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2.novembre.20192.11.2019 // Les Crises

La « Non Épuration » à la Libération. Par Jacques-Marie Bourget

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Avec le bonheur de Sisyphe Annie Lacroix-Riz, imperturbable, pousse son œuvre d’historienne comme l’autre son rocher. Après « Industriels et Banquiers français sous l’occupation » le courageux éditeur Armand Colin remonte au front de la « mal-pensance » avec un nouvel opus de la chercheuse, incollable en matière d’archives : « Le Non Epuration ». En 1978, dans un entretien donné au journaliste Philippe Ganier-Raymond, Darquier de Pellepoix, le Commissaire aux Affaire Juives, héros non épuré, a déclaré : « A Auschwitz on n‘a gazé que des poux ». On pourrait paraphraser cette ordure d’hier, cette vieille ordure, et écrire avec les mots du Nouveau Monde : « A la Libération on n’a épuré que des sans-nom, des gens-qui-n’existaient-pas » et pas grand monde au sein des deux cents familles. L’argument qui veut que le Général ait lui-même prêché pour une épuration épargnant les « d’élites » afin qu’elles structurent l’administration de la République, ne tient pas le coup. La prescription de De Gaulle est marginale. L’épuration n’a pas eu lieu parce que les hommes chargés de juger les collaborateurs étaient leurs cousins, leurs amis de lycée, leurs compagnons de conseils d’administration ou de Cour au tribunal. Des deux côtés de la barre, à quelques égarés près, se trouvaient les mêmes familles, en puzzle. Pas question de se bannir dans l’entre-soi alors que les communistes, sortis des maquis avec leurs pistolets-mitrailleurs, étaient prêts, disait-on, à prendre le pouvoir. On retrouvait la consigne d’avant-guerre qui voulait qu’Hitler était préférable au Front Populaire, cette nous avions : « Mieux vaut les bulles du collabo Taittinger que le rouge du PCF ».

A la Libération si les hommes des maquis ont bien exercé cette forme de justice lapidaire, commencée durant la guérilla de la Résistance, elle fut faible. Le livre la décrit et la rétabli dans son rôle historique. Et opère une démystification salutaire puisque perdure l’idée fausse d’une épuration accomplie comme une « boucherie communiste ». Alors que les FTP, dans l’urgence du coup de commando, n’ont épuré que les traitres les plus visibles, et accessibles. Vite désarmés en 1944, expédiés sur le champ de bataille en Allemagne, les héros des maquis ont été contraint de céder le nettoyage de la France vert de gris à des gens plus raisonnable qu’eux. L’épuration née dans le maquis a vite cédé la main à des magistrats professionnels, dont Annie Lacroix-Riz dresse un tableau qui donne la nausée. Rappelons-nous qu’en 1940 le juge Paul Didier fut le seul à refuser de prêter le « Serment de fidélité à Pétain ». C’est dire si les épurateurs relevaient, eux-mêmes, des sanctions qu’ils étaient en charge d’appliquer.

Au fil du temps cette épuration en caoutchouc mou a tourné à la mascarade. Pour Annie Lacroix-Riz, se plaindre de cette épuration fantôme n’est pas en appeler aux balles des pelotons, au fil de la guillotine. Une véritable épuration économique aurait été la mesure la plus juste et utile pour le pays. En commençant par la nationalisation de tous les biens, de toutes les fortunes des collaborateurs, parallèlement reclus pour une peine plus ou moins longue. Rien de tout ceci n’a eu lieu et la nationalisation de Renault est un petit arbre masquant l’Amazonie.

Très vite, les réseaux du pouvoir d’avant-guerre, non éradiqués, reprenant force et vigueur, se mettent en marche pour sauver la peau des amis collabos. L’urgence est de gagner du temps : chaque jour les tribunaux montrent une indulgence plus grande que la veille. Jusqu’en 1950, où ces crimes devenus lassants, rengaines, ont été étouffés sous les oreillers de l’histoire. En Corée les communistes montrent qu’ils veulent conquérir le monde. Le temps n’est plus à se chamailler pour des broutilles. Aujourd’hui d’ailleurs, l’Europe vient de nous dire que le communisme et le nazisme sont deux blancs bonnets. Et les épurés de 44-50 font, soixante-dix ans plus tard, figure de victimes ou de sacrés cons.

