possible de trouver les mesures correctrices. Sauf encore plus de textes réglementaires essayant de codifier l’inimaginable. Le mur de papiers est la forme moderne de la ligne Maginot. Lutter contre le flou des décisions, et contre l’irresponsabilité, est le début de l’efficacité.

        +1

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  • Deres // 01.03.2016 à 16h01

    Un point qui n’est pas évoqué est que depuis 2012, les services de protection et les CRS sont sur-utilisés pour la protection du gouvernement. Suite au mariage pour tous et à l’opposition qu’il a suscité, le gouvernement est obsédé par sa protection contre ces opposants. Ils tombent dans leur propre peur d’une extrême droite violente fantasmée. La conclusion est de se retrouver avec la protection de tous le gouvernement (entre 30 et 40 personnes) à assurer en permanence au lieu de quelques uns comme habituellement. Avec les chiffrage données plus haut, on comprend bien que cela occupe au moins une bonne centaines d’agents qui doivent bien être trouvés quelque part. J’ajoute que les petits arrangements du président n’habitant pas à l’Elysée, participant discrètement à des dîners mondains en ville et faisant des balades en scooter devaient aussi être très coûteux en effectifs. Il est donc logique que l’on ait sciemment déshabiller Paul pour habiller Pierre. Et je ne suis pas étonné que lors des arbitrages, le gouvernement soit mieux servi point de vue protection que le commun des mortelles.

      +4

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  • Deres // 01.03.2016 à 16h04

    A l’époque, les dirigeants étaient certes incompétents, mais ils prenaient la peine de trouver des lampistes pour se couvrir, au moins pour les apparences. Maintenant, pas la peine de faire cet effort, ils sont certains de leur impunité. C’est le ministre lui même qui affirme son infaillibilité et qui au lieu de chercher des responsables les félicitent pour leurs actions de manière à se faire soutenir par la profession.

      +5

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  • Deres // 01.03.2016 à 16h10

    Je constate au passage que la technologie que l’on nous vante tant n’est pas du tout utilisé. les caméras pourtant omni-présente en ville ne sont même pas utilisés devant les lieux surveilles … Cela aurait au minimum permis d’avoir des vidéos des gens en repérage ou pendant l’action au lieu des vidéos de téléphone peu détaillés ! Aucun calcul de rentabilité entre des systèmes de protection passifs (visiophone et sas) installées un fois pour toute et des gardes rapprochés. De plus, Charlei Hebdo ayant déménagé entre temps, pourquoi ne pas s’être installé de base dans des locaux plus sécurisés au lieu de se demander après coup la protection nécessaire ? Et pourquoi ne pas armer les personnes à protéger, encore un problème idéologique ?

    D’ailleurs, les deux gardes étaient sur place, ce qui tend à montrer qu’ils ne se relayait pas probablement par facilité personnels mais faisaient leurs heures en même temps dans la journée uniquement alors qu’ils étaient deux pour justement pouvoir étaler la surveillance !

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    • Subotai // 01.03.2016 à 17h25

      Les systèmes de protection passif, les systèmes de surveillance, vidéo ou autres sont essentiellement un bizness. Leurs développements ne découlent pas de la nécessité mais du système marchand surfant sur le principe du placebo.
      Sans entrer dans une digression philosophique, aucun « robot » ou système technologique ne remplace un humain « équipé » des prothèses adéquates.

        +5

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      • Deres // 02.03.2016 à 14h02

        Les caméras servent surtout à recueillir des informations fiables à posteriori (signalement, visages, plaques, timing exact) car il faut savoir que les témoignages humains sont malheureusement très faillibles. Sinon, ce sont juste des moyens d’augmenter la productivité de personnes faisant de la surveillance. Au lieu d’avoir des plantons partout, un seul peut surveiller plusieurs endroits. La technologie ne remplace jamais les humains directement, c’est là que réside l’erreur. Elle sert surtout à en augmenter l’efficacité en éliminant les travaux récurrents et répétitifs ne nécessitant justement pas la capacité d’adaptation d’un humain.

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        • Subotai // 03.03.2016 à 00h31

          Ayant bossé dans l’informatique – je dirai ça comme ça – je sais que nombre de projets technologiques dit de sécurité ont été mis en œuvre les 10-15 dernière année pour des questions « confort » et non de nécessités. Je dirais 80%.
          Confort: dépense de budget non utilisé, mise en avant d’action (esbroufe), escroquerie pure et simple. Les outils n’étant soit pas adaptés aux besoins, soit disproportionnés, soit engendrant des coûts d’exploitation impossible à soutenir et souvent les trois en même temps.
          Le 11 sept 2001 et sa suite a été une aubaine, les « dysfonctionnements » informatiques aussi.

