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3.décembre.20153.12.2015 // Les Crises

Gilles Kepel: « Le 13 novembre? Le résultat d’une faillite des élites politiques françaises »

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Source : Le Temps, 26-11-2015

Politologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l’islam en France. Il revient sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France, bien trop prévisible pour l’intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Entretien

Au lendemain des attentats du 13 novembre, un message de revendication était diffusé sur le Net par la voix d’un converti français. «Rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises», réagit aussitôt Gilles Kepel.

Politologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l’islam en France. Voici plus de trente ans qu’il étudie en parallèle l’émergence de l’islamisme radical dans le monde arabe et l’évolution des musulmans dans son pays. Son dernier livre «Terreur dans l’Hexagone» devait paraître en janvier. Gallimard, son éditeur, a anticipé la sortie au 15 décembre, avec un avant-propos sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France. Un acte bien trop prévisible pour l’intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Nous l’avons rencontré dans son bureau parisien de Sciences Po.

Le Temps: Le 13 novembre est la conclusion tout à fait logique de votre livre, dites-vous ?

Gilles Kepel: Il y a un mois, avant même sa sortie, on m’accusait de faire un titre sensationnaliste pour me faire remarquer. Aujourd’hui, il est un peu en-deça du tambour de la presse qui titre partout «guerre, guerre, guerre». Là, je suis un peu plus dubitatif. Toute ma vie universitaire, j’ai essayé de marcher sur deux jambes, l’une étant ma formation d’orientaliste arabisant éduqué au Moyen-orient, et l’autre qui était la filière française et européenne, avec l’étude des banlieues de l’islam – c’est malheureusement la jonction entre les deux qui s’est produite avec les attentats djihadistes de 2015 en France. Cela ne m’aurait pas gêné que le monde soit différent de ce que je craignais qu’il devint.

– Vous semblez désabusé.

– J’en veux à la fois à l’université française qui a détruit complètement les études arabes au moment même où Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu déclenchant la révolte arabe, et à nos dirigeants.

– C’est-à-dire?

– Je fais une critique au vitriol de la façon dont nos élites politiques conçoivent la nation. La France – peut-être pour un Suisse cela apparaît-il de façon claire – est gangrenée par une haute fonction publique omnisciente et inculte qui méprise l’université, notamment les études qui sont dans mon domaine. Donc on a abouti à ce à quoi on a abouti… Le monde du renseignement s’est endormi sur ses lauriers après s’être débarrassé de Kelkal (Ndlr, terroriste d’origine algérienne qui a commis plusieurs attentats en France avant d’être abattu par la police fin 1995), jusqu’à Merah, et finalement il n’a pas compris le passage au djihadisme de 3e génération. Il y a aussi une incapacité à comprendre ce qui se noue dans la sédentarisation de l’islam de France, ses acteurs, le jeu des élus avec le salafisme pour avoir la paix sociale. C’est l’incapacité globale de notre élite politique.

«Une critique au vitriol de la façon dont nos élites politiques conçoivent la nation» (AFP) JOEL SAGET

– On a presque l’impression d’entendre Michel Houellebecq qui, dans une tribune publiée dans le New York Times, traite le premier ministre de «demeuré congénital» et vomit les élites.

– Je n’utiliserais peut-être pas les mêmes termes. Le chapitre six de mon livre commence par Houellebecq puisque la journée du 7 janvier a commencé avec son interview à la matinale de France Inter. Encensé par la presse pour son livre précédent qui avait obtenu le prix Goncourt, Houellebecq est alors brûlé par la même presse sur le thème «C’est un islamophobe». Ce matin-là, Caroline Fourest interpelle Houellebecq. Il dit : «Oui, euh, oh, oui, oui… (il imite la voix de Houellebecq), je crois pas avoir lu de ses livres. Je me suis documenté pourtant, je me suis arrêté à Gilles Kepel. » A ce moment-là le téléphone se met à chauffer, des collègues m’objurguent de me désavouer d’avec Michel Houellebecq, islamophobe. Je n’en fais bien sûr rien. Je viens ensuite dans mon bureau et c’est là que j’apprends l’attaque contre Charlie Hebdo. Et je dis à mes collègues: maintenant ils vont tuer des «apostats» et des juifs. J’avais lu et traduit en français Abou Moussab al-Souri, le théoricien de ce nouveau djihad qui avait rompu avec Ben Laden. Il avait expliqué que c’en était fini avec l’Amérique, la stratégie d’Al Qaida avait été un échec, c’était de l’hubris. Il fallait désormais attaquer le ventre mou de l’Occident, l’Europe, pour y déclencher une guerre civile en utilisant la population mal intégrée et les camps d’entraînement au Levant. Tout cela, je l’ai écrit dans «Terreur et Martyre» paru en 2008 mais personne ne s’y intéressait à l’époque – et c’est effectivement ce qui s’est passé. Aujourd’hui certains disent qu’al-Souri est mort. On n’en sait rien, mais cela n’a plus d’importance car ses textes continuent de circuler, dans le monde du tweet il n’y a plus d’auteur.

– Vous avez lu «Soumission»?

– En fait, l’éditrice de Houellebecq m’avait demandé de regarder les épreuves avant la publication de «Soumission» pour voir dans quelle mesure il courait un risque. J’avais dit que de mon point de vue, il n’y avait rien qui porte atteinte aux valeurs sacrales de l’islam, il n’insulte pas le prophète. Il ironise sur ce Mohamed Ben Abbes, fils méritant d’épicier tunisien, énarque et polytechnicien qui devient président de la République. C’est une fiction, assez drôle (il ne faut bien sûr pas la suivre comme étant la réalité, la réalité est différente), mais qui attrape assez bien un certain nombre de clivages de la société française. Il force le trait mais c’est un livre très intéressant. Notez que les quatre auteurs de langue française les plus fameux ou primés de l’année sont Houellebecq, Hédi Kaddour, Boualem Sansal et Mathias Enard, qui tous traitent de ces sujets. Cette année 2015 aura commencé par Charlie et l’Hyper Cacher et s’achève avec d’une part avec la pègre djihadiste – parce que c’est une pègre, on n’est plus du tout à l’époque de Ben Laden et Zawahiri. Tous les éléments de l’enquête sont hallucinants: la dérive d’Abdel Hamid Abaaoud, qui erre après l’attentat au Bataclan, prend le métro à Montreuil, et qui finit grâce à sa cousine dans ce squat sordide de Saint-Denis où il est abattu – et la victoire attendue de Marine Le Pen aux élections régionales d’autre part. Cela veut dire qu’il y a un séisme dans la société française et que nos élites sont défaillantes.

– C’est-à-dire?

– C’est-à-dire que les clivages dans la société font un peu penser au 18e siècle avant la révolution française.

– Cela signifie-t-il la stratégie d’Al-Souri de guerre civile s’impose ?

– On n’en est pas là. Quand François Hollande dit «C’est la guerre», «Nous sommes face à une armée djihadiste», on a l’impression qu’il se regarde au miroir que lui tend Daech. Moi je ne crois pas à cela. Une guerre se mène contre un Etat. L’État islamique est-il vraiment un Etat ? Non. Si guerre il y a, elle est au Levant. C’est le fait d’une coalition internationale qui a décidé de se débarrasser de Daech. Mais, prise dans ses contradictions, elle ne marche pas.

– Pourquoi?

– Les Turcs, au fond, trouvaient que Daech c’était pas mal puisque que cela permettait de tenir les Kurdes en laisse. Et puis ils leur achetaient du pétrole à très bas prix. Les Saoudiens et les gens du Golfe trouvaient eux que Daech permettait d’avoir une force efficiente pour détruire le système assadien, allié de l’Iran et donc d’affaiblir le croissant chiite. Les Russes au fond trouvaient eux aussi que Daech c’était plutôt bien puisqu’ils bombardaient les «djihadistes modérés» comme disent un certain nombre d’ânes de la politique étrangère française. Entre Assad et Daech, il y a un équilibre dans l’horreur, mais il faut bien voir que ce n’est pas Assad qui fait les attentats en France. Et pour cela, la ligne de la politique française, qui faisait de la «neutralisation» d’Assad un préalable, a changé. C’est le sens de la recherche par François Hollande d’une coalition qui a la neutralisation de Daech comme priorité, désormais…

– D’autres attentats les ont précédés, à Beyrouth, l’avion russe…

– Pour les Russes, Daech est désormais un vrai problème. Même s’il n’a pas d’opinion publique à proprement parler, Poutine est obligé de montrer qu’il fait quelque chose contre ceux qui ont détruit l’avion russe au Sinaï, des enfants sont morts comme ici dans le 10e et le 11e arrondissement. Mais aujourd’hui, il y a eu un deuxième avion russe abattu, par la DCA turque, et cela montre les limites de la coalition! De son côté, Erdogan a remporté à nouveau les élections, mais il a besoin de se refaire une virginité en Occident car son image s’est beaucoup dégradée. Il met donc des moyens contre Daech – on verra jusqu’où… Quant aux Saoudiens, ils sont très ennuyés par cette histoire car Daech apparaît maintenant comme une source de légitimité islamique face aux régimes corrompus et occidentalisés de la péninsule. L’auteur algérien Kamel Daoud a écrit que «l’Arabie saoudite c’est Daech qui a réussi». Il y a de ça. Le régime saoudien voit avec beaucoup d’inquiétude la possibilité que Daech s’empare de Damas. Selon les prévisions apocalyptiques salafistes – des propos du prophète remis à la mode du jour – c’est de Damas, Sham en arabe, que viendra l’apocalypse, moment à partir duquel l’islam se répandra à la surface de la terre. Tout cela, on y croit en Arabie saoudite, c’est ce que diffusent les oulémas saoudiens. Si Damas tombe aux mains de Daech, Médine et La Mecque ne pourront plus grand-chose pour protéger le régime. Il y a une vraie inquiétude.

