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30.juin.202230.6.2022 // Les Crises

Dans la France d’Emmanuel Macron, même les diplomates font grève contre les coupes budgétaires

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Emmanuel Macron s’est servi de la guerre en Ukraine pour renforcer sa crédibilité comme homme d’État mondial. Pourtant, la grève du corps diplomatique, la semaine dernière, montre comment ses recettes néolibérales ont vidé l’État français de sa substance.

Source : Jacobin Mag, Harrison Stetler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La réforme du ministère des Affaires étrangères fait partie d’un désaccord plus large entre des segments de la haute fonction publique et le gouvernement d’Emmanuel Macron. (Antoine Gyori / Corbis via Getty Images)

La manifestation du 2 juin à Paris portait tous les signes habituels d’une action ouvrière française, avec un représentant syndical revêtant le maillot à mailles rouges de la Confédération générale du travail (CGT) et des pancartes en carton appelant à défendre les services publics. Mais la mobilisation, l’une des premières du second mandat d’Emmanuel Macron, est venue d’une source surprenante : le corps diplomatique français. Sur l’esplanade gazonnée située entre le musée militaire des Invalides et le siège de l’administration diplomatique, le Quai d’Orsay, au cœur d’un quartier qui regorge d’ambassades étrangères et d’appartements de luxe, le rassemblement de plusieurs centaines de travailleurs du ministère des Affaires étrangères offrait un spectacle exceptionnel.

Première au ministère depuis 2003, la grève d’une journée du 2 juin était une action commune entre le siège parisien et le réseau mondial des consulats et ambassades de France – le troisième plus grand réseau diplomatique au monde, après ceux des États-Unis et de la Chine. Selon les organisateurs, près d’un millier de fonctionnaires ministériels, tant contractuels que statutaires, ont participé à ce débrayage, auquel se sont joints également une trentaine de généraux consulaires et d’ambassadeurs.

Les diplomates protestent contre une série de changements apportés à la haute fonction publique française, dans le cadre d’une réforme plus large dont le coup d’envoi a été donné au cours du premier mandat de Macron par une loi élaborée en 2019. Cette loi a provoqué des protestations et des mouvements de grève ailleurs dans l’État français (comme lors de la grève des travailleurs municipaux au printemps dernier). Ce nouveau mouvement, relayé sur Twitter par le slogan #diplo2métier, s’oppose à la suppression du statut spécifique des diplomates français, appelés à être fondus dans un vivier commun de fonctionnaires de la haute fonction publique. Cela ouvrira la voie, craignent les diplomates en grève, à « l’interchangeabilité » des fonctionnaires entre les ministères et les services de l’État.

« La diplomatie est une réelle profession », affirme Olivier da Silva, porte-parole de l’alliance intersyndicale et ancien ambassadeur au Cap-Vert, qui a plus de trente ans d’expérience dans le corps diplomatique.

« Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez exercer de temps en temps. Ce que dit la réforme, c’est que vous irez travailler dans d’autres ministères, sans savoir si vous reviendrez aux affaires étrangères. Il y a un sentiment de dépossession. Cela ne veut pas dire que cette profession nous appartient. On ne naît pas diplomate ou consul, on le devient au fil des expériences et des recrutements.»

L’un des arguments du gouvernement pour cette réforme est la volonté de briser les barrières qui sépareraient les autres ministères du Quai d’Orsay – entendre, dans le langage politique français, le ministère des Affaires étrangères. « Nous ne sommes pas hostiles aux autres administrations, ni aux fonctionnaires qui viennent d’autres ministères », rétorque un diplomate qui s’est confié à Jacobin sous couvert d’anonymat, racontant avoir travaillé à l’ambassade de France en Inde aux côtés des divers attachés d’autres administrations. « Je ne veux pas devenir attaché agricole, et elle ne voudrait pas non plus prendre mon poste. Nous avons besoin qu’ils fassent leur travail, tout comme ils ont besoin que nous fassions le nôtre. »

