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2.janvier.20182.1.2018 // Les Crises

Les États-Unis tentent de semer le trouble en Iran, par Paul R. Pillar

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Source : Paul R. Pillar, Consortium News, 27-10- 2017

Alors que la politique étrangère du président Trump tombe profondément sous le charme israélo-saoudien, ses diplomates du Proche-Orient attisent le conflit contre l’Iran et réprimandent l’Irak, comme l’explique Paul R. Pillar, ancien analyste de la CIA.

En Irak, comme en Syrie, l’extinction imminente du mini-État de ce qu’on appelle l’État islamique soulève la question de savoir si les objectifs américains en Irak visent vraiment à contrer l’État islamique ou s’ils vont gonfler en une autre raison pour y maintenir indéfiniment les forces américaines.

Des Iraniennes assistent à un discours du Guide suprême Ali Khamenei. (photo du gouvernement iranien)

La justification la plus souvent avancée par ceux qui plaident en faveur d’un séjour de durée indéterminée est de contrer l’influence iranienne. La justification fait écho à de plus grandes inquiétudes, lancées par l’administration de Trump et d’autres, au sujet d’un Iran sensé être en marche et menaçant de mettre sous son emprise la majeure partie du Moyen-Orient. Les craintes sont remplies d’hypothèses non étayées à somme nulle sur ce que toute action ou influence iranienne signifie pour les intérêts américains.

Ceux qui sont tentés de succomber aux inquiétudes en ce qui concerne l’Irak devraient garder à l’esprit deux réalités importantes concernant les relations irako-iraniennes.

La première, c’est que le plus grand coup de pouce à l’influence iranienne en Irak a été l’invasion américaine de mars 2003. L’effet net de toute l’histoire coûteuse et désagréable des États-Unis en Irak – y compris la conquête initiale, l’invasion ultérieure et tous les hauts et les bas de l’occupation – en ce qui concerne l’influence iranienne, est d’avoir rendu cette influence beaucoup plus grande qu’elle ne l’avait jamais été pendant que Saddam Hussein dirigeait encore l’Irak.

Si l’influence iranienne était l’inquiétude prédominante au sujet du Moyen-Orient, comme le prétend la rhétorique de l’administration Trump, ce bilan donne à penser qu’une expédition militaire interminable des États-Unis ne serait pas une façon intelligente d’apaiser cette inquiétude.

La deuxième réalité clé est que l’Irak et l’Iran, en raison de leur proximité géographique et d’une histoire sanglante, sont nécessairement d’énormes facteurs dans leur sécurité réciproque. Ce fait ne peut pas être écarté par des acteurs extérieurs qui parlent de combler les vides, de poursuivre leurs propres rivalités ou d’imposer des hypothèses à somme nulle qui ne correspondent pas à la vérité fondamentale dans la région du golfe Persique.

La guerre extrêmement coûteuse Iran-Irak, déclenchée par l’Irak et menée de 1980 à 1988, est la partie la plus importante de l’histoire sanglante et une expérience formatrice pour les dirigeants des deux pays. Nous ne disposons pas de chiffres exacts sur les victimes de la guerre, mais il y a eu des centaines de milliers de morts dans chaque pays. Si l’on se base sur les estimations moyennes des personnes tuées pendant la guerre, le nombre total de morts s’élevait probablement à environ trois quarts de million. La guerre a été le conflit le plus meurtrier au Moyen-Orient au cours des cinquante dernières années.

Désir de relations cordiales

Dans ce contexte historique, il incombe aux dirigeants irakiens et iraniens de maintenir leurs relations sur un pied d’égalité. Bien que les deux voisins aient encore des intérêts divergents, il est dans l’intérêt de sécurité plus large de chacun de faire prévaloir la cordialité sur le conflit dans leurs relations bilatérales. Les gouvernements de Bagdad et de Téhéran semblent s’en rendre compte.

Le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi.

Il est utile que les deux pays aient, avec leurs intérêts divergents, des intérêts parallèles importants. Parmi lesquels le principal est, à l’heure actuelle, leur intérêt à faire tomber l’État islamique et à ne pas laisser le séparatisme kurde arracher des morceaux du territoire souverain de chaque pays. Ces intérêts concordent également avec les objectifs déclarés des États-Unis en ce qui concerne la lutte contre l’État islamique et le maintien de l’intégrité territoriale de l’Irak, bien que ce fait semble souvent négligé aux États-Unis au milieu de l’obsession de s’opposer à l’Iran et de le confronter partout pour tout.

