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31.décembre.202131.12.2021 // Les Crises

Inde : Le mouvement des agriculteurs a pulvérisé la réputation de Narendra Modi

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Après une bataille qui a duré une année, les agriculteurs indiens ont obligé Narendra Modi à abroger ses lois agricoles néolibérales. Le mouvement qui a défié Modi victorieusement a porté un coup sévère contre le pouvoir nationaliste hindou en Inde.

Source : Jacobin Mag, Ashique Ali T
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le Premier ministre Narendra Modi a promis d’abroger les lois agricoles controversées de son gouvernement suite à une année de protestations. (Ian Forsyth / Getty Images)

Le 19 novembre 2021, le premier ministre indien Narendra Modi a finalement déclaré qu’il acceptait d’abroger les trois lois agricoles qui, pendant un an, avaient provoqué les actions de protestation de plus de cent mille agriculteurs et ouvriers agricoles.

La lutte des agriculteurs contre la paupérisation et la privatisation de l’agriculture a causé plus de sept cents morts, alors qu’elle faisait l’objet d’une répression massive de la part de l’État, laquelle a conduit à des arrestations, des violences physiques et de fréquentes coupures d’Internet. Après onze cycles de négociations infructueuses avec le gouvernement, le mouvement a contraint Modi à battre en retraite.

L’union contre Modi

Au cours des sept années qui ont suivi le retour au pouvoir de Modi et de son Bharatiya Janata Party (BJP), ils ont généralement répondu à la dissidence démocratique par une répression et une violence brutales exercées par les milices de l’Hindutva (nationalistes hindous) plutôt que de reculer dans leurs projets législatifs. Les manifestations contre l’abrogation de l’article 370 au Jammu-et-Cachemire et la loi modificative de 2019 sur la citoyenneté, qui est anti-musulmane, sont la preuve de cette tendance [Cette loi a modifié la loi sur la citoyenneté de 1955 afin de donner droit à la citoyenneté indienne aux migrants illégaux hindous, sikhs, bouddhistes, jaïns, parsis et chrétiens originaires d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, qui sont entrés en Inde le 31 décembre 2014 ou avant. La loi ne mentionne pas les musulmans, NdT].

La très longue contestation des agriculteurs a brisé ce schéma. Elle a dompté la violence institutionnelle de l’État indien et de l’extrême droite hindutva en forgeant une large union des forces sociales qui étaient pourtant par ailleurs des adversaires acharnés dans une société marquée par la hiérarchie des castes et la polarisation sociale. Les propriétaires terriens jats, les travailleurs agricoles dalits sans terre et les « arthiyas » (intermédiaires agraires) se sont unis contre les grandes entreprises et le gouvernement BJP.

Rakesh Tikait, le leader jat qui a soutenu la campagne électorale de Modi en 2014, a tendu la main aux organisations démocratiques de la gauche progressiste. Les dirigeants ambedkarites des communautés dalits de l’Inde se sont également montrés solidaires du mouvement, avec notamment le soutien de Chandrashekhar Azad Ravan, le chef de l’armée Bhim dont les militants se sont opposés aux atrocités commises contre les Dalits. Même les Khap panchayats (conseils) du nord de l’Inde, tristement célèbres pour leur violence sociale inter-castes et leur politique misogyne et réactionnaire, ont ouvert leurs stricts cloisonnements pour permettre la participation des femmes et des castes opprimées.

La contestation des agriculteurs a permis de dompter la violence institutionnelle de l’État indien et de l’extrême droite hindutva en forgeant une large union des forces sociales.

La solidarité entre les classes et les castes des agriculteurs et des ouvriers agricoles, principalement du Punjab, de l’Haryana, du Rajasthan et de l’ouest de l’Uttar Pradesh, a brisé l’unité du nationalisme hindutva. Dans des régions comme Muzaffarnagar, les forces de l’Hindutva avaient modifié le paysage socioculturel en leur faveur par le biais de ce que Paul Brass a décrit comme des « systèmes institutionnalisés de production d’émeutes ». Ces systèmes reposaient sur les castes hindoues propriétaires de terres, comme la communauté jat, pour contrer les musulmans.

Les manifestations des agriculteurs ont déplacé l’axe politique de l’Inde du Nord rurale. Les sentiments de vulnérabilité et de précarité induits par la crise agraire et le capitalisme néolibéral agressif se sont orientés pour contrer les forces politiques et économiques dominantes plutôt que d’être mobilisés autour des clivages religieux et de caste. Cela explique la solidarité qui a émergé entre les agriculteurs hindous jat et les agriculteurs musulmans jat dans les Kisan maha panchayats de l’Uttar Pradesh occidental.

