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15.septembre.202315.9.2023 // Les Crises

Soudan : cette autre guerre dévastatrice dont personne ne parle

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Trois mois de combats au Soudan entre l’armée et un groupe paramilitaire appelé le Rapid Support Force (RSF) [Force d’appui rapide] ont fait au moins 3 000 morts et 6 000 blessés. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées au sein du pays, tandis que 700 000 autres ont fui vers les pays voisins. Selon l’Organisation mondiale de la santé, deux tiers des équipements sanitaires de Khartoum, la capitale, et dans les autres zones de combat, sont désormais hors service. De sorte qu’on estime le nombre de morts et de blessés plus élevé que celui enregistré, et que, depuis des jours, des corps sont en décomposition aussi bien dans les rues de la capitale, que dans les villes et villages de la région du Darfour.

Source : Tom Dispatch, Priti Gulati Cox et Stan Cox
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Pratiquement tous les ressortissants étrangers, sont partis depuis longtemps déjà, y compris les diplomates et le personnel des ambassades. Selon Al-Jazeera, des centaines ou des milliers de Soudanais qui étaient en attente d’une demande de visa, se sont retrouvés, au lieu de cela, coincés entre les deux feux, leurs passeports enfermés à l’intérieur des ambassades désormais abandonnées. Selon des chefs de tribus non arabes, la RSF et des milices arabes locales se sont livrées à des tueries de masse, violant les femmes et les filles, et pillant et incendiant les maisons et les hôpitaux, dans la région du Darfour. Plus tôt ce mois-ci, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffith a déclaré à l’Associated Press : « Si j’étais soudanais, je trouverais difficile d’imaginer que ce n’est pas une guerre civile […] de la catégorie la plus brutale qui soit. »

Selon les Nations Unies, la moitié de la population du pays a désormais besoin d’une aide humanitaire, soit un nombre record de 25 millions de personnes. Et pire encore, la moitié d’entre eux sont des enfants, dont beaucoup étaient déjà dans le besoin avant que la guerre n’éclate. Tragiquement, le réchauffement climatique ne fera qu’aggraver leur détresse. Parmi les 185 états de la Notre Dame Global Adaptation Initiative, le Soudan est considéré comme le 6e pays le plus vulnérable au changement climatique.

Les projections indiquent que les vagues de chaleur, la sécheresse et les inondations deviendront encore plus fréquentes et intenses, à mesure que l’atmosphère au-dessus du Soudan se réchauffe. Cet été, la guerre et la météo ont convergé d’une manière particulièrement meurtrière. Avec un ciel sans nuages, des services d’eau et d’électricité en grande partie hors d’usage, et des pics de températures journaliers atteignant dans la capitale des valeurs allant de 42 à 43° Celsius, la misère ne fait que s’intensifier. Dans le même temps, la saison des pluies torrentielles est sur le point de commencer dans la région du Darfour et le long de la frontière avec le Tchad oriental. Le directeur national de Worldwide Concern au Tchad a déclaré : « Bon nombre du quart de million de réfugiés soudanais vivent dans des tentes de fortune faites à partir de bouts de bois, et de n’importe quel matériau qu’ils ont pu trouver, ce qui signifie qu’ils ne sont pas protégés des pluies intenses. La situation est catastrophique. »

Ce conflit ne fera pas l’objet d’une couverture télévisuelle

Parmi les réfugiés de cette guerre, certains font partie de notre famille ou belle-famille, et appartiennent à la famille élargie des indo-soudanais qui ont vécu à Khartoum toute leur vie. En mai, ils ont fui l’escalade de la violence, certains en effectuant un périlleux voyage de 800 km à travers le désert de Nubie jusqu’à Port-Soudan. Là-bas, ils ont pris un bateau traversant la mer Rouge jusqu’à Jeddah en Arabie saoudite. Comme ils nous en ont informés en juin par messages vocaux, leur destination était l’Egypte, qui est de loin la destination la plus courante pour les réfugiés soudanais ces trois derniers mois. Ceci dit, aussi désespérés soient-ils, nos proches sont dans une situation bien moins périlleuse que les personnes fuyant les régions du Darfour pour le Tchad. Même s’ils laissent derrière eux une vie longue de plusieurs décennies, sans savoir s’ils pourront un jour revenir à Khartoum.