– Daech est devenu un concurrent.

– Le concurrent d’un régime qui a par ailleurs changé. Il s’est considérablement rajeuni. Longtemps, lorsque des Saoudiens venaient me voir, je passais pour un bambin, ils avaient 80 ans. Aujourd’hui je me sens un vieillard. Dans l’entourage des princes héritiers, ce sont des gens qui ont 35 ans qui sont aux commandes. C’est extrêmement rapide, comme ailleurs dans le Golfe. Il y a donc beaucoup de gens qui ont aujourd’hui intérêt à battre Daech. Mais sur le sol européen, on ne peut pas parler de guerre. C’est une opération de police qui implique d’avoir un renseignement efficace et le renseignement préventif ne l’est pas, Schengen n’aide en rien. Ils sont parfaitement capables de se faufiler dans tous les interstices possible. La différence, c’est qu’en janvier vous aviez des gens ciblés : des «islamophobes», des «apostats», des juifs. Là ils ont tué tout le monde de manière indiscriminée en visant la jeunesse bobo-branchée du Xe et du XIe arrondissement, ainsi que les jeunes issus de l’immigration qui habitent aussi ces quartiers.

– Avec quel but ?

– Un: terroriser l’adversaire. Deux: viser des soutiens auprès de sympathisants. Le 11 janvier, il y a eu une immense manifestation «Je suis Charlie». En même temps, un certain nombre de jeunes «issus de l’immigration» disaient «Chah», ce qui veut dire «Bien fait!» en arabe maghrébin dialectal, ou «Je ne suis pas Charlie». Vous aviez aussi des milliers de «like» pour Merah sur les pages Facebook. En janvier, ils ont mobilisé des soutiens. Là, en novembre, très peu. Il y a très peu d’affirmation d’identification à Daech.

– C’est une rupture, ils sont allés trop loin ?

– Oui. Il est possible que ce soit de ce point de vue-là un vrai souci dans leur stratégie.

– Si l’on revient à la guerre de Hollande contre Daech, cela représente un tournant pour un pays qui se montrait le plus intransigeant face à Bachar al-Assad

– Il a perdu de sa crédibilité pour monter une coalition. Au départ, il y avait ici une ligne selon laquelle la Syrie était notre guerre d’Espagne. Le dire semble romantique, mais c’est une idiotie. Car cela veut dire que toute personne qui va se battre en Syrie le fait avec la bénédiction de l’État. Et c’est ce qui s’est passé avec les djihadistes. C’était un manque de vision, un manque de connaissance. On était tous focalisé contre Assad, pour lequel je n’ai pas de sympathie, mais le résultat est qu’on n’a pas vu venir Daech. Aujourd’hui, cette ligne a été mise sous le boisseau puisqu’on cherche à s’allier avec les Russes pour se débarrasser de Daech. Notez que les Russes non plus ne sont pas des fans d’Assad. Ils ont préservé Assad parce que c’était la façon de garder leur position sur place.

– Et pourtant Daech est en partie une créature d’Assad.

– Bien sûr. Longtemps, ils ne se sont pas battus entre eux. Daech se battait contre les autres rebelles, le régime était très content. C’est un peu la même tactique que les Russes avaient préconisée en Algérie pour combattre la rébellion dans les années 1990, c’est-à-dire susciter des ultra radicaux qui se battent entre eux. Finalement l’explosion de la violence dégoûte les sympathisants. C’est ce qui s’est passé en Algérie en 1997, puis en Egypte aussi. Est-ce qu’on en est arrivé à ce point avec Daech en France, c’est trop tôt pour le dire. De leur point de vue, sur le plan quantitatif, ils ont tué beaucoup plus de monde qu’en janvier.

«Tous ces types sont devenus extrêmement dangereux durant la décennie 2005-2015, quand ils sont passés en prison, sous le contrôle de l’administration pénitentiaire». (AFP)

– Comment définissez-vous le djihad à la française?

– Il y a toute une histoire française qui est passé par la communauté d’Artigat, dans l’Ariège, où l’on retrouve Thomas Barnouin, qui est le grand idéologue du djihad francopohone, la fratrie Merah, des convertis comme les frères Bons. Quand vous appelez les djihadistes français au téléphone, me disent ceux qui sont à leur contact, vous avez parfois un fort accent du sud-ouest, au bout du fil… pas seulement un accent reubeu…

– Dans ce djihadisme made in France, quelle est la part d’explication relevant de facteurs économiques et sociaux, des problèmes d’intégration de l’immigration, des dérives sectaires ou religieuses, de la criminalité ?

– C’est un mélange. La criminalité se retrouve dans les cas les plus lourds: Merah, Kouachi, Coulibaly, Abdeslam, Abaaoud. C’est l’itinéraire de braqueurs. Et c’est l’incubateur carcéral qui a joué un rôle clé pour transformer ces braqueurs en djihadistes. Le passage par la prison est fondamental. Là encore, vous avez une défaillance des élites politiques françaises: tous ces types sont devenus extrêmement dangereux durant la décennie 2005-2015, quand ils sont passés en prison, sous le contrôle de l’administration pénitentiaire.

– Quelle doit être la riposte?

– Emmanuel Macron posait cette question dimanche dernier: comment s’est constitué le terreau et pourquoi la machine à intégrer ne marche plus. J’ai travaillé en Seine St-Denis pendant une année, cinq ans après les émeutes de 2005, pour comprendre comment la rénovation urbaine s’était mise en place, mais le travail est toujours absent. Il faut qu’il y ait des stratégies éducatives qui permettent à des jeunes d’occuper des emplois auxquels ils sont aujourd’hui inadaptés en sortant de l’école. L’école est décrédibilisée parce qu’elle n’apporte pas d’emploi, du coup les valeurs qu’elle enseigne – c’est-à-dire la laïcité – sont nulles et non avenues dans l’esprit de nombreux jeunes de milieux défavorisés. On est dans un cercle vicieux. Le terrorisme n’est pas quelque chose de génétique: c’est l’aboutissement d’un processus dans lequel les utopies d’extrême-gauche et d’extrême-droite sont tombées en déshérence, en putréfaction. Le djihadisme rattrape aussi tout cela.

– Qu’en est-il des autres causes?

– Il y a l’explication psychiatrique. Le père a généralement disparu et la mère se retrouve seule face à des fratries avec une substitution du père par les pairs et la projection dans le départ en Syrie pour redresser les torts privés et publics.

– Et il y a le salafisme.

– Il y a un débat à ce propos. Des gens vous disent que c’est formidable, parce que cela maintient la paix sociale. On voit émerger des communautés, parfois d’anciens gauchistes, comme celle d’Artigat en Ariège, passée du chichon à la charia. Le problème est de savoir quand le salafisme dit «quiétiste» bascule dans le salafisme djihadiste. Les quiétistes disent qu’ils n’ont rien à voir avec les autres. Je pense que ce n’est pas si simple. Artigat en est un très bon exemple. Au départ cela se veut quiétiste, on fait de la poterie. Finalement, toute la mouvance djihadiste du sud-ouest passe par là, de Merah au frères Clain qui ont lu et psalmodié le communiqué de Daesh après le 13 novembre. Le problème du salafisme est la rupture en valeurs avec les normes de la société ambiante. Et à partir du moment où vous êtes en rupture en valeurs, le substrat du passage à l’acte est là, même s’il n’a pas toujours lieu.

– Et ce passage du salafisme quiétiste au djihadiste est dû…

– … essentiellement à des raisons affinitaires. Quand vous êtes dans ces milieux désocialisés, que vous avez un gourou qui est éloquent, vous basculez.

– Le salafisme nous ramène à l’Arabie saoudite puisqu’il en est la source. Peut-on lutter contre le salafisme tout en vendant des armes à l’Arabie saoudite ? N’est-on pas là au coeur de la contradiction française?

– C’est très complexe effectivement. Le budget de la France doit beaucoup à la vente d’armes financées par les Saoudiens, que ce soit pour l’armée égyptienne, l’armée libanaise ou pour eux-mêmes. Quelles sont les contre-parties à ces budgets, ça je ne le sais pas.

– Comment définissez-vous le djihad à la française?