Une bataille existentielle

Les forces de l’Hindutva ont prétendu que leurs opposants politiques et les Khalistanais sécessionnistes sikhs avaient fourvoyé la communauté agricole. Cependant, les manifestants étaient pleinement informés de leurs propres intérêts matériels. Ils ont rejeté les récits politiques d’exclusion du BJP et de ses alliés fondés sur la religion, la caste et l’ethnicité. Les manifestations ont placé l’identité des agriculteurs (Kisan) et la solidarité de classe au centre de la lutte, affaiblissant les tentatives de définir les agriculteurs protestataires comme des Sikhs et des Jats.

En outre, ils ont sensibilisé la conscience morale de l’Inde aux souffrances des pourvoyeurs de produits alimentaires. (annadatas) Le slogan « Pas d’agriculteur, pas de nourriture » a fait appel à la conscience des classes moyennes urbaines et à leurs angoisses en matière de sécurité alimentaire, neutralisant dans une large mesure le chauvinisme ultranationaliste de la politique hindutva. Les « combattants de la nourriture » de l’Inde ont redéfini le discours du nationalisme via leurs luttes et leurs sacrifices.

La bataille existentielle des communautés agricoles a même suscité des dissensions au sein du parti au pouvoir. Le gouverneur BJP de l’État de Meghalaya, Satya Pal Malik, a critiqué le gouvernement de l’Union pour ne pas avoir écouté les préoccupations des agriculteurs, et est allé jusqu’à dire qu’il continuerait de défendre les agriculteurs « quelles qu’en soient les conséquences ».

Le mouvement a également bénéficié d’un soutien transnational. La diaspora sikhe a pris la tête du mouvement, organisant des réunions de solidarité et récoltant des dons en Europe, en Australie et aux États-Unis. Des députés des parlements britannique et canadien se sont exprimés en soutien des manifestations. Voilà qui a été un coup fichtrement dur pour l’image mondiale de Modi.

Les manifestants ont rejeté les récits politiques d’exclusion du BJP et de ses alliés fondés sur la religion, la caste et l’ethnicité.

Lors des dernières élections, le BJP a obtenu de mauvais résultats dans la plupart des États, à l’exception de l’Assam. Une coalition de syndicats d’agriculteurs qui avait pris la tête des manifestations, le Samyukta Kisan Morcha, a organisé une « campagne de punition à l’encontre du BJP » dans des États comme l’Uttar Pradesh, le Pendjab et l’Uttarakhand, ce qui a constitué une sérieuse menace électorale pour le parti au pouvoir. Le fils d’un ministre de l’Union, Ajay Mishra, a été accusé de complicité dans le meurtre de quatre agriculteurs perpétré par un convoi de voitures à Lakhimpur Kheri, dans l’Uttar Pradesh, ce qui a encore fait monter la température politique.

Le mouvement a dominé le débat public pendant une période prolongée et ses sympathisants ont commencé à tisser des liens de solidarité pour faire face aux nombreuses épreuves de la pandémie. Dans ce contexte, Modi n’a eu d’autre choix que de reculer devant la ténacité des communautés agricoles. Bien que la pression électorale ait été essentielle, il s’agit bien d’une victoire de la mobilisation sociale, démontrant le pouvoir de négociation structurel du monde du travail.

« Ce que le Parlement peut faire, les rues peuvent le défaire ! »

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La capitulation et les excuses de Modi, l’homme fort, ont porté un coup sévère à la confiance populaire en son leadership. Ce qui a de profondes répercussions sur les perspectives électorales du BJP car, comme l’a affirmé le politologue James Manor, le parti a développé un culte de la personnalité autour de Modi, bien plus qu’une machine de parti bien institutionnalisée.

Le style de leadership de Modi n’a pas seulement consisté à dicter la politique par le biais d’une rhétorique populiste, de l’intimidation et de la coercition ; il a également fait en sorte que les structures du BJP lui restent soumises. La protestation des agriculteurs a maintenant ébranlé son image d’omnipotence, ouvrant à l’opposition politique indienne de nouvelles possibilités de faire des progrès à ses dépens. Des fissures pourraient également commencer à apparaître au sein du BJP, avec quelqu’un comme le ministre en chef de l’Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, qui deviendrait une figure de proue alternative – et sans doute encore plus autoritaire.

