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20.juin.201920.6.2019 // Les Crises

Impérialisme : Quand la Chine nous endort… Par Richard Labévière

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Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière

Pour la promotion de ce livre1 dont on parle beaucoup dans les dîners en ville, l’éditeur n’y va pas avec le dos de la cuillère : « a-t-on raison d’avoir peur de la Chine ? Et si, au contraire, son intuition originelle représentait le meilleur antidote au choc des civilisations ? Si elle permettait de faire enfin rimer globalisation et réconciliation ? Aux théories modernes sur l’État, la nation, la guerre, la paix, le conflit des pouvoirs et la domination des nouveaux réseaux, Zhao Tingyang oppose le Tianxia, ce système antique incluant ‘tout ce qui existe sous le ciel’. Un système qui inspira l’Empire du Milieu, vortex ayant su attirer, intégrer, harmoniser les peuples et les cultures. Un système à même, demain, de définir le monde comme sujet souverain. Qu’il critique les courants majeurs de la pensée occidentale, qu’il invoque l’histoire, l’économie ou la théorie des jeux, qu’il révèle des concepts inconnus, c’est toujours en jetant des ponts que Zhao Tingyang nous invite, dans ce maître-livre, à redécouvrir l’universalité ». Bigre !

Pour ne pas mourir idiot, il fallut donc s’infliger la lecture de ces trois cents pages serrées. Dès les premières lignes, l’auteur – Zhao Tingyang – annonce la couleur : « Tianxia ou « Tout sous le ciel » était dans la Chine antique un concept riche de spiritualité, dont celle qui liait les hommes entre eux et celle qui liait l’humanité à la Voie du ciel ». Il définit Tianxia comme une méthodologie pour « redéfinir le concept de la politique ». Annonçant une « analyse sans position a priori », il explique que « c’est une méthode philosophique » pour « rétablir un phénomène dans son intégralité, cependant les réponses à certaines questions peuvent provenir de la politologie, de l’histoire, de l’économie, de la théorie des jeux ou de la théologie ».

Enfin, il termine son avant-propos en citant plusieurs de ses amis qui lui ont conseillé « d’ajouter une description de la relation entre le Tianxia et la Chine, car ce qu’est la Chine est une question inévitable ». En effet ! en inaugurant la base militaire chinoise de Djibouti en juin 2017, le président Xi Jinping a prédit que l’Empire du milieu s’imposerait comme l’hyper-puissance dominant le monde en … 2049, pour le centième anniversaire de la fondation de la République populaire » …

L’éditeur, encore, présente l’auteur comme « l’incarnation de l’essor planétaire de la philosophie chinoise ». Zhao Tingyang est « chercheur à l’Académie des Sciences sociales (NDLR : où ? Ce n’est pas précisé), professeur de renommée internationale, auteur d’une dizaine d’essais ». Certes, francophone et francophile, le personnage est plutôt charmant. Marié à une princesse mandchoue de vieille lignée, Zhao Tingyang ne manque pas une occasion d’affirmer qu’« il n’a rien à voir » avec la politique chinoise actuelle. « En fait, je n’ai aucun lien avec le pouvoir. Je suis un rat de bibliothèque qui a inventé une théorie de la philosophie politique », confie-t-il de passage à Paris avant de retrouver à Sciences-Po l’un de ses interlocuteurs occidentaux privilégiés, Régis Debray.

Effectivement, de prime abord, on a du mal à considérer comme un porte-parole officieux du Parti communiste chinois cet intellectuel élégant, dont quelques poils de barbe blancs laissent deviner le seuil de la soixantaine. Et pourtant, la tentation est grande tant son livre semble offrir la légitimation idéale du « rêve chinois » version Xi Jinping. En février dernier, le Washington Post a du reste présenté Tianxia, sa « philosophie », comme l’exact réplique de l’« America first » de Donald Trump. Pour y voir plus clair, il suffit de répondre à cette simple question : de quelle « théorie de la philosophie politique » Zhao Tingyang est-il « l’inventeur » ?

DEUX CONCEPTIONS OPPOSEES DE L’HISTOIRE

L’auteur part d’un constat largement partagé et, somme toute, d’une grande banalité : « dans les conditions de la mondialisation, la théorie de la politique internationale se réduit à une théorie de luttes locales, elle est impuissante à expliquer le problème politique du monde pris dans son ensemble ». Certes, l’interdépendance des 194 Etats – aujourd’hui membres des Nations unies – n’est pas une mince affaire. « C’est pourquoi, en dehors de la politique d’Etat et de la politique internationale, il est clair qu’un troisième concept politique est devenu nécessaire, qu’on peut appeler « politique globale » ou « politique mondiale », affirme Tingyang ; par conséquent, il faut que le monde devienne… « Tianxia ».

Citant d’emblée très approximativement Leibniz et Habermas, Zhao Tingyang fonde son utopie sur l’opposition de deux conceptions historiques opposées : celle de la Polis grecque, la Cité-Etat – qui, à travers l’empire romain va imposer un modèle de domination étatique – et celle de la dynastie des Zhou (il y a 3000 ans), « une tribu faible qui a eu la responsabilité de s’occuper de bien d’autres tribus , sans avoir ni le pouvoir ni la puissance militaire pour le faire ». S’occuper d’autres tribus ? Mais encore… Sans préciser davantage, Tingyang affirme qu’il a donc fallu « trouver un système qui compense cette absence de puissance en établissant une sorte de relation qui soit acceptable pour tout le monde ».

Dans un entretien récemment accordé à un magazine parisien2, Zhao Tingyang précise : « ce sont donc deux démarches qui ont été différentes : ici, il a fallu fonder un État et, ensuite, il y a eu l’expansion vers le monde. En Chine, il a fallu penser la politique d’emblée comme le monde et ensuite penser les pays. Les Zhou ont donc inventé le premier système mondial. L’avantage du système est que tous ses membres sont volontaires pour y participer. Il a été pensé de telle façon à ce que chaque membre ait son intérêt à y adhérer ». Volontaires ? L’intérêt ? Dans l’Occident médiéval, les vassaux vont estimer dès le XIème siècle qu’il est de leur intérêt de se mettre au service d’un suzerain plus puissant3.

Sans donner plus de précisions historiques l’auteur poursuit, affirmant qu’« un tel système était trop en avance pour son temps, l’Antiquité. Et, quand l’histoire a évolué, il y a d’autres pouvoirs qui se sont renforcés. Notamment l’apparition d’un pouvoir politique très puissant comme le royaume des Qing, de l’empereur fondateur de la dynastie Qing. A ce moment-là, la Chine s’est comportée comme un empire qui s’étend. Du coup, le système Tianxia d’avant a complètement été abandonné et oublié pendant plus de 2000 ans ».

Outre l’absence de références historiques précises, c’est l’imprécision concernant toute espèce de fondement épistémologique sérieux qui pose problème. Page 160, on peut lire : « l’historicité est une métaphysique qui peut expliquer la raison d’être d’une existence. Lorsque la temporalité de l’existence est dotée d’une structure dynamique consciente, elle devient historicité, le temps devient l’histoire ». L’historicité, une métaphysique ? Voilà un scoop qui mérite la plus grande attention. Suivent des considérations des plus vaseuses : « l’historicité est une sorte de mission (…) comme un processus en expansion illimitée ; l’historicité est alors une façon pour l’existant de rechercher sa propre éternité afin de se maintenir en vie ». C’est à peu près ce qu’enseigne Plotin à Rome vers 256 après J-C, à savoir une philosophie considérant l’histoire comme une inexorable régression. Cette conception néo-platonicienne a inspiré la pensée chrétienne en pleine affirmation, le soufi Ibn Arabi et plusieurs théologiens de l’Islam.

