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17.octobre.202317.10.2023 // Les Crises

Comment le colonialisme britannique a tué 100 millions d’Indiens en 40 ans

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Entre 1880 et 1920, les politiques coloniales britanniques en Inde ont fait plus de victimes que toutes les famines de l’Union soviétique, de la Chine maoïste et de la Corée du Nord réunies.

Source : Ajazeera, Dylan Sullivan
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nos recherches montrent que les politiques d’exploitation de la Grande-Bretagne ont été associées à environ 100 millions de décès excédentaires au cours de la période 1881-1920, écrivent Sullivan et Hickel [British Raj (1904-1906)/Wikimedia Commons].

Ces dernières années ont été marquées par une résurgence de la nostalgie de l’empire britannique. Des ouvrages très médiatisés, tels que Empire : How Britain Made the Modern World de Niall Ferguson et The Last Imperialist de Bruce Gilley, affirment que le colonialisme britannique a apporté prospérité et développement à l’Inde et à d’autres colonies. Il y a deux ans, un sondage YouGov a révélé que 32 % des Britanniques étaient fiers de l’histoire coloniale de leur pays.

Cette image idyllique du colonialisme est en contradiction flagrante avec les données historiques. Selon les recherches de l’historien économique Robert C. Allen, l’extrême pauvreté en Inde a augmenté sous la domination britannique, passant de 23 % en 1810 à plus de 50 % au milieu du XXe siècle. Les salaires réels ont baissé pendant la période coloniale britannique, atteignant leur niveau le plus bas au XIXe siècle, tandis que les famines devenaient plus fréquentes et plus meurtrières. Loin d’avoir profité au peuple indien, le colonialisme a été une tragédie humaine qui n’a guère d’équivalent dans l’histoire.

Les experts s’accordent à dire que la période allant de 1880 à 1920 – l’apogée de la puissance impériale britannique – a été particulièrement dévastatrice pour l’Inde. Les recensements exhaustifs de la population effectués par le régime colonial à partir des années 1880 révèlent que le taux de mortalité a considérablement augmenté au cours de cette période, passant de 37,2 décès pour 1 000 habitants dans les années 1880 à 44,2 dans les années 1910. L’espérance de vie est passée de 26,7 ans à 21,9 ans.

Dans un récent article publié dans la revue World Development, nous avons utilisé des données de recensement pour estimer le nombre de personnes tuées par les politiques impériales britanniques au cours de ces quatre décennies brutales. Il n’existe de données solides sur les taux de mortalité en Inde qu’à partir des années 1880. Si nous les utilisons comme base de référence pour la mortalité normale, nous constatons qu’environ 50 millions de décès excédentaires se sont produits sous l’égide du colonialisme britannique au cours de la période allant de 1891 à 1920.

Cinquante millions de morts, c’est un chiffre stupéfiant, et pourtant il s’agit d’une estimation prudente. Les données sur les salaires réels indiquent qu’en 1880, le niveau de vie dans l’Inde coloniale avait déjà considérablement baissé par rapport à ce qu’il était auparavant. Allen et d’autres chercheurs affirment qu’avant le colonialisme, le niveau de vie en Inde était peut-être « équivalent à celui des régions en développement de l’Europe occidentale ». Nous ne connaissons pas avec certitude le taux de mortalité de l’Inde avant la colonisation, mais si nous supposons qu’il était similaire à celui de l’Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles (27,18 décès pour 1 000 habitants), nous constatons que l’Inde a connu une surmortalité de 165 millions de personnes au cours de la période allant de 1881 à 1920.

Bien que le nombre précis de décès soit sensible aux hypothèses que nous faisons sur la mortalité de base, il est clair qu’environ 100 millions de personnes sont mortes prématurément à l’apogée du colonialisme britannique. Il s’agit de l’une des plus importantes crises de mortalité d’origine politique de l’histoire de l’humanité. Elle est plus importante que le nombre combiné de décès survenus pendant toutes les famines en Union soviétique, en Chine maoïste, en Corée du Nord, au Cambodge de Pol Pot et en Éthiopie de Mengistu.

