Les Crises Les Crises
29.mars.201729.3.2017 // Les Crises

Cabinet noir ? Par François-Bernard Huyghe

Merci 61
J'envoie

Source : François-Bernard Huyghe, 25-03-2017

« Cabinet noir » est devenu en quelques jours un mantra. L’auteur de ces lignes (pas plus d’ailleurs ques ceux de « Bienvenue place Beauveau » qui disent ne pouvoir ni le prouver ni l’infirmer et que nous n’avons pas lus) n’a aucun moyen d’en démontrer l’existence.

Du moins si l’on entend qu’un groupe de très hauts fonctionnaires se réunissent formellemen sous l’égide du Président pour faire des coups tordus contre des adversaires politiques. Nous serions fort étonnés qu’il y ait une structure spécifique avec un nom, une liste de membres, des réunions où l’on dise « et maintenant ouvrons la sécance du cabinet noir » , pourquoi pas des cagoules et des mots de passe comme dans Tintin. En revanche, il n’est pas difficile imaginer une « fonction cabinet noir » ; elle consisterait en une stratégie de remontée de l’information compromettante au plus haut niveau et de déclenchement de campagnes médiatiques ou judiciaires (fuites, suggestions, conversations informelles avec des journalistes ou des magistrats) afin que des affaires tombent au bon moment pour embarasser l’adversaire.
L’argument des « partisans » du cabinet noir repose sur la vraisemblance : vous n’allez pas me faire croire que tout cela est le fruit du hasard, que cette simultanéité est spontanée, qu’il n’y a aucune intentionnalité derrière, que tous ces documents confidentiels dont certains couverts par le secret de l’instruction tombent du ciel dans la corbeille de journalistes militants, que des fonctionnaires, des juges membres d’un certain syndicat, etc..

Les contre-arguments sont soit 1) d’ordre moral et paralysants (vous savez bien que la justice est totalement indépendante (grâce à nous) et vous offensez la République en les soupçonnant, comment oser questionner notre probité ?

Soit 2) des arguments portant sur l’intention des premiers : vous vous trumpisez, vous êtes des complotistes, vous essayez de détourner l’attention de vos fautes véritables en parlant de conspirations imaginaires et d’abus d’autorité inimaginables

Aucun de ces arguments – vraisemblance ou « dignité » – ne porte sur le fond, sur la preuve de faits bruts. Ce qui est normal pour une activité par nature clandestine et sensée ne pas laisser de traces (on imagine mal un verbatim du cabinet noir rangé dans un tiroir de l’Élysée en attendant son prochain occupant).

Si, donc, rien n’est avéré (au moment où nous écrivons le livre n’est même pas en librairie), on peut raisonner par rapport à des exemples historiques :

– « cabinet noir » est d’abord, sous l’ancien régime, le surnom des services qui ouvrent systématiquement (sans doute depuis Richelieu) les lettres qui passaient par les postes royales. C’est notamment le fameux avec le fameux « secret du roi » de Louis XV, où les extraits de correspondances révélatrices sont recopiées et où éventuellement des spécialistes décryptent les messages secrets qu’elles contiendraeint. Nous sommes dans la surveillance pure, sensée disparaître avec la proclamation du principe d’inviolabilité de la correspondance par la Révolution

– Sous la V° République, plusieurs fois, l’opposition accusera le pouvoir soit de la surveiller de façon illégale soit, de surcroît, de monter des machinations pour détruire la réputation de tel ou tel adversaire. Il est avéré (du moins, des décisions de justice ou des inculpations l’attestent) qu’il y a eu, sous Mitterand, des « écoutes de l’Élysée » et une « cellule » qui surveillait des gêneurs comme Jean Edern Hallier ou Edwy Plenel. À l’époque Mitterrand, on sait comment fonctionait le sytème : abus du système des écoutes dites « administratives » (système qui a été réformé depuis), utilisation de policiers, relais médiatiques, etc. Mais cela nous le savons par un jugement du Tribunal de correctionnel de 2005, c’est-à-dire plus de vingt ans après les faits.

