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Le totalitarisme à front renversé : Une nouvelle façon de comprendre comment les États-Unis sont contrôlés, par Chalmers Johnson

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Un nouveau livre propose un diagnostic controversé, mais en fin de compte convaincant, sur la manière dont les É-U ont succombé à une tentation totalitaire inconsciente.

Source : Alternet, le 18/05/2008, par Chalmers Johnson / Truthdig

Critique du livre : Democracy Incorporated de Sheldon S. Wolin (Princeton University Press, 2008)

Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis sont en grande difficulté. La guerre préventive déclenchée contre l’Irak il y a plus de cinq ans fut et reste une monumentale erreur – ce que la plupart des Américains n’admettent toujours pas. Au contraire, ils continuent de débattre sur une poursuite de la guerre vers la « victoire », alors même que nos propres généraux disent qu’une victoire militaire est inconcevable aujourd’hui. Notre économie a été vidée de sa substance par des dépenses militaires excessives, tandis que nos concurrents se sont consacrés à investir dans de nouvelles industries, lucratives et tournées vers les besoins de la société.

Notre système politique de pouvoirs et contre-pouvoirs a été virtuellement mis à bas par la corruption et le copinage latents à Washington, ainsi que par un président clamant depuis deux mandats à qui veut l’entendre « qu’il est le grand décideur », concept fondamentalement contraire à notre système constitutionnel. Nous avons permis que nos élections, l’institution incontournable par excellence dans une démocratie, soient avilies et détournées – à l’instar de l’élection présidentielle de 2002 en Floride – sans grande protestation de la part du public ou des gardiens autoproclamés du « Quatrième Pouvoir ». Nous pratiquons maintenant la torture de prisonniers sans défense, alors même que cela entache et démoralise nos forces armées et nos services de renseignement.

Le problème est qu’il y a trop de choses qui tournent mal en même temps pour que quiconque ait une compréhension globale du désastre qui nous touche, et, si c’est seulement possible, de ce qui peut être fait pour que notre pays retrouve un gouvernement plus constitutionnel et au moins un peu de démocratie. À l’heure actuelle, il y a des centaines de livres traitant de sujets précis de notre actualité – les guerres d’Irak et d’Afghanistan, le budget distendu et hors de contrôle de la « défense », la présidence impériale et son mépris des libertés civiques, la privatisation massive des fonctions gouvernementales traditionnelles, et un système politique où aucun leader n’ose seulement prononcer en public les mots « impérialisme » et « militarisme ».

Il existe cependant des tentatives d’analyses plus complexes sur la façon dont nous en sommes arrivés à cette lamentable situation. Il y a celle de Naomi Klein, La Stratégie du Choc : la Montée du Désastre Capitaliste, qui montre comment le pouvoir économique « privé » est aujourd’hui à quasi-parité avec la puissance politique légitime ; celle de John W. Dean, Gouvernement Déchu : comment le régime républicain a détruit les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, sur le détournement de nos défenses contre la tyrannie et la dictature ; celle d’Arianna Huffington, Le Juste est Faux : Comment une minorité folle a pris les États-Unis en otage, déchiqueté la Constitution, et nous a placés en état de grande insécurité, sur la manipulation politique par la peur et le rôle majeur joué par les médias. Enfin Naomi Wolf, La Fin de L’Amérique, Lettre d’avertissement à un jeune patriote, à propos des dix étapes qui mènent au fascisme et notre situation actuelle sur cette échelle. Mon propre livre, Némésis : Les derniers jours de la République américaine sur le militarisme comme inévitable auxiliaire de l’impérialisme se classe dans la même catégorie.

Nous disposons à présent d’un diagnostic exhaustif et à jour de nos échecs en tant que démocratie, rédigé par l’un de nos philosophes politiques les plus chevronnés et respectés. Pendant plus de deux générations, Sheldon Wolin a enseigné l’histoire et la philosophie politique, de Platon à nos jours, aux étudiants de Berkeley et Princeton (j’ai fait partie du lot : j’ai assisté à ses séminaires à la fin des années 50, ce qui a eu une influence déterminante sur mon approche de la science politique). Il est l’auteur d’ouvrages primés et désormais classiques tels que : Politique et Vision (1960, édition revue et augmentée en 2006), et Tocqueville entre deux mondes (2001), ainsi que de nombreux autres ouvrages.

Son dernier ouvrage, Démocratie S.A., la démocratie contrôlée et le spectre d’un totalitarisme à front renversé, est un brûlot contre la gestion actuelle du pouvoir aux États-Unis. Il évoque notamment les évènements des dernières années et donne des propositions pour éviter que notre système ne sombre dans les méandres de l’histoire en compagnie de ses prédécesseurs totalitaires : l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie, et la Russie bolchévique. Le moment est bien tardif, et il est peu probable que le peuple américain se réveille et emprunte le chemin qui éviterait à notre nation de connaître son Crépuscule des Dieux. Toutefois, Wolin est celui qui analyse le mieux en quoi l’élection présidentielle de 2008 ne changera rien à notre destin. Ce livre démontre pourquoi la science politique, lorsqu’elle est appliquée correctement, reste la reine des sciences sociales.

L’ouvrage de Wolin est parfaitement abordable. Il n’y a nul besoin de connaissances pointues pour comprendre son argumentation, quoiqu’il soit recommandé de le lire par petits bouts, et de réfléchir sur son propos avant de poursuivre. Son analyse de la crise actuelle de l’Amérique s’appuie sur une perspective historique remontant à l’entente constitutionnelle de 1789, et jette un éclairage tout particulier sur le niveau de démocratie sociale atteint pendant la période du New Deal, ainsi que sur le mythe contemporain d’États-Unis qui se seraient dotés au cours de la Seconde Guerre mondiale d’une puissance inédite jusqu’alors à l’échelle mondiale.

Ce canevas historique brossé, Wolin introduit trois nouveaux concepts pour nous aider à appréhender ce que nous avons perdu en tant que nation. Son concept phare est celui de « totalitarisme à front renversé », renforcé par deux notions auxiliaires qui l’accompagnent et le mettent en valeur : celle de « démocratie contrôlée », et de « Superpuissance », cette dernière étant dotée d’une majuscule et systématiquement sans article. Le terme de Superpuissance peut prêter à confusion, jusqu’à ce que le lecteur soit familiarisé avec cette licence littéraire. L’auteur en use comme d’une entité indépendante, à l’image d’un Superman ou d’un Spiderman, et par essence incompatible avec la démocratie ou un gouvernement constitutionnel.

Selon Wolin, « notre thèse est la suivante : il est possible qu’une forme de totalitarisme, différent de la forme classique, émerge d’une présumée « démocratie solide », au lieu d’une « démocratie ratée ». Sa conception de la démocratie est classique, mais elle est également populaire, anti-élites, et très faiblement représentée dans la constitution des États-Unis. « La démocratie, écrit-il, est ce qui permet aux gens ordinaires d’améliorer leur vie en devenant des êtres politiques, et qui rend le pouvoir réactif à leurs aspirations et leurs besoins. » Elle dépend de l’existence d’un demos – « un corps civique politisé et doté de pouvoir, qui vote, délibère, et occupe toutes les charges de la fonction publique ». Wolin affirme que si les États-Unis ont pu se rapprocher, par moments, d’une démocratie authentique, c’est parce que les citoyens ont combattu et provisoirement vaincu l’élitisme inscrit dans la Constitution.

« Pas un travailleur, pas un commerçant, ni un fermier, pointe Wolin, n’a participé à l’écriture de la Constitution. » Il affirme ensuite : « Le système politique américain n’est pas été créé en tant que démocratie, mais au contraire avec un parti-pris antidémocratique. Il a été élaboré par des personnes sceptiques, voire hostiles envers la démocratie. La marche vers la démocratie fut lente, laborieuse, et éternellement incomplète. La république a connu trois quarts de siècle d’existence avant qu’il ne soit mis fin à l’esclavage ; il a fallu encore un siècle de plus avant que les Noirs américains ne puissent exercer pleinement leur droit de vote. Ce n’est qu’au vingtième siècle que les femmes ont obtenu le droit de vote, et les syndicats celui de mener des négociations collectives. »

« La victoire n’a été complète dans aucun de ces cas : les femmes ne disposent toujours pas d’une égalité pleine et entière, le racisme perdure, et la destruction du peu de syndicats restants est toujours un objectif stratégique du patronat. Bien loin de leur être inhérente, la démocratie aux États-Unis a au contraire lutté contre la nature, contre la méthode même par laquelle les puissances politiques et économiques de ce pays l’ont façonnée, et continuent de le faire. » Wolin n’a pas grand-mal à contenir son enthousiasme pour James Madison, le principal rédacteur de la constitution, et voit dans le New Deal la seule période de l’Histoire américaine où le demos a véritablement eu l’ascendant.

Pour synthétiser son argumentation complexe, depuis la Grande Dépression, les forces jumelées de la démocratie contrôlée et de Superpuissance ont pavé la voie pour quelque chose de nouveau : le « totalitarisme inversé », forme tout aussi totalitaire que son avatar classique, mais reposant sur la collusion interne, l’apparence de liberté, le désengagement politique au lieu de la mobilisation des masses, et comptant davantage sur les « médias privés » que sur des officines gouvernementales pour renforcer sa propagande sur la version officielle des évènements. Il est inversé dans le sens où il ne nécessite pas de coercition, de puissance policière ou d’idéologie messianique à l’instar des versions fasciste, nazie ou stalinienne (à noter toutefois que les États-Unis ont le plus fort taux de citoyens emprisonnés – 751 pour 100 000 habitants – de toute la planète). Selon Wolin, le totalitarisme inversé a vu le jour « de façon imperceptible, non préméditée, et avec les apparences d’une parfaite continuité avec la tradition politique du pays ».

