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13.novembre.202313.11.2023 // Les Crises

Souffrir dans l’ombre : les catastrophes humanitaires dont personne ne parle

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Il y a des catastrophes humanitaires qui ne figurent pas à l’ordre du jour du monde

Source : TomDispatch, Priti Gulati Cox, Stan Cox
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Depuis la naissance de l’impérialisme américain à la fin du XIXe siècle, plusieurs variantes de l’aphorisme « La guerre est le moyen que Dieu a trouvé pour enseigner la géographie aux Américains » ont fait le tour du monde. Cette boutade (qui, contrairement à la légende, ne semble pas être signée de Mark Twain, Ambrose Bierce ou toute autre personne célèbre) s’est avérée tout à fait exacte toutes les fois que la guerre en question implique directement des troupes américaines. En revanche, lorsque des combattants et des civils non américains souffrent et meurent dans des conflits qui n’ont rien à voir avec les « intérêts stratégiques » de Washington, nos médias ont tendance à détourner les yeux, les agences d’aide deviennent avares et les Américains n’apprennent absolument rien en géographie. Oh, et compte tenu de la puissance et de la position de notre pays sur la planète, des millions de personnes pâtissent de cette indifférence.

Jours de terreur à Khartoum

Commençons par le Soudan. Une guerre civile entre les forces armées soudanaises et un groupe paramilitaire appelé Force de soutien rapide (RSF) entre actuellement dans son septième mois sans qu’aucune issue ne soit en vue. Depuis que le conflit a éclaté, Washington n’a lancé que quelques appels symboliques à la cessation des hostilités, tout en fournissant une aide insuffisante à des millions de Soudanais désespérés. L’aide apportée s’est avérée microscopique en comparaison des considérables ressources humanitaire, économique et militaire que notre gouvernement a déversées sur l’Ukraine, elle aussi déchirée par la guerre.

Au cours des cinq premiers mois de combats intenses au Soudan, 5 000 civils ont été tués et au moins 12 000 ont été blessés, deux chiffres considérés comme largement sous-estimés. Entre-temps, plus d’un million de gens ont fui le pays, tandis qu’un nombre impressionnant de 7,1 millions de personnes ont été déplacées au sein de leur propre pays. Selon l’Office international des migrations, ce chiffre est « le plus élevé en ce qui concerne les populations déplacées dans le monde, en tenant compte aussi de la Syrie, de l’Ukraine et de la République démocratique du Congo ». Human Rights Watch rapporte que « plus de 20 millions de gens, soit 42% de la population soudanaise, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et 6 millions sont au bord de la famine ».

Essayez d’y réfléchir un instant et demandez-vous, tant que vous y êtes, pourquoi vous entendez si peu (voire pas du tout !) parler d’une tragédie humanitaire d’une telle ampleur. Pire encore, le peuple soudanais est loin d’être le seul à être négligé par l’Oncle Sam et les autres gouvernements des pays riches du Nord, alors que sa situation de détresse est des plus graves. Le Soudan est, en fait, au centre d’une région qui s’étend du Moyen-Orient jusqu’au fin fond de l’Afrique et qui compte des pays confrontés à certaines des pires situations d’urgence humanitaire au monde, mais qui sont largement ignorés par les pays du Nord..

Compte tenu de l’absence quasi-totale d’informations concernant le conflit soudanais dans nos médias, nous avons contacté Hadeel Mohamed, une éducatrice que nous connaissons et qui a fui le Soudan pour rejoindre l’Égypte voisine, mais qui maintient des contacts réguliers avec ses voisins restés à Khartoum, la capitale du pays. Nous lui avons demandé de nous tenir informés des difficultés rencontrées par les personnes qui résident encore au Soudan, six mois après le début d’une guerre civile qui n’en finit pas.

Elle a entendu dire que toutes les maisons de leur quartier avaient été pillées par les combattants. Ses amis et voisins disent avoir vécu « des jours de terreur lorsque leurs maisons étaient envahies ou même réenvahies encore et encore pour vérifier s’il restait encore quelque chose ».

« C’est quand il commence à faire noir dehors, nous dit-elle, que c’est le plus effrayant, parce qu’on ne sait jamais qui va entrer et attaquer ». S’il y a des femmes dans la maison, quel triste sort risquent-elles de connaître ? Et elle ajoute : « S’il y a des hommes dans la maison, vont-ils être enlevés et que va-t-il leur arriver ? »

Nous lui avons demandé si ces atrocités étaient commises tant par l’armée soudanaise que par le groupe paramilitaire RSF. « Oui, par les deux côtés, a-t-elle répondu. Écoutez, je ne prends partie pour aucun camp, mais quand on est en guerre, vous ne savez pas vraiment qui vient à vous ou qui est une menace pour vous. Tout le monde est donc perçu comme une menace. » Et cela, ajoute-t-elle, conduit les combattants à agir violemment à l’égard des civils qui sont restés sur place.