Se cantonnant dans sa métaphysique – affirmée de façon non dialectique -, à aucun moment Zhao Tingyang n’évoque la moindre évolution des forces économiques, sociales et politiques ayant mis fin à la dynastie Qing pour établir la République de Chine en 1911. La prise de pouvoir par le Kuomintang en 1928 n’est pas plus évoquée, ni la guerre civile qui aboutit en 1949 à l’évènement de Mao Zedong. Son nom n’est cité qu’une seule fois de manière évasive4. Ni la période des Cent Fleurs (février à juin 1957), ni le Grand Bond en avant (1958 – 1960), ni la Révolution culturelle (1966 – 1976) ne sont mentionnés, ne serait-ce que pour rappels historiques5. C’est quand même un peu court pour un ouvrage censé nous parler de la pensée chinoise…

FAMILLE, PAYS, TIANXIA !

Au fil des pages, l’histoire, dans son acception la plus classique6, est évacuée pour faire émerger la conception modernisée du Tianxia qui prétend incarner une sorte de néo-confucianisme merveilleux, reposant sur le « gène du désintéressement ». Zhao Tingyang : « et ce gène du désintéressement que Confucius a trouvé dans les sentiments humains est ‘l’amour des parents proches’. L’amour de l’homme pour ses proches parents est inconditionnel, donc désintéressé. C’est pourquoi Confucius croyait que l’amour des proches est le fondement sûr de la morale. La forme sociale de cet amour est la famille ».

Nous ayant fait grâce de la valeur cardinale du « travail », précédant celle de la famille, l’auteur ne va pas nous épargner avant d’arrêter la fin ultime de sa « philosophie » qui dévoile sa vraie finalité : le « Pays », sinon la patrie. Etrange résonance pour des oreilles françaises, cela donne une drôle de trilogie : « la famille a ainsi toutes les raisons d’être la forme originelle de Tianxia considérée comme une grande famille. Pour Confucius, l’ordre politique Tianxia-Pays- Famille doit nécessairement avoir comme fondement absolu l’ordre moral Famille-Pays-Tianxia. Cet ordre garantit la légitimité de l’ordre politique ». Nous voilà Président Xi, nous voilà !

« Le Tianxia est ainsi gouverné de manière répartie », mais ajoute Tingyang, « la relation de ‘tous’ les hommes du monde forme une famille perpétuée ; le modèle implicite de Tianxia-Pays-Famille considère le Tianxia comme le bien commun de tous, et fait donc du Tianxia le garant de la sécurité et des intérêts pour tous les pays et toutes les familles » (page 93). Dans ses Mythologies parues en 1957, Roland Barthes rend compte d’une grande exposition de photographies dont l’objectif était de montrer l’universalité des gestes humains dans la vie quotidienne de l’ensemble des pays du monde : naissance, mort, travail, savoir, jeux imposent partout les mêmes conduites de « la grande famille de l’Homme ». Il interprète la justification finale de cet adamisme visuel comme le summum de l’idéologie petite-bourgeoise consistant à décréter l’immobilité du monde comme la caution d’une « sagesse » et d’une « lyrique » qui n’éternisent et n’uniformisnte les gestes de l’homme que pour les désamorcer et les vider de toute signification et de toute histoire.

Le néo-confucianisme de Tingyang postule une idéologie « anti », sinon « a » – historique qui entend légitimer une approche « essentialiste » de la Chine afin de l’ériger en une espèce de modèle planétaire susceptible de réguler efficacement tous les problèmes de la mondialisation contemporaine. Tingyang : « le processus de formation de la Chine peut-être compris comme un long jeu de hasard, avec des jugements de valeurs différents selon le joueur, mais ce qui est crucial réside dans l’agissement rationnel des acteurs qui ont façonné la Chine. C’est la façon de procéder des joueurs qui définit les problèmes, les buts et la nature d’un jeu de hasard (NDLR : ne pourrait-on appliquer ce genre de platitudes à n’importe quelle histoire régionale ?). En rapport avec la vision qu’avaient les joueurs dans l’histoire, je vais me focaliser ici sur deux questions : 1) la Chine étant un « existant continu » (NDLR : quésaco ?), quelle est la structure dynamique qui forme cette continuité chinoise ? 2) les « gènes dominants » (NDLR : voilà qu’on passe de l’histoire à la biologie) les plus favorables à la survie sont donc sans arrêt renouvelés, alors, quels sont les gènes d’existence qui renouvellent continuellement la Chine dans l’histoire ? »

Malheureusement, on ne sait que trop comment se termine les confusions historico-biologiques qui finissent toujours par postuler quelque peuple élu, destiné à dominer la grande famille des hommes. Ainsi, « les concepts ou principes politiques de la Chine la différencie (NDLR : bien-sûr !) des Etats nations. Le concept du Tianxia et les principes de ‘non-externalité’ et d’’harmonie’ ont été les gènes d’origine de la politique en Chine. En ce sens, la Chine est un modèle réduit du Tianxia (un microcosme résumant le Tianxia), c’est un Etat qui possède implicitement (NDLR : par essence donnée) un modèle du monde ». Nous y voilà, même si l’auteur n’ose pas nous refaire le coup de la race, il abat ses cartes génétiques d’une Chine (celle de Xi Jinping), modèle, exemple à suivre dans le monde d’aujourd’hui…

A part ça, Zhao Tingyang ne fait pas de politique, mais il préconise quand même l’élaboration d’une « constitution du monde ». Le Tianxia permettrait, selon lui, d’abandonner le cadrage néfaste de l’État-nation et, enfin de faire du monde « un sujet souverain ». En somme, il s’agit d’opérer un déplacement paradigmatique de la notion de « monde », vu par les Occidentaux à celle du fameux Tianxia chinois pour le plus grand bonheur du président Xi Jinping.

EN ATTENDANT 2084

Et pour instaurer cette nouvelle constitution universelle, rien n’est plus simple ! Dans l’entretien précédemment cité, Tingyang nous donne la solution : « les nouvelles technologies, l’Internet, les connexions, tout ça, créent finalement les conditions matérielles pour un nouveau système Tianxia. Aujourd’hui, les activités des hommes commencent à être interconnectées de partout. Et il y a encore d’autres technologies qui vont arriver, comme l’intelligence artificielle, etc. Dans ce monde qui est en train de devenir un système, au sens technologique du terme, on a besoin d’un système politique qui corresponde. Les personnes âgées appartiennent peut-être encore à des pays, mais les jeunes eux appartiennent à une communauté qui existe sur les réseaux ». Formidable !

Plusieurs décennies après les sombres prédictions de George Orwell, les scénarios totalitaires les plus pessimistes sont pulvérisés par la confiance béate envers les nouvelles technologies et les nouvelles servitudes volontaires qui servent aujourd’hui au pouvoir chinois à instaurer une véritable dictature numérique. Devenu aujourd’hui, le grand timonier des réseaux numériques, le président Xi Jinping généralise la reconnaissance faciale, instaurant un permis social à points, permettant d’imposer un contrôle policier généralisé, de parquer et d’emprisonner (voire pire) ses opposants et les minorités ethniques. A ce propos, lire, relire et diffuser le livre fondamental de Bernard Stiegler – Dans la Disruption, comment ne pas devenir fou ?7 est une œuvre de salubrité publique parce qu’il ne pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards laqués…

Mais notre métaphysicien n’en démord pas : « pour être plus précis, je suis un réaliste idéaliste. Un idéaliste qui n’est pas réaliste est totalement hors sol (…) Les caractéristiques du Tianxia, l’inclusivité par exemple, c’est comme l’internet : tout est inclus. C’est typique : si vous existez sur l’Internet, c’est parce vous êtes en relation avec plein de gens. Cette histoire de l’Internet explique le concept de la co-existence avant l’existence : s’il n’y a pas d’autres gens qui co-existent avec vous, vous n’existez pas sur le web. Le Tianxia c’est pareil. La technique et la technologie étant ce qu’elles sont, ce qui manque aujourd’hui c’est la politique qui corresponde à ça, un concept politique qui corresponde à cette situation de réseaux inclusifs »8.