Le génie de notre système totalitaire inversé est de « manier un pouvoir totalitaire sans le montrer, sans créer de camp de concentration, sans imposer d’idéologie uniformisante, et sans supprimer les éléments dissidents tant qu’ils restent inoffensifs. La régression du statut de « peuple souverain » à celui de « sujet impuissant » est le symptôme d’un changement de système, d’une démocratie qui est un moyen de « populariser » le pouvoir à celle qui n’est que la marque d’un produit que l’on vend chez nous et à l’étranger. Ce que ce nouveau système, le totalitarisme inversé, prétend être, est l’opposé de ce qu’il est réellement. Les États-Unis sont devenus l’exemple de la façon dont on gère une démocratie sans révéler qu’elle n’existe plus. »

Le totalitarisme inversé a émergé à la suite de plusieurs facteurs : la publicité et sa psychologie, la domination des « forces des marchés » dans des contextes qui leurs sont étrangers, une évolution technologique perpétuelle qui encourage des rêves de plus en plus élaborés (jeux vidéo, avatars virtuels, voyage dans l’espace), la pénétration dans chaque foyer des médias de masse et de la propagande, et enfin la collaboration totale des universités. Parmi les fables les plus répandues de notre société, les thèmes les plus récurrents sont ceux de l’individu héroïque, de la jeunesse éternelle, de la beauté rendue possible par la chirurgie, de l’action mesurée en nanosecondes, et une culture fantasmée de possibilités infinies dont les adeptes perdent le sens des réalités parce que la majorité d’entre eux a plus d’imagination que de culture scientifique. Les maîtres de ce monde sont les maîtres de l’image et de leur manipulation. Wolin nous rappelle que l’image d’Adolf Hitler décollant pour Nuremberg en 1934 au début du classique de Leni Riefenstahl « Le Triomphe de la Volonté » fut répétée le premier mai 2003 par un Georges Bush sortant d’un avion de chasse de la Navy sur le pont du USS Abraham Lincoln et proclamant « Mission accomplie » en Irak.

En comparant les campus du totalitarisme inversé qui « s’autopacifient » avec le bouillonnement intellectuel qui habite normalement les centres d’apprentissage, Wolin dit que « c’est par une combinaison de marchés publics, de financements privés d’entreprises ou de fondations, de partenariats entre chercheurs universitaires et industriels, et de riches mécènes que les universités (tout spécialement les soi-disant universités de recherche), les intellectuels, les érudits et les chercheurs ont été incorporés discrètement dans le système. Pas d’autodafé, pas d’Einstein en fuite. Pour la première fois de son histoire, le système éducatif supérieur américain rémunère grassement ses meilleurs professeurs, leur accordant des salaires et des avantages dont le premier PDG venu serait jaloux.

Les principaux secteurs qui promeuvent et soutiennent ce Shangri-La des temps modernes sont le patronat, chargé de gérer la démocratie, et le complexe militaro-industriel, qui s’occupe de Superpuissance. Les principaux objectifs de la démocratie contrôlée sont de maximiser les profits des grandes entreprises, de démanteler les institutions de la social-démocratie (la sécurité sociale, les syndicats, les allocations familiales, la santé publique, le logement public, etc.), et de revenir aux idéaux sociaux et politiques du New Deal. Son outil principal est la privatisation. La démocratie contrôlée a pour but « l’abdication sélective de la responsabilité du gouvernement envers le bien-être des citoyens » sous les prétextes d’augmentation de « l’efficacité » et de la diminution des coûts.

Wolin poursuit : « la privatisation des services publics est représentative de l’évolution régulière du pouvoir des entreprises vers un pouvoir politique, un partenaire à part entière, dominant même, de l’État. Elle marque la transformation du paysage politique américain et sa culture d’un système où les pratiques et les valeurs démocratiques étaient, sans être fondamentales, au moins des éléments majeurs à un système où les éléments démocratiques restants et les politiques populaires sont systématiquement démantelés. » Cette campagne a eu un grand succès. « La démocratie défiait le statu quo, aujourd’hui elle s’est adaptée au statu quo. »

Une autre tâche annexe de la démocratie contrôlée est de faire en sorte que les citoyens soient préoccupés par des considérations de la vie courante, périphériques ou privées, afin qu’ils ne puissent pas constater combien la corruption est répandue et la confiance du peuple trahie. Selon Wolin, « Le but des polémiques telles que la valeur de l’abstinence sexuelle, le rôle des organisations caritatives religieuses dans les activités financées par l’État, la question du mariage homosexuel, et autres, est de ne pas pouvoir être résolues. Leur fonction politique est de diviser les citoyens tout en masquant les différences de classes et en détournant l’attention des électeurs des problèmes économiques et sociaux qui concernent tout le monde. » On peut prendre comme exemples parlants d’une utilisation experte de tels incidents, qui ont divisé et enflammé le public, le cas de Terri Schiavo en 2005, où une femme en état de mort cérébrale était maintenue artificiellement en vie, et le cas en 2008 au Texas de ces femmes et enfants qui vivaient dans une communauté polygame soupçonnée de les abuser sexuellement.

Une autre tactique avancée de démocratie contrôlée est d’ennuyer l’électorat à tel point qu’il se désintéresse graduellement de la politique. Wolin perçoit qu’« une méthode de contrôle est de rendre les campagnes électorales continuelles, toute l’année, saturées par la propagande des partis, saupoudrée des morceaux de sagesse délivrés par les éditorialistes de garde, ce qui mène à un résultat plus ennuyeux que dynamisant, le genre de lassitude civique sur laquelle la démocratie contrôlée prospère. » L’exemple classique est sans doute la nomination des deux principaux partis politiques américains en 2007 et 2008, mais la « compétition » dynastique entre les familles Bush et Clinton entre 1988 et 2008 est tout aussi pertinente. Il faut remarquer qu’entre la moitié et les deux tiers des inscrits se sont abstenus dernièrement, ce qui rend la gestion de l’électorat actif bien plus simple. Wolin ajoute que « chaque citoyen apathique est un membre silencieux de la cause du totalitarisme inversé. » Il reste à voir si la candidature d’Obama pourra réveiller ces électeurs apathiques, mais je soupçonne que Wolin prédirait un barrage médiatique absolu qui annihilerait cette possibilité.

La démocratie contrôlée dissout très bien les vestiges de démocratie restant dans le système politique américain, mais sa puissance n’est rien comparée à celle de Superpuissance. Superpuissance est le sponsor ; le défenseur et le gestionnaire de l’impérialisme et du militarisme américains, deux facettes du gouvernement qui ont toujours été dominées par les élites, drapées dans le secret de l’exécutif, et soi-disant bien au-delà de la compréhension des citoyens pour qu’ils en exercent le moindre contrôle. Superpuissance s’occupe des armes de destruction massive, de manipulation clandestine à l’étranger (parfois domestique aussi), d’opérations militaires, et d’incroyables sommes d’argent prélevées au public par le complexe militaro-industriel. L’armée des É.-U. a un budget supérieur à la somme de ceux de toutes les autres armées du monde. Ce budget s’est monté à 623 milliards de dollars pour l’année fiscale 2008 ; le deuxième budget mondial étant celui de la Chine à 65 milliards de dollars, d’après la CIA.

Les interventions militaires à l’étranger forcent littéralement la démocratie à changer de nature : « Afin de faire face aux contingences impérialistes des guerres extérieures et des occupations, la démocratie va changer de visage, en adoptant de nouveaux comportements à l’étranger (par exemple, absence de pitié, indifférence à la souffrance, mépris des us et coutumes locaux, inégalité de traitement des populations assujetties), mais aussi en opérant à domicile sur des hypothèses expansionnistes faussées. En général, elle va essayer de manipuler le public plutôt que d’ouvrir le débat. Elle va demander plus de prérogatives et plus d’indépendance (les secrets d’État), plus de contrôle sur les ressources de la société, des méthodes de justice plus expéditives et moins de législation et d’opposition, et demander à grands cris des réformes économiques et sociales. »

Selon Wolin, l’impérialisme et la démocratie sont littéralement incompatibles, et le nombre croissant de ressources consacrées à l’impérialisme signifie que la démocratie va inévitablement se flétrir et disparaître. « La politique impérialiste comprend la conquête de la politique domestique et sa conversion en un élément central du totalitarisme inversé. Ça n’a aucun sens de demander comment un citoyen démocrate pourrait « participer » concrètement à une politique impériale ; de même il n’est pas surprenant que le sujet de l’empire soit tabou dans les débats électoraux. Aucun politicien ou parti de premier plan n’a seulement évoqué l’existence d’un empire américain. »

Depuis la fondation des États-Unis, ses citoyens ont une longue histoire de complicité avec les aventures impérialistes de ce pays, dont son expansion à travers le continent aux dépens des Amérindiens, des Mexicains et des impérialistes espagnols. Théodore Roosevelt a souvent émis l’idée qu’ayant victorieusement échappé à l’emprise britannique, les citoyens américains étaient profondément opposés à l’impérialisme, mais qu’en revanche, « l’expansionnisme » coulait dans leurs veines. Au fil des ans, les analystes politiques américains se sont soigneusement efforcés de séparer la question militaire de l’impérialisme, alors même que le militarisme est l’inévitable bagage accompagné de l’impérialisme. La force militaire crée en premier lieu l’empire, et devient indispensable à sa défense, au maintien de l’ordre, et à son expansion. « Que les citoyens patriotes soutiennent sans relâche la force militaire et ses énormes budgets montre que les conservateurs ont bien réussi à convaincre l’opinion publique que l’armée était distincte du gouvernement. De cette manière, le plus considérable des éléments de pouvoir étatique échappe au débat public », observe Wolin.

Cela a pris du temps, mais le gouvernement des États-Unis de George W. Bush est finalement parvenu à élaborer une idéologie officielle d’expansion impérialiste comparable à celle des totalitarismes nazi et stalinien. En accord avec la Stratégie de sécurité nationale des États-Unis (prétendument rédigée par Condoleezza Rice, et promulguée le 9 septembre 2002), les États-Unis se consacrent désormais à ce qu’ils appellent la « guerre préventive ». La guerre préventive implique la projection de la puissance au-delà des frontières, généralement contre un pays plus faible, à l’instar, disons, de l’invasion de la Hollande et de la Belgique par l’Allemagne nazie en 1940. Elle déclare que les États-Unis sont en droit de frapper un autre pays en raison d’une menace potentielle d’affaiblissement ou d’une sévère atteinte à la puissance américaine, à moins que celle-ci ne réagisse pour éliminer le danger avant qu’il ne se concrétise. La guerre préventive est le Lebensraum [« l’espace vital » brandi par Hitler pour justifier son impérialisme] de l’ère du terrorisme », nous explique Wolin. Ce qui constitua, bien sûr, le prétexte officiel pour l’agression américaine envers l’Irak, entamée en 2003.

De nombreux observateurs, moi compris, pourraient en conclure que Wolin parvient à la conclusion quasi absolue que les jours de la République américaine sont comptés ; mais Wolin lui-même s’inscrit en faux contre cette idée. Vers la fin de son ouvrage, il montre une liste de souhaits, sur ce qui devrait être fait pour enrayer le désastre induit par le totalitarisme inversé : « faire reculer l’empire, faire reculer les méthodes de la démocratie contrôlée ; en revenir au concept et à la pratique d’une coopération internationale plutôt que de recourir aux dogmes de la mondialisation et des frappes préventives ; restaurer et renforcer la protection de l’environnement ; revigorer les politiques populaires ; défaire les ravages imposés à notre système de droits individuels ; restaurer les institutions d’un pouvoir judiciaire indépendant, séparation des pouvoirs, et des contre-pouvoirs ; réassurer l’intégrité d’agences de régulation indépendantes, et des protocoles de conseil scientifique ; revivifier un système de représentation qui serait réactif face aux besoins du peuple pour la santé, l’éducation, des pensions garanties et un salaire minimum décent ; restaurer un pouvoir gouvernemental de régulation de l’économie ; et effacer les aberrations d’un code des impôts courtisant les riches et la puissance des groupes industriels ».

