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27.décembre.201227.12.2012 // Les Crises

[Articles] Emmanuel Todd (1/3)

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J’aime bien Emmanuel Todd – qui sort actuellement un très bon livre sur les systèmes familiaux, sa marotte passionnante sur laquelle je reviendrai. Il nous livre dans cette interview au Point une vision de la Crise que je trouve particulièrement savoureuse…

Source : Le Point – Publié le 13/12/2011

L’État est au service d’une oligarchie liée aux marchés, assure Todd, le « prophète certifié ».

Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier
le tome I de « L’origine des systèmes familiaux » (Gallimard, coll. « NRF Essais », 768 p., 29 euros)
© Éric Garault, pour « Le Point »

 

Le Point : Les États sont-ils en guerre contre « les marchés » ?

Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l’argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir « L’État prédateur », de James Galbraith). Il suffit d’observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu’ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l’opposition entre les uns et les autres n’a plus aucun sens.

Vous êtes bien léger avec l’argent des petits épargnants !

Je refuse de céder au chantage. Lorsqu’ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

« La faute aux riches ! » : n’est-ce pas sommaire ?

Que cela vous plaise ou non, l’accumulation excessive d’argent dans les strates supérieures de la société est l’une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l’intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l’État, il faut reconnaître son ambivalence et s’appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L’État est à la fois l’incarnation de l’intérêt général et l’expression de la classe dominante. L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, et quoi qu’en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd’hui, l’État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

Mon analyse n’a aucune visée morale. Depuis 1990, l’ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l’école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l’échelle mondiale aient été décisifs dans l’émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n’est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l’oligarchie et de son rapport à l’État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

[…]

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Propos recueillis par ELISABETH LÉVY

Emmanuel Todd (né en 1951) est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de « L’origine des systèmes familiaux » (Gallimard, coll. « NRF Essais », 768 p., 29 E).

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55 réactions et commentaires

  • NOSMO // 27.12.2012 à 09h00

    Chouette initiative !
    Merci Olivier ! Vous êtes le garçon meunier qui apporte chaque jour le meilleur grain à moudre à celles et ceux qui veulent venir à bout de cette crise. Voilà en matière, de quoi réfléchir, pour apporter du bon pain à ceux qui en ont le plus besoin. C’est lorsque l’eau vient au moulin que le meunier peut travailler et en tirer les meilleurs profits. Quelle joie dans le labeur quand la récompense est de passer par le partage. Le blog de Berruyer, c’est un moulin qui tourne et tournera longtemps, je l’espère. Merci et bonnes fêtes !

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  • Garry // 27.12.2012 à 09h13

    Voila un excellent entretien! Dans ses dernières interventions en video, il semblait manquer un peu d’énergie. Il n’osait pas dire les choses. Alors qu’ici il donne l’essentiel des éléments à connaitre pour comprendre la crise avec des arguments très forts. Bravo.

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  • Colas // 27.12.2012 à 09h28

    bigre on dérape, là…

    Peut-on vraiment qualifier l’Allemagne de pays non démocratique ? La France (ou d’autres nations) est-elle vraiment plus démocratique?
    Et dire que les Allemands sont disciplinés parce que c’est dans les gènes du pays, ça fait peur. Quelle serait la « prédisposition anthropologique » de la France (l’excitation politique?), de l’Italie (la dolce vita?), de la Russie (la vodka?) etc.
    Quant au fait de ne pas prendre en considération les petits épargnants français en les laissant ruinés par le défaut sur la dette, solution que privilégie l’auteur pour déposséder l’oligarchie, ce serait un bouleversement dont on mesure sans doute mal la portée et le coût final pour l’Etat.

    Je suis très étonné par ces positions réductrices et d’une vue vraiment très courte. Mais finalement c’est dans le droit fil de ce que l’auteur a écrit auparavant, hélas.

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    • Bigtof // 27.12.2012 à 19h14

      @Colas

      Votre commentaire est bien plus réducteur que la pensée de Todd, surtout quand vous mettez dans le même sac ses interviews et ses livres. Ces derniers sont le fruits d’un vrai travail de réflexion approfondie quand, bien sûr, ses interviews sont plus fait pour bousculer une pensée établie.

      Quand au défaut qui laisserait les petits épargnants sur le tas, il va falloir m’expliquer comment vous pensez que ça ne sera pas le cas de toutes façons… Mais plus on attend et plus dure sera la réaction.

      « Position réductrice et vue vraiment courte », « Le droit fil de ce que l’auteur a écrit auparavant » !
      Le mieux, serait de le lire… Vraiment.

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    • Eric // 28.12.2012 à 13h35

      @Colas,

      Certes, le passage sur la « prédisposition anthropologique à la discipline » me met mal à l’aise, comme toutes généralisations. Il s’agit naturellement d’une prédisposition culturelle, comparativement à la France. Mais de là à en faire un peuple moutonnier, en effet…
      Concernant la démocratie, la France en est-elle vraiment une? Le vote ne fait pas la démocratie. Peut-on dire que la volonté du peuple s’exprime, quand les jeu des gouvernants est de dire: « vous pouvez manifester tant que vous voulez, nous pouvons perdre toutes les élections locales, nous sommes élus pour une législature, on fait ce qu’on veut pendant 5 ans et on vous emmerde ». Ou quand un traité est rejeté par référendum et validé après un coup de maquillage par le parlement?