Le diabolique René Bousquet, l’ami de François Mitterrand, le responsable de la rafle du « Vel’ d’hiv », illustre aussi cette « Non Epuration ». En 1949 il est l’avant dernier français à être traduit en Haute Cour. Une juridiction devenue mondaine, où ne manquent que le porto et les petits fours. Bousquet est jugé pour avoir été présent à Marseille lors du dynamitage du Vieux Port par les nazis. Il est acquitté, juste convaincu « d’indignité nationale » et immédiatement relevé de sa sanction pour « avoir participé de façon active et soutenue à la résistance contre l’occupant ». Pas décoré, le Bousquet, mais le cœur y est. Bousquet va rejoindre la Banque de l’Indochine, financer les activités politiques de Mitterrand, parader à l’administration du journal de Toulouse « La Dépêche du midi », et siéger au conseil d’UTA compagnie aérienne présidée par Antoine Veil, le mari de Simone.

Ce fiasco, celui de l’épuration, était programmé puisque le livre de l’historienne nous rapporte que dès l’établissement de son Etat-strapontin à Alger, la France Libre n’a jamais souhaité une purge massive de l’appareil économique, politique et militaire de Vichy. Annie Lacroix-Riz montre aussi que, si des « Commissions d’épuration » furent mises en place, ainsi que cela avait été prévu dès le début de l’occupation au sein de la Résistance, elles furent aussitôt réduites à l’impuissance. Le livre, bien sûr, n’oublie pas d’épingler ces collaborateurs devenus résistants par magie, juste à la vingt-cinquième heure. L’un avait « sauvé un juif », l’autre créé un réseau de résistance dont, hélas, personne n’avait entendu parler. Ainsi pour en revenir au destin exemplaire du sieur Taittinger, lors de l’instruction de son procès, il s’en sort en faisant croire que c’est lui qui a convaincu Otto Abetz de ne pas faire sauter tous les monuments de Paris… En la matière, le laborieux parcours de Mitterrand résistant donne un bel éclairage. La légende d’un Tonton résistant n’est entrée dans les esprits, de force, qu’après que le héros ait été élu président. Avec le tapage des affidés, la caution de l’ambigu Frenay et le quitus de l’ami Pierre Péan. La journaliste Georgette Elgey, sur le passé de Mitterrand, veillant à la pureté des archives. Un statut de résistant, c’est aussi du marbre, et ça se sculpte aussi.

Le danger de l’épuration écarté, De Gaulle parti à Colombey, les puissants d’avant-guerre, les fans d’Hitler, se montrent plus à l’aise. Deviennent si puissants que le philosophe et résistant Vladimir Jankélévitch, prévoit qu’il est possible que « demain la Résistance devra se justifier pour avoir résisté ». Inquiétez-vous, nous avançons sur cette trace. Au risque de radoter le texte du Parlement européen qui renvoie dos à dos communisme et nazisme nous rapproche de la prédiction de Jankélévitch. Viendra le jour où les martyrs de Chateaubriant devront être extraits de leur mausolée. Dans un tir d’artillerie préparatoire, un révisionniste nommé Berlière et l’odieux Onfray ont déjà entamé une séance de crachats sur la mémoire de Guy Môquet.

La charge des mots est comme celle des canons des fusils, elle fait peur. Images de femmes tondues, de jeunes gens collés au poteau : pour un amateur d’histoire, même de bonne foi, l’épuration est donc décrite comme « sauvage ». Annie Lacroix-Riz démontre que tout cela est un mythe, et rapporte archives en main, que cela n’a jamais eu lieu, et que des femmes furent tondues pour des faits bien plus graves que celui d’avoir partagé le sommier des Allemands.

D’ailleurs, nous disent les historiens bénis au saint chrême du libéralisme, pourquoi « épurer » puisque la France ne fut pas vraiment collaborationniste. Un minimaliste affirmant sans crainte que seuls agirent en France de 1500 à 2000 « collaborateurs de sang ». Finalement c’est peu pour aider les Allemands à provoquer près de 150 000 morts. Puisqu’en mai 1947 « les pertes humaines » s’élevaient à 30 000 fusillés, 150 000 déportés « morts ou disparus », de 95 000 « déportés politiques » et de 100 000 « déportés raciaux ». Cruelle mathématique qui nous démontre que l’historien qui minore nombre des criminels devrait réviser son histoire.