Donc, si le Tianxia et le web, c’est la même chose, plus besoin de s’inquiéter : nous sommes bien en route vers le meilleur des mondes possibles : « vous voyez bien que la forme du pouvoir aujourd’hui est en train de se modifier : au début, c’est la force, la violence, qui exprime un pouvoir, qui est destiné à dominer, conquérir les autres. Mais, une fois qu’on a construit des États, politiquement, la force et la puissance s’expriment cette fois-ci par l’autorité de l’État. Le pouvoir aujourd’hui a continué à muer, et, aujourd’hui, nous approchons d’une autre forme de pouvoir qui est l’influence. Vous voyez bien que tout ce qui est publié sur le web ou dans les médias, si les gens vous lisent, vous croient, cela crée parfois une force d’influence parfois plus forte que la politique ».

La métaphysique, c’est comme les trains, ça peut en cacher une autre. En 1999 paraissait à Pékin La Guerre hors limites9, rédigé par Qio Liang, colonel de l’Armée de l’air, directeur adjoint du Bureau de la création au Département politique de l’armée de l’Air et membre de l’Union des écrivains de Chine, et Wang Xiangsui, colonel de l’Armée de l’air et commissaire politique adjoint de division. Comme le laisse entendre Tingyang, la culture stratégique chinoise privilégie les chemins de la « guerre indirecte », inspirée de Sun Tzu10, théoricien de la victoire sans combat. Traditionnellement, les stratèges chinois lient la suprématie à la pensée humaine, à la pratique de la dissimulation et de la ruse au point de mépriser la force et les machines. La puissance du raisonnement doit l’emporter sur toute autre considération et le concept basique des Routes de la soie et du Collier de perles, « le civil d’abord, le militaire après », s’inscrit dans cette même filiation.

Les deux colonels théorisent et modernisent cet héritage, qui, en dernière instance, ne diffère pas fondamentalement de la doctrine des néo-conservateurs américains et des nouveaux principes issus de la Révolution dans les affaires militaires11, optimisant eux-aussi la ruse, la dissimulation et la sous-traitance à des opérateurs privés. Michel Jan12, qui a préfacé l’édition française de La Guerre hors limites, souligne que les auteurs « englobent aussi dans leur analyse, parfois prémonitoire, les actes hostiles menés depuis la fin de la Guerre froide sous toutes les formes, dans tous les domaines, économiques, financiers, religieux, écologiques, etc. Une telle combinaison de plus en plus complexe d’actes de guerre dépasse les limites habituelles des conflits menés jusqu’à une période récente uniquement par les militaires ».

En conclusion de leur manuel, les colonels Qio Liang et Wang Xiangsui ont l’avantage d’annoncer la couleur : « pour la guerre hors limites, la distinction entre champ de bataille et non-champ de bataille n’existe pas. Les espaces naturels que sont la terre, la mer, l’air et l’espace sont des champs de bataille ; les espaces sociaux que sont les domaines militaire, politique, économique, culturel et psychologique sont des champs de bataille ; et l’espace technique qui relie ces deux grands espaces est plus encore le champ de bataille où l’affrontement entre les forces antagoniques est le plus acharné. La guerre peut être militaire, paramilitaire ou non militaire ; elle peut recourir à la violence et peut être aussi non-violente ; elle peut être un affrontement entre militaires professionnels ainsi qu’un affrontement entre les forces émergentes principalement constituées de civils ou de spécialistes. Ces caractéristiques marquent la ligne de partage entre la guerre hors limites et la guerre traditionnelle, et elles tracent la ligne de départ des nouvelles formes de guerre ».

Ils ajoutent : « en outre, il est urgent que nous élargissions notre champ de vision concernant les forces mobilisables, en particulier les forces non militaires. A part diriger l’attention comme par le passé sur les forces conventionnelles, nous devrions porter une attention spéciale à l’emploi des ‘ressources stratégiques’ intangibles comme les facteurs géographiques, le rôle historique, les traditions culturelles, le sentiment d’identité ethnique ainsi que le contrôle et l’utilisation de l’influence des organisations internationales ».

DES PHILOSOPHES, PEU DE PHILOSOPHIE…

Bref, plus de trois cents pages pour faire passer le message simpliste que la Chine, c’est ce qu’il y a de mieux au monde – et ce – sous couvert de « philosophie politique » novatrice (qui plus est)! Cela révèle l’état de confusion généralisée dans lequel nous nous débattons aujourd’hui. Aujourd’hui les « philosophes » fleurissent à tous les coins de rue, rédactions, centres de recherche et plateaux de télévision, alors qu’il n’y a jamais eu moins ou si peu de philosophie pertinente, opérationnelle et « vraie » – dirait Spinoza !

L’engouement irrationnel pour le livre de Tingyang s’apparente à celui qui a aussi submergé les librairies et les dîners avec les livres de l’historien Yuval Noah Harari, dont l’auteur de ces lignes s’est aussi infligé la lecture. On y retrouve le même enchaînement de poncifs et enfoncements de portes ouvertes, les mêmes affects et bons sentiments d’une métaphysique planétaire aussi abstraite, confuse qu’indéterminée. Dans le genre, autant revenir au Projet de paix perpétuelle d’Emmanuel Kant. Certes, la démarche y reste foncièrement métaphysique, mais au moins s’appuie-t-elle sur une pensée critique – qu’on peut ou non partager et discuter – mais au moins y-a-t-il une pensée qui est là…

En dernière instance, cet engouement pour autant de livres creux cultive une « haine de soi » assez malsaine. Spontanément, une prétendue philosophie néo-confucéenne ne peut qu’être infiniment supérieure aux laborieuses tribulations de notre raison occidentale… Et il suffit, désormais d’énoncer quelques vagues succédanés du Yin et du Yang pour déclencher un sentiment d’admiration transie et d’infériorité de plus en plus répandu : les Chinois sont tellement plus profonds que nous autres, pauvres occidentaux mécaniquement rationalistes…

Bonne lecture et à la semaine prochaine.