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    • Christophe Vieren // 14.01.2013 à 16h54

      @Colas qui écrit : « Quant au fait de ne pas prendre en considération les petits épargnants français en les laissant ruinés par le défaut sur la dette, solution que privilégie l’auteur pour déposséder l’oligarchie »

      Il ne faut pas oublier que les intérêts de la dette c’est à la louche, chaque année 1.000 € par français, 2.000 par foyer . A la longue n’est-ce pas cela – qui gonfle, et gonfle jusqu’à ce que … ? – qui va ruiner les petits épargnants français ? Au passage les « petits épargnants  » ne possèdent pas forcément des obligations. Et en outre un défaut peut très bien prendre en compte cela en plaçant un seuil de remboursement identique pour tous ou non. Ou un défaut d’autant plus progressif que l’on est un « gros « épargnant. Ceux là ne seront pas ruinés, leurs créances envers l’état étant ce qu’ils ne savent pas dépenser.

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  • Marie-jo // 27.12.2012 à 09h31

    Todd est excellent, je l’adore depuis de nombreuses années et j’ai appris beaucoup sur la situation actuelle en le lisant, notamment sur l’euro et le libre-échange. Il est moins convaincant je trouve, et un peu de mauvaise foi quand il parle de Hollande, qu’il a soutenu et dont il a annoncé la transformation spectaculaire en Roosevelt, avec le fameux Hollandisme révolutionnaire. Franchement, si on f

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    • Wilmotte Karim // 28.12.2012 à 21h39

      Il a dit que SOIT Hollande se transformait, SOIT il perdrait le pouvoir (la France deviendrait ingouvernable).
      Et qu’il faisait le PARI de sa transformation en Roosevelt.

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  • Jean Vandenbrande // 27.12.2012 à 09h33

    Todd dit :
    Sans oublier l’auto-interdiction pour l’État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973,

    Est-ce vrai ? Olivier Berruyer semblait dire, il y a quelques mois, que cette interdiction était bien plus ancienne.
    J’aimerais être définitivement éclairé à ce sujet.

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    • step // 27.12.2012 à 16h23

      non ce que j’ai compris à cette question c’est que même avant, la bdf ne prétait que peu à l’état français, et que donc sa relative mise hors course officielle en 73 n’a pas changé fondamentalement la situation qui prévalait.
      Il me parait ‘a moi’ par contre clair que l’impossibilité (comme todd l’indique) de « menacer » le préteur d’un meilleur taux par une monétisation du déficit de l’état sur un montant donné, n’a pu que renforcer la soumission de ce dernier aux préteurs.
      Pas sur, sur ce point qu’olivier ne soit d’accord, ni avec moi ni avec Mr Todd.

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      • Surya // 27.12.2012 à 18h47

        La BDF ne pouvait plus acheter des obligs sur le marché primaire mais pouvait faire du crédit bancaire.

        C’est l’article 19 :

        Les conditions dans lesquelles l’Etat peut obtenir de la Banque des avances et des prêts sont fixées par des conventions passées entre le ministre de l’économie et des finances et le gouverneur, autorisé par délibération du conseil général. Ces conventions doivent être approuvées par le Parlement.

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  • Tassin // 27.12.2012 à 09h49

    Discours absolument clairvoyant de Todd!
    J’en bois chaque ligne exceptée « je crois qu’il faut des élites pour gouverner. ».
    Cette idée ne peut nous mener à moyen/long terme qu’à une dictature des experts et des élites puisque par définition ces élites ne vivent pas parmi le peuple et ne s’y retrouvent donc pas culturellement et idéologiquement.

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    • Colas // 27.12.2012 à 10h03

      dans une démocratie, les composants de l’élite sont choisis par le Peuple.
      L’absence d’élite (au sens que vous lui donnez) n’existe que dans une démocratie directe, qui n’est possible que dans des groupes humains très limités en nombre.

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      • LeTaulier // 27.12.2012 à 10h31

        C’est donc le peuple américain qui a voté pour Bill Gates, Warren Buffet ou Steve Job?

        L’accès à l’élite se fait soit par héritage soit par le talent.

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        • Colas // 27.12.2012 à 10h39

          je parlais uniquement des élites politiques, excusez-moi

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          • LeTaulier // 27.12.2012 à 10h46

            C’est pareil, regarde la liste des députés, soit ce sont des héritiers (un paquet ont eu des parents et grand-parents ministres , maires, députés, sénateurs) soit ont fait les écoles les plus sélectives.

            Le choix c’est juste une impression car de toutes les manières les 3/4 des sièges sont acquis d’avance à un parti. Celui qui est investi par l’UMP dans le 7ème arrondissement de Paris est assuré d’aller siéger au parlement pareil pour celui qui est désigné par le PS dans le 93.

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  • LeTaulier // 27.12.2012 à 09h50

    Il y a à boire et à manger dans cette (trop) longue interview. cela commence assez bien avec notamment une analyse intéressante des relations entre Etat et puissances économiques. Puis cela dérape avec la loi Pompidou et enfin il part dans les décor dés qu’il commence à parler de l’Allemagne.