– Il y a toute une histoire française qui est passé par la communauté d’Artigat, dans l’Ariège, où l’on retrouve Thomas Barnouin, qui est le grand idéologue du djihad francopohone, la fratrie Merah, des convertis comme les frères Bons. Quand vous appelez les djihadistes français au téléphone, me disent ceux qui sont à leur contact, vous avez parfois un fort accent du sud-ouest, au bout du fil… pas seulement un accent reubeu…

– Dans ce djihadisme made in France, quelle est la part d’explication relevant de facteurs économiques et sociaux, des problèmes d’intégration de l’immigration, des dérives sectaires ou religieuses, de la criminalité ?

– C’est un mélange. La criminalité se retrouve dans les cas les plus lourds: Merah, Kouachi, Coulibaly, Abdeslam, Abaaoud. C’est l’itinéraire de braqueurs. Et c’est l’incubateur carcéral qui a joué un rôle clé pour transformer ces braqueurs en djihadistes. Le passage par la prison est fondamental. Là encore, vous avez une défaillance des élites politiques françaises: tous ces types sont devenus extrêmement dangereux durant la décennie 2005-2015, quand ils sont passés en prison, sous le contrôle de l’administration pénitentiaire.

– Quelle doit être la riposte?

– Emmanuel Macron posait cette question dimanche dernier: comment s’est constitué le terreau et pourquoi la machine à intégrer ne marche plus. J’ai travaillé en Seine St-Denis pendant une année, cinq ans après les émeutes de 2005, pour comprendre comment la rénovation urbaine s’était mise en place, mais le travail est toujours absent. Il faut qu’il y ait des stratégies éducatives qui permettent à des jeunes d’occuper des emplois auxquels ils sont aujourd’hui inadaptés en sortant de l’école. L’école est décrédibilisée parce qu’elle n’apporte pas d’emploi, du coup les valeurs qu’elle enseigne – c’est-à-dire la laïcité – sont nulles et non avenues dans l’esprit de nombreux jeunes de milieux défavorisés. On est dans un cercle vicieux. Le terrorisme n’est pas quelque chose de génétique: c’est l’aboutissement d’un processus dans lequel les utopies d’extrême-gauche et d’extrême-droite sont tombées en déshérence, en putréfaction. Le djihadisme rattrape aussi tout cela.

– Qu’en est-il des autres causes?

– Il y a l’explication psychiatrique. Le père a généralement disparu et la mère se retrouve seule face à des fratries avec une substitution du père par les pairs et la projection dans le départ en Syrie pour redresser les torts privés et publics.

– Et il y a le salafisme.

– Il y a un débat à ce propos. Des gens vous disent que c’est formidable, parce que cela maintient la paix sociale. On voit émerger des communautés, parfois d’anciens gauchistes, comme celle d’Artigat en Ariège, passée du chichon à la charia. Le problème est de savoir quand le salafisme dit «quiétiste» bascule dans le salafisme djihadiste. Les quiétistes disent qu’ils n’ont rien à voir avec les autres. Je pense que ce n’est pas si simple. Artigat en est un très bon exemple. Au départ cela se veut quiétiste, on fait de la poterie. Finalement, toute la mouvance djihadiste du sud-ouest passe par là, de Merah au frères Clain qui ont lu et psalmodié le communiqué de Daesh après le 13 novembre. Le problème du salafisme est la rupture en valeurs avec les normes de la société ambiante. Et à partir du moment où vous êtes en rupture en valeurs, le substrat du passage à l’acte est là, même s’il n’a pas toujours lieu.

– Et ce passage du salafisme quiétiste au djihadiste est dû…

– … essentiellement à des raisons affinitaires. Quand vous êtes dans ces milieux désocialisés, que vous avez un gourou qui est éloquent, vous basculez.

– Le salafisme nous ramène à l’Arabie saoudite puisqu’il en est la source. Peut-on lutter contre le salafisme tout en vendant des armes à l’Arabie saoudite ? N’est-on pas là au coeur de la contradiction française?

– C’est très complexe effectivement. Le budget de la France doit beaucoup à la vente d’armes financées par les Saoudiens, que ce soit pour l’armée égyptienne, l’armée libanaise ou pour eux-mêmes. Quelles sont les contre-parties à ces budgets, ça je ne le sais pas.

– Les Saoudiens ne financent-ils pas les prédicateurs salafistes qui créent le terreau de la terreur?

– C’est difficile à dire quand vous n’avez pas vous-même accès aux organismes qui traquent l’argent. Mais l’influence de ces prédicateurs sur les réseaux sociaux est immense.

Source : Le Temps, 26-11-2015

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Commentaire recommandé

Pascalcs // 03.12.2015 à 01h25

On peut, sans trop exagérer, dire que le 13.11 est loin d’être la seule faillite de cette même auto-entretenue élite. La France serait tellement mieux et plus rayonnante sans cette caste très largement corrompue mais au-dessus de tout soupçon bien entendu.

69 réactions et commentaires

  • bobob // 03.12.2015 à 01h23

    Il y a une partie du texte qui est présente 2 fois.

    A partir du 2ème « – Comment définissez-vous le djihad à la française? » jusqu’à la dernière question non incluse.

    (message à supprimer)

      +29

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  • Pascalcs // 03.12.2015 à 01h25

    On peut, sans trop exagérer, dire que le 13.11 est loin d’être la seule faillite de cette même auto-entretenue élite. La France serait tellement mieux et plus rayonnante sans cette caste très largement corrompue mais au-dessus de tout soupçon bien entendu.

      +40

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    • rouille // 04.12.2015 à 07h46

      « En vertu de l’article 48 de la Constitution, est pris le décret suivant […] :
      Les articles 144 ,115, 117, 118, 123, 124, et 153 de la Constitution sont supprimés. Par conséquence sont autorisés : les atteintes à la liberté des personnes, à la liberté d’expression y compris, la liberté de la presse, le droit de réunion : les atteintes au secret des communications postales, télégraphique et téléphoniques : les perquisitions, confiscations et les limitations de la propriété. »
      Décret du chancelier du Reich, février 1933.
      En 1934, le président Hindenburg meurt. Hitler devient chancelier et président : il a désormais les pleins pouvoirs.
      C’est pas de la science fiction, c’est juste un peu d’histoire et c’est dans les manuels scolaires pour les enfants. C’est étonnant comme le passé peu inspirer l’avenir.

        +5

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  • Lysbeth Lévy // 03.12.2015 à 01h40

    Comme on en reparle du fameux clash des civilisations, voilà une « réfutation » du mythe du « choc des civilisations » qu’ Huttington a écrit pour justifier la grande croisade de Bush (et l’état profond des néoconservateur) contre des pays arabes ou musulmans, après la chute de l’Urss, l’ennemi naturel des Usa pendant si longtemps.

    http://cortecs.org/wp-content/uploads/2015/08/CorteX_Gabriel_Giraud_Memoire_Choc_des_civilisations_Huntington.pdf.pdf

    Gille Kepler a été aussi un des auteurs de « prophétie auto réalisatrice », a sa manière, intelligente et cultivé, pas animé de cette haine tenace des habituels croisés contre les nouveaux sarrasins, ceux du XX siècle.

      +14

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    • Cyd // 03.12.2015 à 15h58

       » mythe du “choc des civilisations” qu’ Huttington a écrit pour justifier la grande croisade de Bush  »
      2 remarques :
      1) Le livre est paru en 1996, à partir d’un article de 1993. Donc d’un point de vue date ca ne colle pas trop
      2) Mais surtout, Huntington explique clairement qu’il ne faut pas que les grandes puissances interviennent dans la sphère d’influence (les fameuses aires civilisationnelles) des autres sous peine de générer le chaos

      Je ne comprends donc pas bien votre assertion. Pour avoir lu le livre début 2001, je n’ai jamais compris pourquoi il a été si mal interprété. A croire que la plupart des commentateurs ne l’ont jamais lu

        +6

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      • Mangouste // 03.12.2015 à 18h14

        Je l’ai lu il y a deux ans et j’ai eu exactement la même impression que vous : celle d’avoir en mains un livre à mille lieues de toutes les critiques que j’en avais lu.

          +3

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      • Lysbeth Lévy // 03.12.2015 à 21h21

        Il est bien possible qu’Hutington est conseillé les « marchands de guerre » américains de ne pas empiéter sur le « bloc du voisin », pour la bonne raison, que déjà en 1972 il était « au coeur de la politique américaine » au Viet-Nam en donnant le conseil de bombarder ce malheureux pays de tapis de bombes !

        Il avait pour mission selon certains de voir « au delà » de la guerre froide, celle ci une fois gagnée en 1989 ! Revoyez son CV en anglais et vous verrai que lui par contre n’était pas un ange, loin de là, donc « on a pu le considérer comme un néoconservateur » à son époque. https://en.wikipedia.org/wiki/Samuel_P._Huntington

        En ce temps là Bush le père était dans les cuisines de « l’état profond », a la CIA ou quelque chose comme ça; le but de la politique américaine était de détruire le pays de l’Axe du Mal et de se réorganiser au delà dès que celui ci serait enfin abattu et ne présenterai plus de danger sur la route de « l’american of life des Usa ».