La nourriture est tout particulièrement rare à Khartoum, parce les déplacements pour rentrer et sortir de la ville sont très dangereux pour les fournisseurs habituels et, comme le souligne Hadeel : « La plupart des magasins ont été pillés, cependant dans certaines zones, du pain et d’autres produits alimentaires sont disponibles chaque semaine, pendant quelques heures par jour. Mais il n’y a pas d’horaire fixe. » Pire encore, partout où les combats ont cours, l’électricité et l’eau sont généralement coupées. « Il y a des gens qui ont de l’électricité pendant des semaines, tandis que d’autres n’en auront pas pour la même période de temps ». Certains ingénieurs sont courageusement restés à Khartoum pour essayer de maintenir l’approvisionnement en eau et en électricité, mais c’est souvent une mission désespérée.

« Les gens sont dans une situation tellement instable, conclut Hadeel. Ils ne savent absolument pas quand les prochaines livraisons alimentaires vont arriver ou quand ils vont pouvoir se réapprovisionner en eau. Ils doivent guetter les occasions favorables pour pouvoir se glisser dehors, dans une sécurité toute relative, pour « trouver ce qui leur permettra, ainsi qu’à leurs voisins de survivre ».

Et quelle a été justement la réponse de Washington devant ce drame ? Eh bien, le département d’État a émis un avertissement peu convaincant précisant que l’armée et les RSF « doivent se conformer à leurs obligations en vertu du droit humanitaire international, y compris celles liées à la protection des civils ». Et c’est à peu près tout, hormis les quelques sanctions inefficaces prises à l’encontre du chef des RSF. Pendant ce temps, les efforts internationaux pour arriver à une négociation pour mettre fin aux combats se sont soldés par un échec et les opérations d’aide humanitaire se sont désespérément enlisées. De toute façon, qui a le temps de s’occuper du Soudan quand armer et soutenir les Ukrainiens retient l’attention de tous les acteurs importants aux États-Unis ?

« Une situation grave, critique ou catastrophique »

Remarquez, cette absence d’intérêt n’est pas réservée à la seule crise soudanaise. Ainsi, Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a récemment déclaré à l’émission This Week de la chaîne ABC qu’il n’y avait pas assez d’argent pour l’aide alimentaire à destination de l’Afghanistan, pays en proie au désespoir et peuplé de gens affamés, pour permettre d’« arriver au bout du mois d’octobre ». En outre, le PAM a dû réduire l’aide alimentaire vers d’autres pays qui en ont pourtant cruellement besoin, notamment le Bangladesh, la République démocratique du Congo, Haïti, la Jordanie, la Palestine, le Sud-Soudan, la Somalie et la Syrie. Pour expliquer ce problème de déficit, McCain n’a pas mâché ses mots, elle a mis en cause l’empressement des pays riches du Nord à soutenir l’Ukraine qui, selon elle, « a aspiré tout l’oxygène de la pièce ».

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), son programme de prévention de la famine pour le Yémen, ravagé par la guerre, ne reçoit que 30 % des fonds nécessaires, ce qui met en danger des millions de Yéménites. L’OCHA mentionne la menace qui pèse sur Fatima, une femme de 60 ans vivant dans le village d’Al-Juranah. Le programme fournit à sa famille du blé, des pois et de l’huile, mais les livraisons sont sporadiques, une réalité que Fatima ne connaît que trop bien. « Nous recevons un sac de blé, dit-elle, et parfois nous n’en recevons que la moitié. Ils nous donnent aussi des pois grillés et de l’huile. Si cette aide s’arrête, nous mourrons de faim ». Et malheureusement, ce soutien est aujourd’hui loin d’être garanti.