Assigner le rôle de la Résistance à l’action d’une troupe de vengeurs, sortis de maquis qui n’existaient pas, ou peu, pour dresser des poteaux d’exécution le jour de la Libération, et manier la tondeuse, est une sale besogne. Pourtant entreprise par quelques historiens sponsorisés qui parlent à la télé. Ces « chercheurs » sont fidèles à leur obsession : l’effacement du CNR, des FTP, de la France-Libre. Pour réécrire l’histoire et nous convaincre que si nous sommes aujourd’hui libres, nous ne le devons pas à Stalingrad mais exclusivement à l’ami Américain.

Ici relevons une contradiction sortie de boites d’archives qui sont bien entêtées. Si la Résistance n’était rien que du pipi de chat, pourquoi, pendant l’occupation, Londres et Washington se sont-ils ligués pour annihiler la France Libre et De Gaulle ? Pourquoi un complot contre Jean Moulin ? Pourquoi ? Si ses hommes et leurs troupes sont négligeables ? Soudain dans « La Non Epuration » apparait, sans tapage et avec modestie, un chapitre pourtant considérable. Justement il traite de la trahison faite à Jean Moulin. Des pages passionnantes, haletantes, un peu sacrées. Le travail d’Annie Lacroix Riz permet enfin de clouer la porte aux fantasmagories envahissantes : René Hardy, l’anticommuniste maladif, a bien vendu Moulin. Mais pourquoi, pour qui ? Pour le compte d’une phalange d’extrême droite. Un groupe cagoulard, c’est-à-dire à ses industriels et ses banquiers, d’éviter à la France de demain les dangers d’un régime trop rouge. Celui que Moulin et les FTP auraient pu soutenir.

Vous l’avez compris, une historienne qui écrit la vérité sur tous nos Taittinger, nos Renault, nos Wendel et autre homo-copies doit être karcherisée. La voyez- vous parler de ses recherches dans des médias dont quelques-uns sont encore entre les mains de fils et de filles dont les parents ont eu de la chance entre 40 et 45 ?

Son travail me fait penser à celui de la chercheuse britannique Frances Stonor Saunders. Qui a publié une étude inoxydable et jubilatoire sur le rôle de la CIA comme machine à soutenir, guider, aider, financer des milliers d’artistes et intellectuels européens et américains, avant et après la Seconde guerre. Investissement fou dont le but était de contrer les dangers « de la création soviétique ». Traduit en France et publié par Denoël en 2004, ce livre, « Qui mène la danse », est aujourd’hui introuvable. Si rare qu’il coûte plus de 600 euros, d’occasion sur Internet. Pour une fois permettez-moi de vous donner un conseil qui sort de mon champ, celui d’un boursier : achetez « La Non Epuration ». Si la politique totalitaire, maintenant en marche, progresse un peu, le bouquin d’Annie Lacroix-Riz se vendra sous le manteau. Et vous le revendrez alors très cher.

La « Non Epuration » Annie Lacroix-Riz, éditions Armand Colin.

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politzer // 02.11.2019 à 07h20

Les flics français en civil qui ont fini par capturer mon père ( seul survivant sur 8 passeurs du reseau Ajax) et qui l ont remis à la gestapo, ( 2 ans à Dachau et encore par erreur car il aurait dû être fusillié) changeaient de trottoir quand ils le croisaient en ville : leur seule punition. Souvenir de l èpuration LOL.

42 réactions et commentaires

  • Franck B. // 02.11.2019 à 06h24

    En complément on peut voir l’entretien avec Aude Lancelin sur QG TV : https://www.youtube.com/watch?v=I_N2E45KWFQ

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  • Fritz // 02.11.2019 à 06h43

    La non-épuration des milieux patronaux est une chose connue depuis longtemps, et Lacroix-Riz a raison d’étayer cette vérité, et d’y insister. Ce n’est pas un hasard si Denis Kessler, du Medef, a tracé comme feuille de route la destruction méthodique du programme social de la Résistance. Il peut compter sur le dévouement des macronistes de tout poil.

    Cela dit, des milliers de personnes ont bien été « épurées » définitivement, sans jugement, et des centaines d’autres après un procès. Darnand a eu droit a un après-midi de procès (3 octobre 1945), avant d’être fusillé le 10. Laval a été jugé quelques jours avant d’être fusillé le 15 octobre, mais ni l’instruction de son cas, ni son procès ne sont allés au fond des choses. C’est cela, aussi, la « non-épuration ».

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  • politzer // 02.11.2019 à 07h20

    Les flics français en civil qui ont fini par capturer mon père ( seul survivant sur 8 passeurs du reseau Ajax) et qui l ont remis à la gestapo, ( 2 ans à Dachau et encore par erreur car il aurait dû être fusillié) changeaient de trottoir quand ils le croisaient en ville : leur seule punition. Souvenir de l èpuration LOL.

