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2.octobre.20232.10.2023 // Les Crises

Guerre en Ukraine : après avoir fait pression sur la Corée du Sud, Washington dénonce le rapprochement entre Poutine et Kim Jong Un

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Mais à quoi donc s’attendait Biden après avoir fait pression sur la Corée du Sud pour qu’elle transfère des armes à l’Ukraine ?

Source : Responsible Statecraft, Anatol Lieven
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Dans toute guerre, même quand il s’agit d’une guerre par procuration, il est inévitable que des actions similaires soient présentées comme mauvaises dans un premier cas, morales et justifiées dans un autre, selon qu’elle sont menées par « l’ennemi » et par votre propre camp.

Cependant, pour une grande partie de l’establishment et des médias américains, la conviction du caractère intrinsèquement vertueux des actions américaines est si profondément enracinée qu’elle peut devenir un grave danger pour la bonne conduite de la politique de Washington. Pourquoi ? Parce qu’elle rend les décideurs américains aveugles aux conséquences probables de leurs propres actions.

Le dernier exemple en date concerne la rencontre entre le président Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. La plupart des analyses occidentales se sont concentrées – probablement à juste titre – sur le fait que la Corée du Nord fournisse à la Russie des obus d’artillerie ; la Corée du Nord dispose d’énormes réserves et d’une capacité de production considérable.

Les combats en Ukraine semblent s’orienter vers une guerre d’usure à long terme, et dans une telle guerre, les niveaux de munitions joueront un rôle absolument central. Il ne s’agit pas de la méchanceté de l’invasion russe ni de la justesse du soutien à l’Ukraine. Il s’agit d’une question fondamentale de logistique militaire.

En retour, la Russie aidera au moins l’économie de Pyongyang, à court d’argent, en lui fournissant de l’énergie subventionnée. En fonction de l’ampleur des livraisons de munitions nord-coréennes à la Russie, il est toutefois très probable que la Russie accepte de fournir en retour une technologie de pointe en matière de missiles.

Il s’agirait là d’une mesure très sérieuse. Alors que la Corée du Nord possède la capacité de fabriquer des armes nucléaires depuis au moins 2006, sa technologie en matière de missiles balistiques s’est développée bien plus lentement, ce qui limite la portée et la précision de son arsenal. Si la Corée du Nord, avec l’aide de la Russie, met au point un nombre important de missiles nucléaires capables de frapper les États-Unis continentaux, cela marquerait un changement important dans l’équilibre des forces militaires en Asie du Nord-Est.

Au minimum, le régime nord-coréen s’en trouverait considérablement renforcé. Dans le pire des cas, le désir d’empêcher à tout prix que cela ne se produise pourrait pousser une administration américaine à entreprendre une action militaire préventive terriblement dangereuse.

Cette entrevue entre la Russie et la Corée du Nord a suscité des manifestations prévisibles d’indignation de la part des fonctionnaires et des journalistes américains. Nous devons donc nous demander ce que l’administration Biden attend exactement de ses propres actions.

Au printemps dernier, Washington a exercé une pression intense sur le gouvernement sud-coréen pour qu’il fournisse des armes et des munitions à l’Ukraine, bien que Séoul ait clairement exprimé sa réticence à cet égard. Finalement, un compromis a été trouvé : la Corée du Sud ne fournirait pas directement l’Ukraine, mais « prêterait » 500 000 obus d’artillerie pour reconstituer les stocks américains, ce qui permettrait aux États-Unis de transférer un nombre similaire d’obus à l’Ukraine.

Il n’est pas nécessaire d’être un sympathisant de la Russie pour y voir une distinction sans différence. Personne à la CIA, au Pentagone ou au département d’État n’a-t-il prévenu la Maison Blanche que cela conduirait probablement à un accord sur les livraisons d’armes entre la Russie et la Corée du Nord, et personne n’a-t-il vu les conséquences négatives potentielles pour la sécurité des États-Unis, de la Corée du Sud et du Japon ?

Cela ne signifie pas que Washington ne pourrait pas ou ne devrait pas soutenir l’Ukraine. Toutefois, si Washington souhaite le faire en évitant des ramifications négatives plus larges au niveau mondial, il n’y a que deux voies possibles à suivre. Premièrement, s’abstenir de certaines actions (comme la tentative d’universaliser les sanctions contre la Russie) qui vont dans ce sens.