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  • clauzip12 // 01.03.2016 à 17h20

    J »ai,lors de ma carrière de fonctionnaire,côtoyé divers services de police.
    De l’aveu de responsables de service,par mes perceptions,de par des décisions de conseil départemental de discipline (aux quels je n’avais pas accès) j’en retire des convictions qui suivent:
    S’agissant de la Police nationale il m’apparait que ,dans un service fondamentalement porteur de l’intérêt des citoyens il n’y a pas le culture de l’opérationnel et de l’obligation de service.
    La rigueur et le non désintéressement structurel des aspects de la politique politicienne sont une réalité signifiante.Combien d’actes anormaux en service sont couverts par le supérieur direct qui a eu connaissance de visu des actes ou par écrit.
    Les déplacements de cadres sont qqs fois impossibles en raison de déséquilibre politiciens internes alors que les résultats de la fonction sont manifestement insuffisants.
    Des gradés de niveaux divers ne le sont que par avancement de carrière et non par nécessité de service.
    Cela conduit à une hiérarchie en sur densité ou tout le monde commande et peu obéissent.
    La Police et un métier tres difficile et le plus dangereux.
    Une grande rigueur n’est pas possible avec un ministère aussi politique que celui de l’Intérieur.
    La Police devrait être pris en compte par un outil interministériel,sécurité et justice comme un conseil de la magistrature adapté:sécurité-justice

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  • Astrolabe // 01.03.2016 à 17h40

    Mais un autre problème, grave, a été la mise en place de la RGPP sous M. Sarkozy qui a conduit à supprimer un grand nombre de postes de fonctionnaires. C’est bien, me direz-vous, oui mais quels postes supprime-t-on ? Et bien des postes d’exécutants, bien sûr, pas des postes « honorifiques » (X préfets payés à ne rien faire), pas des postes de « conseillers », etc. Bien sûr on supprime aussi des coûts fixes (les postes budgétaires) mais on protège certains frais de fonctionnement: on se rappelle les primes assez grasses que se versaient certains hauts fontionnaires en fin de mois, on se rappellera aussi les innombrables cas d’utilisation des véhicules de service ou de fonction à des fins personnelles (conduire les enfants à l’école, balades le week-end) alors que la police et la gendarmerie n’ont plus d’argent pour payer l’essence des patrouilles (en campagne c’est parfaitement scandaleux). Mais l’utilisation d’un avion pour des déplacements peu justifiés peu coûter plus de 50.000 euros (pilote, kérosène, frais d’aéroports, stationnement de l’avion, etc, etc).

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  • Athena42 // 01.03.2016 à 18h05

    C’est pareil partout, y compris dans les boîtes privées. Une seule solution: des plafonds partout.
    Ba oui, entre les parlementaires qui trouvent normal d’envoyer des cartes de vœux à x euros l’unité, des commanditaires de travaux publics qui s’en vont se taper la cloche en relais et châteaux tout un week-end (trop dur de faire une réunion autour d’une table en formica!), les petits patrons qui vont jusqu’à déduire de leur frais pro des gants de motos neufs ou des frais d’essence pour des déplacements privés… Faites le calcul. DES PLAFONDS! Au delà, ça sort de leur poche, et bizarrement, je suis sûre que ce sera plus la même chanson.

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  • daniel // 01.03.2016 à 22h47

    D’ autres réflexions:

    « Attaque de Charlie Hebdo-Six combats en 16 minutes dans un rectangle de 250 x 80 m »
    http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2015/01/attaque.html

    Le Colonel Goya n’est pas inconnu sur ce blog.

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  • a_none_e_ mouse // 02.03.2016 à 13h21

    Sans parler de la prestation des [modéré] du Raid qui se sont crus en Syrie.
    Le nombre de munition tirées montre que c’est devenu un organe de police politique et non une force d’intervention professionnelle. On devrait les encadrer par le GIGN !

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  • Mikelpt // 03.03.2016 à 14h07

    A mon sens il y a failles sans failles. Ou alors elles ne se situent pas nécessairement là où elles semblent être.
    Pourquoi des citoyens mériteraient-ils une protection rapprochée, particulièrement consommatrice de personnels, alors même qu’ils se mettent eux mêmes sciemment en danger par la répétition de provocations à l’humour douteux ? Pourquoi eux, et pas d’autres personnes menacées elles aussi pour des affaires plus courantes ? Qu’il y avait une menace, ok, encore qu’elle est parfois difficile à appréhender et fluctuante dans le temps. Qu’on protège alors ponctuellement, ok aussi. Mais ce genre de mission ne peut pas se poursuivre des années. C’est d’ailleurs tous le sens du communiqué d’Alliance, car ces personnels ne l’étaient pas ailleurs, pour des missions dont l’intérêt était sans doute plus immédiat.
    On y apprend ensuite que Charlie Hebdo n’avait pas investi dans des dispositifs non humains visant à empêcher l’accès à leurs locaux. Or c’est là à mon sens que se situent les plus grosses failles, et ce d’autant plus que c’est bien l’hebdo qui a généré ces menaces par ses prises de positions régulièrement douteuses et jusqu’au-boutistes. Et ces failles là ne sont pas directement imputables à la police ou aux services de renseignements, elles sont aussi et surtout le fait de la direction même du journal. Assurer sa propre sécurité a un prix, que l’on doit aussi assumer, sans tout attendre de l’extérieur au nom d’une « liberté d’expression » au gout bien amer.

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