    Comment peut-on oser dire ceci: « Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. »

    Quand le gouvernement socialiste actuel reprend les mesure décidées par Sarkozy et Fillion (hausse de la tva, baisse des budgets des ministères, etc…) est-ce qu’on peut parler d’alternance?

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    • step // 27.12.2012 à 16h25

      si la question est l’allemagne à ce jour est elle plus démocratique que la france à ce jour vous avez raison. Mais la question était l’allemagne est elle une démocratie. La démocratie n’est pas une valeur relative, contrairement à ce qu’on aimerait nous faire gober.

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  • Marie-jo // 27.12.2012 à 09h58

    Todd est excellent, je l’adore depuis de nombreuses années et j’ai appris beaucoup sur la situation actuelle en le lisant, notamment sur l’euro et le libre-échange. Il est moins convaincant je trouve, et un peu de mauvaise foi quand il parle de Hollande, qu’il a soutenu et dont il a annoncé la transformation spectaculaire en Roosevelt, avec le fameux Hollandisme révolutionnaire. Franchement, si on fait un premier bilan, depuis 6 mois, c’est juste l’inverse qui se passe : sur l’Europe, la rigueur et la baisse du coût du travail, la réformette bancaire, c’est tout sauf révolutionnaire, c’est au contraire complètement dans la doxa libérale. Cette vidéo le résume d’ailleurs de façon spectaculaire : http://www.youtube.com/watch?v=JYI-kwo5pSY
    Alors M.Todd, pensez vous encore que ce tournant révolutionnaire peut arriver dans 2-3 ans ? Perso, j’en doute, mais je ne demande qu’à me tromper.

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  • Colas // 27.12.2012 à 10h00

    bonjour Monsieur Vandenbrande,

    vous êtes bien l’auteur du fameux article « L’Amérique confrontée au reste du Monde » d’il y a quelques années?
    Vous y mettiez en exergue le bon vieillissement opposé au mauvais vieillissement et osiez parler des fertilités comparées des populations de souche et des nouvelles populations; très courageux dans ces temps de correction politique.
    Si je me souviens bien, vous aviez à l’époque relevé les approximations du livre « Après la Démocratie » d’E. Todd.
    Peut-on trouver votre article quelque part sur le web?

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    • Jean Vandenbrande // 31.12.2012 à 13h41

      Bonjour Monsieur Colas,
      Je suis bien Jean Vandenbrande, l’auteur d’un article concernant les problèmes de l’Amérique qui s’intitule dans sa dernière version « L’Amérique confrontée au reste du Monde – Que faut-il en penser ? (date : fin novembre 2008)
      Cet article contient en effet à la fois une louange et une critique des livres de Todd, notamment de son ouvrage « Après la démocratie », mais davantage encore de « Après l’Empire ».
      Je suis étonné que vous ayez cet article que j’ai laissé dans un état inachevé, disons à 90 %. J’ai remis des premiers « essais » à certains de mes amis et je suppose que vous avez reçu une copie par cette voie.
      Je dois les avoir distribués soit via les emails, soit sur papier. Je ne possède plus qu’une version sur papier où j’ y ai noté des corrections mineures. Mais entre temps, divers livres ont été publiés concernant les sujets abordés et je devrais encore en lire quelque-uns avant de clôturer définitivement cette rédaction.

      Votre question m’incite à créer un blog personnel où je rendrai public diverses réflexions concernant la démographie et son utilité vis-à-vis de la compréhension de l’économie et la sociologie.

      J’ai aussi résumé un livre assez épais concernant les origines de l’Islam. Il s’agit d’une thèse de doctorat défendue en 2004 à Strasbourg. Cela a bouleversé tout ce que je savais à ce sujet et je pense que cela est indispensable pour comprendre la nature profonde de l’Islam
      Je crains que Todd ne connaisse pas un ligne des nouvelles thèses qui sont publiés un peu partout par des chercheurs différents et qui se rejoignent pour une bonne part. C’est pourtant capital pour oser parler de l’Islam et le la menta

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      • Colas // 06.01.2013 à 18h13

        Monsieur Vandenbrande,

        si vous créez votre blog, ce qui serait bien utile surtout pour nous Belges (je travaille quotidiennement à Bruxelles), pouvez-vous m’en avertir svp? Mon adresse: gindtjm ad skynet.be

        Merci déjà

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    • Jean Vandenbrande // 31.12.2012 à 14h05

      sorry, mon message est parti à la publication avant que je ne l’aie terminé

      Je crains que Todd ne connaisse pas un ligne des nouvelles thèses qui sont publiées un peu partout par des chercheurs différents et qui se rejoignent pour une bonne part. C’est pourtant capital pour oser parler de l’Islam et de la mentalité fondamentale des Musulmans. Je crois que Emmanuel Todd et son ami Hervé Lebras ont une vision simpliste concernant leur intégration en Occident. Il ne voient pas que le fait, pour les Musulmans, d’être non-pratiquants n’enlève rien à leur identité profonde et à la manière dont ils se considèrent comme étant différents des non-Musulmans. Pour différentes raisons, très peu font une apostasie radicale et définitive de leur religion et des idées que cette religion véhicule.