– Sous Chirac, on parlera d’un « cabinet noir » dirigé par P. Massoni et Y. Bertand et la DCRG : ils auraient monté des « coups » contre Pasqua, Jospin ou Sarkozy. En 2011, François Hollande déclarait : « Il y aurait à l’Élysée au côté même du président de la République, une cellule qui, avec la police, avec la justice, ferait pression pour que des affaires soient lancées et d’autres étouffées ». Sarkozy n’échappera pas à l’accusation, comme ministre de l’Intérieur puis comme président : anciens des RG qui surveilleraient des journalistes dont ceux de Médiapart, réquisitions illégales auprès d’opérateurs téléphoniques (affaires des « fadettes »)… Sous le présent quinquenat, la façon dont N. Sarkozy a été compromis dans treize affaires, écouté, y compris sous son pseudonume de Bismuth, crée de nouveaux soupçons : tout cela se produit-il spontanément ? Le Tracfin est-il employé comme relais ? Le syndicat de la magistrature ? Tous les arguments que l’on retrouvera dans la rhétorique de Fillon (le fait que des révélations soient orchestrées n’enlevant rien sur le fond au fait que les révélations soient vraies, comme dans le cas des mails fuités du parti démocrate américain).

Savoir s’il existe ou a existé des groupes informels remplissant la fonction cabinet noir, voilà ce dont nous n’avons aucune compétence pour trancher et qui demande des enquêtes de fond.

En revanche, il y a une bonne probabilité que – indépendamment de la moralité ou du respect des principes républicains par la droite ou la gauche – la tentation en soit forte.

La première est que l’aspect surveillance/dissimulation est techniquement de plus en plus facile (voire l’accumulation des révélations sur la surveillance par la NSA, la Cia, le FBI etc qui ne cesse depuis des années : pourquoi cela ne se produirait-il jamais en France). Que des services d’État puisse accumuler les moyens de suveiller, c’est évident. Et que des fonctionnaires qui se trouveraient en présence de pièces compromettantes sur tel ou tel homme politique connu, n’ouvrent jamais le parapluie, ne transmettent jamais à leur hiérarchie ou que les sujets hypers sensibles soient cloisonnés : voilà ce qu’un enfant de huit ans aurait du mal à croire.

Mais après la dissimulation, la stimulation : déclencher des mécanismes de mise en cause, judiciaire et/ou médiatique, pour compromettre (un « kompromat » disent les Russes) si l’on bénéficie de relais idéologiques auprès de fonctionnaires acquis à votre cause ou auprès d’une presse qui, sans vous adorer positivement, est toute prête à faire un scoop en lynchant votre adversaire qu’elle n’aime guère.
Tout savoir sur l’adversaire et jouer des relais d’influence des deux ressorts de nos sociétés post-politiques – règne du droit, indignation médiatique – : pas besoin d’être un esprit machiavélique pour songer à des recettes aussi en accord avec les tendances du temps.

Source : François-Bernard Huyghe, 25-03-2017

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Kiwixar // 29.03.2017 à 06h06

Un quinquennat de chiotte qui finit en cabinet. Il va falloir tirer la chasse sur toute cette classe politique et ôter l’arnaque « représentative » de « démocratie représentative » – principe aussi trompeur que « la liberté, c’est l’esclavage ». Avant de finir domestiqués/infantilisés comme des chiots et pucés comme des chiens.

46 réactions et commentaires

  • Azza // 29.03.2017 à 00h56

    Bien sur qu’il y a des complots.

    Par exemple le Medef complote contre la secu.

    Lordon avait ecrit un papier fantastique la dessus.

      +60

    Alerter
    • calal // 29.03.2017 à 08h42

      trop de gens croient encore que l’homme est bon naturellement,que leurs dirigeants sont la pour leur bien,que leurs chefs sont chefs pour ameliorer le bien etre du groupe.

      amha,la bonte necessite un effort,effort qui doit etre fait egalement par n’importe quel groupe pour verifier que le chef apporte bien un valeur ajoutee partagee suffisante au groupe pour justifier la perte de liberte liee a l’obeissance au chef dudit groupe.