Des agriculteurs se réjouissent lors d’une manifestation dans la banlieue de Delhi après que Narendra Modi a annoncé, le 19 novembre 2021, qu’il abrogera les lois agricoles controversées. (Mayank Makhija / NurPhoto via Getty Images)

Dans la « nouvelle Inde » de plus en plus façonnée par le nationalisme hindutva, la défaite de Modi sera un encouragement pour les mouvements sociaux. Elle a restauré la conviction que la protestation de masse et la lutte politique sont un frein à l’autoritarisme néolibéral, après une période pendant laquelle de nombreux militants avaient perdu tout espoir dans la possibilité d’une expression démocratique de la dissidence et se tournaient plutôt vers le système judiciaire indien pour se protéger des violations des droits libéraux-démocratiques par le BJP. Les agriculteurs ont véritablement fait honneur au slogan : « Ce que le parlement fait, la rue peut le défaire ! »

Les manifestations des agriculteurs ont également constitué un réel défi à la pratique établie consistant à ne se mobiliser que dans les espaces approuvés et désignés par l’État. Ses partisans ont eu recours à des tactiques non violentes mais génératrices de perturbations telles que des grèves à l’échelon national, des sit-in et un blocus aux abords de la capitale nationale de l’Inde, Delhi, à Singhu, Tikri, Ghazipur et Shahjahanpur. Ils ont bravé les mesures répressives de l’État, ce dernier ayant creusé des tranchées et érigé des barricades pour entraver leurs déplacements et couper leur approvisionnement en eau et en électricité ainsi que l’accès aux réseaux téléphoniques et Internet. Ils ont également bravé des conditions climatiques extrêmes.

La capitulation et les excuses de Modi, l’homme fort, ont porté un coup sévère à la confiance populaire en son leadership.

Les espaces de protestation ont rendu le rôle des femmes dans le secteur agricole beaucoup plus visible. Même si 80 % des femmes indiennes économiquement actives travaillent dans ce secteur, pratiquement aucune d’entre elles ne détient de titres fonciers, n’a accès au crédit institutionnel ou ne figure dans les statistiques officielles des suicides d’agriculteurs. Pourtant, la participation massive des femmes à la campagne de protestation qui a duré toute l’année a été un fait particulièrement marquant.

La prochaine étape

Le mouvement a mis en lumière les contradictions inhérentes au projet politique du nationalisme hindutva et son intrication avec les politiques économiques néolibérales. Si la population rurale est divisée en différentes classes, ces divisions n’ont pas empêché les Indiens ruraux de se mobiliser en masse contre l’aggravation de la crise agraire et l’intrusion de mastodontes corporatifs.

La condition sociale précaire des communautés agricoles est une réalité objective, et la terminologie culturelle de l’Hindutva ne pourra pas toujours canaliser les émotions qui en découlent. Lorsque des conflits sociopolitiques tels que la protestation des agriculteurs éclatent, ils révèlent de manière brutale le noyau dur de la politique d’exploitation et d’oppression de l’Hindutva.

Le principal adversaire du BJP, le parti du Congrès, a également renoncé aux politiques agraires favorables aux entreprises. Le parti du Congrès a été l’artisan initial du tournant néolibéral de l’Inde. Dans son manifeste pour les élections de 2019 à la Lok Sabha [chambre basse du Parlement de l’Inde, NdT], le parti anciennement dominant avait déclaré son intention de démanteler la loi sur les comités de marché des produits agricoles [office de commercialisation établi par les gouvernements des États indiens pour garantir que les agriculteurs sont protégés contre l’exploitation, NdT] et la loi de 1955 sur les produits essentiels [Loi prévoyant, dans l’intérêt du grand public, le contrôle de la production, de l’approvisionnement et de la distribution, ainsi que des échanges et du commerce, de certains produits de base, NdT] afin de faciliter la privatisation de l’agriculture et le marché libre..

Toutefois le parti du Congrès a dû revenir sur cet engagement préalable s’il voulait tirer un avantage politique des difficultés de Modi. Le consensus politique néolibéral sur l’agriculture indienne a donc été fortement affaibli.

