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16.décembre.201516.12.2015 // Les Crises

Comment la CIA fabrique des informations contre le gouvernement du Venezuela (La Jornada)

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Suite à la victoire de l’opposition libérale aux législatives du Venezuela (tssss, ces dictateurs, pas efficaces quand même…), un petit rappel.

Source :José Manuel Martín Medem, 11-12-2015

Quand Felipe Gonzalez dit que le Venezuela vit sous un régime tyrannique, personne ne demande à l’ancien chef du gouvernement espagnol qu’il expose ses arguments qui soutiendraient un mensonge aussi éhonté. Et lui de rajouter que le Chili de Pinochet respectait plus les droits de l’homme que le Venezuela de Maduro. Par contre quiconque voudrait lui répondre se verrait obligé d’apporter milles et une preuve, lesquelles n’auraient de toute façon aucun effet contre la mauvaise foi. Le Venezuela n’est pas une démocratie jusqu’à ce que l’on démontre le contraire, c’est une tyrannie bien que cette accusation ne tienne que… « parce que tout le monde le sait« .

Pour Fernando Casado, parler de « tyrannie au Venezuela » est un parfait exemple de sound bites, des messages courts qui résument des idées complexes et dont le but est d’être injectés l’opinion publique internationale. Spécialiste en droit et communication, Casado vient de publier à Madrid un livre (1) qui reprend ses conclusions après cinq années de recherches sur le rôle des informations contre le gouvernement du Venezuela dans les médias les plus influents d’Espagne et d’Amérique latine.

Il explique le système de triangulation mis en place pour tergiverser l’information et se base sur ses interviews de plusieurs journalistes reconnus travaillant pour de grands médias, qui reconnaissent l’influence que joue la ligne éditoriale antigouvernementale dans leurs articles.

La triangulation consiste à semer des informations de la CIA dans la presse madrilène, provenant toujours de « sources confidentielles », pour ensuite les reproduire à Miami et par le biais du Groupe de Journaux d’Amérique. Ces informations sont ensuite rediffusées à Caracas par le journal El Nacional,comme s’il s’agissait de la parole divine.

Il est important de souligner ici qu’il ne s’agit pas de l’opinion de Casado ou de la mienne, mais de l’expérience vécue et racontée par des journalistes qui travaillent pour les médias impliqués. Le Groupe de Journaux d’Amérique est constitué de O Globo (Brésil), El Mercurio (Chili), La Nación(Argentine), El Tiempo (Colombie), El Comercio (Equateur et Pérou), El Universal (Mexique), El País(Uruguay) et El Nacional (Venezuela). Des journaux comme El Nuevo Herald (Miami), El Espectador(Colombie) et ABC, El Mundo et El País (Madrid) sont sur la même longeur d’onde.

Les faits que révèlent les journalistes interviewés par Casado lèvent le voile sur un supposé journalisme de qualité qui laisse en fait fort à désirer. Angelica Lagos, éditrice de la rubrique internationale du journal El Espectador, parle d’une « construction dévastatrice pour l’image du Venezuela ». Maye Primera et Clodovaldo Hernández, tous deux collaborateurs d’El País à Caracas, parlent d’un « effort pour créer une opinion publique défavorable » et d’ « une pression insupportable pour raconter les choses comme eux voulaient les voir ». Miguel Angel Bastenier : « Nous savons tous qui est notre propriétaire ; l’immense majorité de ceux qui se trouvent à l’intérieur du système ne sortent pas de ce cadre ». Angel Expósito, directeur du journal ABC : « Nous avons accès à des informations de la CIA ».

La CIA sème des infos dans la presse à Madrid

Le 6 janvier, la DEA et la CIA ont offert un petit cadeau au journal madrilène ABC. Ils ont exfiltré de Caracas le déserteur Leasmy Salazar -présenté comme un officier membre des gardes du corps d’Hugo Chavez et de Diosdado Cabello, le président de l’Assemblée Nationale- ils l’ont emmené à Madrid afin qu’il se fasse interviewer par Emili J. Blasco, correspondant à Washington du journal. Salazar lui a relaté en exclusivité les chefs d’accusation qu’il allait négocier avec le procureur aux Etats-Unis : « le Venezuela est un narco-état construit par Hugo Chavez et aujourd’hui dirigé par Diosdado Cabello ». Je n’invente pas cette histoire. Blasco la raconte lui-même dans le livre (2) qu’il a écrit à partir des révélations de Salazar, mis à sa disposition par la DEA et la CIA. Expósito [le directeur du journal ABC] a admis à Casado que l’information « provenait de la CIA » et Blasco confirme dans son ouvrage qu’il a eu accès à des rapports des services secrets. Le correspondant d’ABC est devenu la référence de base pour tous les médias qui sont disposés à utiliser l’information des services secrets des Etats-Unis préalablement blanchie par ABC.

Le livre de Blasco assure aussi que le Venezuela a mis en place un système de fraude électorale permanent grâce à l’intervention d’assesseurs cubains. Ses seules preuves sont les « accusations de témoins protégés par la Justice américaine » et des révélations de « figures du chavisme qui ont établi des contacts avec les autorités américaines mais qui préfèrent attendre encore avant de prendre la fuite ».