        +7

      Alerter
    • Brun0 // 29.03.2017 à 11h08

      à propos du Medef et de la sécu : le svelte Denis Kessler avait explicitement dit (revue Challenges le 4 octobre 2007) qu’ « Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du CNR ».

        +8

      Alerter
  • Jay SWD // 29.03.2017 à 01h04

    Une réflexion de l’excellent Régis de Castelnau sur le sujet,à lire:

    http://www.vududroit.com/2017/03/justice-president-ne-faire-ca/

      +8

    Alerter
    • Narm // 29.03.2017 à 20h23

      A lire absolument

      extrait « chaque fois, ce sont les mêmes juges d’instructions qui sont désignés pour les affaires qui intéressent le Château ils sont moins de cinq, dont on retrouve le nom dans tous les dossiers qui concernent Sarkozy… six magistrats qui additionnent les affaires sur le clan Sarkozy sont eux-mêmes alimentés et épaulés par une poignée d’officiers de police judiciaire .» Dont on comprend qu’ils sont toujours les mêmes aussi. Bigre, amis journalistes– enquêteurs, il est difficile d’être plus clair, mesurez-vous le caractère déshonorant pour le président normal que cette description ?
      ……
      ce qui m’a valu force qualifications de « complotiste », nouveau point Godwin du camp du bien. »

        +4

      Alerter
  • Charles // 29.03.2017 à 01h11

    Le club des « complotistes » et autres « conspirationnistes » s’agrandit avec un nouveau membre, et un membre de marque: personne d’autre que Monsieur François Fillon, qui – auparavant – avait déjà conspiré avec sa famille pour toucher plus de pépettes. Il sait de quoi il parle, car c’est bien un « cabinet noir » qui lui avait soufflé des propos aussi indignes que : « Qui pourrait imaginer le Général de Gaulle mis en examen? » ou « Si je suis mis en examen, je me retirerai. »

      +22

    Alerter
    • Franc-Parleur // 29.03.2017 à 20h07

      Je ne hurlerai pas avec la meute là-dessus. On s’est fait avoir par Hollande. Au-delà de Fillon c’est un sale coup contre la démocratie.

      Avant l’histoire Cahuzac il était moralement admis que les députés fassent ce qu’ils veulent de leur pognon (revenus + dotation parlementaire + frais d’assistants). Cela ne gênait personne. Vient Hollande et sa dite moralisation de la vie politique. Il monte le PNF (parquet national financier), comme si on avait besoin d’un parquet d’exception, et il y met des magistrats amis ou pitbulls. Les règles changent médiatiquement et non légalement. Du coup Fillon régularise ses pratiques. On n’entend quasiment plus parler du PNF pendant 4 ans jusqu’aux élections où tout à coup Fillon, premier rival de Macron, se fait massacrer au pire moment avec synchronicité des médias très orientés et fuites judiciaires illégales à gogo dans la presse. Il a juste fait ce qu’au moins 40% des députés ont fait avant 2013. Et les juges du siège sont choisis aux petits oignons. Et depuis un truc nouveau tous les trois jours. J’adore l’escroquerie aggravée. C’est pas un peu gros ?

      Même si les juges du siège n’étaient pas nommés, le ministère reste leur DRH. Maintenant pour leur belle carrière, s’ils ne l’étaient pas avant, ils doivent être super motivés pour Macron…

      En parlant de se retirer, Fillon n’avait même pas imaginé au départ à quel point c’était biaisé.

        +8

      Alerter
      • Ernester // 29.03.2017 à 23h14

        40% des députés auraient cumulés pour leur propre compte 800.000 euros d’emploi d’assistant parlementaire présumé fictif ?

        J’ai comme un doute….

          +0

        Alerter
        • Franc-Parleur // 30.03.2017 à 00h39

          Non environ 40% des députés ont employé des proches ou membres de leur famille. Mais le fameux « Million de Pénélope » correspond au cumul brut exagéré sur quinze ans d’une partie des moyens alloués pour les assistants à TOUS les députés.

          Ce qui est très fort dans le matraquage de propagande calomnieuse, c’est que tout est dit avec « Ces salauds qui s’empochent un million », pas besoin de comprendre quoi que ce soit. Par contre pour démonter le bourrage de crâne, il faut se donner un peu de peine.