Richard Labévière
13 mai 2019

1 Zhao Tingyang : Tianxia, tout sous un même ciel. Editions du Cerf, mars 2018.
2 Les Inrockuptibles, 24 mars 2019.
3 Le système vassalique s’est développé à cause de l’affaiblissement de l’autorité publique après l’effondrement de l’empire carolingien (Xème – XIème siècles) : l’empereur, les rois et bientôt les princes territoriaux étaient incapables de faire régner l’ordre et d’imposer leur pouvoir aux seigneurs locaux. Un réseau de relations d’homme à homme s’impose donc, donnant des droits et des devoirs pour chacun d’entre eux, une pyramide sociale allant théoriquement du roi au grand seigneur (grand feudataire), seigneur, vassal et arrière-vassal mais dont l’effectivité dépend de l’autorité du supérieur.
4 Page 270 : « Mao Zedong avait dit que le pouvoir doit servir le peuple. C’était peut-être à l’époque une illusion politique utopique ».
5 « Lorsqu’au début de 1976, Mao donne ses directives en disant : ‘accrocher la lune au neuvième ciel, poursuivre la tortue jusqu’au fond des cinq mers (en termes conceptuels : accroître la production, conserver l’unité nationale, combattre les ennemis de classe), on se rend compte, même étranger que Mao saut parler à son peuple ». Henri Lefebvre : De l’Etat – 2. Théorie marxiste de l’Etat de Hegel à Mao. Union Générale d’Editions, 1976.
6 L’histoire classique considérée à partir des travaux de Thucydide jusqu’à ceux de Marc Bloch ou l’Ecole des Annales en passant par l’œuvre de Michelet et bien d’autres.
7 Bernard Stiegler. Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Editions Les liens qui libèrent, 2016.
8 Les Inrockuptibles, 24 mars 2019.
9 Qio Liang et Wang Xiangsu : La Guerre hors limites. Editions Payot&Rivages, 2003.
10 Sun Tzu est un général chinois du VIᵉ siècle av. J.-C. Il est surtout célèbre en tant qu’auteur de l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien : L’Art de la guerre.
11 Le concept de Révolution dans les affaires militaires ( RAM ) est une doctrine sur l’avenir de la guerre qui privilégie les progrès technologiques et organisationnelles. La RAM affirme que de nouvelles doctrines, stratégies, tactiques et technologies militaires ont conduit à un changement irrévocable dans la conduite de la guerre. Spécialement liée aux technologies modernes de l’ information, des télécommunications et de l’ espace, la RAM a guidé une profonde transformation et intégration totale des systèmes opérationnels de l’armée américaine.
12 Michel Jan est un écrivain français, né le 30 juin 1938 à Brest. Militaire de carrière (Armée de l’Air) et sinisant, il s’est spécialisé dans les relations internationales et l’Extrême-Orient, avec un intérêt particulier pour les régions des marches de l’empire chinois.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 13-05-2019

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Commentaire recommandé

Jerrick // 20.06.2019 à 07h25

Bonjour
Vous vous souvenez de ce qu’a récemment dit Jimmy Carter à Trump?
(Source Newswwek du 15/04/19) :
« Depuis 1979, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec quelqu’un ? » demanda Carter. « Aucune. Et nous sommes restés en guerre. » Les États-Unis, a-t-il fait remarquer, n’ont connu que 16 ans de paix en 242 ans d’histoire, ce qui en fait  » le pays le plus belliqueux de l’histoire du monde « , a dit M. Carter. C’est en raison de la tendance de l’Amérique à forcer d’autres nations à  » adopter nos principes américains « , a-t-il dit.
« Combien de kilomètres de trains à grande vitesse avons-nous dans ce pays ? » a-t-il demandé. Alors que la Chine possède quelque 18 000 milles de train à grande vitesse, les États-Unis ont  » gaspillé, je crois, 3 billions de dollars  » en dépenses militaires. « C’est plus que vous ne pouvez l’imaginer. La Chine n’a pas gaspillé un seul sou en guerre, et c’est pourquoi elle est devant nous. Dans presque tous les domaines. »
La vision du Monde de demain de la Chine me parait bien plus « globale » que la version US/OTAN/EU/GB/… qui n’est qu’une vision « ToutPourMaGueule ». N’attendons pas non plus des Chinois qu’ils acceptent cette fois-ci de se faire dépouiller des fruits de tous les efforts qu’ils ont fait depuis des décennies pour « retrouver la face ».
Et si on parle d’endormissement de leur part… qu’en est-il de l’industrie cinématographique Hollywoodienne subie depuis un siècle et ici même dénoncée ?

47 réactions et commentaires

  • Jerrick // 20.06.2019 à 07h25

    Bonjour
    Vous vous souvenez de ce qu’a récemment dit Jimmy Carter à Trump?
    (Source Newswwek du 15/04/19) :
    « Depuis 1979, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec quelqu’un ? » demanda Carter. « Aucune. Et nous sommes restés en guerre. » Les États-Unis, a-t-il fait remarquer, n’ont connu que 16 ans de paix en 242 ans d’histoire, ce qui en fait  » le pays le plus belliqueux de l’histoire du monde « , a dit M. Carter. C’est en raison de la tendance de l’Amérique à forcer d’autres nations à  » adopter nos principes américains « , a-t-il dit.
    « Combien de kilomètres de trains à grande vitesse avons-nous dans ce pays ? » a-t-il demandé. Alors que la Chine possède quelque 18 000 milles de train à grande vitesse, les États-Unis ont  » gaspillé, je crois, 3 billions de dollars  » en dépenses militaires. « C’est plus que vous ne pouvez l’imaginer. La Chine n’a pas gaspillé un seul sou en guerre, et c’est pourquoi elle est devant nous. Dans presque tous les domaines. »
    La vision du Monde de demain de la Chine me parait bien plus « globale » que la version US/OTAN/EU/GB/… qui n’est qu’une vision « ToutPourMaGueule ». N’attendons pas non plus des Chinois qu’ils acceptent cette fois-ci de se faire dépouiller des fruits de tous les efforts qu’ils ont fait depuis des décennies pour « retrouver la face ».
    Et si on parle d’endormissement de leur part… qu’en est-il de l’industrie cinématographique Hollywoodienne subie depuis un siècle et ici même dénoncée ?

      +73

    Alerter
    • moshedayan // 20.06.2019 à 07h59

      C’est facile à Jimmy Carter, maintenant ! de jouer au sage !
      Pour rappel, il fut celui qui remit en cause les accords stratégiques des missiles inter-continentaux USA-URSS, qui anima le boycott des J O de Moscou en 1980, qui arma les Islamistes moyen-âgeux et Al-Quaîda en Afghanistan au lieu de trouver une solution avec l’URSS plus viable et lança surtout la carrière de Brzezinsky Zbigniew qui aboutit à l’Ossétie du Sud et le Donbass aujourd’hui avec des milliers de morts… Bref les citations de Jimmy Carter , je m’en passerai et il rejoint la cohorte de personnalités dont la mort à venir devrait se tenir en discrétion…
      et pour les francophones une source
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Zbigniew_Brzezi%C5%84ski#Conseiller_de_Carter

        +19

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      • Catalina // 20.06.2019 à 09h32

        En même temps ( oups et AIE) aucun des présidents us n’a respecté les traites et sa parole depuis……TOUJOURS !!!! Donc Carter ou un autre, c’est du pareil au même

          +15

        Alerter
        • riton // 21.06.2019 à 11h01

          Que disait déjà Noam Chomsky à propos de tous les présidents des USA ?