Comment la domination britannique a-t-elle pu provoquer ces pertes humaines considérables ? Il y a eu plusieurs mécanismes. Tout d’abord, la Grande-Bretagne a effectivement détruit le secteur manufacturier de l’Inde. Avant la colonisation, l’Inde était l’un des plus grands producteurs industriels du monde, exportant des textiles de haute qualité aux quatre coins de la planète. Les étoffes de pacotille produites en Angleterre ne pouvaient tout simplement pas rivaliser. Cette situation a toutefois commencé à changer lorsque la Compagnie britannique des Indes orientales a pris le contrôle du Bengale en 1757.

Selon l’historien Madhusree Mukerjee, le régime colonial a pratiquement éliminé les droits de douane indiens, permettant aux produits britanniques d’inonder le marché intérieur, mais a créé un système de taxes exorbitantes et de droits internes qui empêchaient les Indiens de vendre du tissu dans leur propre pays, et encore moins de l’exporter.

Ce régime commercial inégal a écrasé les fabricants indiens et a effectivement désindustrialisé le pays. Comme le président de l’East India and China Association s’en est vanté devant le parlement anglais en 1840 : « Cette société a réussi à convertir l’Inde d’un pays manufacturier en un pays exportateur de produits bruts. » Les industriels anglais ont bénéficié d’un avantage considérable, tandis que l’Inde a été réduite à la pauvreté et que sa population a été exposée à la faim et à la maladie.

Pour aggraver la situation, les colonisateurs britanniques ont mis en place un système de pillage légal, connu des contemporains sous le nom de « drainage des richesses ». La Grande-Bretagne taxait la population indienne et utilisait ensuite les revenus pour acheter des produits indiens – indigo, céréales, coton et opium – obtenant ainsi ces biens gratuitement. Ces produits étaient ensuite consommés en Grande-Bretagne ou réexportés à l’étranger, les recettes étant empochées par l’État britannique et utilisées pour financer le développement industriel de la Grande-Bretagne et de ses colonies de peuplement : les États-Unis, le Canada et l’Australie.

Ce système a privé l’Inde de biens d’une valeur de plusieurs milliers de milliards de dollars en monnaie d’aujourd’hui. Les Britanniques ont été impitoyables en imposant cette ponction, obligeant l’Inde à exporter des denrées alimentaires même lorsque la sécheresse ou les inondations menaçaient la sécurité alimentaire locale. Les historiens ont établi que des dizaines de millions d’Indiens sont morts de faim au cours de plusieurs famines considérables provoquées par la politique britannique à la fin du XIXe siècle, alors que leurs ressources étaient siphonnées vers la Grande-Bretagne et ses colonies de peuplement.

Les administrateurs coloniaux étaient pleinement conscients des conséquences de leurs politiques. Ils ont vu des millions de personnes mourir de faim et n’ont pourtant pas changé de cap. Ils ont continué à priver sciemment les populations des ressources nécessaires à leur survie. L’extraordinaire crise de mortalité de la fin de la période victorienne n’est pas le fruit du hasard. L’historien Mike Davis affirme que les politiques impériales de la Grande-Bretagne « étaient souvent les équivalents moraux exacts de bombes larguées à 18 000 pieds d’altitude. »

Nos recherches montrent que les politiques d’exploitation de la Grande-Bretagne ont été associées à une surmortalité d’environ 100 millions de personnes au cours de la période 1881-1920. Il s’agit d’un cas simple de réparation, avec un précédent solide dans le droit international. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a signé des accords de réparation pour indemniser les victimes de l’Holocauste et, plus récemment, elle a accepté de payer des réparations à la Namibie pour les crimes coloniaux perpétrés dans ce pays au début des années 1900. Dans le sillage de l’apartheid, l’Afrique du Sud a versé des réparations aux personnes qui avaient été terrorisées par le gouvernement de la minorité blanche.