Et ici, pour nous, la réalité est inquiétante. Nous avons dû faire de nombreuses recherches dans les grands médias américains pour trouver des informations sérieuses au sujet de la guerre au Soudan, et pas seulement sur le sort de ses réfugiés, bien qu’il y ait enfin eu récemment des articles de fond sur les ondes de NPR [ National Public Radio, NdT] et dans les pages du Washington Post. Pourtant, le contraste est frappant avec les 16 mois sans répit de reportages quotidiens, à la pointe de l’actualité, sur la guerre en Ukraine et ses millions de personnes déplacées.

Il y a aussi une différence majeure entre les réponses apportées par Washington à chacune de ces guerres. Avant que les combats ne se déclenchent au Soudan, le pays comptait environ 30% de moins de bénéficiaires de l’aide humanitaire que l’Ukraine. Désormais, on en compte 50% de plus. Au regard de ces besoins relatifs, l’aide humanitaire américaine au Soudan pour l’année fiscale 2023 (536 millions de dollars) n’était pas si négligeable si on la compare à celle pour l’Ukraine (605 millions de dollars), du moins tant qu’on n’ajoute pas les 49 milliards de dollars d’aide militaire que Washington a envoyée à Kiev, soit 80 fois le montant de l’aide civile, auxquels sont récemment venues se rajouter les bombes à fragmentation qui sont fondamentalement anti-humanitaires. En d’autres termes, l’année dernière, l’Ukraine a obtenu 13% d’aide humanitaire de plus que le Soudan, mais 93 fois plus d’aide au totale, si l’on compte le soutien à la guerre.

Et les Etats-Unis ne sont pas les seuls. Le monde entier traîne lamentablement pour répondre à la tragédie humanitaire du Soudan. William Carter, du Conseil norvégien des réfugiés, a récemment déploré : « Je n’ai pas vu cette situation être traitée avec urgence. Il ne s’agit pas ici d’ignorance, mais bien d’apathie. » Il est admis que les conditions au Soudan et au Tchad rendent la livraison de l’aide difficile, mais Carter souligne que les puissances occidentales « ne souhaitent pas se mouiller ».

Les civils tenus à l’écart, les généraux choyés

Washington assiste massivement l’Ukraine depuis que la guerre y a commencé. En comparaison, ce qui a été fait dans les mois amenant jusqu’à l’actuel conflit soudanais était non seulement inefficace, mais cela a peut-être même rendu la guerre plus probable.

Quelques éléments de contexte : il y a quatre ans, un soulèvement populaire a renversé Omar Al-Bashir, le président autocrate de longue date du pays. Un Conseil souverain a été formé pour négocier une transition vers la démocratie. Susan Page, qui a exercé en tant que première ambassadrice américaine de la République du Sud-Soudan, a écrit que le terme de « gouvernement de transition mené par des civils » pour désigner ce conseil était « toujours un peu comme une feuille de vigne » dans la mesure où on y compte plus d’officiers militaires que de civils. La transition était même menée par des officiers militaires, y compris les deux hommes qui commandent les forces à présent engagées dans la bataille, à savoir le général Abdel-Fattah Burhan, chef de l’armée soudanaise, et le général Mohamed Hamdan, qui dirige le groupe paramilitaire RSF.

Après deux ans d’obstruction au travail du Conseil souverain, cet étrange duo a rejoint les forces du coup d’Etat d’Octobre 2021 et a pris le contrôle du Soudan. Les négociations vers une transition démocratique, sous la médiation des Etats-Unis, du Royaume-Uni, des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie saoudite, se sont cependant poursuivies pendant encore 18 mois, tandis que ces généraux continuaient à faire obstruction. Selon Chris Coon, sénateur démocrate du Delaware, les généraux se sont même livrés purement et simplement à de l’extorsion, laissant entendre que s’ils n’obtenaient pas un soutien total des Occidentaux, ils créeraient une nouvelle crise migratoire en Europe, en expulsant des centaines de milliers de leurs compatriotes soudanais, et en les envoyant vers le nord. Toutefois, en Février dernier, avec l’enlisement des négociations militaro-civiles, Coons demeurait optimiste, écrivant :