            +1

          Alerter
      • , // 20.06.2019 à 09h52

        Vous avez raison tous les deux ! Que les Etats-Unis, trop souvent présentés comme les sauveurs de la planète, soient remis à leur vraie place est nécessaire.
        Noam Chomsky, qui ne s’encombre pas trop de précaution oratoires ne disait pas le pays le plus belliqueux, mais il parlait d’un état terroriste de premier ordre.
        Maintenant, que Carter ne soit pas bien à sa place pour donner des leçons c’est un fait avéré, en sachant qu’il ne fut pas le président le plus agressif. La preuve est que pour le renouvellement de son mandat, ses « amis » lui ont mis dans les pattes le souvenir de son frère qui traitait avec Kadhafi ! Ce fut le Billygate…

          +4

        Alerter
      • Chris // 20.06.2019 à 12h20

        Ce n’est pas incompatible.
        Carter a eu le temps de mesurer l’impact négatif de la politique du conseiller Brzezinsky et autres néocons de l’époque et tente de rappeler ses méfaits sur la « santé » économique et sociétale de son pays.
        Je pense que Carter est un honnête homme qui ne s’est jamais renié, sauf par naïveté.
        C’est quand même sous sa présidence qu’eut lieu la signature des traités sur le canal de Panama (rétrocession en 1999), des accords de Camp David, du traité SALT II sur la limitation des armements stratégiques avec l’Union soviétique et l’ouverture de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine.
        Une sacrée avancée après la dérouillée du Vietnam !
        Je me suis souvent demandé ce qui serait advenu s’il avait obtenu un deuxième mandat : aurait-il poursuivi une politique de modération (il était très orienté social) ou aurait-il été encore plus loin dans la libéralisation naissante des marchés ?
        Les requins qui lui opposèrent le figurant Reagan veillaient au grain…

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      • Jerrick // 20.06.2019 à 15h59

        Oui sans doute. Sur les 16 ans / 242 sans guerre, 2 sont annoncées comme ayant eu lieu durant son mandat (77/80). Source : https://www.alnas.fr/actualite/en_vrac/article/les-usa-modele-de-democratie
        1968 – Vietnam War
        1969 – Vietnam War
        1970 – Vietnam War
        1971 – Vietnam War
        1972 – Vietnam War
        1973 – Vietnam War, U.S. aids Israel in Yom Kippur War
        1974 – Vietnam War
        1975 – Vietnam War
        1976 – Pas de guerre majeure
        1977 – Pas de guerre majeure
        1978 – Pas de guerre majeure
        1979 – Cold War (CIA proxy war in Afghanistan)
        1980 – Cold War (CIA proxy war in Afghanistan)
        Je n’ai pas dit que Carter est un saint. Il a au moins l’honnêteté de reconnaître la politique particulièrement belliqueuse de son pays.
        Ensuite, mon message tentait de souligner que certains avancent sans passer leur temps à menacer de se taper sur la gueule. Et que c’est quand même vachement plus « constructif ». N’est-ce pas ?

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    • Daniel // 20.06.2019 à 09h38

      Vous avez tout à fait raison, sur le décalage de notre vision occidentale et l’intention des Chinois.
      M Labévière semble ici être le porte parole de la France Néo coloniale : pas contente que la Chine lui pique son pré carré en Afrique.
      en France, il existe des voix (des voies) différentes.
      J’ai entendu M Raffarin lors d’une Conférence « Bonne Nouvelle d’Afrique » début Juin à Bordeaux où dans la conclusion des 2 jours, il a mis en avant l’idée de ne pas appliquer son regard occidentaux (souvenons nous du Saccage du Palais d’été et de la guerre de l’Opium) :
      voici les notes que j’avais prise (en attendant la synthèse officielle sur le site http://www.prospective-innovation.org/ )
      il faut Vis-à-vis de la Chine, défendre nos valeurs
      – La société : divergence fondamentale (communisme à la Chinoise avec le Leadership du parti, cela est non négociable)
      – Le Marché : réciprocité (Le marché Chinois est un impératif pour nous / Conférence internationale de Shanghai : le privé est présent, les institutions Publiques sont à la traine pour se décider)
      – Vision du monde : Multilatéralisme partagé avec la Chine (La Chine a un intérêt partagé avec l’EU / En 2010, la Chine a acheté la Dette de l’EU, (pas l’USA)
      La Chine vis-à-vis de l’Afrique a une vision pragmatique
      La France vis-à-vis de l’Afrique a une vision idéologique (« arrogance de l’UE »)
      Il faut avoir des projets dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie : c’est la place de la France.

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      • Daniel // 20.06.2019 à 09h55

        Pour aller encore plus loin dans une vision de coopération plutôt que compétition :

        Une analyse extrêmement pointue et complète qui explique les tenants et aboutissants de l’idée de Nouvelles Routes de la Soie prise dans le cadre du « Pont Terrestre Mondial » imaginé au lendemain de la chute du mur de Berlin se trouve dans le dossier de l’Institut Schiller (plus de 500 pages !!!)
        https://www.institutschiller.org/Les-Nouvelles-Routes-de-la-soie-pont-terrestre-mondial.html

        Bonne découverte

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      • Graindesel // 20.06.2019 à 09h57

        « il faut Vis-à-vis de la Chine, défendre nos valeurs »

        Rassurez-vous, les Chinois, comme les Africains, comme les Amérindiens, comme les Aborigènes, comme les Indiens, comme les Arabes, etc. savent à quoi s’en tenir au sujet de nos « valeurs ». Quelle hypocrisie d’appeler « valeurs » ce qui a constitué des crimes contre l’humanité. L’impérialisme n’est pas seulement militaire, il est aussi culturel. Comme le démontre une fois de plus – à son corps défendant – Labévière.

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        • cedivan // 20.06.2019 à 15h36

          citez moi une seule civilisation qui n’a pas commis de « crimes contre l’Humanité ». C’est bien de critiquer notre propre civilisation mais ne tombons pas dans le manichéisme anti occidental primaire

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          • Graindesel // 21.06.2019 à 00h16

            « citez moi une seule civilisation qui n’a pas commis de “crimes contre l’Humanité”.  »

            Les Kogis.
            Les Yanomamis
            Les aborigènes australiens
            Etc.

            « C’est bien de critiquer notre propre civilisation mais ne tombons pas dans le manichéisme anti occidental primaire »

            Vous n’aimez pas la vérité? Je ne savais pas qu’il y avait quelque chose de positif à commettre des crimes.

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          • Pol ux // 21.06.2019 à 01h27

            Les pigmees. Les indiens. Les bushmen. Les Eskimos. Les tibétains. Les suisses.

            Vous trouvez vraiment que nos valeurs valent mieux que celles des autres ?

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    • charles // 20.06.2019 à 11h15

      les Chinois ne vont certainement pas abandonner les fruits de leurs efforts, mais s’étant trahis dans leurs croyances millénaires ils en paieront le prix fort comme nous tous, ce qui est déjà le cas par ailleurs.
      En cela le chinois moderne n’est pas différent de l’occidental, inconséquent et « court termiste ». est / ouest, aucune différence, le pognon et le pouvoir ne portent jamais d’odeur, ni de couleur de peau, et encore moins de croyance autre que la sienne et uniquement la sienne.

        +4

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    • Damien // 20.06.2019 à 11h18

      Le problème est que M. Carter a tort. La République populaire de Chine a attaqué le Vietnam précisément en 1979. Heureusement, le conflit a été de courte durée car il n’est pas facile de conquérir ce pays. Dès que Pékin estimera en avoir les moyens, ils envahiront Taïwan (et qu’on ne me parle pas de « réunification » de la Chine, car c’est une absurdité et une méconnaissance absolue de la question taïwanaise). En fait, les Chinois se comportent comme les Américains (la politique à l’égard de Taïwan me fait penser à celles des États-Unis à l’égard de la Russie) avec ceux qui les gênent, soit par la séduction, soit par la force. Et notre passé impérialiste et nos propres pratiques actuelles devraient nous mettre en garde. Contrairement à ce que mes propos pourraient laisser croire, j’aime beaucoup les Chinois (mais aussi les Taïwanais et les Vietnamiens), et c’est justement parce que je les connais que je me méfie de la Chine.