De nombreux pays, y compris les États-Unis, partagent un intérêt général pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient – pour de nombreuses raisons, y compris la façon dont l’absence de paix et de stabilité encourage les formes d’extrémisme violent qui peuvent avoir des conséquences au-delà de la région. Il s’ensuit que le fait d’avoir plus de cordialité que de conflit dans les relations entre l’Irak et l’Iran, qui ont été si terriblement explosives dans un passé récent, est également dans l’intérêt général.

Cette paix et cette stabilité à l’intérieur de l’Irak, dans l’intérêt de l’Iran tout autant que dans celui d’autres pays, sont négligées au milieu de caricatures obsessionnelles sur l’Iran qui le décrivent comme un fomentateur d’instabilité partout et quand il le peut. L’instabilité persistante dans un pays avec lequel l’Iran partage une frontière de plus de 900 milles n’est pas dans l’intérêt de l’Iran. Il est ironique de constater que ce fait semble difficile à accepter pour ceux qui utilisent habituellement le terme « propagation de l’instabilité » dans leur opinion sur les questions de sécurité au Moyen-Orient.

Les dirigeants iraniens sont aussi assez intelligents et suffisamment informés sur les affaires irakiennes pour se rendre compte à quel point un favoritisme sectaire borné serait déstabilisant et à quel point il serait facile de se surestimer. Aussi empathiques que soient les Iraniens envers leurs coreligionnaires chiites, ils se rendent compte que les politiques de dénigrement sunnites ne constituent pas une formule de stabilité à leur frontière orientale. Ils sont également conscients des sensibilités nationalistes (et arabes) irakiennes. Ils peuvent voir de telles sensibilités même chez le chef religieux et milicien Moqtada al-Sadr, communément décrit comme un fanatique chiite, qui a récemment effectué des visites amicales en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, qui comptent parmi les principaux rivaux régionaux de l’Iran.

Semer la zizanie

Au milieu de ces réalités, il est troublant et inapproprié pour les États-Unis, en manifestant leur obsession de chercher à se confronter avec l’Iran, de faire la leçon au gouvernement irakien sur la façon dont les milices soutenues par l’Iran doivent, selon les mots du secrétaire d’État Rex Tillerson, « rentrer chez elles ».

Le secrétaire d’État Rex Tillerson lors de sa cérémonie d’assermentation le 1er février 2017. (capture d’écran de Whitehouse.gov)

Il n’est pas surprenant qu’un tel prêche ait suscité la fureur du gouvernement irakien du Premier ministre Haider al-Abadi, qui a fait remarquer que les milices en question, bien qu’armées et entraînées en partie par l’Iran, se composent d’Irakiens. Abadi a ajouté, en réponse à cet effort des États-Unis pour dire aux Irakiens comment organiser leurs efforts de sécurité intérieure, « aucune partie n’a le droit d’intervenir dans les affaires irakiennes ou de décider ce que les Irakiens devraient faire ».

Plus tard, Abadi a exprimé de façon compréhensible son mécontentement face à la tentative de l’administration américaine de faire de son pays un plateau de jeu pour le jeu de Washington concernant sa recherche de confrontation avec l’Iran. Abadi a dit : « Nous aimerions travailler avec vous deux [c’est-à-dire les États-Unis et l’Iran]. Mais s’il vous plaît, n’apportez pas vos ennuis en Irak. Vous pouvez le faire n’importe où ailleurs ».

Les Irakiens ne considèrent pas seulement la façon dont les milices soutenues par l’Iran ont largement contribué à vaincre l’État islamique en Irak. Ils peuvent également constater tout récemment le rôle constructif joué en coulisses par l’Iran pour résoudre le conflit avec les Kurdes au sujet de Kirkouk et des champs pétrolifères voisins d’une manière qui a fait progresser l’objectif de l’intégrité territoriale et de la souveraineté irakiennes avec un minimum d’effusions de sang.