Deux ans après un cessez-le-feu dans cette guerre civile impitoyable attisée par l’Arabie saoudite (avec le soutien des États-Unis), un conflit qui n’a reçu qu’une couverture médiatique des plus réduites dans notre pays (USA), plus de la moitié des Yéménites, soit 17 millions de personnes, sont en situation d’insécurité alimentaire. Les prévisionnistes de l’ONU estiment que sans une intervention de grande ampleur, un quart de ces personnes seront en « insécurité alimentaire aiguë » d’ici la fin de l’année, les trois quarts d’entre elles atteignant le « niveau famine ». Une telle intervention n’est manifestement pas à l’ordre du jour, cependant, et cette incurie persistante a des conséquences terribles. Fatma Tanis, de la National Public Radio, a d’ailleurs réalisé un reportage dans un hôpital yéménite en août dernier :

« Nous nous dirigeons maintenant vers l’unité de soins intensifs pour les nouveau-nés, lesquels naissent souvent atteints de complications dues à la malnutrition. À l’entrée, une infirmière tire un drap sur un bébé qui vient de mourir. Les parents ne sont pas là. Souvent, les familles utilisent toutes leurs ressources pour amener leur enfant à l’hôpital, mais n’ont pas les moyens d’y retourner. L’hôpital doit donc aussi s’occuper des enterrements, en leur absence. »

C’est exactement la même chose pour le peuple syrien qui se bat pour se remettre de la guerre civile qui a éclaté en 2011 et qui a finalement été suspendue par un cessez-le-feu en 2020, mais seulement après une décennie entière de guerre barbare et de terribles souffrances. Comme les Soudanais et les Yéménites, ils passent largement sous les radars et sont ignorés des médias américains. Outre les pénuries d’eau extrêmes, 55 % des Syriens se trouvent officiellement dans la phase dite de crise de insécurité alimentaire aiguë. Fin 2022, l’OCHA a indiqué que 69 % – oui, vous avez bien lu ! – de la population du pays faisait face à des « conditions sévères, extrêmes ou catastrophiques ». De plus,

« Les services de première nécessité et d’autres infrastructures essentielles sont sur le point de s’effondrer […] Plus de 58 % des ménages interrogés ont déclaré n’avoir accès à l’électricité que pendant trois à huit heures par jour, tandis que près de sept millions de personnes n’ont eu accès à leur point d’eau principal que pendant 2 à 7 jours par mois.

Le monde y prête-t-il attention ? Il y a un point sur lequel la Syrie a plus de chance que le Soudan ou le Yémen, puisqu’elle bénéficie de sa propre conférence annuelle des pays donateurs. Lors de la conférence de juin dernier, organisée par l’Union européenne, les donateurs ont promis une augmentation de l’aide totale, mais il manquait encore 800 millions de dollars pour atteindre les objectifs fixés par les Nations unies pour ce pays. Pire encore, juste avant le début de la conférence, le Programme alimentaire mondial a annoncé qu’il réduirait l’aide alimentaire pour près de la moitié des 5,5 millions de bénéficiaires actuels de la Syrie, au moment même où ils en ont le plus besoin.

La République démocratique du Congo, un autre pays en grande détresse, se retrouve sous les feux de la rampe, mais pas en raison des souffrances qu’endure sa population. Ses énormes gisements de cobalt, de cuivre et d’autres éléments minéraux essentiels aux futures économies fondées sur les énergies renouvelables ont finalement attiré l’attention. Cependant, le Nord, fasciné par ces minéraux inestimables, est resté remarquablement aveugle face à la vague de misère humanitaire qui déferle actuellement sur le Congo.

Le mois dernier, Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, de retour d’un voyage sur place, a déclaré à Democracy Now : « C’est la pire catastrophe alimentaire de la planète. Nulle part ailleurs dans le monde on ne trouve plus de 25 millions de personnes en proie à la violence, à la faim, à la maladie et au manque de soins. Et nulle part ailleurs dans le monde il n’y a une réponse internationale aussi dérisoire pour aider, secourir et mettre fin à toutes ces souffrances. »

Comme au Soudan, en Syrie et au Yémen, la faim et la guerre sont allées de pair en ce qui concerne le Congo. Aujourd’hui, selon Egelend, quelque 150 groupes armés se disputent le pouvoir dans la partie orientale du pays, riche en cobalt. Au début des années 2000, le cobalt était recherché pour son utilisation dans les téléphones et les ordinateurs portables. Aujourd’hui, les enjeux sont encore bien plus importants, dans la mesure où il en faut des quantités bien plus grandes pour produire les batteries lithium-ion essentielles au développement de nouveaux réseaux électriques tentaculaires et d’un vaste parc mondial de véhicules électriques.

La violence actuelle au Congo engendre des dommages collatéraux dont une crise de la faim, une épidémie d’agressions sexuelles commises par des combattants et dont sont victimes des dizaines de milliers de femmes civiles, et tellement plus encore. Pour 2023, les Nations unies ont réclamé 2,3 milliards de dollars d’aide humanitaire pour le Congo. Elle n’a cependant reçu qu’un maigre tiers de cette somme, de quoi aider seulement une personne sur 18 actuellement dans une situation désespérée.