          Quand à la notion d’emploi fictif pour l’assistance des députés avant 2013, ça ne veut rien dire, ils n’avaient aucun compte à rendre. Les parlementaires n’étaient pas considérés comme des fonctionnaires comme les autres. Vu le pouvoir de l’exécutif sous la Vème, on considérait qu’il fallait leur donner des moyens et leur foutre la paix. Car le parlement doit pouvoir faire pendant à l’exécutif.

          Maintenant on va faire les poubelles de Fillon pour présumer ce qu’on veut. Cela entretient le feuilleton pour couler le candidat, c’est tout.

          Au vu de l’enjeu de ces élections, tous le monde devrait être révolté par ces coups tordus. Ils y tiennent à faire passer leur Macron. Je précise que je ne suis pas fillonniste, mais c’est la liberté politique qu’on sabote là.

            +9

          Alerter
      • Paul // 30.03.2017 à 06h50

        Bonjour franc parleur,
        je me permet de reprendre ta phrase : Avant l’histoire…………………

        Avant l’histoire Cahuzac,il était admis que les députés puissent avoir suffisamment de moralité
        pouvant leur permettre de dépenser  » notre pognon  » avec un minimum de décence………..

        Cdlt

          +0

        Alerter
    • aleksandar // 29.03.2017 à 23h27

      On vous donne un os a ronger, vous saliver.
      A place de Fillon, vous aurez Macron.
      Et là, vous allez comprendre ce qu’est le capitalisme sauvage.
      En France on a vraiment la Gauche la plus bête du monde !

        +5

      Alerter
  • Fritz // 29.03.2017 à 01h21

    Un principe à respecter : tout ce qui est publié par le gouvernement ou les médias officiels doit être considéré comme suspect a priori, qu’il s’agisse d’informations ou de démentis.
    Sauf si la preuve est faite de la véracité de leurs déclarations.
    Le reste n’est que mauvaise littérature.

    La campagne médiatique et judiciaire contre Fillon coïncide trop avec le sabotage de la campagne de Benoît Hamon, comme avec les ralliements orchestrés en faveur d’Emmanuel Macron, pour dissiper le soupçon légitime de manipulation.

      +52

    Alerter
    • Narm // 30.03.2017 à 12h49

      complotiste , va ….

      non, je plaisante, le carnet de route est orchestré depuis 2 ans il me semble

        +1

      Alerter
  • Logic // 29.03.2017 à 02h29

    Il semble ne jamais avoir eu autant de complots que maintenant : des vrais et des faux. Ceux qui complotent vraiment arguant de l’existence de faux complots pour échapper à toute investigation en sortant l’anathème de complotisme ou conspirationnisme.

    Il faut marteler une vérité triviale : il n’y a pas que de faux complots ou que des vrais. La solution n’est pas de se ranger du côté des extrémistes, complotistes ou anticomplotistes, mais de les renvoyer dos à dos, et, cas par cas, tenter de discerner le vrai du faux. Ce qui est fait ici.

      +20

    Alerter
  • dissy // 29.03.2017 à 04h57

    La candidature de Macron : un « 18 Brumaire de la bienveillance » ?

    Un article signé Bruno Roger Petit, dans le numéro de « Challenges » du 15 mars 2017 et titré « Mélenchon et sa constituante : l’inquiétante promesse d’un coup d’état permanent… » raconte : « Depuis des mois, sous prétexte de renouveau démocratique, Jean-Luc Mélenchon promet une assemblée constituante pour aller à la VIe République. En apparence, c’est démocratique, mais si l’on y regarde de plus près, ce projet du futur Mélenchon s’apparente à un coup d’État populiste ».

    https://networkpointzero.wordpress.com/2017/03/24/2017-le-coup-detat/

      +12

    Alerter
    • Jerome Dautzenberg // 29.03.2017 à 08h34

      C’est d’ailleurs marrant que de nos jours tout ce qui est démocratique est considéré comme « coup d’état » ou « dictatorial ». La dictature de la démocratie est terrible.

