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3.septembre.20163.9.2016 // Les Crises

Documentaire : « La Guerre à venir contre la Chine » par John Pilger

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Source :John Pilger, 08-08-2016

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John Pilger est un journaliste de renommée mondiale, documentariste et auteur. Il a remporté à deux reprises la plus haute distinction britannique pour le journalisme. Ses films ont remporté des prix de l’académie de télévision en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Deux de ses films, sur le Cambodge et le Timor oriental, comptent parmi les plus importants du 20e siècle. The Coming War on China est son 60e film.

Daniel Broudy : Vous êtes en train de boucler le travail sur votre dernier projet dont le titre, semble-t-il, peut également déclencher des sentiments de crainte considérables. Son titre, The Coming War (La guerre qui à venir), est assez déprimant. Pouvez-vous expliquer ce qui provoque chez vous ce regard particulier sur les événements du monde, tels que vous les voyez se dérouler en Asie de l’Est ?

John Pilger : Le film reprend le thème d’une grande partie de mon travail. Il vise à expliquer comment une grande puissance peut s’imposer tout en avançant à visage couvert et en occultant le danger qu’elle représente. Ce film traite des États-Unis – qui doutent désormais de leur pouvoir de domination – qui sont en train de rallumer la guerre froide. La guerre froide a été lancée à nouveau sur deux fronts : contre la Russie et contre la Chine. Je me concentre sur la Chine dans un film sur la région Asie-Pacifique. Il est situé dans les îles Marshall où les États-Unis ont fait exploser 67 bombes atomiques, des armes nucléaires, entre 1946 et 1958, laissant cette partie du monde gravement endommagée en termes humains et environnementaux. Et cet assaut sur les îles Marshall se poursuit. Sur la plus grande île, Kwajalein, il y a une base importante et secrète des États-Unis appelée Ronald Reagan Test Facility, qui fut créée dans les années 1960 pour – comme les archives que nous utilisons le démontrent sans ambiguïté – « lutter contre la menace de la Chine. »

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Le film se déroule aussi à Okinawa, comme vous le savez. Une partie du thème est de montrer la résistance au pouvoir et à la guerre par un peuple qui vit le long d’une rangée de clôtures des bases américaines dans leur pays d’origine. Le titre du film est une sorte de mise en garde, car il est conçu comme un avertissement. Les documentaires comme celui-ci ont la responsabilité d’alerter les gens, et si nécessaire les prévenir, et de montrer la résistance aux plans rapaces. Le film montre que la résistance à Okinawa est remarquable, efficace et peu connue dans le monde. Okinawa dispose de 32 installations militaires américaines. Près d’un quart du territoire est occupé par des bases américaines. Le ciel est souvent couvert d’avions militaires ; l’arrogance de l’occupant constitue une présence physique quotidienne. Okinawa est de la taille de Long Island. Imaginez une base chinoise bourdonnante juste à côté de New York.

Je suis allé filmer dans l’île de Jeju, au large de la pointe sud de la Corée, où quelque chose de très similaire est arrivée. Les gens sur Jeju ont essayé d’arrêter la construction d’une base importante et provocatrice à environ 600km de Shanghai. La marine sud-coréenne la gardera prête pour les États-Unis. C’est en réalité une base américaine où des destroyers de la classe Aegis mouilleront ainsi que des sous-marins nucléaires et des porte-avions – juste à côté de la Chine. Comme Okinawa, Jeju a une histoire d’invasions, de souffrances et de résistances.

En Chine, je décidé de me concentrer sur Shanghai, qui a été au cœur de l’histoire moderne et des convulsions de la Chine, et de la restauration moderne. Mao et ses camarades y ont fondé le Parti communiste de Chine, dans les années 1920. Aujourd’hui, la maison où ils se sont rencontrés clandestinement est entourée par les symboles de la consommation : juste en face se trouve un Starbucks. En Chine, on peut croiser l’ironie à chaque coin de rue.

Le dernier chapitre du film se déroule aux États-Unis, où j’ai interviewé ceux qui planifient et « jouent à la guerre virtuelle » avec la Chine et ceux qui nous alertent sur les dangers. J’y ai rencontré des gens impressionnants : Bruce Cummings, l’historien dont le dernier livre sur la Corée retrace l’histoire secrète, et David Vine, dont le travail complet sur les bases américaines a été publié l’année dernière. J’ai filmé une interview au Département d’Etat avec le secrétaire d’Etat adjoint pour l’Asie et le Pacifique, Daniel Russell, qui a dit que les Etats-Unis « n’en étaient plus à construire des bases. » Les États-Unis possèdent environ 5.000 bases militaires – 4000 aux États-Unis et près d’un millier sur tous les continents. Rassembler tout ça, lui donner un sens, rendre justice à chacun autant que possible, constitue à la fois le plaisir et la douleur du cinéma. Ce que le film dira, j’espère, est qu’il existe de grands dangers qui ne sont pas reconnus. Je dois dire que me retrouver aux États-Unis pendant une campagne présidentielle qui n’aborde aucun de ces sujets, c’était comme fouler le sol d’une autre planète. .

Ce n’est pas tout à fait correct. Donald Trump a été pris de ce qui semble être un intérêt sérieux, sinon passager. Stephen Cohen, l’autorité de renom sur la Russie, a effectué un suivi, en soulignant que Trump fait clairement savoir qu’il souhaitait des relations amicales avec la Russie et la Chine. Hillary Clinton a attaqué Trump sur ce point. Soit dit en passant, Cohen lui-même a été insulté pour avoir suggéré que Trump n’était pas un cinglé assoiffé de sang par rapport à la Russie. Pour sa part, Bernie Sanders est resté silencieux ; quoi qu’il en soit, il s’est rallié à Clinton. Comme ses courriels le montrent, Clinton semble vouloir détruire la Syrie afin de protéger le monopole nucléaire d’Israël. Rappelez-vous ce qu’elle a fait pour la Libye et Kadhafi. En 2010, en tant que secrétaire d’Etat, elle a transformé un différend régional en mer de Chine en un litige avec les Etats-Unis. Elle l’a promu en une question internationale, un lieu de crise. L’année suivante, Obama a annoncé son « pivot vers l’Asie », le jargon employé pour désigner la plus grande accumulation de forces militaires américaines en Asie depuis la Seconde Guerre mondiale. L’actuel secrétaire de la Défense, Ash Carter, a récemment annoncé que les missiles et les hommes seraient basés aux Philippines, face à la Chine. Cela se passe alors que l’OTAN poursuit son renforcement militaire étrange en Europe, tout près des frontières de la Russie. Aux Etats-Unis, où les médias sous toutes leurs formes sont omniprésentes et la presse est constitutionnellement la plus libre du monde, il n’y a pas de débat national, et même pas de débat tout court, sur ces développements. Dans un sens, le but de mon film est d’aider à briser le silence.

