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Le plus grand terminal offshore d’exportation de pétrole approuvé : les activistes s’insurgent contre Biden

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Selon un défenseur du climat, les communautés riveraines seront à nouveau exposées à des risques de marées noires, d’explosions et de pollution.

Source : Truthout, Julia Conley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président américain Joe Biden intervient sur l’économie lors d’un événement organisé dans le South Court Auditorium de l’Eisenhower Executive Office Building, le 23 novembre 2021, à Washington. ALEX WONG / GETTY IMAGES

Les groupes d’action pour le climat réfutent avec véhémence la thèse de l’administration Biden affirmant que la construction d’un nouveau terminal pétrolier offshore – qui devrait être le plus grand des États-Unis – est dans « l’intérêt national », alors que le ministère américain des transports vient d’annoncer que le projet remplissait plusieurs exigences fédérales et qu’il pourrait commencer à fonctionner d’ici à 2027..

L’Administration maritime de l’agence a déclaré la semaine dernière qu’Enterprise Product Partners, une société d’oléoducs située à Houston, avait obtenu une licence de port en eau profonde pour construire le Sea Port Oil Terminal (SPOT) près de Freeport, au Texas, à l’issue d’un processus d’examen fédéral de cinq ans.

Le gouvernement fédéral a estimé que le projet de terminal, d’une valeur de 1,8 milliard de dollars, avait fait l’objet d’études d’impact environnemental suffisantes et qu’il serait globalement bénéfique pour le pays, alors même que le Sierra Club, qui combat le SPOT depuis plusieurs années, prévoyait qu’il émettrait des gaz à effet de serre équivalents à ceux de près de 90 centrales électriques au charbon.

« Il est tout à fait évident que le SPOT serait catastrophique pour le climat, la faune et les communautés du Golfe, a déclaré Devorah Ancel, avocate en chef du Sierra Club. Ce projet menace la survie de la baleine de Rice, une espèce menacée dont la population compte moins de cinquante individus, et la pollution par l’ozone compromettrait la santé de milliers de résidents du golfe qui endurent depuis des décennies la pollution due à l’industrie des combustibles fossiles. Qu’on ne s’y trompe pas, le SPOT n’est pas dans l’intérêt national. »

Le projet devrait comprendre deux oléoducs qui achemineraient chaque jour du pétrole brut vers le port en eau profonde, ce qui permettrait d’exporter quotidiennement 2 millions de barils de pétrole brut qui seraient chargés simultanément sur deux superpétroliers.

« Rien dans ce projet n’est conforme aux objectifs de Biden en matière de justice climatique et environnementale, a déclaré Kelsey Crane, responsable de l’action politique à Earthworks. Les communautés qui seront touchées par SPOT ont une fois de plus été ignorées et seront forcées de vivre avec la menace de nouveaux déversements de pétrole, d’explosions et de pollution. Le meilleur moyen de protéger le public et le climat des méfaits du pétrole est de le faire rester dans le sol. »

Allie Rosenbluth, responsable américaine d’Oil Change International, note que le projet a été approuvé en dépit de l’évaluation sans appel de l’Agence internationale de l’énergie en 2021 selon laquelle « tous les nouveaux investissements dans des projets pétroliers et gaziers doivent cesser si le monde veut atteindre ses objectifs climatiques », notamment limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.

« La décision de l’administration Biden d’approuver le terminal pétrolier de Sea Port est une grave erreur. Cette approbation ne fera que nuire aux communautés locales et aux écosystèmes, et entraînera des impacts encore plus dévastateurs dus à la crise climatique, a déclaré Rosenbluth. Les États-Unis sont déjà le plus grand producteur de pétrole et de gaz et ont les plus grands projets d’expansion au monde. Au lieu de prolonger cet héritage préjudiciable en approuvant des projets d’exploitation de combustibles fossiles, le président Biden devrait écouter la science et la multitude de ses électeurs qui réclament un arrêt de l’exploitation des combustibles fossiles. »

Le groupe d’action directe Climate Defiance doute que l’approbation de SPOT permette à Joe Biden de gagner des électeurs à l’approche des élections de 2024.

L’année dernière, neuf électeurs démocrates et indépendants de tendance démocrate sur dix ont déclaré au Pew Research Center qu’ils pensaient que les États-Unis devraient donner la priorité au développement des sources d’énergie renouvelables – et deux tiers des électeurs républicains de moins de 30 ans étaient du même avis.