      Le référendum en Grèce, c’était un « coup d’état », seul les décisions arbitraires de la CEE sont démocratique. Chavez en argentique qui se remettait en cause par de multiples référendum, c’était des coup d’état et la diminution de 40% de la pauvreté dans son pays « une insupportable dictature qui écrasait les citoyens » si on écoutait Le Monde. Je suppose que le référendum du général de Gaule était aussi un coup d’état si on va par là.

      Je suppose que d’élire des députés non godillots, qui ne confondent pas « mandat » avec « durée » et qui agissent dans le sens du mandat que leur donne les électeurs, ce serait aussi un coup d’état.

      Mais il n’y a pas de complot. Et si on élimine tout ce qui n’est pas démocratique, nous sommes dans une démocratie… enfin… légalement il faudrait quand même supprimer l’état d’urgence et Vigipirate, parce que par définition une loi d’exception « suspend » le régime démocratique et ça commence à faire un bail que nous utilisons de manière erronée « démocratique » pour notre régime que l’on peut qualifier de « qui pourrait être démocratique ».

      Je ne sais plus qui disait que si on veut être en sécurité, il ne faut pas donner un pistolet chargé à l’autre sous le prétexte qu’il est trop raisonnable pour s’en servir contre vous.

        +14

      Alerter
    • Surya // 29.03.2017 à 09h01

      Bruno Roger Petit c’est un peu l’équivalent de la nabila du commentaire politique. Ses articles sur le plus du nouvel obs parlent pour lui… Il parait qu’il écrit dans challenges aussi !

        +7

      Alerter
  • Kiwixar // 29.03.2017 à 06h06

    Un quinquennat de chiotte qui finit en cabinet. Il va falloir tirer la chasse sur toute cette classe politique et ôter l’arnaque « représentative » de « démocratie représentative » – principe aussi trompeur que « la liberté, c’est l’esclavage ». Avant de finir domestiqués/infantilisés comme des chiots et pucés comme des chiens.

      +85

    Alerter
  • philouie // 29.03.2017 à 07h18

    Le président de la république est le garant de l’indépendance de la justice.
    Lorsqu’il instrumentalise la justice à des fins politiciennes il trahit le mandat qu’il a reçu des Français.
    Cette faute s’appelle la forfaiture ou la haute-trahison.

      +44

    Alerter
    • Fritz // 29.03.2017 à 07h45

      Dès 1995, Jacques Chirac aurait dû être jugé pour haute trahison, pour avoir remis la France dans l’OTAN. Depuis, les cas se sont accumulés, le plus flagrant étant le viol par Sarkozy du résultat du référendum de 2005, où le peuple souverain avait dit NON à la Constitution européenne.

      En utilisant l’appareil judiciaire contre un adversaire politique, Hollande se rend coupable du même forfait. Chirac, Sarkozy, Hollande : si nous étions en république, ces trois-là seraient mis hors d’état de nuire depuis longtemps.

        +15

      Alerter
      • Bernard // 29.03.2017 à 13h53

        Ce n’est pas Chirac qui nous a remis dans le commandement intégré de l’OTAN, mais bien Sarkozy
        Cdt

          +7

        Alerter
        • Fritz // 29.03.2017 à 20h06

          Non, le retour au sein de l’OTAN date bien de 1995, relisez cet article de Paul-Marie de La Gorce, « Retour honteux de la France dans l’OTAN » :
          https://www.monde-diplomatique.fr/1996/01/LA_GORCE/5189

          Le mercredi 30 août 1995 au matin, je me rappelle avoir entendu un officiel français (du Quai d’Orsay ?) déclarer que la France participait aux frappes aériennes contre les Serbes de Bosnie dans le cadre de l’OTAN.

          Une organisation que la France avait quittée en 1966 (l’organisation elle-même, pas seulement son « commandement intégré »).

