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2.juillet.20162.7.2016 // Les Crises

Le Brexit vécu par un Français de Londres, par Philippe Nadouce

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Source : Philippe Nadouce, 27-06-2016

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Quatre peuples de l’Union européenne ont maintenant voté contre le projet néolibéral imposé par Bruxelles. Ce fut tout d’abord les Français qui, le 29 mai 2005, votèrent à 54,68% contre le traité de Rome 2. Trois jours plus tard, les Hollandais firent de même. Le 5 juillet 2015, c’est au tour des Grecs de voter contre le saccage de leur pays par le gouvernement Merkel et les banques françaises et allemandes. Les derniers en date sont les Britanniques qui, le 23 juin 2016, décident à 51,9% de sortir de l’Union.

C’est une décision historique qui met un terme, non seulement au projet européen tel que nous le connaissions mais aussi au sentiment fataliste que les peuples étaient enchainés aux décisions d’une minorité riche et non élue cachée dans les bureaux de Bruxelles. Ce titan que l’on croyait invincible, qui dominait les peuples et leur imposait sans qu’ils puissent y échapper les forces délétères de l’austérité, s’est avéré être un géant aux pieds d’argile.

Une brèche est ouverte ; la contestation ne peut que s’étendre face à une classe dirigeante européenne qui, quoi qu’il arrive, s’est promise de tenir le cap de la liquidation de l’Etat providence. S’il faut attendre un changement, il faudra le provoquer car Mme Merkel, M. Hollande, M. Draghi, M. Junker., etc., vont plus que jamais faire front contre leurs peuples.

Brexit pour les nuls

La classe politique, la presse et les médias britanniques ont une fois encore montrés qu’il leur était possible de descendre beaucoup plus bas dans la trivialité, l’avilissement et l’extravagance. Comme le fait remarquer Vincent Navarro (1), les populations ne soupçonnent pas l’importance et la complexité de l’appareil politico-médiatique qui domine les structures du pouvoir européen et des pays qui en font partie.

De part et d’autre, la peur et le mensonge furent servis en boucle et sans aucune retenue, opposant les pro européens (le camp « remain ») auto proclamés cultivés et intelligents, aux partisans du « leave », (le retrait), baptisés racistes, péquenauds, ignorants et pauvres. Le climat xénophobe attisé par la droite décomplexée qu’incarnent Boris Johnson, l’ex maire de Londres et le leader du UKIP (UK Independent Party) Nigel Farage, a profondément obscurci les débats de la dernière semaine de campagne et restera un hit dans les annales d’un populisme nationaliste que l’on croyait dépassé.

Le Royaume-Uni connu (à tort) pour sa proverbiale placidité politique et son conservatisme bon teint s’est soudainement retrouvé profondément divisé par ce référendum. A l’intérieur de toutes les familles politiques, de tous les partis, qu’ils soient de gauche ou de droite, le divorce fut consommé et menace aujourd’hui de changer irrémédiablement la politique britannique avachie dans le bipartisme. Ainsi, a-t-on retrouvé dans le camp « remain », pêle-mêle, la City de Londres, les grandes banques et le nouveau leader de la gauche travailliste, M. Jeremy Corbyn et dans celui des « leave », les dissidents conservateurs et travaillistes ainsi que la droite réactionnaire type lepéniste. Un casse-tête pour le citoyen lambda ; une évidence pour les laissés-pour-compte convaincus que « ce sont tous les mêmes. »

Dans les colonnes du quotidien progressiste The Guardian, on a pu lire que ce qui avait débuté comme une promesse électorale peu sérieuse pour donner le change aux eurosceptiques du parti conservateur ; s’était, de fil en aiguille, transformé en une immense gaffe puis en un raz-de-marée imparable. Une telle lecture n’est pas fausse si l’on précise que cette bourde politique est à mettre sur le compte de M. Cameron qui n’a jamais su proprement tenir les « backbenchers (2) » les plus droitiers et réactionnaires de son parti. Il a voulu bluffer et a été pris à son propre jeu.

