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26.décembre.201226.12.2012 // Les Crises

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Reprise d’un intéressant article sur la pensée de Maurice Allais. Je vous renvoie vers le long billet que je lui ai consacré.

Maurice Allais

Voici un texte essentiel d’un homme important, Maurice Allais , résumé par Étienne qui présente ainsi ce résumé : “ce fut d’abord un article clairvoyant et décapant publié dans Le Figaro des 12, 19 et 26 octobre 1998, dans la rubrique Opinions ; puis il fut repris et annoté dans un livre passionnant publié aux courageuses éditions Clément Juglar : de nombreuses notes et annexes supplémentaires que vous troucverez dans le livre (pas ici) permettent à l’auteur de répondre aux objections qu’on lui a présentées. L’ensemble est remarquable, vivant, utile : c’est de l’économie politique, à usage citoyen. “

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La_crise_mondiale_d_aujourd_hui_Maurice_Allais_1998.pdf

PLAN

1. La grande dépression de 1929-1934 et ses enseignements essentiels
1.1. La hausse des cours et leur effondrement
1.2. Une hausse des cours de bourse démesurée au regard de l’économie réelle1.3. La dépression1.4. Un endettement excessif
1.5. Des mouvements massifs de capitaux et des dévaluations compétitives1.6. Facteurs psychologiques et facteurs monétaires1.7. La grande dépression de 1929-1934 et le mécanisme du crédit
1.8. Rien de fondamentalement nouveau dans la crise de 1929

2. La crise mondiale d’aujourd’hui
2.1. La propagation de la crise2.2. La crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression. De profondes similitudes2.3. La création et la destruction de moyens de paiement par le mécanisme du crédit
2.4. Le financement d’investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme2.5. Le développement d’un endettement gigantesque2.6. Une spéculation massive2.7. Un système financier et monétaire fondamentalement instable2.8. L’effondrement de la doctrine laissez-fairiste mondialiste

3. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires3.1 Des facteurs majeurs3.2. Le système du crédit
3.3. La réforme de l’indexation. La stabilisation de la valeur réelle de l’unité de compte3.4. La réforme des marchés boursiers3.5. La réforme du système monétaire international
3.6. Les vérités établies [les dogmes] contre la raison

OOOOO

La crise mondiale d’aujourd’hui
Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires

1. La grande dépression de 1929-1934 et ses enseignements essentiels

La crise de 1929 a été la conséquence de l’expansion déraisonnable des crédits boursiers qui l’a précédée aux États-Unis et de la montée extravagante des cours de Bourse qu’elle a suscitée.

Au regard de la crise mondiale actuelle, rien n’est plus instructif, à bien des égards, que la Grande dépression de 1929-1934. Comme l’a écrit autrefois Vilfredo PARETO : « Il est tout aussi certain que l’histoire ne se répète jamais identiquement qu’il est certain qu’elle se répète toujours en certaines parties que nous pouvons dire principales […] Les faits du passé et ceux du présent se prêtent un mutuel appui […] pour leur compréhension réciproque. »

1.1. La hausse des cours et leur effondrement

Aux États-Unis, l’indice Dow Jones des valeurs industrielles est passé de 121 le 2 janvier 1925 à 381 le 3 septembre 1929, soit une hausse de 215 % en quatre ans et huit mois. Il s’est effondré à 230 le 30 octobre, soit une baisse de 40 % en deux mois correspondant pour certaines actions à des baisses bien plus grandes encore.

L’indice Dow Jones n’a atteint son minimum de 41,2 que le 8 juillet 1932, soit une baisse de 89 % en trois ans. Il n’a retrouvé son cours du 2 janvier 1925 que le 24 juin 1935, et son cours du 3 septembre 1929 que le 16 novembre 1954.

La baisse des cours de Bourse de 1929 à 1932, avec toutes ses séquelles, représente probablement un des plus spectaculaires effondrements d’une hausse spéculative des cours que le monde ait jamais connu.

Tant que la Bourse a monté, ceux qui achetaient, le plus souvent à crédit, voyaient leurs prévisions confirmées le lendemain par la hausse des cours, et jour après jour la hausse venait justifier les prévisions de la veille.

La hausse s’est poursuivie jusqu’à ce que certains opérateurs aient été amenés à considérer que les actions étaient manifestement considérablement surévaluées, et ils se sont mis à vendre, voire même à spéculer à la baisse. Dès que les cours n’ont plus monté, ils ont commencé à baisser, et la baisse a alors justifié la baisse, en entraînant à sa suite un pessimisme généralisé. La baisse ne pouvait plus alors que s’amplifier.

1.2. Une hausse des cours de bourse démesurée au regard de l’économie réelle

À la veille même du Jeudi noir du 24 octobre 1929, où le Dow Jones est tombé à 299, en baisse de 22 % depuis son maximum de 381 du 3 septembre 1929, la presque totalité des meilleurs économistes, dont par exemple le grand économiste américain Irving FISHER, considérait que la hausse de la Bourse américaine était parfaitement justifiée par la prospérité de l’économie, la stabilité générale des prix et les perspectives favorables de l’économie américaine.

Cependant, à première vue, la hausse des cours de Bourse de 215 %, de 1925 à 1929, apparaît incompréhensible au regard de l’évolution de l’économie américaine, en termes réels. En effet, de 1925 à 1929, en quatre ans, le produit national brut réel ne s’était élevé que de 13 %, la production industrielle de 21 % seulement, et le taux de chômage était resté stationnaire au niveau de 3 %. Dans la même période, le produit national brut nominal ne s’était élevé que de 11 % ; le niveau général des prix avait baissé de 2 % ; la masse monétaire (monnaie en circulation plus dépôts à vue et à temps) ne s’était élevée que d’environ 11 % [1] .

Cependant, de janvier 1925 à août 1929, la vitesse de circulation des dépôts dans les banques américaines à New York s’était élevée de 140 %. C’est cette augmentation de la vitesse de circulation des dépôts dans les banques de New York qui a permis l’augmentation des cours de Wall Street. [2]

1.3. La dépression

La vague de pessimisme que le krach boursier de 1929 a engendré, a entraîné, de 1929 à 1932, une contraction d’environ 20 % de la masse monétaire et d’environ 30 % des dépôts bancaires [3]. Dans le même temps, la Federal Reserve essayait, mais vainement, de s’opposer à cette contraction en accroissant la monnaie de base de 9 %.

Les spéculateurs, qui avaient acheté des actions avec des fonds empruntés à court terme, se sont vus contraints d’emprunter à nouveau à des taux d’intérêt très élevés, voire à vendre à n’importe quel prix pour faire face à leurs engagements. Des retraits massifs de certains dépôts ont entraîné les faillites d’un grand nombre de banques [4], d’où une contraction accrue de la masse monétaire.

Ce pessimisme, ce climat de détresse et cette contraction de la masse monétaire ont entraîné une diminution du produit national brut nominal de 44 %, du produit national brut réel de 29 %, de la production industrielle de 40 %, et de l’indice général des prix de 21 %.

Le taux de chômage est passé de 3,2 % en 1929 à 25 % en 1933, soit 13 millions de chômeurs, [5] pour une population active de 51 millions. La population totale des États-Unis n’était alors que d’environ 120 millions.

1.4. Un endettement excessif

La Grande Dépression a été considérablement aggravée dans son déroulement par le surendettement qui s’était développé avant le krach boursier de 1929, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des États-Unis.

  • · À l’intérieur des États-Unis, le montant global des dettes des particuliers et des entreprises[6], correspondant en grande partie à des crédits bancaires, s’était considérablement accru de 1921 à 1929. En 1929, il représentait environ 1,6 fois le produit national brut américain. Au regard de la baisse des prix et de la diminution de la production au cours de la Grande Dépression, le poids de ces dettes s’est révélé insupportable.

Parallèlement, de 1921 à 1929, l’endettement de l’État fédéral et celui des États et des municipalités s’étaient également considérablement accrus. En 1929, ils représentaient respectivement environ 16,3 % et 13,2 % du PNB américain.

  • · À l’extérieur des États-Unis, le montant des réparations dues par l’Allemagne avait été fixé en 1921 à 33 milliards de dollars, représentant environ 32 % du PNB américain en 1929. Au titre des dettes de guerre, [7] les nations européennes devaient aux États-Unis environ 11,6 milliards de dollars, représentant environ 11 % du PNB américain.

Enfin, des prêts privés, principalement bancaires, avaient été consentis, principalement à l’Allemagne, pour un montant global de 14 milliards de dollars en 1929, représentant environ 13,5 % du PNB américain.

Les dettes de guerre s’étaient révélées impayables. L’Allemagne n’avait pu s’acquitter que très partiellement de ses obligations, et cela principalement avec des fonds empruntés.

Le développement de la Grande Dépression a été considérablement aggravé par les charges de toutes ces dettes et par les mouvements internationaux de capitaux à court terme qui en sont résultés, par suite des interdépendances complexes de toutes sortes entre les économies européennes et l’économie américaine. En fait, toutes ces dettes ont dû être réduites et rééchelonnées au cours de la Grande Dépression.

1.5. Des mouvements massifs de capitaux et des dévaluations compétitives

À partir des États-Unis, la Grande Dépression s’est étendue dans tout l’Occident, générant partout l’effondrement des économies, le chômage, la misère et la détresse.

À la suite de l’abandon de l’étalon or, en septembre 1931, par la Grande-Bretagne, se sont succédé des dévaluations en chaîne. La plus spectaculaire a correspondu à l’abandon de l’étalon or par les États-Unis en avril 1933.

Toute cette période peut se caractériser à la fois par des spéculations sur les monnaies, des mouvements massifs de capitaux, des dévaluations compétitives et des politiques protectionnistes des différents pays pour essayer de se protéger des désordres extérieurs.

Finalement, vers la fin de 1936, les relations de change entre les principales monnaies n’étaient pas très différentes de ce qu’elles étaient en 1930, avant que le cycle des dévaluations n’ait commencé.

1.6. Facteurs psychologiques et facteurs monétaires

Si la hausse des cours de Bourse, de 1925 à 1929, a quelque chose d’incompréhensible au regard de l’évolution de l’économie américaine en termes réels pendant la même période, la baisse de l’activité économique en termes réels, de 1929 à 1932, n’en apparaît pas moins aussi étonnante, au moins à première vue. Comment est-il donc possible que la chute des cours boursiers ait pu induire par elle-même une telle diminution de l’activité économique ?

En réalité, ces deux phénomènes, qui à première vue apparaissent quelque peu paradoxaux, s’éclairent parfaitement dès que l’on considère à la fois les facteurs psychologiques et les facteurs monétaires.

Lorsque la conjoncture est favorable, les encaisses désirées diminuent et, de ce fait, la dépense globale augmente. Lorsqu’elle est défavorable, les encaisses désirées augmentent et la dépense globale diminue [8]. De même, la croyance dans la hausse suscite la créationex nihilo de moyens de paiements bancaires et l’appréhension de la baisse engendre la destruction des moyens de paiement antérieurement créés ex nihilo.[9]

La hausse entraîne la hausse et la baisse entraîne la baisse. Pour les spéculateurs à la hausse ou à la baisse des actions, ce n’était pas les « fondamentaux » qui étaient considérés, mais c’était l’appréciation psychologique de ce que les autres allaient faire.

1.7. La grande dépression de 1929-1934 et le mécanisme du crédit

L’origine et le développement de la Grande Dépression de 1929-1934 représentent certainement la meilleure illustration que l’on puisse donner des effets nocifs du mécanisme du crédit :

  • Øla création de monnaie ex nihilo par le système bancaire ;
  • Øla couverture fractionnaire des dépôts ;
  • Øle financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;
  • Øle financement de la spéculation par le crédit
  • Øet les variations de la valeur réelle de la monnaie et de l’activité économique qui en résultent.

L’ampleur de la crise de 1929 a été la conséquence inévitable de l’expansion déraisonnable des crédits boursiers qui l’a précédée aux États-Unis et de la montée extravagante des cours de Bourse qu’elle a permise, sinon suscitée.

Au regard de la prospérité de l’économie et de la montée des cours jusqu’en 1929, le diagnostic de l’opinion dominante était aussi général qu’affirmatif. Il s’agissait d’une « New Era », d’une nouvelle ère de prospérité générale, qui s’ouvrait au monde entier.

Cependant, l’analyse qui précède montre avec quelle prudence on doit considérer la prospérité d’une économie en termes réels, dès lors que se développent des déséquilibres potentiels, à première vue mineurs en valeur relative, mais susceptibles d’entraîner, lorsqu’ils se concrétisent et se cumulent, de profondes modifications de la psychologie collective.

1.8. Rien de fondamentalement nouveau dans la crise de 1929

Ce qui, pour l’essentiel, explique le développement de la New Era, aux États-Unis et dans le monde, dans les années qui ont précédé le krach de 1929, c’est l’ignorance, une ignorance profonde de toutes les crises du XIXème siècle et de leur signification réelle.

La crise de 1929-1934 n’était en fait qu’une répétition particulièrement marquée des crises qui s’étaient succédé au XIXème siècle[10], et dont sans doute la crise de 1873-1879 avait été une des plus significatives.

En fait, toutes les grandes crises des XVlIIème, XIXème et XXème siècles ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation. [11] [12]

Partout et à toute époque, les mêmes causes génèrent les mêmes effets et ce qui doit arriver arrive.

Les économistes les plus lucides, comme Clément Juglar et Irving Fisher [13], ont analysé avec pénétration les mécanismes des crises, leur génération et leur développement. Malheureusement, ils sont restés méconnus et ils n’ont pas été écoutés. Si on avait pleinement reçu leurs messages, si on avait pleinement compris leurs analyses, la situation d’aujourd’hui serait tout autre.

2. La crise mondiale d’aujourd’hui

2.1. La propagation de la crise

À partir de juin 1997 une crise monétaire et financière s’est déclenchée en Asie et elle se poursuit actuellement. Le déroulement de cette crise,dont nul n’avait prévu la soudaineté et l’ampleur, a été très complexe, mais en 1997 et 1998, et pour l’essentiel, on peut distinguer trois phases : de juin à décembre 1997, de janvier à juin 1998 et de juin 1998 à octobre 1998[14].

  • · La première phase, de juin à décembre 1997, purement asiatique, a débuté avec une très forte spéculation à la baisse de la monnaie thaïlandaise, aboutissant à sa dévaluation de 18 % le 2 juillet 1997. Cette période a été marquée par la chute des monnaies et des Bourses des pays asiatiques : la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, Taïwan, Singapour, Hongkong, la Corée du Sud. La chute moyenne de leurs indices boursiers a été d’environ 40 %. Par rapport au dollar, les monnaies de la Thaïlande, de la Corée, de la Malaisie et de l’Indonésie se sont dépréciées respectivement d’environ 40 %, 40 %, 50 % et 70 %.
  • · La deuxième phase, de décembre 1997 à juin 1998, a donné lieu, après une courte reprise en janvier-février, à de nouvelles chutes des Bourses asiatiques. Pour l’ensemble de la période, la chute moyenne des cours a été d’environ 20 %.