        On a trop souvent pensé que Hutington avait une bonne sorcière ou une meilleure « boule de cristal », mais le fait est qu’il était bien placé et pouvait voir au delà des simples apparences. Evidemment qu’il voyait l »économie se mondialiser et les pays s’agglutiner en « blocs » selon leurs cultures, en plus de leurs intérêts convergeants.

        Et oui il n’a pas été écouté quand, plus sage, il a conseillé de ne pas toucher aux blocs »Chine-Inde », par exemple mais as t’il conseillé de ne pas toucher à la Russie ?

        Bah non, l’ex-Urss avait été « pensée » comme « quasi morte », il n’a pas prévu de destin de ce pays dont « la légitimité touchait à sa fin ». Il entrevoyait le moment ou le fameux « blowback » de « l’islam attaqué » se retournerait contre son maitre des conflits et guerre contre différents pays arabes avaient déjà lieu et l’Iran occupait déjà leur pensées.

        Le « destin américain » de mettre la main sur les réserves mondiales de pétrole continuait à commander la politique américaine internationale.

          +4

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  • Sami // 03.12.2015 à 06h28

    Le clash des civilisations, il existe, mais là où il est le plus aigu, c’est d’abord au cœur même de la « civilisation Musulmane », entre les tenants d’une modernité tout à fait possible (voir les pays Arabo Musulmans dans les années 70, alors que les nationalismes de type laïco-tiers-mondistes de l’époque répondaient pleinement à cette demande d’une modernité à évolution harmonieuse…) entre donc les tenants de la modernité et les tenants d’un repli archaïque, fantasmé, etc., de type wahabiste et FM (Frères Musulmans), les deux facettes d’une même pièce.
    Ce qu’on croit être et qu’on présente comme un choc des civilisations entre « l’Islam » et « l’Occident », n’est en vérité (surtout) qu’un écho, d’un combat intra-monde Musulman.
    Paradoxe : beaucoup en Occident croient en un choc des civilisations entre « Islam et Occident », mais qu’ils aient toujours à l’esprit que l’Occident est LE soutien (souteneur ?) décisif de toute la sphère intégriste islamique, car enfin, que serait l’Arabie Saoudite depuis les années 40, si les USA n’en avaient pas fait une chasse gardée de type mafieuse : tu me laisses dominer la gestion de ton pétrole, et je te protège à fond la caisse. Plus même, je fermerai les yeux lorsque tu propageras ta doctrine archaïque à travers le monde musulman en particulier, et le monde en général, jusque dans les caves des banlieues européennes…
    Etc etc.

      +35

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    • Astatruc // 03.12.2015 à 09h44

      Sami, vous avez tout à fait raison.

      Le pacte du Quincy, » Le 14 février 1945, le président Roosevelt et A.Ibn Saoud se réunirent à bord du croiseur Quincy(1), à cette occasion le Pacte de Quincy fut signé. En effet pendant 60 ans, les Etats-Unis se voyaient assurés un accès privilégié au pétrole du Royaume en échange d’une protection militaire en cas de besoin.  »

      http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-955_fr.html

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Saudi_Aramco

      14 février 1945
      Le « pacte du Quincy », une alliance contre nature
      http://www.herodote.net/14_fevrier_1945-evenement-19450213.php

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    • Pincho // 03.12.2015 à 18h45

      D’accord avec vous, mais quand vous dites « entre donc les tenants de la modernité et les tenants d’un repli archaïque », j’y comprends entre ceux qui acceptent le dialogue avec l’occident et ceux qui le refusent.
      Le combat intra-monde Musulman a bien pour question centrale l’occident, à mes yeux (excepté la rivalité sunnites-chiites).

        +2

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  • philbrasov // 03.12.2015 à 06h35

    tant que l’on ne déclarera pas le salafisme comme un mouvement sectaire, devant faire l’objet d’une surveillance accrue, et interdite au moindre faux pas, on ne s’en sortira pas…

    le seul HIC, c’est que le salafisme représente, la racine dogmatique de l’islam sunnite….
    Ça reviendrait a couper non pas la branche sectaire de l’islam,mais le tronc sunnite de l’islam…

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    • Furax // 03.12.2015 à 07h29

      100% d’accord avec vous.

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      • Anouchka // 03.12.2015 à 09h10

        Non, pas d’accord. Le wahhabisme est rejeté par de nombreux sunnites. D’autre part parler de dogmes pour l’Islam n’a pas vraiment de sens. L’approche des savants islamique est plutôt d’ordre juridique que dogmatique, contrairement au christianisme. Pour le christianisme, c’est la question de la foi en Jésus Christ qui est centrale et non pas la question de savoir ce qui est écrit ou pas dans la bible. Afin d’ « unifier » et définir la croyance, le chrétien a besoin des dogmes. Pour le musulman, en revanche, ce qui compte, c’est de savoir comment bien se comporter par rapport à ce qui est écrit dans le Coran. C’est assez différent.

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        • philbrasov // 03.12.2015 à 09h50

          le wahhabisme est rejete par de nombreux musulmans, car tout une partie du coran les derangent ou l’ignore… notamment lorsque ces « musulmans » goûtent aux « joies » de la vie occidentale.

          Sauf que, et je vais pas vous faire un cours d’islam..
          faudra une sacre dose d’hypocrisie, pour nous faire admettre que dans la mesure ou le coran est un livre d’une part incréé, et d’autre part de tradition orale, le dogme n’existe pas…
          En tout cas pour ceux qui sont exterieurs a l’islam.
          Faut une sacrée dose de croyance, pour penser que ce qui est ecrit dans le coran est VRAI…
          Ajoute a cela, les versets de la Mecque, de Medine, ceux abrogeants les verses abroges etc etc….
          Certains musulmans, partent du principe, que seul le coran fait foi, et QUE seuls les versets abrogeants prennent le dessus sur les versets abroges…
          A partir de la, la porte est ouverte a tous les abus de cette croyance…
          et si le contexte a dicte les versets abrogeants, on se demande pourquoi aujourd’hui ces versets seraient encore d’usage aujourd’hui…
          il est temps de faire l’aggiornamento de cette croyance,,,,

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          • Chris // 03.12.2015 à 10h45

            L’Islam connaît les mêmes soubresauts, voire état de guerres que connut le Christianisme il y a bien des siècles, qui plus est, « coincé » dans le carcan colonisateur économique occidental hédoniste qui peut être vu quasi comme une contre-civilisation… Le processus de maturation est forcément lent et divaguant selon les pressions exercées et son « talent » colonisateur (*)
            « Faut une sacrée dose de croyance, pour penser que ce qui est écrit dans le Coran est VRAI… »
            Une affirmation qui colle à TOUTES les religions, ces idéologies spirituelles…prestement utilisée dans le domaine matériel par d’aucuns. Pour cohérer et survivre, chaque communauté humaine a dû inventer/réinventer des concepts spirituels -et/ou éthiques- transcendant la vie matérielle quotidienne.

            * Dernièrement, je me suis « appuyé » des dizaines d’heures d’écoute d’une série vidéo sur l’empire romain. Autant pour me rappeler une Histoire dont nous sommes les héritiers, que pour analyser le processus de christianisation eurasiatique : un exercice intéressant pour qui a le temps.
            Les US n’ont rien inventé…

              +13

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        • Joséphine // 03.12.2015 à 13h39

          « Pour le christianisme, c’est la question de la foi en Jésus Christ qui est centrale et non pas la question de savoir ce qui est écrit ou pas dans la bible. » vous parlez des chrétiens d’aujourd’hui à la rigueur. Mais ceux d’hier, et d’avant hier, ceux qui étaient terrorisés par les prêches du curé local? Il me semble que les références à la Bible sont importantes, sinon, sur quoi s’appuyer?

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          • Anouchka // 04.12.2015 à 05h43

            Non, c’est la doctrine de l’Eglise depuis le début. Et le protestantisme a encore accentué cet aspect. Rappelez-vous cette phrase célèbre de Saint Augustin : « Aime et fait ce que tu veux ». Certes, pour les catholiques et les orthodoxes, il y a toujours un doute sur ce qui est la source du salut individuel : la foi (qui ne se conçoit pas sans la grâce divine) ou les œuvres (les bonnes ou mauvaises actions que l’on peut faire dans sa vie). Ce doute est motivé par l’épître de Jacques qui dit en substance que la foi sans les œuvres est inutile. Luther, quant à lui a rejeté cette épître la qualifiant d' »épître de paille », et considérant que seule la foi sauve (il se basait, pour affirmer cela, sur les écrits de Paul et sur les evangiles, notamment celui de Jean)

              +2

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    • Patrick Luder // 03.12.2015 à 08h35

      Vous confondez religieux et religion. Le Coran n’est pas plus violent que la Bible, les deux enseignent l’amour et la droiture en premier lieu, la crainte, le mal mentionné dans les livres saints n’y sont présents que comme mauvais exemple à ne pas suivre … mais malheureusement tout de même suivis par nombre d’entre-nous. Nous sommes nés libres de nos choix et c’est cette richesse qui fait nos fortunes ou nos malheurs.