Pour Democracy Now !, Egeland a mis le doigt sur les terribles calculs de l’économie et de la diplomatie mondiales : « Le Congo n’est pas ignoré par ceux qui veulent en extraire les richesses, mais il est ignoré par le reste du monde. En tant qu’humanité, nous sommes vraiment en train de laisser tomber le Congo actuellement, parce que ce n’est pas l’Ukraine, ce n’est pas le Moyen-Orient. »

En tant que réfugiée originaire du Soudan, Hadeel Mohamed s’inquiète chaque jour des terribles calculs qui sont faits dans le Nord. Comme elle le dit elle-même :

« Cette guerre nous a vraiment ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Bien que nous ayons vu les informations concernant ce qu’il se passe tant au Yémen qu’en Syrie, mais aussi dans tous ces pays où des guerres ont éclaté, nous n’avons jamais vraiment pris conscience de la gravité de la situation. Nous craignons aujourd’hui que le sort des réfugiés syriens soit aussi celui des réfugiés soudanais […] là où les perspectives d’avenir ne signifient rien […] là où les chances de trouver un emploi sont limitées, de même que les droits à l’éducation. »

Dans la mesure où des organisations telles que l’ONU et la Croix-Rouge internationale n’ont été mobilisées qu’« assez tardivement » au Soudan, souligne-t-elle, certains de ceux qui ont fui le pays, en particulier les jeunes, « ont commencé à former des groupes pour aider les gens à franchir les frontières, à trouver du travail et à collecter des fonds pour fournir de la nourriture et de l’eau à ceux qui se trouvent encore au Soudan ». Hadeel elle-même participe à ces efforts. « Mais nous avançons à petits pas, parce que nous essayons parallèlement de reconstruire notre propre vie. »

« Si la guerre n’est pas circonscrite à Khartoum, ajoute-t-elle, il y a de fortes chances qu’elle s’étende et nous avons constaté récemment qu’elle s’étendait beaucoup, que ce soit à Port-Soudan, à Madani ou dans les villes avoisinantes. La violence fait également rage depuis des mois dans la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan. Le conflit pourrait également être considérablement prolongé par le désir des deux parties de contrôler les vastes gisements d’or du nord-est du Soudan, lesquels jouent un rôle analogue à celui du cobalt au Congo.

En l’absence de tout secours en vue, explique Hadeel, les habitants de Khartoum comprennent que faute d’une véritable aide humanitaire, « on en revient à une aide de type plus communautaire. Avec nos ressources limitées, avec nos capacités limitées, nous trouvons toujours des gens qui se lèvent pour prendre soin les uns des autres ». Néanmoins, pour les réfugiés : « Il n’y a que deux issues possibles : soit vous retournez vous battre pour votre pays et vous risquez de mourir, soit vous continuez de vivre et vous vous installez en dehors du Soudan. »

Pendant ce temps, aux confins de la démocratie…

Tyrannie, guerre civile, effondrement du système – cela ne peut pas arriver ici, n’est-ce pas ? Ah bon, vraiment ? Aux États-Unis, il se peut que les privilégiés que nous sommes pensions encore que nous vivons dans une démocratie, mais pour beaucoup d’entre nous ce n’est pas le cas. En réalité, les 140 millions de pauvres et de travailleurs à bas salaires, noirs, latinos, asiatiques, insulaires du Pacifique et indigènes, ainsi qu’un tiers des Blancs, vivent à la marge de notre « démocratie ». Comme les habitants du Soudan, de la Syrie et du Yémen, ils rêvent de vivre dans un pays où règnerait l’égalité et la justice, et où la démocratie, si elle n’est pas totale n’est tout au moins pas en voie de disparition.

Les États-Unis n’ont jamais été et, à première vue, ont peu de chances de devenir une démocratie véritablement pluraliste et multiraciale. Si tel était le cas, nous passerions chaque heure, chaque minute disponible à tout faire pour nous assurer que la démocratie ne disparaîtra pas lors des élections de l’année prochaine. Les médias foisonnent de scénarios dystopiques annonçant la fin de la démocratie et l’avènement du Trumpistan. Nous sommes paralysés de terreur à cette idée, et c’est un réel coup de poignard dans le dos quand nous réalisons que si notre démocratie était réellement fonctionnelle, il n’y aurait aucune chance pour qu’un homme seul comme Donald Trump puisse la renverser.

