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7.novembre.20237.11.2023 // Les Crises

43 millions d’enfants déplacés en six ans en raison des catastrophes climatiques

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Sur la base des données climatiques actuelles, les inondations pourraient entraîner le déplacement de près de 96 millions d’enfants au cours des 30 prochaines années.

Source : Truthout, Julia Conley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un groupe d’enfants déplacés, qui ont été contraints de quitter leurs maisons en raison des fortes pluies et des inondations dans la région, se rassemblent tout en participant à des activités pour les enfants dans une tente des Nations Unies, dans un camp de personnes déplacées pour les familles touchées par les inondations situé à Beledweyne, en Somalie, le 14 décembre 2019. LUIS TATO / AFP VIA GETTY IMAGES

Le fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a publié vendredi un nouveau rapport qui plaide pour prioriser la protection des enfants lors des catastrophes climatiques dues aux combustibles fossiles. En six ans, plus de 43 millions d’enfants ont été déplacés à l’intérieur de leur pays en raison de sécheresses, inondations, incendies de forêt et autres phénomènes extrêmes.

Dans le rapport Children Displaced in a Changing Climate, l’UNICEF précise que 95 % des déplacements d’enfants dans 44 pays entre 2016-21 ont été causés par des inondations et des tempêtes, et que 40,9 millions d’enfants ont été contraints de quitter leur foyer dans des pays tels que le Guatemala, le Soudan du Sud et la Somalie.

« Pour tout enfant il est terrifiant d’être témoin d’un feu de forêt dévastateur, une tempête ou une inondation qui frappe sa communauté », a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell. « Pour ceux qui sont obligés de fuir, la peur et les conséquences peuvent être particulièrement dévastatrices, s’y ajoute l’inquiétude de savoir s’ils vont rentrer chez eux, reprendre l’école, ou être obligés de déménager à nouveau. Partir leur a peut-être sauvé la vie, mais c’est aussi quelque chose de très perturbant. »

Le Sud-Soudan et la Somalie ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants dus aux inondations, avec respectivement 11,8 % et 10,7 % de leur population infantile obligée d’évacuer leur domicile en raison de ces catastrophes.

Mais comme dans la plupart des pays du Sud, la menace climatique qui pèse sur les Somaliens est multiforme, et au cours de cette période de six ans, c’est en Somalie qu’ont été enregistrés plus de la moitié des déplacements d’enfants dus à la sécheresse dans le monde.

Dans le rapport on peut lire l’histoire d’une fillette de 10 ans, Hibo, dont la famille a dû de quitter sa maison à Guriel pour rechercher de la nourriture et de l’eau. Ils ont voyagé pendant 10 jours avant d’atteindre un camp de personnes déplacées.

« Nous sommes arrivés dans ce camp il y a sept jours, en espérant que les choses s’amélioreraient », a déclaré à l’UNICEF Ayesha, une jeune mère de 18 ans, qui vit également dans le camp. Ma famille a perdu tout son bétail et ses chameaux. Ils sont tous morts parce que nous n’avions pas d’eau à leur donner. Nous n’avons plus rien. »

Les enfants vivant dans des pays confrontés à de nombreuses crises qui se superposent, notamment des conflits violents et une pauvreté persistante, courent un risque accru de déplacement, car ils sont confrontés à des « investissements limités en matière d’anticipation et de limitation des risques. ».

« Par exemple, Haïti présente un risque élevé et doit faire face à des conflits, à la violence, à la pauvreté [et] à des tremblements de terre », peut-on lire dans le rapport, qui constitue la première analyse mondiale concernant la crise des déplacements d’enfants. « Au Mozambique, les communautés pauvres subissent des conséquences disproportionnées et n’ont que peu de moyens de se relever des catastrophes répétées. »

« C’est dans ces pays que la limitation des risques, l’adaptation et l’anticipation – y compris l’adoption de mesures prévoyant des plans d’évacuations préventives et d’autres options de mobilité climatique pour sauver des vies et minimiser toute perturbation de l’accès des enfants aux services essentiels – sont les plus urgentes », a rapporté l’UNICEF.

Mais le rapport indique aussi que les habitants des pays riches ne devraient pas considérer les déplacements de familles et d’enfants liés au climat comme une crise qui n’affecterait que les pays du Sud.