Le sentiment du vote « leave »

Nous l’avons vu, la presse et les partisans du « remain » ont choisi – et persiste encore aujourd’hui – de voir les rebelles du « leave » comme des xénophobes et des ignares. Après le décompte du vote, ils seraient un peu plus de 17 millions. Si l’on compare ce chiffre au résultat du UKIP aux dernières élections générales de 2015, le nombre de racistes bornés et illettrés aurait presque quintuplé en quelques mois. Cette hypothèse est absurde. Bien qu’une partie de l’électorat « leave » appartiennent à la nébuleuse réactionnaire des Midlands (3) gorgée de rhétorique anti migratoire et ultra nationaliste (disons 12%), les raisons politiques du reste des électeurs méritent toute notre attention.

Pour les comprendre, il suffit de se pencher sur les indicateurs économiques du Royaume-Uni. Un niveau d’endettement colossal (près de trois mille milliards de livres sterling, si l’on additionne à la dette de l’Etat, celle des ménages et des entreprises), un démantèlement en règle des systèmes de protection et d’aide sociales, un taux de chômage endémique et systémique masqué par la création de petits boulots et l’explosion du nombre des travailleurs pauvres (à Londres, un million d’enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté) ; la création d’une bulle immobilière gigantesque, moteur principal du plan économique de M. Osborne, le ministre de l’économie de M. Cameron, protégeant une classe de rentiers qui, elle, vote religieusement à chaque élection pour le maintien de ses privilèges. L’entretien dispendieux de politiques fiscales favorisant les riches, les banques et les grandes entreprises qui jouissent d’un accès illimité à l’argent, à des taux d’intérêts ridiculement bas. Le prix des locations est tellement onéreux à Londres qu’elles demeurent inabordables pour la grande majorité de la population salariée. Des quartiers entiers sont voués à la spéculation immobilière aux mains des milliardaires chinois, indiens ou en provenance des Emirats. Pour s’en convaincre, il suffit de se promener sur les rives de la Tamise. A cela, il faut ajouter l’explosion du coût de la vie, des transports ; l’endettement des étudiants, qui doivent aujourd’hui payer £9.000 (soit 11.000 euros) par année d’étude ; sans compter les scandales financiers qui étonnent par leur démesure ; le dernier en date est la liquidation de la chaîne de grands magasins BHS (British Home Stores), l’une des plus vieilles marques anglaises, détenue par le milliardaire Sir Philip Green, le patron de Top Shopqui, avant de vendre l’ensemble pour 1 livre sterling à un consortium peu scrupuleux, empocha l’argent (586 millions de livres) destiné aux retraites des 11 000 salariés qui se retrouveront à la rue début septembre 2016.

L’homme et la femme de la rue souffrent des politiques d’austérité qui furent imposées pour renflouer les banques anglaises en difficultés. La Royal Bank of Scotland (RBS) et le Lloyds Banking Group (Lloyds), sont nationalisés et, bien que considérés techniquement insolvables, continuent leur Business As Usual, c’est-à-dire, la création de la dette toxique et des dérivatifs qui furent les causes de leurs déboires en 2008 et qui se solda par leur renflouement par le contribuable britannique. Les banquiers de la City opèrent en toute impunité et étendent leurs pratiques frauduleuses avec la bénédiction des classes dirigeantes.

A cela sont venus s’ajouter les mécanismes de « la règle d’or » imposés par l’Union européenne pour limiter les déficits publics. Bien que presque personne ici n’ait jamais entendu parlé de ces mesures venues de Bruxelles, tout le monde voit s’incarner leurs effets dans le démantèlement de l’Etat providence.

La déflation qui s’est emparée de l’économie européenne est très durement sentie par la population anglaise alors que les indicateurs économiques maquillés dans l’intérêt du 1% ; les marchés obligataires, les actions, les produits financiers dérivés, le marché de l’armement, etc., ne se sont jamais si bien portés. Même s’il ne comprend pas en détail le fonctionnement de ces bulles gigantesques, le citoyen anglais voit l’écart se creuser entre lui et ceux qui ont tout.