        +11

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    • Bozi la mouche // 03.12.2015 à 08h59

      « Le salafisme représente la racine dogmatique de l’islam…. »…ça sonne bien , c’est une belle phrase , mais c’est n’importe quoi….

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    • bourdeaux // 03.12.2015 à 09h43

      C’est faux. Le salafisme est une branche conservatrice de l’Islam qui, en gros considère que l’Islam véritable est celui de l’époque du prophète et des deux générations qui l’ont suivi, que l’innovation est mauvaise, et que la raison humaine éloigne du message divin. Bref, c’est un peu comme des catholiques qui prôneraient le retour aux messes en latin ou la reprise des croisades…Mais le « tronc doctrinal » est le même ; comme le dit patrick luder, tout découle du libre choix du mode de lecture des textes saints.

        +7

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  • FGB // 03.12.2015 à 07h28

    Il y a matière à critique ! Quand le gouvernement français s’attaque à la déscolarisation de plus de 200 000 jeunes, il n’est pas possible de lui reprocher de ne rien faire… Coté face : cette politique baisse le niveau général des qualifications qui font de ces jeunes des personnes inemployable ! Coté pile : il y a un rejet du monde professionnel des jeunes d’origine maghrébine…le polytechnicien des quartiers difficiles de Marseille, sortie major de sa promotion, ne trouve pas sa place dans la société française !!! Crise économique, défiance des élites économiques à leur endroit comme aux jeunes issus des quartiers difficiles, cooptation qui se résume au piston…crise des partis politiques qui tentent vainement de réagir en essayant de se renouveler et finalement montée du Front National qui rassemble les mécontents
    pour beaucoup médiocres et donc nationaliste ou manifestement en perte de repères souverainistes !

    Il faut de l’intégration à la française et joindre une dimension multiculturelle qu’apporte l’Europe pour sortir de l’ornière guerrière mais cela prend du temps pour que les esprits comprennent enfin !…

      +6

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  • Perret // 03.12.2015 à 07h55

    Gilles Kepel met en évidence l’importance de l’université et des études de lettres et sciences humaines, les études arabes en ce qui le concerne (et nous tous au passage). Bassam Tahhan en a parlé aussi.
    Il est vital de mettre en demeure le pouvoir de reconstituer des études arabes de haut niveau.
    Ce mépris du lobby des grandes écoles pour l’université touche toutes les disciplines.
    Une nomenklatura n’a rien à transmettre, elle ne songe qu’à se reproduire.

      +19

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    • Alfred // 03.12.2015 à 09h06

      Mr Kepler est certainement un très bon spécialiste de l’islam et ses vues sur l’université sont certainement fondées. Par contre voilà encore une personne qui n’a jamais connu le chômage et dont la compréhension des enjeux d’éducation est totalement erronée.
      Aucune adéquation de l’école aux « besoins du marche du travail » ne réglera le problème du chômage et de la légitimité du discours de l’éducation. La fabrication de (sur) diplômes chômeurs est un problème mondial. Un chômeur non diplômé, un chomeur compétent, un chômeur diplôme et compétent, un chômeur non diplômé et compétent, ce que vous voulez cela reste un chômeur. Ce n’est pas l’école qui crée l’emploi. c’est à la rigueur les entreprises. C’est surtout l’organisation économique du monde (protectionnisme ou non, normes, répartition du travail, accès aux ressources (l’éducation n’est qu’une forme de ressource immatérielle mais il y a aussi l’accès au capital etc..)..
      Tant que l’on fera porter à l’école un chapeau trop grand on cachera la poussière sous le tapis. Plus de 10% de chômeurs c’est un anéantissement beaucoup plus large du corps social de la violence généralisée à très long terme et en aucune façon l’école ne peut régler ça.
      Par contre avec 4% de chômage en France effectivement on aurait moins de risques d’attentats entre autres. Mais comment faire? La voie russe de reconstruction économique peut être? Sans ressources métropolitaines propres il va falloir baisser notre niveau de vie si on veut garder une ballance commerciale neutre et utiliser la ZEE à fond…

        +25

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      • Perret // 03.12.2015 à 09h30

        Globalement et aujourd’hui, vous avez raison. Mais l’aspect du problème que soulève Kepel correspond à ce qui s’est passé il y a 25/30 ans. Chevènement, ministre de l’Education, fixe comme objectif, en 1986, « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac ». Il est reçu 5/5 dans les banlieues et les familles issues de l’immigration poussent leurs enfants à faire des études. Ce qui fait qu’au moment de la crise de l’emploi des jeunes diplômés de 1992/1993 (chute de 50 % du salaire d’embauche d’un diplômés à bac + 5 et réduction massive du nombre des emplois offerts), ceux qui ont un diplôme mais par de réseau relationnel ni de connaissance des codes culturels, sociaux, vestimentaires, comportementaux qui favorisent l’accès à l’emploi se trouvent laissés pour compte et attendent l’âge de 25 ans chez leur parents pour pouvoir bénéficier des premières aides. Les petits frères considèrent alors que l’école n’a aucun intérêt et assurent la matérielle de leur famille en faisant le guet, à partir de 13 ou 14 ans, pour le plan drogue du quartier, avec tout ce qui s’en est suivi.
        Une structure concernant l’ensemble des jeunes diplômés mais avec des actions spécifiques pour ce public a été créée suite à l’affaire du CIP sous Balladur premier ministre, en 1994, elle s’appelait AFIJ (association pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés). Elle a obtenu des résultats étonnants. Elle a été supprimée par 2014 par Michel Sapin (elle coûtait 5 millions d’euros par an pour une action nationale de plus en plus indispensable).
        La désindustrialisation de la France a créé un chômage endémique qui exclut plus que jamais ceux qui sont « hors circuit ». C’est désormais sans issue tant que l’on ne décrochera pas du système destructeur dans lequel notre pseudo élite nous a enfermé.

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      • Chris // 03.12.2015 à 11h40

        « Aucune adéquation de l’école aux “besoins du marche du travail” ne réglera le problème du chômage et de la légitimité du discours de l’éducation »
        Le fait est que vu de l’étranger, le système d’éducation professionnelle français est inadapté, car pas pragmatique pour un sou. La religion de la République est de ne produire que des intellectuels (plutôt des chiens savants) en continuant de mépriser les métiers artisanaux qui pourtant constitue le tissu économique le plus résistant de la nation : les pays du Nord ne s’y sont pas trompés.
        Ce ne sont pas les multinationales qui enrichissent un pays : elles ne font qu’écumer là où il est facile de prélever au maximum.
        Parlant d’intégration sociale, j’ai parfois l’impression de me retrouver aux quelques années précédent mai 68. La relation patronat-syndicat et tout l’arsenal fiscal et juridique qui régissent depuis les rapports de travail a créé une surenchère de règles et obligations auto-bloquantes qui ont aggravé la situation, surtout à partir des mouvements de délocalisation dans les années 80.
        La classe dirigeante française et petite bourgeoisie n’ont pas évolué : les discours/narratives se sont adaptés sous l’effet des techniques de communication de l’ingénierie sociale, mais pas les mentalités.
        Tant qu’on ne réinvente pas un système économique incluant une décroissance obligée dans un environnement aux ressources finies et surpopulation grandissante, nous ne règlerons rien. Pour l’heure, nous nous sommes lancés dans des guerres d’accaparement de ces ressources pour prolonger ce modèle : nous en récoltons les fruits amers et destructeurs.

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        • Alfred // 03.12.2015 à 13h23

          Je vous donne raison sur tout sauf sur le début. Quand bien même nous adopterions un modèle d’éducation scandinave ou autre (n’importe lequel qui fonctionne moins mal selon vous), cela ne règlerait en rien la question du chômage en général et de l’emploi des jeunes en particulier. Comme vous le dites seule une nouvelle organisation économique adaptée à nos contraintes (population, ressourcés disponibles, production désirable ou nécessaire à destination des détenteurs de retour ces que nous ne possédons pas) peut permettre de régler ce problème et partant d’assurer notre sécurité à tous point de vues.

            +5

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        • Eric83 // 03.12.2015 à 13h58

          Franck Lepage dans ses « conférences gesticulées » explique très bien la problématique de l’inadéquation entre la demande et l’offre d’emploi, tant en nombre, qu’en niveau, qu’en attentes réciproques.

            +5

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        • Lysbeth Lévy // 03.12.2015 à 14h12

          Comme le disent certains d’entre vous, Mr Kepel est un homme qui n’a pas « connu le chômage » et qui n’intègre pas du tout le « social » dans ses études ou « pseudo-études », car Gilles Kepel est un énième expert auto-proclammé de l’islam, mais version « soft ».

          Comme autrefois il y avait des experts du « Kremlin » nommés kremnilologues » ou soviétologues, invités sans cesse pour donner « un avis » à l’instar de ces collègues de la « chaire » des spécialistes du Kremlin a chaque crise entre l’Urss et l’occident .