            +1

          Alerter
          • Bernard // 29.03.2017 à 20h55

            C’est que Chirac avait voulu initier un rapprochement avec le commandement intégré de l’OTAN, mais les négociations avaient échoué parce que Chirac voulait la direction des forces sur la méditerranée. De facto, la 6ème flotte tombait sous le commandement français. Impossible pour les américains et les négociations ont logiquement échoué.
            On restait membre de l’alliance comme depuis 1966.
            C’est Sarkozy qui nous a intégré en l’échange de rien, sauf que cela nous coûte beaucoup d’argent…
            Voici ce que pensait Chirac en 2009
            http://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/otan-chirac-hausse-le-ton_744862.html
            Voici un autre lien qui explique le processus assez compliqué de cette affaire.
            http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-defense/reintegration-france-otan/
            Cdt

              +3

            Alerter
            • Bernard // 29.03.2017 à 21h27

              Il y a aussi cette analyse qui résume bien l’échec des négociations avec les américains et Chirac.
              Bonne lecture
              http://www.diploweb.com/7-OTAN-histoire-et-fin.html
              Cdt

                +2

              Alerter
            • Fritz // 29.03.2017 à 21h52

              Merci @Bernard pour vos liens, mais ils appuient mes dires, notamment le deuxième article : « C’est sous la présidence de Jacques Chirac, en décembre 1995, que la France réintègre en partie les structures de l’OTAN en décidant de rejoindre son conseil des ministres et son comité militaire. »

              Sarkozy a mené à bien un processus largement commencé avec Chirac.

              Quant à l’expression « en 1966 la France s’est retirée du commandement intégré de l’OTAN », elle est lourde et fautive, car l’OTAN est précisément la structure militaire intégrée de l’Alliance atlantique.

              On devrait dire : « en 1966 la France s’est retirée des structures intégrées de l’Alliance atlantique, tout en restant membre de l’Alliance », ou plus simplement, comme on disait à l’époque : « la France est sortie de l’OTAN ».

                +1

              Alerter
    • calal // 29.03.2017 à 08h49

      la haute-trahison.
      je crois que cela n’existe plus dans le code penal ( merci sarko il me semble). les forts ont toujours un coup d’avance en droit. une loi est pondue vous ne savez pas a quoi elle sert,ne vous en faites pas,certains savent pourquoi (actuellement on legifere sur le droit des robots…). le droit est de plus en plus une toile d’araignee dans laquelle la democratie est engluee.
      « quand c’est flou, y a un loup »: dans le tao te king c’etait: « plus les lois proliferent,plus les bandits sont nombreux » ou quelque chose comme ca. y a des choses qui traversent le temps et l’espace.

        +10

      Alerter
    • Gwen // 29.03.2017 à 08h55

      Oui, sauf que vu que le crime de haute trahison n’est plus passible de la peine de mort, et qu’il a été rendu très flou (on se demande par qui), la haute trahison ne veut plus vraiment dire grand chose.

        +1

      Alerter
      • Kiwixar // 29.03.2017 à 10h07

        « Haute trahison » veut dire exactement ce que ça veut dire.

        Les peuples savent, à intervalles réguliers, mettre les points sur les « i » (il y en a 1) et étêter les « t » (il y en a 2). Les peuples n’ont que faire du juridisme et des arguties style « ah mais ça a été ôté du code pénal, ah mince, que va-t-on faire, c’est pas de bol ». Une foule en colère a l’intelligence du moins intelligent et la rage du plus enragé.

          +15

        Alerter
        • philouie // 29.03.2017 à 12h04

          oui, les mots un sens et lorsque le langage juridique n’est plus à même d’exprimer la réalité constitutionnelle, il y a bien perversion du langage.
          Ici, la forfaiture de Hollande est d’autant plus grave qu’elle mine la crédibilité de l’institution. Simplement, Hollande casse la république, pour ses petites histoires personnelles.

            +6

          Alerter
  • Ardéchoix // 29.03.2017 à 08h26

    Faire la lumière dans un cabinet noir peut éblouir, et rend notre démocratie aveugle

      +6

    Alerter
  • Lili // 29.03.2017 à 09h54

    Bon… eh bien, cher monsieur, alors pourquoi écrire un article ou cet article si vous n’avez pas encore lu l’ouvrage dont il est question « Bienvenue Place Beauvau » ? Est ce donc si difficile à l’égo d’attendre sa sortie, le lire, et ensuite en tirer un papier ? Quant aux dits cabinets noirs (ou roses présentement) … allons, ne jouez pas à candide… ils ont toujours existé. Et ce n’est surement pas la « disparition » des RG qui a diminué ou fait cesser leurs missions ! Cessez de prendre les gens pour des cruches… à bon entendeur, salut.