« Le peuple soudanais […] ne recule pas lorsqu’il s’agit de défendre ses acquis politiques. Même face à des tueries incessantes, de la violence sexuelle, et des arrestations par le régime, un mouvement national de grande ampleur prodémocratie à l’échelle du pays a tenu pendant des mois des manifestations de rue non violentes. La détermination que ces milliers de gens ont montrée, alors qu’ils mettent en péril leurs vies face à des forces de sécurité lourdement armées, devrait servir à rappeler au monde entier à quel point la démocratie est véritablement précieuse. »

Coons a exhorté l’administration Biden à soutenir le mouvement pro-démocratique en imposant des sanctions qui frapperaient durement les chefs militaires tout en épargnant la société civile : « Un ensemble moderne et complet de sanctions à l’encontre des putschistes et de leurs réseaux perturbera les sources de revenus des militaires et leur emprise sur le pouvoir, ouvrant ainsi la voie au développement du mouvement démocratique naissant de la nation. » Comme on peut le constater douloureusement aujourd’hui, Biden n’a pas suivi les conseils de Coons et, six semaines plus tard, les fusillades ont commencé.

Dans un article publié peu de temps après le déclenchement des combats, Edward Wong et trois collègues du New York Times ont rapporté que certaines personnes ayant pris part aux négociations leur ont dit que « l’administration Biden a donné la priorité à la collaboration avec les deux généraux rivaux, plutôt que de donner du pouvoir aux dirigeants civils », même après qu’ils aient pris le pouvoir à la suite de ce coup d’Etat. Un conseiller très haut placé du gouvernement a assuré au Times que les diplomates de haut rang américains « avaient fait l’erreur de choyer les généraux, d’accepter leurs demandes irrationnelles, et de les traiter comme des acteurs politiques à part entière. Cela a nourri leur soif de pouvoir et leur sentiment de légitimité. »

Une pièce essentielle du puzzle

L’indifférence générale des États-Unis et d’autres pays riches à l’égard du peuple soudanais contraste fortement avec l’intérêt géopolitique intense que certaines puissances régionales portent au Soudan. Mohammad Salami, de l’International Institute for Global Strategic Analysis, observe que les alliés de Washington dans le golfe Persique ont de grands projets pour le Soudan, en raison de l’importance stratégique de son littoral sur la mer Rouge, de sa richesse en ressources minérales et de son potentiel en matière de tourisme et de production agricole. (On ne peut s’empêcher de se demander s’ils prennent en compte le fait que son agriculture pourrait, à l’avenir, être mise à mal par le changement climatique). En ce qui concerne les perspectives, Salami écrit : « Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont des projets à long terme pour l’Afrique, et pour le Soudan, qui en est leur porte d’entrée. »

Jusqu’au début du récent chaos, le Soudan était également une porte d’entrée pour les réfugiés d’Asie, du Moyen-Orient et d’autres régions d’Afrique. Moins de trois semaines après le début du conflit au Soudan, la chroniqueuse de MSNBC Nayyera Haq a fait remarquer que bon nombre des personnes qui fuyaient alors le pays étaient en fait des réfugiés récurrents, ayant fui des conflits antérieurs en Syrie, au Yémen et au Myanmar, entre autres. Alors que les diplomates occidentaux et le personnel des ambassades de Khartoum se ruaient pour sortir (en écho à Kaboul et à Kandahar il y a deux étés !), Nayyera Haq a conclu :

« Le Soudan, autrefois considéré comme une nation lointaine, est désormais une pièce essentielle du puzzle à notre époque où les économies mondiales se livrent à une compétition entre grandes puissances. Tandis que les frontières continuent de se brouiller en raison de la technologie et du changement climatique, les migrations forcées sont de plus en plus habituelles : des millions de gens fuient vers le nord ; d’Amérique Latine vers les Etats-Unis, de la Syrie vers l’Europe, et maintenant à travers l’Afrique de l’Est. Mais, les mêmes pays désireux d’extraire du pétrole et des minerais d’Afrique sont prompts à fermer leurs portes, ne se préoccupant que de leurs propres intérêts alors que le Soudan sombre dans le chaos. »