Mais il ne s’agit pas seulement de carrières bouleversées pour ces fonctionnaires, qui sont également abasourdis par le projet de démanteler un service diplomatique professionnel à un moment de profonde instabilité mondiale. « Nous sommes inquiets de la fragilité croissante de notre offre diplomatique », explique Da Silva à Jacobin. « Au moment où c’est de nouveau la guerre en Europe, où il y a des crises un peu partout, et où les grandes puissances, et leurs appétits, sont de retour, sur fond de redécoupage de la mondialisation ! Non seulement ce n’est pas le bon moment pour s’occuper de ça, mais c’est peut-être le pire ! »

Des coupes à long terme

Ce sont là les causes immédiates de la grève du 2 juin, mais le mouvement est venu cristalliser un mécontentement persistant face à une réduction depuis des décennies des moyens et des financements alloués au Quai d’Orsay. « Ce mouvement social, lit-on dans le communiqué intersyndical du ministère, publié le jour de la grève, est le résultat d’un profond malaise partagé par nos agents de toutes catégories et de tous statuts résultant de la succession des réformes, de la réduction massive des moyens humains et financiers, des inégalités de traitement entre personnes exerçant les mêmes métiers et des risques pesant sur notre statut professionnel résultant de la fin du corps diplomatique. »

Au cours des dix dernières années, le ministère a perdu quelque 30 % de ses employés, les diplomates présents au rassemblement du 2 juin comparant les ressources et les effectifs réduits à ceux dont disposent d’autres délégations étrangères. La diminution des effectifs des ambassades et des consulats s’est également accompagnée d’un recours croissant à des contractuels de courte durée, qui se sont également mobilisés le 2 juin, même si la réforme spécifique vise essentiellement quelque huit cents fonctionnaires du ministère ayant le statut de hauts fonctionnaires.

Les diplomates demandent la tenue d’une convention ministérielle pour discuter des problèmes plus généraux du ministère des Affaires étrangères et trouver un accord mutuel sur l’application de la réforme de la fonction publique. Cette « goutte d’eau qui fait déborder le vase » d’une longue série de griefs risque de compromettre l’arrivée au pouvoir du nouveau ministre des Affaires étrangères, la diplomate de carrière Catherine Colonna, qui a accepté de rencontrer les représentants du mouvement le 7 juin. Le prédécesseur de Mme Colonna, Jean-Yves Le Drian, avait émis des critiques prudentes quant à l’application de la réforme au corps diplomatique.

Au-delà d’une suspension de l’application du paquet réforme, ces négociations doivent être l’occasion d’un dialogue franc sur les priorités ministérielles, selon le représentant syndical CGT Alain Maestroni. « Où allons-nous ? Quel type de diplomatie la France doit-elle avoir dans le monde ? Quels moyens et quelles ressources sommes-nous prêts à y consacrer ? »

Un service public

Le Quai d’Orsay a sans doute ses spécificités. Mais à l’opposé de l’image compassée du ministère des Affaires étrangères, et des clichés qui en font une chasse gardée des aristocrates, les diplomates grévistes inscrivent leur mobilisation dans le contexte plus large du recul des services publics. « Il est vrai que les problèmes à l’origine de ce mouvement sont spécifiques au ministère des Affaires étrangères », dit Maestroni, mais

« La notion de service public est centrale. Le ministère ne fait pas que de la diplomatie. C’est aussi un service public rendu aux 2 millions de Français qui vivent à l’étranger, où nous assurons tous les services qu’une mairie ou une préfecture assure en France : le traitement des passeports, l’état civil, la délivrance des aides sociales et des bourses scolaires, l’assistance aux Français en danger, les évacuations sanitaires. »

La réforme du Quai d’Orsay fait partie d’un désaccord plus large entre des segments de la haute fonction publique et le gouvernement de Macron. Si les contacts avec ces autres poches de mécontentement sont encore limités, il existe une lassitude commune face à la volonté du président de redessiner les hiérarchies, les protocoles et les parcours professionnels au sein de l’État français. En avril 2021, par exemple, le gouvernement de Macron a annoncé la fermeture de la célèbre École nationale d’administration (ENA), qui a été remplacée en janvier dernier par le nouvel Institut du service public, homogénéisant ainsi la formation reçue dans la haute fonction publique. Le 2 juin, la promotion actuelle de l’école s’est également mise en grève.

Le président français aime depuis longtemps ce qu’il appelle la « disruption ». Mais il y a une véritable confusion partagée par ces diplomates quant à la logique de cette réforme. Macron a critiqué les supposés « corporatismes ou castes administratives » au sommet de l’Etat, une accusation lancée par le gouvernement actuel contre tout groupe organisé ou institutionnalisé de travailleurs, en costume ou non.