Demandez à un Soudanais, à un Syrien, à un Égyptien ou à un Afghan ce que veut dire vivre dans un régime autocratique. Demandez ensuite à des Américains marginalisés ce que veut dire vivre aux confins de la démocratie. Pour ces derniers, la démocratie est exactement comme l’or du Soudan et le cobalt du Congo. Il y en a peut-être en grande quantité, mais très peu y ont accès.

Copyright 2023 Priti Gulati Cox et Stan Cox

Priti Gulati Cox (@PritiGCox), collaboratrice régulière pour TomDispatch, est artiste et écrivaine. Son travail a été publié dans Countercurrents, CounterPunch, Salon, Truthout, Common Dreams, the Nation, AlterNet, etc. Pour voir ses œuvres, rendez-vous sur occupiedplanet.com.

Stan Cox, un collaborateur habituel de TomDispatch, est l’auteur de The Path to a Livable Future : A New Politics to Fight Climate Change, Racism, and the Next Pandemic , The Green New Deal and Beyond : Ending the Climate Emergency While We Still Can, et de la série de chroniques sur le destin inconnu qui nous attend In Real Time publiée par City Lights Books. Retrouvez-le sur Twitter à l’adresse @CoxStan.

Source : TomDispatch, Priti Gulati Cox, Stan Cox, 12-10-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Moussars // 13.11.2023 à 11h28

Cette inertie quasi totale de l’Occident, ce déséquilibre énorme dans son comportement envers les pays, suivant qu’ils ont un intérêt ou non pour eux, est effarant, monstrueux. Cynisme, perfidie…
Et dire qu’il avance la morale, le droit… pour distribuer les bons points un peu partout et donner des leçons.
Avec ce qui nous attend, ce qui est devant nous, à savoir les conséquences des multiples crises qui montent inexorablement partout -et qui vont fusionner- , on ne peut qu’être terriblement inquiet du devenir humain.
Le personnel politique est si puéril, sans vision, sans conviction, à l’exception de servir ceux qui le nourrisse, que l’espoir ne peut plus venir d’eux et de leur ersatz « démocratique » qu’il brandisse sans pudeur.
L’homme a mangé son pain blanc…

16 réactions et commentaires

  • James Whitney // 13.11.2023 à 10h04

    La couverture des médias français de ce qui se passe dans le monde, c’est plus ou moins la même chose, non ?

    C’est sans doute la raison pour laquelle Les Crises a décidé de publier cet article. Un grand merci !

      +10

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  • Moussars // 13.11.2023 à 11h28

    Cette inertie quasi totale de l’Occident, ce déséquilibre énorme dans son comportement envers les pays, suivant qu’ils ont un intérêt ou non pour eux, est effarant, monstrueux. Cynisme, perfidie…
    Et dire qu’il avance la morale, le droit… pour distribuer les bons points un peu partout et donner des leçons.
    Avec ce qui nous attend, ce qui est devant nous, à savoir les conséquences des multiples crises qui montent inexorablement partout -et qui vont fusionner- , on ne peut qu’être terriblement inquiet du devenir humain.
    Le personnel politique est si puéril, sans vision, sans conviction, à l’exception de servir ceux qui le nourrisse, que l’espoir ne peut plus venir d’eux et de leur ersatz « démocratique » qu’il brandisse sans pudeur.
    L’homme a mangé son pain blanc…

      +18

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    • La Mola // 13.11.2023 à 19h35

      D’accord avec vous, c’est d’ailleurs ce que reprochent de nombreux pays aux occidentaux !

      « L’homme a mangé son pain blanc… »
      on pourrait aussi dire sans grand risque que « l’homme blanc a mangé tout son pain et bien entamé celui des autres »
      et ces derniers, quand ils regimbent, sont punis sévèrement, « sanctionnés » voire « bloqués » pendant des années ou des décennies, déchus de leurs droits les plus élémentaires (boire et manger par exemple), dans l’indifférence des « civilisés ».

        +7

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      • olivier // 13.11.2023 à 22h57

        « « L’homme a mangé son pain blanc… »
        on pourrait aussi dire sans grand risque que « l’homme blanc a mangé tout son pain et bien entamé celui des autres » »

        Cette essentialisation de l’occident que l’on ramène a la couleur d’une peau est effrayante a lire. Il est coupable de tous les maux, de par sa naissance ?

        Doit-on rappeler a ceux en quête de bouc émissaire que :
        « L’homme blanc » a inventé la démocratie et la donnée au monde
        « L’homme blanc » a inventé les droits de l’homme et des peuples, et les a propagés
        « L’homme blanc » a développé la médecine, qu’il a partagé, et dont découle aujourd’hui la natalité Africaine
        « L’homme blanc » a inventé la croix rouge et sa suite les ONG humanitaires
        L’homme blanc bien avant cela avait aussi inventé les hopitaux, qui accueillaient pauvres et exclus.
        etc…

        Que « l’homme blanc », de par son histoire spirituelle, s’inquiète pour les autres et va a leur secours, quelque que soit la couleur de sa peau, sa religion.