Le gouvernement d’Abadi lui-même peut à juste titre revendiquer la plus grande partie du mérite pour ce résultat, et le bilan politique intérieur du Premier ministre a augmenté en conséquence. Mais dans la mesure où un joueur extérieur a joué un rôle positif, ce joueur était l’Iran. Les États-Unis ne semblent pas avoir contribué au résultat à un degré comparable.

Deux raisons fondamentales expliquent l’obstination des États-Unis à ne pas reconnaître et comprendre les réalités géopolitiques régionales mentionnées ci-dessus. La première est la diabolisation de l’Iran et la volonté de s’y opposer partout sur tout, à l’exclusion de l’attention accordée aux multiples autres aspects des questions de sécurité au Moyen-Orient.

L’autre raison est la difficulté chronique que les Américains, relativement à l’abri derrière deux fossés océaniques, ont éprouvée à comprendre les problèmes de sécurité et les réponses à ces problèmes des pays qui n’ont pas les mêmes avantages géographiques.

C’est la raison pour laquelle, pendant la guerre froide, le terme de « finlandisation » est devenu un terme américain de dérision à l’égard des pays qui estimaient opportun d’observer certaines limites politiques afin de vivre pacifiquement en tant que voisins de l’Union soviétique. C’est aujourd’hui une raison pour ne pas comprendre pleinement comment les Irakiens analysent ce qui est nécessaire pour vivre en paix dans leur propre voisinage.

Une telle compréhension serait plus facile pour les Américains s’ils avaient connu des guerres avec leurs voisins nord-américains qui auraient été aussi sanglantes que la guerre Iran-Irak. Et peut-être qu’une telle compréhension viendrait si aujourd’hui, l’Iran faisait la leçon aux Canadiens et aux Mexicains sur la façon d’organiser leur sécurité intérieure et sur la façon dont ils doivent réduire l’influence américaine.

Paul R. Pillar, au cours de ses 28 années à la Central Intelligence Agency, est devenu l’un des meilleurs analystes de l’agence.

Source : Paul R. Pillar, Consortium News, 27-10- 2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

LA ROQUE // 02.01.2018 à 11h01

C’est tout de même étonnant.
-Lorsque le Venezuela a voulu nationaliser son économie il en a résulté une déstabilisation du pays.
-Lorsque la Libye a tenté de créer la Banque africaine d’investissement (BAI), le Fonds monétaire africain (FMA) et la Banque centrale africaine (BCA) qui devait permettre aux pays africains d’échapper aux diktats de la Banque mondiale et du FMI et marquer la fin du franc CFA, Kadhafi a été assassiné.
-Lorsque la Syrie a privilégié l’accord de la construction du gazoduc avec les Iraniens plutôt que le Qatar la coalition voulait la destitution de Assad.
-Lorsque l’Ukraine sous l’impulsion de Viktor Ianoukovytch a privilégié les échanges économiques avec la Russie plutôt que l’Union Européenne ce pays vu son dirigeant destitué.
-Maintenant que les Américains ont perdu la main en Syrie il semble qu’ils aient trouver une autre cible:l’Iran, et pour changer il y a des troubles .
Il y a quand même des « hasards » troublant…

49 réactions et commentaires

  • atanguy // 02.01.2018 à 05h58

    L’administration Obama avait réussi a trouver un accord avec le regime iranien contre les avis des va t’en guerre néocons. Avec Trump les voila de retour.

      +6

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    • Charles Michael // 02.01.2018 à 06h37

      Obama et la très sainte Hillary nous ont fait la Lybie, la Syrie, le Maidan selon les voeux des neo-cons.
      avec le soutien du Royaume-Uni et de la France de Sarkozy à Hollande, la synthèse Macron m’a l’air conforme à cette tradition neo-con ultra libérale, basiquement colonialiste.
      l
      L’improbable (et abominable) Trump empétré dans l’imposture Russia-gate, surveillé par ses généraux, a rèussi cependant à glisser quelques notions d’isolationisme dont le rapatriement des capitaux US aux US, taxe fre et la hausse des taux d’intérets.

      Ce sont les banques européennes qui trinqueront.