          Après la chute de l’Urss, le « monde musulman » l’Islam, est littéralement pris en otage pour être disséqué, manipulé, parlé de manière obsessionnelle, sur les ondes, journaux, presse, dans les bars aussi bien que les grandes écoles.

          Le fait est que Gilles Kepel comme ces collègues islamologues, ne parle pas des vrais raisons des « faits litigieux » que poserait l’islam, et soutient l’idée que cet Islam devrait être une religion à revoir » ou alors « reformer » repenser au niveau des Lumières européennes. Traité comme le fut le communisme dans le temps ou celui ci « gênait » il fallait plus ou moins le tolérer ou l’éradiquer !

          Comme si le problème venait « in finé » de la religion, qui pourtant AVANT le 11 septembre 2001 ne posait pas de problème sauf à ceux qui par « racisme culturel » voir biologique y voyait le seul problème au milieu de tous les autres, suite aux aventures coloniales.

          Et voilà comment se faire passer pour un génie et vendre des livres sans vulgarité pour associer « ‘Islam et danger  » ? Faire croire que l’on est pas « néoconservateur » mais « penseur » de l’islam, « pour l’islam » et à « la place des croyants en l’islam ».

          Parler des banlieues, prétendre reformer sans parler du vrai problème qui accompagne les banlieues : discrimination sociale, chômage de masse, panne de l’ascenseur social, racisme institutionnel, délit de faciès….

          Encore un « tartuffe » « expert islamologue » chargé de faire tourner autour du pôt pour éviter de parler de la guerre contre les peuples vivant sur une terre gorgée de pétrole ou de gaz naturel nommé par les néoconservateurs WASP « war in terror » ou « guerre contre le terrorisme  » dans le monde entier…(Georges W. Bush) .

          Et revoilà le faux débat parti sur le suunisme, chiisme et autres sectes diverses avec l’idée que tout vient de là, de leur incapacité de vivre ensemble, du danger du « chiisme » ou des erreurs du « suunisme », et nous voilà a dicter tel sourate, tel version, une phrase démontrant la violence qui démontrerait que décidémment, cet « islam » ne convient pas, inadapté, bla bla etc..

          Ces experts sont très divers, Kepel, Huttington, ont l’air de grands savants, jamais de vulgarité, d’insultes, ou de racisme, non, cela c’est l’affaire des Zemmour, Finkielkraut à la limite, BHL et son ami Houelbecqu, les habituels Estrosi, Le Pen, Meynard, De Villiers, toujours à casser du « bougnoule ».là c’est au ras des caniveaux !

          Un festival et dire que nous payons une taxe pour les payer! Comme me disait une amie, ils sont payés pour nous cracher dessus……

          Eux sont de grossiers islamophobes, de vrais caricatures, alors que Mrs Kepel l’expert sans haine, et poli, Hutington l’hyper-expert, ou Burgat, Matthieu Guidère, expert au service du Qatar, et les espions recyclés Olivier Roy, Sifaoui, ces experts médiatiques allant de plateaux tévé a chaque crise, attentats, y allant de leurs langues « expertes fourchues », en clichés, lynchages, lieux communs.

          Encore heureux que parfois il y a sur Arte des émissions tévé sur les animaux ou la Nature, et les voyages… …

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          • Jeanne L // 03.12.2015 à 18h49

            « Encore heureux que parfois il y a sur Arte des émissions tévé sur les animaux ou la Nature, et les voyages… … »

            Et sur France musique, le samedi soir de 19 à 23 heures , la retransmission, sans bla-bla d’un opéra dans son intégralité !

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  • reneegate // 03.12.2015 à 07h56

    Ce sont des lieux communs pour chacun d’entre nous qui lisent ici la confirmation de leurs pires conclusions personnelles. Cet autisme politique forcené s’étend à tous les domaines pour les pires résultats et sans la moindre pression d’une évaluation, encore moins la crainte d’une sanction.
    S’ils se gratifient de « responsables politiques » c’est de façon régalienne (devant Dieu) et non républicaine (justice et séparation des pouvoirs).
    Faire fi des analyses prémonitoires d’un Stiglitz en 2003 (« quand le capitalisme perd la tête ») qui alerte sur la dérégulation comptable, les banques systémiques, c’est aussi ignorer les mesures qu’il préconisait pour éviter la crise annoncée (2008). Pareilles erreurs et omissions quant à leur politique étrangère (les diplomates reconnus compétents sont mutés en Scandinavie) ont fait des dégâts énormes d’abord en Afrique (Gbagbo est toujours en préventive à La Haye et le procureur peine à établir des charges crédibles), au moyen orient et enfin ici.
    Les résultats sont là dans tous les domaines, catastrophiques. Nos policrates font une politique économique de l’offre au détriment de l’emploi, une politique atlantiste néo conservatrice pour financer avec les ventes d’armes et les relations douteuses ce que le plein emploi aurait garanti (retraite, régimes sociaux) .
    Echecs successifs et impunité, Fabius n’en est pas à son premier échec n’est ce pas?.
    Trop « d’erreurs », trop de tropisme libéral, trop de résultats déplorables (retraites, chomage, exclusion) qui ne sont ni évaluées, ni sanctionnées. Tout français ayant un emploi à des comptes à rendre, les « responsables » politiques peuvent « se tromper » pendant des décennies et s’ils ne sont pas réélus continueront à percevoir les salaires et rétributions compensatoires entourés de leur chauffeur et leurs gardes du corps.
    Le doute majeur, ce sont ces échecs successifs et presque ordonnés qui deviennent de parfaits coups de maitre pour les consortium financiers (« marché du travail » ouvert et peu cher, ventes d’armes, ….) et laissent à penser qu’il n’y a point d’erreur mais beaucoup de mauvaises intentions dissimulées.

      +25

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    • yann // 03.12.2015 à 22h29

      Pas besoin d’aller chercher Stiglitz. En France il y avait Todd, Sapir, Maurice Allais etc. Il faut relire l’excellent livre de Jean Luc Gréau  » L’avenir du capitalisme » qui date de 2005 et qui décrivait avec une exactitude impressionnante la future crise des Subprime, l’effondrement de l’économie espagnole, des pays de l’Europe du sud qui étaient pourtant présenté comme des modèles à l’époque, et le désastre inéluctable de l’euro. Il n’a pas été écouté et il fut pourtant économiste en chef au Medef. C’est-à-dire que dans notre système politique actuel, les bons sont éliminés, pendant que les baratineurs sont promulgués à la tête du pays. On voit le résultat dans tous les domaines.

        +7

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  • Patrick Luder // 03.12.2015 à 08h28

    Le 13 novembre est un acte « surprise » imprévisible et imparable. Tout ce que le gouvernement a fait depuis cette date ne sert a rien, sinon a apprendre aux terroristes à fonctionner de manière parfaitement invisible. Le contrôle étatique total de la population ne sert que des objectifs autres que la sécurité face à du terrorisme professionnel.

    Il ne faut pas confondre râlement et manifestations de la population « normale » avec les actes criminels de grande envergure, qu’ils soient commis par des fous solitaires ou des fous organisés. La répression ne peut rien contre la folie, c’est de la prévention qu’il faut faire, et à partir de la base de l’échelle.

      +15

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  • willybear // 03.12.2015 à 08h43

    Point de vue bien argumenté et pertinent,
    mais s´il vous plait mesdames messieurs les auteurs, n´employez plus ce terme « élite » qui n´a plus aucun sens au regard de la définition courante du Larousse:
    « Groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement ».

    Les dites « qualités valorisées » ne sont plus que de la collusion de classe, de la corruption generalisee, du népotisme oligarchique et l´arrivisme forcené des fonctionnaires de haut niveau (hiérarchiquement s´entend).

    Nommer plus justement participe du démantèlement de cette propagande permanente dont nous sommes les jouets, soyons attentifs aux mots, c´est a notre portée a tous.

      +11

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    • philou // 03.12.2015 à 16h01

      Personnellement, j’utilise, et essaie modestement de populariser, le terme de « zélite(s) »… zélotes de l’ordre (désordre) néolibéral qui se délite…

        +4

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  • pratclif // 03.12.2015 à 08h47

    Daech veut le retour du califat et se répand en Libye puis par ses affiliés en Afrique. La Turquie veut le retour de l’empire ottoman. L’Arabie saoudite entretient la guerre de religion au sein de l’islam et veut islamiste le monde entier. Et nos politiques occidentales contre tout cela sont incohérentes. Tout cela me fait penser que.nous sommes dans une vraie guerre mondiale.

      +5

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    • Gibbs // 03.12.2015 à 09h32

      Il n’y a qu’ une seul guerre mondiale et elle est économique !
      Le complexe militaro-banco-financiaro- etc. a décider de mettre la main sur toute la planète (ses ressources et ses habitants) donc ils jouent comme on joue aux échecs contre ceux qui leurs résistent ou qui ne font pas partie de leur plan.

        +14

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    • Arnould // 03.12.2015 à 09h52

      Guerre mondiale dans laquelle les US, Israel, l’Europe, la Russie et les chiites seront alliés contre Chine, Pakistan, Turquie et autres sunnites. Ca promet quelques bombinettes, environ 2 milliards de morts, et le règlement du problème du réchauffement climatique… Ceci étant, comme après toute grande guerre, ce sera le paradis pour les survivants. Mais comme d’habitude les vrais responsables compterons les points du fond de leurs bunkers.