Les incendies de forêt ont été à l’origine de 810 000 déplacements d’enfants, dont un tiers rien qu’en 2020. Les pays qui comptent le plus grand nombre d’enfants chassés de chez eux par des brasiers hors de contrôle sont les États-Unis, le Canada et Israël.

La plupart des déplacements déclenchés par les incendies de forêt étaient des évacuations préventives coordonnées par les autorités fédérales et étatiques, mais ils comportent des risques pour le bien-être des enfants, tout comme les déplacements d’enfants dans la Corne de l’Afrique et dans d’autres parties du monde.

« Alors que les incendies de forêt deviennent de plus en plus intenses, fréquents et étendus, de nombreux enfants qui en sont victimes subissent des traumatismes psychologiques durables tels que l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique, peut-on lire dans le rapport. Les enfants peuvent également développer des troubles du sommeil ou de l’attention ou éprouver des difficultés à l’école. S’il n’est pas pris en charge, leur traumatisme émotionnel peut affecter leur santé physique, pouvant conduire à des problèmes de santé chroniques, à des maladies mentales et à la consommation de stupéfiants. »

Les Philippines, l’Inde et la Chine ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants en chiffres absolus, tandis que les petites nations comme la Dominique, Saint-Martin et les îles Mariannes du Nord ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants relativement à leur population infantile.

Soixante-seize pour cent des enfants de la Dominique ont été déplacés au cours de la période de six ans étudiée en raison d’événements météorologiques tels que l’ouragan Maria, qui a endommagé ou détruit 95 % du parc immobilier de l’île.

À l’approche de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28), l’UNICEF a appelé les gouvernements à :

  • Protéger les enfants et les jeunes des effets des catastrophes et des déplacements exacerbés par le changement climatique en veillant à ce que les services essentiels pour les enfants – notamment l’éducation, la santé, la nutrition, la protection sociale et les services de protection de l’enfance – soient réactifs aux chocs, mobiles et accessibles à tous, y compris à ceux qui ont déjà été déracinés ;
  • Préparer les enfants et les jeunes à vivre dans un monde en mutation climatique en améliorant leur capacité d’adaptation et leur résilience, et en leur permettant de participer à la recherche de solutions inclusives ;
  • Donner la priorité aux enfants et aux jeunes – y compris ceux qui ont déjà été déracinés – dans le cadre de l’action contre les catastrophes et le changement climatique mais aussi dans le cadre des politiques et des investissements financiers, humanitaires et de développement, afin de les préparer à un avenir qui est déjà en train de se jouer.

Selon les projections de l’UNICEF, sur la base des données climatiques actuelles, les inondations pourraient entraîner le déplacement de près de 96 millions d’enfants au cours des 30 prochaines années.

« Au fur et à mesure que les effets du changement climatique s’intensifient, les mouvements de populations liés au climat s’intensifient également, a déclaré Russell. Nous disposons des outils et des connaissances nécessaires pour répondre à ce défi croissant au sujet des enfants, mais nous agissons beaucoup trop lentement. Nous devons redoubler d’efforts pour préparer les communautés, protéger les enfants qui risquent d’être déplacés et venir en aide à ceux qui sont déjà déracinés. »

Cet article a été reproduit par Truthout avec autorisation ou licence. Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans l’autorisation ou la licence de la source.

JULIA CONLEY

Julia Conley est rédactrice pour Common Dreams.

Source : Truthout, Julia Conley, 06-10-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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4 réactions et commentaires

  • Grd-mère Michelle // 10.11.2023 à 12h29

    Détournée de cette page, ces derniers temps, par des activités avec mes enfants et petits-enfants, je constate avec tristesse et appréhension que le sort des enfants laisse indifférent-e-s les commentateurs-trices habituel-le-s des articles.

    Or, ce rapport de l’UNICEF, généralement critiquée ici comme la plupart des grandes institutions « internationales », devrait pourtant émouvoir et terroriser tout qui se sent un minimum « citoyen-ne » (conscient-e de ses capacités de pression sur les « autorités ») et s’inquiète de l’avenir des habitant-e-s de la Terre.
    Et son appel en trois points devrait être intensément soutenu et propagé.
    Merci, Les Crises, de l’avoir fait, en cohérence avec la ligne éditoriale du site.