Le Wall Street Journal a participé à la légitimation de l’intervention de la CIA dans les médias, en l’auréolant de son prestige de Mecque du journalisme international. Pourtant, il est intéressant de lire avec attention les articles au sujet du Venezuela. En effet, le WSJ reconnaît que toute l’information utilisée provient de fonctionnaires du gouvernement des Etats-Unis et de ses services secrets. Le journal reconnaît aussi que les Etats-Unis tentent depuis dix ans de monter des affaires judiciaires liées au narcotrafic contre le gouvernement du Venezuela sans y parvenir faute de preuves indiscutables, et qu’une opération en cours consiste en provoquer des désertions de fonctionnaires et de militaires afin de leur donner le statut de témoins en échange de compensations comme un titre de séjour aux Etats-Unis. « Les services secrets américains –reconnaît le WSJ- ont accéléré le processus de recrutement de déserteurs qui offrent des informations utiles ». Des agents de ces services ont expliqué au journal que des exilés vénézuéliens les aident à contacter des fonctionnaires gouvernementaux afin de leur proposer qu’ils deviennent des déserteurs et partent se réfugier aux Etats-Unis.

« Tout le monde sait que »

Un second livre (3) récemment publié a lui aussi alimenté les accusations de supposée complicité entre Cuba et le Venezuela. Son auteur est un vénézuélien, Gustavo Azócar, conseiller électoral de l’opposition, et ses sources proviennent aussi d’informations récoltées par le journal espagnol ABC. Il réitère les accusations de Blasco, utilise les mêmes « rapports des services secrets » et a souvent recours au « tout le monde sait que« , assurant ainsi que les militaires cubains contrôlent l’Université des Forces Armées dans le cadre de la formation des officiers vénézuéliens pour réprimer les protestations populaires qui auront lieu suite à la fraude électorale lors des prochaines législatives du 6 décembre.*

The Guardian (et qui oserait prétendre qu’il s’agit d’un journal chaviste et bolivarien ?) a envoyé au Venezuela l’économiste américain Mark Weisbrot afin qu’il informe au sujet des mobilisations de l’opposition. Après deux semaines d’observation sur place, il a publié une chronique intitulée La vérité sur le Venezuela : une révolte des riches**, dans laquelle il explique que la vérité n’a pas grand-chose à voir avec celle décrite par les médias qui ont le plus d’influence auprès de l’opinion publique internationale. Weisbrot en arrive à la conclusion suivante : une stratégie insurrectionnelle de l’extrême droite vénézuélienne est en cours, avec le soutien des Etats-Unis.

José Manuel Martín Medem

L’auteur a été correspondant de RTVE au Mexique, en Colombie et à Cuba. Membre de la Commission Exécutive du Syndicat des Journalistes de Madrid (SPM).

Source :José Manuel Martín Medem, 11-12-2015


Texte de 2014..

La vérité sur le Venezuela : une révolte des classes aisées, pas une « campagne de terreur » (The Guardian)

Source : Mark WEISBROT, 26-03- 2014

La rhétorique de John Kerry est déconnectée de la réalité sur le terrain, où la vie continue – même sur les barricades.

Une manifestante pose pour la photo, sur la place Altamira à Caracas. Photo : Jorge Silva / Reuters

Les images forgent la réalité et octroient un pouvoir à télévision et aux vidéos et même aux photos qui peuvent s’enfoncer profondément dans la conscience des gens sans même qu’ils s’en rendent compte. Moi aussi j’ai pensé que j’étais à l’abri de ces représentations répétitives du Venezuela comme un état défaillant pris dans les affres d’une révolte populaire. Mais je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu à Caracas ce mois-ci : combien peu de la vie quotidienne semble être affectée par les manifestations et combien la normalité prévalait dans la grande majorité de la ville. Moi aussi, j’avais été happé par les images des médias.

De grands médias ont déjà indiqué que les pauvres du Venezuela n’ont pas rejoint les protestations de l’opposition de droite, mais c’est un euphémisme : ce ne sont pas seulement les pauvres qui s’abstiennent – à Caracas, c’est pratiquement tout le monde à l’exception de quelques zones riches comme Altamira, où de petits groupes de manifestants se livrent à des batailles nocturnes avec les forces de sécurité, jetant des pierres et des bombes incendiaires et fuyant les gaz lacrymogènes.

En marchant dans le quartier de la classe ouvrière de Sabana Grande au centre de la ville, il n’y avait aucun signe que le Venezuela est en proie à une « crise » qui nécessite une intervention de l’Organisation des États américains (OEA), et peu importe ce que John Kerry vous raconte. Le métro fonctionnait normalement aussi, même si je n’ai pas pu descendre à la gare d’Alta Mira, où les rebelles avaient établi leur base d’opérations avant leur expulsion cette semaine.

J’ai eu mon premier aperçu des barricades à Los Palos Grandes, une zone de revenus supérieurs où les manifestants ont le soutien populaire, et où les voisins s’en prennent à ceux qui tentent de démonter les barricades – une opération risquée (au moins quatre personnes ont apparemment été abattues en tentant de le faire). Mais même ici, sur les barricades, la vie est à peu près normale, à part quelques embouteillages. Le week-end, le Parque del Este était plein de familles et de coureurs en sueur dans la chaleur étouffante – avant Chávez, on m’a raconté qu’il fallait payer pour y entrer, et les résidents ici étaient déçus quand les moins bien lotis ont été autorisés à entrer gratuitement. Le soir, les restaurants sont toujours pleins.