C’est ici que les médias de marché entrent en jeu. Tout comme en France, ils sont dans les mains de milliardaires très peu portés sur le partage. Dans leur éditoriaux, l’ensemble des problèmes du Royaume-Uni se résument à l’immigration. C’est l’alpha et l’oméga de la pensée journalistique de la BBC à Channel Four. A cette masse d’immigrants qui, soi-disant, menacent le peu d’emplois qui restent au Royaume-Uni, il faut ajouter les normes européennes qui empêcheraient le pays de s’en défaire. Voilà. Le tour est joué. Cette vue biaisée de la réalité, une fois passée au tamis de l’idéologie du UKIP, entre facilement dans le discours des mécontents. Ceux qui savent y résister, s’en prennent aux traités européens qui confisquent la démocratie des états nations. Ils incarnent le ras-le-bol des populations européennes.

Le sentiment du vote « remain »

Paradoxalement, le citoyen anglais se portant sur le vote « remain » n’est pas plus rationnel que celui du prétendu ignare du « leave ».

Les seuls qui le soient vraiment sont les conservateurs qui se sont groupés derrière M. Cameron. Ils sont en accord avec les politiques d’austérité néolibérale mises en place par l’Union et partagent l’idéologie atlantiste dominante. Leur entente avec Bruxelles n’est pas totale ; on a vu avec quelle prétention ils ont toujours demandé un régime de faveur ; mais cette connivence disputeuse n’a jamais été sécessionniste et a toujours porté ses fruits au sein du parti conservateur. C’est pourquoi nous ne passerons pas plus de temps à les définir.

Le gros des troupes de l’électorat « remain » est formé des classes moyennes citadines et progressistes de la social-démocratie, dont l’âge moyen ne dépasse pas la cinquantaine. Elles occupent un spectre politique allant du conservateur éclairé aux sympathisants travaillistes, blairistes et autres, en passant par les centristes et les apolitiques de droites. Ces gens-là travaillent, sont portés sur la culture, les langues et les voyages et ont un niveau d’étude assez élevé. L’idée d’une Europe unie et bâtie sur la coopération des peuples les séduit. Ils savent que l’Union européenne n’est pas parfaite mais que faute de mieux, ils doivent s’en contenter. Les plus téméraires avancent qu’il faudrait la changer de l’intérieur (c’est notamment la position du leader du parti travailliste, M. Jeremy Corbyn). Au-delà de ce credo consensuel et volontiers réprobateur (mais sans plus…), il est difficile de leur trouver des arguments élaborés sur les façons de changer « de l’intérieur » cette Union Européenne peu démocratique, qui n’hésite pas à mettre au pas des peuples rebelles au nom d’une idéologie qui méprise les valeurs humaines les plus élémentaires comme la solidarité et le partage. Plus difficile encore de les interroger sur le souverainisme et/ou le fédéralisme qu’ils seraient censés représenter, défendre ou combattre. Seraient-ils favorables à une renégociation des traités, voire à un moratoire sur toutes les mesures néolibérales antidémocratiques ? Rares sont ceux qui ont les idées claires sur le sujet. Leurs arguments se bornent à faire échos au bourrage de crâne médiatique qui sans aucune rationalisation argumentaire annonce froidement la fin du monde.

Jeremy Corbyn et le Brexit

Le leader du parti travailliste s’est montré très discret sur le sujet pendant les mois qui ont précédé la campagne du Brexit. Par calcul politique, il a préféré laisser les leaders conservateurs se déchirer dans les médias et devant le parlement. Son opinion, dit-on, a d’ailleurs considérablement évoluée. Supporter du Brexit, il a lentement changé de cap pour s’aligner avec M. Cameron et la City londonienne dans la dernière ligne droite de la campagne. Manœuvre politique là encore ? Nous sommes portés à le croire si l’on décortique le programme politique et économique qu’il mettrait en œuvre le jour où il deviendrait premier ministre. Celui-ci est serait tout bonnement impossible à appliquer dans un Royaume-Uni inféodé aux traités européens. En effet, ceux-ci ont verrouillé les sorties anti austéritaires et ont été jusqu’à transformer profondément les constitutions des pays souverains pour les empêcher de faire marche arrière sur les politiques budgétaires et monétaires. C’est là le cœur du problème. Libérer les peuples européens de l’étau austéritaire ne pourra se faire sans l’annulation des traités. Tout discours faisant impasse sur ce point est oiseux. Ce revirement de Corbyn pourrait avoir répondu à une volonté contradictoire des forces en place au sein du parti travailliste en mutation.