En effet, le Soudan est riche en ressources minérales qui se déclinent au long de l’alphabet : aluminium, chrome, cobalt, fer, manganèse, nickel, terres rares, argent et zinc. Tous ces éléments sont importants pour l’industrie mondiale des énergies renouvelables et des batteries. Mais la plus grande source de richesse du Soudan repose sur ses gisements d’or. L’industrie d’extraction d’or est largement la propriété d’une co-entreprise russo-soudanaise, dont le siège social se trouve dans le Nord-Est du pays. Les richesses qu’elle a générées n’ont pas bénéficié aux Soudanais. En réalité, avant le récent chaos, elles ont été divisées entre le régime militaire, le gouvernement russe, et nul autre que le très connu seigneur de guerre du groupe Wagner Evgeni Prigojine, qui dirigeait cette entreprise d’extraction et de traitement de l’or depuis 2017. Et Wagner étant Wagner, selon le département du Trésor Américain, ils ont aussi désormais pris parti dans la guerre du Soudan, en fournissant des missiles sol-air aux forces paramilitaires du groupe RSF.

Des victimes non dignes d’intérêt

Le peu d’attention accordée aux victimes civiles du conflit soudanais comparée à celle accordée aux civils ukrainiens amène à l’esprit le contraste entre les victimes « dignes d’intérêt » et celles « non dignes d’intérêt » décrites par Edward Herman et Noam Chomsky dans leur livre de 1988 La fabrique du consentement. Ils ont mis en perspective l’importante couverture médiatiaque concernant le meurtre en 1984 d’un prêtre polonais Jerzy Popieluszko, pendant la guerre froide, avec l’absence de cette même couverture médiatique, lorsque plus de deux douzaines de prêtres et d’autres religieux ont été massacrés par le gouvernement et des escadrons de la mort au Salvador et au Guatemala durant ces mêmes années. Assassiné par des agents du gouvernement communiste, Popieluszko a été considéré comme digne d’intérêt par les médias américains de l’époque, tandis que ses homologues massacrés par des gouvernements d’Amérique Centrale alliés des Etats-Unis ne l’étaient pas. De la même manière, des Européens blancs maintenant tués, blessés ou devenus sans-abris à cause des troupes russes sont des victimes qui requièrent l’attention des médias, tandis que les Soudanais confrontés à des destins similaires non.

Pour être tout à fait juste, le précédent conflit terrible qui s’est emparé de la région du Darfour de 2003 à 2008 a bien reçu une importante couverture médiatique dans les médias occidentaux grâce à la convergence de circonstances inhabituelles. La première d’entre elles étant : le conflit a reçu une attention accrue de célébrités de l’époque, parmi lesquelles Angelina Jolie, George Clooney, Lady Gaga et Mia Farrow. Le soulèvement médiatique du Soudan il y a quinze ans, était, cependant, une exception aux règles de notre monde. Aujourd’hui, tant ces dernières que les médias semblent pris d’une sorte de lassitude compassionnelle.

Bien évidemment, comme la plupart des Américains, nous ne prêtions aucune attention aux développements au Soudan avant que les combats ne commencent – et avant que nous n’apprenions que notre propre famille était en danger. Maintenant, quel choix avons-nous si ce n’est de nous tenir au courant des derniers développements ?

Pendant des semaines, nos familles sont restées dans une zone d’ombre, essayant d’atteindre l’Egypte. Certaines étaient déjà à Djeddah en Arabie saoudite, mais se trouvaient coincées là-bas. D’autres avaient réussi à atteindre Addis Abeba en Ethiopie. C’est alors que nous avons pu établir un contact, et elles ont reconnu auprès de nous qu’elles étaient « mieux loties que la plupart », ce qui voulait dire qu’elles n’étaient pas coincées dans une zone de guerre meurtrière sous des températures de 43° celsius, sans passeport, ni électricité ou eau courante, et qu’elles n’étaient pas, à la différence de nombreux soudanais, piégées dans des camps sordides de refugiés.