Voyager permet plus qu’une simple vérification de la réalité, bien sûr, et j’ai visité Caracas principalement pour recueillir des données sur l’économie. Mais je suis revenu très sceptiques quant aux récits rapportés chaque jour dans les médias et selon lesquels les pénuries croissantes de produits alimentaires de base et des biens de consommation sont une motivation sérieuse pour les manifestations. Les gens qui sont les plus incommodés par ces pénuries sont, bien sûr, les pauvres et les classes ouvrières. Mais les habitants de Los Palos Grandes et Altamira, où j’ai vu de véritables manifestations, ont des serviteurs qui font la queue pour eux et ils ont les moyens et l’espace pour faire des stocks.

Ces gens-là ne souffrent pas – ils s’en sortent très bien. Leur revenu a augmenté à un rythme constant depuis que le gouvernement Chávez a pris le contrôle de l’industrie pétrolière, il y a dix ans. Ils bénéficient même d’une mesure coûteuse pour le gouvernement : n’importe qui avec une carte de crédit (ce qui exclut les pauvres et les millions de personnes qui travaillent ) a droit à 3000 $ par an à un taux de change subventionné. Ils peuvent ensuite vendre ces dollars à 6 fois le prix qu’ils ont payé, ce qui équivaut à une subvention annuelle de plusieurs milliards de dollars pour les privilégiés – mais ce sont eux qui fournissent la base et les troupes de la rébellion.

La nature de classe de cette lutte a toujours été évidente et incontournable, aujourd’hui plus que jamais. En passant devant la foule qui s’est présentée pour les cérémonies du 5 Mars pour marquer l’anniversaire de la mort de Chávez, c’était une marée humaine de Vénézuéliens de la classe ouvrière, des dizaines de milliers d’entre eux. Il n’y avait pas de vêtements de luxe ou de chaussures à $300. Quel contraste avec les masses mécontentes de Los Palos Grandes, avec leurs Jeeps Grand Cherokee à $40 000 affichant le slogan du moment : SOS VENEZUELA.

Quand il s’agit du Venezuela, John Kerry sait de quel côté de la guerre de classe il se situe. La semaine dernière, alors que je quittais la ville, le secrétaire d’État des États-Unis a redoublé de violence dans sa rhétorique contre le gouvernement, accusant le président Nicolás Maduro de mener une « campagne de terreur contre son propre peuple ». Kerry a également menacé d’invoquer la Charte démocratique interaméricaine de l’OEA contre le Venezuela, ainsi que des sanctions.

Brandissant la Charte démocratique contre le Venezuela est un peu comme menacer Vladimir Poutine avec un vote parrainé par l’ONU sur la sécession en Crimée. Peut-être que Kerry ne l’a pas remarqué, mais quelques jours avant ses menaces, l’OEA s’est saisi d’une résolution que Washington a présenté contre le Venezuela en l’a retourné contre lui, en déclarant « la solidarité » de l’organisme régional avec le gouvernement de Maduro. Vingt-neuf pays l’ont approuvé, seuls les gouvernements de droite de Panama et le Canada se sont rangés du côté des États-Unis.

L’article 21 de la Charte démocratique de l’OEA s’applique à l’ « interruption inconstitutionnelle de l’ordre démocratique d’un Etat membre » (comme le coup d’état militaire de 2009 au Honduras que Washington a contribué à légitimer, ou le coup d’État militaire de 2002 au Venezuela, appuyé encore plus par le gouvernement des Etats-Unis). Compte tenu de son récent vote, l’OEA serait plus susceptible d’invoquer la Charte démocratique contre le gouvernement américain pour ses meurtres sans procès de citoyens américains par drones que de condamner le Venezuela.

La rhétorique de Kerry sur la « campagne de terreur » est également déconnectée de la réalité, et de façon prévisible a provoqué une réaction équivalente du ministre des Affaires étrangères du Venezuela, qui a qualifié Kerry d’ « assassin ». Voici la vérité sur ces accusations de Kerry : depuis que les manifestations au Venezuela ont commencé, il semble que plus de gens ont été tués par des manifestants que par les forces de sécurité. Selon les décès signalés par le CEPR le mois dernier, en plus de ceux tués pour avoir tenté de démonter des barricades, environ sept ont apparemment été tués par des obstacles installés par les manifestants – dont un motard décapité par un fil tendu à travers la route – et cinq officiers de la Garde nationale ont été tués.

Quant à la violence de la répression, au moins trois personnes semblent avoir été tués par la Garde nationale ou d’autres forces de sécurité – dont deux manifestants et un militant pro-gouvernemental. Certains blâment le gouvernement pour trois meurtres supplémentaires par des civils armés ; dans un pays avec une moyenne de plus de 65 homicides par jour, il est tout à fait possible de ces gens aient agi de leur propre chef.

21 membres des forces de sécurité sont en état d’arrestation pour abus, y compris pour certains des meurtres. Il n’y a pas de « campagne de terreur ».

Dans le même temps, il est difficile de trouver une dénonciation sérieuse de la violence des principaux dirigeants de l’opposition. Les sondages indiquent que les protestations sont très impopulaires au Venezuela, même si elles font beaucoup mieux à l’étranger où elles sont présentées comme des « manifestations pacifiques » par des gens comme Kerry. Les sondages indiquent également que la majorité des Vénézuéliens voient ces perturbations pour ce qu’elles sont : une tentative de renverser le gouvernement élu.