Jeremy Corbyn, est un politique extrêmement fin et courageux. Il est maintenant débarrassé de l’Europe des traités ; le voilà les mains libres pour proposer des mesures de changement qui seront possibles à réaliser le jour où il entrera au 10 Downing Street. Les prochaines élections générales au Royaume-Uni pourraient laisser une chance à l’alternance. A partir de ce point, tout pourrait devenir possible pour le Royaume-Uni et la gauche européenne. Mais ne brûlons pas les étapes. Il reste encore trois ans de pouvoir aux Conservateurs.

Le vote « leave » a gagné faute d’opposants motivés et préparés

Les défenseurs du vote « remain » ont perdu le referendum parce qu’ils n’ont pas assez préparé leur campagne. Ils se sont laissés influencer par l’énormité et le grotesque du discours des eurosceptiques (Boris Johnson) et des xénophobes ultra nationalistes (Nigel Farage). Leur niveau de méconnaissance des affaires et des enjeux européens face à la misère des peuples ont fait le reste. Ils n’ont pas su convaincre car ils manquaient d’arguments pour justifier devant les classes appauvries les politiques austéritaires imposées par Bruxelles. Ils n’ont pas écouté le peuple auquel ils ont tourné le dos.

Nous savons d’ores et déjà que les forces du « remain » accuseront les tenants du Brexit de toutes les calamités qui vont fondre sur le Royaume-Uni dans les mois qui viennent. En particulier, ils les rendront responsables de la prochaine crise financière qui, selon toute vraisemblance, devrait éclater à l’automne et qui sera infiniment plus dévastatrice que celle de 2008. Une crise, qui est le résultat des politiques irresponsables de dérégulation tout azimut voulu par l’UE et bénies par les marchés financiers.

Philippe Nadouce

[1] Professeur de science politique à l’université de Barcelone

[2] Députés qui ne possèdent pas de maroquin ministériel et qui, au parlement, s’assoient derrière les « front benches », (les premiers bancs).

[3] Regions du nord de l’Angleterre dont les villes les plus importantes sont Birmingham, Wolverhampton, Leeds, etc.

Source : Philippe Nadouce, 27-06-2016

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Commentaire recommandé

Caliban // 02.07.2016 à 01h32

La crise financière est prévue pour l’automne …. de quelle année ? Ils sont agaçants ces experts en économie : ils n’arrêtent pas de se tromper dans leurs prévisions à court, moyen et long terme mais continuent à nous délivrer les pronostics de leur boule de cristal. Ce ne serait pas plus simple d’arrêter de nous faire croire que l’on sait ? De prétendre que le savoir économique est capable de prédire l’avenir ?

Alors certes il se trouvera bien un économiste ici ou là pour « avoir bon » dans son pronostic, la date, etc. Sa carrière médiatique s’en portera certainement à merveille mais en attendant 99% de ses confrères auront eu tout faux sans que cela, on peut le regretter, ne disqualifie leur futurologie de bazar et les « lois » bidons qui leur servent de science.

25 réactions et commentaires

  • Caliban // 02.07.2016 à 01h32

    La crise financière est prévue pour l’automne …. de quelle année ? Ils sont agaçants ces experts en économie : ils n’arrêtent pas de se tromper dans leurs prévisions à court, moyen et long terme mais continuent à nous délivrer les pronostics de leur boule de cristal. Ce ne serait pas plus simple d’arrêter de nous faire croire que l’on sait ? De prétendre que le savoir économique est capable de prédire l’avenir ?

    Alors certes il se trouvera bien un économiste ici ou là pour « avoir bon » dans son pronostic, la date, etc. Sa carrière médiatique s’en portera certainement à merveille mais en attendant 99% de ses confrères auront eu tout faux sans que cela, on peut le regretter, ne disqualifie leur futurologie de bazar et les « lois » bidons qui leur servent de science.