Ce n’est qu’il y a peu que nous avons appris qu’elles étaient arrivées saines et sauves en Egypte. A Khartoum, elles dirigeaient une petite école, et elles retrouvent maintenant espoir, si elles parviennent à passer au travers de la bureaucratie du Caire : « L’année prochaine, Inch’Allah, nous pourrons démarrer notre école ici, si nous sommes toujours ici et fuyant toujours la guerre. » Leurs avenir a en effet été déterminé par la guerre et il est difficile à imaginer. Comme le dit un de sesmembres : « Rien ne semble devoir se régler de sitôt au Soudan. »

Malheureusement, leur analyse ne semble que trop exacte. Depuis avril, au moins dix cessez-le-feu entre l’armée et cette organisation paramilitaire ont été rompus plus ou moins instantanément. À la mi-juillet, les dirigeants des six pays limitrophes du Soudan se sont réunis, afin d’élaborer, selon les termes ronflants du président égyptien Abdel Fattah el-Sissi « un plan d’action opérationnel pour parvenir à une solution globale à la crise soudanaise. »

Pourtant, sans surprise, aucun plan de la sorte n’a encore émergé. Etant donné les ressources et la centralité géographique du Soudan, un ensemble de pays plus riches et plus puissants en veulent tous une part, mais aucun de ces plans ne tient compte des victimes de la guerre. Pour ne rien arranger, dans cette guerre (comme dans d’autres à venir), le dérèglement climatique sera un multiplicateur de menaces. Pire encore, tant que nos médias refuseront de voir le conflit soudanais, ou, plus important encore, à considérer les Soudanais comme dignes de reportages détaillés, les réalités de la guerre en cours là-bas continueront à se situer quelque part au delà de l’horizon.

Copyright 2023 Priti Gulati Cox et Stan Cox

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Priti Gulati Cox, (@PritiGCox), une habitué de TomDispatch, est artiste et écrivaine. Son travail paraît dans Countercurrents, CounterPunch, Salon, Truthout, Common Dreams, the Nation, AlterNet, et d’autrese. Pour suivre son travail, visitez occupiedplanet.com.

Stan Cox, un habitué de TomDispatch, est l’auteur de The Path to a Livable Future: A New Politics to Fight Climate Change, Racism, and the Next Pandemic (La voie vers un avenir vivable : une nouvelle politique pour lutter contre le changement climatique, le racisme et la prochaine pandémie), The Green New Deal and Beyond: Ending the Climate Emergency While We Still Can (Le nouveau pacte vert et au-delà : mettre fin à l’urgence climatique tant que nous le pouvons), et la série actuelle In Real Time climate (Le climat en temps réel) chez City Lights Books. Retrouvez-le sur Twitter à @CoxStan.

Source : Tom Dispatch, Priti Gulati Cox et Stan Cox, 27-07-2023
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Daniel de Bordeaux // 15.09.2023 à 09h05

Merci pour ce focus sur le Soudan que je n’avais pas dans le viseur.
J’ai une remarque sur la fabrique des opinions (je ne met pas idées, car ce serait trop d’honneur) : la phrase « Aujourd’hui, tant ces dernières que les médias semblent pris d’une sorte de lassitude compassionnelle » résume pour moi tout l’esprit « néo colonisateur » encore présent dans notre culture.
Il y a un projecteur médiatique qui choisi et met en avant sur le devant de la scène, les causes pour lesquelles le peuple doit s’émouvoir et ainsi forger les opinions des « valeurs démocratiques » (on est le 15 septembre : c’est la journée de la démocratie).
L’émotion mise en image et théâtralisée à l’extrême, fait tourner les têtes et focaliser sur 1 sujet ou 2 maximum et on ne voit pas le déroulé du film dans le temps ni dans la totalité de l’espace : on n’a aucune relativité / objectivité sur la dynamique des évènements : on est dans un scénario purement occidental qui ne voit pas l’émergence d’autre chose (ex : BRICS)
pour schématiser à l’extrême :
Guerre dans le monde = Ukraine (pas les guerres de l’OTAN)
rentrée scolaire = Abaya (pas le manque de professeur)
santé = virus du moment (pas la destruction des hôpitaux)
politique = Macron (surtout pas les idées )