La politique intérieure de la posture de Kerry est assez simple. D’une part, vous avez le lobby de la droite cubano-américaine en Floride et leurs alliés néo-conservateurs qui réclament à cors et à cris le renversement du gouvernement. A gauche de l’extrême droite, il n’y a… rien. Cette Maison Blanche se soucie très peu de l’Amérique latine, et il n’y a pas de conséquences électorales à faire en sorte que la plupart des gouvernements du continent soient un peu plus dégoûtés de Washington.

Peut-être que Kerry pense que l’économie vénézuélienne va s’effondrer et que cela entraînera quelques Vénézuéliens pas-si-riches dans les rues contre le gouvernement. Mais la situation économique se stabilise – l’inflation a diminué en Février, et le dollar sur le marché noir a fortement baissé à l’annonce que le gouvernement mettait en place un nouveau taux de change, basé sur le marché. Les obligations souveraines du Venezuela ont eu un rendement de 11,5% entre le 11 Février (veille des manifestations) et le 13 Mars, soit le rendement les plus élevé de l’indice du marché Bloomberg en dollars des pays émergents. Les pénuries seront probablement réduites dans les semaines et mois à venir.

Evidemment, c’est justement là le problème principal de l’opposition : la prochaine élection est prévue dans 18 mois, et à ce moment, il est probable que les pénuries économiques et l’inflation qui avaient tellement augmenté au cours des 15 derniers mois auront diminué. L’opposition perdra alors probablement les élections législatives, car elle a perdu toutes les élections de ces 15 dernières années. Et la stratégie insurrectionnelle actuelle n’aide pas sa cause et semble avoir divisé l’opposition et réuni les chavistes.

Le seul endroit où l’opposition semble recueillir un large soutien est Washington.

Mark Weisbrot

Traduction « de Kiev à Caracas, les mêmes stratégies ne produisent pas forcément les mêmes résultats » par VD avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

Source : Mark WEISBROT, 26-03- 2014

Pourquoi la victoire de la droite n’a-t-elle déclenché aucune liesse dans les rues ?

VENEZUELA : PAYSAGE AVANT LA BATAILLE

Thierry DERONNE – 10/12/2015

Avec l’élection de deux tiers de députés de droite vient de se répéter le scénario médiatique qui accompagna la défaite électorale des sandinistes au Nicaragua en 1990. Le pays semble rentrer dans l’ordre néo-libéral, on reconnaît que la « dictature » est une démocratie, on félicite les perdants pour leur reconnaissance immédiate des résultats.

Mais pourquoi Caracas, au lendemain du scrutin, était-elle si triste ? Pourquoi une telle victoire n’a-t-elle déclenché la moindre liesse dans le métro, dans les rues ? Comment comprendre la mobilisation de collectifs populaires, ou que les syndicats se déclarent en « état d’urgence », alors qu’il y a trois jours une partie de même cette base populaire ne s’est pas mobilisée en faveur des députés bolivariens ?

Dès l’élection de Chavez en décembre 1998, nombre d’institutions révolutionnaires se sont peuplées du « chiripero » – surnom donné à la masse d’employé(e) qui troquèrent en 24 heures la casquette du populisme des années 90 pour une chemise rouge (alors que souvent les révolutionnaires authentiques étaient écartés). L’angoissante guerre économique a rendu insupportables la corruption et la surdité de ce secteur de fonctionnaires face à l’exigence d’une protection forte, d’un État plus efficace, plus participatif, travaillant à écouter les citoyen(ne)s.

Parallèlement, le « changement » promis par la droite a été interprété comme la fin de la guerre économique : les rayons des magasins se rempliraient de nouveau, les files disparaîtraient avec le retour du secteur privé au pouvoir. Or les leaders de l’opposition ont d’ores et déjà annoncé qu’il ne sera pas possible de régler le « problème économique » à court terme et que la priorité sera d’appliquer un programme visant à « modifier » les lois et acquis sociaux. Fedecámaras, organisation des commerçants et des chefs d’entreprises du secteur privé, demande à l’assemblée nationale d’annuler la Loi du Travail (1).

En ligne de mire : les hausses de salaire, la protection des travailleurs contre les licenciements, les conditions trop favorables des congés de maternité, la réduction de la durée du travail, les samedis libres, le paiement des heures sup, les bons d’alimentation. Les syndicats annoncent déjà des mobilisations de rue, réclament la nationalisation de la banque. Menacée et traitée de « cloaque » par le leader de l’opposition Ramos Allup, la chaîne parlementaire ANTV vient d’être remise intégralement à ses travailleurs par le gouvernement, et le président Maduro décrètera une loi pour protéger les travailleurs du service public, en étendant l’interdiction de licenciement de 2016 à 2018.

La droite – elle ne s’en cache pas – veut revenir sur la plupart des acquis de la révolution (loi de contrôle des prix, loi des semences anti-OGM, loi de la réforme agraire, de protection des locataires, éducation gratuite, santé gratuite, construction de logements publics, pensions…), organiser avec les États-Unis la privatisation du pétrole et des autres ressources du pays, annuler les accords de coopération énergétique avec les pays plus pauvres des Caraïbes et de tout autre accord qui défie la vision unipolaire de Washington (PetroCaribe, ALBA, etc..), etc… Elle annonce aussi une « amnistie » pour les militants et le leader de “l’Aube Dorée” locale Leopoldo Lopez, organisateurs de violences meurtrières – celles de 2013 ont fait 43 morts, la plupart dans le camp bolivarien, et six membres des forces de l’ordre tués par balles. Ce sont eux que les médias internationaux appellent des “prisonniers d’opinion” au motif qu’ils appartiennent à l’extrême droite. Pour réaliser tout cela au plus vite, la droite cherchera, dans les mois qui viennent, à destituer le président bolivarien par un coup parlementaire comme celui subi par Fernando Lugo au Paraguay.