Mais en ce qui concerne le corps diplomatique, il est possible qu’il y ait autre chose en jeu : l’autonomie relative du service extérieur par rapport à la présidence, qui possède déjà une marge de manœuvre en termes d’établissement de l’agenda de la politique étrangère de la France. Dans un discours prononcé en août 2019 devant la conférence des ambassadeurs de France, le président français a évoqué ses frustrations en 2019 face à ce qu’il a appelé un « État profond » exerçant une influence sur le Quai d’Orsay, qui se serait opposé au réengagement stratégique souhaité avec la Russie.

Qu’il s’agisse d’escarmouches ou pas sur l’atlantisme supposé du ministère des Affaires étrangères, des sources au sein du ministère affirment que ce qui motive réellement le remaniement de la haute fonction publique par Macron, c’est qu’il la considère comme un obstacle à son programme. Elles craignent néanmoins que cette réforme permette au président de placer plus facilement des alliés au sein du ministère. « Elle risque d’être encore pire que le système américain des dépouilles » a déclaré une source à Jacobin, notant que les nominations politiques des présidents américains sont étayées par un bloc inamovible de diplomates de carrière qui passent par le concours du service extérieur américain. C’est cette couche de diplomates que les nouvelles réformes mettent en péril, dans le cadre de ce que Maestroni a reconnu comme une « Ubérisation » du corps diplomatique et de la haute fonction publique.

Il y a une rupture entre les personnes qui gèrent les affaires de l’État et celles qui fixent les priorités. « La pensée économique efface la politique », a suggéré la source. « Il y a cette idée que tout se résume à un contrat. » À la tête d’un pays qui se présente souvent comme une « puissance d’équilibre » diplomatique à une période de crise géopolitique mondiale, Macron semble s’être fait de nouveaux et intempestifs détracteurs.

Contributeur :

Harrison Stetler est journaliste indépendant et enseignant basé à Paris.

Source : Jacobin Mag, Harrison Stetler, 11-06-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Hiro Masamune // 30.06.2022 à 07h54

Les vassaux ça n’a pas besoin de diplomates , les suzerains en décident pour eux.
Il y a qu’à voir comment les pontes de l’UE essaye de s’incruster partout pour comprendre le swap en cours.

30 réactions et commentaires

  • Hiro Masamune // 30.06.2022 à 07h54

    Les vassaux ça n’a pas besoin de diplomates , les suzerains en décident pour eux.
    Il y a qu’à voir comment les pontes de l’UE essaye de s’incruster partout pour comprendre le swap en cours.

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    • Kaki // 30.06.2022 à 12h11

      Hiro masamune, je suis d’accord avec vous et j’aimerais aller au bout du raisonnement. Tant qu’à faire pourquoi ne pourrions pas participer à l’élection américaine ?

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      • Maximytch // 30.06.2022 à 15h15

        Les citoyens de l’empire Romain ne participaient pas aux élections à Rome et n’étaient même pas citoyens (juqu’au 3eme sciècle Ap JC) . Pourquoi l’Amérique nous accorderait ce droit?
        Nous sommes déjà à la limite de la servilité.

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    • 6422amri // 30.06.2022 à 12h44

      Les vassaux n’ont pas besoin de diplomates, les suzerains décident pour eux.
      Il suffit de constater comment les pontes de l’EU essaient de s’incruster partout pour comprendre les changements en cours.

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    • Larousse // 02.07.2022 à 17h29

      C’est exactement ce que j’allais écrire… Mais en l’approuvant… car la soumission est en fait un élément confortable…On n’a pas à réfléchir… Donc oui, il faut assumer… on est vassal… et on s’en porte on ne peut mieux !… Du moins beaucoup qui ont voté Macron… La nation française, Peugeot, Renault, Alsthom… on s’en fout… même quand les médias râlent pour les amendes astronomiques que mettent les Américains… On s’en fout… au pire ça tournera au vinaigre quand la Chine et l’inde auront leurs mots à dire.. Mais d’ici là on s’en fout, on aime les Etats-Unis.. et c’est ainsi ! D’ailleurs regardez Macron a raison de le montrer en interpellant Biden sur le pétrole… lui au moins il est concret, il nous défend auprès de son suzerain… Et alors… c’est mieux que le « traître d’Orban » ou la Serbie…