Le fait marquant de cette période a été le rapatriement aux États-Unis et en Europe des capitaux prêtés à court terme en Asie, entraînant par-là même des hausses des cours de bourse aux États-Unis et en Europe. La hausse a été particulièrement marquée à Paris, où le CAC 40 a augmenté d’environ 40 % de décembre 1997 à juillet 1998, hausse deux fois plus forte qu’à New York.

La fin de cette période a été marquée par une très forte baisse des matières premières et un effondrement de la Bourse de Moscou d’environ 60 %.

Au cours de cette période, les difficultés des intermédiaires financiers au Japon se sont aggravées et le yen a continué à se déprécier. De fortes tensions monétaires se sont également manifestées en Amérique latine.

  • · La troisième phase a débuté en juillet 1998, avec de très fortes tensions politiques, économiques et monétaires en Russie[15]. Le rouble n’a plus été convertible. Le 2 septembre, il avait perdu 70 % de sa valeur et une hyperinflation s’était déclenchée.

Cette situation a suscité de très fortes baisses des actions aux États-Unis et en Europe. La baisse à Paris du CAC 40, d’environ 30 %, a été spectaculaire.

Elle s’est répandue rapidement dans le monde entier. Personne aujourd’hui n’apparaît réellement capable de prévoir l’avenir avec quelque certitude.

  • · Dans les pays asiatiques, qui ont subi des baisses considérables de leurs monnaies et de leurs Bourses, les fuites spéculatives de capitaux ont entraîné de très graves difficultés sociales. Ce qui est pour le moins affligeant, c’est que les grandes institutions internationales sont bien plus préoccupées par les pertes des spéculateurs (indûment qualifiés d’investisseurs) que par le chômage et la misère suscités par cette spéculation.
  • · De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression de 1929-1934 : la création et la destruction de moyens de paiement par le système du crédit, le financement d’investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme, le développement d’un endettement gigantesque, une spéculation massive sur les actions et les monnaies, un système financier et monétaire fondamentalement instable.

2.2. La crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression. De profondes similitudes

Cependant, des différences majeures existent entre les deux crises. Elles correspondent à des facteurs fondamentalement aggravants.

  • · En 1929 , le monde était partagé entre deux zones distinctes : d’une part, l’Occident, essentiellement les États-Unis et l’Europe et, d’autre part, le monde communiste, la Russie soviétique et la Chine. Une grande part du tiers-monde d’aujourd’hui était sous la domination des empires coloniaux, essentiel­lement ceux de la Grande-Bretagne et de la France.

Aujourd’hui, depuis les années 70, une mondialisation géographiquement de plus en plus étendue des économies s’est développée, incluant les pays issus des anciens empires coloniaux, la Russie et les pays de l’Europe de l’Est depuis la chute du Mur de Berlin en 1989. La nouvelle division du monde se fonde sur les inégalités de développement économique.

Il y a ainsi entre la situation de 1929 et la situation actuelle une différence considérable d’échelle, c’est le monde entier qui actuellement est concerné.

  • · Depuis les années 70, une seconde différence, majeure également et sans doute plus aggravante encore, apparaît relativement à la situation du monde de 1929.

Une mondialisation précipitée et excessive a entraîné par elle-même des difficultés majeures. Une instabilité sociale potentielle est apparue partout, une accentuation des inégalités particulièrement marquée aux États-Unis, et un chômage massif en Europe occidentale.

La Russie et les pays de l’Europe de l’Est ont rencontré également des difficultés majeures en raison d’une libéralisation trop hâtive.

Alors qu’en 1929 le chômage n’est apparu en Europe qu’à la suite de la crise financière et monétaire, un chômage massif se constate déjà aujourd’hui au sein de l’Union européenne, pour des causes très différentes, et ce chômage ne pourrait qu’être très aggravé si la crise financière et monétaire mondiale d’aujourd’hui devait se développer.

  • · En fait, on ne saurait trop insister sur les profondes similitudes, tout à fait essentielles, qui existent entre la crise d’aujourd’hui et les crises qui l’ont précédée, dont la plus significative est sans doute celle de 1929. Ce qui est réellement important, en effet, ce n’est pas tant l’analyse des modalités relativement complexes, des « technicalities » de la crise actuelle, qu’une compréhension profonde des facteurs qui l’ont générée.

De cette compréhension dépendent en effet un diagnostic correct de la crise actuelle et l’élaboration des réformes qu’il conviendrait de réaliserpour mettre fin aux crises qui ne cessent de ravager les économies depuis au moins deux siècles, toujours de plus en plus fortes en raison de leur extension progressive au monde entier.

2.3. La création et la destruction de moyens de paiement par le mécanisme du crédit

  • Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grandepartie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaieex nihilo par de simples jeux d’écriture [16]. Reposant essentiellement sur la couverture fractionnaire des dépôts, il estfondamentalement instable.

Le volume des dépôts bancaires dépend en fait d’une double décision, celle de la banque de s’engager à vue et celle des emprunteurs de s’endetter. Il résulte de là que le montant global de la masse monétaire est extrêmement sensible aux fluctuations conjoncturelles. Il tend à croître en période d’optimisme et à décroître en période de pessimisme,d’où des effets déstabilisateurs.

En fait, il est certain que, pour la plus grande part, l’ampleur de ces fluctuations résulte du mécanisme du crédit et que, sans l’amplification de la création (ou de la destruction) monétaire par la voie bancaire, les fluctuations conjoncturelles seraient considérablement atténuées, sinon totalement supprimées [17].

  • · De tout temps, on a pu parler des « miracles du crédit ». Pour les bénéficiaires du crédit, il y a effectivement quelque chose de miraculeux dans le mécanisme du crédit puisqu’il permet de créer ex nihilo un pouvoir d’achat effectif qui s’exerce sur le marché, sans que ce pouvoir d’achat puisse être considéré comme la rémunération d’un service rendu.

Cependant, autant la mobilisation d’« épargnes vraies » par les banques pour leur permettre de financer des investissements productifs est fondamentalement utile, autant la création de « faux droits » par la création monétaire est fondamentalement nocive, tant du point de vue de l’efficacité économique qu’elle compromet par les distorsions de prix qu’elle suscite que du point de vue de la distribution des revenus qu’elle altère et rend inéquitable.

2.4. Le financement d’investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme

Par l’utilisation des dépôts à vue et à court terme de ses déposants, l’activité d’une banque aboutit à financer des investissements à moyen ou long terme correspondant aux emprunts qu’elle a consentis à ses clients. Cette activité repose ainsi sur l’échange de promesses de payer à un terme donné de la banque contre des promesses de payer à des termes plus éloignés des clients moyennant le paiement d’intérêts.

Les totaux de l’actif et du passif du bilan d’une banque sont bien égaux, mais cette égalité est purement comptable, car elle repose sur la mise en parallèle d’éléments de nature différente : au passif, des engagements à vue et à court terme de la banque ; à l’actif, des créances à plus long terme correspondant aux prêts effectués par la banque.

De là résulte une instabilité potentielle permanente du système bancaire dans son ensemble puisque les banques sont à tout moment dans l’incapacité absolue de faire face à des retraits massifs des dépôts à vue ou des dépôts à terme arrivant à échéance, leurs actifs n’étant disponibles qu’à des termes plus éloignés.

Si tous les investissements dans les pays sous-développés avaient été financés par les banques, grâce à des prêts privés d’une maturité au moins aussi éloignée, et si le financement des déficits de la balance des transactions courantes des États-Unis était uniquement assuré par des investissements étrangers à long terme aux États-Unis, tous les déséquilibres n’auraient qu’une portée beaucoup plus réduite, et il n’existerait aucun risque majeur.

Ce qui, par contre, est éminemment dangereux, c’est l’amplification des déséquilibres par le mécanisme du crédit et l’instabilité du système financier et monétaire tout entier, sur le double plan national et international, qu’il suscite. Cette instabilité a été considérablement aggravée par la totale libération des mouvements de capitaux dans la plus grande partie du monde.

2.5. Le développement d’un endettement gigantesque

À partir de 1974, le développement universel des crédits bancaires et l’inflation massive qui en est résultée ont abaissé pour une décennie les taux d’intérêt réels à des valeurs très faibles, voire négatives, génératrices à la fois d’inefficacité et de spoliation. À des épargnes vraies se sont substitués des financements longs à partir d’une création monétaire ex nihilo. Les conditions de l’efficacité comme celles de l’équité s’en sont trouvées compromises. Le fonctionnement du système a abouti tout à la fois à un gaspillage de capital et à une destruction de l’épargne.

  • · C’est grâce à la création monétaire que, pour une large part, les pays en voie de développement ont été amenés à mettre en place des plans de développement trop ambitieux, et à vrai dire déraisonnables, et à remettre à plus tard les ajustements qui s’imposaient, tant il est facile d’acheter, dès lors qu’on peut se contenter de payer avec des promesses de payer.

Par nécessité, la plupart des pays débiteurs ont été amenés à se procurer par de nouveaux emprunts les ressources nécessaires à la fois pour financer les amortissements et les intérêts de leurs dettes et pour réaliser de nouveaux investissements. Peu à peu, cependant, la situation est devenue intenable.

  • · Parallèlement, l’endettement des administrations publiques des pays développés en pourcentage du produit national brut et la charge des intérêts en pourcentage des dépenses publiques ont atteint des niveaux difficilement supportables.

2.6. Une spéculation massive

Depuis 1974, une spéculation massive s’est développée à l’échelle mondiale. La spéculation sur les monnaies et la spéculation sur les actions, les obligations et les produits dérivés en représentent deux illustrations significatives.

  • · La substitution, en mars 1973, du système des changes flottants au système des parités fixes, mais révisables, a accentué l’influence de la spéculation sur les changes alimentée par le crédit. Associé au système des changes flottants, le système du crédit tel qu’il fonctionne actuellement a puissamment contribué à l’instabilité profonde des taux de change depuis 1974.

Pendant toute cette période, une spéculation effrénée s’est développée sur les taux de change relatifs des principales monnaies, le dollar, le deutschemark et le yen, chaque monnaie pouvant être achetée à crédit contre une autre, grâce au mécanisme du crédit.

  • · La spéculation sur les actions et les obligations a été tout aussi spectaculaire. À New York, et depuis 1983, se sont développés à un rythme exponentiel de gigantesques marchés sur les « stock-index futures », les « stock-index options », les « options on stock-index futures », puis les « hedge funds » et tous « les produits dérivés » présentés comme des panacées.

Ces marchés à terme, où le coût des opérations est beaucoup plus réduit que sur les opérations au comptant et où pour l’essentiel les positions sont prises à crédit, ont permis une spéculation accrue et généré une très grande instabilité des cours. Ils ont été accompagnés d’un développement accéléré de fonds spéculatifs, les “hedge-funds”.

En fait, sans la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo que permet le système du crédit, jamais les hausses extraordinaires des cours de bourse que l’on constate avant les grandes crises ne seraient possibles, car à toute dépense consacrée à l’achat d’actions, par exemple, correspondrait quelque part une diminution d’un montant équivalent de certaines dépenses, et tout aussitôt se développeraient des mécanismes régulateurs tendant à enrayer toute spéculation injustifiée.

  • · Qu’il s’agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s’arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris.

Partout, la spéculation est favorisée par le crédit puisqu’on peut acheter sans payer et vendre sans détenir. On constate le plus souvent une dissociation entre les données de l’économie réelle et les cours nominaux déterminés par la spéculation.

Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n’avait atteint une telle ampleur.

2.7. Un système financier et monétaire fondamentalement instable

L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute il n’est devenu plus difficile d’y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général.

Toutes les difficultés rencontrées résultent de la méconnaissance d’un fait fondamental, c’est qu’aucun système décentralisé d’économie de marchés ne peut fonctionner correctement si la création incontrôlée ex nihilo de nouveaux moyens de paiement permet d’échapper, au moins pour un temps, aux ajustements nécessaires. Il en est ainsi toutes les fois que l’on peut s’acquitter de ses dépenses ou de ses dettes avec de simples promesses de payer, sans aucune contrepartie réelle, directe ou indirecte, effective.

Devant une telle situation, tous les experts sont à la recherche de moyens, voire d’expédients, pour sortir des difficultés, mais aucun accord réel ne se réalise sur des solutions définies et efficaces.

Pour l’immédiat, la presque totalité des experts ne voient guère d’autre solution, au besoin par des pressions exercées sur les banques commerciales, les Instituts d’émission et le FMI, que la création de nouveaux moyens de paiement permettant aux débiteurs et aux spéculateurs de faire face au paiement des amortissements et des intérêts de leurs dettes, en alourdissant encore par là même cette charge pour l’avenir.

Au centre de toutes les difficultés rencontrées, on trouve toujours, sous une forme ou une autre, le rôle néfaste joué par le système actuel du crédit et la spéculation massive qu’il permet. Tant qu’on ne réformera pas fondamentalement le cadre institutionnel dans lequel il joue, on rencontrera toujours, avec des modalités différentes suivant les circonstances, les mêmes difficultés majeures. Toutes les grandes crises du XIXème et du XXème siècle ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation.

Particulièrement significative est l’absence totale de toute remise en cause du fondement même du système de crédit tel qu’il fonctionne actuellement, savoir la création de monnaie ex nihilo par le système bancaire et la pratique généralisée de financements longs avec des fonds empruntés à court terme.

En fait, sans aucune exagération, le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le “cancer” qui ronge irrémédiablement les économies de marchés de propriété privée.

2.8. L’effondrement de la doctrine laissez-fairiste mondialiste

Depuis deux décennies, une nouvelle doctrine s’était peu à peu imposée, la doctrine du libre-échange mondialiste, impliquant la disparition de tout obstacle aux libres mouvements des marchandises, des services et des capitaux.

  • · Suivant cette doctrine, la disparition de tous les obstacles à ces mouvements serait une condition à la fois nécessaire et suffisante d’une allocation optimale des ressources à l’échelle mondiale. Tous les pays et, dans chaque pays, tous les groupes sociaux verraient leur situation améliorée.

Le marché, et le marché seul, était considéré comme pouvant conduire à un équilibre stable, d’autant plus efficace qu’il pouvait fonctionner à l’échelle mondiale. En toutes circonstances, il convenait de se soumettre à sa discipline.

Les partisans de cette doctrine, de ce nouvel intégrisme, étaient devenus aussi dogmatiques que les partisans du communisme avant son effondrement définitif avec la chute du Mur de Berlin en 1989. Pour eux, l’application de cette doctrine libre-échangiste mondialiste s’imposait à tous les pays et, si des difficultés se présentaient dans cette application, elles ne pouvaient être que temporaires et transitoires.

Pour tous les pays en voie de développement, leur ouverture totale vis-à-vis de l’extérieur était une condition nécessaire et la preuve en était donnée, disait-on, par les progrès extrêmement rapides des pays émergents du Sud-Est asiatique. Là se trouvait, répétait-on constamment, un pôle de croissance majeur pour tous les pays occidentaux.