Pour la gauche indienne, qui a tenté pendant de nombreuses années de construire l’unité des travailleurs et des paysans contre les politiques néolibérales et l’autoritarisme de l’Hindutva, le mouvement des agriculteurs est une victoire importante. Il a légitimé leur position anti-impérialiste à l’encontre des politiques imposées à l’Inde par des organisations comme l’Organisation mondiale du commerce et le Fonds monétaire international, qui ont cherché à démanteler le système de marchés publics, les subventions alimentaires et les cadres réglementaires de l’Inde.

Le gouvernement de Modi a promis que le Parlement abrogerait bientôt les trois lois agricoles de 2020. Cependant, les communautés agricoles ont si peu confiance en sa parole qu’elles ont poursuivi leur lutte pour que l’abrogation soit réellement effective. Les trois lois agricoles n’étaient qu’un tremplin vers une agriculture contractuelle capitaliste et un démantèlement des systèmes de marchés publics et des réseaux de commercialisation agricole. C’est tout ce processus qu’il faut arrêter.

Les agriculteurs ont également exigé une garantie législative du maintien par le gouvernement du prix de soutien minimum pour les céréales et productions agricoles. Ils font pression pour obtenir un salaire minimum, l’abrogation des codes du travail anti-ouvriers et le retrait des poursuites contre les agriculteurs. Ces exigences n’ont pas encore été satisfaites. Mais le recul de Modi et l’union ouvriers-agriculteurs forgée au cours de cette lutte ont déjà des implications profondes et porteuses d’espoir pour l’avenir.

Sur l »auteur

Ashique Ali T est chercheur au Centre d’études politiques de l’Université Jawaharlal Nehru, en Inde.

Source : Jacobin Mag, Ashique Ali T, 28-11-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Fabrice // 31.12.2021 à 08h19

C’est intéressant de voir que des mouvements pour la dignité et le droits à l’existence n’ont pas la même fin selon le pays.

Quand on regarde le mouvement des gilets jaunes dans notre pays ou la demande de la province d’exister est tuée dans l’œuf (pour le moment ?) par les médias, une minorité urbaine dite bobo, l’autorité judiciaire, les politiques alors que en Inde c’est l’inverse qui se produit qu’est ce qui fait la différence ?

Je dirais une plus grande solidarité nationale et impression d’appartenance à un seul et même pays qui n’existent plus ici, certains pensent pouvoir se passer d’une partie importante de la population et se passer de faire le moindre effort et se pensent hors de portée de la colère même si un temps elle a doutée.

19 réactions et commentaires

  • Fabrice // 31.12.2021 à 08h19

    C’est intéressant de voir que des mouvements pour la dignité et le droits à l’existence n’ont pas la même fin selon le pays.

    Quand on regarde le mouvement des gilets jaunes dans notre pays ou la demande de la province d’exister est tuée dans l’œuf (pour le moment ?) par les médias, une minorité urbaine dite bobo, l’autorité judiciaire, les politiques alors que en Inde c’est l’inverse qui se produit qu’est ce qui fait la différence ?

    Je dirais une plus grande solidarité nationale et impression d’appartenance à un seul et même pays qui n’existent plus ici, certains pensent pouvoir se passer d’une partie importante de la population et se passer de faire le moindre effort et se pensent hors de portée de la colère même si un temps elle a doutée.

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    • Grd-mère Michelle // 31.12.2021 à 17h36

      « …qu’est-ce qui fait la différence? Je dirais une plus grande solidarité nationale et impression d’appartenance à un seul et même pays… »
      Je dirais,moi, que vous n’avez pas lu attentivement l’article, qui dit, dans le paragraphe « Une bataille existentielle »:
      « …les manifestants étaient pleinement informés de leurs propres intérêts matériels.
      Les manifestations ont placé l’identité des agriculteurs (Kisan) et la solidarité de classe au centre de la lutte… »
      « En outre, ils (les agriculteurs protestataires) ont sensibilisé la conscience morale aux souffrances des pourvoyeurs de produits alimentaires(annadatas). Le slogan: PAS D’AGRICULTEUR, PAS DE NOURRITURE, a fait appel à la conscience des classes moyennes urbaines et à leurs angoisses en matière de sécurité alimentaire, neutralisant le chauvinisme ultra-nationaliste de la politique hindoutva.
      Les « combattants de la nourriture » de l’Inde ont redéfini le discours du nationalisme via leurs luttes et leurs sacrifices. »
      Hommage aux 700 mort-e-s, martyr-e-s de cette année passée à protester, et ma pensée émue pour leurs familles dévastées.
      Et, pour ceux et celles qui détestent l’écriture inclusive, rappeler que « … la participation massive des femmes à la campagne de protestation…a été un fait particulièrement marquant. »