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    • Cévéyanh // 13.11.2023 à 19h07

      Bonjour Grd-mère Michelle,
      Toustes les enfants devraient être notre soleil ; celui de l’Humanité ; et donc notre priorité. Nous semblons oublier que ce seront les adultes de demain. Leur psychique est important pour un monde future plus en entente/plus en collective et non trop en rivalité/trop individualisme (suivant nos pas, nous, adultes d’aujourd’hui). Ainsi ces 3 points mentionnés sont essentiels.

      De plus en plus, en Occident et dans certains pays qui suivent nos pas (par la culture, le lieu de travail, la durée de travail etc), nous nous comportons comme des oiseaux et avons leur façon de vivre : les élevons et (veulent qu’) iels volent de leur propres ailes (très flagrant comme analogie) et donc loin de nous ; encore plus vrai aux Etats-Unis (« la famille nucléaire » mentionné par E.Todd). C’est-à-dire d’avoir de moins en moins de liens/contacts (même si dans la réalité, c’est plus nuancée) entre parents et enfants.
      Nous nous séparons donc en générations vivant beaucoup plus chacune de leur côté généralement qu’auparavant. Est-ce cela aussi qui fait que pour certainos humainos, iels se détachent de leur futur ?

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  • Coquillage et crustacé // 13.11.2023 à 07h31

    Mécaniquement, plus on construit en zone inondable, et pire est le bilan d’une inondation. Avec la densité de population actuelle dans certain territoires (car les humains s’établissent depuis toujours près des littoraux ET des cours d’eau), l’impact des inondations est nécessairement très important. Cependant, dois-je rappeler qu’en 1931, des inondation en Chine ont fait entre 400 000 et 2 millions de morts ? Se souvient-on du cyclone tropical de 1970 qui poussera le Pakistan Oriental à devenir Bangladesh, du fait de l’incurie du pouvoir pakistanais? Plus près de nous, en France, les catastrophes de Xinthya, Alex, ou les inondations dans le Pas de Calais, auraient-elles eté aussi problématiques si la sagesse avait présidé à l’attribution des permis de construire? 55 morts en Vendée, dans une cuvette destinée à se remplir. 10 morts dans la vallée de la Roya, que des constructions récentes dans le lit de le rivière (tandis que le village historique de Saint-Martin-Vésubie, construit en hauteur, est resté intact). Je veux bien pleurnicher de concert sur le sort des malheureux sinistrés et des enfants déplacés, mais ces catastrophes ne sont ni nouvelles ni inévitables. Quand on construit des milliers de bidonvilles au bord d’un fleuve ou d’un delta, on fera face à ce type de problème tôt ou tard. Ce rapport en 3 points me semble assez hors-sol en voulant gentiment protéger les enfants. Il faut surtout revoir partout les constructions.

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    • Cévéyanh // 13.11.2023 à 19h33

      Vous avez raison concernant les habitations construites dans des lieux à risque. Pour autant, ces 3 points pallient (faire le pompier) au conséquences pour qu’elles soient au minimum le moins traumatisantes possible pour les enfants (la vie naissante que nous devrions protéger ; notre futur, le SEUL qu’on soit parent ou non).
      Au sujet du Pas de Calais, il semblerait que c’est dû aussi aux pluies excessives et inhabituelle en si peu de temps. Et peut-être la hauteur de ses terres, peu élevée par rapport à la mer ?

      Toutefois, il n’y a pas que des inondations dû au dérèglement climatique.
      Vous soulevez aussi ce que nous , adultes, faisant le moins mieux (car complexe) il me semble : trouver et s’occuper plus des causes pour que cela n’arrivent plus, ou du moins, de moins en moins. Par exemple pour la complexité au niveau du manque des habitations (donc construction trop près des cours d’eau – en partie en occident) : désir d’habiter près de l’eau, plus de familles séparées et non regroupées avec d’autres, des humainos vivant plus longtemps qu’auparavant, locations d’habitation pour le tourisme qui n’existaient pas dans la même proportion auparavant, demande de caution pour la location plus important qu’auparavant, plus de résidences secondaires (?) etc.

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