Malheureusement, il s’agit davantage d’une visite guidée de tout ce qui n’a pas fonctionné que d’un manuel de réparation, plus particulièrement lorsque Wolin constate que notre système politique est « vérolé par la corruption, et financé principalement par les contributions des riches et des donateurs industriels ». Il est fort peu probable que notre appareil de parti œuvre à ramener le complexe militaro-industriel et les 16 agences de renseignement sous contrôle démocratique. Il n’en reste pas moins que lorsque les États-Unis auront rejoint les totalitarismes classiques dans les poubelles de l’histoire, l’analyse de Wolin restera comme l’une des plus fouillées de la façon dont les choses ont mal tourné.

Source : Alternet, le 18/05/2008

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


Le collectivisme totalitaire

Source : Breaking All The Rules, le 26/02/2012

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

« La privatisation des services publics et de leurs fonctions témoigne de l’évolution constante du pouvoir de l’entreprise en quelque chose de politique, qui relève d’un partenariat intégral, voire dominant, avec l’État. » – Sheldon S. Wolin

Le totalitarisme inversé et l’État corporatiste

Le déclin de la société traditionnelle, malade en phase terminale, est inévitable. Depuis des décennies, les institutions politiques qui ont favorisé une République fondée sur la liberté individuelle et la responsabilité, cette République n’est plus qu’un vague souvenir. Les défenseurs de tout ce qui fit l’Amérique comme un exemple brillant des libertés humaines sont attaqués et ridiculisés, car attachés à un système moral et éthique construit sur la dignité de chacun. La plupart des gens blâmeront pour cela les politiciens qui ont sciemment aguiché les masses avec leur nouvelle génération de programmes sociaux. Définir les politiciens comme des scélérats méritant la damnation semble naturel ; la source sous-jacente de la décadence qui affecte la culture vient de plusieurs directions.

Les tendances au despotisme sont visibles de tous. La plupart des gens préfèrent y rester aveugles parce qu’accepter cette réalité mortifère requiert un effort proactif. L’idée qu’un seul dictateur s’emparera du pouvoir et dirigera en tyran semble bien loin pour beaucoup de citoyens. Cependant, le flot des nouvelles quotidiennes apporté par les mass-médias corporatistes est construit sur l’absence de vrais reportages et sur l’ignorance de vérités fondamentales ; ce flot de nouvelles insignifiantes se substitue à des événements planétaires accablants.

De fait, la valeur du concept de « totalitarisme inversé », comme défini par Sheldon S. Wholin, mérite attention.

« C’est toujours de la politique, mais de la politique non déterminée par le politique. Les querelles de partis sont occasionnellement offertes au public. Il y a une rivalité frénétique et continue entre les différentes factions d’un parti, des groupes d’intérêt, une compétition entre le pouvoir capitaliste et les médias rivaux. Et bien sûr, il y a ce moment culminant que sont les élections nationales, quand toute l’attention de la nation est requise pour un choix de personnalités plutôt qu’un choix d’alternatives. Le fait politique est absent et l’engagement pour trouver le bien commun se trouve confronté au tourbillon d’intérêts personnels, bien organisés et tenaces, qui cherchent les faveurs du gouvernement en court-circuitant la démocratie et l’administration publique avec un torrent d’argent. »

Regardez l’interview sur You Tube de Sheldon Wolin pour un résumé de son point de vue.

Pour une étude approfondie des idées de M. Wolin, revoir « Démocratie managériale et le spectre du totalitarisme inversé« . Il pose les questions suivantes :

« Est-ce que la ‘démocratie’ a un avenir à l’âge de la globalisation des réseaux de communication instantanée, et des frontières souples mouvantes ? La notion de démos comme seul corps compact avec une ‘volonté’ et une identité qui persiste dans le temps, est-elle possible ou peut-elle encore rester une notion même cohérente à l’heure des blogueurs politiques ? Y a-t-il de la place pour une politique plus authentique, plus en phase avec le caractère multiple de la réalité ? »

Il définit la démocratie de la façon suivante :

« La démocratie traite des conditions qui donnent la chance aux gens ordinaires de vivre mieux en devenant des êtres politiques et en construisant un pouvoir qui répond à leurs espoirs et besoins. Ce qui est en jeu dans une démocratie politique, c’est que femmes et hommes ordinaires reconnaissent que leurs intérêts sont mieux protégés et étendus dans un régime aux actions gouvernées par les principes de bien commun, d’égalité et de justice, un régime où la vie politique permet le partage de la vie en commun et la satisfaction des besoins de chacun. La démocratie ne signifie pas s’agiter ensemble, mais plutôt de tenir ensemble ces leviers de pouvoir qui affectent immédiatement et de façon significative les conditions de vie des autres et de soi-même. »

Le pouvoir influent des multinationales réduit toute conception idéaliste de la démocratie comme étant la voix du peuple. Le message de propagande déversé par les médias possède une énorme influence. L’économie des grandes firmes dicte les conditions du débat public. Le profane remplace le profond. Dépenser de l’argent conduit à une soif de consommation déraisonnée et toxique. Le façonnage de la culture populaire n’est pas seulement censé avilir le public, mais également de normaliser l’acceptation de la banalité. Le dialogue sur la nature de l’homme et sur le rôle d’un gouvernement juste est rejeté et remplacé par une sorte de régime fait de « droits de la dépendance » et de « prestations ».

De Démocratie en perdition : Sheldon Wolin et l’observation détaillée, la citation ci-dessous offre un aperçu de la nature de l’apathie politique conduisant à accepter une culture pathologique dénuée de toute réalité.

« Au sein de l’économie politique qui se fait jour, Wolin distingue un mouvement « antipolitique » fusionnant le pouvoir corporatif et l’Etat vers Superpuissance – c’est-à-dire, « un pouvoir expansionniste qui n’accepte d’autres limites que celles qu’il se donne lui-même » (p. xvi). A mesure que cette économie politique « postmoderne » tend vers Superpuissance, ceux qui sont aux postes de pouvoir exigent une nouvelle forme de citoyenneté : la citoyenneté impériale. Sheldon Wolin nous rappelle les mots du président américain George W. Bush, dans les instants chargés de tension qui ont suivi le 11 septembre 2001, exhortant les gens à montrer leur civisme par la consommation : « unissez-vous, consommez, et prenez l’avion » (590). Cette préoccupation pastorale du président met en lumière la puissance postmoderne de l’économie politique, telle qu’elle recompose la « culture civique » à l’image d’un plan en deux dimensions, détaché de la structure dynamique d’une Superpuissance absolument souveraine dans sa gestion des affaires mondiales. Le mieux que les citoyens puissent faire est de montrer leur patriotisme en se soumettant à l’autorité des puissances établies sans la moindre manifestation de protestation ou de différence (d’où l’incitation à « s’unir »). Plutôt que de gaspiller inutilement son temps et son énergie à s’inquiéter des changements de la vie quotidienne – des réseaux qui nous lient à nos voisins, proches ou lointains – le citoyen postmoderne affronte la multitude de choix et d’exigences disponibles au Starbucks du coin, tout en faisant dérouler les dernières offres sur eBay, en écoutant de la musique sur son iPod, le tout en attendant que le dernier morceau disponible sur iTunes soit chargé sur son iBook. Avec tant de choses à faire, pourquoi s’inquiéter de ce que nos représentants sont payés à faire ? Voilà ce qu’est le citoyen impérial, selon Superpuissance – un sujet apolitique en roue libre, conduit par l’impulsion télévisuelle à naviguer de la sécurité du foyer à la perpétuelle satiété offerte par les centres commerciaux. « Superpuissance a besoin d’un citoyen impérial, nous dit Wolin, prêt à accepter la relation forcément lointaine entre les intérêts du citoyen et ceux des puissants, qui abandonne avec soulagement son devoir de participation, et fervent patriote. » (565). »

Le citoyen impérial est vraiment un benêt. La puissance souveraine imposant son carcan au citoyen désengagé est la dernière étape d’une escalade vers la servitude librement consentie, résultat final de l’État-corporation.

L’auteur et gourou progressiste, Chris Hedges ajoute son point de vue dans la vidéo « Totalitarisme inversé : la marque Obama et l’État-corporation« .

Le talent de Hedges à mettre en pièces l’État-corporation dans toute son horreur est bien connu. Néanmoins, sa voix claironnante ne trouve aucun écho dans les cercles de pouvoir. L’économie dicte quel marché est disponible à la vente. La publicité est le seul message qu’il soit convenu de croire. Et la limitation des capacités de tout un chacun à penser et agir de façon rationnelle est sous le contrôle du totalitarisme inversé de notre propre création.

Rejeter la faute des malheurs du temps sur des forces extérieures n’est qu’une pétition de principe. Tant que des individus passifs accepteront leur sujétion, les tyrans de la culture dominante saisiront toute occasion de tondre les moutons. Notre existence même justifie la résistance à toute forme de tyrannie qui se présenterait à nous. En dépit de ce droit humain et naturel fondamental, bien des citoyens succombent à ce lavage de cerveau encadrant les aspirations.

Les effrayantes implications de la société totalitaire reposent sur les épaules de chaque individu qui refuse d’affronter le système. Résister à une autorité injuste est votre devoir premier en tant que citoyen. Notre but déclaré est d’abolir l’État-corporation et la gouvernance mondiale qui réduit la planète en esclavage.

Le déphasage entre les progressistes gauchisants et le contexte historique du principe des droits naturels constitue la raison principale pour laquelle les coalitions antisystème échouent. Les rêves partagés doivent devenir une croyance concrète. Tant que les utopistes refuseront d’assimiler les leçons et d’admettre la validité d’une authentique philosophie conservatrice, la tactique du « diviser pour régner » du Nouvel Ordre Mondial perdurera.

L’implosion économique de ces dernières années est indéniable. La consolidation du pouvoir continue parce que le commun des mortels obéit à l’autorité répressive. Malheureusement, l’indifférence à l’égard de la notion de respect vis à vis de soi-même est le premier résultat de cette culture populaire pervertie. Le renoncement de la Civilisation Occidentale est presque complet mais n’est pas définitif. Le totalitarisme est un crime contre l’humanité. Il ne tient qu’à vous de faire votre devoir de désobéissance civile.