13 réactions et commentaires

  • La main du Kremlin // 15.09.2023 à 08h52

    Immigration massive en perspective…….
    Dans la joie et la bonne humeur du ramier occidental

      +5

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  • Daniel de Bordeaux // 15.09.2023 à 09h05

    Merci pour ce focus sur le Soudan que je n’avais pas dans le viseur.
    J’ai une remarque sur la fabrique des opinions (je ne met pas idées, car ce serait trop d’honneur) : la phrase « Aujourd’hui, tant ces dernières que les médias semblent pris d’une sorte de lassitude compassionnelle » résume pour moi tout l’esprit « néo colonisateur » encore présent dans notre culture.
    Il y a un projecteur médiatique qui choisi et met en avant sur le devant de la scène, les causes pour lesquelles le peuple doit s’émouvoir et ainsi forger les opinions des « valeurs démocratiques » (on est le 15 septembre : c’est la journée de la démocratie).
    L’émotion mise en image et théâtralisée à l’extrême, fait tourner les têtes et focaliser sur 1 sujet ou 2 maximum et on ne voit pas le déroulé du film dans le temps ni dans la totalité de l’espace : on n’a aucune relativité / objectivité sur la dynamique des évènements : on est dans un scénario purement occidental qui ne voit pas l’émergence d’autre chose (ex : BRICS)
    pour schématiser à l’extrême :
    Guerre dans le monde = Ukraine (pas les guerres de l’OTAN)
    rentrée scolaire = Abaya (pas le manque de professeur)
    santé = virus du moment (pas la destruction des hôpitaux)
    politique = Macron (surtout pas les idées )

      +30

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    • La Mola // 15.09.2023 à 13h32

      J’ai entendu relater par Gérard Noiriel sur F. Culture récemment que Zola s’était retiré du journalisme au moment de la loi sur la presse de 1881 (?) – inquiet d’une « information à outrance » et d’un « régime de secousses incessantes »
      (il n’y était revenu que pour « j’accuse »)

      votre commentaire semble une bonne illustration de ce dévoiement pressenti… merci !

        +8

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    • madake // 17.09.2023 à 09h41

      Il serait plus clair de lever les coins du tapis soudanais
      et d’exposer les enjeux géopolitiques et économiques…
      Les exportations pétrolières soudanaises sont parmi les seules choses qui fonctionnent bien dans le pays.
      Elles sont conséquentes, et à destination de la Chine, grande consommatrice, comme exposé dans les contributions plus bas…
      Mais des accords ont aussi été passés pour l’implantation au Soudan, d’autres bases militaires,
      pour la Chine et la Russie, au grand déplaisir de Washington, qui depuis ces annonces, a dépêché des émissaires, et soutient tous les opposants pouvant contrarier ces projets…
      Est-ce un hasard, si la dernière flambée opposant les généraux, à succèdé à une de ces visites?

      Ce pays qui, dès l’Antiquité était le grenier à blé de l’Egypte, béni des dieux par ses ressources minières, idéalement placé, au carrefour des voies maritimes entre l’Asie, l’Occident et porte d’entrée sur l’Afrique,
      pourrait, et devrait être un acteur majeur du développement de l’Afrique.
      Mais de nombreuses fées Carabosse sont penchées sur ce berceau en feu.

      Inutile de verser de l’huile sur le feu, puisqu’il y en a déjà plein le sous sol !!
      Mais les allume-feu de papier vert sont généreusement déversés, sous les prétextes très consensuels de la Démocratie et du Droit des Peuples, évidemment…

      Ca vous rappelle quelque chose?

        +3

      Alerter
      • Josy // 18.09.2023 à 15h01

        C’est la question que je me posais en cours de lecture .D’où sortent les armes?
        Peut être pas ceux qui sont déjà installés et qui travaillent avec les locaux pour leur intérêt et qui , de ce fait ,ne recherchent pas le chaos.
        Ne serait ce pas justement les émissaires du chaos qui sévissent partout et refusent tout partage de pouvoir??