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      • Fabrice // 31.12.2021 à 20h22

        L’écriture inclusive je pense n’est pas je pense leur priorité mais plus de pays riches qui ont le luxe de ce genre de polémiques, car les femmes indiennes sont clairement plus au courant des vrais combats (https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/la-fille-de-l-inde/inde-troisieme-journee-de-manifestations-a-delhi-apres-le-viol-et-le-meurtre-d-une-fillette_4726915.html) pour le bien des femmes mais aussi de leur milieu social et n’en sont pas à perdre leur énergie dans des miroirs aux alouette qui relève franchement de la lutte du boboisme de bon ton dans les milieux parisiens qui met l’écriture inclusive au même rang que la lutte des indiennes pour leur avenir.

        Lisez bien mon texte la vraie différence c’est que à part cette elite que j’indiquais prête à vendre les intérêts de la majorité aux intérêts internationaux il existe encore une population qui a encore une forme de cohésion pour faire face aux menaces, alors qu’en France cette notion n’existe plus suite à un long travail de sape ou nous finirons par nous entretuer par genre, par communauté, classe sociale, âge,….

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        • Grd-mère Michelle // 02.01.2022 à 16h53

          Le discours inclusif(parlé et écrit), désormais pratiqué en français par une masse de gens(dont les présentateurs-trices de radio/Tv belges: « bonjour à toutes et à tous » depuis environ un an) a le mérite de reconnaître l’existence des femmes dans tous les domaines, dans notre belle langue pourtant riche en subtilités, si malmenée par les anglicismes dominants et réducteurs de la diversité des êtres, qui les a toujours carrément niées.
          L’affirmation des particularités par des minorités, ancestralement discriminées et « normalisées » (si pas éliminées!-voir les Amérindiens) dans le but d’obtenir des troupeaux, soi-disant « sains », obéissants et productifs, est un progrès qui ne doit pas se laisser pervertir par l’esprit de compétition entretenu par la paranoïa des « Puissants », politiques et/ou religieux.
          Ni parisienne, ni bourgeoise-bohème, mais pauvre parmi les pauvres et FEMME! …si vous le voulez bien?
          Chaque jour, je me réjouis d’avoir eu la chance d’être née belge en Belgique et d’avoir le luxe(le temps), dans ma petite retraite, de réfléchir, lire et écrire.
          Et mon énergie à manifester pour des causes qui concernent tout le monde n’est pas atténuée par mon activité d’écriture occasionnelle, malgré l’hostilité qu’elle déclenche, même ici, sur ce site d’auto-défense intellectuelle.
          La cohésion sociale internationale DANS LA DIVERSITÉ est la clef pour sortir de l’enfer où nous a plongé-e-s la peur des autres, qui a créé les frontières, les murs et les barrières.
          Tou-te-s semblables, tou-te-s différent-e-s, et inter-dépendant-e-s!

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          • Idomar // 02.01.2022 à 17h39

            « … reconnaître l’existence des femmes dans tous les domaines … »
            Ca me fait bien rigoler.
            J’ai la soixantaine et je me souviens encore, lorsqu’enfant je me heurtais à mon père, m’a mère venait à moi et me disait : « ne t’inquiète pas je vais arranger ça ». Et la résistance paternelle s’estompait.
            Plus tard mon père me dira, non sans malice, tu te rends bien compte maintenant que c’est à ta mère que l’on doit ce que l’on est, sans elle je n’aurais jamais rien fait.
            J’ai trois soeurs, deux sont médecins spécialistes et la dernière vétérinaire, de bien meilleure situation que la mienne (dont je ne me plains pas).
            C’est quand même autre chose que vos effets d’écriture superfétatoires.

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          • Dominique65 // 06.01.2022 à 11h56