Daniel Broudy : Il est tout à fait étonnant de voir que les deux principaux candidats démocrates n’ont pratiquement rien dit de concret sur la Russie et la Chine ni sur ce que les États-Unis font et, comme vous l’avez dit, il est ironique de voir Trump, qui est un homme d’affaires, parler de la Chine de cette façon.

John Pilger : Trump est imprévisible, mais il a clairement dit qu’il n’avait pas envie de faire la guerre à la Russie et à la Chine. À un moment donné, il a dit qu’il serait même neutre dans le Moyen-Orient. Ce qui est une hérésie, alors il a fait marche arrière sur ce point. Stephen Cohen a dit qu’il [Cohen] avait été attaqué uniquement pour avoir murmuré [les points de Trump]. J’ai récemment écrit quelque chose de similaire et et mes propos ont bouleversé une certaine base dans les médias sociaux. Plusieurs personnes ont suggéré que je soutenais Trump.

Maki Sunagawa : Je voudrais aborder certains de vos travaux antérieurs qui touchent au présent. Dans votre film, Stealing a Nation, Charlesia Alexis parle de ses plus beaux souvenirs de Diego Garcia, en soulignant que, « Nous pouvions manger de tout ; on n’a jamais manqué de quoi que ce soit, et on n’a jamais acheté quoi que ce soit, sauf les vêtements que nous portions. » Ces paroles me rappellent les lieux et les cultures pacifiques et intactes à travers le monde qui existaient avant que les techniques colonisatrices classiques aient été appliquées aux peuples et aux environnements autochtones. Pourriez-vous détailler un peu ce que vous avez découvert lors de vos recherches sur Diego Garcia qui illustre par des faits cette force insidieuse que nous subissons encore aujourd’hui ?

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ohn Pilger : Ce qui est arrivé aux habitants de Diego Garcia fut un crime épique. Ils ont été expulsés, tous, par la Grande-Bretagne et les États-Unis. La vie que vous venez de décrire, la vie de Charlesia, a été délibérément détruite. Depuis leur expulsion, qui a commencé dans les années 70, les habitants des Chagos ont organisé une résistance infatigable. Comme vous le dites, leur histoire est celle des peuples autochtones partout dans le monde. En Australie, les peuples autochtones ont été expulsés de leurs communautés et brutalisés. En Amérique du Nord, l’histoire est similaire. Les populations autochtones sont profondément menaçantes pour les sociétés de colons, car elles représentent une autre vie, une autre façon de vivre, une autre façon de voir les choses ; elles peuvent accepter la surface de notre mode de vie, avec des résultats souvent tragiques, mais la perception qu’elles ont d’elles-mêmes n’en est pas prisonnière. Si nous les « modernistes » étions aussi intelligents que nous croyons l’être, nous apprendrions d’elles. Au lieu de cela, nous préférons le confort spécieux et les préjugés de notre ignorance. J’ai eu beaucoup de contacts avec les peuples autochtones de l’Australie. J’ai fait un certain nombre de films sur eux et sur leurs oppresseurs, et j’admire leur résilience et résistance. Ils ont beaucoup en commun avec le peuple de Diego Garcia.

Certes, l’injustice et la cruauté sont similaires : les habitants des Chagos ont été trompés et intimidés pour les obliger à quitter leurs foyers. Afin de les effrayer à partir, les autorités coloniales britanniques ont tué leurs chiens de compagnie bien-aimés. Puis ils les ont embarqués sur un vieux cargo avec une cargaison d’excréments d’oiseaux, puis les ont largués dans des bidonvilles de l’île Maurice et des Seychelles. Cette horreur est décrite en détail d’un ton presque méprisant dans les documents officiels. L’un d’entre eux, écrit par l’avocat du Ministère des affaires étrangères, est intitulé, « Le maintien de la fiction ». En d’autres termes : comment faire passer un gros mensonge. Le gouvernement britannique a menti à l’Organisation des Nations Unies en affirmant que les habitants des Chagos étaient de « travailleurs temporaires ». Une fois expulsés, ils ont en quelque sorte retouché les photos ; un document du ministère de la Défense a même prétendu n’y avait jamais eu de population.

Ce fut un tableau grotesque de l’impérialisme moderne : un mot, d’ailleurs, qui a pratiquement disparu des dictionnaires. Il y a quelques semaines, les Chagossiens ont vu leur appel à la Cour Suprême britannique rejeté. Ils avaient fait appel d’une décision prise par la Chambre des Lords en 2009 qui leur a refusé le droit de rentrer chez eux, malgré une série d’arrêts de la Haute Cour prononcés en leur faveur. Lorsque la justice britannique est appelée à statuer entre les droits de l’homme et les droits d’une grande puissance, ses décisions peuvent se révéler ouvertement politiques.

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Daniel Broudy : En entendant les gens parler de la grande beauté de Diego Garcia au cours des deux dernières décennies, et les activités marines de loisirs étonnantes disponibles pour tous ceux qui ont la chance d’y être stationnés ou temporairement affectés, je suis toujours frappé par l’ignorance déterminée de tous ceux qui vont et viennent allègrement sans rien connaître de l’histoire de l’île. C’est peut-être dû aux médias que beaucoup de gens consomment et qui jouent un rôle dans la création de ce détachement. La ligne claire qui autrefois séparait la publicité commerciale civile et les relations publiques militaires semble avoir disparue dans ces médias de masse. De nos jours, les publications civiles affichent des titres tels que Le Classement des Meilleures Bases Militaires Outre-Mer. L’auteur d’un récent article soulignait que les militaires engagés admettent que leur motivation principale d’engagement est de « voir du pays ». Je me demande si le système actuel permet, encourage à se percevoir comme une sorte de voyageur du monde cosmopolite et contribue ainsi à développer un sens superficiel du reste du monde, occultant des réalités et des histoires terribles, comme à Diego Garcia, situées hors de notre perception. Pensez-vous que le processus de commercialisation et de « glamourisation » de ces activités militaires joue un rôle dans le maintien de ce réseau mondial de bases militaires ?

John Pilger : Convaincre les jeunes hommes et femmes à rejoindre une armée de volontaires se réalise en leur offrant une sécurité qu’ils ne pourraient pas avoir dans une période économique difficile et en présentant le tout comme une aventure. Ajoutons à cela la propagande patriotique. Les bases sont autant de petites Amériques ; vous pouvez être à l’étranger sous des climats exotiques, mais sans y être vraiment ; c’est une vie virtuelle. Lorsque vous croisez des « indigènes », vous pouvez supposer que l’aventure dans laquelle vous vous trouvez inclut une autorisation pour les bousculer ; ils ne font pas partie de la petite Amérique, de sorte qu’ils peuvent être maltraités. Les habitants d’Okinawa en savent quelque chose.