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  • Patrick-Louis Vincent // 27.12.2012 à 10h06

    « L’État est à la fois l’incarnation de l’intérêt général et l’expression de la classe dominante »
    « l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration »
    « Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable »
    « La délégitimation d’élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays »

    Quand il ne fait pas dans la germaphobie primaire, il devient excellent. Il a parfaitement compris qui dirigeait le monde et qui paierait la note, au final, si on laisse faire. Il en arrive à conclure que seul le défaut de la dette est une solution au problème. Il le dit dans une certaine emphase révolutionnaire, ce qui montre qu’il est optimiste et qu’il n’a pas perdu ses idéaux de jeunesse.

    Il a probablement raison, mais je crois que le défaut ne sera possible dans le cadre de l’euroland. C’est tous les pays de la zone euro qui devront faire défaut en même temps si l’on veut éviter le désordre débouchant sur l’anarchie. Nous sommes donc encore très loin du compte, puisque c’est la BCE (bras financier de la Troïka) qui dirige l’euroland. Elle ne va pas se faire hara-kiri aussi facilement.

    Il faut donc nous attendre à une descente progressive, des classes populaires, aux enfers, sur fonds de monétisation de la dette, de baisse des prestations sociales et de baisse des pouvoirs d’achat.

    Cela durera ainsi jusqu’à ce que la corde cède.

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    • step // 27.12.2012 à 16h28

      pas sur que ce soit de la germanophobie primaire, comme tu le dis. ll constate peut être que dans le rapport de force et la situation actuelle, l’allemagne est plutôt rétive à une gestion de la crise qui ne soit pas que la sanction des pays dispendieux. Un adversaire n’est généralement pas un monstre mais juste quelqu’un qui défend d’autres intérêts que vous. Sinon sur le reste, je suis d’accord avec toi il est excellent.

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  • Claude Maurier // 27.12.2012 à 12h13

    Je remercie Olivier Todd de nous apporter sa lecture réaliste des évènements économiques, financiers et politiques qui décrit le triangle infernal des intérêts convergents de ces trois mondes. La question est donc pour chacun d’entre nous : que comptons-nous faire pour remédier à cela, soit avant la déconstruction brutale de ces échafaudages, soit au moment où elle se produira ? Les solutions existent et sont connues.

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  • keynesisback // 27.12.2012 à 13h54

    je vous conseille de lire son introduction à list (coll tel gallimard)

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  • JPS1827 // 27.12.2012 à 15h29

    Merci pour cet article qui à mon avis résume parfaitement la situation si on s’en tient à son analyse économique (je ne le suivrai pas sur le terrain de « Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline… », propos d’ailleurs parasite qui n’est pas l’objet de son interview).

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  • Fabrice // 27.12.2012 à 16h07

    Todd m’ennui vraiment son attitude c’est la faute de tel pays mais absolument pas le fait de la France qui est une victime (on se demande a quoi sont payés et elus nos gouvernements au lieu depenser leur énergie sur des sujets de diversion comme le disait M.F Garaud).

    Autant japprécie l’ouverture d’esprit d’Olivier autant là je trouve que son admiration pour Todd est une erreur d’appréciation que je n’arrive pas à m’expliquer.

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    • step // 27.12.2012 à 16h31

      Résumer le texte au problème du caractère coopératif de l’allemagne au sein de la zone euro, c’est ne pas vouloir voir l’essentiel du message il me semble.

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      • Fabrice // 27.12.2012 à 16h54

        Personnellement, j’ai plus appris avec le site d’Olivier et d’autres ! Todd n’apporte rien de plus, et je le soupçonne de prendre ailleurs ses analyses les plus pertinantes, tant je me souviens d’une video qui démontrait le mal qu’il avait à sortir une réflexion construite ! surtout lorsqu’un sujet qu’il n’avait pas prévu et préparé lui tombait dessus.

        J’ai comparé les interventions d’Olivier sur ce point et Todd, franchement il n’y a pas photo.

        Je pense qu’Olivier n’a pas à admirer cet intervenant (autant je comprends Allais, Keynes, Delamarche, Garaud, que là non je n’y arrive pas)

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        • Fabrice // 27.12.2012 à 17h14

          http://www.youtube.com/watch?v=DfQTgN6t7BU

          et l’assimilation de l’allemagne actuelle au nazisme est de trop :

          http://www.youtube.com/watch?v=BYYCNPscC8U

          si l’Allemagne n’est pas un ange c’est souvent trop et Todd ne sera jamais une référence tant il s’est décridibilisé.

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          • Fabrice // 27.12.2012 à 17h30

            (pardon j’ai oublié allemagne et Europe) même si la menace d’un autoritarisme n’est pas négligeable il est outrancier, car j’adore l’histoire, mais faire la comparaison avec le facisme de ces années c’est immonde tous simplement.

            Il n’a même l’imagination pour trouver une définition d’un risque réel d’autoritarisme sans tomber dans la comparaison de comptoir.

            Plus j’y pense plus il me met en colère…

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        • chitine // 27.12.2012 à 21h51

          Cet interview date d’il y a un an.