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    • GérardB // 02.11.2019 à 20h11

      Mon père aussi a été arrêté par des policiers français et un policier français l’a fait s’échapper, je suppose à grand danger pour lui. Ils n’étaient donc pas tous collabo mais certainement un grand nombre l’était.

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  • calal // 02.11.2019 à 07h59

    « uranus » un film tres interessant sur cette periode,accessoirement interessant egalement sur la valeur de la monnaie et l’inflation…

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    • Kess // 03.11.2019 à 08h30

      Uranus est un livre de Marcel Aymé … je ne connais pas le film.

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  • Je me marre // 02.11.2019 à 08h12

    Ouille ouille ouille, vite une relecture et épuration de l’orthographe!

    Merci à Lacroix-Riz de replacer le PCF au milieu du village. Cette non épuration est toujours d’actualité quand on assiste au démantèlement du programme du CNR. Les GJ sont les nouveaux résistants.

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  • Louis Robert // 02.11.2019 à 08h21

    Il faudra un jour regrouper les témoignages éloquents de tous les grands résistants, dégoûtés et si amers devant cette réalité, prélude à la remise en place d’une France encore et toujours beaucoup trop du pareil au même…

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  • Tonton Poupou. // 02.11.2019 à 09h39

    Le nazisme dans la civilisation.
    Contrairement à ce que « l’on » pourrais « penser » parce que ‘ »on » nous le fait croire. Hitler n’a rien inventé. Il a juste été puiser dans les régimes « démocratiques libéraux » les ingrédients pour établir son idéologie :
    – La conquête de territoires. (La conquête de l’Ouest lui a inspiré sa conquête de l’Est)
    – L’extermination. (L’anéantissement des indiens d’Amériques lui a inspiré celle des juifs et des soviétiques – Hitler avait programmé une extermination des soviétiques une fois l’URSS conquise et ne laisser que 30 millions de survivants comme esclaves dans les fermes dirigées par les colons allemands)
    – La mise en esclavage. (celle des africains aux Etats Unis)
    – L’installation de colons. (La ruée vers l’Ouest)
    Tous ces crimes de masse contre l’humanité surtout ayant été commis sans que les coupables ne soient jugés et continuant de vivre dans une impunité totale voire en étant glorifié !
    Le seul et unique emprunt que Hitler a pris au régime socialiste (au sens marxiste du terme) étant le concept politique de parti unique.
    Conclusion : Le nazisme est bien confortablement installé dans nos régimes politiques et il peut donc renaitre à tout moment quand d’aucuns le jugeront néccessaire à leurs intérêts.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 11h00

      Oui. Le totalitarisme, c’est à strictement parler le régime de parti unique appuyé sur des masses populaires. Tout le reste est la gamme des moyens universels de la domination, auxquels recourent tous les Etats organisés quelle que soit la forme de leur organisation. .

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    • Lysbeth Levy // 05.11.2019 à 12h19

      Tout a fait ! C’est maintenant reconnu » que le modèle politico-économique d’Adolf Hitler c’était les USA :
      https://www.herodote.net/Des_lois_Jim_Crow_aux_lois_de_Nuremberg-article-1710.php Tout y est expliqué mais vrais c’est ce modèle » peu démocratique qui a servi d’armature au Nouveau Reich

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  • Pie vert // 02.11.2019 à 09h50

    Mais au fond la vraie question c’est la France a t-elle été libérée en 45 ?
    C’est les Américains qui ont pris le contrôle effectif du pays. Ils avaient d’autre priorités que la libération de la France, les collaborateurs des Allemand au fond ont fait d’excellents collaborateurs US : on le voit encore aujourd’hui !
    L’appareil judiciaire, industriel, étatique aurait dû être purgé : vaste programme, aujourd’hui on a les mêmes, mais ça commence à se savoir car les digues de l’information ont saute et les Américains se désintéressent de la France.