Je regardais quelques films d’archives intéressants sur l’une de ces bases sur Okinawa. La femme d’un soldat basé là-bas a dit : « Oh, nous essayons de sortir une fois par mois pour avoir un repas local pour avoir une idée de l’endroit où nous sommes. » L’année dernière, dans l’avion au départ des îles Marshall, mon équipe et moi devions passer par le Ronald Reagan Missile Test Site sur l’atoll Kwajelein. Ce fut une expérience kafkaïenne. On a relevé nos empreintes digitales, enregistré nos iris, mesuré notre taille, nous avons été photographiés sous tous les angles. C’était comme si nous étions en état d’arrestation. Ce fut la porte d’entrée vers une petite Amérique avec terrain de golf, pistes de jogging, pistes cyclables et des chiens et des enfants. Les gens qui arrosent les terrains de golf et contrôlent le niveau de chlore dans les piscines viennent d’une île de l’autre côté de la baie, Ebeye, d’où ils effectuent quotidiennement des allers-retours, transportés par les militaires. Ebeye est longue d’environ un km et demi, et 12.000 personnes s’y entassent ; ce sont des réfugiés des essais nucléaires dans les îles Marshalls. L’approvisionnement en eau et l’assainissement y fonctionnent à peine. C’est de l’apartheid dans le Pacifique. Les Américains de la base n’ont aucune idée de la façon dont les insulaires vivent. Ils [les membres de la communauté militaire] font des barbecues face aux couchers de soleil. Quelque chose de semblable est arrivée à Diego Garcia. Une fois que les gens ont été expulsés, les barbecues et le ski nautique pouvaient se mettre en place.

A Washington, le secrétaire d’Etat adjoint que j’ai interviewé a dit que les États-Unis étaient en fait anti-impérialistes. Il était impassible et probablement sincère, et insipide. Il n’est pas un cas rare. Vous pouvez dire à des gens de niveau académique aux États-Unis que « Les Etats-Unis ont le plus grand empire que le monde a jamais connu, et voici pourquoi, voici la preuve. » Il est probable que cela sera reçu avec une expression d’incrédulité.

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Daniel Broudy : Certaines choses dont vous parlez me rappellent quelque chose que j’appris par des amis du Département d’Etat. Il y a toujours un risque que les employés du Département d’Etat ou des personnes qui servent dans l’armée à l’étranger « virent local », c’est-à-dire qu’ils commencent à sympathiser avec la population locale.

John Pilger : Je suis d’accord. Quand ils compatissent, ils se rendent compte que toute la raison de leur présence est absurde. Certains des dénonciations les plus efficaces proviennent d’ex-militaires.

Daniel Broudy : Peut-être que les clôtures, plutôt que de maintenir les étrangers [les locaux] à l’extérieur, servent à rappeler à ceux qui sont à l’intérieur qu’il y a une barrière et que parfois vous n’êtes pas autorisés à franchir cette barrière.

John Pilger : Oui, c’est « eux d’un côté et nous de l’autre ». Si vous allez à l’extérieur de la clôture, il y a toujours le risque d’apprendre quelque-chose sur une autre société. Ce qui peut conduire à se poser des questions sur le pourquoi de la présence d’une base militaire à cet endroit. Cela ne se produit pas souvent, car il y a une autre ligne de clôture qui traverse la conscience militaire.

Maki Sunagawa : Lorsque vous regardez en arrière sur vos lieux de de tournage à Okinawa ou lorsque vous avez filmé certaines scènes pour ce projet, quels sont vos souvenirs les plus marquants et / ou choquants ? Y a-t-il des scènes ou des conversations qui vous collent à la peau ?

John Pilger : Eh bien, il y en a un certain nombre. J’ai eu le privilège de rencontrer Fumiko [Shimabukuro], qui est une source d’inspiration. Ceux qui ont réussi à faire élire le gouverneur Onaga et obtenir que Henoko et toutes les bases entrent dans le débat politique japonais sont parmi les personnes pétris de principes les plus dynamiques que j’ai rencontrés, tellement inventifs et gentils.

En écoutant la mère d’un des jeunes qui est mort suite à ses terribles blessures lorsqu’un chasseur US s’est écrasé sur l’école [à Ishikawa] en 1959, je me suis brutalement rappelé la peur dans laquelle les gens vivent. Un enseignant m’a dit qu’elle n’arrêtait pas de regarder en l’air avec angoisse chaque fois qu’elle entendait le bourdonnement d’un avion au-dessus de sa classe. Lorsque nous tournions à l’extérieur de Camp Schwab, nous étions (ainsi que tous les manifestants) délibérément harcelés par d’énormes hélicoptères Sea Stallion, qui volaient en cercles au-dessus de nos têtes. C’était un avant-goût de ce que les Okinawans subissent tous les jours. On entend souvent cette complainte chez les progressistes dans les sociétés confortables lorsqu’ils sont confrontées à des vérités qui dérangent : « Mais qu’est-ce que je peux faire pour faire changer les choses » ? Je suggère qu’ils fassent comme les habitants d’Okinawa : ne pas baisser les bras ; continuer la lutte.

« Résistance » n’est pas un mot qu’on entend souvent en Occident ou dans les médias. Il est considéré comme un mot « d’ailleurs », qui n’est pas employé par des gens polis, des gens respectables. C’est un mot difficile à détourner et à changer. La résistance que j’ai trouvée à Okinawa est une source d’inspiration.

Maki Sunagawa : Oui, je suppose que lorsque vous faites partie de la résistance, il est pas si facile de percevoir son efficacité. Très souvent, quand je fais des recherches sur le terrain, des interviews, des prises de notes, il me faut un certain temps pour prendre du recul et observer les détails de façon plus objective pour avoir un aperçu plus large du tableau. Au cours de la réalisation de ce film, avez-vous appris quelque chose de nouveau et d’important ?

John Pilger : Eh bien, faire un film comme celui-ci est vraiment un voyage de découverte. Vous commencez avec une vision générale et quelques idées et hypothèses, sans jamais vraiment savoir où tout cela vous mènera. Je n’avais jamais mis les pieds à Okinawa, et j’y ai trouvé de nouvelles idées et de nouvelles expériences : une nouvelle perception des gens, et j’espère que le film le montrera.