L’histoire ne peut être changée et les crimes de l’empire britannique ne peuvent être effacés. Mais les réparations peuvent contribuer à remédier à l’héritage de privation et d’inégalité que le colonialisme a produit. Il s’agit d’une étape essentielle vers la justice et la guérison.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera.

Dylan Sullivan

Chercheur associé à l’École des sciences sociales de l’Université Macquarie

Jason Hickel

Professeur à l’Institut des sciences et technologies de l’environnement (ICTA-UAB) et membre de la Royal Society of Arts

Jason Hickel est professeur à l’Institut des sciences et technologies de l’environnement (ICTA-UAB), chercheur invité à la London School of Economics et membre de la Royal Society of Arts. Il est l’auteur de The Divide et Less is More.

Source : Ajazeera, Dylan Sullivan, 02-12-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Urko // 17.10.2023 à 12h27

Quels occidentaux ? 95% des Européens du XIXeme et de la première partie du XXeme siècle n’ont jamais posé un orteil en Afrique, dont la colonisation ne leur a rien rapporté, plutôt le contraire d’ailleurs car ils ont dû payer des impôts pour financer ces aventures coloniales n’ayant enrichi que bien peu de personnes. Et puis, si on rentre dans cette logique, il faut faire contribuer tous les Africains qui ont bénéficié en Europe d’infrastructures (hôpitaux, logements sociaux, écoles…) au financement desquelles ils n’ont pas contribué puisque leurs familles ne vivaient pas en Europe quand les européens les ont bâties. Rappelons à cet égard qu’il y a aujourd’hui plus de personnes d’origine africaine en Europe qu’il n’y a jamais eu d’Européens en Afrique durant lesquelles la colonisation a eu lieu.

17 réactions et commentaires

  • calal // 17.10.2023 à 07h50

    Oui, les occidentaux doivent payer des trillions de dollars de reparation a tous ceux a qui ils ont cause des torts. Apres tout,les banques occidentales ont deja cree des trillions pour sauver les banques en 2009,puis pour le « quoi qu’il en coute  » lors des confinements du covid, on peut creer encore plus de trillions pour solder les reparations.

    Evidemment apres,on effectuera un changement de monnaie en passant a de la monnaie numerique par exemple et les trillions donnes ne vaudront plus grand chose 😉 ….

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    • Dmitry // 17.10.2023 à 10h30

      Non, les faire payer ce n’est pas suffit. Il fault les tenir responsables de tous ses crimes contre l’humanité.

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    • Urko // 17.10.2023 à 12h27

      Quels occidentaux ? 95% des Européens du XIXeme et de la première partie du XXeme siècle n’ont jamais posé un orteil en Afrique, dont la colonisation ne leur a rien rapporté, plutôt le contraire d’ailleurs car ils ont dû payer des impôts pour financer ces aventures coloniales n’ayant enrichi que bien peu de personnes. Et puis, si on rentre dans cette logique, il faut faire contribuer tous les Africains qui ont bénéficié en Europe d’infrastructures (hôpitaux, logements sociaux, écoles…) au financement desquelles ils n’ont pas contribué puisque leurs familles ne vivaient pas en Europe quand les européens les ont bâties. Rappelons à cet égard qu’il y a aujourd’hui plus de personnes d’origine africaine en Europe qu’il n’y a jamais eu d’Européens en Afrique durant lesquelles la colonisation a eu lieu.

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      • Didier // 17.10.2023 à 13h06

        « il y a aujourd’hui plus de personnes d’origine africaine en Europe qu’il n’y a jamais eu d’Européens en Afrique durant lesquelles la colonisation a eu lieu. »

        Source ?