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    • Jean Vandenbrande // 31.12.2012 à 14h21

      Je pense qu’Olivier a raison d’admirer Todd, car Todd a non seulement des idées précieuses concernant tel ou tel problème lancinant, mais il énonce aussi ses idées clairement.

      Il ne faut cependant pas suivre Todd dans tout ce qu’il dit, ce serait trop beau.
      Il a sur certains sujets des idées de « débutant », c’est -à-dire des idées simples et situées assez bien à côté de la plaque. Mais Todd apprend vite quand il le veut. Il sait évoluer. Il parle déjà de l’Après l’Empire (2002) comme étant TOUJOURS L’EMPIRE. Faut savoir le faire !

      Parfois il a des aveuglements dramatiques. Ainsi, il ne voit plus l’influence de l’Amérique sur l’Europe, tout en parlant de l’hégémonie de l’Allemagne. Or l’Allemagne est le très bon élève démocra

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      • Jean Vandenbrande // 31.12.2012 à 14h29

        L’Allemagne est le très bon élève démocrate des USA depuis 1945. Pour le Président des USA, savoir que le Chancelier l’écoute et pratique ce qu’il entend, est bien suffisant.

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  • laville // 27.12.2012 à 17h08

    Je suis contente que Mr Todd nous éclaire sur nos « élites ». On le pressentait, on le savait mais avec lui tout s’éclaire. Mr Monti, on le voit bien en Italie est au service des oligarchies financières sur le dos du peuple italien et, non élu, il a prit goût au pouvoir et veut rester de préférence sans élections….
    Pauvres de nous avec des gouvernements si incapables et si vendus!!!!

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  • Tikehau // 27.12.2012 à 18h07

    Todd est ici excellent. Même si pour l’oral il semblerait qu’on lui préfère Olivier sur ce blog.

    Il n’empêche que je suis assez convaincu de la teneur de cet interview même s’il lui est fait un procès que je trouve ici, d’intention au sujet de l’Allemagne.

    Si vous grattiez sur le sujet vous pourriez penser bien pire que ce qu’il exprime. Quelques pistes à explorer sur le net : la Grèce (aujourd’hui et hier, prière de remonter 60 ans en arrière), la structure de la BCE (sa politique monétaire passée et à venir), l’énergie (le gaz « russe » qui n’a que de nom le mot russe), les transferts de technologies (l’actualité du TGV chinois), les salaires (IG Metall et la chute des bas salaires) … sans parler d’autres sujets beaucoup moins consensuels et médiatiquement pas ou très peux développés. Nota : je suis germanophone, germanophile et parent avec des allemands de mon age.

    Monsieur Todd est un éternel optimiste sur la résolution de la « crise » c’est là son principal défaut comme l’illustre sa croyance en un Hollande qu’il voyait déjà en un nouveau Roosevelt. Dois-je avouer que secrètement j’aurais, moi aussi, bien aimé y croire ?

    Autant je pense que la sortie se fera immanquablement par le collapsus général qui nous expose au pire et là je ne parle plus du tout de l’économie, autant j’aime entrevoir des solutions qui n’emporteraient pas les fondations mêmes de notre civilisation en nous entrainant dans le chaos.

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    • chris06 // 28.12.2012 à 11h00

      @Tikehau,

      « Dois-je avouer que secrètement j’aurais, moi aussi, bien aimé y croire ? »

      Roosevelt était le président d’une nation qui dominait totalement ce qu’on appelait autrefois, « le monde libre ». Aujourd’hui, croyez vous que la France est dans une position équivalente à celle des USA autrefois? Alors comment auriez vous pu croire qu’Hollande devienne le « nouveau Roosevelt »?

      Même en lui donnant le bénéfice du doute et en supposant qu’Hollande ait eu la trempe d’un Roosevelt, la situation géopolitique mondiale et les rapports de force aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce qu’ils étaient autrefois et la France n’est qu’un petit pays de 65 millions d’habitants sur une planète qui en compte cent fois plus.

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      • Tikehau // 28.12.2012 à 13h34

        Il ne s’agit absolument pas de « dominer le monde » mais de défendre l’intérêt national. Rien de moins. On va même à l’encontre de nos intérêts communs pour une Europe solidaire.

        Le débat sur une fiscalité européenne commune reste-il ouvert ? Sur une convergence sociale peut-être ?

        L’intérêt national est-il préservé dans la signature du pacte budgétaire ratifié le 22 octobre 2012 ? La cohésion européenne préservée en cas de « défaut » constaté ?

        Vous entendez Hollande s’exprimer dans le débat sur la séparation des activités bancaires et spéculatives ? si oui, moi je le trouve absolument inaudible car je ne vois pas de Glass-Steagall Act pointer l’ombre du bout de son nez.

        Par rapport à la dépendance vis-a-vis de l’étranger de nos besoins en acier, quelle soit nationale ET/OU européenne, pensez-vous que le dossier Mittal soit correctement évalué et traité ?

        Quelles sont les valeurs traditionnelles de la gauche ? Hollande incarne-t-il ces valeurs ? n’objectez pas que Roosevelt n’était pas de gauche, comme vous le précisez vous-même, lui ne pensait que Nation et peuple américain.