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  • Xuan // 20.06.2019 à 07h51

    Labéviaire nous endort
    Qui est impérialiste ? Qui impose des taxes au monde entier ? Qui menace la paix au proche orient ? Qui pratique la subversion ? Qui impose sa monnaie ? Qui sanctionne les états pour des motifs idéologiques ?…

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    • Ives // 20.06.2019 à 08h56

      Si le jour où la Chine devenue première puissance mondiale, nous pourrons répondre non à toutes ces questions, je serais d’accord avec vous.

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      • Catalina // 20.06.2019 à 09h34

        avec des « si »…… le constat pour les US est accablant, pour la Chine, on n’en sait rien du tout.

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    • Haricophile // 20.06.2019 à 16h31

      Nier que la Chine est impériale est un non sens !
      c’est d’ailleurs le point crucial : La Chine est un empire avec un assez grande stabilité depuis des millénaires (il y a quand même eu des périodes moins stables!) , nos empires occidentaux sont ridiculement éphémères à côté. Ce n’est pas étonnant donc que leur culture, que leur manière de penser soit différente, et que la fuite suicidaire vers un court-terme toujours plus étriqué de nos politiques et «financiers» ne soit pas leur vision ni leur culture.

      Les premières préoccupations de la chine sont de garder l’unité et la stabilité. L’organisation politique de contrôle est obsédée non pas par des individus, mais par le risque voir se développer et perdre le contrôle de mouvements de contestation ou de scission. Je ne sais pas ce qui est préférable pour l’épanouissement des individus entre le système chinois ou le système représenté par Trump, mais ce qui est certain c’est que le «régime Trump» engendre guerres, inégalités et chaos alors que la recherche de stabilité des chinois est forcément en faveur de la paix avec une vision a très long terme, même si ils peuvent être agressifs sur le plan économique et ne sont pas des anges.

        +7

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      • Haricophile // 20.06.2019 à 16h32

        Il y a autre chose… J’ai été au Japon a une période, le pays asiatique avec l’image la plus « occidentalisée » d’Asie, et sur place ça a d’ailleurs été mon étonnement ; Le Japon est très peu conforme a l’image que nous en avons : Ils sont avant tout asiatique, et il faut être sur place pour comprendre a quel point on se plante si on croit que la culture et la manière de penser est devenue uniforme partout. Croire qu’un Chinois ou un Japonais raisonne et pense comme nous, avec la même vision du monde, est une erreur très grossière.

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    • Chris // 21.06.2019 à 00h15

      Bon, reconnaissons tout de même qu’un impérialisme chasse un autre empirialisme : l’Histoire en est cousue !

        +2

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      • Louis Robert // 23.06.2019 à 19h51

        Commençons donc par nous débarrasser de celui que nous connaissons et dont nous sommes les acteurs, complices et/ou muets spectateurs. Cet impérialisme bien nôtre est mondialement reconnu et honni partout dans le monde (voir les sondages Pew qui jusqu’à ce jour le confirment massivement). Nous avons le devoir, donc l’obligation incontestable d’y mettre un terme.

        D’abord la poutre… puis la paille, en son temps.

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  • Paul Atreide // 20.06.2019 à 09h07

    Ah c’est sur qu’un rappel à l’humilité de notre côté du monde ne serait pas un mal en soi Monsieur Labévière, tant nous avons prétendu quel serait les modèle qui fonctionerait pour tous le monde, quel religion il fallait adopter, quel système économique.

    Ca nous fait drôle de voir, que bah en fait,y a aussi d’autre vision du monde, d’autre conception, que certains estiment applicable à tous pour la paix du monde.

    Pour ma part je trouve certains élément du Tianxia, intéressante, et pour rappel, l’histoire de la chine montre qu’il est possible de faire coexister, croyance, ethnie, culture, au sein d’une même entité sans réel segrégation « officiel »
    Je rappel aussi que dans son histoire la chine n’a jamais prétendu ce que devait être la marche du monde, ce qu’était la vrai foi, ou le vrai modèle politique ou économique.

    En l’occurrence, comme les ultra libéraux ontle droit d’être convaincu que le capitalisme c’est la solution, Zhao Tingyang, a aussi le droit d’être convaincu, et donc de faire part, de sa vision du monde sur le Tianxia. A cela j’ajouterais qu’il faut lire l’échange epistolaire entre Regis Debray et ZhaoTingyang, DU ciel à la terre. Où j’ai pas souvenir que ce dernier cherche à imposer le Tianxia, mais questionne son concept et ses limites.

      +10

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    • Paul Atreide // 20.06.2019 à 09h07

      Rassurez vous Monsieur Labévière, c’est pas demain que des zélote chinois viendrons nous convertir à la vrai foi, ce n’est pas dans leur culture, et je ne pense pas que cela soit leur intérêt premier.

      Ne mettez pas les idée philosophique propre d’un pays au travers du président actuel pour pretexter que tout est à jeter. C’est comme ci on rattachait Rousseau à Macron.
      Non.

      Quand au complexe d’infériorité, y a pas que vis à vis de la chine que c’est le cas, mais vis à vis de la colonisation, de l’esclavage etc, et à ce titre, plutôt que de regarder les chinois d’un oeil accusateur, on devrait se questionner sur nos travers actuel, c’est marrant comme quoi nous désignons les autre comme fautif de nos propre défaut.

        +11

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      • Paul Atreide // 20.06.2019 à 09h13

        Et pour terminer j’ajouterais: l’évolution des idées et des concept se fait par l’échange et le dialogue, jamais une idée un concept a été une perfection pour une société, mais pour les faire evoluer, il faut encore accepter de les confronter à d’autres idées. En l’occurence je suis sur qu’il y a moyen de trouver des bons élément tant dans le tianxia, que dans la république de platon, et d’en discuter.

        Dans tous les cas,il n y a pas d’absolu, il n y a pas de vérité, il n y a pas un seul concepte applicable à tous, et la chine dans son histoire semble bien avoir compris cela, si on en voit la synergie entre les différentes philosophie, tant spirituel que philosophique et politique.

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  • pichouz // 20.06.2019 à 09h23

    ce livre est du confucianisme , simplement du confucianisme. Et les chinois sont confucianiste. Donc pas de surprise. Il faut lire un peu le bonhomme ( Confucius ) pour voir a quel point il craint. Hiérarchie, ordre, amour hiérarchique
    ( c’est le pire je crois) , obéissance, ce type est un concentré de fascisme avant l’heure.
    Pour une critique d’époque, il faut lire le tchouang tseu, 3eme père taôiste, qui décrit a merveille comment et pourquoi cette philosophie ( le confucianisme) est contre nature et contre l’humain.
    Maintenant que des régimes totalitaires se servent de cela pour avancer quel étonnement?

      +2

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    • Paul Atreide // 20.06.2019 à 15h57

      Oui le confucianisme a bien des égard à une dimension autoritaire, la place de la femme y est marginalisé, le tout repose sur la piété filiale.
      Cependant, c’est aussi ce même confucianisme qui a prôné la vertu, l’éducation, l’accès aux académie même pour les roturier, et ce même confucianisme qui cohabitait avec les philosophie spirituel et religieuse du pays sans avoir jamais chercher à les détruire, à l’inverse de certains courant par chez nous et dans notre histoire.

      Le confucianisme a structuré la société chinoise et constitue le fondement essentiel de l’état depuis -221, cela a permit l’élaboration des lois mais aussi du droit, notamment droit pour les habitant.
      Et si il y a eu des courant radicaux, comme les légiste, adepte de l’application pure et dure de la loi, il y a eu des période plus souple,

      Mais chaque conception et philosophie est soumise à la critique et n’est pas sans défaut, de là à dire que le confucianisme est contre l’humain, alors que celui ci a fortement contribuer à la pacification des régions chinoise,me parait injuste.