Deuxièmement, poursuivre les pourparlers avec la Russie – comme ceux qui ont eu lieu au plus fort de la Guerre froide – en vue de conclure des accords formels ou informels qui excluraient certaines actions internationales de la part des deux parties, telles que l’acquisition d’armes et de munitions auprès d’autres pays dans des régions où les tensions locales sont fortes. Malgré ce précédent de la Guerre froide, toutes les propositions de tels pourparlers ont été rejetées avec des accusations de « lâcheté » et de « trahison. »

C’est ce que le grand penseur réaliste américain des relations internationales, Hans Morgenthau, voulait dire lorsqu’il écrivait que l’un des devoirs fondamentaux des hommes d’État était de cultiver la capacité de se mettre dans la peau de leurs homologues – non pas pour être d’accord avec eux, mais pour comprendre comment ils sont susceptibles de se comporter dans une situation donnée, afin d’être en mesure d’élaborer leur propre politique en conséquence. Comme l’a également écrit Morgenthau, l’autosatisfaction nationale aveugle est le plus grand obstacle à l’acquisition de cette capacité.

Dans le cas de la Corée du Nord, cette attitude est bien antérieure à l’invasion russe de l’Ukraine. La description de la Corée du Nord comme un « État voyou », répétée à l’infini par des médias sans esprit critique, a contribué à ancrer cette attitude jusqu’à ce que les tentatives des analystes de comprendre le conflit du point de vue de Pyongyang deviennent totalement impossibles. L’hostilité aveugle à l’égard de la Corée du Nord s’étend aux relations entre la Corée du Nord et ses voisins – lesquels, outre la Corée du Sud, sont, rappelons-le, la Chine et la Russie, mais pas les États-Unis.

Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Russie a considérablement réduit ses relations économiques avec la Corée du Nord et a généralement joué un rôle constructif en coopérant avec Washington pour limiter le développement nucléaire et des missiles de Pyongyang. La Chine a maintenu ses échanges commerciaux avec la Corée du Nord, ce qui a sans aucun doute joué un rôle clé dans la préservation de l’État nord-coréen. Mais Pékin a également utilisé son influence économique pour punir les actions trop incendiaires de Pyongyang et a fait pression sur le régime récalcitrant pour qu’il s’engage dans des pourparlers sur le désarmement.

Pourtant, au lieu de reconnaître cela – et par conséquent les conséquences pour l’Amérique et la Corée du Sud si Moscou et Pékin devaient passer à un soutien effectif à la Corée du Nord – la réaction écrasante de l’establishment et des médias américains a été de reprocher à la Russie et à la Chine de ne pas se joindre aux États-Unis pour renforcer encore davantage les sanctions contre la Corée du Nord. Les craintes de ces deux pays qu’une implosion de l’État nord-coréen ne crée une crise massive à leurs propres frontières n’ont pas été comprises.

L’incapacité des États-Unis à prévoir les conséquences probables – voire inévitables – de l’accord américano-sud-coréen sur les munitions était déjà suffisamment grave. Les conséquences de l’action de l’administration Biden le mois dernier, qui a poussé la Corée du Sud à établir des relations de sécurité beaucoup plus étroites avec le Japon et les États-Unis, une relation que Pékin considérera sans aucun doute comme une menace pour ses intérêts et comme un futur outil probable des États-Unis pour contenir la Chine, pourraient être bien pires. Une fois de plus, personne, au sein de l’establishment américain des affaires étrangères et de la sécurité n’a prévenu l’administration qu’il en résulterait probablement un soutien plus fort de la Chine à Pyongyang ?

Dans la péninsule coréenne, en Ukraine et partout ailleurs, le développement de la capacité à comprendre les motivations et à prévoir les actions d’autres États exige que les décideurs politiques américains examinent honnêtement le bilan des États-Unis et la manière dont l’Amérique est susceptible d’agir et de réagir dans des circonstances données. Il s’agit notamment de prendre conscience de l’histoire de la doctrine Monroe et de la détermination des États-Unis à exclure toute alliance potentiellement hostile ou même toute influence de pays proches de leurs propres frontières – même si cela implique de soutenir ou de porter au pouvoir des alliés locaux particulièrement ignobles.

Ainsi, si des diplomates américains se plaignent à leurs homologues chinois des relations entre Pékin et Kim Jong Un, les Chinois pourraient répondre wo men de wangba dan. C’est (me dit-on) la façon de dire « notre fils de pute » en chinois. Et c’est un ancien principe chinois énoncé de la façon la plus célèbre par le président Franklin Delano Roosevelt.

Si les responsables politiques américains se souvenaient de cet aspect de leur propre histoire et de leurs politiques, nous pourrions commencer à développer une capacité d’empathie stratégique et éviter d’accroître les dangers dans la péninsule coréenne, qui, Dieu le sait, sont déjà suffisamment dangereux.