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    • Perret // 02.07.2016 à 08h11

      Je crains que l’effondrement soit très proche. Pour avoir une idée de ce qui risque de se passer dans les mois qui viennent, je vous recommande de suivre les vidéos de Michael Prescott, trader canadien. La dernière est extrèmement intéressante sur les manipulations de la bourse en cours en ce moment :
      http://www.moneymakeredge.ca/articles/Alerte_Bulles_Actions_sur_le_marche.cfm

        +10

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      • RGT // 02.07.2016 à 08h58

        « Deutsche Bank May Be Top Contributor to Systemic Risk, IMF Says »

        La Deutsche Bank étant suivie de près par la HSBC et le Crédit Suisse…

        Si cette « organisation complotiste » qu’est le FMI tire la sonnette d’alarme c’est réellement que nous sommes au bord de l’implosion.

        Ils ajoutent aussi avec outrecuidance : « In particular, Germany, France, the U.K. and the U.S. have the highest degree of outward spillovers as measured by the average percentage of capital loss of other banking systems due to banking sector shock in the source country« .

        Comme ils n’en ont parlé ni au J.T. ni dans les « Grands Médias d’Information » il n’y a aucun risque.

        Si d’aventure ça explose, ce sera bien sûr de la faute des comploto-facho-nazis partisans du Brexit…

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      • Homère d’Allore // 02.07.2016 à 09h02

        En tous cas, les métaux précieux (or et argent) montent depuis un an et surtout ces derniers mois, même avant le Brexit.

        Si vous commandez, par exemple, une « monsterbox » de 500 pièces d’une once d’argent, il vous en coûte aujourd’hui plus de 10 000 euros contre moins de 8000 il y a un an. Et vous devez attendre 3 ou 4 mois pour être livré en physique.

        Ça veut dire que beaucoup de gens (ou d’organismes divers) transforment leur papier en métal. Et, donc, anticipent quelque chose de maousse très bientôt…

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        • Bigtof // 03.07.2016 à 16h06

          Et dans le même temps, le gouvernement français s’apprête à faire passer une loi pour lui permettre de bloquer toute demande de rachat des épargnants aux compagnies d’assurances-vie, alors que c’était impossible jusqu’ici. Ça s’appelle « la prévention des risques de solvabilité »,et c’est juste un Bail in pour le marché de l’assurance qui ne dit pas son nom…
          http://www.argusdelassurance.com/institutions/loi-sapin-2-les-pouvoirs-du-haut-conseil-de-stabilite-financiere-sur-l-assurance-renforces.108201#xtor=RSS-3

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          • Alter // 05.07.2016 à 15h18

            L Allemagne a fait aussi. Les assurances vies allemandes (énorme pensions par capitalisation) sont bloquées en cas de rupture.
            Bon c’est pas nouveau : cela fait des années que l’on me dit de surtout pas en prendre, car c’est le 1 er truc qui sera remis à ZERO.

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    • LS // 02.07.2016 à 08h52

      @Caliban :
      Oui tout à fait d’accord, sauf qu’il ne s’agit pas que d’économie, c’est beaucoup plus large que cela.
      Prétendre que le savoir (la raison, la science) peut permettre de prédire l’évolution détaillée des systèmes complexes comme le sont les systèmes sociaux ou les écosystèmes est une dangereuse illusion.
      Ce que le savoir peut (savoir économique compris), c’est de nous alimenter en données/opinions objectives permettant, sur le sujet de l’article, d’estimer que le risque d’effondrement est très élevé. Il ne faut pas avoir peur d’utiliser les mots croyance ou opinion.
      Dire que la crise est pour septembre ( en référence à la formation du nouveau gouvernement, je pense), c’est effectivement débile. Avoir l’opinion qu’on a franchit un pas supplémentaire vers la crise, oui , on peut le soutenir objectivement.

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    • Eric83 // 02.07.2016 à 09h21

      La crise financière, monétaire et économique est une réalité. La question qui se pose est la « date » de l’effondrement financier…qui ne saurait tarder à mon sens.
      Les banquiers centraux qui se servent à volonté de la planche à billets en décidant des taux – ont créé un « Frankenstein » financier mondial…mais leur créature leur a totalement échappé.