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  • bresand // 02.11.2019 à 09h52

    Il faudrait replacer tout ça dans son contexte et rappeler que les communistes ne sont entrés en résistance que quand l’union soviétique est entrée en guerre, il est donc légitime se s’interroger sur leurs véritable motivations.
    Comme la déjà montré Annie Lacroix-Riz les élites française ont préparé la défaite par crainte du communisme, leur collaboration s’inscrivait dans cette logique et à la libération les américains n’avaient pas de meilleurs intentions, ils envisageaient de placer la France sous tutelle comme l’Allemagne, la voie était donc étroite.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 11h21

      La voie était étroite pour de Gaulle, qui s’appuyait sur les Américains pour tenir les communistes en respect, et se rendait tolérable aux Américains en leur montrant qu’il était le seul à pouvoir tenir les communistes en respect. Il est certain que le poids des communistes dans la résistance était une considération majeure pour un pouvoir bourgeois et que l’occupation américaine était le tuteur de remplacement des Allemands après 1945. Or les collaborateurs s’étaient placés auprès des Américains et avaient fait de l’entrisme à Londres. C’est ce qui explique la non-épuration. Attention tout de même à ne pas donner dans la vieille supercherie de la résistance communiste qui n’aurait commencé qu’en 1941. La lutte Komintern-Fascintern commence en réalité dès 1936 en Espagne, et c’est tout du long une lutte à mort. Le thème d’un PC collabo est une supercherie d’extrême-droite.

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      • xc // 02.11.2019 à 17h44

        Il est dit partout que le PCF a observé une trêve vis à vis de l’Allemagne de la signature du pacte Molotov-Ribbbentrop au déclenchement de l’opération Barbarossa. Ce qui n’a pas empêché certains de ses membres d’entrer en Résistance avant.

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        • Rémi // 03.11.2019 à 11h18

          En attendant, cesgens ont échoués en 40, en 45 leur camps à échoué.
          Aujourd’hui la France est dans un état pathétique.
          Il serait peut-être temps de se rendre compte qu’en dehors du fait que ce sont des salauds ce sont aussi des dangers pour le pays.
          On réepure cette fois sérieusement?

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    • Anarkopsykotik // 02.11.2019 à 18h20

      >Il faudrait replacer tout ça dans son contexte et rappeler que les communistes ne sont entrés en résistance que quand l’union soviétique est entrée en guerre
      Mensonge, le PCF n’a appelé à la résistance qu’à l’entrée en guerre, mais énormément de communistes l’avaient immédiatement intégrés.

      >légitime se s’interroger sur leurs véritable motivations
      Un monde meilleur pour la majorité ? Instaurer une dictature du prolétariat et collectiviser les moyens de productions ? C’est pas non plus comme si ils s’en cachaient.

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  • Patate // 02.11.2019 à 10h44

    Il n’y a pas beaucoup d’articles concernant cet ouvrage…
    Un des seuls autres https://www.humanite.fr/essai-la-non-epuration-des-elites-676313
    Deux autres auteurs semblent s’être également penché sur la question https://www.franceculture.fr/histoire/non-lepuration-na-pas-ete-sauvage-apres-la-seconde-guerre-mondiale

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  • degorde // 02.11.2019 à 10h58

    Dans les pays de sous influence soviétique à partir de 1944-45 l’épuration a bien eu lieu et ça n’est pas un vain mot; tout au moins les collaborateurs que les américains, via le Vatican, n’avaient pas exfiltrés.
    Mais comment s’étonner en fait d’une non épuration après 1944 quand avant guerre on avait sciemment laissé faire les futurs collaborateurs ronger l’état major et tous les postes de commande de l’économie et de l’Etat sans réagir ? A cet égard 1945 marque une continuité. On cite les procès Pétain, Laval et même Darnand, mais au cours des débats jamais la trahison préparée avant guerre n’a été évoquée. Ils n’ont même pas été condamnés pour trahison mais intelligence avec l’ennemi.
    Le livre Stonor Saunders ne coûte pas si cher. Je l’ai eu pour 150 euros. Mais pour ceux que ça intéresse dépêchez vous, il devient rare. Le mieux pour ceux qui peuvent est de l’acheter en anglais on l’a pour une dizaine d’euros. Il y a même des sites internet où on peut le télécharger gratuitement. Je n’ai pas le droit de dire lesquels ici.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 12h21

      Le texte intégral du procès Pétain a été réédité avec une présentation d’Annie Lacrix-Riz par le Musée de la Résistance de Champigny. On le trouve en particulier à la librairie ‘La Balustre », rue de Strasbourg. ça vaut vraiment le coup. Pour l’accusation de conspiration contre l’Etat, elle a été abandonnée par le procureur, je ne me souviens plus sous quel prétexte. En pratique, il s’agissait de couvrir l’étendue et les ramifications de la « pourriture », comme a dit Churchill, qui avait saisi la société politique française d’avant-guerre. Et depuis, ils ont recommencé avec les Américains. Détail : c’est dans l’intérêt de la défense et en connivence avec Floriot que Daladier et Reynaud sont devenus à ce moment là des vaches sacrées de l’historiographie. Lire leurs dépositions, qui sont en gros un tissu de mensonges, mais qui contiennent aussi quelques révélations.