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  • Urko // 30.06.2022 à 08h06

    La République s’épuise, littéralement, à dilapider des ressources prodigieuses dans des domaines où son État n’a pas une vocation évidente à intervenir, mais elle sabre dans les investissements et dans son appareil régalien tout en maintenant des niveaux de prélèvements obligatoires qui n’ont rien d’anodin ni de « libéraux ». Je ne suis pas sûr que le libéralisme ou le néolibéralisme se trouvent à la source de cet « investissement » très profond de l’Etat sur le social – il paraît que ça coûterait « un pognon de dingue » – puis de son effacement programmé des domaines régaliens, dont la diplomatie : quoi qu’on pense de la nocivité du néolibéralisme, il ne faut pas non plus lui imputer le moindre dysfonctionnement, surtout quand ses théoriciens prônent l’exacte inverse de ce que ses adversaires lui attribuent. En revanche, oui, la culture du « management », peut servir d’habillage à ce qui ne relève que d’une tendance à l’œuvre avant Macron d’ailleurs : la République n’a plus de moyens pour les missions de base de son administration, notamment parce que l’économie française, sur laquelle ladite administration prélève ses ressources, se fait saigner par la mondialisation dont ne profitent pas assez de personnes, tandis que l’accroissement de la précarité (désindustrialisation, immigration familiale peu ou pas formée mais à la natalité subventionnée, niveau scolaire en baisse dans plusieurs zones, vieillissement, inflation plus ou moins masquée) l’oblige à consacrer toujours davantage de moyens à l’interventionnisme social.

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    • Patrick // 30.06.2022 à 11h08

      ça fait des années que l’on nous serine des histoires de libéralisme et de néo-libéralisme.
      J’ai du mal à voir la moindre parcelle de libéralisme dans la gestion de la France, et j’ai de plus en plus de mal à comprendre ce que recouvre le terme néo-libéralisme à part une solide couche de bureaucratie sur des petits arrangements entre copains et entre coquins.

      Donc , en dépensant de plus en plus de pognon de dingue , l’état a de moins en moins de budget pour s’occuper de ses vraies missions, on a de plus en plus de couches d’administratifs , de subventions , de réglementations mais de moins en moins de monde sur le terrain.

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      • Orhan // 30.06.2022 à 11h37

        Le libéralisme (pas besoin de lui accoler le terme néo c’est vrai) se voit dans les discours encourageant systématiquement l’esprit d’entreprise et des notions creuses comme innovation, et concrètement dans la destruction des lois socialistes protégeant les salariés, ainsi que surtout la main basse et la destruction progressive des rares institutions communistes (cotisations, qu’elle soit pour le chômage ou pour la santé), des monopoles d’Etat sur l’énergie ou les transports, etc. Après, ce ne sont pas vraiment des « conquêtes » libérales, mais plutôt des « destructions » sociales.

        Mais en fait concrètement, il n’y a pas au sens strict de libéralisme : puisque le but est de d’enrichir et continuer à enrichir les hauts bourgeois. Peu importe comment, ils ne sont pas idéologues là-dessus. Privatiser les profits, socialiser les pertes, faire appel au budget de l’Etat, etc. Tout est bon à prendre du moment que l’argent va dans les bonnes poches.

        Kleptocratie, ploutocratie. Le libéralisme est une étiquette marketing avant d’être une réalité. Tout comme peut l’être le mot « socialiste » dans « Parti socialiste ».

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        • Patrick // 30.06.2022 à 11h58

          Les monopoles d’état ont largement démontré leur faillite.
          Par exemple si on considère les transports, qu’est-ce qui justifierait que le transport soit un monopole d’état ? Que l’état gère les infrastructures ,c’est normal. Mais pour le reste ?
          Si on prend la SNCF comme exemple : la SNCF est le premier logisticien de France et un des plus gros en Europe grâce à sa filiale SNCF Logistics qui est en fait une entreprise privée qui gère des camions , des bateaux , des avions.
          La partie étatique de la SNCF n’a jamais été capable de transporter quoi que ce soit dans de bonnes conditions.