        Quel rôle doit tenir un Président de la République dont la fonction est d’incarner la Nation ?

        La France n’as-t-elle donc plus aucun poids politique au sein d’une Europe dont elle a été le principal artisan ?

        Pour finir je reviens sur ce que j’ai écrit : « j’aurais, moi aussi, bien aimé y croire » sans avoir besoin de reprendre la lecture des propositions du candidat Hollande.

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        • chris06 // 28.12.2012 à 14h10

          Je ne dis pas qu’il s’agit de dominer le monde, ce que je dis c’est qu’étant donné la position de la France dans le monde multipolaire d’aujourd’hui (où plus aucune nation ne domine le monde comme c’était le cas pour les USA du temps de Roosevelt) il est illusoire de penser qu’Hollande ait pu devenir le « nouveau Roosevelt ».

          « La France n’as-t-elle donc plus aucun poids politique au sein d’une Europe dont elle a été le principal artisan ? »

          si, elle a un poids politique important au sein de l’Europe mais l’Europe elle m^me n’est qu’un des pôles dans ce monde multipolaire..

          Il n’y aura pas de « nouveau Roosevelt ». Certains avaient même mis leur espoir dans l’idée qu’Obama devienne ce nouveau Roosevelt, sans se rendre compte que le monde d’aujourd’hui est fondamentalement différent. Roosevelt avait mis en place des structures et des idées novatrices (New Deal, Glass Steagal, Bretton Woods, taux marginal d’imposition très élevé, etc…) et le reste du monde libre avait suivi. Donc il y avait eu une véritable impulsion politique pour réformer les structures.

          Aujourd’hui, dans ce monde multipolaire, c’est beaucoup plus compliqué, on a des G20, G8, ONU, conférences sur le climat (Cpenhague, Doha…)… dont rien ne sort.. Or le monde a vraiment besoin de réformes structurelles profondes (système monétaire, bancaire, etc… voir le texte d’Allais) mais j’ai du mal à voir comment elles vont être mise en place dans un monde multipolaire où chaque pôle, ou chaque nation, ne pense qu’à ses intérêts nationaux.

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  • maheo // 27.12.2012 à 19h21

    c’est la faute du capital…. si un état comme la France dépense plus qu’il ne gagne
    et redistribue 56% de la richesse produite?
    un peu facile cette analyse
    si c’était la solution celà se saurait regardons ou en sont la Finlande ! qui s’est assisse sur ses dettes !
    elle ne peut plus emprunter sur les marches , le chômage est élevé !
    l’Argentine aussi qui a fait failitte ne s’en est pas remise 10 ans après
    les marchés ne lui prête plus !
    Ces affreux capitalistes qui ne sont composés que de l’épargne mondiale , de nos fonds de retraite chez nous , des autres pays aussi
    sont bien sûr des vilains en fait ils ne cherchent qu’a préserver l’argent que l’on leur a confié !
    et chacun a titre individuel fait de même !!
    on ne parle pas de spéculations ici
    mais de l’épargne mondiale
    si c’était la solution …on le ferait
    la grèce aurait quitté l’euro depuis belle lurette et serait maintenant entre les mains des chinois et des russes !
    qui est le plus grand créancier de l’europe si ce n’est l’Allemagne
    qui s’est assisse sur une partie de ses dettes qu’elle détenait en grèce , idem pour nous!
    elle a réformé son pays il y a 10 ans et on lui en veut d’avoir fait ces réformes !
    alors que nous… on en est INCAPABLE
    ce qui nous gène c’est que les chinois veulent mettre plus de viande dans leurs bols de riz !
    c’était tellement bien avant
    quand l’europe décidait de tout et partout accompagnée des US
    mais il faut partager
    et beaucoup ne l’accepte pas !!

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    • Hijak // 28.12.2012 à 00h58

      Il n’a pas parlé de capital mais de ceux qui le possède. Ceux qui possèdent le temps et l’accès aux savoirs pour préserver leurs intérêts.

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    • Mathieu // 28.12.2012 à 09h48

      « si c’était la solution celà se saurait regardons ou en sont la Finlande ! qui s’est assisse sur ses dettes !
      elle ne peut plus emprunter sur les marches , le chômage est élevé ! »

      Le Figaro 21/08/2012:
      « Le taux de chômage en Finlande a augmenté en juillet, pour la première fois depuis cinq mois, pour atteindre 7,5% en données corrigées des variations saisonnières, selon des statistiques officielles.

      Ce taux était descendu à 7,4% en juin après être resté à 7,5% entre février et mai. Il est beaucoup plus bas que dans l’ensemble de la zone euro, où il culmine à 11,2%… »

      Défaut ou pas, le chômage est élevé (presque) partout

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      • Mathieu // 28.12.2012 à 10h11

        Au fait la Finlande a fait défaut? (ou la référence était faite pour l’Islande qui au passage malgré un défaut a un taux de chômage bas, arrive à émettre de la dette à des taux raisonnables et est noté « emprunteur fiable » par les fameuses agences.

        Pour l’Argentine, le chômage est à 9%… deux fois moins qu’avant le défaut. Alors bien sur elle des problèmes subsiste, bien sur l’Argentine à profité de la manne financière agricole… Mais si il n’avait pas fait défaut où en serait ils aujourd’hui?