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      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 13h02

        Isorni, pas Floriot, mille excuses à la famille

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  • occitan // 02.11.2019 à 11h10

    Si je peux me permettre…. le livre « Qui mène la danse » est encore trouvable … en prêt à la médiathèque E. Zola à Montpellier…

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    • ellilou // 11.11.2019 à 15h53

      En désespoir de cause, ne le trouvant pas à un prix décent en Français, je l’ai commandé en anglais 🙂

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  • s // 02.11.2019 à 11h35

    Il se trouve, par exemple, que Jean Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Élysée sous Hollande, nommé par le président actuel ambassadeur à Londres, est l’époux de Brigitte Taittinger et il ne faudrait pas, en évoquant ce passé, faire de peine à ces gens là, n’est-ce pas ?

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  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 12h00

    Le mot ‘épuration’ recouvre des réalités diverses. Il y a les grandes machines, comme les procès Pétain et Laval, qui répondent à des préoccupations gouvernementales, et qui sont des procès politiques à froid, avec toutes les caractéristiques du genre. Il y a les lynchages urbains des délateurs et des bourreaux lors des journées de style révolutionnaire en continuité avec les combats pour expulser la Wehrmacht, au moment où la situation se retourne. Il y a les exécutions sommaires de prisonniers auxquelles s’adonne la troupe FFI comme cela arrive à toutes les troupes en campagne lorsqu’elles ont eu des pertes cruelles. Et puis il y a une épuration villageoise, après le départ des Allemands, qui est une cérémonie lustrale collective, à examiner dans les catégories de l’anthropologie du politico-religieux primitif. Un témoin dit : « la libération, c’est le jour où l’on a tondu les femmes. » Il s’agissait de régénérer la société. René Girard parle du sacrifice du bouc émissaire.

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  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 12h03

    On a pu voir, dans l’exposition sur la Collaboration des Archives nationales, le film d’une de ces cérémonies d’épuration villageoise dans une petite ville : cérémonie très ordonnée, encadrée par les autorités locales et la gendarmerie, avec défilé des coupables, tonte sur une estrade devant la population réunie, hommes, femmes et enfant, tous très calmes et unanimes dans leur bonne conscience. On ne voit pas le curé, mais il ne doit pas être très loin. Et l’on comprend qu’il s’agit de la réhabilitation globale des structures et des acteurs sociaux, non tondus et donc responsables de rien. La caméra saisit un instant le regard d’un gendarme dont on voit le soulagement et l’incrédulité : car lui a dû participer activement à la chasse aux résistants, et il devait jusque là douter de se retrouver du bon côté de la barrière. Mais voilà, c’est fait ! L’épuration est purement symbolique : mais que demander de plus ? Le procès Pétain aussi était surtout le moment où le procureur Morny a compris qu’il pourrait rester procureur…

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  • Bruno Kord // 02.11.2019 à 12h56

    J’ai connu un Jacques Henri Bourget avec plus d’esprit critique que celui qui l’anima lorsqu’il a rédigé ce texte.
    [modéré]
    L’épuration ou la non épuration en France n’est pas un sujet nouveau, qui n’aurait pas été abordé. Il fait polémique depuis la fin des années 40 et revient régulièrement.
    La polémique s’est d’abord portée sur les chiffres de l’épuration extra-judiciaire, avec une volonté de les gonfler d’attaquer les communistes. Aujourd’hui, on s’accorde sur environ 9 000 à 10 000 exécutions. J’aurai aimé savoir ce qu’en dit Anne Lacroix-Riz.
    Sur l’épuration judiciaire, précisons qu’il y a eu entre 750 et 780 exécutions. Il y eu beaucoup plus de condamnations à mort. Mais, et c’est ce qui a fait aussi polémique, beaucoup de ces condamnés ont été amnistiées (1947, 1951 et 1953). Beaucoup, mais pas tous. Darquier de Pellepoix, cité par Henri Bourget, comme « non épuré », a été jugé et condamné à mort, et n’a échappé à la guillotine qu’en se réfugiant en Espagne et en y restant jusqu’à la fin de sa vie.