Les îles Marshall ont également été une découverte pour moi. Ici, à partir de 1946, les États-Unis ont testé l’équivalent d’une bombe d’Hiroshima chaque jour pendant douze ans. Les habitants servent encore de cobayes. Des missiles balistiques inter-continentaux sont tirés depuis la Californie sur les lagunes dans et autour de l’atoll Kwajelein. L’eau est empoisonnée, les poissons non comestibles. Les gens survivent en bouffant des boîtes de conserves. J’ai rencontré un groupe de femmes qui étaient des survivantes des essais nucléaires autour des atolls de Bikini et Rongelap. Toutes avaient perdu leurs glandes thyroïdes. Elles avaient la soixantaine. Elles ont survécu, incroyablement. Elles étaient d’une générosité rare et avaient un sens aigu de l’humour noir. Elles ont chanté pour nous et nous ont offert des cadeaux, et nous ont dit qu’elles étaient heureuses que nous soyons venus pour filmer. Elles aussi font partie d’une résistance invisible.

John Pilger

Maki Sunagawa est un chercheur post-universitaire à l’École supérieure de communication interculturelle à l’Université Chrétienne d’Okinawa. Elle rédige actuellement un livre basé sur ses recherches sur la propagande d’entreprise et d’Etat et son utilisation et ses effets à Okinawa depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Daniel Broudy est professeur de rhétorique et linguistique appliquée à l’Université Chrétienne d’Okinawa. Ses activités de recherche portent sur l’analyse critique des textes et représentations symboliques du pouvoir qui prévalent dans la culture post-industrielle. Il est co-éditeur de Synaesthesia : Communication Across Cultures, membre de Veterans For Peace, et écrit sur les pratiques discursives contemporaines qui façonnent l’esprit du public.

Source : John Pilger, 08-08-2016

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Commentaire recommandé

FracoisG // 03.09.2016 à 04h59

Je me souviens dans les annees 70, des tags « US GO HOME » sur tous les ponts et murs en Belgique, toujours occupée par des bases militaires aujourd’hui encore, mais en ce temps là il y avait encore la liberté d’expression, de l’activisme et des médias divers.

51 réactions et commentaires

  • Ailleret // 03.09.2016 à 01h25

    [modéré] dès 1999, Gilbert Achcar avait montré dans un petit livre que la menace américaine rapprochait la Chine et la Russie (La nouvelle Guerre froide. Le monde après le Kosovo, PUF). Il concluait ce livre en citant trois paragraphes d’un ouvrage qui redevenait d’actualité : Les Causes de la Troisième Guerre mondiale (Charles Wright Mills, 1958).

    Nixon avait profité de la brouille sino-soviétique en allant saluer Mao, mais la bêtise de Clinton a ressoudé l’entente des deux géants… Hillary va-t-elle parfaire l’œuvre de Bill ?

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    • Pierre // 03.09.2016 à 03h46

      En tout cas, c’est bien parti…la stupidité de la politique étrangère de l’administration Obama a d’ores et déjà provoqué ce rapprochement…ainsi que celui avec l’Iran, la Syrie, l’Inde…bientôt tout le Heartland va s’allier pour lutter contre l’hégémonie US. Les américains (leurs dirigeants, s’entend) sont de plus en plus doués pour faire l’unanimité contre eux. Il n’y a guère que nos merdias nationaux pour se mettre des oeillères avec enthousiasme…je me souviens d’un temps pas si lointain où ce n’était pourtant pas le cas…

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      • FracoisG // 03.09.2016 à 04h59

        Je me souviens dans les annees 70, des tags « US GO HOME » sur tous les ponts et murs en Belgique, toujours occupée par des bases militaires aujourd’hui encore, mais en ce temps là il y avait encore la liberté d’expression, de l’activisme et des médias divers.

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        • Pierre // 03.09.2016 à 06h00

          En France nous avions les mêmes, je m’en souviens (même si j’étais minot à l’époque). Mais nous avions une politique étrangère digne de ce nom à l’époque…qui a totalement disparue depuis 10 ans. Mais je félicite nos amis belges pour leur activisme sur de nombreux blogs, dont la qualité et la pertinence sont souvent bien supérieures à ce que l’on trouve sur les blogs français, surtout si on se réfère au ratio des populations des pays concernés.

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      • ultramontain // 03.09.2016 à 07h08

        Quand les USA s’anéantiront dans une guerre civile puissance 10 – Le risque, que dis-je, la chance !!! Est extrêmement élevée (1 à 2 ans maintenant) pour qui connaît a minima la situation sociale, urbaine et environnemental de ce pays – leurs larbins zéropéens (je veux parler des politicards, des bureaucrates et des journalo…) auront de gros, de très gros soucis à se faire…

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      • Nejus // 03.09.2016 à 09h45

         » Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…… »

          +4

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      • Catalina // 03.09.2016 à 10h07

        mais peut-être que notre France tout comme la Roumanie a été »achetée » par soros et d’autres ? ceci expliquant cela.

        http://katehon.com/article/soros-reign-romanian-example

        Géopolitique de la corruption :
        travaux pratiques

        La méthode Soros pour les nuls, l’exemple roumain

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        • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 11h23

          Ca serait intéressant si ce think-tank n’était pas celui de Malofeev, Glaziev, Douguine et compagnie… Que du beau monde ! Dès lors, le qualificatif « indépendant » paraît douteux.

          Cependant, sans avaliser tout ce qui est dit là-dedans (je n’en ai pas les moyens), on reconnaît certaines pratiques mises en œuvre pour l’Europe, notamment les bourses pour les étudiants.

          Et la question que ne posent jamais les pourfendeurs de la « corruption », c’est quel est le contexte dans lequel ces méthodes s’appliquent ? Il n’y avait pas de corruption dans ces pays ? Quel était le système alors en place ? Quel était le niveau de développement du pays ? Quelle était la volonté propre de ceux qui acceptent ce « partenariat » ? Quel était la volonté des population ? Pourquoi cela marche pour la Roumanie mais pas pour la Russie ?
          La Géorgie ou encore la Pologne ne sont-ils pas des exemples enthousiasmant ?