        +25

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      • atanguy // 02.01.2018 à 19h50

        On parle de l’Iran ici,je suis bien d’accord concernant la Libye ou Obama s’est fait avoir par cette idiote d’Hillary et ses conseillers néocons. Maintenant concernant Trump,c’est triste de voir ici encore des gens pour qui il représente un espoire de changement dans la politique américaine: A l’extérieure il continue, en pire, l’aventurisme impérialiste: Iran, Venezuela, Cuba, Corée, Chine, Ukraine,Iraq, Syrie, Palestine. A l’intérieur un budget de militarisation, de cadeaux pour les ultra riches et les multinationales, une attaque en règle contre les quelques avantages sociaux,meme limités comme l’Obama Care, et, cerise sur le gateau,le reniement de la lutte contre le changement climatique a l’avantage de ses amis Koch et des companies petrolieres. Réveillez-vous!

          +7

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  • Jean // 02.01.2018 à 06h30

    J’ai toujours tendance à me méfier des analyses d’anciens membres de cette organisation mafieuse qu’est devenue la CIA. Car l’unique façon de quitter véritablement la mafia c’est la mort. A la CIA un jour, a la CIA toujours.

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    • hédouin // 02.01.2018 à 11h35

      D’un autre côté rien ne vaut un type de l’intérieur (de la CIA ici ) pour en connaitre à fond la culture ,les stratégies ,ses limites ,ses débats pour les projeter valablement sur des événements nouveaux,et en soupçonner les intentions .

        +10

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      • Jean // 02.01.2018 à 14h11

        C’est effectivement intéressant lorsque l’agent en question n’a pas pour objectif de vous manipuler et est parvenu à se débarrasser de la culture d’entreprise pour parvenir à l’objectivité. Sinon, pour en savoir un peu plus sur la CIA, je vous conseil plutôt les documents déclassifiés par le gouvernement américain.

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  • gracques // 02.01.2018 à 07h12

    Bof, même sur France 2 hier , le commentateur ‘affute’ convenait que’le meilleur allié du régime des cures locaux était TRUMP et ses réactions d’éléphant dans un magasin de porcelaine , bien propre à ranimer le sentiment nationaliste chez les’Iraniens qui peuvent par ailleurs avoir à se plaindre de leurs dirigeants.

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  • jmdest62 // 02.01.2018 à 07h24

    Ce qui se passe actuellement en Iran me rappelle furieusement ce qui s’est passé en Ukraine il y a peu ….et je pense que le gvt iranien n’est pas dupe.

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  • Gisou // 02.01.2018 à 08h04

    « De nombreux pays, y compris les États-Unis, partagent un intérêt général pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient »

    Ce monsieur arrive-t-il d’une autre planète ?

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    • Chris // 02.01.2018 à 13h57

      Il parlait de la pax americana, cette *paix* qui fraye le chemin des transnationales et sécurisent les intérêts américains.
      Les Français font de même en Afrique et au Moyen-Orient francophones !
      Depuis les « Lumières », cette politique a un nom : co-lo-nia-lisme !

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      • Bouddha Vert // 04.01.2018 à 00h12

        Pour les français, la donne est différente de celle des EU, il faut que les pays liés au CFA forment une administration fiscale avec un véritable corps qui permette de donner le change sur les marchés mondiaux.
        Pour acquérir une reconnaissance à l’internationale et ensuite frapper une monnaie nationale.

        Il en va ainsi, donc des jeunes doivent endosser cet énorme travail et construire une monnaie adossée à une administration nationale.
        On arrête la finance des marchés comme projet professionnel et on devient constituant des corps intermédiaires, bel avenir pour des pays pleins de ressources.

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  • Jean Bayard // 02.01.2018 à 08h31

    Pourquoi PP de la CIA omet de parler du rôle dont on accuse l’Iran d’être le financier et le pourvoyeur du terrorisme islamiste ?

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  • Charles Michael // 02.01.2018 à 08h33

    Probablement pas un hazard, de la part des crises, de publier aujourd’hui cet article.

    Les manifestations (émeutes?) qui ont lieu en ce moment en Iran
    ce moment de quasi défaite des Atlantistes et Associés et du rôle important joué par l’Iran et la Russie, entre autres
    ces manifestations, donc, accueillies avec faveur par Trump et les MSM (humanitaires, forcément) tourneront-elles à un vrai regime-change de tradition coloriée ?
    trop tot, à suivre.

    mais en cas de représsion et retour musclé à l’ordre, la porte est entrabaillée pour revenir sur l’accord avec l’Iran; un lot de consolation.