      Les taux 0 et maintenant négatifs sur des triliards de dettes dites souveraines sont un piège duquel il n’est pas possible de sortir sans ruiner les pays endettés, c’est à dire quasiment tous.

      L’effondrement sera également déclenché par les bulles énormes créées sur les actions et les obligations.
      Des « éclaireurs » comme Durden aux US, Prescott au Canada ou Béchade et Delamarche en France expliquent très bien les manipulations de la bourse qui ont lieu actuellement avec des injections massives de liquidités des banques centrales.

      Exemple : http://www.zerohedge.com/news/2016-06-29/futures-spike-after-banks-unveil-tens-billions-buybacks

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    • AL211015 // 02.07.2016 à 10h39

      Effectivement personne ne sait quand l’effondrement aura lieu…

      Il est à parier que les prochains développements de cette crise qui n’en finit pas seront expliqués par nos politiques (et nos journaux mainstream) par le fameux Brexit. Il faut bien un coupable !

      Je vous conseille le blog de Jean-Pierre Chevallier pour mieux comprendre cette crise multiforme (chevalliez.biz).

      Comme l’explique par ailleurs Martin Prescott (MoneyMakerEdge), l’on observe, depuis le Brexit, à la fois le maintien des actifs refuges (matières précieuses) sur les niveaux atteints suite à l’onde de choc du Brexit mais également que le marché des actions se reprend pour effacer ses pertes suite à l’événement (en dépit des fondamentaux qui restent tout aussi catastrophiques).

      Les apparences sont donc sauvées mais la reprise ces derniers mois des valeurs refuges témoignent bien de l’inquiétude grandissante.

        +1

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  • FifiBrind_acier // 02.07.2016 à 06h11

    Didier,
    « le démantèlement de l’ Etat providence », c’est exactement le but de la zone euro, expliqué par son inventeur, Robert Mundell….

    « L’euro fera vraiment son travail quand la crise aura frappé, expliquât alors Mundell . Le retrait du contrôle du gouvernement sur la monnaie empêchera alors l’utilisation des politiques monétaire et budgétaire keynésiennes par les vilains petits élus pour sortir une nation de la récession. »

    « Et quand une crise arrivera, les nations économiquement désarmées n’auront plus comme solution que déréglementer le droit du travail, privatiser les entreprises d’Etat en masse, réduire les impôts et d’envoyer les États-providence en Europe dans les égouts. »

    La Loi El khomri est la conséquence directe de notre appartenance à la zone euro.
    « Les dégâts sociaux de l’ euro, une stratégie délibérée ».
    http://lalettrevolee.net/article-les-ravages-sociaux-de-l-euro-une-strategie-deliberee-109713727.html

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  • Jean // 02.07.2016 à 09h54

    Plusieurs problèmes qu’il faudrait décrypter dans cette tribune.
    1. D’un coté l’on dit :  » les populations ne soupçonnent pas l’importance et la complexité de l’appareil politico-médiatique qui domine les structures du pouvoir européen et des pays qui en font partie. »
    2. Ensuite on dénigre le recours au référendum au sujet de cet « appareil important et complexe du pouvoir européen » avec des termes choisis : « une promesse électorale peu sérieuse », « une immense gaffe », « bourde politique à mettre sur le compte de M. Cameron » Bref le référendum britannique est une « erreur ».
    3. Cependant l’importance de enjeu est souligné : « Libérer les peuples européens de l’étau austéritaire ne pourra se faire sans l’annulation des traités. »
    4. Ensuite on dénigre les discours du « Leave » sous une couche de rascisme, xénophobie, ultra-nationalisme : « Le climat xénophobe attisé par la droite décomplexée qu’incarnent Boris Johnson et Nigel Farage etc. » On évoque aussi « les dissidents conservateurs et travaillistes » mais ce ne sont que des dissidents donc inutile de présenter les arguments de leur « dissidence »? Dissidence dont rapellons-le font partie Johnson et d’autres tories mais aussi des travaillistes (dont on tait l’identité)… On parlera donc pour simplifier de « l’énormité et le grotesque du discours des eurosceptiques (Boris Johnson) »

