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5.janvier.20145.1.2014 // Les Crises

Des institutions démocratiques pour l’Union Européenne (1/2), par Maurice Allais (2005)

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Reprise de notre série sur Maurice Allais – grand penseur de l’Europe confédérale, en plus de l’économie…

LES CONDITIONS POLITIQUES

Une dérive centralisatrice et totalitaire

Depuis 1974, on a constaté dans tous les domaines une dérive technocratique, dirigiste, centralisatrice, unitaire et jacobine de la construction européenne. Non seulement cette dérive a entraîné partout des effets pervers, mais par ses excès mêmes elle ne cesse de susciter de très fortes oppositions.

Les exemples de cette dérive sont innombrables. Ainsi, aucun droit de sécession n’est prévu pour permettre aux peuples de sortir d’une organisation qui ne tiendrait pas compte de leurs droits fondamentaux. C’est ainsi le droit essentiel des peuples à disposer d’eux-mêmes qui fondamentalement leur est refusé.

L’intrusion de l’Organisation de Bruxelles dans des domaines qui devraient rester du seul ressort des Etats et des Parlements nationaux est sans limites. Ainsi, dans la Déclaration insérée dans l’Acte final du traité d’Amsterdam des sanctions très lourdes sont prévues à l’égard des Etats membres qui rétabliraient la peine de mort.

La dérive technocratique et centralisatrice de l’Union européenne rend plus que jamais nécessaire une réflexion approfondie sur la finalité de la construction européenne et une totale révision de ses institutions.

La dégénérescence actuelle de la Construction Européenne ne saurait se poursuivre. Il nous faut en repenser complètement les principes et tous les textes, de toute évidence inadaptés, sur lesquels elle repose. Il nous faut revoir tous les prétendus acquis communautaires.

Il est ainsi nécessaire de mettre fin au développement démesuré des pouvoirs supranationaux de la Commission et à une extension indéfinie de processus de décisions antidémocratiques et, à vrai dire, de nature totalitaire. Il nous faut assurer la sauvegarde de nos intérêts fondamentaux. (Voir nota en bas de page)

Deux principes fondamentaux

En fait, la Construction Européenne répond aux aspirations profondes des peuples, mais ses modalités doivent être entièrement repensées suivant deux principes.

 

Le premier principe est que les nations européennes doivent rester maîtresses de leur destin et non disparaître peu à peu sous la domination d’une technocratie totalitaire. De là résulte que la Construction européenne doit s’édifier sur la base d’une Confédération, libérale, humaniste, et démocratique préservant les intérêts fondamentaux de chaque nation. L’objectif essentiel est de vivre ensemble dans des conditions respectant, dans ce qu’elles ont d’essentiel, les nations qui se sont lentement édifiées au cours des siècles.

Le second principe est que cette Confédération doit reposer sur une Charte Confédérale définissant, précisément et expressément les objectifs, les institutions et les délégations limitées de compétences. Dans chaque Etat, cette charte doit être soumise à la ratification populaire par référendum avec une majorité qualifiée des deux tiers. Il doit en être de même de ses révisions ultérieures éventuelles. Une telle Charte est le garant indispensable contre toute dérive de la construction européenne.

Cette Charte devrait être assortie d’une Déclaration des droits et des devoirs fondamentaux des citoyens européens.

Une Confédération Politique Européenne

Une Confédération Politique Européenne démocratique implique que soient étendus au niveau européen les principes de la démocratie qui, au cours des siècles, se sont progressivement dégagés des expériences nationales. Elle implique que les nations participantes décident de poursuivre en commun la réalisation de leurs intérêts communs et acceptent de régler leurs différends sur la base de dispositions communes acceptées d’un commun accord et selon des procédures préétablies à cette fin.

Une telle Confédération doit disposer de pouvoirs limités mais réels, et tirer directement ses pouvoirs des peuples eux-mêmes et non des gouvernements nationaux.