Pour les pays développés, la suppression de toutes les barrières tarifaires ou autres était une condition de leur croissance, comme le montraient décisivement les succès incontestables des tigres asiatiques, et, répétait-on encore, l’Occident n’avait qu’à suivre leur exemple pour connaître une croissance sans précédent et un plein-emploi [18]. Tout particulièrement la Russie et les pays ex-communistes de l’Est, les pays asiatiques et la Chine en premier lieu, constituaient des pôles de croissance majeurs qui offraient à l’Occident des possibilités sans précédent de développement et de richesse.

Telle était fondamentalement la doctrine de portée universelle qui s’était peu à peu imposée au monde et qui avait été considérée comme ouvrant un nouvel âge d’or à l’aube du XXIeme siècle. Cette doctrine a constitué le credo indiscuté de toutes les grandesorganisations internationales ces deux dernières décennies, qu’il s’agisse de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’Organisation mondiale du commerce, de l’Organisation de coopération et de développement économiques, ou de l’Organisation de Bruxelles.

  • · Toutes ces certitudes ont fini par être balayées par la crise profonde qui s’est développée à partir de 1997 dans l’Asie du Sud-Est, puis dans l’Amérique latine, pour culminer en Russie en août 1998 et atteindre les établissements bancaires et les Bourses américaines et européennes en septembre 1998.

Cette crise a entraîné partout, tout particulièrement en Asie et en Russie, un chômage massif et des difficultés sociales majeures. Partout les credo de la doctrine du libre-échange mondialiste ont été remis en cause.

Deux facteurs majeurs ont joué un rôle décisif dans cette crise mondiale d’une ampleur sans précédent après la crise de 1929 :

Þ l’instabilité potentielle du système financier et monétaire mondial ;

Þ la mondialisation de l’économie à la fois sur le plan monétaire et sur le plan réel [19].

En fait, ce qui devait arriver est arrivé. L’économie mondiale, qui était dépourvue de tout système réel de régulation et qui s’était développée dans un cadre anarchique, ne pouvait qu’aboutir tôt ou tard à des difficultés majeures.

La doctrine régnante avait totalement méconnu une donnée essentielle : une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés, et de développement économique et social comparable.

  • · En fait, le nouvel ordre mondial, ou le prétendu ordre mondial, s’est effondré et il ne pouvait que s’effondrer. L’évidence des faits a fini par l’emporter sur les incantations doctrinales.


3. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires

3.1. Des facteurs majeurs

Si nous considérons non seulement l’Histoire de ces dernières décennies, mais également celle des deux derniers siècles, et sans doute celle de ceux qui les ont précédés, les facteurs monétaires et financiers apparaissent certainement comme ayant une importance tout à fait exceptionnelle dans le fonctionnement de toute économie.

Si en effet des conditions monétaires et financières appropriées ne sont pas assurées, l’expérience montre qu’il ne saurait y avoir ni efficacité de l’économie, ni équité de la distribution des revenus.L’instabilité économique, la sous-production, l’iniquité, le sous-emploi, la détresse et la misère qui en résultent, sont des fléaux majeurs.

Cependant, les profonds désordres qui se sont constatés ne peuvent en aucune façon être considérés comme le résultat inévitable du fonctionnement d’une économie de marchés; ils ont été, et ils sont généralement, les conséquences des politiques financières et monétaires mises en œuvre dans un cadre institutionnel inapproprié.

Plus que jamais, des réformes, très profondes et radicales, sont nécessaires :

-réforme du système du crédit ;

-stabilisation de la valeur réelle de l’unité de compte ;

-réforme des marchés boursiers ;

-réforme du système monétaire international.

3.2. Le système du crédit

En fait, le système actuel du crédit, dont l’origine historique a été tout à fait contingente [accidentelle, non nécessaire], apparaît comme tout à fait irrationnel, et cela pour huit raisons au moins :

la création (ou la destruction) irresponsable de monnaie et de pouvoir d’achat par les décisions des banques et des particuliers ;

le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;

la confusion de l’épargne et de la monnaie ;

la très grande sensibilité du mécanisme du crédit à la situation conjoncturelle ;

l’instabilité foncière qu’il engendre ;

l’altération des conditions d’une efficacité maximale de l’économie ;

l’altération de la distribution des revenus ;

et enfin l’impossibilité de tout contrôle efficace du système du crédit par l’opinion publique et le Parlement, en raison de son extraordinaire complexité.

Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme.

Il pourrait cependant être facilement pallié à ces deux facteurs par une réforme d’ensemble qui permettrait, sinon de mettre fin aux fluctuations conjoncturelles, tout au moins d’en diminuer considérablement l’ampleur.

Cette réforme doit s’appuyer sur deux principes tout à fait fondamentaux :

1La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire.

2 – Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.

La réforme du mécanisme de crédit doit ainsi rendre impossibles à la fois la création de monnaie ex nihilo et l’emprunt à court terme pour financer des prêts à plus long terme, en ne permettant que des prêts à des échéances plus rapprochées que celle correspondant aux fonds empruntés.

Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant surla dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui et leur attribution à trois catégories d’établissements distincts et indépendants :

1. des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;

2. des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés ;

3. des banques d’affaires empruntant directement au public ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises

.

  • · Dans son principe, une telle réforme rendrait impossibles la création monétaire et de pouvoir d’achat ex nihilo par le système bancaire et l’emprunt à court terme pour financer des prêts de terme plus long. Elle ne permettrait que des prêts de maturité plus courts que ceux correspondant aux fonds empruntés.

Les banques de prêt et les banques d’affaires serviraient d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs. Elles seraient soumises à une obligation impérative : emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui[20].

Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de conditionstout à fait fondamentales :

1 – l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

2 – la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

3 – l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires[21] ;

4 – une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles[22] ;

5 – l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allègement en conséquence des impôts actuels ;

6 – un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire de la création monétaire et de ses implications.

Tous ces avantages seraient essentiels. Les profonds changements que leur obtention implique se heurteraient naturellement à de puissants intérêts et à des préjugés fortement enracinés.

Mais, au regard des crises majeures que le système actuel du crédit n’a cessé de susciter depuis au moins deux siècles, et continue à susciter aujourd’hui, et que les autorités monétaires se révèlent toujours incapables de maîtriser, cette réforme apparaît comme une condition nécessaire de survie d’une économie décentralisée et de son efficacité.

3.3. La réforme de l’indexation. La stabilisation de la valeur réelle de l’unité de compte

  • · Le fonctionnement d’une économie de marché repose sur un très grand nombre d’engagements sur l’avenir. L’efficacité de l’économie, comme l’équité, implique que ces engagements soient respectés, que les calculs économiques ne soient pas faussés, et que ni les créanciers ni les débiteurs ne soient spoliés. Il convient donc que l’application de tous les contrats ne soit pas pervertie par les variations du pouvoir d’achat de l’unité de compte.

En fait, face à ces variations, seule une indexation en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir, et en particulier de tous les prêts et emprunts et de tous les contrats de salaire à durée limitée[23], pourrait assurer un fonctionnement à la fois efficace et équitable de l’économie.

Elle impliquerait l’obligation légale d’assortir à l’avenir tous les emprunts à moyen et long terme de l’État, des entreprises et des particuliers, d’une garantie en pouvoir d’achat, en principal et en intérêts, cette garantie étant assurée par l’indexation en valeur réelle des remboursements et des intérêts, par référence à l’indice général des prix.

Une telle indexation reviendrait à introduire implicitement dans l’économie, pour toutes les opérations sur l’avenir, une unité de compte de valeur stable, unité dont l’utilisation est indispensable pour son fonctionnement correct, tant pour assurer son efficacité que pour ne pas compromettre l’équité de la répartition des revenus [24].

  • · Il importe de bien comprendre la nature d’un tel système d’indexation. Il ne s’agit pas d’enserrer l’économie dans un système de contraintes incompatibles et impossibles à supporter. Il s’agit simplement de la rendre plus efficace, de la libérer, pour une large part, de toutes les contraintes attachées à l’incertitude de l’avenir, et d’établir pleinement le principe de l’honnêteté dans l’exécution des contrats. Le fonctionnement d’un tel système tendrait à rendre impossible toute distorsion des prix et des revenus. Il permettrait de préserver à la fois l’efficacité de l’économie et l’équité de la répartition des revenus[25].

Par elle-même, l’indexation serait fondamentalement réductrice d’incertitude quant à l’avenir, et elle serait ainsi génératrice d’efficacité[26]. En tout cas, refuser l’indexation des engagements sur l’avenir équivaudrait à institutionnaliser la perversion de tous les calculs économiques et la spoliation des débiteurs ou celle des créanciers.

3.4. La réforme des marchés boursiers

Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d’importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n’engendraient pas, comme elles le font, de profondes vagues d’optimisme et de pessimisme, qui influent considérablement sur l’économie réelle. Là apparaît le caractèredéraisonnable et nocif du cadre institutionnel actuel des marchés boursiers. Le système actuel est fondamentalement antiéconomique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités.

Pour être fondamentalement utiles, ce qu’ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :

– le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement ex nihilo par le système bancaire, doit être rendu impossible ;

– les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;

– la cotation continue des cours doit être sup­primée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;

– les programmes automatiques d’achat et de vente doivent être supprimés ;

– la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.

Une seule cotation par jour sur chaque place pour chaque valeur serait de loin préférable ; elle réduirait considérablement les coûts, et elle serait favorable à tous les investisseurs, petits et grands. Plus un marché est étendu et plus les cours qui s’y établissent sont significatifs et équitables.

3.5. La réforme du système monétaire international

La structure monétaire internationale d’aujourd’hui est marquée pardes perversions majeures :

– l’instabilité des taux de change flottants ;
– les déséquilibres des balances de paiements courants ;
– des dévaluations compétitives ;
– le développement d’une spéculation effrénée sur les marchés des changes ;
– l’utilisation mondiale, comme unité de valeur, du dollar dont la valeur réelle sur le plan international est extraordinairement instable et imprévisible ;
– la contradiction fondamentale entre une libération totale des mouvements de capitaux à court terme et l’autonomie des politiques monétaires nationales.

Une réforme du système monétaire international, un nouveau Bretton-Woods, est absolument nécessaire. Elle impliquerait notamment :

-l’abandon total du système des changes flottants et son remplacement par un système de taux de change fixes, mais éven­tuellement révisables ;

-des taux de change assurant un équilibre effectif des balances des paiements [27] ;

-l’interdiction de toute dévaluation compétitive ;

-l’abandon total du dollar comme monnaie de compte, comme monnaie d’échange, et comme monnaie de réserve sur le plan international ;

-la fusion en un même organisme del’Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international ;

-la création d’organisations régionales ;

-l’interdiction pour les grandes banques de spéculer pour leur propre compte sur les changes, les actions, et les produits dérivés ;

et finalement l’établissement progressif d’une unité de compte commune sur le plan international, par un système approprié d’indexation.

3.6. Les vérités établies [les dogmes] contre la raison

  • · On ne peut décider valablement pour le futur que si l’on consent à dégager du passé les enseignements qu’il comporte. Les désordres monétaires et financiers que l’on a sans cesse constatés dans le passé ont été considérablement aggravés, sinon provoqués, par l’absence d’institutions monétaires et financières appropriées, permettant un fonctionnement à la fois efficace et équitable d’une économie de marchés.

En fait, des institutions qui génèrent en elles-mêmes les germes de leur propre destruction doivent être réformées.

  • · Il est bien certain que les intérêts très puissants des groupes de pression monétaires et financiers et les doctrines régnantes ne sont guère favorables à ces réformes, tant est forte la tyrannie du statu quo.

Ces cinquante dernières années ont été dominées par toute une succession de doctrines dogmatiques, toujours soutenues avec la même assurance, mais tout à fait contradictoires les unes avec les autres, tout aussi irréalistes, et abandonnées les unes après les autres sous la pression des faits. À l’étude de l’Histoire, à l’analyse approfondie des erreurs passées, on n’a eu que trop tendance à substituer de simples affirmations, trop souvent appuyées sur de purs sophismes, sur des modèles mathématiques irréalistes, et sur des analyses superficielles des circonstances du moment.

En dernière analyse, tous les moyens mis en œuvre, toutes les mesures prises n’ont toujours eu qu’un même objet : remettre à plus tard les ajustements nécessaires, grâce à l’octroi de nouveaux prêts et à la création ex nihilo de nouveaux moyens de paiement, se traduisant par de nouvelles augmentations du volume global des promesses de payer. Il ne s’agit là en réalité que d’expédients, éminemment déstabilisateurs par eux-mêmes, et qui ne font qu’augmenter l’instabilité potentielle générale du système, en la rendant toujours plus dangereuse.

En fait, la presque totalité des difficultés actuelles résulte d’une part d’une méconnaissance totale des conditions monétaires et financières d’un fonctionnement efficace et équitable d’une économie de marchés, et d’autre part d’une structure inappropriée des institutions bancaires et des marchés financiers.

  • · Les quatre réformes que je propose, du sys­tème monétaire et financier, de l’indexation, des marchés boursiers, et du système monétaire international, sont indépendantes les unes des autres, et elles peuvent être appliquées séparément dans certains pays ou dans tous les pays. Chacune d’elles serait très bénéfique pour l’ensemble de l’économie. Mais, si elles étaient appliquées conjointement, leurs effets bénéfiques s’en trouveraient considérablement renforcés les uns par les autres.

Ces réformes ne sont pas de quelconques réformes s’ajoutant à des milliers d’autres, chacune s’efforçant simplement de réparer les dégâts résultant des précédentes, en en suscitant de nouveaux. Il s’agit deréformes fondamentales qui intéressent la vie de tous les jours de millions de citoyens. Ces réformes indispensables n’ont été réalisées, ni même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés de favoriser l’efficacité de l’économie, ni par les socialistes, justement attachés à l’équité de la distribution des revenus.

La raison en est toute simple. Les uns et les autres n’ont cessé d’être aveuglés par la répétition incessante de toutes parts de pseudo vérités et par des préjugés erronés. En fait, plus les idées dominantes sont répandues, plus elles se trouvent en quelque sorte enracinées dans la psychologie des hommes. Si erronées qu’elles puissent être, elles finissent par acquérir, par leur simple et incessante répétition, le caractère de vérités établies qu’on ne saurait mettre en doute sans s’opposer à l’ostracisme actif de groupes de pression de toutes sortes. Le seul résultat de cette situation n’a été que de grands malheurs pour des millions et des millions de gens, les plus modestes étant les plus durement frappés[28].


[1] La masse monétaire MI (monnaie en circulation plus dépôts à vue) s’était accrue de 3,8 % et la masse monétaire M2 (MI plus dépôts à temps) de 10,8 %. La monnaie de base B (monnaie manuelle + dépôts auprès du Federal Reserve System) ne s’était accrue que de 0,9 %. Les différences M1-B et M2-B correspondant aux dépôts bancaires, ne s’étaient élevées que de 5,0 % et 12,8 %.

[2] La dépense globale est en effet égale au produit de la masse monétaire par la vitesse de circulation.

[3] En fait la masse monétaire M1 a diminué de 21 % et la masse monétaire M2 de 23 %, les différences M1-B et M2-B diminuant respectivement de 31 % et 28 %.

[4] Dans un système de couverture fractionnaire des dépôts, aucune banque de peut faire face à des retraits massifs. En 1931, 2 550 banques américaines ont fait faillite.