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    • Jean // 02.07.2016 à 09h58

      5. Enfin on porte aux nues Jeremy Corbyn : « un politique extrêmement fin et courageux ». « Son opinion, dit-on, a d’ailleurs considérablement évoluée. Supporter du Brexit, il a lentement changé de cap pour s’aligner avec M. Cameron et la City londonienne dans la dernière ligne droite de la campagne. Manœuvre politique là encore ? Nous sommes portés à le croire si l’on décortique le programme politique et économique qu’il mettrait en œuvre le jour où il deviendrait premier ministre. Celui-ci est serait tout bonnement impossible à appliquer dans un Royaume-Uni inféodé aux traités européens. » Tant d’éloges adressés au Travailliste pour rien à priori puisque dans cette « manoeuvre politique » on cherche encore une trace de « courage » et un soupcon de « finesse ». Puisque pour appliquer son programme de politique sociale il aurait du choisir -avec courage- le camp du « Leave » étant dans l’impossibilité de l’appliquer dans le cadre des traités et donc avec la victoire du « Remain »… Il y a là peut-être une « finesse » qui nous échappe?
      Bref par une heureuse circonstance indépendante de sa volonté ou de son combat « il aura les mains libres » (dans 3 ans et après une énorme crise financière), grace aux « racistes », « ultra-nationalistes » et autres dissidents… Certainement pour déclarer la guerre au néo-libéralisme et à la finance sans visage? On y croit!

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      • jim // 02.07.2016 à 11h20

        Les points 3 4 et 5 sont une transcription parfaite de l’attitude de Lordon. Pour mémoire sur les-crises…!

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  • Macarel // 02.07.2016 à 11h19

    Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que toutes les constructions supranationales, qui ont prétendu en finir avec les nations. Ont toujours fini par s’effondrer avec un retour spectaculaire de la question nationale au devant de la scène. Ce fut vrai de l’URSS communiste, c’est aujourd’hui vrai de l’UE capitaliste. L’on ne gomme pas comme cela des siècles d’histoire, seuls des cerveaux dérangés peuvent le croire.
    Les USA ne rentrent pas dans ce cadre, car aucune nation ne pré-existait avant leur fondation. Si ce n’est les nations indiennes que les colons ont anéantis.

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    • Krystyna Hawrot // 02.07.2016 à 12h59

      L’URSS communiste n’était pas une construction supranationale – au contraire elle a mis au centre les nationalités, leur a attribué des droits, des territoires, leur a donné la possibilité de se développer… Ce dont l’URSS est morte est une manque de démocratie – ou plutôt, du coup de poignard dans le dos porté par l’Occident précisemment au moment ou elle se démocratisait – il faut rappeler le référendum du 17 mars 1991 ou la majorité des citoyens soviétiques se sont prononcés pour le maintien de l’URSS et sa réforme démocratique. C’est pour que ce vote ne soit jamais respecté que l’Occident a manoeuvré pour mettre Yelcine au pouvoir et liquider l’URSS… Mais les Russes, résilients, construisent 25 ans plus tard ce qu’ils n’ont pas pu faire alors.
      Quand aux autres pays de l’Est, ils étaient des Etats avec tous les attributs formels de la souveraineté – en 1989 ce que les citoyens ont voulu, c’est que cette souveraineté soit effective. Résultats – nous sommes devenus les esclaves de l’Occident….

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      • Macarel // 02.07.2016 à 16h27

        « La culture prolétarienne n’abolit pas la culture nationale, elle lui donne un contenu, et inversement la culture nationale donne une forme à la culture prolétarienne », écrivait Staline. Dans les faits, les « durs » du Parti, et Staline le premier, étaient opposés à toute concession : selon eux, le nationalisme est la manifestation des intérêts bourgeois, et c’est cette ligne qui l’a emporté : les différentes entités composant l’URSS n’ont eu aucune autonomie réelle. Hélène Carrère d’Encausse a écrit qu’« en pratique, elles n’ont pas été inventées pour les peuples de l’URSS mais contre eux, et cela vaut aussi pour la majorité russe ».