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    • Fritz // 02.11.2019 à 16h12

      9 000à 10 000 exécutions sans jugement, c’est un plancher. Sans aller jusqu’à des chiffres faramineux, comme celui de 100 000 exécutions : un chiffre généreusement attribué par Dewavrin-Passy au ministre de l’Intérieur Adrien Tixier, après la mort de ce dernier qui ne pouvait infirmer.

      Si Darquier de Pellepoix avait été pris, il n’aurait pas été guillotiné, mais fusillé, comme Laval, Darnand, Hérold-Paquis, etc. Et il n’aurait pas volé ses douze balles.

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  • Vinnie // 02.11.2019 à 15h26

    Voilà un fiasco qu’il nous faudra éviter pour faire en sorte que ne revienne la bête immonde du capitalisme…
    Car les héritiers politiques et idéologiques de Vichy sont bien installés désormais à la tête de notre pays !

    Les effets de cette non-épuration – qui n’a pas eu lieu uniquement en France, mais en Allemagne aussi, avec recyclage de dignitaires nazis, dans les institutions de la CECA puis de la CEE, future UE, le plus connu étant Walter Hallstein, premier président de la Commission Européenne… – se font sentir encore aujourd’hui. On le voit bien avec cette horrible résolution du parlement européen du 19/09 dernier qui met sur le même plan le bourreau et sa victime, les occupants et les libérateurs, les nazis et les Soviétiques.

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  • GérardB // 02.11.2019 à 15h52

    Souvenirs de famille dans les années 60: un ami de mon père, qui était dans le même réseau de Résistance que lui, nous racontait qu’à la Libération il avait été désigné (s’était porté volontaire? je ne m’en souviens plus) pour exécuter, c’était son mot, un des collaborateurs les plus notoires du département. Tout à fait hors tribunaux, c’était une exécution décidée par le réseau lui-même, peut-être (c’est mon idée) parce qu’il savait qu’il passerait au travers des mailles du filet.
    « Je le tenais au bout de mon flingue et puis je me suis dit que je ne pouvais pas le faire, il avait une femme et des enfants. Aujourd’hui c’est un des hommes les plus riches du département. »

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    • Anouchka // 02.11.2019 à 17h57

      L’ami de votre père n’a pas à avoir de regrets. Sa réaction a été juste et prudente.
      Comme le font remarquer des commentateurs, la Libération a été à bien des égards un miroir aux alouettes, un moment de « passage« , passage pour les classes dominantes d’une allégeance à une autre. Et pour les classes dominées qui ont supporté l’essentiel des frais de l’occupation, qui ont payé de leur sang les combats de la résistance et de la libération pour certains, les modifications sociales de l’après-guerre (y compris l’application du programme du CNR) peuvent se résumer à l’adage bien connu « il faut que tout change pour que rien ne change ».
      Quel aurait été le sens d’une vengeance de circonstance dans ce contexte de la part de l’ami de votre père? Ce n’est pas par des exécutions sommaires qu’on change le monde.

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      • GérardB // 02.11.2019 à 20h04

        Tout jeune que j’étais, je n’ai pas du tout compris sa conclusion comme un regret de ne pas avoir tiré mais comme une confirmation que ce collabo était bien passé à travers les mailles. C’était une conclusion politique pas vengeresse.

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        • anouchka // 02.11.2019 à 20h42

          Oui j’ai bien compris.
          Et donc justement. Aurait-il fallu « liquider » ce collaborateur pour éviter que des gens comme lui continuent de prospérer dans la France d’après la libération comme si rien ne s’était passé ?
          Ma réponse est: cela aurait été inutile tant que l’on envisageait pas de changer de structures sociales (et anthropologiques), celles-la mêmes qui avaient permis la défaite de la France et la honteuse collaboration (ce qui a peu de choses près n’a pas été fait, je pense que tout le monde sera d’accord sur ce point).
          Qui était les collaborateurs? Une race de Français à part, douée pour l’anti-patriotisme? Des gens partageant une idéologie commune qu’il était possible d’anéantir en liquidant quelques un de ses représentants les plus visibles ? Ou bien des gens que la crainte du changement social avait rendu docile à toutes les compromissions ?
          Pouvait-on éradiquer la « mentalité collaborationniste » en exécutant ceux qui avaient collaboré ? Peut-on éradiquer une mentalité en tuant ceux qui semblent en être des représentants ?
          On peut punir des actes. Mais ça, on ne peut le faire que dans un cadre légal, sinon ça s’appelle la vendetta et on congédie l’état -et donc toute référence à la France.