[5] Pour aider les chômeurs, il n’y avait alors que la charité privée.

[6] Consumer credit, mortgages, et corporate liabilities

[7] Considérées indûment par les États-Unis comme de simples dettes commerciales.

[8] La variation de la dépense globale D comporte deux éléments : le premier proportionnel à l’écart relatif entre le montant global des encaisses détenues M (égal à la masse monétaire) et le montant global des encaisses désirées Md (égal au montant des encaisses que l’ensemble des opérateurs désirent détenir) ; et le second égal à l’accroissement relatif de la masse monétaire M.

L’encaisse globale désirée dépend essentiellement de facteurs psychologiques. Dans une période d’optimisme, Md diminue et dans une période de pessimisme Md augmente. À toute diminution de Md correspond ainsi une augmentation de la dépense globale D, et à toute augmentation de Md correspond une diminution de la dépense globale D. La récession se trouve ainsi aggravée. (Allais, 1968, Monnaie et Développement. I. L’équation fondamentale de la dynamique monétaire, p. 83). [Un appendice dans le livre expliquel’équation fondamentale de la dynamique monétaire.]

[9] La création de monnaie scripturale dépend d’une double volonté, la volonté des banques de prêter, et la volonté des agents économiques d’emprunter. En temps de prospérité, cette double volonté existe et la monnaie scripturale augmente. En temps de récession, cette double volonté disparaît et la monnaie scripturale diminue.

[10] Lors de la crise de 1837, le révérend Leonard Bacon déclarait dans son sermon du 21 mai : « A few months ago, the unparalleled prosperity of our country was the theme of universal gratulation. Such a development of resources, so rapid an augmentation of individual and public wealth, so great a manifestation of the spirit of enterprise, so strong and seemingly rational a confidence in the prospect of unlimited success, were never known before. But how suddenly bas all this prosperity been arrested ! That confidence, which in modern times, and especially in our own country, is the basis of commercial intercourse, is fai­ling in every quarter ; and all the financial interests of the country seem to be convulsed and disorganized. The merchant whose business… [was] conducted on safe principIes… [finds that] loss succeeds to loss, till he shuts up his manufactory and dismisses his laborers. The speculator who dreamed himself rich, finds his fancied riches disappearing like an! exhalation… What more may before us… It is enough to know that this distress is hourly becoming wider and more intense…»(in Irving Fisher,Booms and Depressions, 1932).

[11] Sur les crises du XIXe siècle, Clément Juglar écrivait déjà en 1860 : « Les crises commerciales sont le résultat d’altérations profondes dans le mouvement du crédit… Qu’est-ce que le crédit, le simple pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer ? … La fonction d’une banque ou d’un banquier est d’acheter des dettes avec des promesses de payer… La pratique seule du crédit amène ainsi, par l’abus qu’on est porté à en faire, aux crises commerciales.

Le crédit est le principal moteur, il donne l’impulsion; c’est lui qui, par la signature d’un simple effet de commerce, d’une lettre de change, donne une puissance d’achat qui paraît illimitée… Ce qui favorise le développement des affaires et la hausse des prix, c’est le crédit… Chaque échange d’un produit donne lieu à une nouvelle promesse de payer… » (in Clément Juglar. Des Crises commerciales et leur retour périodique. 1860. 2ème édition, 1889).

[12] J’ai présenté une analyse synthétique des relations de cause à effet de la dynamique monétaire dans l’Introduction à la deuxième édition de mon ouvrage Économie et intérêt, pp. 115-174. (Éditions Clément Juglar, 62, avenue de Suffren. Paris 15e. Tél : 01.45.67.48.06). Pour une bibliographie étendue de mes analyses, voir pp. 116 et 117, 154 et 164-165.

[13] Voir notamment Fisher, 1932, Booms and Depressions ; Stamp Scrip, 1933 ; Stable Money. A History of the Movement, 1934; 100% Money, 1935.

[14] Je rappelle que mon analyse ne porte ici que sur la période juin 1997-octobre 1998. La rédaction de ce chapitre s’est achevée le 1ernovembre 1998.

[15] L’échec de l’économie soviétique n’était que trop prévisible. Le passage brutal, suivant les conseils d’experts américains, à une économie de marchés de propriété privée après soixante-douze ans de collectivisme ne pouvait qu’échouer.

Dans mon mémoire du 3 avril 1991, La construction européenne et les pays de l’Est dans le contexte d’aujourd’hui présenté au troisième symposium de la Construction, j’écrivais :

« On ne saurait sans danger se dissimuler tous les risques qu’implique le passage, même graduel, à une économie de marchés de propriété privée : l’apparition pratiquement inévitable de nouveaux riches, la génération d’inégalités criantes et peu justifiées que le marché ne pourra réellement réduire que lorsque la concurrence deviendra suffisante, des formes plus ou moins brutales de gestion des entreprises privées, le chômage, l’inflation, la dissolution des mœurs, etc. Ce sont là des risques majeurs à l’encontre desquels les Pays de l’Est doivent se prémunir.

(…) Ce passage doit faire l’objet d’un Plan de décollectivisation. Il peut sembler paradoxal, au moins à première vue, que le libéral que je suis puisse préconiser une planification pour sortir de la planification collectiviste centralisée. Cependant, c’est là une nécessité éclatante. (…) »

C’est là ce qu’il aurait fallu faire au lieu de la chienlit laisser-fairiste qui a été appliquée. Aujourd’hui encore, je suis convaincu que seule une planification pourrait sortir la Russie de la crise profonde où elle se trouve.

[16] Ce n’est qu’à partir de la publication en 1911 de l’ouvrage fondamental d’Irving Fisher, The purshasing power of money, qu’il a été pleinement reconnu que le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie.

[17] Comme les variations de la dépense globale dépendent à la fois de l’excès de la masse monétaire sur le volume global des encaisses désirées et des variations de la masse moné­taire, le mécanisme du crédit a globalement un effet désta­bilisateur puisqu’en temps d’expansion de la dépense globale la masse monétaire s’accroît alors que les encaisses désirées diminuent et qu’en temps de récession la masse monétaire décroît alors que les encaisses désirées s’accroissent.

[18] Les taux de croissance élevés des tigres asiatiques étaient mal interprétés. En fait, pour l’essentiel, ils résultaient du fait que ce économies étaient en retard par rapport aux économies développées et qu’une économie se développe d’autant plus vite qu’elle est en retard. Sur la démonstration de cette proposition tout à fait essentielle, voir mon ouvrage de 1974 « L’inflation française et la croissance. Mythologie et réalité », chapitre II, p. 40-45.

[19] Voir mon ouvrage, Combats pour l’Europe, 1994, Éditions Juglar

[20] Avec ce système, il n’y aurait plus aucune création de monnaie, sauf par la Banque centrale et les revenus provenant de la création monétaire par la Banque centrale seraient rétrocédés à l’État, ce qui lui permettrait dans les conditions actuelles de supprimer la presque totalité de l’impôt progressif sur le revenu. Voir mon ouvrage « Pour la réforme de la fiscalité », 1990, éditions Clément-Juglar.

Une telle réforme aurait l’avantage de la clarté et de la transparence. Aujourd’hui, les revenus provenant de la création monétaire sont distribués de façon anonyme entre une foule de parties prenantes, sans que personne ne puisse réellement identifier qui en profite. Ces revenus ne font que susciter iniquité et instabilité et, en favorisant les investissements non réellement rentables pour la collectivité, ils ne font que susciter un gaspillage de capital. Dans son essence, la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n’hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par les faux monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement, elle aboutit aux mêmes résultats. La différence est que ceux qui en profitent sont différents.

[21] Le taux d’accroissement de la monnaie de base serait égal au taux d’accroissement du PNB réel, augmenté du taux souhaité de hausse de prix, en principe de 2 %. [AA : on retrouve le K % de Milton Friedman.]

[22] Comme le montre une étude économétrique approfondie.

[23] En fait la répartition des gains réalisés par l’entreprise entre ses salariés et ses actionnaires serait certainement facilitée si le salaire comprenait trois éléments :

-un élément principal indexé sur le niveau général des prix, suivant un contrat de salaire limité dans le temps ;

-un élément spécifique intéressant les salariés à la bonne gestion et différencié suivant leurs activités dans l’entreprise ;

-enfin, un élément complémentaire indexé sur le revenu réel de l’entreprise et susceptible de varier, en plus ou en moins, suivant les résultats de l’entreprise.

[24] L’indexation obligatoire en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir au-delà d’une certaine durée, qui pourrait être raisonnablement prise égale à une année, apparaît à la fois comme une exigence de l’efficacité et de l’équité. Les encaisses ne seraient pas indexées. L’indexation pourrait se fonder avantageusement sur la considération du déflateur du produit national brut nominal, qui tient compte de toutes les transactions. Les encaisses, par nature non indexées, se dévaloriseraient au taux souhaité de hausse des prix, soit 2 % en principe. Leur thésaurisation ne pourrait donc être avantageuse.

[25] Voir mon ouvrage, « Pour l’indexation », 1990, Éditions Clément Juglar. Si leur valeur réelle était garantie, les valeurs à revenu fixe constitueraient probablement le placement, sinon le plus avantageux, du moins le mieux adapté aux préoccupations de l’épargnant moyen, en raison de la simplicité de la gestion et de la sécurité du capital et du revenu dans le cas des fonds d’État et des obligations des grandes sociétés. En fait, un puissant besoin existe actuellement d’une protection efficace contre les variations de la valeur réelle de la monnaie par un système approprié d’indexation, et il existe potentiellement un immense marché pour des obligations indexées en principal et en intérêts.

[26] Toutes les obligations en monnaie étant indexées, les taux d’intérêt réels s’établiraient à des niveaux qui assureraient à l’économie toute l’épargne réelle qui lui serait nécessaire, et l’expérience historique de toutes les périodes de stabilité monétaire suggère que ces taux seraient relativement bas, de l’ordre de 3 à 4 %.

[27] Le maintien par les États-Unis, depuis 1984, d’un déficit moyen annuel de leur balance des paiements de plus de 100 milliards de dollars est tout à fait inadmissible. Comment admettre que le pays le plus puissant du monde exerce un tel prélèvement sur le reste du monde ?

[28] Sur tous les développements qui précèdent et les objections susceptibles d’être présentées, du point de vue de la Construction européenne notamment, voir tout particulièrement :
Maurice Allais, « Les conditions monétaires d’une économie de marchés », Revue d’économie politique, mai-juin 1993.
-Voir également l’introduction à la seconde édition de mon ouvrage « Économie et Intérêt », 1998, éd. Clément Juglar (pp. 154-186).
-Voir surtout mes deux ouvrages :
1999, « La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires » ;
1999, « L’Union européenne, la mondialisation et le chômage », Éd. Clément-JUGLAR 62, avenue de Suffren, 75015 Paris

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90 réactions et commentaires

  • Sage // 26.12.2012 à 05h20

    Un passage de cet article me semble anachronique :

    ///En 1929 , le monde était partagé entre deux zones distinctes : d’une part, l’Occident, essentiellement les États-Unis et l’Europe et, d’autre part, le monde communiste, la Russie soviétique et la Chine. Une grande part du tiers-monde d’aujourd’hui était sous la domination des empires coloniaux, essentiellement ceux de la Grande-Bretagne et de la France.///

    En 1929, la Chine n’est pas du tout communiste (« La Condition Humaine » d’André Malraux montre que les Communistes tentent vainement de prendre le pouvoir durant la période qui précède la guerre mondiale). C’est un pays en pleine déliquescence, qui n’a guère de poids économique (au sens moderne) et qui en partie est livré au chaos (lutte entre les factions politiques [Sun Yat-Tsen – Tchang Kaï-Chek], après la fin de l’Empire, Seigneurs de la guerre, corruption – voir par exemple les romans autobiographiques de Lucien Bodard (écrivain injustement oublié à l’heure actuelle), les mésaventures de la fameuse « croisière jaune » et http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Canonni%C3%A8re_du_Yang-Tse).
    Les Japonais tentent déjà de mettre la main sur cet espace géoéconomique que les occidentaux se disputent âprement depuis les guerres de l’opium, le sac du palais d’été et les « Cent jours de Pékin » (système des concessions). Le communisme en Chine n’émergera qu’après la défaite des Japonais car l’armée de Mao s’est constituée en force organisée capable de s’emparer du pouvoir durant la lutte contre l’envahisseur nippon.

    Le traumatisme de la Première Guerre Mondiale est négligé, qui a passablement influencé les événements ultérieurs. L’Occident vainqueur en est sorti affaibli (la situation dans les colonies n’est plus de tout repos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Rif – détérioration accélérée de l’Empire britannique : IRA en Irlande et début de l’agitation aux Indes) et les États-Unis, à cette époque, sont loin d’être une puissance de premier plan (l’Armée a été considérablement réduite à l’issue de 14-18). Seuls points positifs pour les USA, la Grande Guerre n’a pas touché son territoire, a créé un élan national qui a fait oublier les divisions de la Guerre de Sécession, a assis le Fordisme (l’industrie de guerre a rationalisé la production industrielle) ; c’est la période où le pétrole devient roi (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109788.html excellent film tiré du célèbre romancier Upton Sinclair (http://www.lemonde.fr/cinema/article/2008/02/26/there-will-be-blood-dans-la-solitude-des-champs-de-petrole_1015841_3476.html).
    L’Occident battu constitue, quant à lui, un espace en décomposition, un interland, entre les vainqueurs et les soviétiques (cordon sanitaire et mise en quarantaine de l’URSS), qui vivent encore les séquelles de la Révolution et des guerres civiles, et n’ont pas encore réussi à se hisser au rang d’une véritable grande puissance. À cette époque, les Soviétiques exercent surtout une influence idéologique (http://fr.wikipedia.org/wiki/Internationale_communiste) au travers du komintern et visent à propager la révolution (même en Angleterre et aux USA). Depuis 1921, l’Italie constitue une troisième voie (ce qui complexifie ce panorama et annonce la suite des événements) : le fascisme italien est un mouvement essentiellement assis sur les vétérans de la guerre (« jeunes anciens combattants ») dans un pays qui vient à peine de se constituer et qui cherche à renforcer son unité après avoir surmonté victorieusement l’épreuve de 14-18 (l’Italie a battu l’Autriche-Hongrie son ennemi héréditaire ! les combattants rendus à la vie civile ont la nostalgie de l’esprit de corps qui régnait dans les tranchées (– la référence aux chemises rouges des garibaldiens qui se sont battus en Argonne en 1914, en tant que volontaires [l’Italie n’étant entrée en guerre qu’en 1916 contre les puissances centrales] revoie directement aux « chemises noires »). N’oublions pas non plus que la population de la planète, à cette époque, est globalement pauvre (USA et France comprise : voir « Voyage au bout de la nuit » de Céline), très largement rurale et dans une situation sanitaire déplorable (tuberculose – syphilis).
    Bref, la phrase impliquée montre une méconnaissance de l’Histoire et une confusion avec la situation géopolitique actuelle.