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  • martin // 02.01.2018 à 09h18

    Les iraniens n’ont certes pas besoin d’une motivation extérieure pour protester (vie chère, corruption, chape religieuse), mais il est certain que le mouvement anti-régime actuel tombe vraiment à pic pour les néocons. Les réseaux dormants du regime-change n’ont qu’à s’éveiller pour aider à l’accroissement des tensions. L’Iran ne peut guère être attaqué de l’extérieur, reste l’intérieur. Je serais étonné que les « services » US ne soient pas dans le coup. Enfin, wait and see.

      +27

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    • Chris // 02.01.2018 à 14h12

      Rohani avait imprudemment promis une amélioration de la vie des Iraniens suite à la levée annoncée des sanctions US ; or celles-ci perdurent…
      A dessein aux fins de déstabiliser ce Gvt (Wesley qui nous parle de l’Iran comme l’un des 7 pays du MO à abattre :
      https://www.youtube.com/watch?v=zXcu29fFs2M
      Qui plus est, contribua à l’échec occidental en Syrie. Crime de lèse-majesté.
      Rohani également accusé, lui et son entourage, d’enrichissement personnel. On assiste à l’énième diabolisation d’un pays/dirigeant.
      Comme le souligne Pillar, les US par leur politique inconséquente et arrogante, ont contribué à l’emprise iranienne sur le Moyen-Orient au dépens de l’Arabie Saoudite et d’Israël.
      Je doute que l’Irak (et l’Afghanistan) lèvent le petit doigt pour aider l’occupant US en contrant l’Iran voisin: ils ont déjà payé le prix fort ! OBOR est plus attractif…
      A user inlassablement des mêmes ficelles, cette tentative de renversement va échouer. Mais ils essaient : c’est ce qui fait toute la beauté de l’effondrement irréversible de l’Amérique.

        +8

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      • relc // 02.01.2018 à 17h32

        Chris Le 02 janvier 2018 à 14h12
        « Je doute que l’Irak lève le petit doigt pour aider l’occupant US en contrant l’Iran voisin »

        C’est aussi ce que laisse entendre l’auteur :

        au lieu de « ses diplomates … et réprimandent l’Irak »
        il fallait lire

        … et s’attirent une réponse sévère de l’Irak

        « … and drawing a rebuke _from_ Iraq »

        voir le paragraphe intitulé « Semer la zizanie »

          +4

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  • LA ROQUE // 02.01.2018 à 11h01

    C’est tout de même étonnant.
    -Lorsque le Venezuela a voulu nationaliser son économie il en a résulté une déstabilisation du pays.
    -Lorsque la Libye a tenté de créer la Banque africaine d’investissement (BAI), le Fonds monétaire africain (FMA) et la Banque centrale africaine (BCA) qui devait permettre aux pays africains d’échapper aux diktats de la Banque mondiale et du FMI et marquer la fin du franc CFA, Kadhafi a été assassiné.
    -Lorsque la Syrie a privilégié l’accord de la construction du gazoduc avec les Iraniens plutôt que le Qatar la coalition voulait la destitution de Assad.
    -Lorsque l’Ukraine sous l’impulsion de Viktor Ianoukovytch a privilégié les échanges économiques avec la Russie plutôt que l’Union Européenne ce pays vu son dirigeant destitué.
    -Maintenant que les Américains ont perdu la main en Syrie il semble qu’ils aient trouver une autre cible:l’Iran, et pour changer il y a des troubles .
    Il y a quand même des « hasards » troublant…

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    • Bigtof // 02.01.2018 à 12h41

      Et précisément au moment ou l’Iran a signé un accord avec la Chine pour vendre son pétrole en Yuan !

        +68

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    • Bordron Georges // 02.01.2018 à 18h08

      Très juste! Et vous en oubliez d’autres: des pays d’Amérique du sud et d’Amérique centrale, la Géorgie, le Turkménistan, … Tous les coups n’ont pas réussi.