            Quelqu’un qui écrit « les invités sont arrivés » est autant inclusif et bien plus féministe que celle qui écrit « les invité.e.s sont arrivé.e.s ».
            Pourquoi ?
            Parce qu’il n’est pas soumis à ce vieux mème qui prétend qu’en français « le masculin l’emporte sur le féminin », qu’il a compris que cette langue comporte deux genres, le neutre et le féminin. Et que donc « les invités sont arrivés » étant neutre, il inclus les personnes de tout sexe (y compris les transgenres, ou ceux qui ne se reconnaissent ni homme, ni femme), ce que « les invité.e.s sont arrivé.e.s » ne fait pas.
            Est-ce une vue de l’esprit ? Non et j’en donne la preuve : lorsqu’une femme « s’est fait couper les cheveux », « fait » est neutre alors que c’est une femme. Parce que ça s’accorde avec le verbe couper, qui est ni masculin ni féminin. Il ne peut là être question d’un masculin qui remporte sur le féminin. C’est simplement neutre. « fait » est neutre, « faite » est féminin.
            Lorsque vous vous serez extraite de cette vieille chape machiste qui confond le neutre et le masculin, vous comprendrez que vous n’avez pas besoin d’écriture soi-disant inclusive, et vous pourrez apprécier cette belle langue qui met le féminin en avant au lieu de la complexifier.
            Cordialement.
            P.S. Si on comprend ça, on comprend aussi que « celui » est neutre et « celle » est féminin. Du coup, je peux remplacer « celle » par « celui » dans ma première phrase et bien me faire comprendre en devenant plus inclusif.

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            • Grd-mère Michelle // 07.01.2022 à 14h28

              @Dominique65, comme vous êtes vous-même manifestement neutre, j’ignore ici à quel genre d’être humain je m’adresse… et quelle chape de tradition vous empêche de considérer la souffrance des femmes niées, en français(langue codifiée depuis des siècles par des hommes), dans ce qui a fait progresser l’humanité: la langue, véhicule de transmission des savoirs.
              Le féminin, comme le masculin, n’est pas qu’une question de sexe!
              Heu… que signifie le « vieux mème »? Et sachez que le verbe inclure à la 3ème personne du singulier, s’écrit, au présent: « inclut ».
              Quant à: « une femme (ou qui que ce soit) s’est fait couper les cheveux », celà signifie en réalité qu’elle a fait que quelqu’un-e lui coupe les cheveux, et, dans ce cas, le participe passé ne s’accorde pas. (Moyen mnémotechnique: remplacer l’infinitif par « faire faire »)
              Pour que moins de gens soient violé-e-s, par ex, bannir l’expression « se faire violer » qui est une ineptie et favorise les controverses au sujet du consentement.
              Pareil pour « se faire exploiter » ou « se faire renvoyer », dans le cas des travailleurs/euses, reflet de la domination des « puissants », qui induit une volonté du sujet, alors qu’il ne s’agit que de soumission forcée.
              Vos argumentations orthographiques, sans doute motivées par vos doutes concernant la neutralité(qui, selon moi, ne peut être appliquée qu’aux choses, chaque être humain ayant une sensation intime de son degré de féminité/masculinité) ne sont pas convaincantes.
              Cher Monsieur, ou Madame, la réalité est complexe! Mais la volonté de domination des hommes sur les femmes continue d’être réelle.

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        • Joe // 02.01.2022 à 18h25

          Quand on lit l ‘article on note que la victoire a été possible comme vous le dite grâce à une cohésion et solidarité malgré les différences : hindous, sikhs, musulmans et différentes caste se sont unis malgré leur antagonismes pour une lute commune.
          Je rêve d’une France ou malgré les clivage politique, ethnique ou religieuse le peuple s’unit pour renverser ce pouvoir corrompue…

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    • VVR // 02.01.2022 à 19h04

      La grande différence, c’est que les paysans indiens se sont mobilisés contre des lois précises et ont cherché à avoir le soutient des villes, sans avoir besoin de désigner un adversaire autre que le gouvernement. Les lois sont abrogées, leur moyen de subsistance est préservée, c’est une victoire.

      Les gilets jaunes, rejetant en bloc « bobo », gauchistes (souvent assimilés aux premiers), syndicats et politiques, se sont élevés contre une taxe. Parvenus à leur fin avec l’annulation de la taxe, et bien forcé de constater que ça ne changeait rien à leur situation, les revendications se sont orientées vers un RIC suffisamment vague pour remporter l’adhésion de tous. Et en règle générale, si vous n’allez nul part, vous n’arriverez jamais à destination.