        De toute façon il n’y a pas « la solution ». Les dettes ne pourront pas être remboursées.
        Donc effectivement, à un moment donner il faudra faire tourner la planche à billet, faire défaut (ou lever de l’impôt… je suggère de procéder à des saisies sur tout les patrimoines supérieurs à 1 million d’Euro… les compteurs remis à zéro, ont pourrait même envisager de diminuer la fiscalité sur les revenus).

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  • Patrick Luder // 27.12.2012 à 23h59

    Toute la finesse politiquo-financière de cet esclavagisme moderne,
    consiste à donner assez de mou aux esclaves …
    afin qu’ils oublient leurs conditions
    et donnent le max de rendement.

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  • titi91 // 28.12.2012 à 11h52

    Très bon article, merci O.B de nous faire le tri dans cette masse d’information.
    Comme d’autres, je ne retiens pas tout de son analyse, mais il y a quand même beaucoup pour le citoyen qui a envie d’autre chose que ce qui existe depuis 30 ans.
    Comme l’ont remarqué d’autres intervenants, maintenant que l’on partage la même soupe avec beaucoup plus de personnes, on râle. C’était mieux avant, quand les colonies abreuvaient la métropole.
    Je suis conscient qu’on est tous (à divers degrés) le serviteur de quelqu’un, mais avec ce qui se passe en ce moment, la révolte gronde.

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  • Opps’ // 29.12.2012 à 02h10

    Quand les gens intelligents se mettent à faire les sots , il y réussissent bien mieux que les autres. (Gide)

    On ne peut pas dire que Todd fasse le sot, mais il se vautre dans une sorte de facilité gratuite dans l’exubérance critique, enchaînant généralités légèrement fumeuses avec raccourcis rapides et clinquants.

    C’est attrayant au premier abord , surtout si on veut d’emblée être d’accord avec lui , mais ça résiste mal à l’analyse un peu détaillé.

    1) « L’Etat serait manipulé par les riches » : oui … mais vite dit comme cela , cela occulte complètement le fait que les gouvernants procèdent tt de même du vote et que la manipulation passe par le coeur du système démocratique . La manipulation passe et est avalisé par nous même.

    2) « Les petits épargnants sont les otages des riches » : oui , mais le système est plus compliqué en ce sens qu’il est basé sur une architecture d’otage . Il a même été construit là dessus , avec notre consentement -assez inconscient , il est vrai- . De sorte que les otages sont à tous les niveaux et que , effectivement derrière les épargnants il y a les tout petits épargnants , puis les déposants , puis notre porte-monnaie. Et si le système tient c’est bien parce que tout se tient.

    3) « L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, … agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous » : c’est toujours émouvant cette reconnaissance à postériori d’un age d’or du système capitaliste qui aurait été au service de tous.

    4) « Que cela vous plaise ou non, …,depuis 1990, l’ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités » :
    D’abord j’aime toujours le « Que cela vous plaise ou non » : ça fait très martial , face à une hypothétique personne qui se réjouirait d’un accroissement des inégalité …
    Ensuite Todd pose-t-il la question centrale du biais par lequel cette inégalité s’est développée ? le partage des revenus … ? ou bien la création monétaire … de ces 30 dernières années … ?

    5) Puis quelques divagations sur la notions d’élites mondialisées , comme quoi elles seraient aussi multiples et nationales … ce que au fond personne ne conteste …

    6) Plus loin … : « Sans oublier l’auto-interdiction pour l’État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, » …
    Todd aurait-il oublié que l’Etat ne fabriquait pas spécialement sa monnaie avant 73 … ? Que d’ailleurs à cette époque les déficits étaient très réduits … ? Que le régime français entre 1958 et 1974 et même 1981 était plutôt du style à peu s’endetter ?
    Sans parler du fait que la loi Pompidou est circonscrite au petit espace français et ne saurait expliquer la crise mondiale.

    7) J’aime bien aussi « Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s’endetter afin de pouvoir mieux les étrangler.  »
    … ça fait 150 ans , paraît-il que les Grecs vivent d’emprunts qu’ils ne remboursent pas …
    … « on » se demande qui est ce « on » qui pousse les Grecs à s’endetter …
    … Réponse la ligne suivante : » Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. »

    En ce qui me concerne , ce que je n’oublie pas c’est que c’est l’idéologie de gauche qui pousse à l’emprunt permanent et à l’argent facile . Et pas celle de « droite ».

    8) Encore une formidable analyse de Todd : « La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. »
    … avouez que ce point de départ est pratique pour l’analyse : tantôt on dira que ceci est rationnel par rapport à leur intérêt … mais que cela -qui ne le semble pas-, relève tout bêtement d’un comportement irrationnel ! Puissant !

    9) Encore plus loin : « La relance n’est pas financée par la création monétaire – la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l’État, mais par l’endettement » …
    … ce qui n’est pas faux à court terme bien sûr , mais qui laisse supposer que le planche à billet n’a aucun coût … comme si on oubliait que la planche à billet est un mécanisme qui détruit la valeur de la monnaie et fait donc reposer un coût énorme sur l’ensemble de la population.