« Ce projet serait le plus grand terminal d’exportation de pétrole des États-Unis, a déclaré le groupe. Nous sommes en train d’être ébouillantés vivants, littéralement brûlés à mort par des politiciens modérés qui jugent bon de nous transformer en torchères au nom de profits trimestriels. Pouvons-nous vivre ainsi ? Cette situation peut-elle perdurer ? »

L’année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée et les trois premiers mois de l’année 2024 ont chacun battu des records de chaleur dans le monde. Les scientifiques ont constaté l’année dernière que les catastrophes climatiques, telles que les incendies de forêt au Canada et les chaleurs extrêmes en Europe, étaient rendues beaucoup plus probables par le réchauffement planétaire alimenté par les combustibles fossiles.

Au Texas, les responsables locaux ont condamné la décision de l’administration Biden de faire fi des militants qui mettent en garde contre le danger que représente SPOT pour les habitats marins, tout comme pour les personnes qui vivent dans la zone où deux oléoducs ont reçu l’autorisation finale d’être exploités.

« Nous continuons à ne pas comprendre pourquoit Biden et [le secrétaire aux transports Pete] Buttigieg préfèrent protéger les profits des géants pétroliers milliardaires comme Enbridge et Enterprise plutôt que de se soucier des objections radicales des gens qui seront amenés à vivre en subissant les conséquences des pipelines qui sillonnent nos plages, a déclaré Trevor Carroll, organisateur principal du comté de Brazoria pour la Campagne texane pour l’environnement. Si on se soucie de justice environnementale et de climat, on ne peut tout simplement pas soutenir une monstruosité comme SPOT. Les communautés locales et le mouvement mondial pour la justice climatique continuent de se battre. […] Le combat n’est pas terminé.»

Melanie Oldham, directrice de Better Brazoria, a déclaré que SPOT serait « une marée noire en puissance qui non seulement dévaluerait les propriétés, mais nuirait à nos écosystèmes locaux, à l’écotourisme, aux plages, aux loisirs et tuerait la vie marine telle celle de la baleine de Rice et des tortues de mer de Kemp’s Ridley, qui sont menacées d’extinction. »

« Ceux d’entre nous, résidents, habitués des plages et électeurs, qui depuis ces quatre dernières années s’opposent au terminal offshore SPOT et aux oléoducs, sont extrêmement mécontents de la décision d’approuver la licence du projet, a déclaré Oldham. Une fois de plus, le président Biden n’a pas tenu sa promesse de protéger les communautés qui se trouvent en première ligne à Surfside et à Freeport. »

La décision de l’administration intervient trois mois après que la Maison Blanche a annoncé qu’elle retardait l’examen de nouveaux terminaux d’exportation de gaz, et le jour même où le gouvernement fédéral a déclaré que les entreprises de combustibles fossiles devront payer des redevances plus élevées pour pouvoir forer sur les terres fédérales.

Mais ces actions en faveur du climat, couplées à l’autorisation de SPOT, ne sont qu’une « pirouette », a déclaré Climate Defiance.

« Mettre un terme aux nouvelles exportations de gaz n’est pas suffisant, si dans le même temps l’administration nous poignarde dans le dos avec cette décision qui signe notre arrêt de mort, a déclaré le groupe. Nous ne faisons pas ici preuve d’ingratitude. Ce sont les données scientifiques qui comptent. La science à l’état pur, sans artifice. »

Cet article a été reproduit par Truthout avec autorisation ou licence. Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans l’autorisation ou la licence de la source.

JULIA CONLEY

Julia Conley est rédactrice pour Common Dreams.

Source : Truthout, Julia Conley, 15-04-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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RGT // 09.05.2024 à 10h09

« l’évaluation sans appel de l’Agence internationale de l’énergie en 2021 selon laquelle « tous les nouveaux investissements dans des projets pétroliers et gaziers doivent cesser si le monde veut atteindre ses objectifs climatiques » ».

Et puis quoi encore ?
Les profits à court terme passent largement avant les préoccupations des défenseurs de l’environnement (je ne parle pas des partis « écolos » qui ne pensent qu’à faire le buzz pour se faire de la pub’ pour maintenir le train de vie de leurs dirigeants).