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        • Urko // 17.10.2023 à 22h02

          « Source, s’il vous plaît » : plus sympa. Grosso modo, nous savons que pour des raisons climatiques et sanitaires bien compréhensibles, à part l’Algérie et l’Afrique du Sud, peu de pays africains attiraient les Européens, lesquels n’avaient pourtant pas craint de s’installer en masse en Amérique du nord, plus tempérée. En 1938, il n’y a même pas un million d’Européens (Français, italiens et espagnols) en Algérie, et environ deux millions (britanniques pour l’essentiel) en Afrique du sud, descendants inclus. On estime que du XVeme siècle au milieu du XXeme, au grand maximum cinq millions d’Européens s’installèrent en Afrique où ils se multiplierent : il y avait 200 000 colons en Afrique du Sud en 1860 par exemple (dix fois moins qu’en 1938). En 1950, 5,5 millions d’Européens vivaient en Afrique, descendants inclus. En Europe aujourd’hui, il y a plus de dix millions de ressortissants africains (juste les ressortissants, pas les européens d’origine africaine récente). Les données permettant de comparer le nombre total de colons européens en Afrique à celui des Africains venus en Europe n’existent pas exactement. Mais on sait qu’il y a deux fois plus d’Africains aujourd’hui en Europe qu’il n’y eût de colons européens en cinq siècles en Afrique, hors descendance. Ces derniers cependant détenaient le foncier dans un continent très peu dense, alors que les Africains installés en Europe n’y ont pas de pouvoir économique. Cela fait une différence importante.

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          • Orhan // 25.10.2023 à 08h53

            Pour les chiffres je vous laisse voir, peu importe.

            Mais l’honnêteté demande de s’interroger sur les sources d’émigration de l’Afrique vers l’Europe. Peut être les bateaux de pêches industrielles européens et asiatiques qui privent de nombreuses (millions) personnes d’avoir les ressources économiques à cause de l’appauvrissement des bancs de poissons, l’exportation subventionnée massive de poulets européens et notamment français qui empêchent le développement de lagro-industrie locale …les exemples sont légions puisque l’Afrique n’est pas seulement une source de matière première, mais également un marché immense pour les entreprises occidentales, au détriment d’un tissu commercial et industriel africain. Les bénéfices sont évidemment rapatriés en Europe, chine…

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      • Guadet // 19.10.2023 à 11h01

        Les effets et les bilans du colonialisme sont très complexes à établir. Chaque pays occidental avait une politique différente des autres pays occidentaux et souvent différente aussi selon les pays colonisés. Ce qui est dit sur la GB en Inde, par exemple, s’applique mal aux colonies françaises. Je me rappelle d’un professeur d’histoire qui disait que la politique française était plus avantageuse que la politique anglaise pour les pays soumis. Le problème est plutôt que la politique anglaise a fait école et que, malgré la décolonisation, elle est appliquée par tous les pays occidentaux envers les pays du sud et même, aujourd’hui, envers leur propre population pauvre.

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      • Hong Xiu Quiang // 19.10.2023 à 11h21

        Pour Urko…
        Si vous avez raison sur le peu d’intérêt qu’on eu les européens à aller s’installer en Afrique il semble que vous faites grosse erreur sur la source du financement. Grace à l’impôt efficacement collecté par l’administration coloniale en quelque sorte les colonisés ont financés leur colonisation, armée d’occupation principalement. Les dépenses du contribuable français n’explosent (un peu) qu’au moment des guerres d’indépendance. Les pays colonisés sont restés notoirement sous équipés. La plupart des investissements sont allés, à pertes notables, financer des projets de plantations industrielles, des routes et des voies ferrées nécessaire à leur activité. Très peu de français en ont eu retour. Les autochtones ont été expulsés ou requis au travail forcé.
        Par ailleurs vous comparez des situations démographiques incomparables séparées par une multiplication par 7 de la population mondiale. Cela n’a pas de sens.
        Vous auriez cependant raison de dire qu’actuellement nous assistons à un appauvrissement global des occidentaux au profit de l’émergence d’une classe moyenne dans certains ex pays du Tiers Monde. C’est une bonne nouvelle pour eux, à froid un peu moins pour la Planète, vu ce qu’en ont fait les classes moyennes occidentales…ce qui oblige les gens de pays n’ayant vraiment rien et vraiment pas d’bol à venir par ici, comme les européens sont allés en masse en Amérique. Ces gens ont prospéré « chez nous » et c’est tant mieux: ce sont des humains n’est-ce pas ?
        PS: Pour une histoire des famines « coloniales » lire Mike Davis « Génocides Tropicaux »

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  • Gaspard des montagnes // 17.10.2023 à 08h40

    Voici un lien vers Wikipédia, Démographie de l’Inde :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_l%27Inde#cite_note-:1-15

    Extrait sur les Recensements
    L’Inde a une longue tradition des recensements de sa population depuis le XIXe siècle, à l’époque de la colonisation britannique. Le premier recensement moderne a eu lieu en 1872, les recensements ont lieu systématiquement tous les dix ans depuis 1881.