          Ensuite, vouloir développer la démocratie, c’est mal ? (Et je pose toutes ces questions très sincèrement, bien qu’orienté à priori)

            +1

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  • Alfred // 03.09.2016 à 07h29

    Un livre que je conseille à tous, « Le langage de l’empire,Lexique de l’idéologie étasunienne  » – Domenico Losurdo

    http://aufildesidees.org/accueil/80-le-langage-de-l-empire-domenico-losurdo.html

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  • ultramontain // 03.09.2016 à 07h31

    « En plus de la malnutrition, de la famine, et des maladies épidémiques, l’agriculture a apporté une autre malédiction à l’humanité : une stratification sociale massive. Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas (ou peu) de nourriture stockée, et pas non plus de source alimentaire concentrée, comme un verger ou un troupeau de vaches : ils vivent de plantes sauvages et d’animaux qu’ils obtiennent chaque jour. Ainsi, il ne peut y avoir de roi, ni de classe de parasites sociaux qui s’engraissent grâce à la nourriture qu’ils prennent aux autres. Il n’y a qu’au sein d’une population d’agriculteurs qu’une élite improductive et en bonne santé puisse régner sur des masses accablées de maladies. Des squelettes des tombes grecques de Mycène, datant de 1500 av. JC, suggèrent que les nobles bénéficiaient d’une meilleure alimentation que les roturiers, étant donné que les squelettes royaux étaient de 5 à 7 centimètres plus grands et avaient de meilleures dents (en moyenne, une au lieu de six cavités ou dents manquantes) que les autres. Parmi les momies chiliennes en 1000 après JC, l’élite se distinguait non seulement par des ornements et des pinces à cheveux en or, mais aussi par un taux quatre fois plus faible de lésions osseuses liées aux maladies. »

    Extrait, Jared Diamond, L’agriculture ou la pire erreur de l’Histoire de l’humanité.

    http://partage-le.com/2016/09/lagriculture-ou-la-pire-erreur-de-lhistoire-de-lhumanite-par-jared-diamond-clive-dennis/

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  • TuYolPol // 03.09.2016 à 09h19

    Excellente rafale d’articles ces temps-ci via le canal du Grand Soir, qui d’ailleurs est bien inspiré d’ajouter sa petite note humoristique sur les coquilles de traduction. Ça vaudrait quand-même la peine d’y repasser un coup.

      +8

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  • patrice // 03.09.2016 à 09h41

    L’affirmation suivante sur Hilary Clinton est un a-priori idéologique: en 2010, en tant que secrétaire d’État, elle a transformé un différend régional en mer de Chine en un litige avec les États-Unis. Ce différend est, en vérité, une véritable guerre, que John Pilger minimise à cause de sa focalisation sur le seul impérialisme Yankee: cette guerre est entamée par la Chine dès les années 70 (annexion d’îles du Pacifique proche du Vietnam), alors que les troupes américaines sont encore présentes dans tout le Pacifique.Il n’y a eu aucune réaction US. Depuis ces années 70, La Chine ne cesse de progresser militairement, d’envahir et d’installer ses missiles et ses bases navales dans tout le Pacifique Ouest. La guerre est déjà là, avec toutes ses victimes ! Et les Européens seront concernés, un jour…. La Chine est en train de s’imposer dans tout le Pacifique, Rassurant ? La mondialisation de l’Empire du Milieu sera t-elle meilleure que celle des USA ? Attention aux simplismes….

      +6

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    • Ailleret // 03.09.2016 à 09h57

      Chaque pays peut devenir impérialiste ; mais pour ce qui est de la Chine, nous attendons ses gesticulations navales au large de San Francisco, dans le golfe du Mexique ou la baie de Chesapeake. Quand elles se produiront, nous serons moins simplistes.

        +37

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      • LS // 03.09.2016 à 17h47

        Je réponds ici également à votre commentaire plus bas.

        Vous vous étonnez de voir ces incidents si près de la Chine et si loin des USA.
        Vous avez parfaitement raison mais les philippins, les vietnamiens, les malais, les taïwanais eux se demandent pourquoi ces incidents ont lieux si près de chez eux et si loin de la Chine.

        un certain nombre de géostratégistes vilipende B.Obama pour sa politique idiote ayant provoqué un rapprochement entre la Russie et la Chine. Ces mêmes géostratégistes objectent cependant (se rassurent ?) du caractère tout aussi idiot de la politique chinoise dans la région qui finalement ne construit que des opposants locaux à l’exception de la Thaïlande et dans une moindre mesure de la Birmanie.

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        • Nicolas // 03.09.2016 à 23h53

          Il y a des discussions entre la Chine et les pays asiatiques. D’ailleurs, les Chinois et les Vietnamiens se sont mis d’accord pour délimiter les frontières terrestres. Par contre en ce qui concerne les frontières maritimes, le président chinois Zemin a dit aux Vietnamiens que c’est un sujet trop complexe qu’il laisse aux générations suivantes de trouver une solution. Jusqu’en 2010, les discussions entre la Chine et les pays asiatiques ont été cordiales.

          Les choses ne se sont vraiment chauffées qu’à partir de 2010 avec le pivot asiatique d’Obama. Le Président Obama, dans son pivot vers l’Asie, semble croire qu’une augmentation de la présence militaire terrestre, navale, et aérienne des États-Unis en Asie orientale et du Sud-Est devrait passer inaperçue par les puissances régionales comme la Chine. La consolidation de la marine et de l’infrastructure modeste de la Chine sur les Paracels et Spratleys sont une réponse directe aux mouvements agressifs américains dans la région, une stratégie qui a commencé en 1974 avec l’incursion sud-vietnamien pro-américaine dans les Paracels. Récemment, un avion de patrouille de la marine américaine P-8A Poseidon a survolé Fiery Croix Reef dans le cadre d’une politique du Pentagone prenant des mesures concrètes dans la région. Si les généraux et les amiraux amateurs en fauteuil, à Washington et Honolulu, se tourmentent sur la présence croissante de la Chine dans sa mer du Sud, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes et à leurs mesures concrètes.

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    • vincent // 03.09.2016 à 11h47

      Voila et on y est pas, en attendant il faut aussi vérifier l’historique de ces îles, pour moi la Chine sanctuarise sa zone d’influence, et elle n’ira pas au delà de ces îles

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      • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 12h58

        La Chine viole la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer qu’elle a signé et ratifié. L’argument historique ne devrait plus servir de justification à des modifications de frontières perpétuelles, c’est une des raisons de l’existence de l’ONU.

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        • Didier // 03.09.2016 à 13h47

          Oui, oui. On a vu ça en Yougoslavie.

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          • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 14h44

            Comparaison n’est pas raison : ça n’a aucun rapport, mais vraiment aucun, ni sur le fond, ni sur la forme.
            D’un côté, un état multi-ethnique qui se désagrège et fait l’objet de rivalités politiques internes, puis la dégénérescence en une situation humanitaire dans laquelle les Américains (qui ont même déclaré par la voix de J. Baker qu’ils étaient pour une Yougoslavie « démocratique et unifiée » avant le début du conflit) ont tardé à s’ingérer. Et ils l’ont fait par l’entremise de l’Otan, mandatée par l’Onu – impuissante – pour instaurer la zone d’exclusion aérienne. Dès lors, leur implication s’est accru, parallèlement à l’escalade de violence (beaucoup de raccourcis dans ce que je dis bien sûr).
            D’un autre côté, une dictature, une armée et une économie très puissantes, qui a ratifié une Convention de l’Onu qu’elle ne respecte pas, au détriment de ses voisins.
            Pouvez-vous me dire en quoi les deux situations sont analogues ?