De toutes façons, sans une énergie abondante et pas chère, l’ensemble de la société de con-sommation s’effondrera immédiatement et « quelques » centaines de millions (voire milliards) d’humains périront, ce qui sera un drame car il n’y aura plus ni d’esclaves corvéables à merci pour fabriquer des produits attractifs pas chers à commercialiser ni de clients pour écouler lesdits produits.

Comme de toutes façons la chute est inévitable (le « progrès » ne permettant pas de soutenir cette pyramide de Ponzi, autant en profiter au maximum pendant qu’il est encore temps.

Après-moi le déluge…

Les « élites » et les ploutocrates s’en foutent, ils ne seront plus là quand tout s’effondrera.

4 réactions et commentaires

  • RGT // 09.05.2024 à 10h09

    « l’évaluation sans appel de l’Agence internationale de l’énergie en 2021 selon laquelle « tous les nouveaux investissements dans des projets pétroliers et gaziers doivent cesser si le monde veut atteindre ses objectifs climatiques » ».

    Et puis quoi encore ?
    Les profits à court terme passent largement avant les préoccupations des défenseurs de l’environnement (je ne parle pas des partis « écolos » qui ne pensent qu’à faire le buzz pour se faire de la pub’ pour maintenir le train de vie de leurs dirigeants).

    De toutes façons, sans une énergie abondante et pas chère, l’ensemble de la société de con-sommation s’effondrera immédiatement et « quelques » centaines de millions (voire milliards) d’humains périront, ce qui sera un drame car il n’y aura plus ni d’esclaves corvéables à merci pour fabriquer des produits attractifs pas chers à commercialiser ni de clients pour écouler lesdits produits.

    Comme de toutes façons la chute est inévitable (le « progrès » ne permettant pas de soutenir cette pyramide de Ponzi, autant en profiter au maximum pendant qu’il est encore temps.

    Après-moi le déluge…

    Les « élites » et les ploutocrates s’en foutent, ils ne seront plus là quand tout s’effondrera.

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    • azuki // 14.05.2024 à 23h08

      «Les « élites » et les ploutocrates s’en foutent, ils ne seront plus là quand tout s’effondrera.»

      Pire que ça !
      J’ai entendu par plusieurs sources fiables que les hyper-milliardaires sont plus ou moins tous en train d’interroger des experts de tous poils pour savoir comment sauver leur peau, c’est à dire que leur yatches ne sont pas là QUE pour organiser des parties fines en toute illégalité à quelques miles en mer, mais aussi Pour rejoindre rapidement les eaux internationales; Et ils cherchent où dans le monde ils seront le plus en sécurité et comment ils doivent organiser leur chateaux forts moderne comme le font les «survivalistes» à l’autre bout de l’échelle. Ils sont tout a fait informés sur la conséquence de leurs actes, mais continuent d’appuyer sur le champignon pensant que leur miliards les rendents aussi intouchable que les dieux de l’olympe.

        +0

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  • nulnestpropheteensonpays // 09.05.2024 à 11h25

    Si on arrêtait avec ça ? On va boire jusqu’à la dernière goutte , nous ou quelqu’un d’autre .Alors peut être que ce serait mieux que ce soit quelqu’un d’autre , un pays en voie de développement pour leur faciliter la vie , et leur permettre d’atteindre eux aussi l’électrification par d’autres voies dans la perspective de la fin des fossiles .Mais l’humanité va tout consommer, pour au moins survivre a court terme peu importe les conséquences .

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  • Dominique65 // 10.05.2024 à 18h08

    « Nous continuons à ne pas comprendre pourquoi Biden préfère protéger les profits des géants pétroliers milliardaires plutôt que de se soucier des objections radicales des gens qui seront amenés à vivre en subissant les conséquences des pipelines qui sillonnent nos plages »
    Alors je vais vous expliquer (en partie, je suis très loin de tout savoir).
    Déjà, ces milliardaires soutiennent les campagnes présidentielles. C’est bien celui qui paye qui choisit la musique, non ?
    Ensuite, d’une part il ne faut pas s’aliéner l’Europe à qui on a coupé les flux de gaz russe, et d’autre part qui paye au prix fort le gaz US, et que ces entrées de fric permettent de décélérer la montée de la dette sans imposer davantage le contribuable. Bref tout ça est bien plus important pour l’élection que quelques locaux lésés qu’on pourra présenter comme extrémistes.

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