        +2

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      • Alfred // 03.12.2015 à 14h48

        Cela fait deux fois maintenant. C’est votre intuition certes. Mais pouvez vous étayer cela? Pour l’instant la Chine et la Russie sont alliées et l’Europe fait tout pour s’aliéner la Russie. Le Pakistan est écartelé entre une alliance formelle avec les us et les saoudiens mais n’a jamais perdu de vue la Chine ni n’a été perdue de vue par elle…
        Votre intuition se heurte au déroulé des faits mais comme elle peut être intéressante merci de l’étayer avant qu’on ne l’oublie pour de bon.

          +4

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        • Arnould // 14.12.2015 à 14h31

          Ce n’est pas mon intuition, c’est l’analyse d’un bloggeur américain ici:

          http://www.generationaldynamics.com

          Il a fait cette analyse il y a 10 ans (souvenez vous: quand il fallait bombarder l’Iran…). Il écrit aujourd’hui qu’il est lui même étonné par la justesse de sa théorie, tous les éléments de cette prévision se mettant en place tout naturellement. Ceci étant, pour y voir clair sur son site, il y a beaucoup beaucoup de lecture.

          Après je n’y « crois » pas forcément plus que ça, mais sa théorie permet effectivement des prévisions intéressantes. Nous sommes à nouveau allié avec les Russes contre un mouvement d’origine wahabite/salafiste aidé par les Turcs sunnites modérés et combatttu par les Iraniens chiites, non? Quand à la Chine, il y a des frictions, n’est ce pas?

            +2

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  • Milsabor // 03.12.2015 à 09h14

    Du temps de de Gaulle, il y avait un président-papa, une nation-maman et un peuple-enfant. Papa était amoureux de maman et le peuple était le chéri du couple. Le peuple pouvait s’identifier en toute sécurité dans ce triangle œdipien avec l’ambivalence qui va avec.
    Aujourd’hui papa-l’Etat est là/pas-là. Il n’arrête pas de fricoter avec les putes de l’oligarchie capitaliste. Il a abdiqué son autorité au profit des intérêts supranationaux du groupe atlantiste occidentaliste. Il deale des armes avec ceux qui financent ses ennemis. Il tient des discours inversés par rapport à l’évidence de ses conduites. Maman-nation est réduite au rôle de bonniche domestique, de vache à lait complètement déconsidérée. Le peuple-enfant est en situation d’abandon affectif, moral et identificatoire. Il ne suscite l’intérêt que pendant les périodes électorales, réduit à l’état d’électeur consommateur. Alors il se shoote à la drogue médiatique et consommatoire.
    Sur ce terreau, certains déraillent.
    La violence du peuple représente le retour du meurtre symbolique contenu dans le déni de démocratie. Les terroristes du vendredi 13 sont les enfants de Sarkhollande et de son électorat.

      +25

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    • Milsabor // 03.12.2015 à 09h56

      erratum
      « la violence du peuple représente le retour du meurtre symbolique contenu dans le déni de démocratie »
      Non il faut comprendre « le retour du meurtre réel de la fonction symbolique contenu dans le déni de la démocratie ». Le déni de démocratie est un réel meurtrier du même ordre que l’inceste qui est l’inverse du meurtre symbolique du père espéré dans le complexe d’œdipe.

        +5

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  • papy // 03.12.2015 à 09h37

    Ca a commencé bien avant le 13 novembre !
    Hollande est dans la continuité de son prédécesseur.
    Souvenez-vous mars 2012 …
    https://fr-fr.facebook.com/notes/ce-que-cachent-vos-medias/mohamed-merah-transcription-int%C3%A9grale-du-contenu-des-deux-vid%C3%A9os/429980330370195
    La tendance des sondages en février 2012 était une progression de Lepen et surtout de Bayrou.
    Début avril, Lepen se tassait et Bayrou s’effondrait …

      +5

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  • Eric // 03.12.2015 à 10h01

    Ce cher Kepel est un apotre du Choc des Civilisations. Il fait partie du Siecle et reprend en permanence la rhétorique de l’amalgame du Crif (Islam = Etat Islamique = Pro Gaza = Manif pour tous = « fachosphère »).

    Bref, la caution « Expert » de l’islam de la fine equipe des Fourest et Haziza.

    Attention donc lorsque vous lisez ce monsieur ou vous mettez les pieds…

      +20

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  • Werrebrouck // 03.12.2015 à 10h04

    Sur la question de la nature de l’Etat Islamique on peut se référer à cet article:
    http://www.lacrisedesannees2010.com/2015/12/la-nature-de-l-etat-islamique.html

      +3

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  • Deres // 03.12.2015 à 10h13

    Dire que Assad ne combat pas Daesh est assez inexact. C’est surtout que le régime a beaucoup été sur la défensive ces dernières années et que ses offensives ont été concentré vers la partie la plus utile du pays situé à l’Ouest où Daesh est peu présent. Quand les loyalistes sont présents à l’est du pays, ils combattent Daesh avec acharnement par exemple à Deir El Zor qui a été l’objet de furieux combats pendant plusieurs années, mais plutôt en mode défensif, le soutien à ces enclaves étant nécessairement limité par l’éloignement.

      +15

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  • CitizenUp // 03.12.2015 à 12h11

    *****
    « C’est-à-dire que les clivages dans la société font un peu penser au 18e siècle avant la révolution française. »

    Cela me va comme constat, je partage.

    Pour aller plus loin, si ces « élites politiques » sont à considérer comme une sorte de cour ou de noblesse, coupée du peuple, devenue médiocre, et agissant dans le cadre d’un système politique à remplacer comme fut remplacée la monarchie à cette époque,

    alors se pose la question :
    par quel système remplacer cette « démocratie » actuelle, et par quelles personnes remplacer cette noblesse actuelle?

      +8

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  • nulnestpropheteensonpays // 03.12.2015 à 13h07

    je vais regarder ce que veut réellement dire élites …

      +4

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  • Sébastien // 03.12.2015 à 13h58

    Gilles Kepel s’en prend aux « élites françaises ».
    Il n’en ferait pas un tout petit peu parti lui aussi?
    Et que propose-t-il? Rien.
    Le problème se trouve-t-il plus dans les « élites » ou dans le « salafisto-wahabbisme »?
    On est là pour faire de la théologie islamique ou gouverner un pays et sauver ce qui l’en reste?
    Des problèmes, il y en aura toujours, peu importe leur nature (mais leur origine est importante par contre). L’essentiel est d’avoir des personnes compétentes et dévouées pour y faire face.
    Avoir une pensée structurée, claire et visionnaire n’est pas donné à tout le monde. Nous n’avons plus besoin de gens qui tournent en rond.

      +6

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  • Pierre Ratcliffe // 03.12.2015 à 14h11

    Voir aussi le billet de Christophe Bouillaud http://bit.ly/1N5mGVG et visiter mon rss sur Daech http://pratclif.com/daech/rss.htm

      +4

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  • Ced // 03.12.2015 à 14h22

    Bonjour

    Si on considère que les profs ne peuvent correctement faire leur travail de vigie parce que les classes sont surchargés. 30 par classe. Cela paraît compréhensible.
    Ça l’est moins si on se réfère aux chiffres fournis par les médias lors de la rentrée scolaire, à savoir :
    12 000 000 d’élèves
    850 000 profs
    =14 élèves/classe

    A condition que mes chiffres soient justes, mon esprit cartésien me dit qu’il manque environ 425 000 profs a l’appel. Qui sont ils ? Que font ils ? Ou sont ils ? Et que les 425 000 autres ont effectivement beaucoup trop de travail pour le faire correctement.

    Ceci expliquant peut être cela…

    Ps: un grand merci à nos méchants modérateurs pour la continuité de leur oeuvre salutaire.

      +4

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    • alfred // 03.12.2015 à 17h19

      Bon ma réponse à ced ayant disparu je reformule:
      Les uns ayant deux fois moins de temps à passer devant les autres que les autres devant les uns, en moyenne (18h pour les profs contre 36h pour les élèves par semaine), aucun fonctionnaire indélicat ne s’est envolé dans la nature. Ce petit défaut dans votre calcul n’enlèvera rien d’ailleurs au motif de votre courroux: pourquoi les uns « travaillent-ils deux fois moins », etc….
      Le motif de mon courroux est qu’étant donné que les petits débiles qui ont commis les attentats se sont radicalisés en prison, nous dit-on, je me serais bêtement attendu à ce que vous exerciez vos talents de diviseur sur… la prison, et non l’école (nombre de surveillant par détenus par exemple).
      Par ailleurs cette propension à tout ramener à l’école (qui de l’oeuf ou de la poule dans notre société pourrie..?) ne vous est pas spécifique.
      Ainsi il me semble assez visible que les auteurs étaient plutôt des ratés sans avenir et je suis absolument désolé de voir les médias leur donner la rançon de la gloire (untel, ennemi n°1; la soeur de truc de la vodka à la lalach, etc…). Quelle meilleur moyen de donner une recette pour le quart d’heure de célébrité planétaire aux nombreux semi-débiles qui rèvent de grosses voitures sans avoir l’énérgie de rien?
      Plutot que d’arreter ce cirque (ce qui ne couterait rien), on prévoit des heures de vain catéchisme laic dans les écoles…

        +3

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    • Julie // 03.12.2015 à 17h28

      Je me souviens d’élus UMP expliquant sans rire sur les plateaux télé que 20 ou 35 élèves par classe çane change rien!