    La démographie de l’Inde est donc plutôt bien connue.

    PS : dans l’article Wiki, on trouve les liens vers les documents qui étayent cet article.

    Nota bene : ce procédé de l’empire britannique en Inde n’a rien d’étonnant, quelques années auparavant, ces mêmes britanniques avaient ruiné l’empire chinois avec la guerre de l’opium : ils ont forcé les chinois à ouvrir leurs ports afin d’inonder d’opium la Chine, ceci en contrepartie des achats de soierie, de thé, de porcelaine… car les chinois n’achetaient presque rien à l’empire britannique d’où la fuite de métaux précieux (argent principalement)

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    • Daniel // 17.10.2023 à 10h21

      je me demande dans quelle mesure on peut faire une comparaison avec l’UE actuelle :
      Libre échange vis a vis de l’extérieur et pas de protection de la production locale : c’est plus « intéressant » d’acheter des pommes ou des produits industriels que de le produire en France…
      Désindustrialisation, perte de l’autonomie alimentaire et optimisation au maximum des transactions économiques pour faire du gain financier à court terme …
      Est ce que la pauvreté tue à nouveau chez nous ?

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      • Guadet // 17.10.2023 à 11h08

        La comparaison n’est possible que si on ne prend en compte que les effets du mondialisme libéral. Les famines causées par la politique libérale mondialiste de « concurrence libre et non faussée » en Inde et en Irlande sont connues. Les conséquences catastrophiques de cette politique ont été justifiées à l’époque en Angleterre en s’appuyant sur Darwin pour parler de « sélection naturelle » et de « survie des plus aptes » (cf. Herbert Spencer). Ce darwinisme social fait toujours partie de la philosophie de nos dirigeants occidentaux. Voyez comme ils s’inquiètent peu de la baisse de l’espérance de vie aujourd’hui.

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  • Auguste Vannier // 17.10.2023 à 10h03

    A n’en pas douter la « civilisation occidentale » qui s’est développée sur la base d’une exploitation sans mesure de ses environnements naturels et humain pour le « progrès » et à imposé ce modèle aux autres « civilisations » est en train d’arriver aux limites. De nombreuses résistances se sont produites, toujours réprimées par des violences sanglantes, des guerres idéologiques et militaires. Un peu partout dans le monde, les dignités humaines se réveillent et amorcent ce qu’un courant politique désigne comme « une révolution citoyenne ».
    Cf la présentation qu’en fait un intellectuel et homme d’action politique, à Thinkerview:
    https://www.youtube.com/watch?v=FzzQgJntbqQ&t=2s

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  • Gribouille // 17.10.2023 à 11h46

    C’est le parfait exemple des avantages comparatifs et des avantages absolus que nous apprenions à l’école pour nous faire soutenir le libre échange dans le cadre de la division internationale du travail. Souvenez vous que, dans les exemples numériques avec du drap et du vin, on se gardait bien de donner des prix qui reflèteraient les termes de l’échange entre l’Angleterre et le Portugal. Effectivement, en se spécialisant (sous réserve d’utilisation des toutes les capacités de production (ie pas de chômage, pas de terres en friche etc…)), on augmente la production à l’échelle globale. Cependant, si on taxe les indiens, et qu’on utilise les recettes de ces taxes pour leur acheter les matières premières, vous ne pouvez aboutir qu’à un appauvrissement de l’autre pays dans cette division du travail. C’est pareil, pour la Chine, contrainte d’accepter la vente d’Opium sur son territoire. Opium dont les recettes servaient à acheter les porcelaines chinoises.