        Le monde est plein d’injustices contre lesquelles il faut lutter, mais est-ce que l’idéologie anticapitaliste doit basculer dans un manichéisme essentilialiste pour autant, avec la génétique comme moteur ?

        Le plus paradoxal : l’origine du conflit soudanais n’est pas lié à « l’homme blanc », il remonte loin : différent ethnique, et religieux, conflit entre agriculteurs sédentaires et les éleveurs, entre tribu « arabes » et « noir-africaine » (source : wiki, le monde diplo). Peut-on au moins se scandaliser contre les véritable coupables de ces famines et de ces nettoyages ethniques (ce qu’oubli l’article ) ?

          +7

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  • Savonarole // 13.11.2023 à 13h25

    Yemen ; sous sanctions, Syrie ; sous sanctions, Afghanistan : 11milliards pour les chefs de guerre et sanctions pour la population… nan mais c’est « worth it », promis juré 🙂
    Pendant ce temps, les Russes livrent leurs exedents agricoles en Afrique et au moyen-orient à vil prix et « la caste » s’étonne ici de voir les drapeaux Russes fleurir partout où la France « qui va mettre à genoux l’économie de Poutine » se faire jeter.
    Au fait , je vous ai parlé des BRICS ?

      +10

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  • Hugo // 14.11.2023 à 00h01

    Bonsoir,
    Ce n’est malheureusement pas nouveau du tout. Finalement, la « colonisation » a beaucoup moins colonisé que pillé, saccagé, voire massacré. Dans le cas du seul Congo « belge » (((c’était la propriété personnelle du roi £éopold II…))), les estimations les plus raisonnables ƒont aujourd’hui état de 6 (six) millions de morts.

    A ces carnages s’ajoutaient les nègres qu’on vendait sans le moindre remords, ou qui succombaient pendant l’effroyable traversée jusqu’aux Amériques : Plus de 12 millions, et quelques-uns de plus vers le Moyen-Orient. Horrible ƒaçon de limiter les bouches-à-nourrir ou bouches-à-mourir. Pire pour l’Aƒrique (quoique moins meurtrière) que la Grande Peste du XIV° siècle. A noter au passage que notre ministre Her.Mo… a eu le ƒront de déclarer : « £a France n’a aucunement lieu de s’excuser pour l’esclavage négrier, puisqu’elle est le seul pays à l’avoir aboli 2 ƒois » (en effet, après rétablissement par l’Empereur des Français, pour que Joséphine Impératrice « moderne » ait ses ressources propres et ne doive pas tout à son mari). Il ne dit rien, par contre des 85.000 victimes du tandem £ouis Faidherbe-Hubert £yautey à Madagascar (III° République) et presque autant en 1947. Ca reste aujourd’hui un pays affamé, en perdition jusques à quand ? ? ?

    Avec tout ça, et l’insistance sur « £’œuvre civilisatrice de la France » (qui se ƒait de plus en plus expulser d’Afrique), qui s’étonnera sincèrement que notre pays ne voie plus rien, n’entende plus rien…… ne dise plus rien et n’offre plus rien ! !! !!!! !!!!! De toutes ƒaçons, il s’est tellement endetté qu’il se retrouve pieds-et-poings liés.

      +3

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    • Dominique65 // 15.11.2023 à 10h26

      « qui s’étonnera sincèrement que notre pays ne voie plus rien, n’entende plus rien…… ne dise plus rien »
      Oui et ce n’est pas le massacre par Macron du corps diplomatique français qui risque d’arranger les choses.

        +3

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    • Laurent // 15.11.2023 à 13h03

      Après le départ des Français de Madagascar, pour nourrir une population en explosion démographique, les agriculteurs de l’ile ont coupé une grande partie de la foret. Cela à provoqué des désastres écologiques puis agricole et aussi climatique. L’augmentation des sècheresses, très intense dans le sud est du au réchauffement global mais aussi en grande partie à la déforestation locale.

      A Madagascar la population dit souvent : A l’époque des Français, on n’avait pas le pouvoir mais on avait du beurre sur la table, maintenant, on a toujours pas le pouvoir, mais on n’a plus de beurre.

      Mettre sur le dos de la France les dégâts de la croissance démographique de l’Ile après l’indépendance me paraît abusif.