Faire la révolution n’est pas simple.

On voit la difficulté de construire une révolution socialiste sans démocratiser la propriété des médias, sans s’émanciper de cette prison culturelle de consommation massive, d’invisibilisation du travail, de fragmentation du monde, de passivité du spectateur. Le récent « rapport sur l’imaginaire et la consommation culturelle des vénézuéliens » réalisé par le ministère de la culture est en ce sens une excellente analyse politique. Il montre que la télévision reste le média préféré et que la majorité associe le Venezuela à l’image de Venevision ou Televen : « jolis paysages/jolies femmes ». Comment mettre en place une production communale à grande échelle, sans la corréler avec un imaginaire nouveau où la terre n’est plus la périphérie de la ville mais le centre et la source de la vie, de la souveraineté alimentaire ? Comment transformer des médias en espaces d’articulation et d’action populaire, de critique, de participation, si le paradigme anglo-saxon de la communication sociale (« vendre un message à un client-cible ») reste la norme ?

En conclusion

Une immense bataille commence, et deux issues sont possibles : soit un repli du camp bolivarien, avec répression des résistances sociales (l’histoire répressive (2) et les liens de la droite vénézuélienne avec le paramilitarisme colombien et la CIA sont bien documentés (3) ), vague de privatisations, retour à l’exploitation et à la misère des années 90, et silence des médias internationaux – comme lors du retour des néo-libéraux au Nicaragua de 1990 à 2006.

Soit les politiques de la droite serviront de fouet à la remobilisation populaire que Nicolas Maduro a appelée de ses vœux en provoquant la démission du gouvernement et en organisant une réunion avec les mouvements sociaux et le Parti Socialiste Uni (PSUV). Malgré l’usure de 16 ans de pouvoir et ces deux dernières années de guerre économique, la révolution bolivarienne conserve un socle remarquable de 42 % des suffrages. Même si les deux tiers des sièges parlementaires donnent à la droite une grande marge d’action, le chavisme dispose pour l’heure du gouvernement et de la présidence, de la majorité des régions et des mairies, et de l’appui d’un réseau citoyen – conseils communaux, communes, mouvements sociaux. Si le président réussit à repartir rapidement sur des bases nouvelles, sans diluer ses décisions dans une négociation interne entre groupes de pouvoir, si toutes ces énergies de transformation se reconnectent et agissent en profondeur, la leçon aura été salutaire.

Thierry Deronne, Caracas, 9 décembre 2015

Notes :

(1) Lire « La nouvelle loi du travail au Venezuela »,https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/05/04/nouvelle-loi-du-travai…

(2) Lire « la jeunesse d’aujourd’hui ne sait rien de ce qui s’est passé il y a trente ou quarante ans »https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/01/19/la-jeunesse-daujourdhu… et « comment la plupart des journalistes occidentaux ont cessé d’appuyer la démocratie en Amérique Latine »https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/03/16/comment-la-plupart-des…

(3) Lire « Venezuela : la presse française lâchée par sa source ? »https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/08/04/venezuela-la-presse-fr…

Source : 10/12/2015

Lire aussi par exemple https://venezuelainfos.wordpress.com/

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Commentaire recommandé

silk // 16.12.2015 à 02h47

Malheureusement, la réalité fut l’inverse de la conclusion de WEISBROT : les pénuries se sont amplifiées. La guerre économique a été intense, avec la Colombie qui a  » pillé » (via un trafic organisé sur toute la zone frontaliere) les produits subventionnés par le gouvernement et tout particulièrement le pétrole. Il y a eu une spéculation incalculable sur les devises poussant le gouvernement a prendre des mesures (souvent incohérentes et aucunement productives).
Cela aboutissant à une inflation dépassant les 100 à 150% (selon les chiffres : 85 à 200%).

Le résultat fut donc l’inverse de sa conclusion aux dernières élections : la droite et l’extrême droite se sont alliés au sein de la MUD (avec quelques mouvements de gauche en caution de « coalition »).
Cette coalition n’avait pour seul programme qu’en finir avec la chavisme (pour cela commencer par maduro). Bref un programme d’opposition pour : « virer le parti en place » (pour la suite ça va se corser).

Dans le camp du chavisme, la mort de Chávez fut un schisme et depuis 2013, les divergences et dissension n’ont cessé de s’amplifier : Chávez n’étant plus là, les erreurs de la révolution combinées à la guerre économique subie ont exacerbé les tensions.
Au point que certains n’ont pas soutenu Maduro.

La population a craqué face à une telle guerre économique (pour mémoire des marchandises cachées ont été trouvées dans des entrepôts de grandes enseignes quand les magasins étaient vides) combinée à une guerre médiatique (la aussi la propagande fut terrible, je mettrai un extrait au besoin des  » une » de journaux qui répétaient en boucle leur musique putschiste quand les télévisions diffusaient des messages de soutien à l’opposition et à la tentative de putsch que fut « la salida » de la part de divers dirigents occidentaux/americains).