          Pour l’énergie , la gauche a obtenu l’étatisation totale de l’électricité à la libération et tout le reste a été interdit. Là aussi , que la gestion de l’infrastructure soit supervisée par l’état c’est normal , mais on voit aujourd’hui les impasses dans lesquelles nous nous trouvons.

          Le libéralisme ne consiste pas à privatiser les profits er socialiser les pertes , ça c’est du capitalisme de connivence et c’est l’état , géré par des gens peu scrupuleux, qui est à l’origine de cet état de fait.

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          • Micmac // 01.07.2022 à 19h47

            Non, la « gestion étatique » des services publics à très largement prouvé son efficacité.

            La SNCF fonctionnait très bien, y compris le transport de marchandises, jusqu’à ce qu’on décide d »‘ouvrir à la concurrence », et qu’on commence à tout réorganiser dans ce but. Aujourd’hui c’est catastrophique, et le train transporte de moins en moins de marchandises (mais plein par camions…).

            Bien sûr, on a aussi l’exemple des chemins de fer britanniques re-nationalisé parce que plus rien ne fonctionnait après la privatisation.

            C’est toujours la même histoire : on bousille le service public pour pouvoir justifier sa privatisation. L’UE avait carrément pondu une circulaire sur la question il y a quelques années.

            Ne parlons pas de la véritable catastrophe nationale qu’a été l’ »ouverture à la concurrence » d’EDF/GDF. les tarifs du gaz ont littéralement explosé depuis cette décision (censés faire baisser les prix).

            Le cas de GDF est particulièrement affligeant : plus de 400% d’augmentation du prix du gaz et de l’abonnement depuis que DSK a décidé l’ouverture au capital (et ce avant la crise actuelle). GDF ne vendant pas à perte, des gens se gavent littéralement sur notre dos. Et pire, ces entreprises gazière ne déclarent presque pas de bénéfices! Elles jouent à fond sur les filiale à l’étranger pour « optimiser » fiscalement.

            Ne parlons pas d’EDF forcé de vendre à perte à ses concurrents…

            J’en passe et des meilleurs. Toutes ces « ouvertures à la concurrence » ont des effets catastrophiques, mais pas pour tout le monde…

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        • Dominique65 // 01.07.2022 à 08h03

          Le néolibéralisme n’est pas un concept creux, c’est lorsque l’appareil D’état se met entièrement au service du capitalisme. Par exemple lorsque les États décident de se subordonner aux multinationales via des tribunaux d’arbitrages. C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi l’UE, chantre du néolibéralisme, n’est pas plus attaquée par ceux qui se prétendent de gauche (ce que je ne fais pas).

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      • Urko // 30.06.2022 à 13h55

        Le libéralisme mis en œuvre présente bien des faiblesses, comme toute organisation humaine, mais ses détracteurs ont tendance à lui imputer n’importe lequel des problèmes qu’ils perçoivent, même ceux avec lesquels il n’a guère de rapports. En l’occurrence, l’épuisement des ressources par les transferts sociaux incontrôlés qui asséche les budgets de la diplomatie, de la santé ou de l’aménagement du territoire (j’ai lu votre opposition aux monopoles dans les transports et je n’en partage pas du tout le fond) ne provient pas directement du libéralisme. Indirectement, je veux bien admettre que, si l’on tient que la mondialisation procède du libéralisme, alors les dégâts que cette dernière cause selon moi aux classes populaires et moyennes occidentales procèdent bien dudit libéralisme, le socialisme ne fournissant alors qu’un amortisseur à ces dégâts. En un sens, le libéralisme incarné dans le l’idéologie du libre échange (circulation des capitaux, des marchandises et des travailleurs immigrés) produit in fine du socialisme, qu’en France, la classe politique tient en outre pour un mode de régulation commode des tensions, voire d’achats de voix financés par autrui. Après, vous avez des auteurs libéraux qui considèrent que la mondialisation constitue un dévoiement du libéralisme. Personnellement, ce mix blairiste entre libéralisme extérieur, mâtiné de discours managériaux sinon creux du moins inadaptés à un état, et socialisme intérieur a bien servi les intérêts de trop peu de gens et il n’apparaît plus pertinent. Vous voulez moins de socialisme ? Votez pour moins de mondialisation.