      L’histoire humaine nous montre que pour maintenir la cohésion, il faut passer par l’ordre et l’établissement de loi, le confucianisme en est un exemple. comme le fut la foi religieuse en europe ou au moyen orient fut un temps,loin d’etre parfait, l’impacte positif est réel.

        +6

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  • zozefine // 20.06.2019 à 09h42

    quelle bienveillance des commentaires à l’égard du nième totalitarisme, dont il sera cette fois bien difficile de nous débarrasser, puisqu’il est le fait de joueurs de go qui ont et prennent le temps, et non de joueurs d’échecs tout excités à l’écoute du nom des batailles. bienveillance ou total déni ? l’aveuglement, toujours le même. qui conduit des gens dans des impasses telles qu’ils doivent par exemple choisir entre le petit marquis macron et la le pen…

      +6

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    • Renard // 20.06.2019 à 13h51

      Malheureusement les gens ne savent penser que en blanc ou noir. Très peu pratiquent la nuance. Le manichéisme s’est profondément imprimer dans nos crânes il faut croire. Les prochains fléaux viendront de là.
      [modéré]
      Pour en revenir sur le papier, j’ai l’impression que Zhiao Tyngiang est une sorte de BHL chinois, faux philosophe vrai propagandiste. Les chinois copient non seulement les process industriel, mais également les méthodes de propagande.

        +5

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      • Paul Atreide // 20.06.2019 à 15h49

        Vous ne pouvez pas décemment appeler Zhao Tingyant BHL chinois, me semble que ce dernier ne provoque pas de guerre, déjà cette différence est assez énorme pour lui épargné cette comparaison

        ensuite, les chinois ont déjà très bien développer leur prorpe système de propagande, et à cet égard c’est plutôt l’occident qui s’inspirent de leur méthode actuel, que l’inverse (décridibiliser un dissident via les médias, très courant de nos jours, méthode pourtant bien chinoise)

        Quand à la bienveillance, il me semble que toute les société humaine sont constitué de système politique plus ou moins totalitaire, meme le notre, la différence va résider dans le nombre de droit et de liberté existant. Mais je vous met au défie de me trouver le pays dont l’état,n’a pas de dimension totalitaire.

          +3

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  • Dominique65 // 20.06.2019 à 10h10

    Si je comprends bien, un éditeur fait la promotion d’un livre qui, sous couvert de philosophie (ou métaphysique, ou ce qu’on veut), fait la publicité du système chinois.
    Est-ce vraiment la Chine qui nous endort, ou simplement l’éditeur qui a su trouver des relais de promotion suffisamment crédules pour ne pas plus voir le piège qui ne l’ont vu dans les discours de Macron lors de sa campagne présidentielle ?
    Cela dit, l’accueil de cet ouvrage est moins naïf que le dit Labévière. Le Monde le présente de cette façon :
    « Il a développé le concept millénaire « tianxia », qui voit le monde comme un tout, supprimant toute idée d’étranger ou d’ennemi. Une théorie politique perçue par certains comme un levier du nationalisme chinois. »

      +2

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  • Sandrine // 20.06.2019 à 10h54

    Je vous retourne la question : qu’est-ce qu’il y a positif dans votre commentaire? C’est vous qui parliez de poutre et de paille, plus haut… Classique.
    Ah oui j’oubliais aussi : vous avez déjà vécu en Chine ? Pas en tant qu’ expat. occidental, hein…avec la nationalité Chinoise (c’est à dire avec menace d’interdiction de quitter le territoire si faible crédit social, n’est-ce pas…) et une famille chinoise à charge..

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  • charles // 20.06.2019 à 11h09

    c’est dommage que ce concept le tanxia arrive par un livre politiquement aussi biaisé.

    Il y a véritablement quelque chose qui relève de la grande famille en Chine que je ne retrouve pas ici en france. bien sur comme partout il y a des cons et des hautains… bien sur comme partout il y a des agendas… mais pas que.

    Alors oui à cette critique nécessaire en ces temps de repères perdus dans le brouillard de l’échec n’offrant plus que les mirages arrivistes de contrées lointaines comme horizons de navigation, mais bon, là on jette le bébé avec l’eau du bain je crains.

    Ne soyons pas dupe cette récente adulation pour le modèle chinois n’est que paresse intellectuelle devant un modèle anglo saxons décrié, un modèle russe sans originalité, et finalement une unique échappatoire qui semble fonctionner, la chinoise.

      +0

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    • Chris // 20.06.2019 à 13h20

      Et pourquoi tous les modèles que vous évoquez devraient-ils être exclusifs ?
      C’est le but même de la multipolarité que revendiquent les membres « révisionnistes » de l’OCS !

        +2

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  • Catalina // 20.06.2019 à 11h17

     » un modèle russe sans originalité, », les BRICS il est vrai manquent totalement d’originalité comme l’organistation de coopération de shangaï d’ailleurs….et les dernières indépassables armes avec 15 ans d’avance technologique que détient la Russie.

      +7

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  • Catalina // 20.06.2019 à 11h21

    avant, sur ce site, on savait qu’on était modéré, maintenant on ne sait plus, je veux supprimer un commentaire qui apparait et impossible….. bbref, un peu de de transparence apporterait à ce site plus de crédibilité.
    Malheureusement, comme la modo se fait avec des bénévoles, je reste persuadée que des trolls s’y sont infiltrés
    ——————————————————
    MISE AU POINT DE LA MODERATION
    Quand un commentaire commence par :
    « c’est marrant cette propension à l’admiration pour cette femme…. Sa beauté ?… »
    Soit on enlève cette partie (on est pas dans Playboy ici ni dans la presse people), soit tout le message. On souhaiterait un peu de hauteur de vue.

    De même que pour d’autres messages qui n’apportent rien, du genre « est-ce que certains ont bien lu l’article » ou d’autres du même genre comme « je vais vous expliquer ce que les chinois vont faire… »

    Après, les quelques modérateurs volontaires qui sont encore présents (au vu de la charge et de la difficulté que ça représente de modérer) font ce qu’ils peuvent.

    Inutile de répondre à ce message
    ——————————————————

      +3

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  • Casimir Ioulianov // 20.06.2019 à 12h03

    Pour moi ce papier ne pose qu’une seule question et n’y réponds pas.
    Il ne nous présente que deux modèles d’asservissement du quidam un peu différents. Mais , en définitive ,
    l’universalisme chinois vaut il mieux au final que l’impérialisme US ou doit on tout envoyer à la baille ?
    Quid ?

      +5

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    • Paul Atreide // 20.06.2019 à 16h03

      Moi ce que je dis c »est qu’il ne peut y avoir d’absolu pour toute les société humaine; ,car trop de différence existent entre les peuples. Mais il n’est pas interdit de regarder les idées qui s’applique iici et là et les confronter au notre pour voir ce qui peut être améliorer

        +1

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  • lon // 20.06.2019 à 12h33

    Ouais bon , ce qui prouve une fois encore que tout système tendant vers la domination cherche à justifier la démarche , européens , américains, et maintenant les chinois .
    Gott mit uns, comme ils disaient ..

      +3

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  • Joséphine // 20.06.2019 à 13h35

    Tian xia désignait le monde, oui, mais chinois. Le reste du monde, la barbarie. La Chine : la civilisation. Tous unis, oui, mais sous un même ciel chinois.