        Andrei Amalrik soulignait qu’à l’encontre du principe d’égalité entre tous les citoyens, par delà leurs origines et appartenances (droit du sol), l’invention du fédéralisme soviétique était une transposition sur le terrain de discriminations communautaristes (droit du sang) puisque le passeport soviétique, sous la rubrique citoyenneté (soviétique) comportait une rubrique nationalité spécifiant l’origine ethnique de la personne.

        source

        http://dictionnaire.sensagent.com/Nationalit%C3%A9s%20en%20Union%20sovi%C3%A9tique/fr-fr/

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      • Macarel // 02.07.2016 à 16h29

        Ce qui a emporté l’URSS, me semble-t-il, ce sont les pénuries et le manque de liberté individuelle.

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    • francois marquet // 02.07.2016 à 19h02

      Oui mais la fédération de Russie, ce n’est plus l’URSS, mais c’est encore 85 éléments qui restent ensemble de leur propre volonté. Ce n’est pas rien.

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    • UltraLucide // 02.07.2016 à 19h31

      En effet la référence constante des européistes à la République américaine comme modèle fédéral ne tient pas. Les 13 Etats indépendants unis dans la 1ère confédération américaine n’étaient pas des nations centenaires voire millénaires. C’étaient le jour d’avant des entités coloniales partageant une unité culturelle, religieuse, ethnique, et linguistique (Anglais). De plus, le chemin n’était pas le même que celui que nous sommes censés parcourir: Ils sont devenus des Etats pour former une Nation.

      En Europe, les européistes prétendent à l’inverse former un Etat Fédéral en dissolvant des Nations. des nations dont les peuples n’ont souvent pas grand chose en commun sinon des guerres.

      Et ces cinglés pensent que non seulement c’est possible, mais aussi que l’expérience est sans danger…Où est mon scaphandre, l’abri est-il bien ventilé?…..

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  • Macarel // 02.07.2016 à 11h39

    Les européens, devraient plus s’inspirer du modèle de la Confédération Helvétique, que de l’Etat fédéral US. Mais en tenant compte de la différence d’échelle, la Confédération Helvétique étant une petite confédération.
    De toute façon, le « Rêve américain » est sur le déclin.

    « Requiem for the american dream » N Chomsky

    https://www.youtube.com/watch?v=GWJnu5Oh1zw

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  • Louis Robert // 02.07.2016 à 13h26

    Il me semble de plus en plus clair qu’il aura le dos large, ce « Brexit »!

    L’Empire en déclin se meurt, l’UE s’avère un lamentable échec, le vieil ordre mondial s’effondre, la guerre menace aux frontières de la Russie et de la Chine, tout ne tient plus qu’à un fil… Il ne manquera pas de blâme à distribuer.

    Oh! la belle diversion. — Le doigt montre la lune et l’on ne voit que lui…

    Oui, il a déjà et il aura longtemps le dos très large, ce « Brexit » qui, comme l’incident du Tonkin, n’aura peut-être même pas eu lieu…

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  • tom // 02.07.2016 à 14h52

    Maintenant que la Grande Bretagne a montre qu’on peut resister a ce monstre qu’est les institutions europeennes de Bruxelle, il faut tres prochainement que les autres pays d’Europe suivent le mouvement et finir avec ce monstre sinon l’histoire se repettera et le brexit ne sera qu’une ilusion qui aura duree fort tres peu, alors la populace doit se reveiller et se solidariser pour en finir avec l’austerite qui n’est que de prendre aux pauvres pour donner aux riches, d’en finir avec l’inegalite, d’en finir avec la pauvrete.

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  • tom // 02.07.2016 à 14h52

    d’en finir avec des guerres qui ruinnent et qui n’amenent que du terrorisme, d’en finir avec ces voleurs de banquiers, d’en finir avec ces corporations qui dictent aux peuples du monde comment que l’on doit vivre et depenser, d’en finir avec ces discours monsongers, d’en finir avec les medias pourris qui se prostituent pour les riches, d’en finir avec une vie de tours et de detours pour satisfaire une poignee de psychopathes qui veulent s’accaparer la richesse du monde et le pouvoir absolut.

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