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  • fabien775 // 26.12.2012 à 07h02

    C’est le hold-up permanent. Crise après crise, les mêmes individus se remplissent les poches de manière profondément scandaleuse. Ce n’est pas le manque de nourriture qui font crever les enfants dans certains pays, c’est l’argent. Il y a un crime contre l’humanité perpétuel qui ne sera jamais condamné, les gens détenant les vrais manettes de la politique étant ceux qui ont instauré ce système mafieux.

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  • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 07h57

    Merci Olivier pour la diffusion, à ton tour, de ce résumé important.
    Bon bout d’an et meilleur vœux pour 2013, ainsi qu’à tous les lecteurs et commentateurs de ce blog.

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  • Letaulier // 26.12.2012 à 10h00

    Ce qu’écrit Allais est intéressant au niveau de l’analyse des causes de la crise de 29 et de celle en Asie mais les remèdes qu’il propose sont celles d’un homme d’un autre temps.
    Le temps des Empires où il suffisait de réunir dans une pièce 5 blancs (un représentant des USA, du Royaume-Uni, de la France, de l’Autriche-Hongrie et de la Russie) pour 90 de l’humanité représentée. Aujourd’hui avec les indépendance et l’émergence de nouvelles puissances le monde est devenue multi-polaire.

    Je ne prendrais que deux de ces propositions:

    « l’abandon total du dollar comme monnaie de compte, comme monnaie d’échange, et comme monnaie de réserve sur le plan international ; »
    Le dollar c’est notre monnaie et votre problème disait Kissinger. Avec une telle réforme le dollar deviendra le problème des USA. je ne vois pas comment imposer cela à la première puissance mondiale.

    « l’abandon total du système des changes flottants et son remplacement par un système de taux de change fixes, mais éven­tuellement révisables ; »
    Inacceptable pour la Chine et les USA.

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    • totor // 26.12.2012 à 14h13

      On est bien d’accord, tout cela est inacceptable… sauf que si on ne fait rien on va droit dans le mur. C’est bien cet auto-blocage qui est problématique. Idem d’ailleurs pour toute forme de régulation financière. Le premier qui bouge vraiment voit l’ensemble des activités régulées se délocaliser vers les pays plus laxistes. C’est une politique de terre brûlée dont il faut espérer qu’elle s’arrêtera avant que les populations en souffrent trop…

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  • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 10h59

    Il y a des choses qui me perturbent dans la pensée d’Allais.

    Pourquoi s’acharne-t-il sur la « création de monnaie ex nihilo » ? Cette création est simplement la matérialisation d’une reconnaissance de dette, elle n’est absolument pas nocive en soi tant que c’est l’entité émettrice qui porte la responsabilité de son « papier ».

    La vision d’Allais est très française, dans la mesure où il considère que la monnaie émise par les banques donne forcément droit à un pouvoir d’achat réel. C’est là son erreur. Ce n’est vrai que parce qu’il existe une banque centrale adossée à un gouvernement qui accepte de garantir le pouvoir d’achat de la monnaie bancaire créée. Les économistes américains du XXe siècle, et les économistes français du début du XIXe siècle, qui ont connu des épisodes de banques libres non garanties par les pouvoirs publics, savent que le problème n’est pas la création ex nihilo, mais sa garantie publique indue.

    Ensuite, quand il écrit que le dépôt est considéré comme « une encaisse disponible par son récipiendaire », ce n’est pas un problème d’ordre bancaire, mais d’ordre juridique : il est dans l’intérêt du gouvernement de faire passer des comptes d’investissement pour des comptes de dépôt pour donner aux individus une illusion de richesse. Un contrat bancaire sain avec une juridiction saine, préciserait explicitement le taux de couverture obligatoire des dépôts et les conditions de retraits, contrat ayant valeur légale pour punir les banques spéculatrices.

    Allais fait cependant l’heureuse distinction entre les banques de dépôt « réel » et les banques de « prêt ». Les dépôts réels ne sont qu’une faible partie des « dépôts »…

    Pour renverser sa conclusion, je dirais justement qu’aucune création incontrôlée ex nihilo de monnaie n’est possible ailleurs que dans un système CENTRALISE d’économie de marché.

    La pensée d’Allais sur ce point est assez malheureuse, parce qu’il aboutit à la conclusion que seul l’Etat doit battre monnaie, ce qui ouvre joyeusement la voie à une économie soviétique et inflationniste qu’il dénonce pourtant aussi.

    La crise asiatique de 1997 était largement prévisible : dès qu’il y a un taux de change fixe quelque part, il y a un risque. Le taux de change des dragons asiatiques permettait un afflux d’investissements américains. Ces investissements étaient sains au début, étant donné leurs besoins en investissements et la rentabilité du capital, mais cette rentabilité va décroissante avec le rattrappage technologique et l’accumulation du capital. Un taux de change flottant aurait corrigé la parité progressivement et stoppé l’afflux de dollars, mais le taux fixe a permis la formation d’une bulle spéculative nourrie par les dollars pas chers.

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    • Letaulier // 26.12.2012 à 11h11

      la “création de monnaie ex nihilo” signifie qu’il n’y a aucune contrepartie en terme de richesse (soit richesse produite soit stock physique , or, argent, coquillages etc..).

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      • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 11h30

        Pas tout à fait.
        Dans l’absolu, une banque pourrait très bien se passer complètement de contrepartie réelle. Quand elle accorde un crédit, la contrepartie réelle du dépôt formé par la personne qui a accepté l’argent du crédit en paiement, c’est le bien acheté. La banque ne sert que d’intermédiaire pour des dettes entre individus, et la monnaie scripturale n’est qu’une reconnaissance de dette. Les fonds propres (le cash, la contrepartie réelle dont tu parles) ne deviennent nécessaires que quand les crédits et les dépôts ont des maturités qui ne se recouvrent pas (ce qui est le cas de la quasi totalité des banques, mais ne change rien au raisonnement).

        Dans la vision d’Allais, la création ex nihilo c’est le fait même pour une banque de pouvoir accorder un crédit, indépendamment du fait qu’il soit couvert ou pas par des fonds propres, ce qui aurait un risque inflationniste. Mais si on laisse les gens libres de refuser la monnaie de singe (la monnaie adossée à un prêt bancaire douteux), ce risque disparaît.

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        • Letaulier // 26.12.2012 à 11h37

          Impossible à cause des « fuites ». Quand une banque accorde 100 de crédit elle ne récupère jamais 100 en dépôt (il y a d’autres banques ou certains acteurs économiques thésaurisent), elle se retrouve en impasse de trésorerie et doit se retourner vers le prêteur en dernier ressort (banque centrale) qui peut lui refuser son concours et c’est la crise de trésorerie.

          Le crédits font les dépôts mais pas à 100% sinon le système bancaire n’aurait aucune limite dans sa création de monnaie.

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          • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 13h09

            Sur l’ensemble des banques commerciales (et non pas sur « une banque ») les « fuites » (besoins de monnaie centrale) sont de sensiblement 13 à 15% de demande de billets qu’elles ne peuvent pas produire et 1% pour les réserves obligatoires (mais # 20% en Chine). Par contre il n’y a pas de fuites entre banques si on considère l’ensemble du système bancaire: les besoins des unes sont compensés par les disponibilités des autres, et une banque n’a pas de fuite vis à vis de ses concurrentes si si part de marché de crédits reste au même niveau que sa part de marché des dépôts détenus.

            Quand le système bancaire émets 100 de crédits, il retrouve 100 de dépôts … il n’y a pas de thésaurisation possible sur de la monnaie scripturale hors du système bancaire.

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 13h22

            Les banques n’ont donc besoin de couvrir que 13 à 15% de leur bilan avec de la contrepartie réelle, partie qui correspond aux billets en circulation. Le reste du bilan est couvert par les biens achetés avec les crédits attribués.
            Ce reste correspond donc à des dettes entre individus, sans cash ou billets intermédiaires. C’est cette partie sur laquelle Allais s’énerve.

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          • Letaulier // 26.12.2012 à 13h27

            @A-J Holbecq

            La thésaurisation de la monnaie scripturale existe. Il suffit pour n particulier d’aller à son distributeur pour retirer du cash (qui est de la monnaie banque centrale) pour se faire.

            Par ailleurs que la fuite soit de 1 ou 20% ne change pas grand chose puisque les banques (par seulement commerciales) ne peuvent pas être débitrices à la banque centrale. C’est là que le rôle de l’institut d’émission est primordial. Plus le coût de refinancement est élevé est moins les banques commerciales ont la capacité de créer de la monnaie.

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 13h52

            @LeTaulier
            « C’est là que le rôle de l’institut d’émission est primordial. Plus le coût de refinancement est élevé est moins les banques commerciales ont la capacité de créer de la monnaie. »

            C’est exactement le coeur du problème. Quand le cash est constitué de monnaie banque centrale, il suffit à la banque centrale (à l’Etat en fait) de maintenir le coût de financement artificiellement bas en faisant tourner, même un tout petit peu, la planche à billet, pour entretenir une création monétaire permanente.

            En l’absence d’institut d’émission justement, le cash est constitué de titres sur de l’or ou des actifs réels très liquides (des actions Google, des boîtes de conserve, des cigarettes, que sais-je), c’est à dire des biens dont les clients reconnaissent la valeur réelle. Ces biens n’étant pas disponibles à volonté contrairement à la monnaie centrale, les régimes sans banque centrale ne sont pas inflationnistes. Et ça c’est l’histoire qui le confirme.

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    • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 11h50

      @Benjamin Franklin
      Trois erreurs de votre part (au moins)
      – « Les dépôts réels ne sont qu’une faible partie des “dépôts”… »
      Non, les banques de dépôts sont des gestionnaires de monnaie ce qui normalement devrait représenter les actuels DAV plus une partie des DAT, probablement 20% ( Vous n’avez pas compris la différence en monnaie et épargne selon Allais)… les « dépôts » réels seraient donc bien plus importants que les montants transitant par les banques de prêts.
      – « une encaisse disponible par son récipiendaire”, ce n’est pas un problème d’ordre bancaire, mais d’ordre juridique » … ni l’un ni l’autre; pour Allais, c’est le montant estimé par l’agent ( les DAV + ce qu’il estime  » liquide » dans ses DAT)
      – « Pour renverser sa conclusion, je dirais justement qu’aucune création incontrôlée ex nihilo de monnaie n’est possible ailleurs que dans un système CENTRALISE d’économie de marché. » (ca prouve bien que vous n’avez pas compris … 🙂

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      • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 13h11

        @A-J Holbecq
        Par « dépôt réel » j’entends un compte bancaire dont le montant n’est pas reprêté mais est bel et bien disponible sous forme d’encaisses à la banque.
        Ce que je veux dire c’est qu’immobiliser sous forme d’encaisses le montant actuel des DAV et d’une partie des DAT serait d’un coût économique considérable. C’est possible (après tout c’est le bien des épargnants, ils doivent pouvoir en faire ce qu’il veulent), mais ça ferait grimper considérablement les frais de gestion des dépôts « réels ».
        En réalité la majorité des gens se contente très bien de 90% d’épargne à terme rémunérée et 10% de compte à vue/dépôt réel avec frais de gestion. Si on clarifiait juridiquement les contrats bancaires, une bonne partie de M1 basculerait vers M2, contrairement à ce que vous suggérez.

        « pour Allais, c’est le montant estimé par l’agent ( les DAV + ce qu’il estime ” liquide” dans ses DAT) ». Cf ce que je dis plus haut : à partir du moment où la banque reprête l’argent d’un dépôt, ce n’est PLUS un dépôt. L’épargnant CROIT avoir un DAV à cause du flou juridique, mais dans les faits c’est un investissement beaucoup moins liquide qu’il a.

        Je n’ai pas compris ?
        Alors expliquez moi pourquoi les systèmes de régime bancaire décentralisé/free banking comme l’a connu l’Ecosse aux XVIIIe et XIX siècle, comme les Etats-Unis au XIXe siècle et jusque 1913, comme le Canada jusque 1934, etc etc, se sont tous avérés NON inflationnistes, alors que les systèmes bancaires centralisés sont inflationnistes dès qu’on supprime l’étalon-or, et peuvent même l’être alors qu’il y a quand même étalon-or (cf 1913-1971 aux USA) ?

        Dans un système décentralisé d’économie de marché, les individus sont libres de refuser les paiements en monnaie de singe. Donc toute banque qui élargit son bilan trop vite en émettant trop de crédit, voit le pouvoir d’achat de son « papier » chuter, ce qui provoque une ruée des clients sur leur dépôt, ce qui oblige la banque à accroître ses encaisses « réelles ». Ces encaisses n’étant absolument pas émissibles « ex nihilo » contrairement à la monnaie scripturale, la banque doit stopper ses encours de crédit pour survivre.
        Ca, c’est ce qu’Allais n’a pas compris. Parce que dans son esprit figé sur le système à banque centrale, la base monétaire de la banque centrale sert d’encaisse, parce qu’elle a cours forcé. Et l’Etat peut en émettre à volonté, contrairement à l’or ou à n’importe quel « cash » adossé à un bien réel.

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        • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 13h26

          Ah, et on a droit une fois de plus au seul commentateur qui défende le free banking 🙁

          Regardez les montants des agrégats et vous verrez que vous écrivez des choses erronées
          http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do?node=100000141
          M1 est plus élevé que M3-M1

          Je ne doute pas une seconde que vous ayez mieux compris qu’Allais « dans son esprit figé » 😉

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 13h43

            Et si vous répondiez avec des arguments ?

            Le fait que je sois le seul défenseur du free banking, ça change quoi ?

            Vous comprenez un peu ce que je vous réponds ? Je suis en train de vous dire que M1, le pognon sensé être disponible à très court terme, est en réalité investi à long terme (ce qui ce voit assez clairement dans votre source d’ailleurs). Et donc que c’est une arnaque juridique, et que les contrats bancaires devraient indiquer explicitement que la majorité de M1 n’est PAS disponible à vue en réalité. Si la classification des dépôts tenait vraiment compte de leur contrepartie, M1 serait donc bel et bien largement réduit.

            Mais bon, vous vous avez sûrement tout compris, c’est sûrement pour ça que vous avez l’oreille des politiques ?

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          • chris06 // 26.12.2012 à 13h48

            « M1 est plus élevé que M3-M1 »
            oui, et c’est le contraire aux USA. Pourquoi les eurozonards éprouvent il le besoin d’avoir autant de cash?

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 14h41

              Exact ..
              Peut être à cause des taux d’intérêts réels après fiscalisation … ca ne vaut plus le coup d’avoir de l’épargne ? (c’est une question que je me pose 😉 )

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          • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 13h48

            Non, les banques n’investissent (ou n’utilisent) pas les DaV pour les prêter à long terme .. je ne sais pas ce qui vous fait penser cela.

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 14h10

            @A-J Holbecq
            A « long terme » je ne sais pas, mais les banques investissent les DaV ça c’est certain. Le DaV étant sensé être de maturité zéro et disponible à tout instant, la banque est sensée avoir les encaisses liquides correspondantes en permanence aussi, sinon il y a escroquerie. Vous voyez 5000 milliards d’€ de liquidités dans l’actif bancaire eurozone ? Même si on considère que la contrepartie des pièces et billets est composée de créances publiques (ce qui serait une escroquerie) on est toujours pas au compte.