Une telle organisation politique implique le transfert à cette organisation de certains des droits souverains des Etats.

La seule question qui importe réellement est dès lors la suivante : Est-il possible de définir des liens institutionnels préservant efficacement les diversités nationales dans ce qu’elles ont d’essentiel, tout en assurant l’efficacité de l’action commune pour la réalisation des objectifs communs ?

Une nécessaire décentralisation

Toute tentative pour édifier une organisation politique européenne sur une base unitaire où la majorité ferait la loi sans aucune restriction serait fondamentalement antidémocratique. En fait, toute organisation valable d’une société démocratique doit être aussi décentralisée qu’il est possible, et toute centralisation doit se limiter au minimum indispensable.

Pour chaque Etat, ce qui est souhaitable, c’est que d’une part il rétrocède un maximum de droits à ses diverses régions pour toutes les questions où ces régions sont plus compétentes et peuvent être plus efficaces et que d’autre part il transfère à une confédération politique européenne ce minimum de droits qu’implique la poursuite efficace en commun des seuls objectifs communs que l’on entend poursuivre.

La règle de la majorité

Dans une société réellement démocratique le pouvoir, quel qu’il soit, doit être réparti entre autant d’hommes qu’il est possible, et l’application de ce principe est le meilleur moyen d’atteindre et de maintenir la liberté, et d’assurer à chaque individu un plein développement et un plein usage de ses dons et de ses capacités.

Le remède réel au « déficit démocratique » qui se constate actuellement au sein de l’Union Européenne ne saurait résulter à l’avenir de processus fondés sur la seule régle de la majorité, car, une fois encore, l’essence de la démocratie, c’est le respect des minorités, et les majorités, l’histoire n’a cessé de le démontrer, peuvent être plus oppressives encore que les pires des tyrannies.

La régle de la majorité n’est valable que pour les questions d’importance mineure. Pour toutes les autres, la solution doit être recherchée dans des votes à l’unanimité ou à la majorité qualifiée et dans des clauses de sauvegarde.

Une Confédération

La solution à rechercher ne peut être ni une pure association d’Etats, ni un Super-Etat fédéral. La première solution qui repose fondamentalement sur des traités entre Etats n’en est réellement pas une, car elle maintient et risque même d’exacerber les oppositions entre Etats souverains ; la seconde transcende les Etats dans tous les domaines par un pouvoir qui en est indépendant et qui devient inévitablement oppressif.

La solution réellement appropriée, c’est celle d’une Autorité Confédérale chargée de la gestion politique sur une base démocratique des seules questions d’intérêt commun avec des délégations de pouvoirs limités à ces seules questions d’intérêt commun, spécifiées dans une Charte Confédérale.

Dans l’état actuel des choses, l’Autorité Politique Confédérale doit nécessairement gérer toutes les questions relatives à l’organisation du Marché commun et à ses relations économiques avec des pays tiers.

___________________

NOTA : On ne saurait trop méditer ici l’Arrêt de la Cour Européenne du 17 décembre 1970 :

« La validité des actes arrêtés par les institutions de la Communauté ne saurait être appréciée qu’en fonction du droit communautaire ; le droit né du traité, issu d’une source autonome, ne peut, en raison de sa nature, se voir judiciairement opposer des règles de droit national quelles qu’elles soient, sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle-même ; dès lors, l’invocation d’atteintes aux droits fondamentaux tels qu’ils sont formulés par la Constitution d’un Etat membre ou aux principes de sa structure constitutionnelle, ne saurait affecter la validité d’un acte de la Communauté ou son effet sur le territoire de cet Etat.

Un tel texte est manifestement exorbitant.