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            • Ailleret // 03.09.2016 à 15h19

              Votre remarque sur la modération des États-Unis au début de la crise yougoslave n’est pas fausse, je me rappelle le rôle positif d’un Cyrus Vance qui avait obtenu un cessez-le-feu mettant fin à la guerre de Croatie, le 3 janvier 1992. Évidemment, je n’en dirais pas autant de Bill Clinton et Madeleine Albright ; quant au mandat confié à l’OTAN par l’ONU, vers 1993 il me semble, c’est une énormité que les historiens devront bien expliquer un jour. Tout se passe comme si l’impuissance de l’ONU avait été organisée pour en arriver là.

              Concernant les violations du droit maritime par la Chine populaire, pourriez-vous donner des exemples précis ? Et pourquoi ces incidents se produisent-ils aussi près de la Chine, et aussi loin des États-Unis ?

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            • vincent // 03.09.2016 à 17h39

              J’en suis au même point, et puis, toute ces frontières ont été décidé aussi par l’occident coloniale, la guerre du Cachemir entre l’Inde et la Chine avait pour raison la frontière sino indienne sur le conflant du Tibet, dessiné par les anglais. Reste que la Chine fait de la géopolitique chez elle, dans sa zone d’influence naturelle historique, qui a quand même juste 2000 d’âge, par contre depuis 70 ans y a un pays qui à fait du monde sa zone de géopolitique.
              Par ailleurs il ne serait pas étonnant que les USA souhaitent faire une yougoslavie bis avec la Chine afin de détruire ce géant gênant qui a le culot de proposer un peu autre chose en terme de choix économique et politique. Tout n’est pas parfait, mais la Chine et l’Inde sont peut être deux pays qui peuvent nous aider à revoir nos modèles et à les améliorer. Leur disparitions serait la pire chose qui puissent arriver pour toute l’humanité, et je pèse mes mots, quelque soit leur défaut, ils sont une voix dissonante et alternative, et notre avenir. .

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            • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 17h41

              Les historiens l’expliquent…
              L’Onu n’a pas beaucoup de moyens, l’Otan en a beaucoup plus… La coopération a débuté à partir de l’embargo sur les armes je crois.
              Et puis ça y est vous partez dans la spéculation… L’Onu serait impuissante parce que ? Les Etats-Unis l’empêchent d’être puissante ? Avant de spéculer de cette façon, consultez des bouquins sur l’Onu, sur l’Otan, sur les Etats-Unis.

              Mer de Chine : pour faire simple, la Chine a ratifié la CNUDM, qui définit précisément l’organisation et les droits de chacun dans la zone, en 1982. Depuis quelques années déjà, elle revendique des droits de plus en plus importants, en construisant sur des « parties » considérées comme « neutres » par le droit, et opère un contrôle des routes maritimes illicite.
              Les E-U font contrepoids à la politique du fait accompli des Chinois et à leur puissance militaire maritime intimidante pour les autres parties. Ils rééquilibrent la force, par alliance avec plusieurs pays de la zone, pour faire respecter le droit, et sans aucun doute pour contenir les ambitions de la Chine. Pourquoi si loin ? Ils sont là depuis la 2GM… voire plus. Et vous avez quelques réponses plus haut.

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            • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 17h48

              @Vincent

              On ne va pas revenir sur le génocide des Indiens ou sur la chute de Rome à chaque fois qu’il y a un contentieux international… L’Onu a notamment été mise en place pour ça !

              Zone d’influence, sphère d’influence, etc… Ce sont les termes du débat imposés par ceux qui contestent les droits des états souverains.

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            • Ailleret // 03.09.2016 à 18h27

              @ Prométhée Enchaîné

              Quand j’ai écrit : « Tout se passe comme si l’impuissance de l’ONU avait été organisée… », je ne visais pas nécessairement les Américains. En 1991-92, l’Américain Cyrus Vance avait joué un rôle positif pour mettre fin à la guerre de Croatie : il était l’envoyé personnel de Javier Pérez de Cuellar. Mais c’est le successeur de ce dernier, Boutros Boutros-Ghali, accusé de passivité pendant la guerre de Bosnie, qui a fait appel à l’OTAN. L’instance internationale donnant à une organisation militaire de la guerre froide l’occasion de se perpétuer, c’était assez mauvais signe… Et en 1999, l’OTAN a superbement ignoré l’ONU pour aller bombarder la Serbie.

              Le volet militaire des accords de Rambouillet, qui exigeait un droit de passage pour les forces de l’OTAN à travers toute la RFY, ainsi que l’impunité pour les personnels de l’OTAN : à votre avis, c’est un respect des droits des États souverains ?

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            • Ailleret // 03.09.2016 à 18h40

              (suite du précédent)
              En 1999, l’OTAN s’est donné le droit de bombarder la Serbie (et la Voïvodine, et le Kosovo)… Et elle en a profité pour bombarder l’ambassade de Chine à Belgrade, le 7 mai.
              Malgré son impérialisme, la Chine populaire n’a pas encore bombardé l’ambassade des États-Unis à Bruxelles, que je sache.

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            • vincent // 03.09.2016 à 18h55

              Oui enfin allez dire cela aux américains, pour le reste j’ai confiance aux indiens vietnamiens et autre pour faire valoir leur droit vis à vis de la Chine, cela fait 2000 ans qu’ils le font, ils le feront encore et c’est très bien.

              Il faut aussi préciser que « impérailisme » chinois n’a rien avoir avec celle de l’occident. L’empire chinois repose sur un tout autre modèle culturel qui a peu de point commun avec l’impérialisme US c’est pourquoi j’ai la conviction que jamais la Chine aura cette prétention international comme les USa, d’ailleurs cela se voit très bien, ils ne participent jamais dans des conflit armée que ce soit au moyen orient et en afrique, ils y ont pourtant des intérêt, mais voila, eux ils font du commerce et ils aiment pas la guerre, contrairement aux USA.

              Puis le génocides des amérindiens on peut revenir, car jusqu’à preuve du contraire la Chine et de nombreux pays n’ont jamais pratiqué une politique aussi génocidaire. Les USA sont un pays de criminel, fait par des criminel pour des criminel, depuis leur indépendance, ils n’ont jamais eu de compte à rendre, et on voit le résultat aujourd’hui.

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            • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 19h29

              Ailleret, ok, au temps pour moi.
              Mais je suis sûr qu’en vous documentant précisément sur le sujet, vous trouverez l’explication.