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  • xc // 02.11.2019 à 17h33

    Juste pour dire qu’Otto Abetz était ambassadeur d’Allemagne, et que ce n’était pas lui qui pouvait décider de faire sauter, ou pas, les monuments de Paris, mais le général von Choltitz, gouverneur militaire de la ville.

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  • jean xana // 02.11.2019 à 19h43

    Je crois bien que Mme Lacroix-Riz est une historienne. Elle décrit ce qui s’est passé, et ne donne pas de conseil. Ne parlez donc pas de préjugés idéologiques, car vous montrez les vôtres.
    Il est clair que les gens de droite ont eu la même réaction que vous. Ils ne voulaient absolument pas se retrouver avec des ouvriers dans la future adninistration. Tous les notables ayant collaboré, ils leur ont pardonné pour écarter le péril rouge… C’est exactement ce que dit l’historienne !

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  • Larousse // 02.11.2019 à 20h06

    Sujet délicat, tâché par les images de lapidation partielle, coups de poing dans la figure et crachats rares ??? mais existants, tontes de femmes.
    La foule est toujours un phénomène à fuir m’a-t-on expliqué dans mon enfance… Images déplorables qui a caché effectivement la réalité.
    Une réalité de la collaboration que j’aimerais connaître.
    Au final, on a très peu de livres d’histoire, ne serait-ce qu’un ! qui établit la mesure exacte de la collaboration économique des industriels français avec l’occupant comme Renault ou Schneider par exemple… Silence mystérieux ?
    Pourtant la France avait investi en Europe de l’Est aussi -Schneider entre autres – en Yougoslavie, en Roumanie et en Tchécoslovaquie. Comment les investisseurs français se sont arrangés avec l’Allemagne nazie. Là aussi, un étrange mystère…

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  • Plim // 04.11.2019 à 15h47

    Mon arrière grand-père dirigeait une savonnerie à Marseille dans les années 1930.
    A la libération, des « résistants » sont venus le chercher. Pas de bol, il est décédé avant 1939…
    Comme quoi, il y a des personnes qui se sont servies de l’épuration pour régler leur compte en tout impunité.

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  • Rémi // 05.11.2019 à 13h50

    On aurais pu aussi avoir des francais Patriotes non? Ce serait bien une élite responsable en France, et aussi qui ne réponde pas: « Mais Monsieur c’est la France. »
    « Et bien Fussilez la. »
    Bon mot dont Notre actuel ministre de l’intérieur continue à s’inspirer.

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  • AlainJacques // 05.11.2019 à 22h21

    Il aurait été intéressant d’avoir l’avis de M et Mme Veil sur le fait que le mari siégeait au conseil d’administration où il côtoyait Bousquet. Monsieur Veil n’avait pas entendu parler de Bousquet ? Curieux. Et Madame Veil n’y trouvait rien à redire ?
    Ils ne risquaient pas leur vie à cette époque pourtant.

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  • Nanker // 10.11.2019 à 17h03

    « Il aurait été intéressant d’avoir l’avis de M et Mme Veil sur le fait que le mari siégeait au conseil d’administration où il côtoyait Bousquet. Monsieur Veil n’avait pas entendu parler de Bousquet ? Curieux. Et Madame Veil n’y trouvait rien à redire ?
    Ils ne risquaient pas leur vie à cette époque pourtant »

    Il y a mieux que cela. Entre 78 et 79 Mme Veil siégeait tous les mercredis en conseil des ministres en face d’un certain… Maurice Papon! Il faut croire qu’au sein de la haute bourgeoisie le souci de ne pas faire de vagues est plus fort que celui d’honorer les morts…

    De Gaulle disait : « les riches sont possédés par ce qu’ils possèdent ».

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  • Nanker // 10.11.2019 à 17h14

    « Images de femmes tondues, de jeunes gens collés au poteau : pour un amateur d’histoire, même de bonne foi, l’épuration est donc décrite comme « sauvage ». Annie Lacroix-Riz démontre que tout cela est un mythe, et rapporte archives en main, que cela n’a jamais eu lieu, et que des femmes furent tondues pour des faits bien plus graves que celui d’avoir partagé le sommier des Allemands »

    Et l’un des tous premiers livres à compatir au sort des tondues de 44-45 fut écrit par un homme classé à la gauche de l’extrême-gauche : Alain Brossat. C’était en 1993 avec « Les tondues, un carnaval moche ».

    Brossat porteur d’eau des « toiletteurs » de l’histoire de la Libération? Belle ironie…

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