        +4

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    • Furax // 03.12.2015 à 20h00

      Où avez-vous été trouver qu’il manquerait 450.000 profs ?

      Vous a-t-il échappé qu’à partir de l’enseignement secondaire, un même élève (ou une même classe) a plusieurs profs qui lui enseignent plusieurs matières ?

        +4

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      • Ced // 03.12.2015 à 21h31

        On est d’accord, je force le trait. Mon équation est très simpliste (clin d’oeil à alfred) et ne démontre rien.
        Néanmoins, la moyenne brut donne 14, la moyenne officielle (ministère) se situe entre 20 et 28 (école, collège et lycée) et les discours entre 30 et 35.

        Mes questions sont :
        Combien parmi ces 850 000 n’exercent pas ? Ou sont ils ? Que font ils ? Qui sont ils ?

        Je ne lève pas le lièvre par hasard, les poils longs du mammouth sont emmêlés. Édward aux mains d’argent en ferait probablement sont affaire…

          +3

        Alerter
      • Alfred // 03.12.2015 à 21h42

        Il y a cela (faire disparaître la moitié de l’effectif par la magie d’un calcul erroné) mais il y a surtout l’injonction sous-jacente faite à l’école de reperer les déviants futurs islamistes djihadistes et terroristes.
        Or il me semble bien que c’est en prison que ces misérables ratés sont passés de la délinquance au jihad. La question si elle avait eu un sens aurait du porter sur les effectifs des gardiens de prisons et le ratio gardien/détenu.

          +3

        Alerter
    • Pas expert // 03.12.2015 à 20h32

      Évitez de jouer avec les chiffres, c’est dangereux c’est trucs…
      En tout cas faites attention aux unités. Votre résultat est 14 élèves par prof et non par classe. Un prof ne fait pas 30h de cours par semaine.
      Ceux qui n’ont pas essayé on parfois du mal à comprendre.
      On manque de profs en ce moment, si ça vous tente.

      Amicalement.

        +3

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      • Ced // 04.12.2015 à 11h38

        Bonjour

        M’sieurs dames, je m’incline, vous avez raison, je sais bien que mon calcul ne veut rien dire.

        Néanmoins, mes chiffres sont justes et laissent songeur. Non pas pour définir de la responsabilité de l’éducation nationale dans la montée du radicalisme. Je n’y crois pas et je ne l’ai pas dit. Et si mon message laisse transparaître ce fait, c’est une erreur.
        L’EN a suffisamment de casseroles pour ne pas en rajouter des fictives.

        La principale raison de la montée du radicalisme ne se situe pas dans les prisons mais bien dans la tête de nos chères élites. Tout ça leur est utile. Je ne me tromperai jamais de cible. J’évite de tomber dans le piège tendu qui est de nous monter les uns contre les autres.

        M’enfin Alfred (vu mess disparu), vous m’accusez d’accuser l’EN mais vous ne vous gênez pas pour attaquer les prisons. C’est pas moi c’est lui.
        Et plutôt que de proposer des cours de catéchisme laic, peut être que les profs pourraient préparer les gosses à leur entrée dans le monde des grands, le pas gentil. On aurait moins, je vous cite « des ratés sans avenir ». On ne naît pas ainsi, on le devient.

        L’enseignement et son organisation sont à revoir, c’était ça mon message. Et sur ce point, nous sommes d’accord Alfred. Vous me l’avez dit. Vous voyez, mon esprit cartésien m’amène à la même conclusion. Le cheminement n’est pas très scientifique mais le résultat est là. Lol

          +3

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  • silver33 // 03.12.2015 à 14h50

    Info surréaliste (corruption quand tu nous tiens) :
    La Lorraine (avec les voix du parti socialiste) vote une subvention de 600 000 euros en faveur d’une formation militaire de l’Arabie saoudite !
    http://loractu.fr/meuse/11689-la-region-lorraine-a-vote-une-subvention-a-une-entreprise-qui-forme-au-maniement-d-armes.html
    Vidéo de la votation :
    https://www.youtube.com/watch?v=L8T-ObJz0pY

      +6

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    • hema // 06.12.2015 à 11h29

      video remarquable, on comprend très bien comment on en est arrivé là:
      courte vue, veulerie, voire corruption, et gêne visible quoique légère du président de séance, visiblement soulagé de passer à un autre sujet.

        +4

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  • Julie // 03.12.2015 à 17h26

     » Au départ, il y avait ici une ligne selon laquelle la Syrie était notre guerre d’Espagne. Le dire semble romantique, mais c’est une idiotie. Car cela veut dire que toute personne qui va se battre en Syrie le fait avec la bénédiction de l’État. Et c’est ce qui s’est passé avec les djihadistes.  »

    Et pourquoi il ne l’a pas dit en 2011-2012? Parce qu’il ne voulait pas mettre en péril son job à Sc Po? ses missions aux frais de la princesse avec invités et tout le toutim?

      +7

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  • christian gedeon // 03.12.2015 à 17h35

    Faillite des élites? Oui,mais pas que…parce qu’on a les élites qu’on mérite,eu moins en partie.ces « élites  » ne sont pas arrivées là toutes seules,n’est ce pas?Quant à l’université,que M. Kepel pose en victime,hum,hum…c’est pourtant bien de là que sont venues les idéologies (sans rire) deconstructivistes sous toutes leurs formes,non? celles qui ont envoyé valser le bébé avec l’eau du bain,quand elles n’ont pas « tué  » père et mère aussi,non? C’est bien dans ces universités qu’on théorisé la fin de enseignement des humanités classiques au profit exclusif d’une bouillie informe et soi disant libertaire,non? C’est bien à partir des travaux universitaires qu’on été créées les méthodes de lecture dites « globales  » avec toutes leurs variantes plus absconses les unes que les autres,non? Et ce sont bien les IUFM,instituts à statut universitaire qui ont « formé »(sans rire) des générations de « maîtres  » à la décérébration de leurs élèves,non? Et ce sont bien des générations de parents,bien trop contents d’apprendre qu’il fallait que le vie de leurs rejetons soit ludique(sic!),qui ont applaudi des deux mains la règle (resic!) du moindre du moindre effort et celle de la moindre responsabilité,non? Et ce sont bien deux générations qui ont communié sans partage et sans doutes dans l’adoration du veau d’or et de la société des loisirs. Vous avez chanté,eh bien dansez maintenant! Accuser les seules « élites  » me met très mal à l’aise…c’est pas moi,msieur,c’est lui… infantile. Pour le reste l’analyse de M. Kepel sur les événements actuels
    est tout à fait pertinente…

      +4

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  • Johann // 03.12.2015 à 23h50

    « [erdogan] met donc des moyens contre Daech »

    C’est un mensonge éhonté de kepel. erdogan met tous ses moyens contre les Russes. Avec l’aide des américains.

      +5

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  • Charlie Bermude // 04.12.2015 à 00h10

    Intervention de qualité . Surprenant quand méme que cet auteur ne reléve pas que cette faillite n’est pas qu’une métaphore , c’est une faillite au sens strict du terme , d’abord matérielle , financiére et économique , qui implique du coup , le mental de ceux qui nous y ont menés .
    Il ne reléve pas non plus qu’il existe une véritable élite en France dont il fait partie d’ailleurs dont la fausse qui l’usurpe se sert pour son crédit .
    D’autre part , il me semble qu’il existe parallélement , en France quelque chose , de spécifique au choc des ‘civilisations’ , la trés particuliére colonisation de l’Algérie . A mon avis cette guerre n’en finit pas et se perpétue , sournoisement , des deux cotés .( au moins Le Pen a le mérite de parler clair, lui aussi la continue sa guerre ) . Par là dessus , pas de ‘concordat’ avec l’Islam , comme si en France çà n’existait pas , d’où des manoeuvres Saoudo-Qataries .
    Le sujet est certes trés sensible , passionnel , mais que de non-dits !

      +5

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  • falcao morales // 04.12.2015 à 18h05

    Ce Gilles Kepel a fait partie des prestigieux invités de Bilderberg en 2015. Il a surement murmuré aux oreilles des tous puissants et disserté devant un parterre de décideurs supranationaux sur l’Islam (isme) à la sauce euro et son potentiel politique. Sinon pourquoi le convier ?

    Ses livres et recherches peuvent facilement servir de base à un Storytelling minutieux. Ses récentes interventions, on dirait une sorte de SAV.

    ça vaut ce que ça vaut, mais pas à négliger.

      +4

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