Anatol Lieven

Anatol Lieven est directeur du programme Eurasie au Quincy Institute for Responsible Statecraft. Il était auparavant professeur à l’université de Georgetown au Qatar et au département des études sur la guerre du King’s College de Londres.

Source : Responsible Statecraft, Anatol Lieven, 08-09-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Coopération militaire, Ukraine, lien de «camaraderie»…Ce qu’il faut retenir des discussions entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine

Source : Le Figaro, AFP, Reuters

Les dirigeants russe et nord-coréen ont échangé durant plus de deux heures lors d’un sommet exceptionnel sur un cosmodrome russe de Vostotchny.

Les discussions officielles entre les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong-un se sont achevées mercredi 13 septembre après plus de deux heures d’échange lors d’un sommet exceptionnel sur un cosmodrome russe de Vostotchny, dans l’est de la Russie, y échangeant une poignée de main selon une vidéo publiée par le Kremlinmercredi.

Selon l’agence de presse d’État russe TASS, des pourparlers en présence des délégations ont d’abord eu lieu, suivies d’un échange en tête-à-tête entre les deux chefs d’État.

La Flotte russe du Pacifique fera également «une démonstration» à Vladivostok de ses capacités militaires à Kim Jong-un. «Il s’agit simplement de démontrer les capacités de la Flotte du Pacifique» à Kim, a expliqué l’hôte du Kremlin à la télévision russe à l’issue de pourparlers avec son homologue nord-coréen.

La Corée du Nord «toujours avec la Russie»

Kim Jong-un a assuré à Vladimir Poutine que la Russie remporterait «une grande victoire» face à ses ennemis, principalement occidentaux, et salué l’armée russe «héroïque» engagée en Ukraine, lors du déjeuner officiel.

«Nous sommes convaincus que l’armée et le peuple russes remporteront certainement une grande victoire dans la lutte sacrée pour punir le rassemblement du mal qui prétend à l’hégémonie et nourrit une illusion expansionniste», a déclaré Kim devant son homologue russe, selon la traduction officielle à la télévision russe.

Auparavant, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait qualifié de «priorité absolue» le renforcement des liens entre Moscou et Pyongyang alors que ce sommet exceptionnel pourrait aboutir à des ventes de matériel militaire à la Russie. Après avoir visité des installations du cosmodrome de Vostotchny, notamment un atelier d’assemblage de fusées russes Angara de nouvelles générations, les deux dirigeants ont entamé des pourparlers en présence de leurs délégations.

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Commentaire recommandé

Auguste Vannier // 02.10.2023 à 08h52

Plus la guerre contre la Russie en Ukraine dure, plus augmente le nombre « d’erreurs » de l’Administration US qui montrent aux yeux du monde, ses 2 poids 2 mesures, sa perception fausse des situations, sa propension au mensonge, la grossièreté de sa propagande, son peu de fiabilité comme allié, et un système de relations internationales fondé exclusivement sur le rapport de force économique et militaire. Tout l’inverse des discours que tiennent les Chinois et les Russes dans la promotion d’un monde multipolaire fondé sur la coopération pour les développement réciproques. Le Sud Global ne s’y trompe pas qui commence à se bousculer pour adhérer aux BRICS+…
Sur le terrain de la guerre en Ukraine, la supériorité des technologies militaires Russes devient chaque jour de plus en plus évidente…
Faire durer cette guerre est une erreur de plus.

11 réactions et commentaires

  • Fabrice // 02.10.2023 à 07h15

    Le problème souvent c’est souvent la simplification de l’actualité dans les médias où on pointe les accords militaires qui sont une menace contre le camp « pacifique » en oubliant souvent ce qui a mené à de telles situations.

    Il est très dur de faire valoir un appel à la raison et à la diplomatie auprès de ses proches quand on doit en plus révéler ces deux côtés de la même pièce qui mènent à des conflits on passe aux mieux pour un complotiste ou un complice de la propagande du camp d’en Face en relativisant ainsi ce qui semblait clair et en nuançant la culpabilité d’un camp.

    Rien que dire les pertes humaines probable des combats choque et provoque un rejet car ce genre de boucherie évoque encore plus en choc car les deux guerres mondiales sont encore en mémoire ainsi que leur traumatisme on comprend mieux pourquoi on cache d’autant les pertes ukrainiennes.

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  • Patrique // 02.10.2023 à 08h48

    Comme en Ukraine vis à vis de la Russie, les EU sont prêts à mourir jusqu’au dernier coréen pour combattre la Chine.