        +9

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    • Grand-père // 02.01.2018 à 18h52

      Le seul ouvrage à ma connaissance écrit sur le rôle des américains dans les printemps arabes est « arabesques américaines » de Ahmed Bensaada. Il dit avoir eu l’idée de son livre après avoir appris qu’au moment de la dernière crise en Iran, H Clinton avait demandé à Facebook de reporter une opération de maintenance pour garder les réseaux opérationnels au plus fort de la crise.
      Cet homme a l’air sérieux.

        +5

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    • caliban // 03.01.2018 à 00h08

      « -Maintenant que les Américains ont perdu la main en Syrie il semble qu’ils aient trouver une autre cible:l’Iran, et pour changer il y a des troubles . »

      Attention toutefois à ne pas exagérer l’influence de la CIA. S’il y a des « troubles », c’est qu’il y a matière à troubler l’ordre public. Une révolution, quelque soit sa couleur, ne part pas de rien.

      Donc, tout en gardant votre logique qui pointe à raison de troublantes « coïncidences », il me semble opportun de se renseigner sur la situation intérieure réelle de l’Iran. Sur quelles courants / forces peuvent s’appuyer les fomenteurs de coup d’Etat ? Qui peuvent-ils acheter ? Quelles sont les « armes » dont dispose le régime pour maintenir sa stabilité ? etc…

      Bref complexifier plutôt que schématiser, même s’il faut bien admettre que le gouvernement américain n’est lui même pas très original dans ses barbouzeries.

        +0

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  • martin // 02.01.2018 à 12h02

    C’est certain

    Les manipulations extérieures empêchent les forces civiques de réaliser leurs objectifs en créant une hystérisation artificielle des tensions ( cf.Libye, Syrie, Ukraine etc.). C’est d’autant plus désolant qu’à chaque fois, ou presque, les régimes contestés, conscients du danger, sont prêts aux concessions.

    Comment, depuis la France par exemple, contribuer à libérer les peuples en lutte des manoeuvres d’origine extérieure, voilà ce que je ne sais pas.

    Mais les exemples que vous donnez décrivent bien le caractère consternant et révoltant des récupérations externes.

      +6

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  • P. Lacroix // 02.01.2018 à 12h07

    Je rappelle le livre de Matthieu Auzanneau  » or noir « , la grande histoire du pétrole. Un bon cours d’ histoire des 200 dernières années. Le poids du pétrole sur les politiques, sur nos vies, sur nos responsabilités individuelles dans les guerres et la mort des innocents pour notre petit confort.

    2018 ? ? ?

    « Notre vie en rose  » Maxime Leforestier. 1975

      +2

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    • Chris // 02.01.2018 à 14h16

      Le poids du pétrole ?
      Vous avez oublié la destruction de notre navire amiral : la Terre !

        +3

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      • Bouddha Vert // 04.01.2018 à 00h33

        Bien sûr, mais l’une des questions de ce livre est la prise de conscience que le pétrole, par sa disponibilité nous distingue d’un français de 1930, avec plus de charbon et de bois.
        Vaut mieux le savoir, cela dimensionne la solution.

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  • christian gedeon // 02.01.2018 à 12h33

    Pas faux,mais pas que vrai,non plus Evidemment,les US veulent modifier la donne en Iran..Pour autant l’Iran des mollahs n’est pas accepté par tous les iraniens,loin s’en faut. Et si les US apparaissent comme les maîtres d’oeuvre de la déstabilisation,ils auront commis une erreur majeure et feront « l’unité nationale iranienne ».,Mais aussi et surtout,un relatif affaiblissement des iraniens(parce qu’il n’y aura pas de regime change,n’est ce pas?) arrange aussi,dans une certaine mesure les russes,qui aimeraient bien stabiliser la situation en Syrie,et éviter une progression des pasdarans vers le frontière israélienne. Les choses ne sont jamais ce qu’elles paraissent être au premier abord.Mais bon peut on attendre d’un journaliste anglo saxon des nuances? ces gens là voient le monde en noir et blanc.

      +4

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    • Crapaud Rouge // 02.01.2018 à 14h31

      « arrange aussi,dans une certaine mesure les russes » : ah oui, d’accord, donc CIA et FSB main dans la main pour déstabiliser l’Iran ?