        +0

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      • Hugo // 21.11.2023 à 05h00

        ßonjour,
        Je ne saurais m’opposer à ces précisions, hélas, indibutables, et pire encore la situation constatée aux dernières élections…………………! !! !!! !!!!!!!

        Souffrez pourtant que je rappelle ce système de Kermesse de la paie, que me racontait, il y a 60 ans, un ingénieur de l’Institut Géographique National : £’alcool coulait à ƒlots, « gracieusement offert » et les ouvriers agricoles perdaient en un jour ou deux, toute leur paie dans des loteries, amourettes et « combinazione » diverses.

        Un « business model » (((¿\?))), entre parenthèses, exporté par les Français en ßoliviia, Perù, Chile… dans les entreprises minières de Patinho Père & ƒils.

          +0

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      • Hugo // 21.11.2023 à 05h25

        D’autre part, je ne suis ni qualiƒié, ni désireux de disserter sur la Démographie de la grande île, je mentionnais seulement les CARNAGES de MASSE opérés par £a Patrie des Droits de l’Homme, quand les habitants osaient réclamer pour eux aussi £iberté • Egalité • Fraternité.

        En commençant par les Anciens Combattants utilisés par la France pour sa prétendue « Grande Guerre » que les Alleboches eux-mêmes appelaient « Große Schweinerei » // une grande cochonnerie. Et, en plus, pour la brillante guerre suivante, en 1947, leurs soldes n’étaient toujours pas versées………

        Sans oublier que Faidherbe et lyautey, gloires éternelles de la COLONISATION CIVILISATRICE, obligeaient les proches des victimes à venir récupérer les dépouilles des victimes, par groupe villageois, et à demander pardon, à genoux, pour les rebelles qui avaient « souillé l’honneur de la France ».

          +0

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    • Cévéyanh // 16.11.2023 à 22h53

      A Hugo,
      Vous : « A ces carnages s’ajoutaient les nègres qu’on vendait sans le moindre remords »
      A ajouter que des tributs d’Afrique ont aussi participé à ce commerce : c’est eux qui ont capturés et/ou vendus des personnes d’autres tributs pour les vendre aux occidentaux.
       » Les acheteurs européens avaient tendance à rester sur la côte. Des vendeurs africains ont amené des esclaves de l’intérieur à pied. Les esclaves pouvaient parcourir jusqu’à 485 km. Les captifs étaient généralement enchaînés par deux au niveau de la cheville. Des colonnes de captifs étaient attachées ensemble par des cordes autour de leur cou. 10 % à 15 % des captifs sont morts en chemin » https://www.bbc.com/afrique/region-53477496

        +1

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      • Hugo // 21.11.2023 à 06h00

        ßonjour,
        Je ne connaissais pas tous ces détails, et ne les conteste pas.

        Vous puis-je poser une question plus « basique » ? Etes-vous bien certain que ces pourvoyeurs zélés avaient, de naissance, vocation, de toutes ƒaçons, à s’adonner à pareil traƒic ~ ou est-ce l’appât du gain qui les y a poussés ?

        Pas de clients, pas d’organisation laborieuse et risquée, non ?

        C’est comme pour les drogues « dures » ((plus de 10.000 morts PAR MOIS, aux U.s.a. selon les derniers décomptes de la Food and Drug Administration — Va tutto bene, sai)). Une clientèle en or massiƒ, et risque-tout, qui ne manque pas d’exciter les convoitises, que vous en semble ?

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        • Cévéyanh // 22.11.2023 à 21h55

          Bonjour,
          Je n’ai écrit aucune certitude ni mentionné, dans mon commentaire, sur des africainos qui ont « de naissance, vocation à s’adonner de toutes façons à pareil trafic ». Juste le fait que des tributs d’Afrique (et non tous les tributs donc pas toustes les africainos) ont aussi participé à ce commerce. Une facette de l’histoire de ce qui est arrivé et que beaucoup d’entre nous ne connaissent pas.

          Je ne pense nullement que des humainos ont vocation à vendre des humainos. Le commerce (= vendeuro-cliento), c’est un échange pour en vivre et certainos veulent s’enrichir pour pouvoir s’offrir des objets ou services. Il peut devenir de plus en plus complexe donc nécessite une organisation. Le risque peut y faire partie ; par exemple voir le commerce du souffre en Indonésie https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/en-indonesie-un-volcan-exploite-pour-son-souffre_1786449.html

          Des africainos ont eu leurs raisons de participer à ce commerce. Puis, en ce temps et autrefois, la perception de vendre uno humaino comme esclave n’était pas la même qu’aujourd’hui. Beaucoup de pays, dans leur histoire, ont permis de vendre ou de donner des humainos comme esclave (prisonniers, humainos ne pouvant payer ses dettes, etc) que ce soit des occidentalos, des asiatiques, des arabes, des africainos. J’écrit cela , non pour expliquer que c’est juste, mais pour expliquer ce temps.