      +20

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  • Auguste Vannier // 02.10.2023 à 08h52

    Plus la guerre contre la Russie en Ukraine dure, plus augmente le nombre « d’erreurs » de l’Administration US qui montrent aux yeux du monde, ses 2 poids 2 mesures, sa perception fausse des situations, sa propension au mensonge, la grossièreté de sa propagande, son peu de fiabilité comme allié, et un système de relations internationales fondé exclusivement sur le rapport de force économique et militaire. Tout l’inverse des discours que tiennent les Chinois et les Russes dans la promotion d’un monde multipolaire fondé sur la coopération pour les développement réciproques. Le Sud Global ne s’y trompe pas qui commence à se bousculer pour adhérer aux BRICS+…
    Sur le terrain de la guerre en Ukraine, la supériorité des technologies militaires Russes devient chaque jour de plus en plus évidente…
    Faire durer cette guerre est une erreur de plus.

      +55

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    • Guy Gadebois // 04.10.2023 à 18h48

      En quoi la supériorité des technologies militaires Russes devient chaque jour de plus en plus évidente en Ukraine ?
      Vous avez des exemples précis ?

        +4

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  • Dmitry // 02.10.2023 à 09h51

    Pourquoi fournissons-nous de l’uranium à notre ennemi, les États-Unis d’Amérique ? » demande le scientifique soviétique Igor Nikolaevich Ostretsov, docteur en sciences techniques, professeur, spécialiste de physique nucléaire et d’énergie nucléaire. Et cela se passe en pleine guerre froide avec les États-Unis. Voici le lien (c’est domage, en russe): https://www.youtube.com/watch?v=4GVBfGGaJ0E

    En bref, dans cette vidéo, Igor Nikolaevich Ostretsov nous explique à quel point une énergie bon marché est le principal facteur de développement économique permettant d’acquérir un avantage concurrentiel. L’économie américaine dépend fortement de l’énergie nucléaire fournie par la Russie. Si les approvisionnements s’arrêtent, les États-Unis seront confrontés à une crise économique catastrophique.

      +16

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    • Dominique65 // 02.10.2023 à 19h18

      Précisons que la Russie vend de l’uranium enrichi, directement utilisable dans les centrales dont le prix n’a rien à voir avec le minerai.
      Le chiffre d’affaire annuel de Rosatom aux States n’est que de 1.7 milliards de dollars. Pas de quoi bouleverser l’économie Russe. Pourtant, malgré le coût des investissements des stations d’enrichissement, Biden a décidé que son pays n’importerait plus de combustible russe en 2025. Peut-être feront-ils comme les européens pour le diésel : ils l’achèteront à l’Inde ou l’Arabie Saoudite qui l’importent de Russie.

        +19

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      • Dmitry // 02.10.2023 à 21h42

        Sanctions sur le pétrole et le gaz russe. Mais pas pour le combustible nucléaire. Chut, c’est un secret!

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        • Patoche // 03.10.2023 à 16h49

          Annulation du boycott des engrais russes le lendemain des sanctions.

            +6

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  • Savonarole // 02.10.2023 à 19h37

    L’histoire avec les Corées c’est un donné pour un rendu ; les 155mm du sud pour les US contre les 152mm du nord pour les Russes… enfin c’est pas tout à fait 1 pour 1 vu que la DPKR est de fait moins isolé maintenant.
    Bientot dans vos librairies , Apres « Kim fait du Cheval » et « Kim en sous marin » , on annonce le nouveau tomes des aventures de Rocket Man : « Kim rejoint les BRICS+ »!
    https://kimjongunlookingatthings.com/wp-content/uploads/2015/06/kim-jong-un-looking-at-bricks.jpg

      +6

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  • E-Gwen // 03.10.2023 à 18h31

    …Et Seymour Hersh persiste et signe, et dénonce le rapprochement entre Nord-américains, Norvégiens, et Allemands :

    https://lecridespeuples.fr/2023/09/28/seymour-hersh-un-an-de-mensonges-sur-la-destruction-de-nord-stream/comment-page-1/

    À la guerre comme à la guerre.

      +3

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  • Mathieu // 10.10.2023 à 12h07

    Bonjour Olivier Berruyer j’aimerai savoir quel rôle on jouer en 2014 après l’euromaidan le groupe du développement économiques ukraine le parti qui a fait ces sessions du parti des regions et souveraineté Europe ukraine sans la cessesion du groupe du développement économiques le gouvernement arseni iatseniouk 1 de février 2014 à décembre 2014 n’aurais jamais vu le jours avec toutes les conséquences avec cordialement

      +0

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