        +1

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  • Auguste Vannier // 31.12.2021 à 14h27

    Merci de nous partager cette analyse.
    Avez vous vraiment entendu parler de ce mouvement puissant, tenace et patient malgré une répression ultra violente?
    Nos media dominants qui n’hésitent pas à consacrer beaucoup de temps aux infos insignifiantes, ont presque totalement ignoré les millions d’agriculteurs qui ont manifesté pendant plus d’un an et ont organisé une présence contestataire permanente, pour préserver l’alimentation des dérives industrielles capitalistes (productivisme, pesticides, prolétarisation des paysans, malbouffe, catastrophes sanitaires…).
    Nos media ne pouvaient pas ignorer les Gilets Jaunes, mais ils ont consacré beaucoup d’énergie à les déconsidérer. Même @Fabrice s’y laisse prendre en soulignant qu’ils n’ont pas été soutenus. Je pense que les GJ ont soulevé beaucoup d’intérêt et semé des graines de conscientisation qui porteront leurs fruits.
    Dès le printemps 2022?
    C’est le voeux que je formule en cette fin d’année calamiteuse dont les symboles sont la Zémourisation mediatico-politique et les réponses exclusivement autoritaires et monolithiques de la gestion sanitaire (Covid ou pas d’ailleurs).

      +14

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    • Grd-mère Michelle // 02.01.2022 à 15h16

      Oui, j’en avais entendu parler lors des « dialogues en humanité », rencontres internationales (avec notamment des invité-e-s venu-e-s d’Inde) qui ont eu lieu dans un parc de BXL, fin juin 2018(le mouvement était déjà en route, bien que encore modeste). Ils avaient été organisés à l’initiative de Riccardo Petrella(voir sur YouTube) qui lutte pour sa part, depuis des décennies, pour que l’eau devienne un bien commun gratuit et disponible PARTOUT(car vivre nécessite de s’abreuver, autant que de s’alimenter). Pourquoi l’humanité ne place-t-elle pas son ambition dévorante dans ce genre de projet, au lieu de rêver d’aller sur Mars? Avec les moyens dont nous disposons désormais, ce serait chose faite en un rien de temps!
      Ces « dialogues en humanité » se tiennent aussi chaque année, en été, dans un parc de Lyon, et se poursuivent sur l’Internet.
      MERCI, Auguste, pour vos bons vœux! Car « la force du souhait », type de « prière » asiatique, s’amplifie à mesure que le souhait (le « désir », force vitale essentielle) se partage.
      Réunion des Gilets Jaunes ce mardi à Bxl.

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    • Touriste // 02.01.2022 à 15h16

      « Même @Fabrice s’y laisse prendre en soulignant qu’ils n’ont pas été soutenus. »
      Parce que ce n’est pas vrai ? Mis à part quelques intellectuels (ceux qui ne sont que rarement invités sur les plateaux télé/radio, pourtant (parce que?) les plus intéressants), quelques journalistes (avec assez peu d’audience, et pourtant conscients de la situation) et quelques très rares politiciens (un député ou deux, épicétou) qui ont su amadouer les GJ d’un mouvement a-partisan par définition. Pensée émue à un Merluchon éconduit qui possède la clairvoyance d’un mérou et le sens de la stratégie d’un moule à gaufre.

      « Je pense que les GJ ont soulevé beaucoup d’intérêt et semé des graines de conscientisation qui porteront leurs fruits.Dès le printemps 2022? »
      Je ne compterais certainement pas là-dessus. La puissance de frappe médiatique des gros possédants commence à s’orienter vers Valérie Détresse, la version « chromosomes XX » de Jupi 1er.
      Et puis, je partage l’avis d’Emmanuel Todd : la collectivité disparait au profit du banc de poissons.
      La conscience politique (et de classe ?) de la population a été grandement gommée en quarante ans. Je doute fortement que cinq ans de « jupitude » forcenée dont deux d’épidémie (gérée de façon cynique et imbécile) vont vraiment changer la donne, cette année.

        +1

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      • Auguste Vannier // 02.01.2022 à 23h06

        @Touriste
        Donc il n’y a pas d’alternative selon vous?
        Nous allons aller comme des moutons nous jeter du haut de la falaise en bêlant d’effroi?
        C’est en effet ce qui signe la réussite de la propagande massive: nous enfoncer profond un sentiment d’impuissance et d’aquoibonnisme.
        Si vous voyez quelque part une personnalité clairvoyante et à la stratégie redoutable, faites moi signe.
        Le mépris que vous affichez vis a vis du Projet programme de la FI, porté par un candidat qui vaut manifestement mieux que le reste de l’offre politique, me signale une colère désespérée qui va finir par vous faire mal…Je compatis.