Source : Breaking All The Rules, le 26/02/2012

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Kiwixar // 08.02.2016 à 06h57

« Ils ne voient pas en quoi ces problèmes accidentels changeraient l’essentiel : la liberté individuelle. »

« Le pire de l’esclavage, c’est quand on ne perçoit pas le poids des chaînes. »
L’essentiel des progrès techniques qui auraient pu nous libérer des contraintes du travail (tripalium) a été récupéré par une très petite oligarchie. Ils ont privatisé la monnaie, ce qui leur permet de nous fourguer quelques miettes de notre propre travail selon leur bon vouloir et de réduire à néant nos maigres pécules.

Alors, oui nous sommes « libres »… « libres » de nous échiner toute notre vie comme des esclaves, avec une pression fiscale (TVA, IR, impôts locaux et tout ce qu’on paie pour tout, et qui ne va en grande partie PAS à l’amélioration de la Nation et de notre quotidien ou celui de nos enfants) qui nous spolie de notre travail, nous met en concurrence les uns contre les autres comme des rats, « libres » d’aller voir ailleurs si l’oligarchie locale nous donne un visa de travail pour aller concurrencer ses propres serfs… « libres » de ne pas payer ses impôts locaux prohibitifs et de vendre sa maison ou son terrain pour finir en mobile-home.

Les serfs du Moyen-Age payaient moins d’impôts, avaient plus de congés et mangeaient de la bonne nourriture saine… Où sont passés les progrès techniques et les progrès de productivité qui devaient nous affranchir de 80% de notre travail?

67 réactions et commentaires

  • J // 08.02.2016 à 04h41

    Je ne dis pas que tout est faux, mais enfin si ce régime était vraiment devenu totalitaire ce monsieur ne pourrait pas le dire impunément dans son pays ! A galvauder certains termes, ils ne veulent plus dire grand-chose. Même si à l’origine Hannah Arendt, qui a décrit le phénomène, a grossi les traits en prétendant limiter ça au nazisme et au stalinisme. Et même si le contrôle total décrit par Orwell dans 1984 est largement un mythe (on a cru un temps que Staline avait réellement la possibilité de détecter les oppositions les plus secrètes alors que ses victimes étaient le plus souvent raflées au hasard pour alimenter l’esclavage du Goulag). On découvrait alors avec stupeur qu’un régime hyper-agressif à l’intérieur comme à l’extérieur pouvait procéder d’autre chose que de la rapacité de ses dirigeants, du despotisme. Topos là-dessus http://bouquinsblog.blog4ever.com/les-origines-du-totalitarisme-hannah-arendt http://bouquinsblog.blog4ever.com/martyre-et-totalitarisme

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    • dupontg // 08.02.2016 à 07h27

      dans le nouveau totalitarisme ,on peut dire ce que l’on veut….
      Enfin tant que ce n’est pas serieusement pris en compte par la majorité.
      Le controle de la caisse de resonnance mediatique suffit..
      Quand ça commence à devenir trop genant on en revient aux
      bonnes vieille methodes d’interdiction.

        +42

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      • J // 08.02.2016 à 07h38

        Je regrette, je veux bien qu’on le dénonce mais il faut appeler ça autrement. Polémiquer à coup d’étiquettes infamantes aussi péremptoires que peu claires (genre « islamophobe », « secte », « bourgeois ») est un procédé fascisant. Oui, je sais, « fascisant » c’est une étiquette, mais c’est un adjectif, ce n’est pas réducteur… « totalitarisme » est un substantif, donc réducteur et étouffant la réflexion.

          +3

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        • theuric // 08.02.2016 à 17h21

          A la différence des U.S.A., la France n’est pas dans une situation impériale mais de colonisée, quadruplement, soit le dit empire U.S., l’Allemagne, l’U.E. et les puissances monétaires.
          Mais les U.S.A. restent les maîtres principaux.
          Il y a donc une réelle différence entre la position du citoyen U.S. et celle du français qui lui, bien que sous le joug des mêmes médiats, n’en est pas moins sous une emprise plus visible.
          Il est vrai également que les deux erreurs que furent les gesticulations de Monsieur Valls empêchant Monsieur Hollande d’absorber les U.D.I./L.R., puis de la perpétuation de l’état d’urgence suivit des lois sur la perte de la nationalité, ont vidé le parti au pouvoir, le P.S., de sa substance, mais surtout en a éloigné les bobos, soit sa base électorale et partisane.
          Or, pour ces raisons, ces derniers se sont retrouvés à se réveiller et commencent à comprendre notre situation de colonisé en prenant des positions indépendantistes.
          Contrairement à ceux des U.S.A. .

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        • Crapaud Rouge // 08.02.2016 à 17h57

          @J, parce que vous ne voyez, dans ce texte qui parle d’un livre, qu’une « polémique à coup d’étiquettes » ? C’est pas vous qui seriez un peu « réducteur » par hasard ? Cette thèse de « totalitarisme à front renversé » est pourtant intéressante et originale. Elle théorise en effet une forme de totalitarisme qui, au contraire du fascisme historique, s’appuie sur « le désengagement politique au lieu de la mobilisation des masses« . Alors qu’autrefois le pouvoir fasciste s’efforçait d’obtenir l’obéissance par la contrainte, (y compris avec des moyens illégaux), le pouvoir d’aujourd’hui y parvient en organisant la passivité. Regardez « Je suis Charlie » : les quelques têtes qui ont eu le malheur de sortir du rang n’ont pas été discrètement intimidées par des hommes de mains, mais exhibées par les médias, et ce au nom de la loi (anti-terrorisme). Et il s’agit bien d’un totalitarisme, et non d’une étiquette, car tous les domaines de la vie socio-politique sont affectés.

            +23

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      • Chris // 08.02.2016 à 11h37

        Holistiquement, je trouve que Chalmers Johnson/Sheldon Wolin ont parfaitement décrit la décrépitude politique de la démocratie américaine, constat que l’on peut appliquer indifféremment à la démocratie française et européennes en général, exception faite de la Suisse qui bénéficie encore de contre-pouvoirs même si la doxa globalisante lui donne de furieux coups de boutoir.
        Quand Johnson affirme : « Le génie …. est de « manier un pouvoir totalitaire sans le montrer, sans créer de camp de concentration, sans imposer d’idéologie uniformisante, et sans supprimer les éléments dissidents tant qu’ils restent inoffensifs…. statut de “peuple souverain” à celui de “sujet impuissant”… Les États-Unis sont devenus l’exemple de la façon dont on gère une démocratie sans révéler qu’elle n’existe plus. », je ne peux qu’acquiescer à la réalité de ce schéma.

        « Le système politique américain n’est pas été créé en tant que démocratie, mais au contraire avec un parti-pris antidémocratique. Il a été élaboré par des personnes sceptiques, voire hostiles envers la démocratie » : il me semble que les Crises ont déjà évoqué cette malformation congénitale de la constitution américaine, mais aussi française puisqu’elles furent de même inspiration et époque.

        Le seul pays occidental qui a une constitution démocratique est la petite Suisse dont les puissances avoisinantes se rient depuis des décennies, même si ce concept démocratique s’effrite sous la poussée des transnationales conjointement aux pressions de l’UE…

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  • DVA // 08.02.2016 à 05h55

    oui, d’accord avec l’analyse à condition que le système survive malgré l’économie mondiale ( telle qu’on la connait) qui périclite…Après ?La débrouille dans un monde sauvage ? …Boh

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  • JMDS // 08.02.2016 à 06h34

    Au fond, est-il possible que le libéralisme nous conduise à une vie soumise au régime de la contrainte absolue ? Globalement, les occidentaux vivent librement. En paix dans le monde présent, malgré quelques crises économiques, ils ne connaissent de la guerre que par des interventions armées hors de leurs frontières. Ils ne voient pas en quoi ces problèmes accidentels changeraient l’essentiel : la liberté individuelle.
    Certes, le diable se cache dans les détails. Il faut être vigilant. Seulement, le diable n’existe qu’à l’origine de toutes choses. Justement, quelle est l’origine du libéralisme ? Essayons de l’identifier et de la comprendre.
    Comme toute idéologie, le libéralisme part d’une idée simple qu’il développe logiquement : l’individu souverain. Il se heurte à l’État, forme moderne de la souveraineté collective. Pas à pas, le libéralisme phagocyte toutes les articulations de la vie collective et pénètre les esprits par les voies symboliques. Sa force ? Déployer un discours communément admis capable de modifier les comportements, les pratiques et les pensées.
    Tocqueville nous avait prévenus. Il entrevoyait l’hypothèse de l’émergence d’un monstre doux au sein de démocraties individualisées.

      +9

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    • Kiwixar // 08.02.2016 à 06h57

      « Ils ne voient pas en quoi ces problèmes accidentels changeraient l’essentiel : la liberté individuelle. »

      « Le pire de l’esclavage, c’est quand on ne perçoit pas le poids des chaînes. »
      L’essentiel des progrès techniques qui auraient pu nous libérer des contraintes du travail (tripalium) a été récupéré par une très petite oligarchie. Ils ont privatisé la monnaie, ce qui leur permet de nous fourguer quelques miettes de notre propre travail selon leur bon vouloir et de réduire à néant nos maigres pécules.

      Alors, oui nous sommes « libres »… « libres » de nous échiner toute notre vie comme des esclaves, avec une pression fiscale (TVA, IR, impôts locaux et tout ce qu’on paie pour tout, et qui ne va en grande partie PAS à l’amélioration de la Nation et de notre quotidien ou celui de nos enfants) qui nous spolie de notre travail, nous met en concurrence les uns contre les autres comme des rats, « libres » d’aller voir ailleurs si l’oligarchie locale nous donne un visa de travail pour aller concurrencer ses propres serfs… « libres » de ne pas payer ses impôts locaux prohibitifs et de vendre sa maison ou son terrain pour finir en mobile-home.

      Les serfs du Moyen-Age payaient moins d’impôts, avaient plus de congés et mangeaient de la bonne nourriture saine… Où sont passés les progrès techniques et les progrès de productivité qui devaient nous affranchir de 80% de notre travail?

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      • J // 08.02.2016 à 07h23

        Encore une comparaison un peu trop forcée ! Les serfs du moyen-âge (et d’après, et jusqu’aux kolkhoziens en URSS, dont le statut n’était pas très différent) étaient corvéables à merci (il fallait bien entretenir la voierie, et pas de ponts et chaussées à l’époque…), et ils devaient demander la permission pour sortir de leur bled.
        Il faudrait peut-être se rendre compte que le « système » (le leadership US depuis en gros la deuxième guerre mondiale), même s’il a de gros défauts et même s’il donne de plus en plus de signes inquiétants, a été marqué par plutôt moins de guerres et de famines qu’avant (tout ça se mesure), et par un progrès technique et humain sans précédent (les problèmes actuels sont aussi des problèmes de surchauffe). Quand il aura fini de s’écrouler (tout finit par s’écrouler) il pourrait bien apparaitre comme l’âge d’or de l’humanité…

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        • nanou // 08.02.2016 à 08h55

          L’âge d’or de l’humanité???
          C’est environ 40 millions de morts.
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_guerres_contemporaines

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          • TZYACK // 09.02.2016 à 19h35

            Les hommes se sont de tout temps entre-tués et « heureusement » car nous serions aujourd’hui théoriquement plus de 100 milliards d’individus !