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          • Surya // 26.12.2012 à 14h15

            Il suffit que ces DaV soit investis à court terme; soit sur des actifs divers mais ultra liquides pour qu’ils puissent être réalisés.

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 14h59

              @Surya
              Comment une banque pourrait-elle investir une dette (DaV = monnaie scripturale = élément du passif bancaire) ?

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 14h47

            Maturité « à court terme » ça reste supérieur à maturité immédiate. Et réaliser 5% d’un bilan très liquide rapidement ça se fait, en réaliser 95% ça peut poser problème si le bilan est gros. Il n’y a pas une infinité de placements ultra liquides.

            On revient au problème juridique : à un moment, les banques doivent arrêter de vendre un service qu’elles ne fournissent pas, à savoir le dépôt à vue sur des volumes de 5000 milliards. Et doivent apparaître clairement dans les contrats bancaires la part des dépôts effectivement couverte par des encaisses, les frais de gestion et les conditions de retraits y compris en cas de bank run. Peut être que la mamie du Cantal ne comprends rien à ces subtilités, mais un expert comptable mandaté par une mutuelle, un fonds de pension ou une association de consommateurs le comprends très bien.

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          • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 14h52

            Réponse message Benjamin Franklin 14:10

            J’aurai du éviter d’écrire « long terme » …
            Non, les banques ne prêtent pas les dépôts ; elles n’en ont nul besoin puisqu’elles fabriquent la monnaie (monnaie bancaire, évidemment).
            Mais il est vrai que même des « petits » banquiers le pensent (pensent comme vous) et se trompent… explications:  » http://monnaie.wikispaces.com/Les+banquiers+vous+diront…  »

            Quand au fait qu’elles n’aient pas de contreparties en monnaie banque centrale, c’est justement ce que nous demandons avec la mise en place du SMART (100% monnaie); qu’il y ait en Banque Centrale contrepartie de TOUTE la monnaie DaV déposée en banque de dépôts lesquelles ne seraient que des comptables de monnaie scripturale et ne pourraient plus créer de nouvelle monnaie de crédit.

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          • Surya // 26.12.2012 à 15h08

            @A-J Holbecq

            « Comment une banque pourrait-elle investir une dette (DaV = monnaie scripturale = élément du passif bancaire) ? »

            par construction; s’il y a un montant au passif (créance envers la clientèle); il y a un truc « en face » à l’actif. Comme les dépôts peuvent finir sur les marchés monétaires / obligataires et même actions (c’est le cas du livret A et autres)

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 15h18

              @Surya (15h08)

              Nous sommes donc bien d’accord, ce ne sont pas les DaV qu’elle peut investir.
              Quand une banque « monétise » un actif, elle crédite le compte DaV de son emprunteur … cette monnaie va circuler et se retrouver dans un autre réseau bancaire en fonction de la part de marché de la banque.
              Non, croyez moi, une banque ne prête pas les dépôts (mais si vous ne voulez pas me croire, ça m’est indifférent)… mais une société financière peut évidemment prêter de l’épargne; néanmoins tout cela n’est que des reconnaissance de dette croisées et en principe garanties par des actifs; mais c’est bien le propre de la monnaie actuelle.

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          • Surya // 26.12.2012 à 15h10

            @BJ : « Il n’y a pas une infinité de placements ultra liquides. »

            Non, mais vous avez quand même le marché des changes et les marchés de taux qui ont de très (très très très) gros volumes et sont ultra liquides.

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 15h21

            @A-J Holbecq
            Mais j’ai déjà lu votre site, et figurez vous que je suis parfaitement d’accord avec l’essentiel de ce qui s’y trouve (et d’ailleurs la précision des données y est excellente), il n’y a que la conclusion qui me dérange.

            Vous dites que les banques fabriquent la monnaie, oui : les banques génèrent toutes les lignes de crédit qu’elles veulent.
            Mais n’oubliez pas qu’à un moment, cet argent est dépensé (sinon sa création ne poserait aucun problème à personne). Et donc se retrouve sur les comptes bancaires des gens qui l’ont accepté comme paiement.

            Donc quand je dis que les banques « prêtent » les dépôts, ça veut dire que 85% de la monnaie des dépôts, c’est de la monnaie des crédits émis par les banques et utilisée pour acheter des biens et services d’investissements, que les vendeurs de ces biens, qui ont donc récupéré cette monnaie sur leurs comptes, ne peuvent pas réclamer instantanément sous forme de cash (puisqu’ils sont utilisés par d’autres). Le reste de la monnaie des crédits est adossée à des actifs liquides propriété de la banque, que celle-ci a mis en gardiennage à la banque centrale pour avoir des billets et les fournir aux clients.

            C’est ce que je dis depuis le début, et là dessus il me semble que vous êtes toujours d’accord avec moi.

            Là où je ne vous rejoins pas, et Allais non plus, c’est quand lui (ou vous ?) affirme que ce système est inflationniste (et permet donc la spéculation) parce qu’il n’y aurait aucun frein à la création monétaire. Mais en fait si il y en a un ! Il suffit que les détenteurs de biens physiques REFUSENT la monnaie scripturale d’une banque comme paiement pour la mettre en énorme difficulté et calmer sa frénésie de crédit. Et comme la monnaie d’une banque inflationniste perd son pouvoir d’achat, ça finit forcément par arriver.

            La question que je vous pose maintenant est : quelle différence entre demander à sa banque d’avoir simplement la contrepartie en cash des DaV dans ses propres caisses, et lui demander de l’avoir à la banque centrale et d’utiliser la monnaie centrale comme intermédiaire ?

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 15h33

              Je ne souhaite pas reprendre un débat sur la monnaie sur le blog d’Olivier, je vais donc juste répondre à votre dernier paragraphe.
              Dans le cadre proposé de 100% monnaie on pourrait effectivement demander aux banques d’avoir des espèces dans leurs coffres en garantie.. mais quelle complication, quels risques, et quelle « inutilité » ….
              Les banques de dépôts (que nous appellerions « CSM » = Compagnies de Sureté Monétaire » ) ne seraient que les gestionnaires des échanges commerciaux ou particulier. A ce titre elles devraient disposer de la garantie de la totalité de la « monnaie liquide » (dans le sens de « liquidités », et non pas dans le sens « d’espèces ») en Banque Centrale; il n’est pas question que les échanges se fassent en monnaie centrale mais il y aurait bien compensation du solde en Banque Centrale tous les soir entre les différentes CSM, en fonction des échanges réalisés en monnaie secondaire.

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          • chris06 // 26.12.2012 à 15h23

            Toute la question si on passait à un système 100% monnaie entièrement contrôlé par la puissance publique, avec lequel je suis assez d’accord car il permet de garantir à tout moment le fonctionnement de ce qui est absolument vital, c’est à dire le « système de paiement » (c’est à dire l’échange de cash, qu’il soit sous forme de billets ou d’instruments de la monnaie scripturale), est de savoir comment calculer la quantité de monnaie qu’il faut créer.

            Allais dit:

            « l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires[21]
            [21] Le taux d’accroissement de la monnaie de base serait égal au taux d’accroissement du PNB réel, augmenté du taux souhaité de hausse de prix, en principe de 2 %. [AA : on retrouve le K % de Milton Friedman. »

            Mais cela soulève de sérieuses questions:

            1. cela suppose l’existence d’une autorité monétaire globale (une genre de banque centrale mondiale) chargée de créer cette quantité de monnaie: on retrouve le même problème avec les propositions de Keynes sur le Bancor, est il raisonnable de penser que les nations fassent au niveau mondial ce qu’elles semblent avoir des difficultés à faire au niveau européen?

            2. Allais réutilise la règle des K% de Friedman, mais posons nous ces questions, juste en matière d’exemple:

            2.1 quel taux de croissance pour l’économie globale en 2013? On le tire d’un chapeau? On fait confiance aux bureaucrates?

            2.2 pourquoi 2% d’inflation? Pourquoi pas zéro?

            vaste débat…

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 15h45

              @Chris
              Simple avis ..

              1 – je n’ai pas souvenir qu’Allais pensait à une monnaie mondiale

              2 – oui

              2.1. – Allais était partisan de déterminer un objectif de croissance et de réguler la masse monétaire (DaV) sur le long terme à raison de 4 ou 5% de croissance de celle ci annuellement. C’est d’ailleurs étonnamment très post keynésien, mais pas très étonnant si on considère que cette monnaie est une recette budgétaire supplémentaire dont l’utilisation *initiale* est réservée aux investissements (les circuits postérieurs de la monnaie étant évidemment laissés au choix des ménages et des entreprises)

              2.2. – J’ai souvenir qu’il avait justifié les 2% annuels d’inflation (qui est d’ailleurs aussi l’objectif de la BCE): malheureusement je suis incapable de me souvenir dans lequel de ses écrits pour retrouver son explication

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 15h50

            @A-J Holbecq
            Etes-vous conscient que ce que vous proposez est précisément le système actuel mais en réserve intégrale, quand on y réfléchit bien ?

            @chris
            J’ai peur que le 2.1, personne n’ait la réponse, et pour cause, aucune administration ne collectera jamais assez d’information pour fixer le taux idéal. On ne transpose pas l’humanité en équations…

            Sur le 2.2, excellente question… pourquoi les systèmes bancaires où le taux est finalement déterminé uniquement par les agents économiques, s’avèrent eux déflationnistes ?

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          • chris06 // 26.12.2012 à 16h03

            @AJH,

            1. non, je ne parle pas d’une monnaie unique mondiale, mais d’une monnaie commune mondiale, qui sert d’étalon de change (les taux de changes des monnaies nationales sont fixés et révisés par rapport à cette monnaie commune de manière à tendre vers l’équilibre commercial) et pour régler les soldes des balances commerciales. Allais parle bien de l’expansion de la masse monétaire « globale » qui serait directement liée à cette quantité de monnaie commune mondiale dont la quantité émise par cette banque centrale mondiale serait calculée en fonction de la croissance mondiale et de l’inflation (mettons 2%).

            2.1 est tu sûr qu’un objectif de croissance pour l’économie mondiale de 4% ou 5% pour les dix années qui viennent est un tant soit peu réaliste? Pas moi!

            2.2 je n’ai jamais trouvé de justification satisfaisante à ce mythe comme quoi 2% d’inflation était « optimal ». Je pense qu’on ferait mieux de se cantonner à un système non inflationniste

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          • chris06 // 26.12.2012 à 16h40

            Pour résumer cette discussion, je suis favorable à un système 100% monnaie, c’est à dire où tout le système de paiement (qu’il soit sous forme électronique ou papier) soit contrôlé par une instance publique (banque centrale: plus besoin de « banques de dépôt » ou de CSM, de nos jours, avec l’informatique, pas bien compliqué de faire en sorte que’ l’intégralité des transactions de paiement soit effectuées sous l’égide d’une instance publique puisqu’il n’y a pas de décisions à prendre mais simplement comptabiliser des transactions) et séparé du système de financement (crédit) qui lui peut être confié à des banques privées. C’est la seule manière de garantir que le système de paiement, ce qui est absolument vital, soit garanti de fonctionnement à 100% (pas 99,9%!). Car si le système de paiement a une faillite systémique, c’est la fin des haricots.

            Je pense d’ailleurs que là dessus il y a un consensus de nombreux libéraux (de Allais à Fischer, en passant par Friedman, et même, il me semble, Rothbard).

            Toute la question est comment calculer la quantité de monnaie qui doit être créée? Si on veut un système où la monnaie est neutre, le seul qui puisse assurer que les marchés soient efficaces dans leur détermination des prix, il faut que d’année en année, la quantité de monnaie évolue au même rythme que celui des richesses réelles qui ont été créé. Vu que, comme l’a justement remarqué Benjamin, personne ne peut prévoir quelle sera la croissance (ou décroissance) d’une année sur l’autre, il faut un mécanisme qui permette à la banque centrale (ou système de paiement) de retirer de la circulation une quantité donnée si les prévisions de croissance se sont avérées trop optimistes.

            Il nous faut donc un système de paiement (monnaie) public mais qui soit à l’abri des manipulations de la part de politiciens ou banquiers centraux obnubilés par des décisions électoralistes à court terme.

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 16h48

              Globalement d’accord avec toi, Chris, mais il faut laisser de « l’intelligence » et du politique dans la régulation.
              J’avais proposé – mais il y a surement d’autres possibilités – que les Parlementaires, avant de voter la loi de finance (incluant le choix de l’émission monétaire par la Banque de France au bénéfice du Trésor Public), puissent avoir l’avis d’une commission formée d’économistes, ainsi que du Gouverneur de la BdF et de la Cour des Comptes.
              Il semble néanmoins que les variations brutales (même contra cycliques) pourraient avoir un effet négatif; il serait peut être souhaitable d’avoir des décision triennales ou quinquennales et de ne pas y revenir.

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          • Letaulier // 26.12.2012 à 16h43

            Chris, le suppose que le Père Noël t’a livré 10 kilos de hachisch et que tu as tout fumé en une seule nuit!

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          • chris06 // 26.12.2012 à 16h56

            @AJH

            « ce qui ferait une monétisation annuelle très raisonnable de 50 Md€ avec 4% dont 3% d’inflation et 1% de croissance en volume du PIB.
            C’est jouable, non ? »

            à mon avis, non. La croissance dans les années qui viennent sera très probablement négative et je ne vois pas pourquoi on devrait tabler sur une inflation de 3% : c’est de la manipulation politique. Compte plutôt -1%, c’est à dire non pas une monétisation de de 50 Md mais une destruction monétaire de 15 Md. Cela ne fera pas plaisir aux marchés mais on moins, on s’apercevra que les prix de marché auront plus de lien avec le monde réel plutôt que les aberrations qu’on voit actuellement.

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            • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 17h01

              C’est là que nous divergeons … je suis plus proche des post keynésiens et des néochartalistes sur ce sujet: je pense qu’il faut au contraire investir massivement dans la transition écologique et énergétique, et tant pis pour l’inflation.
              Mais ton point de vue est tout à fait respectable 😉

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          • chris06 // 26.12.2012 à 17h40

            @AJH,

            ben au moins, nous sommes d’accord sur l’intérêt du 100% monnaie (full reserve banking) . Le système de paiement, c’est à dire la monnaie sous sa forme de billets ou sous forme électronique (dans un certain temps, il n’y aura plus de billets mais que des portefeuilles électroniques), est par essence, un bien commun, donc la gestion et le maintient de ce système de paiement (incluant la création de monnaie) doit rester une prérogative régalienne de l’Etat, mais à condition que l’Etat ne puisse pas manipuler sa valeur par des politiques inflationnistes néo-keynesiennes (ou néo-chartalistes).

            Sinon, je préfère encore le système du free-banking que propose Benjamin qu’un système où l’Etat peut faire tourner la planche à billets comme bon lui semble pour financer ses dépenses, aussi intelligentes soient elles.