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        • Dominique65 // 01.07.2022 à 08h07

          Oui bien sûr, les transferts sociaux, pas ceux vers les paradis fiscaux. Cela dit, si on ne laisse pas les entrepreneurs construire leurs projets, il est évident qu’on n’ira pas loin. Il faut même les soutenir. Mais ça peut se faire dans une certaine justice sociale.

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    • 6422amri // 30.06.2022 à 13h06

      L’état en France consacre 38 % de son PIB aux dépenses sociales, à l’aide, le plus haut taux de tous les pays industrialisés. La France est le cinquième exportateur mondial, avant c’était la GB mais le Brexit est passé par là… dépose plus ou moins 11.000 brevets industriels et scientifiques par année, en 2019 la France a accepté le plus haut niveau d’investissements provenant de l’étranger et jamais les entreprises françaises n’ont acheté autant de concurrentes partout à l’étranger.

      Le problème n’est pas uniquement la mondialisation. L’Allemagne avec des salaires bien plus élevés que la France est un géant mondial de l’exportation grâce à un réseau de PME, très spécialisées, dans des produits de pointe, une formation professionnelle (comme la Suisse), une sélection impitoyable des gens pouvant faire des études universitaires, etc.

      La France est un pays ou TOUT le monde veut plus, année après année, peu importe le secteur.

      Les gouvernements français depuis 1974 (Giscard) ont poursuivi une politique identique, les services plutôt que des produits, les disons gouvernements socialistes, Mitterrand pendant 15 années, avec ou sans cohabitation, Hollande n’ont rien fait de différent.

      L’immigration familiale peu ou mal formée..il manquait cette opinion, la préférence nationale n’est pas loin comme les médecins bulgares ou algérien ? L’éboueur malien que voulez-vous a oublié les temps ou Giscard avec les caméras de la télévision, lui offrait des croissants, le matin à l’aube.

      Vous et l’autre intervenant Patrick vous trouvez que l’état fait trop, les fonctionnaires, etc. Je vous conseille la vie aux USA ou l’état est réduit à sa plus simple expression, ou pratiquement tout est privatisé, de la naissance à la fin, je vis dans ce pays depuis 30 années, je vois la misère dans la rue, le darwinisme social impitoyable, un pays ou la peur de perdre son emploi, son assurance maladie, son logement, d’être malade fait pédaler tout le monde…plus moi heureusement.

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      • Patrick // 30.06.2022 à 13h21

        Nous considérons surtout que l’état fait mal les choses avec une vision à courte vue et souvent dans l’intérêt électoral de ceux qui dirigent et font des promesses pour être réélus, ou simplement dans une vision totalement bureaucratique dans laquelle tout doit être sous le contrôle de l’administration , surtout quand elle est incompétente sur le sujet.
        Un exemple ? le système de santé français , avec des budgets confortables bouffés par la bureaucratie et tout l’administratif que nos énarques ont su imposer. C’est un dénommé Castex qui avait mis en place tout le système de la T2A et des ARS. Bilan : une catastrophe, des milliers de fonctionnaires « bureaucrates » qui empêchent les autres de bosser ou leur demande de remplir des tableaux excel la moitié du temps.

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        • 6422amri // 30.06.2022 à 13h36

          Je vous conseille la Somalie ou l’état ne gène personne. Votre discours c’est de l’ortho-libéralisme.

          Le système hospitalier français a des coûts administratifs qui sont parmi les plus bas au monde. Aux USA plus de 40 % des coûts médicaux c’est de l’administration. En Suisse le pays avec le système médical le plus cher du monde, la situation est identique. En France la publicité sur les médicaments ou les soins de santé est interdite, ce qui en fait baisser le coût.

          L’intérêt de ceux qui dirigent ? Vous avez des exemples ?

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          • Patrick // 30.06.2022 à 13h57

            système hospitalier français : encadré par les ARS ( uniquement des bureaucrates )
            Pour la région AURA , l’ARS c’est presque 1000 personnes avec un budget avoisinant les 80 millions d’€.
            Si on considère que ces gens là font remplir des km de tableaux Excel , quel est le vrai coût de cette gabegie ?
            Un chef de service qui passe son temps à faire de la paperasse est considéré comme soignant , pas comme administratif.
            Selon la Cour des Comptes , la bureaucratie représente la moitié du budget.