              +0

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        • Anouchka // 08.02.2016 à 09h29

          « Un progrès technique et humain sans précédent »
          Pour le progrès technique je vois, mais pour le progrès humain pas trop…
          Pas sûr non plus que le progrès technique contribue à rendre le monde plus confortable pour les humains (il n’y a pour cela qu’à prendre en compte les problèmes induits par la pollution et les armes de destruction massives).
          D’autre part, le fait que l’espérance de vie s’accroisse ne règle pas les problèmes de l’être humain relativement au sens de sa vie. Dans bien des cas cette possibilité indéfinie d’allongement de la vie que semble offrir les techniques modernes est plus déprimant que réjouissant. Personnellement préférerais vivre jusqu’à 60 ans dans l’honneur et la dignité plutôt que jusqu’à 100 avec halzheimer…
          Or justement, l’aspect sordide du « totalitarisme inversé » décrit dans l’article, c’est qu’il rabaisse le citoyen a une condition de semi-esclave. Il lui fait perdre sa dignité.

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          • Anouchka // 08.02.2016 à 11h11

            Eric Hobsbawn dans l’Age des extrêmes, rappelle que la torture avait quasiment disparu des états occidentaux à la fin du XIXe siècle et qu’elle y a fait sa réapparition après les deux guerres mondiales.
            Je suis personnellement frappée par la façon dont est traitée la question de la torture dans les séries américaines récentes : la torture y est présentée comme un fait regrettable, mais somme toute normal, qui en outre peut tout à fait être pratiqué par les gentils…
            Même dans la série « un village français », j’ai été frappée par la façon dont est traitée la question de la torture : elle est pratiquée par des méchants pas vraiment méchants et en plus elle est présentée comme une technique de guerre somme toute plutôt classique et finalement assez legitime…
            La vision dans les films des années 70-80 était très différente (je pense par exemple à « La jeune fille et la mort »)
            Ou est le progrès là-dedans ?

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            • Lysbeth Lévy // 08.02.2016 à 13h08

              Oui traité de façon « euphémique » mais pourtant ce pays a accumulé beaucoup de crimes, comme les pays européens libéraux, le livre de Domenico Losurdo : « La Contre-histoire du libéralisme » : http://www.slate.fr/story/97761/esclavagisme-racisme-massacres-autre-visage-liberalisme

              L’eurocentrisme ou « occidentalo-centrisme » oublie que le monde ne leur appartient pas et pourtant ils se sont donné la « mission civilisatrice » qui leur a permis de s’enrichir et creuser des fosses de victimes innombrables. Mais de ça on est moins fier car nombreux sont ceux qui ne veulent pas le reconnaitre et font dans le déni !!

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            • Homère d’Allore // 08.02.2016 à 23h30

              La torture n’avait malheureusement pas disparu au dix-neuvième siècle. L’Okhrana l’utilisait de manière assez systématique.

              http://spartacus-educational.com/RUSpw.htm

              Il est de bon ton de rendre la Tcheka responsable du retour de la torture. Même si cette dernière reste de sinistre mémoire, elle utilisa moins la torture que la police politique tsariste.

              De même, la torture fut appliquée dès la fin dix-neuvième par les forces de sécurité britanniques contre les membres des différents mouvements indépendantistes irlandais.

              Hobsbawn, remarquable historien par ailleurs, s’est donc un peu avancé…

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        • Mil // 08.02.2016 à 09h41

          Si ce systeme est si parfait, progres techniques: des techniciens volés aux autres nations, et marqué par « moins de guerres » ( vous rigolez, j’espere?), vous oubliez l’imperialisme continu soufflant les guerres sur les autres nations sans toucher à l’amérique du nord bien évidemment…
          Et vous oubliez le vol des ressources, touchant des pays pauvres qui ne peuvent pas ou peu se défendre.

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        • Lysbeth Lévy // 08.02.2016 à 12h44

          On a beaucoup exagéré les crimes de Staline pour faire oublier ceux plus nombreux des Usa. D’abord contre sa propre population lors de la guerre contre les communistes, syndicalistes américains, d’avant la guerre et avec l’aide les services secrets qui ont combattu de façon anti-démocratiques les communistes américains et les syndicalistes :

          http://conflits.revues.org/858?lang=en et le maccarthysme qui a obligé Charlie Chaplin, Berthold Brecht a émigrer a cause de leurs « idées ».

          Le mythe de la l’Amérique pays libre n’a existé qu’à travers Hollywood ou là aussi Mac Carthy a fait le ménage : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dix_d'Hollywood

          Les nombreux conflits décidé par les Usa sont maintenant connus sans compter les nombreux conflits sous le sceau « secret service » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Interventions_militaires_des_%C3%89tats-Unis_dans_le_monde

          Cela fait plus de 45 millions de morts selon certains dont Gore Vidal et Chomsky. Mais on préfère encore gloser sans fin sur les excès de Staline !!!

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          • J // 09.02.2016 à 08h12

            C’est quand même sidérant, cette diabolisation, ce refus de comparer avec l’avant ou l’en-dehors de l’emprise US (ou alors en disant qu’avec Staline c’est kifkif… il faudrait penser à lire Soljenitsyne). Si on se figure, par exemple, que l’Amérique Latine AVANT (et que ce soit avant la colonisation européenne, pendant cette colonisation, ou complètement indépendante) était plus paisible et moins injuste, c’est qu’on ne connait RIEN à son histoire

              +1

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            • J // 09.02.2016 à 11h41

              Manichéisme, quand tu nous tiens… ce qu’a décrit Soljenitsyne a été largement confirmé, son vécu ultérieur n’y change rien.
              C’est vrai que l’irruption soudaine du tout-libéralisme a été un cataclysme pour la Russie, mais je ne vois pas ce qui permet d’affirmer que c’était voulu. On n’avait jamais tenté d’instaurer le libéralisme dans un pays qui en avait perdu l’habitude (en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Chine aussi, il y avait encore des gens qui se souvenaient des principes de base, en Russie ou Ukraine, c’était trop tard, mais c’est plus facile à constater après).
              Mao n’a certainement pas voulu la plus meurtrière famine de tous les temps (1959-1962), mais il l’a quand même provoquée, par sottise et refus de reconnaitre ses erreurs plus qu’autre chose. C’est la même chose pour les réformes irréfléchies d’Eltsine (qu’elles lui aient été imposées ou pas).

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        • Georges // 10.02.2016 à 22h47

          @J
          L’exploitation du monde par l’occident a apporté un progrès humain en occident.

          Il faudrait que les victimes, y compris celles qui sont mortes, puissent témoigner.

          Reste à se mettre d’accord sur la notion de progrès humain, y compris là où raisonnablement on pourrait l’identifier (en occident dans presque toutes les couches sociales).

          Richesse matérielle et misère relationnelle (beaucoup de superficialité, compensée par le potentiel de consommation).

          Totalitarisme opposé à démocratie (exemple, référendum de 2005 bafoué par la suite). Totalitarisme qui n’a pas besoin de supprimer les opposants (jusqu’à un certain point…) issus de la société dans laquelle il est maître. Il lui suffit de pouvoir manipuler une masse suffisante (voir Gramsci entre autre).

          Ce totalitarisme n’a pas hésité à supprimer des leaders africains progressistes (et ailleurs aussi), ça c’est quand la majorité bascule.

          L’auteur ne se trompe pas sur le vocabulaire. Inutile de le dénigrer.

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          • J // 11.02.2016 à 07h03

            Je répète que si on veut juger la gouvernance US (que je n’angélise pas plus que je la diabolise) il faut la juger en comparant avec l’avant et l’en-dehors (et l’après quand on y sera, on ne perd rien pour attendre). Autrement, si on se contente d’additionner les défauts et les crimes, ce sera toujours l’horreur, mais c’est puéril.

            S’agissant par exemple de l’Amérique Latine, supposée victime au premier chef de cette gouvernance, on a intérêt à connaitre son histoire avant (par exemple la Guerre de la triple-alliance, qui a tué plus de la moitié de la population paraguayenne au dix-neuvième siècle).

            Et même s’agissant du Chili, supposé martyrisé pour avoir prétendu s’en extraire, comme je l’ai moi-même estimé longtemps, ce n’est pas si simple (rien n’est simple de toute façon). http://daruc.pagesperso-orange.fr/divers/chili.htm

              +0

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  • Salim Benmeziani // 08.02.2016 à 07h50

    Enfin un article sur cet auteur absolument majeur de la philosophie politique contemporaine et totalement inconnu en France. Voici là sans doute une des plus claires analyses du système politico-économique auquel nous sommes tous soumis désormais, ainsi que quelques raisons importantes de ses mutations historiques : https://www.youtube.com/watch?v=LGc8DMHMyi8

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  • social21eme // 08.02.2016 à 09h24

    inconsciente, a l’insu de leur pleins grès…. mouarf, même pas en rêve, ils sont très conscient OUI !

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    • Chris // 08.02.2016 à 11h45

      Je doute que l’Américain lambda bouffant son pop-corn devant la téloche ait une quelconque conscience de son système politique !
      Le seul truc qui le préoccupe est de pouvoir payer ses frais médicaux, son loyer, réaliser ses gages hebdomadaires et prier pour que sa progéniture n’atterrisse pas dans une prison gérée par d’aussi pourris que leurs délinquants !

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  • Sylvain chesnel // 08.02.2016 à 09h52

    Pour pouvoir nuancé sur le totalitarisme de notre régime il faut avoir le culot de dire que des génocides contre des dollars c est pas totalitaire
    Age d or de l humanité parce que vous etes européen age d or du pillage de masse de la domination mondialisé pqr un tout petit nombre
    Alors ok on fait parti des 10% de gagnant mais moi j affirme que pour nuancé sur le totalitarisme il ne faut pas être irakien vietnamien lybien grecque malien congolais etc etc etc bref occidental quoi.
    C est comme si avant la révolution vous rétorquiez aux sans culotte non mais moi en tant que noble je trouve que vous abusez c est pas vrai qu on a plus de pain votre analyse ne tient pas

      +16

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  • Louis Robert // 08.02.2016 à 10h32

    Recommandée, série en 8 épisodes: « Hedges & Wolin, Can Capitalism and Democracy Coexist? »

    https://m.youtube.com/watch?v=YjfKosDBOzQ

      +6

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  • Furax // 08.02.2016 à 11h12

    Il ne faut pas galvauder le sens des mots. Les USA ne sont pas totalitaires. C’est absurde de le prétendre, quand bien même il est exact que le pays a été fondé par de riches planteurs esclavagistes, des riches commerçants, avocats et financiers.