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  • Coligny // 26.12.2012 à 11h41

    A nouveau un grand merci à Olivier Berruyer de reprendre un texte de ce grand économiste que fut Maurice Allais. Malheureusement il ne fut pas écouté de son vivant et l’Université française l’a boycotté même si il demeure quelques universitaires qui restent fidèle à sa pensée. En fait il n’appartenait à aucune école , ne se disait-il pas « socialiste libéral » dans les années cinquante?

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    • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 13h17

      Tout à fait..

      Cf sa toute dernière interview (à Marianne) en décembre 2009

      Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément.

      …la suite sur http://osonsallais.wordpress.com/2009/12/16/contre-les-tabous-indiscutes-marianne-051209/

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  • chris06 // 26.12.2012 à 13h33

    Joyeux Noël à tous.

    Merci à Olivier pour ce texte qui constitue une bonne base de discussion qui a au moins le mérite de structurer les questions essentielles. De plus, Allais a, à mon avis, entièrement raison sur un point tout a fait fondamental:

    « en fait, la presque totalité des difficultés actuelles résulte d’une part d’une méconnaissance totale des conditions monétaires et financières d’un fonctionnement efficace et équitable d’une économie de marchés, et d’autre part d’une structure inappropriée des institutions bancaires et des marchés financiers. »

    Autrement dit, le débat politique doit porter sur ce que j’appellerais « l’architecture du système monétaire, bancaire et financier », c’est à dire, comme le dit justement Allais, les conditions qui doivent permettre un fonctionnement efficace et équitable d’une économie capitaliste de marchés, et non pas sur la question de savoir si le capitalisme est à l’agonie ou qu’il faille passer à quelque chose d’entièrement différent comme le suggèrent les néo-marxistes et autres anti-capitalistes en herbe.

    Autrement dit, le système de prix (des biens de consommation et des actifs) qui résultent d’un système de marchés (offre et la demande, prix se font à la marge, la valeur dépend de l’utilité marginale) doit pouvoir fonctionner de manière efficace et équitable, mais pas si le moyen d’échange et l’unité de compte qui sous tend ce système de prix, la monnaie, et ses vecteurs de création, de distribution et d’échanget n’obéissent pas à des conditions bien particulières dont il s’agit de débattre aujourd’hui.

    Il est a peu près certain que si on continue avec l’architecture actuelle (changes flottants, monnaie de réserve dominante dollar, système de paiement non scindé du système de financement, etc…) ce système finira par exploser entraînant des évènements politiques, sociaux et économiques dont la violence sera sans aucune commune mesure avec tous ceux que l’humanité à connu jusqu’à ce jour…

    Pour répondre à Le Taulier plus haut, espérons, c’est notre seul espoir, que les américains, les chinois, les européens, les russes, les japonais, les indiens, les brésiliens finissent par ce mettre vraiment autour d’une table pour en débattre et mettre en place une nouvelle architecture monétaire, bancaire et financière avant qu’il ne soit trop tard.

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    • Dadone // 26.12.2012 à 16h51

      Tu vis surement proche de Disney Land pour dire écrire :
      « avant qu’il ne soit trop tard »
      C’est déjà et depuis longtemps ‘ »bien trop tard » , aucune réforme d’aucune sorte de ne peut désormais éviter l’effondrement complet du système.
      La dette US est de 200 000 $ par habitant
      la dette au RU est encore supérieure
      Toutes la croissance des 30 dernières années c’est faite à crédit.
      Le système tel que nous le connaissons est désormais en fin de vie exactement comme feu l’URSS, ne pas le comprendre est simplement de l’aveuglement…

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      • chris06 // 26.12.2012 à 17h19

        @dadone,

        ben le système monétaire et bancaire actuel (celui mis en place depuis 1971) est effectivement en fin de vie et on arrivera probablement à son effondrement complet dans moins de dix ans si rien d’autre n’est mis en place avant cela Quand à l’économie capitaliste de marché, sauter sur sa chaise comme un cabris en répétant qu’il est à l’agonie, c’est bien gentil mais cela reste à voir.

        « La dette US est de 200 000 $ par habitant »

        Et alors? Cette dette est bien la propriété (l’épargne) de quelqu’un d’autre non? Donc c’est juste une question de comment on réparti les conséquences et comment on organise le défaut d’une partie de ses dettes. Y’a pas de raisons que cela entraîne l’explosion totale du système si on a réfléchi un peu à comment on s’occupe de ce problème, et surtout, avant que cela n’ait lieu!

        De toutes façons, quelle est l’alternative, se dire, comme toi, que tout est perdu d’avance, le système complet va s’effondrer, ce sera la troisième guerre mondiale (parce que si tu crois que les possédants abandonneront leurs privilèges sans cela, tu crois plus au Père Noël que moi) ou quelque chose de similaire, et les rares survivants vivront heureux dans un monde avec 10 fois moins d’habitants sur terre dans une jolie utopie néo-marxiste qui reste à créer?

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        • Patrick Juignet // 26.12.2012 à 17h45

          D’accord avec chris06.
          Ce n’est pas parce qu’il y a crise, endettement, augmentation des inégalités, que le capitalisme est à l’agonie, comme certains le prophétisent. Le capitalisme prend actuellement une tournure ultralibérale, mauvaise pour notre civilisation, mais pas pour lui en tant que système politico-économique. Plus que jamais, il étend son emprise.

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          • toutouadi // 26.12.2012 à 17h55

            Le capitalisme a besoin de marchés… La paupérisation n’aide pas … et la compétition empêche toutes régulations redistributives.

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          • Benjamin Franklin // 26.12.2012 à 18h42

            Soyons fous et voyons les choses un poil différemment.

            Le capitalisme libéral se porte très bien. Depuis 40 ans qu’il s’étend dans le tiers-monde, il a sorti 3 milliards d’humains de la misère. Il a terrassé l’Union Soviétique, et l’Europe de l’Est s’y est converti pour son plus grand bien. Depuis que la Chine s’y convertit lentement, le niveau de vie des chinois a décuplé.

            Grâce aux richesses qu’il génère, les pays les plus pollués de la planète (Chine, ex-URSS) ont un espoir de résorber leur pollution.
            L’amélioration du niveau de vie qu’il permet, accélère la transition démographique de tous les pays où il s’étend, évitant la bombe malthusienne.

            Certes, les interventions des Etats pour manipuler autoritairement les taux de changes (comme le fait la Chine, comme l’a fait l’Argentine, comme l’ont fait les pays asiatiques avant 97), pour baisser artificiellement les taux d’intérêt (Fed, BCE), pour forcer la convergence des taux d’intérêts (Eurozone), pour subventionner les investissements risqués ou douteux (subprimes, immobilier), pour renflouer avec l’argent public les erreurs privées (un peu partout), ont ralenti le progrès global de l’humanité, mais, à grands coups de défauts bien sentis, le capitalisme libéral va purger l’abcès et reprendre sa route.

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          • toutouadi // 26.12.2012 à 19h05

            @ben

            Arrête grand fou !!! Snif trop beau !!

            Dire qu »avec la crise j’ai failli devenir marxiste !!! Merci ben pour ces nouvelles perspectives.

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        • Dadone // 27.12.2012 à 13h10

          Et alors? Cette dette est bien la propriété (l’épargne) de quelqu’un d’autre non?

          NON, c’est l’épargne de personne et c’est bien là le problème cet argent n’existe pas, ce sont des « promesses de payer ». Et quant les promesses ne sont pas tenus c’est l’effondrement.
          fAIT L4ANALOGIE AVCE LA BULLE eSPAGNOL;
          l4A

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        • Dadone // 27.12.2012 à 13h11

          Et alors? Cette dette est bien la propriété (l’épargne) de quelqu’un d’autre non?

          NON, c’est l’épargne de personne et c’est bien là le problème cet argent n’existe pas, ce sont des « promesses de payer ». Et quant les promesses ne sont pas tenus c’est l’effondrement.
          Fait l’analogie avec la bulle Espagnol, l’argent est crée AVANT les problèmes, ilm n’y aucun contrepartrie à cet argent cérre ex nihilo.
          Cela a negendre de l’infla

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        • Dadone // 27.12.2012 à 13h14

          Et alors? Cette dette est bien la propriété (l’épargne) de quelqu’un d’autre non?

          NON, c’est l’épargne de personne et c’est bien là le problème cet argent n’existe pas, ce sont des « promesses de payer ». Et quant les promesses ne sont pas tenus c’est l’effondrement.
          Fait l’analogie avec la bulle Espagnol, l’argent est crée AVANT les problèmes, il n’y a aucune contrepartie à cet argent créé ex nihilo.
          Cela a engendré de l’inflation (salaires, immobilier) jusqu’à rendre l’Espagne non compétitive puis il faut rembourser cet argent…

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          • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 14h54

            Ces « promesses de payer » n’entrent dans le circuit monétaire qu’au moment où quelqu’un les accepte en paiement.
            S’il y en a trop, il y a forcément inflation (que la comptabilité nationale n’arrive pas forcément à détecter, en particulier l’inflation sur l’immobilier).
            S’il y a inflation, les gens épargnent moins, à moins long terme, et réclament plus de cash pour la consommation immédiate.
            Sauf que ce cash lui, il n’est pas émis par les banques, il est émis par la banque centrale. Donc normalement à ce stade l’arnaque aurait dû exploser au grand jour, quand les clients des banques auraient découvert qu’il n’y a pas assez de cash dans les coffres des banques. Et les banques concernées auraient fait faillite par bank run.

            Sauf que du cash il y en avait assez, parce que la banque centrale a, en toute discrétion, fait tourner (un peu, mais régulièrement) la planche à billets.

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  • toutouadi // 26.12.2012 à 16h57

    Maurice Allais me laisse dubitatif…

    A mon avis la mécanique du crédit bancaire est plutôt pertinente et elle a quelques sérieux atouts tels que sa capacité réelle à répondre aux besoins en investissements ou son aptitude dynamique à adapter la masse monétaire à l’économie.

    Le problème ça serait plutôt le cadre privé dans lequel elle exerce et le financement de l’économie par l’épargne car les deux sont facteurs de concentration patrimoniale.

    On peux appeler, le crédit bancaire, à juste titre :
    Création monétaire ex nihilo
    Argent dette.
    Création monétaire privée.
    La grande spoliation des déposants (intérêts)

    Mais dans un cadre public la même mécanique bancaire peut s’appeler:
    Crédit mutualisé

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    • chris06 // 26.12.2012 à 20h02

      par quoi d’autre que l’épargne proposez vous de financer l’économie? La planche à billets?

      Au fait, c’est vrai qu’il n’y a absolument aucun exemple d’organismes de crédit qui opéraient dans un cadre public qui ont fait tout et n’importe quoi avec l’argent des épargnants et toutes sortes de mauvais investissements… Crédit &Lyonnais en France, Caisses d’épargne espagnoles, Fannie Mae et Freddie Mac aux USA… mais bon, c’est sûr, la « mécanique bancaire » dans un cadre public c’est la panacée, forcément?

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      • chris06 // 26.12.2012 à 20h50

        en quoi le fait que le crédit bancaire soit dans un cadre public fait il en sorte que ce n’est plus l’épargne qui finance l’économie?

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        • Letaulier // 26.12.2012 à 20h55

          Le crédit bancaire dans un cadre public c’est comme filer les clés du bar à un alcoolique.

          Le rôle de l’Etat c’est de réguler pas de gérer au quotidien les boites même une banque.

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          • Patrick Luder // 26.12.2012 à 21h00

            Alors d’après toi, le « public » est incapable de discernement et de responsabilité ???

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            • Letaulier // 26.12.2012 à 21h19

              Oui, car le « public » c’est en fait les politiques et la seule chose qu’ils discernent bien c’est la date de la prochaine élection.

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        • toutouadi // 26.12.2012 à 22h01

          @letaulier

          « Oui, car le “public” c’est en fait les politiques et la seule chose qu’ils discernent bien c’est la date de la prochaine élection. »

          Les échecs patent des politiques sont aussi dûs aux confrontations et rapports de forces avec les réalités économiques et surtout financières.

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          • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 09h28

            Donc quand le « public » se plante, c’est forcément la faute à la méchante conjoncture, mais quand c’est le « privé », c’est parce que c’est des fourbes capitalistes, c’est ça ?

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          • toutouadi // 27.12.2012 à 09h45

            @ben

            Sacré Ben !! Un peu d’attention stp …

            « Les échecs patent des politiques sont A U S S I dues … »

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          • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 10h25

            Donc l’argument du taulier reste entier.

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          • toutouadi // 27.12.2012 à 10h52

            Effectivement j’ai ouïe dire (n’est-ce qu’une rumeur ??) que les politiques pouvaient être confrontés avec des problèmes de corruptions, d’incompétences, d’aveuglements idéologiques etc…

            Mais vous (toi et letaulier) avez vous ouïe dire A U S S I que des intérêts publics pouvaient se trouver confrontés avec des intérêts purement privés. (Au hasard : industrio-financier)

            Mais le plus ballot dans cette histoire c’est que les secteurs privés et public sont en réalité totalement dépendant financièrement de ces intérêts purement privés !!
            Trouvez l’erreur ? (toujours toi et letaulier)

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          • toutouadi // 27.12.2012 à 11h09

            Mais vous (toi et letaulier) avez vous ouïe dire A U S S I que des intérêts publics (dans le sens: intérêt général, intérêt collectif) pouvaient se trouver confrontés avec des intérêts purement privés. (Au hasard : industrio-financier)

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          • totor // 27.12.2012 à 12h18

            Il y a une propension chez les partisans du tout privé à inférer de la proposition:
             » l’État est corrompu, inefficace et incompétent » (ce qui est discutable mais pas complètement faux)
            … la conclusion:
            « DONC il faut supprimer l’État. »

            qui me paraît délirante. Sans l’État (ou avec un État très faible) c’est la loi de la jungle, avec comme conséquence des inégalités très fortes, des mafias (ou des intégristes) qui prennent le contrôle de la sécurité publique dans les régions les plus pauvres et des riches qui s’enferment dans des condominiums avec des gardes et des miradors. C’est d’ailleurs exactement le modèle de société qu’on retrouve dans certains pays d’Afrique où d’Asie.

            Personnellement, ma conclusion serait plutôt:
            DONC… il faut limiter les conflits d’intérêt, revenir à une vraie séparation des pouvoirs à la mode Montesquieu, interdire le cumul des mandats et les professionnels de la politique, etc… bref retrouver un État fonctionnel et démocratique.

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          • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 13h03

            @toutouadi
            La « société civile » c’est le privé à but non lucratif. Ce sont les syndicats (les vrais, ceux qui ne sont pas subventionnés, genre les syndicats allemands ou scandinaves), les associations de consommateurs, les mutuelles, les fondations.
            La société civile est capable de gérer l’intérêt public bien mieux que ne le font l’Etat et les politiques, parce que les associations privées sont « en concurrence », ce qui veut dire qu’on peut quitter une association mal gérée, lui retirer ses financements, et en choisir voire en créer une nouvelle si on veut.
            Ca c’est le premier point.