    Et Todd de continuer d’ans l’illusion nominale de ceux qui ne comprennent rien à la monnaie : « Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables »
    … alors que la nationalisation , et donc la généralisation de la planche à billet qu’il appelle de ses voeux , aboutit précisément au contraire : la destruction de l’épargne.

    10 ) Le festival Toddien continue avec « Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l’économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen »
    … Même s’il est vrai que l’Europe est assez naïve et bien trop ouverte , je me demande ce que signifierait un protectionnisme national à l’intérieur de l’Europe : ce serait la pure destruction de l’idée de base européenne ! Quant à un protectionnisme européen ça n’a aucun sens ni aucune urgence : l’Europe n’est pas déficitaire par rapport au reste du monde.

    Sacré Todd !

    11) Le couplet sur l’Allemagne est hallucinant de bêtise se voulant intelligente
    « le gouvernement (de Sarko+Fillon+Juppé) et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes »
    … Sarko n’a jamais été germanophile , ni la droite française , ni l’élite française. De temps à autre on instrumentalise superficiellement les performances allemandes pour faire passer une réforme , de même qu’on instrumentalise l’Europe pour en faire passer d’autres.
    Sarko cherchait à « accompagner » pour le contrôler, péniblement . Hollande cherche à s’y opposer sans en avoir les moyens , ni l’expérience et la manière, et nous isole en nous vassalisant encore plus. Nous n’avons plus que des leçons de morale des allemands et ce sont eux qui sont à présent au centre de l’échiquier européen.

    12) Hallucinant : « Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires »
    … je traduis : celui qui , de façon bien plus démocratique qu’en france, aboutit à des choix que je ne partage pas … n’est pas démocratique !!!

    13) Toujours aussi amnésique : « L’Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d’adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l’Italie et l’Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif  »
    … A-t-il oublié que l’Euro est une invention française faite pour affaiblir l’Allemagne ? Que l’Allemagne a du faire des efforts considérables pour absorber un pays satellite de l’Europe de l’est de l’époque ?
    … A-t-il oublié que les Allemands sont un peuple franc mai logique et qui donc respecte scrupuleusement la règle du jeu imposée mais l’exploite à fond , dans le cadre d’une concurrence entre pays européens , que nul n’ignore ?

    14) Plus anxiogène que moi tu meurs : « Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. … Le risque de voir resurgir l’Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel » : Bon je connais bien l’Espagne et je vous rassure : le fantôme de Franco ne passera pas la porte 😉 … quand à Berlusconi comme risque fasciste … je rigole doucement …

    15) « Souvenez-vous que les Allemands … n’ont cessé, après la création de l’Euro , de menacer de sortir de la zone euro. » : Acouphène ?

    16) « En réalité, les Allemands sont plus souples qu’on ne l’imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale »
    Pas du tout : les Allemands ont la souplesse qu’on n’arrivait pas à voir -puisqu’on les caricaturait- , qui n’est que la souplesse de leur strict intérêt dans le cadre de la règle du jeu.
    Négociation franche et brutale ? C’est ramener les Allemands à leur image primitive de prussien bornés et de goths un peu rustres .
    Et c’est une erreur totale : c’est au contraire nous , français, pour nous être mis en situation de faiblesse par auto-complaisance , qui avons besoin de hausser le ton et de brutalité pour penser nous faire entendre deux .
    En vain d’ailleurs , car Angela n’a en rien cédé sur quoi que ce soit d’essentiel , en tout cas sur rien qui renforcerait la position spécifiquement française.

    17) Le festival continue : « Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d’une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l’État par l’idéal démocratique »
    … Todd a-t-il la moindre idée de ce que représente l’organisation d’un défaut sur la dette ? Ce sera un indescriptible désordre dont les rouages essentiels sortiront gagnants , bien évidemment, et qui s’accompagnera de nombreuses nationalisations et prises en main par l’Etat – qui sera toujours manipulé et aux mains des mêmes groupes de pressions dont parle Todd – , car il faudra bien que le système tourne encore …: ça sera ça son Idéal Démocratique ?

    Et Todd d’ajouter : « Dans cette redistribution générale, les défauts s’annuleraient pour l’essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l’arrivée, je vous garantis que les plus coupables – nations ou individus – seront le plus sévèrement punis. »

    Toujours cette idée (qu’Attali partage) que les dettes vont magiquement s’auto annuler … et que seuls les vilains Etats (suivez mon regard) seront magiquement punis ! A mourir de rire !

    Et quel final (le menton pointé en avant, les yeux sur la ligne d’horizon, cheveux au vent , un fumet martial dans la pose ) : « Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d’un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s’adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. »

    Une année difficile ? Il y a un gros problème « Todd »

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  • ThomBilabong // 30.12.2012 à 04h49

    Ah qu’il est frais, le propos Toddien! juste une question: quand est-ce que les conditions d’un reset partiel sont réunies? Lorsqu’un défaut important (ex Espagne ) est officiel? Alors cela n’arrivera jamais, les autorités politiques ne laisserons jamais s’officialiser une telle situation. C’est ainsi que le défaut grec n’a jamais été officiel et continue de ne pas l’être. On assiste en fait à un déni collectif.

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