      +5

    Alerter
  • goldoni // 29.03.2017 à 10h12

    Une enquête a été diligentée sur la demande de Hollande, auprès d’une cellule policière connue de tous à l’Elysée, afin d’enquêter sur un sénateur communiste qui animait la commission du sénat qui s’intéressait de trop près à ces deux grands pouvoirs (en fait le même) que sont la Société Générale et la BNP (notamment leurs activités dans les paradis fiscaux)
    Depuis les policiers savent que E. Bocquet est un type vertueux.

      +5

    Alerter
  • Scrib // 29.03.2017 à 10h16

    Ce qui me gêne le plus dans le concept de « cabinet noir » c’est que ca renvoi au gouvernement en place.
    La conclusion induite est alors « c’est un coup des socialistes ».
    Hors, n’importe qui à l’assemblée aurait pu balancer l’info (ou presque)
    Il est évident que l’info viens d’un « sachant » … mais de quel bord il est, c’est une question insoluble.

    Mettre ça sur le dos du gouvernement en place, sans penser aux autres « bénéficiaires » de la dégringolade Fillon, fais pas assez preuve d’esprit critique AMHA.

    Et puis chaque « casserole » peux aussi avoir une source différente après tout…

    Une chose est sure… ces élections prouvent qu’ils cherchent « tous » à se mettre du côté du futur vainqueur (dans leur esprit) et oeuvrent à garder leurs privilèges de « politicien », quitte à trahir leur propre engagement moral (dernier ex en date : Valls – qui dit faire ça POUR la France et CONTRE le FN – ce qui pourrait finir d’en convaincre certain que Macron = PS et donc faire voter FN) …

    Bref : je indigné par les représentants actuels et mes valeurs en prennent un sérieux coup

      +4

    Alerter
  • olympi // 29.03.2017 à 10h17

    Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
    « Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. »

    Pour qu’il y ait démocratie il faut tout d’abord :
    Une souveraineté : un territoire et une population dans laquelle et sur laquelle s’exerce la loi.
    La séparation des pouvoirs : Législatif, Exécutif et Judiciaire afin que ceux au pouvoir ne deviennent facilement tyran.
    Après vous pouvez ajouter de la « démocratie ».

    Oui la présidence doit certainement faire des croche-pieds à ses ennemies, et c’est même « normal » ça s’appelle de la politique. Mais nous avons la séparation des pouvoirs qui nous protège de leur tyrannie. Donc au-de-là de la démocratie n’oublions pas les principes supérieurs qui lui permettent d’exister.

      +3

    Alerter
    • Kiwixar // 29.03.2017 à 11h30

      Il n’y a pas séparation des pouvoirs puisque le Parlement Européen ne sert à rien alors que l’EuroPolitburo est à la fois exécutif et legislatif. Etre invité à mettre le bulletin régulièrement dans l’urnoir ne signifie pas que vous êtes en démocratie.

        +20

      Alerter
    • Gwen // 29.03.2017 à 13h33

      Une séparation des pouvoirs ? Dans ce cas, qu’attendons nous pour supprimer le garde des sceaux et les magistrats du parquet, ou au moins leur liaison avec celui ci ?

        +0

      Alerter
  • SanKuKai // 29.03.2017 à 12h20

    Autres temps, autres moeurs pour comparaisons:

