Cette semaine marque le 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam. Les effets destructeurs de l’agent orange, un poison utilisé par les États-Unis pendant la guerre, continuent de se faire sentir au sein de la population vietnamienne, et le gouvernement américain continue d’en porter la responsabilité.
Source : Jacobin, Susan Schnall, Azadeh Shahshahani
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Cette semaine marque le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre américaine au Vietnam, et le gouvernement des États-Unis continue encore aujourd’hui à devoir réparer pour les ravages de la guerre infligés au peuple vietnamien.
Le mercredi 30 avril, jour exact de l’anniversaire, des célébrations de grande ampleur ont eu lieu au Vietnam – et des commémorations discrètes aux États-Unis.
Bien que les bombes aient cessé de tomber il y a des décennies, les États-Unis ont laissé leurs poisons dans la terre et le peuple vietnamiens : l’agent orange/dioxine et les munitions non explosées. Des générations entières en seront affectées.
Le 28 avril, la représentante américaine Rashida Tlaib (Démocrate-Michigan) et d’autres ont présenté deux projets de loi pour répondre aux dommages et au lourd héritage de la pulvérisation par les États-Unis d’environ 19 millions de litres d’agent orange et autres herbicides mortels au Vietnam, au Laos et au Cambodge. (Veterans for Peace, dont Susan Schnall est la présidente, a soutenu cette législation).
La première, la loi sur les victimes de l’agent orange, prévoit le financement de soins médicaux et d’une assistance complémentaire pour les victimes vietnamiennes de l’agent orange, ainsi que des mesures de réhabilitation environnementale pour les sites du Vietam exposés à l’agent orange et prévoit une évaluation sanitaire et une assistance pour les communautés vietnamo-américaines touchées.
L’autre loi, l’Agent Orange Relief Act, prévoit des prestations pour les enfants d’anciens combattants américains de sexe masculin atteints de malformations congénitales, un groupe laissé pour compte par la loi actuelle, qui ne couvre que les cas d’enfants d’anciennes combattantes. La législation soutiendrait également l’intensification de la recherche sur les problèmes de santé liés à l’agent orange.
De 1961 à 1971, le gouvernement des États-Unis a entrepris des programmes de défoliation massive comme moyen de guerre en Asie du Sud-Est. Il a systématiquement entrepris de détruire des millions d’hectares de feuillage depuis les airs, aspergeant au fil des ans environ 4,8 millions de Vietnamiens, de Laotiens et de Cambodgiens, ainsi que ses propres troupes au sol.
Cet agent orange était contaminé par de la dioxine, un sous-produit résultant d’une production accélérée pendant la guerre, à l’époque où les entreprises chimiques réalisaient d’énormes bénéfices.
Depuis des années, les soldats de retour au pays formulent des réclamations au sujet de leur santé et de celle de leurs enfants. Aujourd’hui, le ministère américain des Anciens combattants (VA, Veteran Affairs) reconnaît les problèmes de santé liés à l’exposition à l’agent orange, dont des problèmes neurologiques, respiratoires, cardiaques et endocriniens. La dioxine a non seulement un impact sur la vie des soldats américains qui étaient au Vietnam, en provoquant des maladies dégénératives, mais elle peut aussi être transmise à leurs enfants
Le spina bifida est la seule malformation congénitale reconnue chez les enfants d’anciens combattants américains de sexe masculin ayant servi au Vietnam. De multiples malformations congénitales, y compris des déformations des membres, des problèmes neurologiques et autres, sont reconnues par le ministère des Anciens combattants chez les enfants des vétérans féminins américains. Il est indispensable que celui-ci reconnaisse aussi que de multiples malformations congénitales liées aux activités des pères au Vietnam sont également le résultat de l’exposition à l’agent orange.
Alors que beaucoup d’autres Vietnamiens continuent d’être exposés à l’agent orange par contact avec l’environnement et les aliments contaminés – et que de nombreux descendants de ceux qui ont été exposés souffrent de malformations congénitales, de troubles du développement et de maladies mortelles – très peu d’adultes et d’enfants ont reçu une quelconque aide ou réparation de la part des États-Unis.
L’armée américaine a également laissé des munitions non explosées, c’est-à-dire des bombes qui n’ont pas explosé lorsqu’elles ont touché le sol il y a des années, mais qui se sont détériorées avec le temps et peuvent facilement exploser dès qu’on les touche.
Un agriculteur qui laboure ses champs au Vietnam peut, par inadvertance, heurter de telles munitions qui explosent alors, le déchiquetant. Un enfant jouant dans les champs peut ramasser une telle bombe qui explosera alors entre ses mains et le tuera.
La dépollution par les États-Unis de l’aéroport de Danang – ancienne base aérienne américaine pendant la guerre contre le Vietnam – s’est achevée en 2018. La dépollution de l’aéroport de Bien Hoa était en cours depuis plusieurs années, mais l’administration actuelle en a retiré toutes les équipes dans le cadre de sa campagne générale visant à réduire la part des travaux de dépollution essentiels réalisés en dehors des États-Unis. Il reste donc des tertres de terre contaminée par de la dioxine à nu qui est susceptible d’être rejetée dans l’atmosphère et de contaminer la population vietnamienne.
En outre, les réductions potentielles du ministère des Anciens combattants ne feront qu’aggraver les difficultés des vétérans victimes de l’agent orange.
« La vie de nombreuses victimes a été abrégée, et d’autres vivent avec des maladies, des handicaps et des douleurs, qui sont souvent non traités ou non reconnus », a déclaré Tlaib. Alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire du retrait des États-Unis du Vietnam, il est temps de remplir nos obligations morales et légales pour guérir les blessures infligées par ces atrocités. »
Le Congrès doit agir sans tarder pour garantir que les innombrables Vietnamiens et vétérans américains, ainsi que leurs enfants, qui ont souffert à jamais de cette guerre désastreuse, obtiennent une forme de réparation.