          Que voulez-vous exprimer avec votre exemple de drogues « dures » ?
          Le commerce de drogues « dures », certainos peuvent y participer pour plusieurs raisons qui peuvent aller de la survie à la volonté de s’enrichir. Quelles sont les causes qui font qu’iels choississent ce commerce plutôt qu’un autre qui est susceptible de détruire la vie de leur semblable voir causer leur mort ?
          Les clientos du bout de la chaîne ont aussi leurs raisons d’en acheter alors que cela peut pourtant les détruire (leur recherche d’émotion ou d’oubli est plus fort). Quelles sont les causes qui font que leur vie n’est plus, plus fort que prendre le rique de mourir ?

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          • Hugo // 23.11.2023 à 03h04

            ßonsoir,
            Il ƒut un temps où ((une partie de)) l’humanité proclama sa Renaissance // Rinascimento ; et ƒit un carnage en America £atina ;

            Puis vint « £’Esprit des £umières » et la grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrande Révolution ƒrançaise qui sombra dans l’hystérie puriƒicatrice ;

            Puis « l’ère moderne », où François Guizot, Premier ministre de £ouis-Philippe, Roi « des Français », répliqua au Docteur Villermé qui réclamait une £oi pour interdire de ƒaire travailler les enƒants de 10 [[[[[ dix ]]]]] ans plus de 12 [[[[[ douze ]]]]] heures par jour dans les filatures de coton —très malsaines, pour les poumons surtout— « MONSIEUR, VOUS VOULEZ NOUS FAIRE UNE GÉNÉRATION DE PARESSEUX??????!!!!!!!!!!!!!! ».

            Puis il y eut le goulag où des millions d’ennemis-du-peuple ((dont plusieurs de ma ƒamille)) construisaient £’Avenir Radieux du Socialisme………… sans rémunération, évidemment. Presque identique à ßrasilia, ville démesurée, à la gloire d’Orme e Progresso………………………… où des ambulances étaient payées pour ramasser les cadavres des ouvriers tombés des échaƒaudages précaires AVANT l’arrivée des syndicats et journalistes.

            De tous côtés… quel est l’espoir pour le ƒutur ?

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  • vert-de-taire // 14.11.2023 à 23h21

    De partout il nous arrive enfin de voir le délire du capitalisme depuis 2 siècles.
    La folie d’amasser plus car cela permet de dominer plus et par là, se fabriquer de la sécurité personnelle au détriment de TOUT le reste.

    Regardez le fonctionnement de tous les jours : tous les salariés ou assimilés sont intéressés ou pressurés de faire gagner plus. Un objectif primaire débile, dingue. L’argent EST l’échange social pas la richesse individuelle !!

    En gros, l’instrument capitaliste, qui va, c’est dingue, parvenir à fabriquer de l’argent avec de l’argent (comme si chacun imprimait des billets de banque) se moque des effets dès lors qu’il amasse plus.
    Et on s’étonne que cela a eu des conséquences sur l’humanité et la planète.
    Ah ben zut, ça marche plus.

    Arrivent donc les dévastations capitalistes et leurs inconvénients !
    Rien de plus prévisible et prévu.
    On pense encore comme des hypnotisés qu’il faudrait de ceci ou de cela …

    Et, ô incompréhension, nos vœux, nos revendications sont soit délirantes : la paix sociale par exemple, ou des services publiques meilleurs … de fait, TOUT se dégrade.
    Le niveau de vie, les dettes des entreprises, des collectivités, des pauvres sont délirantes, mais aussi de la Nation, des nations occidentales. On achète avec du vent.

    Mieux, nos gouvernants FONT TOUT pour que ça « empire » !

    A un moment il faut revenir dans le réel et faire un choix :
    se laisser détruire plus ou moins vite, ou prendre le pouvoir et faire société.
    Excusez le gros mot.

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    • Grd-mère Michelle // 15.11.2023 à 13h26

      Votre commentaire, on ne peut plus pertinent, s’adresse à « nous », les « simples » citoyen-ne-s.
      « …prendre le pouvoir et faire société. »
      Questions: comment? quelle sorte de société?
      Et: n’est-ce pas le pouvoir qui pervertit automatiquement les meilleures volontés humaines?

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