            En ce qui concerne la Somalie ou les USA , je m’en cogne . C’est le système français qui m’importe.

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            • 6422amri // 30.06.2022 à 14h05

              Vous n’avez aucun chiffre, vous supposez. Les pays ou les gens sont le plus contre les fonctionnaires, l’état sont aussi souvent les pays ou les systèmes sociaux sont les plus déficients. Je parle d’expérience…
              La SNCF idem…

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  • Myrkur34 // 30.06.2022 à 08h12

    Niveau pouvoir réel et influence, nous allons bientôt finir comme au temps du roi de Bourges. Bientôt le retour de la maison de Bourgogne ainsi que des armagnacs..

    Finalement les films de cape et d’épée des années 60 avec Bourvil et Marais n’étaient pas juste sympathiques mais carrément divinatoires. :o)

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  • Gracias // 30.06.2022 à 08h34

    Et dans quelques mois ou années, on va peut-être découvrir que c’était une « suggestion » de Bruxelles, sous couvert de tel ou tel besoin, visant d’abord à vider la France de son potentiel d’emmerdeuse (c à d de lucidité et de liberté)

    Le troisième réseau diplo mondial, c’est une sacrée épine dans le pied de la suprématie UE. Si un vent de souveraineté venait un jour à souffler de nouveau sur notre pays, on dérangerait (déjà qu’au sujet de l’ Ukraine, nos quelques timides demi-fausses notes donnent des vapeurs au « bloc » )

    Alors autant pousser Macron du côté où penche sa vanité et l’encourager vers plus de vide sous des habits d’absolutisme.

    Quand on dit Bruxelles, comprendre « la bouillie néo libérale wasingto-davo-bruxello-psychotique » qui perd chaque jour plus contact avec la réalité, mais croit posséder le monde comme la puce croirait posséder le chien.

    Bref, la courbe exponentielle plongeante de l’Occident suit sa trajectoire normale, et la France s’attache une pierre de plus au cou pour tenir le rythme.

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  • vert-de-taire // 30.06.2022 à 08h47

    *** Il y a une rupture entre les personnes qui gèrent les affaires de l’État et celles qui fixent les priorités. « La pensée économique efface la politique », a suggéré la source. « Il y a cette idée que tout se résume à un contrat. » ***

    Cette phrase résume bien la politique du capital : détruire la puissance des États comme émanation de la volonté publique, pour la soumettre à la volonté versatile et totalitaire du capital qui fonctionne par coups (fourrés).
    Gérer un État, une Nation, la bonne vie d’une population et faire du fric sont des objectifs et des tâches orthogonales.
    La trahison des élites qui détournent l’État de ses rôles (coordonner la volonté nationale) permet maintenant au grand capital de justifier la mise au pas des institutions. C’est une prédation civilisationnelle des riches puisqu’elle touche les pouvoirs législatif exécutif et judiciaire. La diplomatie des nations est préemptée par les marchands prédateurs – ce basculement depuis longtemps achevé aux États-Unis (peut-être dès sa formation) c’est le parfait young-leader Macron qui l’exécute.

    Une fois de plus, je ne comprends pas que nombre de mes contemporains pousse à ce suicide collectif, à prolonger la soumission à l’Empire bien connu pour être sanguinaire avec toute la planète.

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    • calal // 30.06.2022 à 09h04

      « ce basculement depuis longtemps achevé aux États-Unis (peut-être dès sa formation) c’est le parfait young-leader Macron qui l’exécute. »

      pas tout a fait exact tant que les americains conservent leur constitution,surtout leur 2nd amendement…
      D’ailleurs des americains impriment leurs armes a feu sur des imprimantes 3d…

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    • Patrick // 30.06.2022 à 12h03

      « La pensée économique efface la politique »
      Il y a surtout des gens ( politiciens comme électeurs ) qui sont incapables de faire la part des choses et de bien séparer les deux niveaux, beaucoup de politiciens pensent que la politique peut diriger l’économie et ils sont crus par beaucoup d’électeurs.

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    • 6422amri // 30.06.2022 à 13h30

      Ce basculement depuis longtemps achevé aux États-Unis..rien n’est moins vrai. Je vis dans ce pays depuis 30 années.