      +4

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  • christian gedeon // 20.06.2019 à 15h50

    Les célestes ont pondu leur BHL…grande nouvelle.Quant à l’histoire de la Chine « qui n’a jamais fait la guerre »,c’est une bonne blague,n’est ce pas? Lire un peu d’histoire de Chine de av JC à nos jours…des guerres par centaines et des villes liquidées par milliers…comme tout le monde quoi! Le chinois est un autre je.

      +2

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  • Louis Robert // 20.06.2019 à 15h50

    Il y a quelques années, au Harvard Kennedy School of Government, le doyen Mahbubani (auteur par ailleurs du livre «Les Asiatiques peuvent-ils penser? », 2001) demandait déjà: « Qu’advient-il le jour où la Chine devient le numéro un? » (« What Happens When China Becomes Number One?« ).

    https://www.youtube.com/watch?v=bVkLqC3p0Og

    Eh bien désormais, nous en sommes chaque jour davantage les témoins. Loin de se réjouir du rétablissement miraculeusement prompt de celui qu’il appelait hier avec le plus total mépris «l’homme malade de l’Asie », l’Empire d’Occident en déclin (dont nous sommes) se fait hargneux, mesquin, hostile, violent, se déchaîne dans une guerre totale (financière, monétaire, économique, politique, scientifique, technologique, culturelle, médiatique, cybernétique, militaire, spatiale, etc.), guerre hors limites où «tout est permis » (nos « valeurs » obligent!) dès lors qu’est respecté le principe de «l’Empire d’abord et par dessus tout » — « full spectrum dominance ».

    Le comble est de prétendre qu’en pareil cas, c’est la Chine qui (par la voix des Qiao Liang et Wang Xiangsui?) « annonce la couleur » de la nouvelle forme de guerre:«… il est urgent que nous élargissions notre champ de vision concernant les forces mobilisables, en particulier les forces non militaires. »

    Oui… Mais ce que la Chine a annoncé à la face du monde, c’est ceci: devant la nouvelle forme de guerre hors limites mise en œuvre si passionnément par l’Empire d’Occident, elle se défendra farouchement et par tous les moyens. Elle ne reculera devant aucun d’entre eux.

    Ne dites donc jamais que nous l’ignorions.

      +10

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  • Tellor // 20.06.2019 à 16h54

    A la lecture de l’article et surtout des commentaires, je me dis qu’il faudrait surtout arrêter de se positionner, d’arrêter de choisir entre les valeurs de la Chine et celles des Etats-Unis (ou au sens large l’Occident). Je mets « Valeurs » entre guillemets, car les valeurs sont pour moi purement individuelles. Un pays, à fortiori une civilisation, ne peut se targuer de valeurs précises. Chacun défend ses valeurs. Les valeurs ne transparaissent qu’à travers de choix, d’actions politiques. Les citoyens votent en fonction d’une pensée politique et des valeurs qui transparaissent chez un.e homme/femme politique.
    Tant qu’il n’y a pas votes ou un autre système démocratique donnant au peuple la possibilité de choix, il n’y a que les valeurs des dirigeants qui transpirent sur tout le pays.
    Et de ce point de vue, les « valeurs chinoises » ne font pas rêver, les citoyens chinois sont surveillés, n’ont pas le moindre poids dans les choix de politique intérieure, alors que pouvons-nous savoir de leurs valeurs ? Tout ce que nous savons c’est que Xi et le parti unique mènent une politique pour que la Chine devienne N°1 dans le monde dans tous les domaines et notamment économique. A ce titre Chine et USA ne sont que les deux faces d’une même pièce du modèle capitaliste. Ils ont simplement deux stratégies différentes.

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  • François // 20.06.2019 à 18h44

    C’est un énième recyclage de la pensée chinoise classique. A savoir, très grossièrement, la Chine se situe au centre du monde ( l’empire du milieu, quel beau nom !) et les Etats voisins de la Chine doivent venir rendre hommage à l’empereur garant de l’harmonie du monde.
    Quant à la vision du temps et de l’histoire énoncée dans l’article à savoir : « l’historicité est une métaphysique qui peut expliquer la raison d’être d’une existence. Lorsque la temporalité de l’existence est dotée d’une structure dynamique consciente, elle devient historicité, le temps devient l’histoire » En lisant ceci, je ne peux m’empêcher de citer Michel de Certeau :  » Faire de l’histoire, c’est marquer un rapports au temps. Depuis plus de quatre siècles, l’historiographie occidentale se définit par la coupure qui d’un présent sépare un passé. Le geste qui met à distance la tradition vécue pour en faire l’objet d’un savoir est indissociable du destin de l’écriture. Ecrire l’histoire, c’est gérer un passé, le circonscrire, organiser le matériau hétérogène des faits pour construire dans le présent une raison… »

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  • Ando // 20.06.2019 à 22h03

    Tingyang est un patriote qui aime son pays. Très bien. Il inverse cependant la cause et l’effet. La Chine telle qu’elle se construit est bien plutôt l’effet d’un capitalisme d’Etat très ambitieux, guère confucianiste, pas vraiment tendre, et qui voit loin que celui d’une pensée nourrie d’équilibre et d’harmonie. Quand une puissance voit le jour et s’affirme il se trouve toujours, chaque fois, des pseudos intellectuels prêts a donner a cette puissance le discours explicatif et noble qui convient (BHL et autres) . La vertu de la Chine est plutôt d’équilibrer de fait la brutalité de la puissance étasunienne, qui elle aussi sait très bien fournir les discours justifiants sa pulsion hégémonique, hier soft, aujourd’hui hargneuse et mauvaise. Ce qui n’est pas vraiment paradoxal tant il semble finalement y avoir plus de points communs que de differences entre les systèmes chinois et étasunien.

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  • Glbert Gracile // 22.06.2019 à 01h41

    je pense que les chinois ont effectivement les ressources philosphiques adaptées pour la vie dans le monde numérique du futur… un petit détour par la pensée chinoise, confucéenne et taoïste, vaut la peine pour l’occidental… Ils aident à placer l’individu dans un tel monde…
    Cependant, les ressources avec lesquelles la modernité se construit sont aussi profondément liées à la modernité occidentale émergée à la Renaissance et advenue au 18ème siècle.
    Ces deux traditions parviendront-elles à se conjuguer ? C’est toute la question…
    Les chinois auraient bien tort de vendre la peau de l’ours mondialisé avant de l’avoir tué… mais d’un autre côté, nous serions bien naïfs de sous-estimer les capacités troublantes de la pensée chinoise classique à mettre en harmonie le chaos moderne… et donc à se poser en solution

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  • Nanker // 24.06.2019 à 17h27

    « C’est facile à Jimmy Carter, maintenant ! de jouer au sage !
    Pour rappel, il fut celui qui remit en cause les accords stratégiques des missiles inter-continentaux USA-URSS, qui anima le boycott des J O de Moscou en 1980, qui arma les Islamistes moyen-âgeux et Al-Quaîda en Afghanistan au lieu de trouver une solution avec l’URSS plus viable »

    C’est même PIRE que ça : Carter a envoyé fin 1979 des agents de la CIA en Afghanistan pour être sûr que les Soviétiques tomberaient dans le piège et allaient envahir ce petit pays…

    https://williamblum.org/essays/read/how-the-us-provoked-the-soviet-union-into-invading-afghanistan-and-starting

    C’est Brzezinski qui fut à la maneouvre avec – sans doute aucun – l’aval de Carter. Méfions-nous des Démocrates : en poitique étrangère ils n’ont rien à envier aux Républicains. Le chouchou des médias français Obama (« ahhhhhh Obama » entendait-on dans les salles de rédaction de ce pays…) a donné son accord au programme de destruction de la Syrie nommé « Timber Sycomore ».

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