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  • ouvrierpcf // 17.10.2023 à 16h31

    Encore merci pour le site les crises En ce moment ou on nous invite on nous incite en permanence a réagir immédiatement a twitter à zapper oui comme le dit en fin de publication Les Crises élargit le champ de réflexion l’Inde qui est le pays le plus peuplé a déjà payé au tribut de l’histoire sans rien dire En visite au mémorial de Vimy dans le pas de calais on peut lire le nom de centaines d’indiens morts au combat de leur « plein grès « pour l’empire britannique mais aussi pour nous français entre 1916 et 1918

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  • Actuaire // 18.10.2023 à 07h26

    Le grand intérêt de cet article, c’est qu’il pointe le « no limit » dès lors que des interets financiers sont en jeu.
    Les européens méritent de bien connaître l’histoire, car elle se répète, cette fois a son détriment.

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    • RGT // 22.10.2023 à 13h45

      Mais surtout les €uropéens devraient vraiment savoir à qui la colonisation a réellement profité.

      Sûrement pas à la population de « gueux » qui étaient dans les classes sociales les plus basses (99% de la population) et qui par le biais de l’impôt ont dû financer les campagnes militaires de conquête, puis les infrastructures et les administrations coloniales, les profits générés par la colonisation ne servant JAMAIS à financer le coût de cette colonisation (sinon elle n’aurait jamais été rentable pour les « investisseurs ».

      La colonisation, c’est aller mettre en esclavage la population d’une zone géographique afin de dégager des profits indécents pour quelques oligarques, tout en vendant à la population du pays envahisseur la « grandeur » de cette action « civilisatrice » vis à vis de « sous-hommes » qu’il faut « éduquer aux valeurs » du pays prédateur, sans mentionner bien sûr que les populations conquises souffriront de conditions qui ne seraient pas acceptables par la population du pays « civilisateur »…
      Finalement, la colonisation a connu son apogée pendant la seconde guerre mondiale (Allemagne => pays de l’est, Japon => sud-est asiatique) avec un lot de massacres jusqu’ici inconnu.
      Puis la « guerre froide » a elle aussi connu son nombre de massacres « pour sauver la Liberté » et même encore aujourd’hui elle continue sans qu’on mentionne son nom mais en étant toujours aussi criminelle (moyen-orient entre autres, mais pas que)…

      La colonisation, l’épuration ethnique et la mise en esclavage font partie de l’ADN des « élites » et les « gueux » sont obligés de suivre car ils sont déjà colonisés en interne et ne sont là que pour financer par leur sang et leur travail les « bons vouloirs » des « élites » criminelles.

      Et bien sûr, si par malheur les anciennes victimes parviennent à se faire indemniser des crimes passés, ce ne sont pas les criminels ou leurs descendants (qui profitent toujours aujourd’hui des « biens mal acquis ») qui paieront les indemnisations mais les « moins que rien » qui n’ont pas choisi ces campagnes sanguinaires et qui n’ont pas non plus bénéficié des « retours sur investissements »…

      C’est beau la « démocratie », particulièrement quand elle est « républicaine »…

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  • douarn // 20.10.2023 à 19h13

    Je regrette que ce sombre décompte ne s’arrête qu’à 1920 et ne couvre pas l’ensemble de la période coloniale. Ainsi, plus de 5 millions d’indiens sont morts pendant la famine au Bengale de l’année 1943. Il y avait du grain stocké en Inde mais il n’a pas été distribué. Churchill, un descendant de l’aristocratique famille Spencer, avait déclaré que les Indiens avaient l’habitude de mourir de faim et d’ajouter : « Je déteste les Indiens. C’est un peuple d’animaux avec une religion bestiale. »

    Version originale : https://socialistworker.co.uk/features/winston-churchill-a-brutal-bully-and-racist-who-was-rightly-hated-by-many/
    Traduit en français https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/020218/winston-churchill-un-tyran-brutal-et-raciste-deteste-juste-titre-par-beaucoup

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