    Les USA ont plutôt été pris en main par une oligarchie. Une ploutocratie pour être plus précis.

    Charles Gave a récemment indiqué qu’un président d’une des succursales de la Fed lui avait indiqué que, vers 2006, un véritable gang mafieux avait commis une sorte de coup d’Etat en prenant le contrôle de la Fed et qu’ils travaillaient pour les financiers corrompus de Wall Street et non plus dans l’intérêt général du peuple américain. C’est pour cela que personne n’est allé en prison en 2008-2009 et que les contribuables ont épongé les pertes des pourris tout en y perdant souvent leurs maisons, leur emploi, leur épargne retraite.

    Eisenhower, dans son discours d’adieux, avait mis en garde contre le risque du complexe-militaro-industriel.

    Le problème, c’est le poids démesuré de l’argent qui verrouille quasiment la vie politique. Et la Cour suprème a verrouillé ce coup d’Etat ploutocratique en 2010 en décidant qu’il était interdit de limiter le financement de la vie politique par les entreprises et les groupes de pression. De ce fait, la Cour suprème a transformé les entreprises et groupes de pression en citoyens plus égaux que les autres.

      +12

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    • Gilles // 08.02.2016 à 11h35

       » Les USA ne sont pas totalitaires. »

      Si, les USA sont totalitaires. C’est un totalitarisme induit par un capitalisme outrancier. Sauf à accepter de devenir un marginal, vous naissez, vivez, travaillez, mourrez que pour le capital. Vous n’avez pas d’autres choix. TINA ! Heureusement, des millions d’américains résistent. Il faut faire la différence entre le système imposé par les dirigeants d’un pays et les habitants de ce pays.

        +19

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      • Furax // 08.02.2016 à 14h11

        Non.

        Définition du totalitarisme = régime à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée et dans lequel l’État tend à confisquer la totalité des activités de la société.

        Là c’est tout autre chose. Il y a une contre-culture qui s’oppose à celle de l’establishment ploutocratique. Elle est permise par un ensemble de médias libres. Vous et moi en réprouvons par ailleurs certainement une partie des idées et des projets, mais c’est un fait.

        Enfin, ce n’est pas l’Etat qui confisque. Ce sont des kleptocrates, ce qui est très différent.

        On est revenu aux barons voleurs. Des gens qui ont mis la main sur le pouvoir politique, juridique et médiatique, et qui ont leur agenda : celui de tondre les petits, de leur faire les poches parce qu’ils n’en ont jamais assez.

        On peut qualifier cela d’un tas de manières. Mais ce n’est pas, pas du tout du totalitarisme.

        Cette clique est de plus en plus haïe. Ce n’est pas pour rien que Trump et Sanders sont en tête des primaires.

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        • Gilles // 08.02.2016 à 14h49

          Vous vous arrêtez à la définition « classique » du totalitarisme. [Modéré]

          Ne comprenez-vous pas que c’est ce qui se passe aux US et dans bien d’autres pays (le notre par exemple) : Il n’y a aucune « vraie » opposition, et l’état est effectivement complice d’une classe « kleptocrate » qu’on pourrait nommer les « 0,001% »
          http://www.les-crises.fr/philippe-pascot-plus-tu-es-un-truand-plus-tu-as-de-chances-detre-reelu/
          Le totalitarisme se définissait par un régime basé sur la coercition, la mise en place d’un état policier et/ou militaire, de camps de concentration, de mise à l’index d’une partie de la société. Toutes choses visibles aux US :

          « le gouvernement des États-Unis de George W. Bush est finalement parvenu à élaborer une idéologie officielle d’expansion impérialiste comparable à celle des totalitarismes nazi et stalinien. »

          – budget militaire/policier équivalent à la somme de tous les autres budgets de la planète (excusez du peu !!)
          – Nombre de prisonniers proportionnellement 10 fois plus élevés que la Russie ou la Chine.
          – % de prisonniers noirs ou latinos ou pauvres
          – Guantanamo avec droit de torture inscrit dans la loi
          – Racisme latent avec « bavures » policières quasi-quotidiennes (Sont-ce des bavures ?)
          – Guerre « préventive »

          Certains pourraient le qualifier de « totalitarisme doux » parce que moins visible que les totalitarismes nazi et Stalinien, mais il n’en est pas moins, pour autant, qu’un réel totalitarisme dont il est difficile de prévoir s’il sera plus ou moins dévastateur, grâce à la machinerie infernale qu’impose le capitalisme.

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          • J // 08.02.2016 à 15h52

            Bon, alors, quelle est la définition néo-classique ? Ce qu’on reproche aux USA, il a été dit que ça relève de la ploutocratie. Impérialisme peut encore servir, après tout, à condition de préciser le sens. Les deux sont tout aussi sévères pour peu qu’on veuille bien développer, mais c’est quelque part le contraire du totalitarisme « classique ». On crève de froid comme de chaleur. A tordre le sens des mots, bientôt plus personne ne comprendra plus personne.

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          • adrien // 08.02.2016 à 20h05

            Le bipartisme là bas comme ici est une démocratie de façade . Hillary Clinton qui se présente pour le parti Démocrate, ne diffère pas de Bush sur bien des points : le complexe militaro-industriel ne manquera pas de travail ! Une police militarisée est l’un des marqueurs d’un État totalitaire http://cqfd-journal.org/Etats-Unis-Les-flics-americains-de

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        • Anouchka // 08.02.2016 à 15h43

          Hannah Arend ne définit pas vraiment le totalitarisme de cette manière (parti unique qui confisque toutes les activités de l’Etat).
          Pour elle, ce qui fait la différence entre un système totalitaire et une dictature « classique », c’est le fait que l’idéologie de l’état s’immisce dans la vie privée des citoyens, de sorte qu’il n’y a plus de différence entre la sphère publique de l’Etat et la sphère privée (typiquement : des enfants qui vont dénoncer la « déviance » idéologique de leurs parents, provoquant par la l’emprisonnement des parents).
          A noter : les effectifs de la gestapo par exemple n’étaient pas excessivement élevés. Le contrôle des citoyens dans l’Allemagne nazie s’est beaucoup fait de manière « pro active » (les gens devançaient les exigences du système par de l’auto-discipline, des dénonciations, etc.)

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          • J // 08.02.2016 à 16h01

            Il ne faut pas exagérer l’immixtion dans la vie privée, 1984 n’est pas un roman réaliste, et Arendt exagère. Le Goulag était aussi un système esclavagiste pour lequel on raflait des gens au hasard, on l’a compris plus tard. Mais il y a bien cette mobilisation, très au-delà des besoins de l’état et même de la classe dirigeante (ni Hitler ni Staline ni Mao ne vivaient dans le luxe), au service d’une idéologie.
            Je répète qu’on n’a pas besoin de ce terme pour dénoncer ce qu’il y a lieu de dénoncer chez les Américains (et que je ne suis pas convaincu que les choses iraient mieux sans eux). Enfin, si ce n’est pas conforme à la ligne du parti ici, ce serait plus honnête d’annoncer la couleur…

              +3

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        • Crapaud Rouge // 08.02.2016 à 18h14

          « Définition du totalitarisme = régime à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée et dans lequel l’État tend à confisquer la totalité des activités de la société. » : le parti unique, on y est déjà : Hollande = Sarko, PS = UMP, sauf qu’on a l’illusion d’un choix. « Aucune opposition » : on y est déjà, sauf qu’on a l’illusion de pouvoir contester. Confiscation de la totalité des activités de la société : on y est déjà via le système législatif, et via la collusion, (dénoncée dans le texte), entre le système politique et les multinationales. L’Etat ne « confisque » rien explicitement, il se laisse simplement « bouffer » par les intérêts privés.

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          • toto // 09.02.2016 à 08h37

            Intérêt privée?
            Depuis la fin des accords de brettons woods US achètent tout les pouvoirs et contre-pouvoirs a gros Audimat et gros chiffre d’affaires des nations (les médias, quotidiens, magazines, entreprise national privatisé…), contrôlent des services internationales, des fondations, des multinationales, et beaucoup de collaborateurs, think tank …
            Les US une sacré SARL de la subversion.
            Révolution colorés on a eu notre mai 1968 et la déstabilisation de De gaule, les accord blum burnes et l’américanisation du cinéma Français se voit contraint de diffuser 50% de film produit par les US pour payer notre dette …. (la séduction).
            La séduction est une étape importante car elle lève les doutent, elle augmente une forme de loyauté sans nom ou confiance aveugle, étape caractéristique d’une forme de dénie collectif d’inertie du raisonnement et d’incapacité à la rébellion, forme de léthargie dont les principaux facteurs sont un manque d’élévation de la citoyenneté (le politique ennuie complexifie le débat, les médias contre pouvoir est devenue l’organe des stratégies politicardes), la peur (sujet clivant, respect de la normalité et la bien-pensance), la résilience, la collaboration, la haine (de victime a bourreau, pro-atlantisme transformation de la France en pays satellite d’intérêts étrangers).

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        • Georges // 10.02.2016 à 23h05

          @Furax

          Non,

          je reprends votre définition du totalitarisme
          Définition du totalitarisme = régime à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée et dans lequel l’État tend à confisquer la totalité des activités de la société.

          Relisez l’article. Il montre bien qu’il n’y a pas d’opposition, qu’en fait les démocrates se sont faits absorbés idéologiquement, et donc que les deux partis, ce n’est qu’une apparence.

          De plus il dit que lorsque des alternatifs ont commencé à émerger, le système a réussi à les évincer.

          Et il dit bien que l’Etat est devenu un outil pour des puissances qui n’ont rien à voir avec le peuple.

          Avec votre définition et le développement de l’auteur, c’est bien un totalitarisme.

          On pourrait d’ailleurs développer en disant que c’est un totalitarisme à vocation mondiale qui s’appuie sur les USA (usa = structure d’état, c’est à dire un pouvoir, mais pouvoir réorienté vers d’autres objectifs que ce pour quoi on croit qu’il est fait).

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    • Chris // 08.02.2016 à 11h50

      « Les USA ont plutôt été pris en main par une oligarchie. Une ploutocratie pour être plus précis »
      Oui, pis c’est quoi cette plutocratie qui a pris en main les USA ?
      Vous tournez autour du pot et vous bercez de mots creux.