          +1

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    • RGT // 21.09.2023 à 13h11

      Le silence médiatique entourant ce drame humain n’intéresse ni les dirigeants des états ni les propriétaires des médias d’informations de masse pour une simple raison, la même que pour le Yémen ou d’autres conflits passés sous silence :

      Il s’agit de pays pauvres dénués de ressources naturelles intéressantes et surtout peuplés de « bougnoules » fauchés qui ne viendront pas faire leurs courses dans les boutiques de luxe ni acheter de l’armement high-tech très coûteux auprès des oligarques occidentaux (propriétaires bien sûr des médias « objectifs et indépendants »).

      Si de plus ils possèdent des ressources naturelles intéressantes pour les occidentaux qui massacrent les populations pour préserver leurs « avantages acquis » une chape de plomb tombera sur ces conflits.

      Par contre, si les russes ou les chinois sont impliqués par exemple en tentant de foutre les occidentaux dehors nous aurons alors droit au cœur des vierges effarouchées par une telle agression infâme de l’axe du mal.

      Circulez, y’a rien à voir…

        +1

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  • putinmondemon // 15.09.2023 à 14h57

    Les exportations de brut du Sud-Soudan ont atteint leur niveau le plus élevé depuis près de deux ans, malgré la guerre entre les forces gouvernementales soudanaises et un groupe paramilitaire qui a éclaté en avril. Les expéditions de brut atteignent désormais une moyenne de 154 839 barils par jour, soit environ le double du chiffre de mars (77 419 barils par jour).
    Les experts craignent de plus en plus que le centre pétrolier de l’Afrique de l’Est ne soit plongé dans le chaos et ne soit privé de sa principale source de revenus depuis que des affrontements ont éclaté entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) à la suite des demandes de l’armée et des groupes pro-démocratiques d’intégrer les RSF dans les forces armées régulières.
    Le Sud-Soudan donne environ 10 000 barils de brut par jour au Soudan à titre de frais de transport, car le pétrole doit passer par le Soudan pour atteindre Port-Soudan où il est chargé dans des cargos. En fait, le Soudan reçoit chaque jour environ 20 millions de dollars en provenance du pétrole du Sud-Soudan. RSF a exigé que le Sud-Soudan cesse de fournir des fonds aux Forces armées soudanaises, ce qui pourrait amener les Forces armées soudanaises à riposter en empêchant l’exportation du pétrole du Sud-Soudan via Port-Soudan, qu’elles contrôlent. La situation étant dans l’impasse, un effondrement complet ne déstabiliserait pas seulement la région, mais pourrait également conduire à l’effondrement de l’État instable.

    Quel est le principal client (plus de 95 %) de ce traffic ? (info disponible ailleurs)

    Nul autre que ce membre des BRICS..la Chine

    Information traduite depuis le site oilprice.com

    https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Sudan-Oil-Exports-Rising-Despite-Conflict.html

    Peu de chance de ne pas etre supprimé…par la modération

      +1

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  • calal // 16.09.2023 à 07h52

    l’ancien commandant supreme de l’otan weyley clark est fameux pour une interview ou il a revele que les néoconservateurs americains prévoyaient de detruire 7 pays en 5 ans apres les attentats du 11 septembre:
    https://twitter.com/Glenn_Diesen/status/1702272406570602936

    Dans la liste des 7 pays cites,on trouve…. le soudan…
    « starting with irak and in syria,lebanon,libya,somalia,soudan and finishing off iran »…

    Le seul pas encore detruit c’est l’iran…

      +11

    Alerter
  • Auguste Vannier // 16.09.2023 à 10h46

    Encore un endroit du monde victime de le géopolitique du chaos, de la « destruction créatrice », qui servent de repères à l’action des USA. Il faudrait en effet rappeler qu’au début des années 1980 les USA apportent une aide essentiellement militaire à Kartoum et en profitent pour construire 4 bases aériennes destinées à leurs forces d’intervention rapide…et s’implantent/s’ingèrent dans un pays riche en or et pétrole et géographiquement stratégique en Afrique de l’Est.
    Mais évidemment dans cet article, on se contente de souligner la présence d’intérêts russes…

      +7

    Alerter
    • putinmondemon // 16.09.2023 à 16h37

      Il n’y a plus de bases militaires américaines au Soudan depuis les années 1980 et les relations diplomatiques avec échanges d’ambassadeurs ont repris sous l’administration Trump en 2020.