          +3

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  • Yom // 31.12.2021 à 16h30

    J’avais été mis au courant de ce mouvement social par deux vidéos mises en ligne par le Youtubeur Oui d’accord, dont je recommande chaleureusement le travail : https://www.youtube.com/c/Ouidaccord/videos

    Le mouvement des paysans indiens y a été présenté comme pas moins que « le plus grand mouvement social de l’histoire », rien que ça.

    Si c’est bien le cas, il me semble que sa couverture n’a pas du tout été à la hauteur de l’évènement dans nos grands médias, que ce soit en termes de nombre de pages ou de temps d’antenne. Mais on ne s’en étonne plus quand on sait que ces médias sont également appelés par certains de leurs détracteurs « la presse des milliardaires », en référence à des liens qui sont assez clairement documentés dans un graphique du Monde diplomatique régulièrement mis à jour : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA

    Dans la même veine et à découvrir sur la chaîne du même vidéaste : Indonésie : le mouvement social dont on ne parle pas – https://www.youtube.com/watch?v=z0fdZ5Ci-II

      +11

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  • vert-de-taire // 03.01.2022 à 10h26

    *** Ils ont bravé les mesures répressives de l’État, ce dernier ayant creusé des tranchées et érigé des barricades pour entraver leurs déplacements et couper leur approvisionnement en eau et en électricité ainsi que l’accès aux réseaux téléphoniques et Internet. ***

    Une véritable guerre contre sa population massivement soulevée.
    On croirait que l’élu sert les interets des gros riches avant ceux de la population qu’il represente.
    C’est bizarre comme ce comportement de salaud me fait penser à d’autres bcp moins loin.

    *** comme l’a affirmé le politologue James Manor, le parti a développé un culte de la personnalité autour de Modi, bien plus qu’une machine de parti bien institutionnalisée. ***

    C’est encore plus bizarre, ce culte me fait penser à quelqu’un d’ici !

    Comme quoi les riches utilisent partout les mêmes instruments pour soumettre les populations
    car ça marche !
    ça marche en marche ?

    Pas de contre-pouvoir c’est la dictature.
    Pas de parti representatif c’est la dictature.

    Il reste maintenant aux indiens à trouver de quoi se faire representer convenablement au pouvoir
    et cesser de se faire avoir par des bandits.

      +4

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  • Casimir Ioulianov // 03.01.2022 à 14h07

    Quand ce qui unit est plus fort que ce qui divise , mieux vaut laisser les gens avoir raison , de toutes façon le FMI et la Banque Mondiale (deux faux nez du neo-fa.. euh du néo-libéralisme) reviendront à la charge jusqu’à ce que ça passe et déclencheront des troubles voir des guerre si ils ne sont pas obéis assez vite.
    On a ici l’exemple d’un état qui a perdu un conflit limité face à sa population, mais n’allez pas croire que la guerre est finie … elle pourrait bien revenir sous des formes moins limitées au premier prétexte vaseux, bidon, voir faux qu’ils pourront saisir.
    On est en train de nous montrer comment on fait la guerre à des des peuples avec de la peur… ha le bon vieux triptyque « guerre-famine-épidémie » a de beaux jours devant lui. Pourtant c’est F. Herbert qui a raison  » La peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. « 

      +3

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  • JnnT // 03.01.2022 à 23h39

    La différence avec la France, dont beaucoup regrettent la passivité ? En Inde, c’était vaincre ou mourir pour les paysans. Littéralement. Les Français voient bien ce qu’on leur prend par étapes – la liste serait longue – mais ils considèrent ce qui leur reste – infiniment plus qu’aux Indous – et ils choisissent de rester bien sages.

      +3

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    • Dominique65 // 06.01.2022 à 12h26

      « Les Français […] ils considèrent ce qui leur reste […] ils choisissent »
      Tu sembles ne pas être français.
      À moins que tu agisses, mais comment ? Ça m’intéresse car j’avoue ne pas savoir que faire.

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  • christian gedeon // 06.01.2022 à 11h49

    [modéré] J’ose dire que cette analyse est erronée. Elle est erronée parce que la révolte des paysans est faite au nom du droit à la terre ET aux traditions. Ce n’est pas une révolte marxiste. C’est touche pas à ma terre. Elle a été largement soutenue par la population, parce que cette population est proche des paysans. j’ai toujours pensé que Modi était une fausse barbe. Dont acte. c’est pour une grande part des gens qui ont voté pour lui qui l’ont rappelé à l’ordre. Évidemment ,c’est beaucoup moins sexy qu’une révolte lue à travers une grille marxo-léninisto,mao…mais bon! [modéré]

      +0

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