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    • christian gedeon // 08.02.2016 à 11h51

      les Etats Unis ne sont donc pas totalitaires… ce n’est pas faux,ils ne le sont pas. Ils sont déjà passés à autre chose que la notion de totalitarisme….Outre le fait qu’ils ont stérilisé,avec la complicité de leurs citoyens,la notion de démocratie,les dirigeants apparents et juste à peine moins apparents des USA( j’ ai en horreur ceux qui voient des complots partout,parce que ces gens ne se cachent absolument pas),ont proposé au « peuple  » un projet de vie auquel le « peuple  » a presque totalement adhéré…. des bagnoles,des maisons,des voyages,des loisirs,et as de neurones s’il vous plaît… Ils ne sont pas totalitaires,les USA,et je préfère parler des ultralibéraux que des USA,simplement parce qu’ils ont transféré le totalitarisme au « peuple » lui même…et çà,c’est fort,très fort…ils ont fait entrer dans la tête des gens la lutte de tous contre tous… et la destruction de la notion de société…le peuple a souscrit à la notion tellement simple de communautarismes et de communautés…suite au prochain épisode,l’avertissement orange étant apparu…tiens,pourquoi orange,cher Olivier… on s’est compris je crois.

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  • christian gedeon // 08.02.2016 à 11h26

    Mouais… évidemment,ce n’est pas faux. Mais évidemment aussi, le totalitarisme ultralibéral,qui n’est pas qu’américain lon s’en faut,s’est mis en place avec la collaboration active des peuples. Si,si j’ai bien dit active,et même forcenée. J’assume. Le grand chambardement commencé dans les années soixante et qui a envoyé valser le bébé avec l’eau du bain,la frénésie de « libertés « (sic!) et de consumérisme,l’avènement de la « société des loisirs « (panem et circenses n’est ce pas?),ne sont pas tombés du ciel,hein? Les foucaultismes,deleuzismes et autres derridismes ont tout emportés sur leur passage dans les classes dites « intellectuelles »,et tout est devenu égal à tout… et le relativisme a régné et règne encore en maître sur ce qui reste de pensée… Un Bourdieu a essayé de résister tant bien que mal à cette avalanche meurtrière de lieux communs et de renoncements…mais qui parle encore de Bourdieu,n’est ce pas? çà c’est pour la « classe dite intellectuelle…je n’y inclus évidemment pas les Mink,Attali et autres Sorman,dérélictions de la pensée et qui ont fait,et font encore les beaux jours de la pensée(sic) économique. Bon,on me dit que je suis trop long,donc j’arrêteet suite au prochain épisode…pour la cohérence.

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    • christian gedeon // 08.02.2016 à 11h34

      Suite donc… je voulais en venir au fait qu’accuser les dirigeants revient ipso facto à mettre en cause les peuples… parce que dans les pays à vote démocratique,rien,absolument rein,n’ a « obligé  » les peuples à voter pour ceux qui ont mis en place cette politique d’abrutissement généralisé. Ils avaient (et ils ont encore ) des alternatives réelles au moment des choix…et pourtant…il ne se passe rien. Ceux qui commandent aujourd’hui,ont été mis directement ou indirectement en place par les peuples,qu’on le veuille ou pas!Ici comme aux US,comme en Germanie etc… Que les peuples se réveillent et il en ira autrement…et s’ils ne se réveillent pas,eh bien,tant pis pour eux. Qu’ils subissent le joug qu’ils ont librement choisi…Est,est…non,non (est)….c’est aussi simple que çà. Je traduis pour ne pas passer pour un pédant,je ne suis oh horreur qu’un latiniste….Mais çà veut dire Ce qui est ,est…et ce qui n’est pas,n’est pas! Traduit autrement par » que ton oui soit un oui,que ton non soit un non »! Foutredieu!

        +8

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      • christian gedeon // 09.02.2016 à 01h52

        Et Hollande,il a été par qui?mmmmm? ben par les français,non? Quant à la fabrication du consentement,je maintiens qu’on n’est pas OBLIGE… Si les gens sont assez cons pour tomber dans le panneau,je redis…tant pis pour eux. Medre alors! Il va bien falloir qu’un jour,le citoyen se sente « responsable  » de ce qu’implique son vote,non?Et qu’on ne me parle pas de vote blanc et d’abstention…pour le moment,en France en tous cas,çà ne compte pas…et donc si çà ne compte pas,il faut aller voter. C’est trop facile ces histoires de vote blanc et d’abstention…çà ne justifie rien,çà n’apporte rien avec la loi actuelle… alors ,comme on dit,on se sort les doigts de là où je pense,on arrête de faire du nombrilisme et on va voter… un peu de réalisme que diable!.

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  • Alae // 08.02.2016 à 11h27

    Théodore Roosevelt a souvent émis l’idée qu’ayant victorieusement échappé à l’emprise britannique, les citoyens américains étaient profondément opposés à l’impérialisme, mais qu’en revanche, « l’expansionnisme » coulait dans leurs veines.

    Ils appellent ça « l’esprit pionnier ». Ils se sont étendus vers l’ouest, et quand ils sont arrivés au Pacifique, ils avaient pris l’habitude de s’étendre…
    http://cluborlov.blogspot.fr/2015/09/the-howling-wilderness-of-mind.html

    Comme l’a également expliqué Noam Chomsky, l’Amérique a été impérialiste depuis le premier jour. C’est leur culture.
    Et merci pour ce magnifique article.

      +16

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    • christian gedeon // 08.02.2016 à 11h37

      ben oui hein? L’Amérique a été fondée (sic!) par les puritains du Mayflower… et les puritains étaient le Daech de ces temps là…. d’où ce qu’on voit aujourd’hui… raccouci saisissant je l’admets volontiers,mais est il faux?

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      • Lulu Bâille // 09.02.2016 à 17h16

        Non, pas faux, vu le nombre de victimes des populations autochtones…
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Actes_de_génocide_en_Amérique (article intitulé « Actes de génocide en Amérique »)

          +2

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        • christian gedeon // 10.02.2016 à 10h37

          Faut pas tomber dans l’autochtonisme(ah Liltlle big man et Danse avec les loups!)… les puritains (dont les descendants sont les évangélistes fous d’aujourd’hui) ,sont contre les indigènes,les allogènes et en règle générale contre tout ce qui ne pense pas comme eux… je veux dire,est on bien conscients qu’aux US il y a des universités qui enseignent le créationnisme comme vérité ultime? Je ne sais pas pour vous,mais moi çà m’hallucine… si çà ce n’est pas du « daechisme » en quelque sorte,je me demande bien ce que c’est… Si on prend un peu de hauteur sur la question,et j’en reviens à mon leit motiv,le culte « des » libertés,qui nous vient de là bas est l’arme fatale qui mène à la destruction de LA liberté… et tout le monde ou presque est tombé dans le panneau… dans ce piège fatal des libertés (sic!) et donc des communautarismes…

            +0

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  • bluetonga // 08.02.2016 à 11h56

    Bonjour J.

    Les restrictions sur la longueur des commentaires m’obligent à faire court. L’âge d’or de la pax americana a surtout été un âge d’or pour les occidentaux, beaucoup moins pour le reste du monde Parlez en aux habitants d’Amérique du Sud, d’Asie (d’est en ouest), d’Afrique. Moins de mort? Plus chez nous, c’est vrai, beaucoup chez les autres. Et cette trêve, elle était due à l’équilibre entre blocs nucléaires, pas aux mérites spécifiques de l’oncle Sam.

    A la chute du bloc de l’est, l’état profond (financier, industriel) américain s’est senti libre de conquérir le monde. Nous voyons le résultat aujourd’hui : conflits en chaîne aux points stratégiques et énergétiques du globe, paupérisation des populations, chaos et déstructuration du consensus social, érosion spectaculaire de la qualité de l’information, espionite aiguë, des relents de Huxley et d’Orwell. Nous redevenons des serfs parce qu’ils redeviennent des seigneurs, et que nous ne comptons pas dans leurs calculs.

      +14

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    • Lysbeth Lévy // 08.02.2016 à 12h58

      Hélas, oui la fin de la guerre froide a donné la liberté aux Usa de faire de nouvelles guerres au nom de l’ingérence, contre le terrorisme, un prétexte comme un autre, même Gorbatchev s’est posé la question : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1959

      « Mikhail Gorbatchev : « J’ai parfois le sentiment que les États-Unis vont faire la guerre contre le monde entier. » Mis à Jour le : 9 mai 2008

      Lors d’un entretien accordé au Daily Telegraph, le dernier dirigeant de l’Union Soviétique estime que l’on ne peut plus faire confiance aux déclarations de la Maison Blanche quand elle affirme qu’elle a des intentions pacifiques à l’égard son ancienne rivale. Il dénonce également l’unilatéralisme et la posture belliqueuse des Etats-Unis.

      IL n’y a jamais eu autant de conflits depuis la chute de l’Urss, et on sait bien que désormais c’est la Russie qui est dans le collimateur et la Chine, grands gêneurs contre l’hégémonie commerciale américaine.

        +13

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    • christian gedeon // 08.02.2016 à 13h22

      Ce n’est pas force des US qui a permis çà,mais la faiblesse des peuples!tant qu’on trouvera une bête expiatoire pour dire c’est pas de not’ faute m’sieur,c’est de la faute des autres,on n’avancera pas d’un millimètre…c’est ce que j’appelle la tiers mondisation de la pensée européenne! (Re) devenir adultes serait une première étape d’un processus de contestation du modèle dominant… or ,je constate que beaucoup de réactions sont « adolescentes  » au sens romain du terme.jamis de notre faute,toujours de celle des autres… c’est RI-DI-CU-LE!

        +7

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      • Crapaud Rouge // 08.02.2016 à 18h20

        Bravo monsieur christian gedeon ! Et pourquoi pas un petit stage de « psychanalyse pour tous » afin que chacun redevienne « adulte » ? « au sens romain du terme » : qu’est-ce à dire ? Apprendre à se battre l’épée à la main ?

          +2

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        • christian gedeon // 09.02.2016 à 01h57

          Psychanalyse? Vous êtes très américanisé à ce que je lis. Simplement sens des responsabilités,çà suffira.

            +2

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          • Georges // 10.02.2016 à 23h17

            @christian gedeon

            Votre remarque laisse penser que vous croyez que la psychanalyse provient des Etats-Unis. Vous confirmez ?

              +0

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  • vincent // 08.02.2016 à 12h06

    J’ai lu le début
    Le plus étonnant c’est que l’auteur se rend compte du caractère destructeur de sa nation pour le pognon, mais il dit que c’est récent cette oligarchie qui prend le pouvoir. Je reste effaré (peut être qu’il en parle après) par l’occultation systématique de l’histoire de ce pays.