    Le 24 novembre 1965. De Gaulle est mis en ballotage par Mitterrand.
    Conversation entre Roger Frey (ministre de l’intérieur), Alain Peyrefitte et le Général de Gaulle:
    – Roger Frey: « Vous ne voulez pas attaquer vos adversaires. Mais Nous ? Votre seul adversaire qui compte c’est Mitterrand. Pourquoi ne permettriez vous pas que sortent quelques vérités cachées ? »
    Et d’évoquer  » une photo de Mitterrand arborant la francisque et serrant respectueusement la main du maréchal Pétain ». Et de souligner ses liens avec Bousquet, l’ancien secrétaire général de la police de Vichy (…) et de rappeler l’affaire de l’observatoire.
    (…)
    – Peyrefitte: Une campagne électorale c’est comme un match de boxe, on donne des coups et on en reçoit. Si on se contente d’en recevoir, on a beau etre champion du monde, on finit par etre KO debout […] Pourquoi prendre des gants. Il vous a injurié en vous comparant à Hitler, Mussolini et Franco… »
    – De Gaulle le coupe : « Non, n’insistez pas ! Il ne faut pas porter atteinte à la fonction, pour le cas ou il viendrait à l’occuper. »

    Source: extraits de conversation (tronqués car il faut faire court) issus du livre « De Gaulle et Mitterand » de Robert SCHNEIDER.

      +8

    Alerter
  • Eric10 // 29.03.2017 à 15h54

    Médias et influence : François-Bernard Huyghe)
    https://www.youtube.com/watch?v=2QfDf3TuVeE

      +0

    Alerter
  • Le Rouméliote // 29.03.2017 à 17h41

    Rien à redire sur ce bon résumé du cabinet noir, sauf cette faute agaçante, car de plus en plus fréquente : »une activité par nature clandestine et sensée ne pas laisser de traces ».
    Il faut écrire CENSÉE et non SENSÉE ! « Censée » du latin « censere » avec le sens (sans jeu de mot) de « supposé, réputé » (Larousse, dictionnaire de la langue française. Lexis, 1989, p.295). Ex. : Nul n’est censé ignorer la loi.
    « Sensée » : qui est conforme au bon sens ou qui a du bon sens. Ex. : Dire des choses sensées.
    Ah, mais !^^

      +7

    Alerter
  • RGT // 29.03.2017 à 19h01

    Cabinet noir..

    Je ne vois pas pourquoi il faudrait d’un coup hurler comme des vierges effarouchées.

    S’il est bien un « truc » qui a existé de tous temps, c’est bien ces « officines officieuses » qui viennent au secours des dirigeants pour éviter que le système ne tombe.

    Si d’aventure une nouvelle constitution venait à en interdire strictement l’existence, ces « organismes » seraient privatisés et échapperaient automatiquement à tout contrôle « public ».

    C’est beau la « démocratie », les possibilités sont immenses quand les « dirigeants » bénéficient d’une liberté et d’une impunité totales.

      +2

    Alerter
  • Tchoo // 29.03.2017 à 19h42

    Les hommes et les femmes en cause seraient intègres et honnêtes, et les cabinets noirs auraient plus de travail pour inventer des « affaires »

      +0

    Alerter
  • Jérôme // 30.03.2017 à 20h49

    Il y a quasiment eu toujours eu en France des pratiques relevant de ce qu’on appelle des cabinets noirs. Certains disent que ça remonte à Richelieu. En se cantonnant à la période démocratique, on a eu pléthore de montages politico-médiadito-policiers-judiciaires organisés par des camps contre des adversaires, depuis le coup monté pour pousser le général Boulanger à la faute.

    Dans le cas d’espèce, Hollande a nommé une armée de socialistes et de membres de l’ultra-politisé syndicat de la magistrature (celui du mur des cons) à la tête du parquet national financier et du pôle financier du TGI de Paris : Eliane Houlette, ancienne conseillère Justice de Hollande à l’Elysée, Jean-Michel Hayat président du TGI, Serge Tournaire chargé de l’instruction qui s’asseoit sur le principe de la collégialité au point de révulser un collègue impartial comme Van Ruymbeke, Eric Alt qui a théorisé la liberté pour les juges d’être partisans et Eric Halphen, militant politique.

    Pour être juste, Fillon avait sollicité auprès de Jouyet une manipulation judiciaire contre Sarkozy et Sarkozy avait tendu pour février 2012 le piège de l’affaire du Carlton de Lille qui devait permettre de coincer DSK en pleine campagne s’il n’avait pas chuté plus tôt au Sofitel de New-York.

      +2

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications