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8.avril.20208.4.2020 // Les Crises

Coronavirus : qui fait partie du «conseil scientifique», la nouvelle boussole de l’Etat ?

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Source : Le Parisien,

Onze chercheurs (infectiologues, virologues, réanimateur, anthropologue…) orientent depuis mercredi les décisions de l’exécutif.

Leur mission : « Éclairer la décision publique ». Depuis mercredi, onze chercheurs guident chaque décision prise par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe sur la gestion du coronavirus.

Ces neuf hommes et deux femmes forment ce que l’on appelle le « conseil scientifique ». Une sorte de cabinet d’experts, sur lequel s’appuie désormais le pouvoir politique à chacune de ses prises de parole.

La fermeture des établissements scolaires, le maintien du premier tour des municipales, puis les mesures drastiques annoncées samedi sur les commerces et les lieux de divertissement … Ces annonces ont toutes été validées par cette cellule qui rassemble des champs très divers de la recherche. Ses membres échangent chaque jour par vidéo-conférence, et devront se réunir au moins une fois par semaine à Paris.

Huit références dans tous les secteurs de la médecine

Parmi ce comité, on trouve d’abord un certain nombre d’éminences du monde médical. Le président, Jean-François Delfraissy, dirigeait jusqu’ici le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Il avait déjà été missionné au moment de la crise du virus Ebola en 2014 pour ses compétences en matière d’infectiologie et d’immunologie.

Trois autres infectiologues sont également mobilisés : Denis Malvy, spécialiste des maladies tropicales à Bordeaux; Didier Raoult, basé à Marseille et favorable à des recherches sur un traitement à base de chloroquine – une piste non retenue à l’heure qu’il est pour les premiers essais européens; Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat (Paris) et expert auprès de l’OMS. À noter que ces deux derniers sont régulièrement critiqués sur les réseaux sociaux pour avoir fortement minimisé fin janvier le risque d’épidémie en France.

Un virologue (Bruno Lina) et un épidémiologiste (Arnaud Fontanet) complètent cette équipe, tout comme une réanimatrice (Lila Bouadma) et un médecin de ville (Pierre-Louis Druais).

Le regard d’une anthropologue et d’un sociologue

Ce conseil réunit d’autres profils plus « originaux » mais tout aussi indispensables. Simon Cauchemez est modélisateur. Autrement dit, il apporte son expertise sur des calculs permettant d’évaluer la vitesse de transmission du virus, en fonction de sa transmissibilité et de l’intervalle de transmission.

Deux représentants des sciences humaines sont également présents. L’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault assume dans l’Opinion ne pas avoir « les mains dans le cambouis ». Son rôle à elle? Saisir la manière dont les Français appréhendent les directives du gouvernement. Elle a notamment travaillé sur la désinformation sévissant ces dernières semaines sur les réseaux sociaux.

Enfin Daniel Benamouzig, sociologue, donne son regard sur l’impact de cette crise sur l’économie et sur le fonctionnement du système de santé français.

Davantage de transparence dès lundi

À noter que les membres de ce conseil ne sont pas forcément toujours d’accord. Ce samedi par exemple, certains appelaient à aller plus loin et demandaient le confinement total de la France.

« De toute façon, on y viendra dans les prochains jours. On n’est plus du tout dans l’hypothétique », assurait l’un de ses membres, comme l’a raconté ce week-end le Parisien. De la même manière, la crédibilité de certaines projections de contagion, révélées par Le Monde et ayant alarmé l’Elysée, n’a pas fait l’unanimité.

L’aval du « conseil scientifique » sur le maintien du premier tour des élections municipales a par ailleurs surpris. « Il n’y avait pas d’élément pour penser qu’il y aurait un sur-risque pour ces personnes à condition que les élections soient organisées de façon pratique […]. Le risque n’était pas plus grand que la possibilité qu’on leur laisse de continuer de faire leurs courses », s’est justifié vendredi le professeur Delfraissy.
Le gouvernement, accusé de laxisme et d’irresponsabilité, répète s’être appuyé sur cet avis. Mais pour éviter un nouvel épisode de confusion, chaque réunion du conseil va désormais faire l’objet d’une communication publique. « On va faire de la transparence sur qui sont ces scientifiques pour éviter les thèses complotistes à leur égard, a ajouté l’Elysée auprès de l’Opinion. Il faut qu’on les protège de la vindicte populaire ». Sans doute pour mieux se protéger aussi.
Source : Le Parisien,

Coronavirus. Qui sont les experts du Conseil scientifique mis en place par Emmanuel Macron ?

Source : Ouest-France, Philippe Richard, 17-03-2020

Depuis la semaine dernière, un Conseil scientifique installé à la demande d’Emmanuel Macron doit fournir au gouvernement les éléments sur l’évolution de la situation sanitaire afin d’éclairer la gestion de la crise du coronavirus.

Huit médecins, un mathématicien, un sociologue, une chercheuse

Le Conseil est présidé par Jean-François Delfraissy, médecin immunologiste et président du Comité consultatif national d’éthique. Dix autres experts constituent le groupe. Parmi eux, on compte trois infectiologues : Yazdan Yazdanpanah (hôpital Bichat, Paris), Denis Malvy (groupe hospitalier Pellegrin, Bordeaux), Didier Raoult (CHU de la Timone, Marseille). Lila Bouadma (hôpital Bichat) est réanimatrice, Bruno Lina (Hospices civils de Lyon), professeur en virologie, Pierre-Louis Druais, médecin généraliste et membre de la Haute autorité de santé, et Arnaud Fontanet (Institut Pasteur), épidémiologiste, spécialiste des maladies émergentes.

Seuls trois membres ne sont pas médecins : le mathématicien Simon Cauchemez (Institut Pasteur), spécialiste des modélisations des épidémies, Daniel Benamouzig (Institut de santé publique), sociologue, et Laëtitia Atlani-Duault (Institut de recherche pour le développement), qui coordonne le programme scientifique « Changements globaux et risques infectieux émergents ».

Recommandations et rapports

Le Conseil avait été consulté jeudi et samedi, avant les décisions de fermer les écolesmais de préserver l’élection, puis de fermer tous les commerces « non indispensables à la vie du pays ».

Avant l’allocution du président de la République, hier soir, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a recommandé, lors d’une visioconférence avec le Premier ministre Édouard Philippe, un « confinement à l’italienne », justifié par « l’attitude problématique des Français et l’accélération de la contagion ».

Le Conseil scientifique devait livrer au gouvernement un document de synthèse dimanche soir, amené à être rendu public après l’intervention d’Emmanuel Macron. L’Élysée a précisé qu’un tel document serait publié après chacune des prochaines réunions afin d’éteindre les rumeurs de dissimulation.

Source : Ouest-France, Philippe Richard, 17-03-2020

Des premiers cas de Covid-19 au confinement : le récit du peu connu conseil scientifique du gouvernement

Source : Sciences et avenir, Camille Gaubert, 17-03-2020

Ils sont 11, et ce sont les fameux « scientifiques » auxquels les membres du gouvernement font référence à chaque nouvelle annonce concernant l’épidémie de Covid-19. Dans un souci de transparence, ils racontent l’envers du décor.

Un « basculement« , une « réalisation » : lorsque début mars 2020 l’épidémie de Covid-19 prend une nouvelle tournure, un comité d’expert est constitué par le gouvernement. Composé de 11 membres, ces derniers relatent les circonstances qui ont mené aux dernières prises de décisions politiques et, ultimement, à un confinement inédit de la population française.

5% de malades graves, l’obésité à surveiller

« Nous avons senti le basculement à partir de la fin de la première semaine de mars« , témoigne le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat et membre du conseil scientifique guidant les dernières décisions gouvernementales concernant l’épidémie de Covid-19. « Nous avons vu arriver des malades graves dans les services de réanimation et de maladies infectieuses« , et « on voyait pour la première fois que sa mortalité était supérieure à celle de la grippe« . Ces malades graves comptent pour 5% des patients, et plus de la moitié ont plus de 60 ans. Les malades graves du Covid-19 ont besoin de plus de ventilation et d’un délai d’hospitalisation plus long de la grippe – jusqu’à trois semaines – et ont plus souvent besoin d’être intubés, explique le médecin.

Un facteur de risque encore peu connu est l’obésité, révèle le Pr Yazdanpanah. Chez les personnes jeunes (30 à 40 ans), ce surpoids semble augmenter la durée de séjour.

« Le temps s’accélère »

Face à ce nouvel afflux, l’épidémie apparait sous un nouveau jour. Depuis le 24 janvier, jour de déclaration du premier cas venu de Chine, la situation évoluait par à-coups, avec les cas des Contamines-Montjoie, attribués à un anglais venu de Singapour. Puis un enseignant meurt à l’hôpital, révélant le foyer caché dans l’Oise : « le temps s’accélère soudain« , raconte Arnaud Fontanet, épidémiologiste lui aussi membre de conseil scientifique. En Italie, la situation s’emballe. « Nous rentrons dans une deuxième phase avec plusieurs clusters (foyers de contamination, ndlr) de plus en plus difficiles à contenir« . Les 7 et 8 mars, à la fin de cette fameuse première semaine dont parlait le Pr Yazdanpanah, « la situation bascule avec 81 nouveaux cas à Mulhouse en l’espace de 24h, suite au rassemblement évangéliste« , continue Arnaud Fontanet. C’est une « prise de conscience« , la réalisation que l’épidémie « passe à la vitesse supérieure« .

Des « décisions difficiles » basées sur des données « parcellaires »

Le jeudi 12 mars, le conseil scientifique ne dispose encore que de données « parcellaires » sur la façon dont le virus touche les enfants, se rappelle Arnaud Fontanet. Néanmoins, « les premières données chinoises montrent qu’il les infecte autant que les adultes« , ce qui a guidé la décision « très difficile » du conseil scientifique : recommander la fermeture des établissements scolaires et universités, et l’isolement des personnes de plus de 70 ans. « De 34 cas de malades en réanimation mardi dernier, nous en avons aujourd’hui mardi 17 plus de dix fois plus« , précise le Pr Jean-François Delfraissy, spécialiste en immunologie, et qui dirige le conseil scientifique.

« La perception de la gravité de la maladie par les Français est très évolutive, et c’est normal« , constate alors Laetitia Atlani-Duault, directrice de recherche en anthropologie sociale à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et membre du conseil scientifique. « Entre prise de décision et acceptation sociale, il y a un monde… Qui se trouvait dans les parcs et jardins dimanche dernier« , remarque le Pr Jean-François Delfraissy. Lors du confinement, il faudra encore compter avec la gestion psychologique et aux angoisses de la population, ajoute Laetitia Atlani-Duault.

Les modèles mathématiques plus décisionnels que prédictifs

Ce conseil scientifique n’a été créé qu’il y a 10 jours, et compte autant de membres – auquel peut s’ajouter le médecin infectiologue Didier Raoult – qui se réunissent quotidiennement. Les décisions difficiles s’enchaînent, basées notamment sur des modèles mathématiques parfois alarmants. « Les chiffres de 300.000 à 500.000 morts et de 50% des Français touchés circulent, mais les modèles mathématiques font souvent des prédictions exagérées« , tempère Arnaud Fontanet. Il rappelle que la vache folle a fait 200 morts, là où les modèles en prévoyaient mille fois plus. « Il est très difficile de prédire quelle trajectoire suivra l’épidémie« , aussi les modèles servent-ils plutôt à « tester les mesures qui vont avoir le meilleur impact« .

Les premiers effets du confinement total des Français devraient être perceptibles à la fin des 15 jours prescrits par le gouvernement. « Le risque d’un ‘lock-down’ total à la chinoise, c’est que l’épidémie reparte de plus belle lorsque tout sera rouvert et que les gens ne seront pas immunisés« , pointe tout de même le Pr Jean-François Delfraissy. « Nous referons le point dans deux semaines« . « L’enjeu est d’écrêter l’épidémie et en particulier l’arrivée des formes graves de la maladie, afin d’éviter la submersion des services de réanimation« , sans pour autant laisser de côté les gens qui souffrent d’autre chose que du Covid-19, conclut-il.

Source : Sciences et avenir, Camille Gaubert, 17-03-2020

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2 réactions et commentaires

  • JN // 09.04.2020 à 17h13

    « Didier Raoult, basé à Marseille et favorable à des recherches sur un traitement à base de chloroquine (…) régulièrement critiqués sur les réseaux sociaux (…) »

    ok, un petit, mais alors tout petit détail manque pour présenter Raoult non? Considéré comme surement le meilleur, le plus calé sur les virus au monde. Et il est critiqué sur les réseaux sociaux? Mais de la part de qui, à part le gouvernement et ses petits copains???

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