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Susan Schnall est présidente de Veterans For Peace, une organisation à but non lucratif regroupant des anciens combattants dont les efforts visent à construire une culture de la paix en informant le public des véritables causes et coûts de la guerre.
Azadeh Shahshahani est directrice juridique et de plaidoyer pour Project South [organisation à but non lucratif basée à Atlanta, en Géorgie, qui intègre la recherche sociologique dans des projets d’éducation et d’organisation, NdT] et ancienne présidente de la National Lawyers Guild.
Source : Jacobin, Susan Schnall, Azadeh Shahshahani, 03-05-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Là où nous allons , ce qui est arrivé aux Vietnam , c’est rien .Ce que nos dirigeants sont en train de préparer pour s’emparer des dernières ressources mondiales , auquel nos dirigeants vont nous demander de participer en nous manipulant avec n’importe quel épouvantail , ce qui est arrivé au viet nam , aux japonais , aux peaux rouge ,etc etc c’est rien du tout à coté de ce que les nouvelles technologies leur permet . N’oubliez pas ce que sont ces gens , ces soi disant élites , les pires crapules que le monde ait engendré ! Notre plus belle réussite , la tête du gros louis et toute sa race !
11 réactions et commentaires
Ce qui m’embete le plus pour les vietnamiens d’aujourd’hui c’est qu’il soient encore sous la tutelle de fer du parti communiste, le parti-état qui ne tolère aucune opposition.
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AlerterJ’imagine que vous n’êtes pas Vietnamien(ne) pour vous soucier de cela?
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AlerterIntuile d’imaginez, c’est écrit. Ceux du Vietnam le peuvent-ils ?
Apparement pas, heureusement que d’autres en parlent.
https://www.amnesty.fr/pays/vietnam
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Alerterquelle mansuétude à l’égard de populations hors du champ occidental bien intentionné – anglo/US/prussien… – et qui ont le front de prétendre choisir le modèle social et/ou politico-économique qui leur convient – même s’il est différent de l’impérialisme militarisé, du colonialisme (néo- ou direct), du racisme décomplexé et radical, des ingérences permanentes… tous ces bienfaits dispensés urbi et orbi par le « camp du bien » depuis si longtemps
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AlerterOuais , mais nous on a netflix , uber eats et pas eux . Na! C’est nous qu’on sait mieux que quiconque comment ravir et endormir les populations. Eux c’est bouuuuhhh . Nous c’est wahouuuuuu
Si seulement je ne faisais qu’inventer …..
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AlerterMieux vaut un état tolérant l’opposition. Ne prenant pas en compte les votes soit …..mais au moins l’opposition peut s’égosiller
Pour rien , soit. Mais c’est un bon état
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AlerterBonjour,
A ma connaissance, les Nord Américains on quitté le Vietnam après un accord stipulant qu’ils ne régleraient pas de dommages de guerre. Et cette fois, je crains qu’ils tiennent parole.
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AlerterLà où nous allons , ce qui est arrivé aux Vietnam , c’est rien .Ce que nos dirigeants sont en train de préparer pour s’emparer des dernières ressources mondiales , auquel nos dirigeants vont nous demander de participer en nous manipulant avec n’importe quel épouvantail , ce qui est arrivé au viet nam , aux japonais , aux peaux rouge ,etc etc c’est rien du tout à coté de ce que les nouvelles technologies leur permet . N’oubliez pas ce que sont ces gens , ces soi disant élites , les pires crapules que le monde ait engendré ! Notre plus belle réussite , la tête du gros louis et toute sa race !
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AlerterApporter les bienfaits d’une gouvernance harmonieuse (démocratique, par et pour le Peuple. Forcément démocratique donc) est la vocation de nos états. Des etats qui nous représentent, bien entendu. Bénis soient leurs noms.
C’et pourquoi il faut continuer à faire pression sur le monde entier.
Pas pour leur prendre leurs ressources, bien entendu.
Mais pour leur bien. D’abord pour leur bien.
Donc il faut dérouler le plan de la Rand pour la Russie.
Et empêcher la Russie d’aider le Vietnam quand on est en train de les gagner à notre cause, comme dans les années 1950-1980 (Rhaa, Pffouf …).
Le plan de la Rand ? …. mais de quoi parle-t-il ?
Eh bien cadeau : le voici. Bonne lecture
https://www.rand.org/pubs/research_reports/RR3063.html
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AlerterEncore un mot : cet article parle de l’agent Orange et du fait que le Vietnam n’est pas le seul à avoir subi cela.
C’est bien.
Il parle des bombes non explosées.
Oui bien sur : il y en a
mais il ne dit rien des mines anti-personnel dont certaines zones sont truffées. Mines anti-personnel interdites depuis des décennies (pour ceux qui ont eu la décence de signer les accords et … de les appliquer) envoyées depuis les airs de façon aléatoire sans la possibilité d’organiser quoi que ce soit de raisonnablement économique pour aller les récupérer (balancées depuis les airs …)
Une horreur de plsu qui manque au tableau
+4
AlerterRashida Thlaib est une élue de grand cœur!
Américaine d’origine palestienne, elle connaît les ravages de la colonisation.
Entre les soldats américains qui ont ravagé le Vietnam, Laos, Cambodge et les populations vietnamienne, l’agent Orange a arrosé les arroseurs bien inconscients des conséquences sur eux-mêmes.
Les guerres sont faites entre des gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent très bien mais ne se la font pas!
Guerre à la guerre!!!
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Alerter