              A ce moment-là, devant la violence dont font preuve les autorités serbes, il n’est plus question de parler de souveraineté (et même si ça peut se discuter, ça n’a absolument aucun rapport avec le cas de la mer de Chine). Et vous oubliez que les Etats-Unis ont la responsabilité d’avoir maintenu en place Milosevic (le parallèle avec S. Hussein me paraît plus approprié !) à Dayton, alors qu’ils savaient que ce serait problématique à l’avenir.
              Pour l’intervention finale de l’Otan, je ne prends pas parti… C’est là que l’interprétation diverge pour tout le monde. Mais dans la bouche des interventionnistes, l’issue était inévitable, et comme dans d’autres cas plus récents, ceux qui critiquent l’imperfection d’une intervention ne voient pas l’imperfection de la non-intervention. De plus, c’est oublier la responsabilité première de Milosevic.
              Mon opinion, humble et pas très originale ni définitive, est que le contexte de cet unilatéralisme n’est pas de même nature qu’en Irak.

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            • Ailleret // 03.09.2016 à 20h05

              @Prométhée Enchaîné
              Puisque votre opinion sur la guerre du Kosovo n’est pas définitive, permettez-moi de discuter brièvement deux de vos affirmations :
              « devant la violence dont font preuve les autorités serbes, il n’est plus question de parler de souveraineté ». Je parlerais plutôt de la brutalité de ces autorités serbes, confrontées à une guérilla qui n’était pas un modèle de douceur. Le représentant de Bill Clinton dans les Balkans, Robert Gelbard, avait lui-même qualifié l’UCK de « groupe terroriste » :
              https://en.wikipedia.org/wiki/Kosovo_Liberation_Army#Status_as_a_terrorist_group
              Pour ce qui est de « la responsabilité première de Milosevic », j’ai longtemps suivi l’avis de Paul Garde, mais depuis je me suis aperçu que la politique de ce dernier au Kosovo, en 1987-1989, ne pouvait aucunement expliquer la sécession des Slovènes et des Croates, laquelle a entraîné la sécession préventive des Serbes de Croatie. Et Milosevic a plaidé pour le maintien d’une Yougoslavie multiethnique.
              Comme le sujet proposé ici porte sur les relations sino-américaines, je ne m’étendrai pas davantage sur la Yougoslavie.

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            • Prométhée Enchaîné // 03.09.2016 à 23h21

              Ailleret, mon opinion peut évoluer sur le degré d’arrogance de l’unilatéralisme de l’Otan/États-Unis, car il y a bien des questions qui ont été soulevées à l’époque jusqu’à aujourd’hui.
              Mais la responsabilité première de Milosevic est celle de n’avoir cessé d’exclure les Albanais, par des moyens discursif (nationalisme serbe excluant), politiques (et ce dès le début en mettant un terme à leur autonomie, mais aussi après Dayton), et par la purification ethnique. Responsabilité première aussi dans son ascension – nationaliste – vers le pouvoir au mépris des autres républiques. La population slovène, dans un premier temps, était contre la sécession. Changement de cap après plusieurs gestes de Milosevic tendant à confirmer son unilatéralisme.

              L’Albanie, en soit, était un problème semblable à l’Algérie Française, mais rien ne dit qu’il était destiné à évoluer ainsi. C’est le ressentiment albanais qui a généré l’UCK, et la poursuite de la répression aveugle par Milosevic et son refus de laisser les occidentaux s’en mêler a aggravé une situation plus sensible depuis le précédent Bosniaque.

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            • vincent // 04.09.2016 à 01h20

              Bah les occidentaux s’en sont mélée on voit le résultat, ils se melent aussi de l’irak, de la libye, de la syrie, et les résultat sont exactement les même; va falloir arrêter de faire porter le chapeau toujours aux même, les dictateur, ou définit comme tel,

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            • bluetonga // 04.09.2016 à 02h40

              Concernant le conflit en Yougoslavie, un bouquin très intéressant et disponible pour une somme modique en Kindle : « Les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire », de Jacques Merlino.

              A l’époque journaliste (rédacteur en chef adjoint du journal) de France 2, enquête sur la guerre en Bosnie. Il rapporte et étaye la thèse selon laquelle les pourparlers de paix ont été sciemment sabotés en noircissant systématiquement les actions des Serbes dans le conflit, quitte à les inventer (cf. les 60.000 viols perpétrés par les Serbes, par exemple).

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        • Nicolas // 04.09.2016 à 00h03

          La Chine ne viole la Convention des Nations Unies que si on ne considère les Paracels que comme des rochers et non comme une île. D’ailleurs, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a pris une décision douteuse : elle considère en effet que les Paracels sont des rochers, ce qui ne permet pas à la Chine d’avoir une zone exclusive dans cette région.

          Mais pourquoi continuons d’appeler les « îles » Paracels dans les documents officiels de l’ONU ? Selon la Cour, on devrait les appeler les rochers Paracels…

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    • bluetonga // 04.09.2016 à 02h16
  • Catalina // 03.09.2016 à 10h03

    Bonjour à tous,
    On voit très bien de quoi parle Pilger dans le film 13 hours, film tourné vers la seule souffrance des soldats us et bien sûr, ou est dit avec un aplomb de menteurs professionnels que Khadafi était un tyran sanguinaire.On voit bien comment ils vivent à Benghasi dans leurs bases totalement coupées du pays où ils sont.

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  • TuYolPol // 03.09.2016 à 10h06

    (@patrice, mal placé)
    Il est vrai que l’irritation insupportable provoquée par l’hégémonie US, par l’accumulation de ses aspects culturels, financiers, militaires, par ses excès qui poussent à la simplification, dont on ne voit que la brutalité et la génèse pathologique (idéologie, virilité, exceptionnalisme, etc) masque le fait que s’ils étaient moins c…, s’ils n’avaient pas dilapidé leur autorité morale, leur légitimité, s’ils n’avaient pas autant misé, façon Hollywood, sur la testostérone, s’ils n’étaient des fétichistes de la bannière étoilée et du billet vert, enfin s’ils avaient un tant soit peu fait gaffe à leur propre démocratie, on aurait pu avoir envie de les garder.

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    • ultramontain // 03.09.2016 à 10h34

      La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Et quand ce sont les pommes pourries qui prolifèrent ?!…

      Un peuple (non homogène évidemment) de dégénérés expulsé de la vieille (et coupable Europe) donne un peuple de dégénérés nourri à l’esprit de toute puissance (ce qui n’a ABSOLUMENT rien à voir avec le concept de Surhomme nietzschéen. Il faut être un dégénéré transhumaniste à la Laurent Alexandre ou à la Ray Kurzweil pour établir un amalgame fallacieux entre volonté de domination et volonté de puissance !).

