Le site d’investigation avait publié fin janvier une enquête-vidéo épinglant Dany Boon et ses pratiques présumées d’optimisation fiscale : multiplication des résidences fiscales à l’étranger (Royaume-Uni, Belgique, Etats-Unis…), investissement dans des fonds domiciliés dans des paradis fiscaux comme les îles Caïmans, démarches pour que le droit fiscal français sur l’héritage ne s’applique pas à son patrimoine…

« J’ai toujours payé, je paye et je paierai toujours tout l’impôt là où il m’est réclamé partout où j’exerce mes activités professionnelles et artistiques« , avait répondu le comédien et cinéaste originaire d’Armentières. « Je suis fier d’avoir payé en France en 2018, sur mes revenus 2017, un impôt très important correspondant à un taux d’imposition de près de 50%. Toutes mes économies placées le sont légalement et déclarées dans le strict respect du droit et du devoir fiscal« .

La réplique se fait également désormais sur le terrain judiciaire. Selon Mediapart, deux de leurs journalistes – Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg -, ainsi que le réalisateur de la vidéo, Antoine Guerre, ont été entendus lundi dernier sous le régime du « suspect libre », par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire de Paris, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris.

« Une procédure qui n’a qu’un objectif : trouver nos sources »

Cette enquête préliminaire fait suite à une plainte déposée par Dany Boon. Pas pour diffamation mais pour « vol », « atteinte au secret des correspondances », « violation du secret professionnel » et « recel ». En clair, la démarche ne vise pas à contester, sur le fond, les informations de Mediapart mais la façon dont le site d’investigation les a obtenues et le fait qu’il les ait rendues publiques.

« Une procédure qui n’a qu’un objectif : trouver nos sources« , répond dans Mediapart Fabrice Arfi qui estime « avoir fait (son) métier sur un enjeu d’intérêt public : le consentement à l’impôt et les manœuvres pour s’y soustraire« .

« Devant les enquêteurs de la police judiciaire, Mediapart a par conséquent refusé de se prêter au jeu d’une procédure qui vise simplement à « criminaliser » le journalisme« , ajoute-t-il. « Comme la loi nous y autorise, nous avons donc opposé aux questions des policiers le secret des sources, c’est-à-dire la protection que nous offrons en toutes circonstances à ces personnes sans qui le journalisme ne serait rien et l’information ne serait qu’un pâle reflet de la communication« .

L’un des conseils de Dany Boon, Me Marie-Alix Canu-Bernard, a assuré à l’Agence France Presse vendredi que cette plainte ne visait pas directement le journal en ligne. « Une plainte pour vol, violation du secret professionnel, atteinte au secret des correspondances, et recel de ces délits a été déposée contre X et non contre Mediapart. Je ne comprends pas pourquoi Mediapart se sent concerné par cette plainte« , a-t-elle déclaré.