            Le deuxième point, c’est que les intérêts purement industrio-financier ne sont pas défendus par le marché, le capitalisme ou le libéralisme. Le capitalisme libéral, les entreprises il s’en fout complètement. Il défend le consommateur, point barre. Une entreprise qui n’est pas subventionnée ou aidée par la réglementation, ne doit son succès qu’à l’adhésion des consommateurs à ses produits. Autrement elle crève.
            Or il se trouve que les intérêts industrio-financier dont tu parles ne doivent leur salut qu’à l’aide active et vigoureuse des pouvoirs publics dans lesquels tu places apparemment tous tes espoirs.

            Donc si on résume :
            petit Etat (minarchiste) + société civile => petit Etat transparent facile à contrôler par les citoyens + solidarité efficace
            gros Etat providence + démolition de l’initiative individuelle => Etat corrompu, qui aide les ploutocrates + sécu inefficace

            Va demander aux scandinaves leur avis.

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      • toutouadi // 26.12.2012 à 20h53

        Amplifié par le système de réserve fractionnaire, le système de crédit bancaire par le biais des intérêts extirpe l’argent de l’économie réelle pour alimenter le système financier et le patrimoine des plus nantis.

        Non inflationniste dans une économie en croissance, la création de richesse compensant l’accroissement de la masse monétaire, le crédit bancaire devient potentiellement inflationniste en cas de croissance insuffisante.
        Notre perception d’une monnaie peu inflationniste depuis plusieurs décennies, bien que la croissance soit en berne, pourrait être due à la conjoncture de deux phénomènes qui telles les deux mâchoires d’un étau enserreraient et broieraient les peuples au seul bénéfice de la propriété privée.

        1) Extirpation de la monnaie du circuit de l’économie réelle dans le circuit stérilisant de la finance, par le biais des intérêts du crédit bancaire.
        2) Mécanismes déflationnistes initiés par la compétition productiviste et son cortège de privatisations, de dumping social et salarial, par le biais de l’épargne actionnariale et des rapports de forces induits.

        Cependant à la décharge de ce système il lui faut reconnaître quelques sérieux atouts tels que sa capacité réelle à répondre aux besoins en investissements ou son aptitude dynamique à adapter la masse monétaire à l’économie.

        Mais surtout, ce que peu de gens ont vu, c’est l’efficience de la mutualisation des dépôts permettant ainsi de bâtir et de garantir un crédit au bénéfice d’une tierce partie !!!

        Les déposants à l’origine de ce fabuleux processus de mutualisation sont pourtant exclus de la manne des intérêts !!!

        Cette capacité mutualiste des dépôts tendrait à démontrer que l’on peut dissocier l’investissement de l’épargne privée et tel que le préconise Frédéric Lordon, la fermeture des bourses devient tout à fait possible dans le cadre d’un système bancaire public et ceci sans handicaper, d’aucune manière, la capacité d’investissement du système.

        En reprenant l’initiative du financement de l’économie, le système public pourrait alors se confronter aux bulles patrimoniales qui devront alors faire face à des systèmes fiscaux totalement désinhibés.

        Bien sûr l’épargne privée, devenant obsolète, devra être compensée afin de répondre aux désirs légitimes des gens à se préserver face aux aléas de la vie, et les couvertures sociales tel que la santé, l’éducation, le chômage, les retraites et les minimums de revenus décents, deviendront impératifs.
        Dégagé des contraintes de la rente du financement privé, le coût pour la collectivité d’une telle redistribution, contrairement à ce que prétendent les défenseurs du libéralisme, est soit nul dans le pire des cas, soit plus sûrement à solde positif.
        Le secteur entrepreneurial privé peut voir ce brassage de richesse sociale comme de nouvelles opportunités et un investissement par la demande. Le coût d’un système social public bénéficie d’un rendement bien supérieur à celui d’un système privé tout en répondant bien mieux à la réalité des besoins.

        Options de redistributions des intérêts du crédit bancaire :

        1) Contribution au budget de l’état.
        2) Subside à la banque centrale dans le cadre de politique monétaire générale.
        3) Rétribution des comptes au prorata des dépôts.
        4) Rétribution des comptes identiques pour tous.

        A titre personnel je serais plutôt un ardent défenseur de la 4eme proposition, en effet cette solution serait un efficace soutien à la demande et pourrait devenir l’embryon d’un revenu universel d’existence et dans tous les cas un levier de lissage des patrimoines mais surtout un puissant vecteur de développement transnational dans le cadre d’une zone monétaire. De plus la diversité des mécanismes de redistribution serait une garantie face aux états dont les structures tant fiscales, qu’administratives peuvent être momentanément déficientes.

        Cependant, il ne faut pas voir dans ce système un mécanisme auto-régulé de redistribution, une économie moderne devra intégrer la nécessité d’une croissance à taux variable et négative à terme, de ce fait la redistribution par le biais de l’investissement sera insuffisante et devra être compensée par de réelles mécanismes tant sociaux que politiques.
        Croire en un mécanisme miracle qui s’autorégule par la demande serait faire preuve de la même illusion que les libéraux qui, observant la croissance liée à la reconstruction des 30 glorieuses et le relatif équilibrage des rapports de force sociaux entre les classes rentières, entrepreneuriales et salariales, ont cru en l’autorégulation par l’offre et en la pérennité du capitalisme.

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  • Fabrice // 26.12.2012 à 18h40

    « 1 – La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire. »

    en partant de ce principe et de ce que j’ai déjà entendu et compris au lieu des Bâles 1, 2,… la gestion des effets de leviers à la disposition des banques seraient gérés par la Banque centrale (je pense que cela a été évoqué maintenant mais bon) :

    une banque accrédité par la BC en tant que tel se verrait attribué une somme distribuable en prêts fixée en fonction des fonds propres déclarés par la banque.

    Banque JESERSLEREEL :

    fonds propres 100 -> capacité de prêts (sous contrôle et/ou autorisé sur compte BC effet de levier 20) 2000 augmentation de potentiel de prêt automatiquement lié à une augmentation de fonds propres.

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    • A-J Holbecq // 26.12.2012 à 19h07

      Désolé Fabrice, mais ce n’est pas cela du tout . La Banque Centrale serait la seule émettrice de la nouvelle monnaie, versée chaque année au compte du Trésor Public . Ensuite cette (nouvelle) monnaie circule et une partie épargnée (par les ménages et les entreprises) et mise à disposition des banques de prêts en complément de l’épargne existante, banques de prêts qui joueront le rôle des actuelles sociétés financières.

      Lire un résumé du système « 100% monnaie » (SMART) ici: http://ecosocietal.wordpress.com/2012/10/02/smart/

      In fine, aucune banque commerciale ou structure financière ne serait en droit de créer une quelconque quantité de monnaie « de crédit » que ce soit; le crédit (les prêts) ne peut dépasser l’épargne et la masse monétaire ne grossit qu’en fonction de la volonté « politique »

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      • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 09h31

        Mais dans votre système, vous interdisez donc formellement l’usage des monnaies privées ? Parce que le papier émis par les banques n’est rien d’autre que de la monnaie privée, le vice actuel du système c’est le fait que l’Etat accorde un « taux de change » préférentiel bien trop avantageux entre les monnaies bancaires et la base monétaire.

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        • A-J Holbecq // 27.12.2012 à 09h42

          Oui, la monnaie doit être un bien collectif lors de son émission: il n’y a aucune raison de laisser son émission à des entreprises privées… que celles ci se contentent d’un rôle d’intermédiation et la gestion comptable des moyens de paiement; ils seront rémunérés pour cela.

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          • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 10h50

            Il ne s’agit pas tant de la laisser à des entreprises privées que de la laisser aux citoyens eux-mêmes en fait : la valeur d’une monnaie ne dépend que du bon vouloir de la personne qui l’accepte en paiement. En imposant un monopole public de la monnaie, vous courrez le risque qu’en cas de mauvaise gestion de celle-ci, il n’y ait aucune échappatoire.

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  • Patrick Luder // 26.12.2012 à 20h58

    Dans les grandes lignes, la finance d’aujourd’hui est juste au service de la finance => c’est bien cela que Maurice Allais essayait de combattre, il voulait une finance au service de l’Etat et donc du peuple et c’est bien pour cette raison que ses réflexions ont été mises aux oubliettes.

    Pour les détails, il ne faut pas perdre de vue qu’ils ont quelques décennies de retard …

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    • Letaulier // 26.12.2012 à 21h45

      Tu confonds Etat et peuple.

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      • Fabrice // 27.12.2012 à 00h13

        ah rectification le Taulier ce sont les politiques qui ont oublié que l’état travaillait pour les citoyens donc l’état c’est le peuple (des rois ont perdu la tête en oubliant ce principe et ayant fini par croire que l’état c’était eux).

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        • Benjamin Franklin // 27.12.2012 à 09h35

          Alors ce sont les politiques qui ont le pouvoir, pas l’Etat. Le problème reste entier.
          Mais il y a beaucoup d’exemples historiques où « l’Etat » ce sont des gens honnêtes et compétents ?

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    • Fabrice // 27.12.2012 à 00h21

      Cela me paraît étrange quand même qu’il n’ait pas prévu une marge pour permettre le prêt (dans une certaine limite) car le risque (sans levier) n’est-il pas de faire marcher la planche à billet, alors que si le levier est strictement géré par la BC (la nature des prêts (majoritairement l’économie réel sur le financier), en tenant compte des risques pris par la banque, les impayés, … ce qui déterminerait le niveau de levier) il est neutralisé par le remboursement du prêt non ?

      Je pense qu’il souhaitait encadrer les risques mais pas verrouiller le prêt totalement non ?

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      • A-J Holbecq // 27.12.2012 à 08h00

        @Fabrice
        Aussi bien Fisher en 1935 qu’Allais qui a repris la proposition du précédent voulaient éviter les « booms » et les « creux » dans les vagues de financement et de l’économie en stabilisant la quantité de monnaie par une croissance régulière qui ne soit pas dans la main des banquiers (avec en prime un gain budgétaire équivalent à la croissance de la masse monétaire et un « gel » de 2/3 de la dette publique)

        Deux économistes du FMI viennent de sortir un gros article ( 70 pages) dans lesquels ils analysent cette proposition de Fisher , le 100% money: « The Chicago Plan Revisited » .. quelques petits extraits ici [ http://osonsallais.wordpress.com/2012/09/23/the-chicago-plan-revisited-fmi/ ]

        Gaël Giraud commence à défendre cette proposition jusque dans la « Revue Banque » [ http://www.revue-banque.fr/risques-reglementations/chronique/rendre-monopole-creation-monetaire-aux-banques-cen ]

        Pourquoi pensez-vous que les prêts seront verrouillés ? Ce qui serait verrouillé, c’est le crédit bancaire (la création de monnaie « ex nihilo » par le système bancaire à son bon vouloir, en principe régulé par un système qui ne fonctionne pas; celui des taux de refinancement et des réserves obligatoires )… la Banque Centrale a toujours la possibilité d’alimenter directement les banques de prêts s’il n’y a pas assez d’épargne sur les « marchés » ou des taux d’intérêts trop élevés, et que ces banques de prêts ne puissent plus émettre elles même d’obligations par faute de demande.

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  • GRRR // 27.12.2012 à 00h24

    Malheureusement il ne fut pas écouté de son vivant et l’Université française l’a boycotté…  » écrit Coligny.
    « …L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses… » disait Allais.
    et Jacques DUBOIN? Lui qui parlait, non pas de REdistribution, mais simplement de distribution? Lui non plus n’a pas été écouté,! Et personne n’en parle de lui! Ah, si là: http://www.economiedistributive.fr !
    Mais bon, le socialisme s’est cassé la figure (on l’a bien aidé à se transformer en capitalisme d’état!) et le capitalisme lui fonctionne bien..du moins pour ceux qui tirent les ficelles et se foutent de la misère grandissante que génère le choix de cette politique économique.

    Allez, je vous souhaite non pas une bonne année 2013, mais plutôt que cette année 2013 soit meilleure que les précédentes (ce dont je doute fort en ce qui me concerne, surtout d’après ce que je peux lire ici et ailleurs)

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  • Chrisdel // 28.12.2012 à 17h19

    Bonjour,

    Allais préconisait de séparer non seulement les banques de dépôt et les banques d’affaires mais aussi les banques de prêts. Ces dernières n’ont-elles pas été oubliées dans l’appel à scinder les banques (www.scinder-les-banques.fr) ?

    Car en soumettant de plus ces banques à une obligation impérative : « emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui », il s’attaque du même coup, ce qui est essentiel, au mécanisme de création monétaire en réalisant « l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ».

    Par voie de conséquence cela permet : « l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allègement en conséquence des impôts actuels ».

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  • Laforge Bertrand // 09.01.2013 à 17h28

    La possibilité de créer de la monnaie accordées aux banques le rang II pourrait être maintenu en ne faisant pas du 100% monnaie de la banque centrale mais en faisant calculer aux banques ce qui correspond à de l’intérêt perçu en utilisant le droit de création monétaire et ce qui est perçu au titre du capital de la banque investit dans le prêt. Ensuite, il faudrait taxer très fort l’intérêt de la création monétaire perçue par la banque. Cela permet d’éviter trois problèmes très importants : celui lié à la confiscation dans une main unique de la création monétaire qui est un risque économique, celui lié à la mauvaise allocation des intérêts en fin de course qui viennent se concentrer dans les comptes des banques, celui lié à la dette publique.

    Néanmoins, il faut également faire en sorte que la Banque centrale crée de manière nette (ex-nihilo) de la monnaie régulièrement dans le temps de manière à permettre à nos économies, qui offrent toujours plus de services et de produits qui doivent s’échanger avec un nombre croissant d’acteurs économique, de fonctionner avec le volume de monnaie d’échange dont il a besoin sans que la contrepartie en soit une dette en perpétuelle croissance comme c’est le cas aujourd’hui.

    Il est également important que les banques qui accordent les prets en assument les risques en leur interdisant de se débarrasser des titres de prets dans des operations de titrisation.

    Pour financer les prêts longs et rentables (financement d’économie d’énergie par exemple), des prets financés directement par la banque centrale en pure création monétaire à taux nul (ou très faible) me semble une nécessité.

    cordialement,
    Bertrand

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  • Yves.JM // 06.04.2015 à 01h57

    J’arrive bien longtemps après la bataille, mais tant pis, j’ajoute mon grain de sel: Allais a raison quand il dit qu’il faut cantonner la création monétaire aux Etats parce qu’eux seuls peuvent décider de son utilisation. A l’heure actuelle on la retrouve particulièrement dans la spéculation (bourse, immobilier etc.) alors qu’entreprises et particuliers se plaignent du manque de crédits. Certains d’entre vous sont trop jeunes probablement mais voyez comment De Gaulle « gérait » le développement du pays (DATAR, Crédit Hôtellier, CEPME etc). Oui mais les politiques vont abuser de cette facilité et nous amener l’inflation.
    Alors je me permets de vous rappeler que son budget était créditeur, hormis 1968 et on sait pourquoi, mais dès 1969 il avait rétabli l’équilibre. Pour De Gaulle les finances publiques étaient sacrées, mais on a oublié depuis longtemps ce que voulait dire « gérer le pays en bon père de famille ».
    A l’heure actuelle les banques centrales prêtent aux banques commerciales: grave erreur.

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