Il est notable que la gauche française n’a aucunement soutenu le processus révolutionnaire en AL quand celui ci était menacé (il l’est encore plus depuis ce 6 décembre).

16 réactions et commentaires

  • silk // 16.12.2015 à 02h47

    Malheureusement, la réalité fut l’inverse de la conclusion de WEISBROT : les pénuries se sont amplifiées. La guerre économique a été intense, avec la Colombie qui a  » pillé » (via un trafic organisé sur toute la zone frontaliere) les produits subventionnés par le gouvernement et tout particulièrement le pétrole. Il y a eu une spéculation incalculable sur les devises poussant le gouvernement a prendre des mesures (souvent incohérentes et aucunement productives).
    Cela aboutissant à une inflation dépassant les 100 à 150% (selon les chiffres : 85 à 200%).

    Le résultat fut donc l’inverse de sa conclusion aux dernières élections : la droite et l’extrême droite se sont alliés au sein de la MUD (avec quelques mouvements de gauche en caution de « coalition »).
    Cette coalition n’avait pour seul programme qu’en finir avec la chavisme (pour cela commencer par maduro). Bref un programme d’opposition pour : « virer le parti en place » (pour la suite ça va se corser).

    Dans le camp du chavisme, la mort de Chávez fut un schisme et depuis 2013, les divergences et dissension n’ont cessé de s’amplifier : Chávez n’étant plus là, les erreurs de la révolution combinées à la guerre économique subie ont exacerbé les tensions.
    Au point que certains n’ont pas soutenu Maduro.

    La population a craqué face à une telle guerre économique (pour mémoire des marchandises cachées ont été trouvées dans des entrepôts de grandes enseignes quand les magasins étaient vides) combinée à une guerre médiatique (la aussi la propagande fut terrible, je mettrai un extrait au besoin des  » une » de journaux qui répétaient en boucle leur musique putschiste quand les télévisions diffusaient des messages de soutien à l’opposition et à la tentative de putsch que fut « la salida » de la part de divers dirigents occidentaux/americains).

    Il est notable que la gauche française n’a aucunement soutenu le processus révolutionnaire en AL quand celui ci était menacé (il l’est encore plus depuis ce 6 décembre).

      +28

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    • Astatruc // 16.12.2015 à 05h36

      La gauche française?quelle gauche?
      La « gauche » mange au même ratelier que les autres.
      Voyez Bleitrach qui donne des volontaires français du Donbass une image de fachos et vous aurez beaucoup appris sur cette « gauche ».

        +13

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      • Philippe, le belge // 16.12.2015 à 18h48

        Si quelqu’un à gauche a bien toujours soutenu le processus révolutionnaire en AL c’est bien Danièle Bleitrach et il me semble que beaucoup d’autres exemples à « gauche » auraient été plus efficaces pour soutenir vos propos. Il faudrait que vous nous disiez, preuves à l’appui, à quel râtelier elle mange selon vous!
        Par ailleurs, je ne vois pas le rapport entre le sujet et les volontaires français du Donbass. Vous pouvez toujours vous livrer à une contre-argumentation, si vous en avez une, mais dans ce cas, faites le directement sur le blog de celle que vous attaquez!

          +5

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        • Astatruc // 16.12.2015 à 20h37

          C’est fait, je lui ai écrit, apparemment, elle ne publie pas certaines réponses.Si vous voulez la réponse de l’auteur de l’article, vous la trouverez sur le site d’Erwan Castel mais pas chez Bleitrach.
          Les propos qu’elle a tenu sur les volontaires du Donbass sont insultants, de plus, elle rebondit sur un article qui ne contient à aucun momnent le nom de celui qu’elle porte aux gémonies.Elle déforme les propos de l’auteur et on se demande bien pourquoi elle parle « des volontaires » alors qu’elle ne parle que d’un seul.

          Quand à la gauche, j’ai participé il y a peu à unede ses réunion.Il y était question d’alliances, mais l’un ne voulit pas s’allier avec un autre, l’autre ne voulait pas avec un tel, bref, les chamailleries habituelles de niveau cour de maternelle, je n’ai pas vu de politique là-dedans.

            +2

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  • Charles // 16.12.2015 à 03h46

    La leçon est encore la même: il faut choisir entre le spectacle et la révolution.
    Chavez a incarné le premier avec un talent remarquable. Tous les progressistes l’ont soutenu.
    Mais la révolution est autre chose et reste à défendre, contre l’impérialisme et ce que l’on appelle désormais au Vénézuéla la bolibourgeoisie.
    A noter que même dans l’Huma, on trouve enfin un article sérieux sur le Vénézuéla:
    http://wp.me/p5oNrG-hbk

      +4

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  • Astatruc // 16.12.2015 à 05h31

    La déstabilisation au Venezuela suit le même schéma qu’au Chili en 1972 (El Telégrafo)
    19 Novembre 2015

    Maurice LEMOINE

    http://www.fal33.org/wp-content/uploads/2015/11/La-d%C3%A9stabilisation-au-Venezuela.pdf

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  • Astatruc // 16.12.2015 à 06h33

    Le Vénézuela est un allié de la Russie, il faut donc le détruire étatiquement.