      L’effet boomerang avec toute sa pyramide de malfaisances diffusée en continu à travers la planète entière (l’amarcanisme et l’américanisation sont les deux mamelles empoisonnées d’une civilisation qui vit ses dernières heures – c’est une métaphore…) n’en est que la suite logique ! Et l’issue heureuse, par la même occasion.

      Pour construire sur du neuf, il faut détruire au préalable et expurger du sol les racines pourries, afin de le rendre à nouveau fécond.

      La radicalité est l’avenir de l’homme.

        +10

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      • TuYolPol // 03.09.2016 à 11h31

        « La radicalité est l’avenir de l’homme. »
        Si on a le choix, il y a des options moins casse-gueule. Mais le dire, ça défoule.
        Oui, j’ai parfois envie de dire tout ce que vous dites, mais j’ai encore une petite voix qui m’avertit que ce discours est le miroir de la déshumanisation, du mépris de l’autre, de l’affrontement.
        Ok, il faut peut-être, pour basculer, des comportements de guerriers. L’avenir ne va pas tarder sans doute à parler.

          +5

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        • ultramontain // 03.09.2016 à 13h21

          Pour ceux qui savent à la fois voir et lire entre les lignes, c’est toute la problématique éthologique de base entre proie et prédateur qui en réalité est posée. L’histoire et le devenir de l’homme ne se résume évidemment pas à n’être QUE cela.

          Après tout, c’est une question de courage et de loyauté envers soi-même de séparer le bon grain de l’ivraie. Tout c’est agencement de concepts sous-jacents est bien plus complexe et appelle de fait des nuances. Mais le socle du socle pour ainsi dire est posé.

          D’abord identifier l’ennemi. Et les ignorants ou les imb… qui partout pullulent (ici, ils sont plutôt rares dans l’ensemble) et surtout ailleurs, dans la réalité préfabriquée de l’ultra-libéralisme triomphant ([Modéré]) se drapent dans un voile impudique de bêtise, de lâcheté et de compromission perpétuelle. C’est dans l’ordre naturel des choses…

          [Modéré]

            +5

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  • Naz // 03.09.2016 à 10h23

    Ce récit prend aux tripes, hein! Je suppose que quand on ressort du film, on ne se sent pas très bien. A-t-on idée que cela pourrait s’arrêter? Peut-on rêver que chaque pays retrouve son autonomie vis à vis de l’empire?
    Et si nous commencions chez nous?

      +17

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  • Nanker // 03.09.2016 à 10h39

    Article intéressant mais la traduction est franchement « charabiesque » : « la construction d’une base importante et provocatrice » ça ne veut rien dire. A la rigueur : « une base importante dont la construction représente une provocation ».

    Et « En Chine, je décidé de »… là no comment! 😆

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  • ultramontain // 03.09.2016 à 10h41

    En complément, sur la corruption généralisée de nos états !

    http://www.investigaction.net/letat-devaste/

      +9

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  • Louis Robert // 03.09.2016 à 15h47

    « Je dois dire que me retrouver aux États-Unis pendant une campagne présidentielle qui n’aborde aucun de ces sujets, c’était comme fouler le sol d’une autre planète. »

    *
    Il n’y a pas qu’aux États-Unis que l’on croit habiter une planète dépourvue d’atmosphère. Ailleurs, il arrive que l’on préfère (et que l’on préférera encore longtemps…) user le burkini jusqu’à la corde plutôt que d’aborder ne serait-ce que la manipulation grotesque des données (et des statistiques) sur le chômage… On imagine où l’on en est sur les grands enjeux mondiaux!…

    « Donnez-moi de l’oxygène! »

    Aujourd’hui, les aveugles guident la masse des citoyens qui s’empressent de suivre les yeux fermés. Dans ces conditions, provoquer, commettre des actes de guerre contre, et attaquer Chine et Russie ne peut nous mener qu’à un réveil extrêmement brutal face au désastre que l’on nous prépare.

    Lao Tse: « Il n’est pas plus grande calamité que de sous-estimer l’adversaire ».

      +9

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  • jp // 03.09.2016 à 18h00

    j’ai vu ces livres récemment, quasi côte à côte, en rayon dans une bibliothèque publique. Les titres :

    Chine-Afrique : le grand pillage
    La Chine m’inquiète
    L’arrogance de la chine
    Faut-il avoir peur de la Chine ?
    La Chine sera-t-elle notre cauchemar ?
    La Chine : une menace militaire ?

      +1

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    • Ailleret // 03.09.2016 à 18h54

      C’est assez peu encourageant… Cela me rappelle les livres sur la Russie mis en vente librairie Gibert à Paris.
      Détendons-nous, imaginons les titres suivants offerts au grand public :

      Amérique-Afrique : le grand pillage
      L’Amérique m’inquiète
      L’arrogance américaine
      Faut-il avoir peur de l’Amérique ?
      L’Amérique est-elle notre cauchemar ?
      L’Amérique : une menace militaire ?

      J’ai l’impression que les points d’interrogation sont parfois superflus…

        +15

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    • DIOMALAY // 04.09.2016 à 13h02

      François-Xavier Verschave – Françafrique, l’envers de la dette:
      https://youtu.be/DEF0AvtgUTY

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  • Krystyna Hawrot // 03.09.2016 à 21h22

    Bientot les habitants de 5 villes en Pologne vont connaitre les joies de la présence militaire américaine : Łask (voivodie łódzkie), Drawsko Pomorskie i Choszczno (woj. zachodniopomorskie), Skwierzyna (woj. lubuskie) oraz Ciechanów (woj. mazowieckie)
    Ciechanow est quand même une ville de 40 000 habitants dans le centre de la Pologne… Nous avons été le 22 juillet à une manifestation contre les bases de l’OTAN à Bydgoszcz, à 200km au nord de Varsovie. Les habitants locaux nous ont informés que là bas avaient lieu des réunions des dirigeants de l’OTAN pour l’Europe de l’Est, que des formations de miliciens étrangers ont lieu la bas (y compris des milices ukrainiennes) et que tout le monde a peur de la guerre.
    https://histoireetsociete.wordpress.com/2016/07/30/bydgoszcz-la-rencontre-avec-une-jeunesse-dextreme-droite-3/

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    • Homère d’Allore // 04.09.2016 à 11h47

      Bonjour Krystyna,

      L’article dont vous avez relayé le lien parle d’un homme politique polonais « comparable à Bayrou » en prison pour s’être opposé à l’OTAN.

      Avez-vous des lumières à ce sujet ?

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  • laurence // 03.09.2016 à 23h20

    Je ne l’ai pas vu passer sur le site donc je mets le lien de ce docu de John Pilger sur la guerre invisible. Il date de 2010 mais il est plus que jamais d’actualité.
    https://www.youtube.com/watch?v=hJh_7Xjq1ek

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    Alerter
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