      Vous énoncez une généralité qui ne s’apllique pas. C’est un système fédéral dans lequel les 52 états ont des compétences exclusives. L’état du Vermont n’a rien à voir avec le Nouveau-Mexique.

      Il y a des états ou le système hospitalier n’est pas très différents du système français, quand vous avez plus de 65 ans le système Medicare s’occupe de vous. Il y a des états ou tout est privatisé, le Texas par exemple.

      Pour le programme des young-leader…Il s’agit de quelques conférences annuelles, de 2 ou 3 visites encadrées aux USA, destinés à des gens qui sont convaincus déjà du système libéral, de son efficacité, etc.

      La Chine a ses instituts Confucius ou le message vantant les mérites de la Chine est permanent, les vérités différentes, les cercles d’amitiés franco-russe à l’AN ou au Sénat relèvent du même principe, influencer…un ancien premier ministre est un propagandiste permanent de la Chine.

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  • pseudo // 30.06.2022 à 09h20

    > Il y a une rupture entre les personnes qui gèrent les affaires de l’État et celles qui fixent les priorités. « La pensée économique efface la politique »

    Un paroxysme issue d’une certaine élite de parvenus par une certaine élite dont le mot d’ordre et « le bon coup » ?

    https://www.youtube.com/watch?v=9uYPQIAZA0c

    « Pour le Qatar, l’esclavage est normal ! » Georges Malbrunot, Emmanuel Razavi, Jean-Pierre Marongiu

    Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, Emmanuel Razavi, grand reporter indépendant et Jean-Pierre Marongiu, entrepreneur et ingénieur, analysent le contexte géopolitique du Qatar à quelques mois du lancement de la Coupe du monde.

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  • Patrick // 30.06.2022 à 11h02

    « Emmanuel Macron s’est servi de la guerre en Ukraine pour renforcer sa crédibilité comme homme d’État mondial. »
    Déjà , l’article commence mal.
    Manu est la risée d’une grande partie du monde avec sa façon de « macroner » comme disent les Ukrainiens et les Russes.
    Qu’il se soit ridiculisé n’est pas grave , ce qui est grave c’est que la France n’a plus aucune crédibilité , c’est juste devenu un petit soldat de l’Otan et de US.

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    • pseudo // 30.06.2022 à 12h21

      les dirigeants de ces autres pays devraient prendre cela, ce que ce pays est devenu, comme une mise en garde terrible dans les choix qu’ils font aujourd’hui.

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    • 6422amri // 30.06.2022 à 14h02

      Je lisais les remerciements de Zelenski pour l’aide militaire et humanitaire de la France. La gendarmerie français enquête sur les crimes de guerre sur place. Les ukrainiens et les russes n’utilisent sûrement pas le pseudo-verbe macroner.

      La France a annoncé hier, l’envoi de canons Caesar supplémentaire, la fourniture d’une centaine de véhicules blindés et la fourniture de missiles Exocet.

      Macron est très apprécié principalement dans les pays anglophones, il parle un anglais qui est excellent et il se permet de tutoyer Vladimir Poutine.

      Sortez un peu de vos rêves gaulliens, la France n’est plus une puissance mondiale, ceci ne date pas de Macron, elle possède un réseau diplomatique qui n’a rien à voir avec son influence réelle. Un exemple ? Expliquez-moi pourquoi au Canada la France a un consulat a Québec, un à Montréal, un a Vancouver, un a Winnipeg au Manitoba et une ambassade a Ottawa. La France garde un consulat a Pondichery en Inde ou il n’y a strictement plus aucune population significative parlant français, etc.

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      • Patrick // 30.06.2022 à 14h47

        Macroner est la forme française de « макронити » (makronyty), un néologisme ukrainien pour désigner le fait de se montrer très inquiet d’une situation, de le dire haut et fort, mais de ne rien faire pour résoudre le problème

        source : Wikipedia 🙂

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  • Bouddha Vert // 30.06.2022 à 23h48

    « ce qui motive réellement le remaniement de la haute fonction publique par Macron, c’est qu’il la considère comme un obstacle à son programme. »
    Pour bénéficier du soutien, de l’aide, de la mobilisation de la population, il faudra être plus explicite sur l’objet de la lutte et la défense de quels principes pour quels avantages…

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