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-russie-repond-a-l-appel-du-164734

    La Russie répond à l’appel du Venezuela
    par oscar fortin jeudi 12 mars 2015

    « Le ministre de la Défense, Serguéi Shoigu, a accepté l’invitation de son collègue vénézuélien, Vladimir Padrino Lopez, pour que la Russie participe aux exercices militaires des forces de défense antiaérienne et aux manœuvres de tir de lance-roquettes multiple russe BM-30 Smerch. À ceci s’ajoute l’entrée amicale de navires russes dans les ports du Venezuela. »

    Il était à parier que l’empire du mal aurait une réponse totalitaire à cette « provocation » et l’empire a ses presstitués qui « font du bon boulot »
    Je pense que les prremiers à être jugés devraient être cette caste de presstitués, après tout, sans eux, le totalitarisme n’aurait pas de diffusion, aucune base pour s’étendre

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  • Renaud 2 // 16.12.2015 à 08h35

    Après l’Argentine de Macri, le Vénézuela voit le spectre du néolibéralisme détruire tous les acquis sociaux de la révolution bolivarienne. Tout cela n’est pas encore effectif, heureusement, mais je crains pour l’Amérique latine. Ne restent plus que la Bolivie et l’Equateur à attaquer pour nos chers amis Chicago boys.

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  • Yann // 16.12.2015 à 10h10

    Chavez a permis de sortir des millions de gens de la pauvreté, c’est très bien. Ça aurait été encore mieux s’il avait fait en sorte que le pays puisse continuer sur la même trajectoire avec un baril de pétrole à 40$. Manifestement ce n’est pas le cas, et le Venezuela reste très dépendant de ses hydrocarbures. Avec une conséquence secondaire mais bien visible ces dernières semaines : dans les négociations climatiques le pays se retrouvé allié de fait avec un des gouvernements les plus réactionnaires de la planète, celui de l’Arabie Saoudite…

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    • Jagajaga // 16.12.2015 à 13h35

      A la décharge des chavistes, on ne sort pas un pays d’une économie de rente en 10 ou 15 ans, même dans des conditions idéales. Alors quand en plus on a le malheur d’être dans le « backyard » des USA et d’avoir pour voisin un narco-Etat qui exporte ses conflits et sa fange (AUC et narcos « apolitiques ») hors de ses frontières…

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  • Michel Ickx // 16.12.2015 à 13h25

    Felipe Gonzalez, tout comme Tony Blair, n’en est pas à un mensonge près. A l’époque de sa présidence il fréquentait régulièrement une des familles les plus maffieuses du Venezuela dans le paradis fiscal de Isla Christina.

    On se souviendra également de sa première campagne pésidentielle sous le slogan de “OTAN NO”. Aprés sa victoire il a rapidement fait en sorte que l’Espagne rentre dans l’OTAN par la petite porte.

    La presse espagnole de l’époque a plus d’une fois insinué qu’il bénéficiait des conseils de la maffia locale pour recevoir des “faveurs” ainsi que des conseils pour placer des fonds en toute discrétion au cours de ses vacances à la Isla Cristina.

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  • Jagajaga // 16.12.2015 à 15h01

    Vous croyez vraiment que dans un pays voisin de la Colombie d’Uribe, contraint « d’accueillir » une communauté colombienne qui ferait passer les pires des marielitos pour des enfants de choeur, la DEA va se fatiguer à livrer de la drogue dans les quartiers ? Ils risqueraient surtout de se faire tirer dessus pour concurrence déloyale…

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  • lois-economiques // 16.12.2015 à 17h19

    @TOUS
    C’est à proprement parlé hallucinant que des personnes qui ne connaissent rien d’un pays se permettent d’en discuter.
    Une monnaie qui dans les années 1970 était plus stable que le franc et qui est passé de 4,5 bolivards à plus 1000 000 bolivars pour 1 dollar…
    [Modération] L’expression est libre ne vous en déplaise et oui vous devez attendre l’approbation des modérateurs COMME TOUT LE MONDE ici. Pas de passe-droit.

    Moderation:
    Si vous êtes sérieux , Il serait intéressant d’avoir votre point de vue à condition que celui-ci soit confirmé par des faits soutenus par des liens dignes de confiance.
    Pour ne prendre qu’un exemple dans votre billet: le bolivar vénézuélien existe depuis le 1° janvier 2008 et n’a rien a voir avec celui existant en 1970.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bolivar_v%C3%A9n%C3%A9zu%C3%A9lien
    Pour 1 Euro vous aviez 3,16 nouveau bolivar le 1° janvier 2008, et 5,22 VEF aujourd’hui. Ce qui n’a strictement rien à voir avec ce que vous avancez.
    http://www.oanda.com/lang/fr/currency/historical-rates/
    http://fxtop.com/fr/historique-taux-change.php?A=1&C1=EUR&C2=VEF&MA=1&DD1=01&MM1=01&YYYY1=1970&B=1&P=&I=1&DD2=31&MM2=12&YYYY2=2014&btnOK=Chercher

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  • lois-economiques // 16.12.2015 à 18h25

    Monsieur le modérateur,

    Voilà le site qui est utilisé par tous les vénézueliens pour le change Bsf / dollar- euros.

    https://dolartoday.com/

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    • silk // 18.12.2015 à 15h03

      vous vouliez dire ce site utilisé pour attaquer la monnaie et par les spéculateurs

      extrait :
       » “Dolar Today” Causing “Irreparable Damage” to Venezuela, says Owner of Forex Centre, »