Source allais.maurice.free.fr

La suite est ici

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23 réactions et commentaires

  • Kiwixar // 05.01.2014 à 03h07

    Que vous apporte d’être européen dans l’UE par rapport à d’autres européens hors UE (Suisse, Norvège)? Pourquoi une Confederation, plutôt que juste des voisins tranquilles, sans barrières douanières sur les marchandides mais avec contrôle des visas au cas par cas? De nombreux pays souverains vivent tres tres bien (Australie, NZ, pays d’Asie, la liste est longue).

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    • Incognitototo // 05.01.2014 à 15h29

      Il faut comparer ce qui est comparable… La Norvège dispose d’une rente pétrolière, et la Suisse est un aspirateur à capitaux ; ces deux pays peuvent donc faire valoir une « indépendance » inversement proportionnelle aux besoins des autres pays qui commercent et sont dépendants d’eux…
      Et dans votre liste de pays « qui n’ont pas besoin des autres » l’Australie (un continent (!!!) fournisseur de matières premières pour toute l’Asie) est dans le même cas de figure. Quant à la NZ, son PPA est inférieur à celui de la France, et sa population sous le seuil de pauvreté bien plus élevée que la nôtre (largement compensé par un système social très redistributif)… Quant aux autres pays d’Asie, sauf particularismes contextuels (comme Hong-Kong), je ne vois pas en quoi ils s’en sortiraient mieux que nous…

      La problématique des pays d’Europe est qu’aucun ne dispose tout seul des ressources qui lui permettraient d’affirmer une indépendance où chacun « pourrait se passer des autres ».
      Donc, l’Europe est un compromis entre des besoins totalement dépendants des autres… ce qui n’enlève rien à l’échec dans la façon dont ces contraintes ont été gérées, si bien analysées par Allais.

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      • sylla // 12.01.2014 à 18h06

        Vade retro comparaison!

        « La problématique des pays d’Europe est qu’aucun ne dispose tout seul des ressources qui lui permettraient d’affirmer une indépendance où chacun “pourrait se passer des autres”. »
        Indépendance n’est pas autarcie, pas plus que l’Europe (l’organisation de bruxelles encore moins) ne dispose toute seule des ressources qui…etc…

        « Que vous apporte d’être européen dans l’UE par rapport à d’autres européens hors UE (Suisse, Norvège)?  »
        J’aime bien cet argument : on vit à l’heure des états-continents, il faut un état-continent. Pour perdurer, il faut s’effacer. A l’époque des empires continentaux, il aurait fallu faire empire ou faire partie d’un empire. « l’Europe c’est la paix » est pas mal non plus comme argutie cela dit.

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  • Patrick Luder // 05.01.2014 à 03h59

    La perte de liberté et la perte de démocratie au sein de l’EU risque de finir dans un bain de sang!
    Déjà que les normes CE nous sortent par les oreilles, infantilisantes, inadaptées, aberrantes …
    Encore un exemple samedi matin avec des cochons bio élevés en liberté. Les cochons mangent toute herbe et racine dans les zones ou ils s’ébattent, mais l’éleveur n’a pas reçu l’autorisation, sur ces mêmes terres, de cultiver quoi que ce soit pour nourrir ses cochons => résultat ? Une exploitation de plus en difficulté qui essaie de se battre contre des normes complètement inadaptées et débiles. Une perte d’énergie phénoménale doublé d’une perte de revenus conséquents … et après on parle de psychologie pour essayer de comprendre le suicide des paysans !

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  • lorsi // 05.01.2014 à 05h58

    je ne peux qu approuver les commentaires precedents , pour moi qui suis LORRAIN , je n ai aucune aspiration europeenne jJPIERRE

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  • Julian // 05.01.2014 à 09h32

    Allais, confédéraliste, expose brillamment les conditions d’une Confédération viable, sur une base démocratique.

    Pour autant, on doit s’interroger sur le paradigme lui-même :

    le projet européen, comme obstacle définitif à la réitération de la violence destructrice extrême que furent les deux conflits mondiaux,est-ce fondé en raison ?

    Ce paradigme sous-entend qu’une institution peut « contenir », voire modifier (dans un sens espéré favorable…) la nature humaine.

    Cette présomption du rêve européiste ne va pas sans analogie avec celui du rêve soviétique.

    Je prétends que l’objectif est déjà formidablement ambitieux (et nécessaire) de faire INTELLIGEMMENT coopérer des peuples sans se donner l’objectif assez extravagant de changer leur nature.

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  • BA // 05.01.2014 à 10h06

    Désaccord avec Maurice Allais sur un point bien précis.

    Maurice Allais écrit :

    « La solution à rechercher ne peut être ni une pure association d’Etats, ni un Super-Etat fédéral. La première solution qui repose fondamentalement sur des traités entre Etats n’en est réellement pas une, car elle maintient et risque même d’exacerber les oppositions entre Etats souverains. »

    Oui.

    Et alors ?

    Qu’est-ce que ça peut faire qu’il y ait des oppositions entre Etats souverains ?

    Maurice Allais n’avait pas compris qu’il y aurait TOUJOURS des oppositions entre Etats souverains.

    Les oppositions entre Etats souverains, c’est la vie.

    Les oppositions entre Etats souverains, c’est la normale.

    Maurice Allais n’avait pas compris que ce ne sont pas les Etats qui se font la guerre : ce sont les êtres humains qui se font la guerre.

    Avant la naissance des Etats, les êtres humains se faisaient déjà la guerre.

    Et si, demain, tous les Etats s’effondrent, si il n’y a plus aucun Etat sur la planète, les êtres humains se feront encore la guerre.

    Les Etats n’ont rien à voir avec l’existence de la guerre : si vous voulez supprimer toutes les guerres, supprimez tous les êtres humains.

    Je ne vais pas vous citer toutes les guerres civiles de l’Histoire, qui ont eu lieu à l’intérieur d’un seul et même Etat. Je ne vais pas vous citer toutes les guerres civiles de l’Histoire, qui ont fait des centaines de milliers de morts : j’y passerais mon dimanche matin.

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    • fabrice // 05.01.2014 à 10h28

      Ba entre opposition et guerre il y a un pas, on peut collaborer sur certains domaines et s’opposer sur certains sans en venir à la guerre et Maurice Allais dénonce l’exacerbation des oppositions là où elles ne viennent pas d’elle même !

      « Et si, demain, tous les Etats s’effondrent, si il n’y a plus aucun Etat sur la planète, les êtres humains se feront encore la guerre. » non désolé je ne sais pas si vous réfléchissez bien à vos propos les humains ont construit des civilisations pour vivre en paix pas pour vivre en guerre !

      Personnellement vous avez envie de tuer vos voisins en permanence puisque la guerre serait dans la nature humaine ? faut un peu arrêter le délire.

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    • Macarel // 05.01.2014 à 15h29

      Les Etats n’ont rien à voir avec l’existence de la guerre : si vous voulez supprimer toutes les guerres, supprimez tous les êtres humains.

      Pardonnez-moi, mais vous dites n’importe quoi !

      Il y aura de la violence, entre les personnes, tant qu’il y aura des êtres humains sur terre. Là dessus, je n’ ergoterai point. Par contre, les Etats, les Empires, ont bien avoir avec le meurtre de masse qu’est la guerre.
      Une guerre industrielle, comme le fut celle de 14-18, n’a pas été le fait de quelques individus querelleurs isolés, mais bien des rêves de puissance de ceux qui étaient à la tête des Etats-Nations qui se sont précipités dans le conflit. Le Pan-germanisme allemand d’un côté, le désir de revanche français, sur la honteuse défaite de Sedan, de l’autre.
      La guerre, est bien une activité liée aux Etats, et à la volonté d’expansion de ceux qui sont à leur tête.

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      • BA // 05.01.2014 à 16h46

        Et les guerres civiles ?

        Et les guerres civiles à l’intérieur d’un seul et même Etat ?

        Lisez les journaux aujourd’hui : vous en verrez plusieurs, aujourd’hui, en ce moment même.

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        • Macarel // 05.01.2014 à 17h37

          Ah bon ! Les guerres de religion en France, n’ont aucun rapport avec la constitution de l’ Etat français ?
          Elles ne sont pour rien dans le fait que notre République, soit aujourd’hui laïque ?
          Les guerres européennes, ont parfois été considérées comme des guerres civiles, et pourtant c’étaient des guerres entre Etats !

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          • BA // 05.01.2014 à 18h50

            Oui, il y a des guerres qui opposent des Etats, mais ce ne sont pas les seules guerres qui existent.

            Depuis des siècles, il y a des guerres qui opposent des êtres humains qui appartiennent au même Etat. Dans ce cas, ce sont des guerres civiles.

            Guerres civiles :

            – Guerre civile en Espagne (1936 – 1939) :
            500 000 morts, sans compter les disparus.

            – Guerre civile aux Etats-Unis (1861 – 1865) :
            620 000 morts.

            – Guerre civile au Rwanda (1994) :
            800 000 morts, sans compter les disparus.

            – Guerre civile en Syrie (2011 – ???) :
            171 000 morts, et ce n’est pas fini. Ca continue.

            Etc, etc.

            Avant la naissance des Etats, les êtres humains s’entretuaient.

            Aujourd’hui, il existe des Etats, et les êtres humains s’entretuent.

            Demain, si il n’y a plus aucun Etat sur la planète, les êtres humains continueront à s’entretuer.

            Tant qu’il y aura des êtres humains, il y aura des guerres. Ce n’est pas une question d’Etat.

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          • Macarel // 05.01.2014 à 22h36

            @BA

            Les guerres civiles s’enveniment souvent par l’intervention d’ Etats étrangers qui ont intérêt à voir un camp ou l’autre l’emporter. Les factions belligérantes mènent souvent à leur insu, des guerres par procuration.
            C’était, bien évidemment le cas en Espagne, c’est le cas aujourd’hui en Syrie. En Espagne, les Etats fascistes sont d’ailleurs intervenus directement, ils ne se sont pas contentés de combattants par procuration, contrairement aux démocraties bourgeoises de l’époque.
            Je persiste à dire que les Etats, sont toujours d’une façon, ou d’une autre -directe ou indirecte-, impliqués dans les meurtre de masse que sont les guerres.
            C’est bien avec des armes produites par des industries d’ Etat ou au service d’ Etats, que les combattants se trucident.
            Même, dans un pays sans Etat, comme la Somalie actuelle, les armes ne se trouvent pas sous des sapins de Noël.

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          • BA // 05.01.2014 à 23h31

            Macarel écrit :

            « C’est bien avec des armes produites par des industries d’ Etat ou au service d’ Etats, que les combattants se trucident. »

            Avant la naissance des Etats, les hommes vivaient dans la paix et dans la non-violence.

            Malheureusement, les Etats sont apparus, et alors les hommes ont commencé à se faire la guerre.

            C’est trop mignon, l’Histoire vue comme ça.

            C’est trop chou.

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          • Macarel // 06.01.2014 à 00h12

            @BA

            Etat : autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple et d’un territoire déterminé.
            Nation:
            – groupe d’hommes auxquels on suppose des origines communes.
            ou
            – groupe humain généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité, et la volonté de vivre ensemble.
            Peuple:
            -Ensemble d’hommes vivant en société, habitant un territoire défini et ayant en commun un certain nombre de coutumes, d’institutions
            ou
            -le corps de la nation, l’ensemble des personnes soumises aux mêmes lois.

            Un Etat peu exercer son autorité, sur un territoire multinational ou pas.

            L’autorité souveraine de l’Etat peut être de droit divin, cas de la monarchie absolue, tyrannique de part le droit que procure la force brute, démocratique si l’autorité est élue par le peuple.

            Ceci rappelé, je ne nie pas que les tribus du paléolithiques pouvaient se faire la guerre, où les tribus indiennes, où des clans de la mafia, ou même deux individus qui se détestent. Bien que dans les deux derniers cas l’on parle plutôt de règlement de comptes.
            Mais, j’ai utilisé plusieurs fois l’expression guerre, comme meurtre de masse et de grande échelle.
            Dans ce sens là, je vous mets au défi de me prouver que les crimes de masse ont été l’ oeuvre de tribus primitives, ou même de clans maffieux.
            Ces crimes ont culminé au 20ième siècle, avec les deux guerres mondiales, et les exactions des totalitarismes, qui étaient le fait d’ Etats.
            Aujourd’hui, ce sont des Etats qui possèdent des arsenaux d’armes de destruction massive, capable de rayer l’humanité de la surface de cette planète.
            Ce ne sont pas les tribus de Papous de Nouvelle Guinée, qui sans aucun doute savent se livrer des guerres tribales, qui sont en mesure de le faire.
            La violence, et donc la guerre n’ont pas attendu, effectivement, la formation d’Etats puissants et structurés pour exister, mais avec la constitution de tels Etats, les ravages occasionnés par les guerres ont pris des proportions jamais vues dans l’histoire de l’humanité.
            Je ne crois pas en disant cela être un adepte du mythe du « bon sauvage », tel que développé par J-J. Rousseau.

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          • BA // 06.01.2014 à 00h17

            Dès le plus ancien Néolithique, en Europe tempérée, les massacres de grands nombres d’hommes (rendus possibles grâce aux lances, aux arcs, aux frondes et aux masses) sont, selon les paléoethnologues, présents lors de l’acquisition de la sédentarité (comme à Talheim), et notamment près des sols fertiles, près des stocks alimentaires et des bétails facilement mis en valeur par l’agriculture et l’élevage, des affrontements se produisant probablement par compétition entre les chasseurs-collecteurs peu nombreux et les nouveaux arrivants agriculteurs.

            Dans le Djebel Sahaba, au Soudan, une nécropole de type paléolithique tardif (société de chasseurs-cueilleurs) datant de 12 000-10 000 av. J.-C., a révélé le massacre d’une population entière.

            Des confrontations entre armées ont eu lieu dès le mésolithique (8000 à 5000 av JC) près des estuaires et des grands fleuves (Danube, Nil, Indus, Dniepr, Gange).

            Si la guerre proprement dite se développe au Néolithique, les premiers indices de violence et d’affrontements, souvent pour des zones giboyeuses de gués ou de bords de rivières, existent chez les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, comme en atteste l’enfant de Grimaldi, ou les prénéandertaliens qui semblent avoir été jetés intentionnellement dans la cavité de Sima de los Huesos.

            Lawrence H. Keeley, « War before civilization », Oxford University Press, 1997.

            The myth of the peace-loving « noble savage » is persistent and pernicious. Indeed, for the last fifty years, most popular and scholarly works have agreed that prehistoric warfare was rare, harmless, unimportant, and, like smallpox, a disease of civilized societies alone. Prehistoric warfare, according to this view, was little more than a ritualized game, where casualties were limited and the effects of aggression relatively mild. Lawrence Keeley’s groundbreaking War Before Civilization offers a devastating rebuttal to such comfortable myths and debunks the notion that warfare was introduced to primitive societies through contact with civilization (an idea he denounces as « the pacification of the past »). Building on much fascinating archeological and historical research and offering an astute comparison of warfare in civilized and prehistoric societies, from modern European states to the Plains Indians of North America, War Before Civilization convincingly demonstrates that prehistoric warfare was in fact more deadly, more frequent, and more ruthless than modern war.

            Le mythe du «bon sauvage» épris de paix est persistant et pernicieux. En effet, depuis les cinquante dernières années, la plupart des œuvres populaires et savantes avaient convenu que la guerre préhistorique était rare, innocente, sans importance, et, comme la variole, la guerre était seulement une maladie des sociétés civilisées. La guerre préhistorique, selon ce point de vue, n’était guère plus qu’un jeu ritualisé, où les pertes étaient limitées et les effets de l’agression relativement doux. Lawrence Keeley propose une réfutation dévastatrice de ces mythes confortables et démystifie l’idée que la guerre a été introduite dans les sociétés primitives par contact avec la civilisation (une idée qu’il dénonce comme étant « la pacification du passé »). S’appuyant sur de nombreuses recherches archéologiques et historiques fascinantes, et offrant une comparaison astucieuse de la guerre dans les sociétés civilisées et préhistoriques, des Etats européens modernes aux Indiens des plaines d’Amérique du Nord, son livre « la Guerre avant la civilisation » démontre de façon convaincante que la guerre préhistorique était en fait plus mortelle, plus fréquente, et plus impitoyable que la guerre moderne.

            http://books.google.fr/books/about/War_Before_Civilization.html?hl=fr&id=Q8MHKQrFeEEC

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          • Macarel // 07.01.2014 à 20h13

            @BA

            Je pense que la guerre, au sens moderne s’est plutôt développée à partir du néolithique. Avec la fin du nomadisme, et la fixation sur un territoire, les populations habitant ce territoires et le mettant en valeur, ont du se défendre contre la convoitise de populations étrangères. C’est aussi à cette époque que sont apparus des proto-Etats et des Etats. Puisque pas définition, une population occupant un territoire, était soumise à une autorité, s’exerçant sur ce territoire. Donc, guerre et Etat me semblent, aller de pair.
            En effet, au paléolithique, les tribus nomades pouvaient, s’affronter pour une même ressource convoitée par exemple. Mais, si elles avaient l’option de s’éviter, je pense qu’elles privilégiaient cette option. La violence, n’est utilisée que lorsque l’un des adversaires est acculé.

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          • Steve.C // 08.01.2014 à 11h48

            Vous oubliez peut etre un élément important dans la paix de notre zone. LA BOMBE NUCLEAIRE. C’est peut etre dommage, triste mais c’est dissuasif et ça marche tres bien.
            Les pays qui se font envahir/destabiliser aujourd’hui Irak, Libye, Syrie, Iran amérique du sud n’en dispose pas. J’y vois une corrélation assez bonne.

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  • Jourdon // 05.01.2014 à 12h45

    premièrement l’idée que la préférence communautaire aurait été inscrite dans le droit européen et aurait historiquement été abolie en 1974 est une pensée décalée; c’était une référence plutôt au titre des conventions dans les textes fondateurs; cela n’a jamais eu force de loi; d’ailleurs le triangle espace communautaire – nations – droit commercial – droit civil est mathématiquement irrésoluble… mais le théorème de Pierre DE FERMAT qui se rapproche de la quadrature du cercle aurait été prouvé récemment… tiens tiens!!!..

    deuxièmement « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » est un principe américain, édicté par le Président WILSON en 1914

    enfin… c’est déjà formidable que Maurice ALLAIS ait mis tant d’évidences devant nos yeux… lui le physicien de formation!!!. ses idées devraient remonter tout naturellement selon des principes mathématiques naturels: nous saurons enfin à quels domaines les appliquer…

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  • Macarel // 05.01.2014 à 16h11

    La solution réellement appropriée, c’est celle d’une Autorité Confédérale chargée de la gestion politique sur une base démocratique des seules questions d’intérêt commun avec des délégations de pouvoirs limités à ces seules questions d’intérêt commun, spécifiées dans une Charte Confédérale.

    Je suis assez d’accord, et l’on peut aussi se contenter de coopérations renforcées sur des projets précis. Comme cela a été le cas avec Airbus, ou le domaine spatial. Et une monnaie commune suffirait bien largement, la monnaie unique est une erreur, il serait temps de le reconnaître, et point besoin d’être au FN pour oser le dire ! Mais il est vrai, que la vanité de ses promoteurs, en prendrait un sale coups.

    A vouloir, faire une Europe type « Etats-Unis » à marche forcée et sans guerre, cela ne peut se faire que de manière dictatoriale. Même, s’il s’agissait d’un dictature « éclairée », est-ce acceptable ?
    Le rêve de Victor-Hugo, d’Etats-Unis d’Europe est très beau, mais entre les mains de la technocratie, il se transforme en mauvais rêve, et si l’on n’y prend garde, il pourrait tourner au cauchemar. Ce dernier, aurait certainement dénoncé avec force, s’il vivait aujourd’hui, les dérives de l’Europe technocratique actuelle.

    Les européistes, semblent être de plus en plus enclins à nous enfoncer dans une expérience de « dictature éclairée » de type totalitaire, quoi qu’il en coûte aux populations concernées (voir la Grèce, et les autres pays du Sud). Et en utilisant comme repoussoir, lors des élections, les partis populistes nationalistes, qu’ils contribuent largement à faire monter, à cause de leur autisme vis à vis des préoccupations des populations.

    N’aurions nous, en Europe, plus le « choix », qu’entre la dictature d’une « oligarchie éclairée », ou celle de petits Führers surfant sur le ressentiment de populations qui se sentent trahies par ceux qui sont sensés défendre leurs intérêts ?

    Nos nations se sont constituées au fil des siècles, souvent violemment. Certaines sont plus que millénaires, peut-on raisonnablement penser, que l’on peut construire une Nation européenne en quelques décennies, et ceci sans violence aucune ? Alors que l’Europe, est constituée d’une mosaïque de peuples divers, attachés à leurs cultures, à leurs traditions, à leur histoire.
    Cela, semble marcher, tant que la prospérité est au rendez-vous, mais dès lors que ce n’est plus le cas, on le voit bien aujourd’hui : cela ne marche pas !

    Certes, Alexandre le Grand avait conquis un Empire qui s’étendait de la Macédoine, aux rives de l’Indus. Et ceci en à peine un peu plus de trente ans. Mais son Empire, n’a pas survécu à sa disparition.
    A vouloir, précipiter les choses, l’on construit sur du sable…

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  • Opps' // 05.01.2014 à 19h31

    La question de savoir si l’Europe nous a protégés de la guerre ou si elle nous y mène n’est probablement pas la bonne.

    La guerre a toujours existé et à priori , l’homme « nouveau » n’étant toujours pas été inventé , il semble probable que sa disparition ne soit pas à l’ordre du jour.

    Cependant le système économico-social évolue et il y a comme une impression que nous vivons -surtout dans le monde occidental, mais aussi globalement- une rupture assez importante , faisant émerger un homme un peu différent.

    Il a souvent été perçu que la diplomatie était une continuation de la guerre dans un contexte de paix ; en allant plus loin on pourrait dire , en portant l’analyse un cran plus haut, que l’invariant est la Volonté de Puissance de chaque Etat et/ou de chaque culture.

    Partant de là , on peut être certain que la lutte/compétition/volonté de puissance continuera, sous des formes diverses , plus ou moins civilisées , et propres à l’état d’évolution des zones en compétition.

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  • Crapaud Rouge // 06.01.2014 à 21h14

    Exorbitant, en effet, car, au vu de la conclusion de l’Arrêt de la Cour Européenne du 17 décembre 1970, rien « ne saurait affecter la validité d’un acte de la Communauté« . Rien sinon la renégociation permanente des traités, ce qui conduirait rapidement à un système kafkaïen. Comme ce n’est pas envisageable, on est soumis à la « dictature des traités », un carcan dont on a cru qu’il en sortirait le meilleur, sans se douter qu’il pourrait accoucher du pire.

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