      Le principal client et bénéficiaire des activités pétrolières en temps de guerre c’est la Chine, près de 90 %.

      De plus les USA pensent fermer leur ambassade et évacuer leur personnel. La cause ..? L’extension du conflit, entre les parties rivales, dans la capitale aussi pour mettre la main sur les richesses locales (enfin celles qui restent..).

      The Greater Nile Petroleum Operating Co. is a joint venture comprising China National Petroleum Corp. (CNPC), Petronas Carigali Overseas Shd. Bhd. of Malaysia, ONGC Videsh Ltd. of India, and Sudan Petroleum Company Ltd. (Sudapet) with each staking 40%, 30%, 25%, and 5% interest, respectively. The company produced crude petroleum in Blocks 1, 2, and 4 in south-central Sudan. These Blocks may be divided between North Sudan and South Sudan.

      CNPC also owned Block 6. In 2010, production increased to 41,000 bbl/d from 38,000 bbl/d in 2009. The Petrodar Consortium owned Blocks 3 and 7. Its production grew from 242,000 bbl/d in 2009 to 254,000 bbl/d in 2010. Production is likely to start decreasing from 2013 onwards.

      The Khartoum Oil Refinery is jointly owned by China National Petroleum Corp. (CNPC) and Sudan Petroleum Corp. In 2010, the government granted Block 10 and Block 14 to Fenno Caledonian Ltd. of the UK while it awarded Block E to Star Petroleum of Luxembourg.

      Pas une compagnie américaine mais la CNPC est présente partout..China National Petroleum Corporation.

      La production d’or artisanale avant est de l’ordre de 4 tonnes par année

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      • Auguste Vannier // 16.09.2023 à 17h24

        « La proximité avec les États-Unis s’accentue sous l’administration de Ronald Reagan. L’aide américaine passe de 5 millions de dollars en 1979 à 200 millions en 1983, puis à 254 en 1985, essentiellement pour les programmes militaires. Le Soudan devient ainsi le deuxième bénéficiaire de l’aide américaine en Afrique (après l’Égypte). La construction de quatre bases aériennes destinées à accueillir des unités de la Force de déploiement rapide et d’une puissante station d’écoute, près de Port-Soudan, est mise en chantier. »
        Wikipedia
        Il est vrai qu’à partir de 1985 coups d’états, dictatures, guerres civiles, révolutions, se succèdent, dans une tonalité Islamiste rendant difficile les relations avec les USA qui placent le Soudan sur la liste des états terroristes. Russie et Chine en profitent pour développer leurs relations économiques avec le Soudan.
        Ce qui renforce la détermination des USA à « détruire » ce pays (avec toutes les manoeuvres de déstabilisation dont ils sont « spécialistes »).Cf le commentaire de @calal

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    • Josy // 18.09.2023 à 15h07

      L’analyse me parait très pertinente.En effet les arrivées massives d’armes et de financements ne tombent pas du ciel mais la plupart du temps d’agents qui se délectent du chaos.Voler les richesses ne leur suffit pas , ils veulent aussi être seuls et maitres sans partage . Ils appellent ça apporter la démocratie!

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  • Auguste Vannier // 17.09.2023 à 16h02

    En fait les USA enragent de ne pas pouvoir piller tranquillement le Soudan, comme ils l’ont fait et continuent de la faire dans de nombreux pays.
    La confiance dans le dollar est une confiance par défaut, et par contrainte.
    Elle commence à s’effriter, comme l’indique l’élargissement des BRICS et le nombre de candidats déclarés.
    Il ne s’agit là que de ce qu’arrive à percevoir malgré tous les efforts des media aux ordres, un simple citoyen, qui se méfie tout de même des sources anglo-saxonnes…

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