      Et au passage sur ce gentil site (permettant la spéculation sur la monnaie quand l’economie nationale est attaquée), ça cause aussi politique et dictature :
      « The website also doubles up as a source of extreme rightwing “news” and radical opposition opinion pieces directed at the government, which it refers to unfailingly as a “dictatorship.” « 

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  • Lysbeth Lévy // 16.12.2015 à 22h29

    Laissons parler Mr Pierre Péan sur le vrai journalisme, qu’il soit d’investigation ou d’information :

    http://www.lefigaro.fr/vox/medias/2014/03/28/31008-20140328ARTFIG00403-pierre-pean-le-journalisme-d-investigation-n-existe-pas.php

    «  » FIGAROVOX: Durant les trois semaines qui ont précédé les municipales, les «affaires» se sont succédées. Qu’en pense l’enquêteur?

    Sur ces affaires, je n’ai pas mené l’enquête. Mais elles témoignent d’une évolution du métier qui existe depuis des années. Les principes qui guident la profession de journaliste semblent avoir profondément changé. Si l’on part de très loin, on peut dire que nous assistons à une inversion de ce qu’avaient prévu les législateurs le 26 Aout 1789 qui, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avait mis la présomption d’innocence au 9ème article, la liberté de la presse , deux articles plus loin, à l’article 11. Aujourd’hui la liberté de presse prime, dans les faits, sur la présomption d’innocence. Ces affaires témoignent du fait qu’on assiste de plus en plus à l’association de deux pouvoirs: le pouvoir judiciaire et le pouvoir médiatique. Cela n’est pas sain dans une démocratie d’avoir deux pouvoirs qui font alliance. En tant que citoyen, quelque chose me dérange profondément: aujourd’hui, un certain journalisme se fonde sur la violation de la loi. Toutes les grandes affaires que vous évoquez sont basées sur la violation du secret de l’instruction. Le journaliste dit «d’investigation» a des pouvoirs et des moyens exorbitants du droit commun. En publiant une écoute, c’est comme s’il avait la possibilité d’écouter, de perquisitionner. Cela pose le problème de la défense du justiciable. Les politiques ne sont pas des sous-citoyens, ils méritent une protection de leur intimité, comme tout le monde. » »

    Pierre Péan, connait bien la nature de ce « journalisme » prétendu « neutre » et « impartial », et de nombreuses enquêtes qu’il a suivi de « trop prêt » lui a souvent couté de nombreux procès, et oui la différence est bien là.

    Il parle du pouvoir de la presse et judiciaire ou la présomption d’innocence se fait selon votre nom ou la qualité de votre situation, ainsi que si c’est le « fait du Prince » cela qui peux couter votre carrière, si vous tentez de vous écarter « de la ligne » de l’état ou du Ministre..

    On comprends comment on peut lire des mensonges, fausses nouvelles, avec le pire des « scénario abracadabrantesques » !
    .
    Il y a aussi la façon d’ignorer certains faits pourtant têtus, a propos des attentats de Charlie Hebdo un fait que l’on ne peut faire semblant d’ignorer ou rapprochements d’avec les attentats des années 70-85 du réseau Gladio ou l’extrême droite européenne, voir française a aider a les préparer bien plus qu’on ne le croit :

    http://www.midilibre.fr/2015/12/15/attentats-a-paris-en-janvier-un-proche-de-l-extreme-droite-en-garde-a-vue,1258411.php

    « Claude Hermant, un proche des milieux d’extrême droite, déjà incarcéré dans une affaire de trafic d’armes, a été placé en garde à vue ce mardi, avec sa compagne, dans l’enquête sur les attentats de janvier à Paris.

    Les enquêteurs interrogent le couple car des armes découvertes dans l’arsenal d’Amédy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l’Hyper Cacher, avaient été transformées en Slovaquie, puis revendues à l’une des sociétés gérées par la compagne de Claude Hermant, a expliqué une source proche de l’enquête. » »  » Connu de la Justice pour trafic d’armes

    L’homme, âgé de 52 ans, n’est pas un inconnu de la justice. Il a été mis en examen et placé en détention provisoire fin janvier à Lille, dans un dossier distinct de trafic d’armes en provenance de la Slovaquie, où apparaît déjà la société de sa compagne. Dans une pièce transmise aux juges antiterroristes, les magistrats lillois ont cependant indiqué qu' »aucun rapprochement » n’avait été effectué avec Amédy Coulibaly dans leur enquête, selon une source proche du dossier.
    Proche de l’extrême droite

    Claude Hermant, ex-champion de boxe thaï, a un passé trouble. Dans l’une des auditions du dossier lillois, cet ancien parachutiste dit s’être porté volontaire comme instructeur dans une légion croate pendant la guerre en ex-Yougoslavie, raconte une source proche du dossier. Présenté comme un ancien barbouze par les services de renseignement, il affirme aussi avoir effectué des missions pour le compte de la DGSE en République démocratique du Congo et en Angola dans les années 1990. En France, l’homme, proche des milieux d’extrême droite du nord de la France, a été membre du département protection et sécurité (DPS) du Front national de 1994 à 2000″ »

    Entre l’extrême droite et la Françafrique et l’Etat les liens sont ténus, alors pourquoi les médias n’essaient pas de faire des enquêtes dignes de ce nom ?? .

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