    Il y a 30 à 40 million d’indiens mort prêts à témoigner pour dire que ce pays se fonde sur le vole, la spoliation, le meurtre de masse, la guerre au nom du profit
    Et sa nuisance pour le monde aujourd’hui ne date pas d’hier.Regardez les « raisins de la colère » pour voir comment ils traitaient leur paysans qui eux même ont volé les terres aux indiens

    Depuis la guerre d’indépendance c’est une question de pognon, le conflit a démarré avec le refus de payer l’impôt au gouvernement anglais qui avait besoin de renflouer ses finances depuis la guerre de 7ans; Ce sont des gens avides d’argent à qui on a donné l’indépendance. Alors est ce si étonnant? Au regard de leur histoire, absolument pas.

      +15

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  • vincent // 08.02.2016 à 12h30

    Rectification

    Ils parlent de l’histoire, des noirs, des femmes . C’est bien, m’enfin cela c’est su par le monde aujourd’hui, par contre les indiens. Rien pour eux. Je trouve cela dingue personnellement.

    Les indien n’existent pas dans leur conception du monde? C’est à dire tout ce qui n’a pu être asservis à leur système et qui a finit quasiment détruit n’a donc aucune place dans leur réflexion actuelle????

      +8

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  • sibtigr // 08.02.2016 à 14h04

    « Il ne tient qu’à vous de faire votre devoir de désobéissance civile. »

    Quand donc se trouvera t il qqun de courager pour organiser un mouvement de refus de paiement de ses impôts / ou de forte réduction de ceux-ci ?
    N’oublions pas que la Révolution française est partie d’un rejet de trop d’impots.

    Où en est « Contribuables associés » ? Pourquoi ne les entend on pas ?

    Si 22 millions de contribuables refusent en bloc de payer, alors, peut-être, se poseront ils enfin les bonnes questions ?

      +0

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  • Trannoy // 08.02.2016 à 15h27

    Si le totalitarisme ce définissait essentiellement pas le « Ferme ta gueule »
    Le néo-totalitarisme ce définit uniquement par le « parle toujours »
    Encore que !!!! Les syndicalistes des Gooyear à Amiens goûtent au 2

      +9

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  • vincent // 08.02.2016 à 15h49

    « Les défenseurs de tout ce qui fit l’Amérique comme un exemple brillant des libertés »
    Je vois que l’humilité est toujours une grande inconnu chez eux -_-

    Passons.

    Les analyses sont juste et dépassent largement les USA j’ai le sentiment que c’est similaire en Europe. Quoi qu’il en soit, une « Nation » d’a peine deux siècle, qui n’a jamais éprouvée de « révolution » ou de bouleversement majeur,la faiblesse de sa culture,nation qui n’a jamais été menacée ou remise à l’ordre par d’autres, font qu’elle tend normalement vers le totalitarisme, comment pourrait il en être autrement? Puisque les dirigeants n’ont jamais eu à gagner le respect de leur peuple, ils sont libres de faire comme bon leur semble, et cela continuera ainsi tant qu’ils ne subiront pas un choc. Mais je crois qu’il n y en aura pas, cette nation s’écroulera sur elle même en emmenant l’humanité avec elle (environnement) C’est pour moi un ratage de l’humanité, une partie du monde qui a évolué sans barrière ni restriction et qui ne semble pas vouloir mettre un terme à sa folie.

      +6

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  • Agent Smith // 08.02.2016 à 18h14

    « la publicité et sa psychologie, la domination des « forces des marchés » (…)sont les maîtres de l’image et de leur manipulation »
    Donc si les gens sont stupides c’est aussi de la faute des « grosses entreprises » et de l’idéologie capitaliste ? Pourtant personne n’oblige qui que soit à regarder la TV réalité, les émissions idiotes, à utiliser internet exclusivement pour voir des lolcats et du porno (j’ai rien contre), d’acheter des magazines idiots, de consommer des téléphones à 700 $, des baskets à 150 $…
    Donc, si les gens préfèrent regarder de la merde 5h par jour plutôt que de lire, faire du sport, passer du temps avec ses gosses, ses amis, sa famille, c’est de la responsabilité « des forces du marché » ?
    Quant on parle de totalitarisme, il faut aussi admettre que la Liberté (ou non asservissement) va de pair avec Responsabilité. Or, nous sommes libres de choisir de consommer de la merde, et le faire est un choix, alors pourquoi parler de totalitarisme ? Abrutissement et asservissement volontaires semblent plus appropriés.

      +2

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    • vincent // 08.02.2016 à 18h41

      Coluche le disait « Il suffit que les gens n’achètent pas pour que cela se vendent pas »

      Cependant vous surestimez les capacité de tout à chacun.

      Kant a convenu que l’homme préfère souvent rester dans sa minorité, ou dans l’enclos (métaphore du moutons) ils sont paresseux et n’aiment pas faire des efforts. Cela vaut tant pour ceux qui regardent la TV que pour ceux qui se consacrent qu’au travail ou qu’à la famille;

      Exercer sa liberté est difficile, car il faut faire des choix, Sartre nous dit que les choix amènent une responsabilité, être libre c’est choisir, mais les gens préfèrent laisser le choix à d’autre car ils ne veulent pas être responsable.

        +6

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      • vincent // 08.02.2016 à 18h41

        Suite

        Pourtant ne porter la faute qu’aux « moutons » est injuste, car il y a aussi de la par des « dominus » ou berger une volonté de garder les moutons dans l’enclos, en exerçant la peur de l’extérieur, la difficulté de penser par soi même;

        Donc il est faux de penser que tout ne viendrait que des gens regardant la TV.

        Ma conclusion est que l’humanité a besoin de guide, et a besoin de croire, l’histoire nous le montre bien, que parmi ces guides il doit y avoir des honnêtes, des humanistes, des vertueux (sic Confucius) des magister en somme. Mais ils sont trop rare aujourd’hui et la tentation de la corruption beaucoup trop forte, même le plus honnête des candidats à la présidence serait empêcher par le système.

        Ce qu’il faut? Un bouleversement pour réveiller les consciences, et pourquoi pas une révolution, et surtout, comme l’a dit Alain Badiou dans sa conférence du 25 Novembre 2015, il faut une alternative au capitalisme, sinon eh bien cela sera pas beau à voir. Le monde Multipolaire avec la Russie et la Chine pourrait peut être proposer un autre modèle, si toutefois les USA ne les anéantissent pas avant;

          +5

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    • Patrick // 08.02.2016 à 18h42

      « Bref, c’est quoi le lien entre totalitarisme et privatisation des services publics ? »
      C’est lorsqu’on une société humaine n’a plus aucun pouvoir décisionnel sur, par exemple, les conditions d’accès à un service de santé.

      « Or, nous sommes libres de choisir de consommer de la merde ».
      Cette « liberté » se résume aux choses à quoi nous avons accès depuis la position sociale que nous occupons.

      Et cette position sociale dépend, la plupart du temps, de facteurs rarement débattus démocratiquement.

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  • Un citoyen // 08.02.2016 à 21h22

    « Totalitarisme », ou « libéralisme » de son nom usuel, n’est en définitif que l’appropriation par une minorité des richesses communes d’un Etat, que ce soit par la corruption ou la violation des lois.

    Depuis le début du « libéralisme » aux USA, sa dette est passée de 36% à 102% du PIB de 1980 à 2015. Une large partie des richesses de ce pays ont été pillées sur un laps de temps très court.

    Le passage suivant synthétise la réalité « démocratique » de nos pays :

    « Les principaux secteurs qui promeuvent et soutiennent ce Shangri-La des temps modernes sont le patronat, chargé de gérer la démocratie… et, de démanteler les institutions de la social-démocratie (la sécurité sociale, les syndicats, les allocations familiales, la santé publique, le logement public, etc.)… Son outil principal est la privatisation… »

    De fait, le citoyen n’a pas de place dans cette « démocratie ».

    Ce sujet sera au coeur des prochains mouvements sociaux et probablement de guerre si les USA ne résorbent pas leurs 20.000 milliards de dette, un sujet qui mériterait d’être approfondi par l’équipe de lescrises.fr, comme cela l’a été fait pour la « révolution de maiden ».

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    • J // 09.02.2016 à 12h26

      Ni le libéralisme ni le totalitarisme ne se définissent ni ne se sont jamais définis comme « appropriation par quelques uns des richesses de l’Etat », c’est ridicule. Qu’ils puissent avoir ça pour conséquence quand ils dérivent et dégénèrent, c’est autre chose.
      Cette novlangue me fait penser à une autre.

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  • Alain // 09.02.2016 à 06h46

    Je n’utiliserait pas le terme « inversé » mais plutôt le terme « soft » ou « majoritaire ». En effet ce totalitarisme est le plus intelligent jamais mis en place et tellement bien implanté qu’il peut se permettre de laisser la libre parole à ses détracteurs ! Ces plus belles réussites sont:
    – avoir mis en place un nouveau dieu, le PIB; plus une décision, plus une proposition qui ne soit évaluée selon son impact (très supposé tellement les calculs sont flous) sur le PIB,
    – même réussite avec la sécurité (en fait seulement la sécurité par rapport aux attentats car celle par rapport à la criminalité n’est prise en considération que marginalement, voire les tueries aux USA qui font bien plus de morts que le terrorisme mais contre lesquelles toute mesure est considérée comma attentatoire aux « libertés »)
    – et le troisième pied est la guerre préventive et les sanctions économiques contre les états « non démocratiques » (là aussi sans que personne ne s’aperçoive du faux nez et des alliés bien plus malfaisants que les états dits « voyous »)

    Des sommes colossales sont distraites de ce qui devrait être le but commun de l’amélioration de la situation du plus grand nombre pour financer ce décor supportant ce totalitarisme « soft » et avec la gratitude de ceux qui sont ainsi dépossédés d’un avenir meilleur.

    Il s’agit du plus beau succès de propagande de tous les temps; Goebbels n’était qu’un amateur finalement peu doué par rapport à la réussite de la pensée unique et inique

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    • hardrok // 09.02.2016 à 10h05

      Alain Vous connaissez Edward Bernays (neveu de Freud), effectivement bien plus fort que Goebbels ?
      Le père de la propagande moderne, de la « société du spectacle », l’initiateur de la société US et occidentale actuelle. Tout y est, dès 1920.

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  • christian gedeon // 10.02.2016 à 12h15

    Comme conclusion(personnellle) de toute cette discussion,je tire la conséquence que nous n’allons pas vers le meilleur. Et nous n’allons pas vers le meilleur parce que la responsabilité personnelle n’est toujours pas prise en compte… c’est encore et toujours la faute ..à Voltaire la faute à Rousseau… tant que les peuples chercheront leurs problèmes chez « les autres  » ,ils seront dans la merde,et l’auront bien cherché. Devenir adultes ,c’est choisir; Et ma foi,l’essentiel des réactions ne choisit pas ,mais transfère… cour de récré…c’est pas d’ma faute m’sieur… quelle tristesse.

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