        +1

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      • christian gedeon // 02.01.2018 à 15h34

        La Russie veut une Syrie stabilisée. ne veut pas d’un risque d’affrontement permanent avec Israël.Ses buts stratégiques sont donc très différents de ceux de l’Iran. Une collaboration FSB / CIA n’ rien à voir avec çà.Ceci étant dit,le régime des mollahs est condamné à moyen terme,s’il ne lâche pas du lest,beaucoup de lest.Pour rappel, c’est un régime islamiste pur et dur,qui soutient Hamas et Jihad islmaique;et si la situation de la société civile iranienne est « moins pire  » qu’en Arabie,elle le doit à elle même,et à la très vieille civilisation iranienne. Et certes pas à un Khamenei.

          +6

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        • Chris // 02.01.2018 à 18h58

          C’est la vision des citadins iraniens, mais en aucun cas celle des campagnards qui pèsent encore dans la balance de l’électorat.

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        • martin // 02.01.2018 à 20h10

          « La Russie veut une Syrie stabilisée. ne veut pas d’un risque d’affrontement permanent avec Israël.Ses buts stratégiques sont donc très différents de ceux de l’Iran. »

          C’est vrai. En outre, la Russie a (au moins) deux raisons de plus de vouloir contrer un peu l’Iran

          1> Les iraniens ont une position centraliste au sujet du futur système politique syrien, et les russes préfèrent (toujours la stabilité) une solution plus fédérale. Ca ne leur déplait donc pas vraiment que les iraniens aient besoin d’eux.

          2> L’accès des iraniens à la méditerranée orientale, avec le gaz iranien demain en Europe, n’enthousiasme pas Moscou.

          Cela dit, la sécurité russe est aujourd’hui au côté des iraniens. Calme, basse létalité, négociation.

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        • Kelma // 03.01.2018 à 08h06

          Le principal facteur d’instabilite sur le MO est Israel et non pas l’Iran qui est en mode defensif et qui profite des betises des US depuis des annees.
          De plus, il faut arreter d’essentialiser le MO et’Iran (regime des Mollahs !!), c’est un vision depassee, la societe iranienne est diverse, et l’origine du Droit est beaucoup plus complexe que la « Charia » qui est un mot fourre tout utilise pour denigrer et non pas eclairer.
          Pour finir, critiquer l’instabilite de la societe iranienne, ou le manque de legitimite des ses dirigeants, quand on voit les crises en cours aux US et meme en Europe, c’est proprement risible.

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          • christian gedeon // 03.01.2018 à 09h43

            Justement,la société iranienne est diverse,je ne vous le fait pas dire. Et si,il y a un regime des mollahs,puisque Khamenei,vous ne pouvez pas l’ignorer,reste le guide suprême,et que lui seul a la main sur les pasdarans et les bassidjis.Il serait intelligent de la part des autorités actuelles de vraiment lâcher du lest,et à mon sens,d’adopter en Syrie une position plus retenue.Khamenei (le méchant) et Rohani(le gentil),çà fait un peu good cop,bad cop,vous ne trouvez pas.Un comble pour un pays qui affiche,officiellement,une haine sans faille pour les US…

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  • max // 02.01.2018 à 13h40

    L’Iran est peut être sous une révolution de couleur mais elle aurait tout a gagner en abandonnant la charia.
    La polygamie, le mariage des enfants ou la peine de mort pour des relations sexuelles hors mariage devraient être abrogés définitivement.
    Si les autorités iraniennes ne changent pas, il n’y aura pas besoin de révolutions de couleurs pour faire tomber le régime.
    Idem pour l’Irak et la Syrie.

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    • Chris // 02.01.2018 à 14h24

      Pas si sûr ! Les humains ont besoin de sécurité : seuls les « barrières » imaginaires et/ou réelles créent cette sécurité. Il n’est qu’à voir la désagrégation de l’Occident quand l’individualisme est poussé au paroxysme : un effondrement.
      Pour s’affirmer, les humains ont besoin de braver les interdits : enlevez-les et ça part dans tous les sens jusqu’à « s’évaporer » ! Ainsi meurent les civilisations.

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    • Catalina // 02.01.2018 à 18h33

      la Syrie a la charia ? vous ironisez ou bien ?

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    • Morice // 02.01.2018 à 22h03

      Le mariage des enfants ?
      La polygamie ?
      Idem pour l’Irak et la Syrie ?

      Il serai bon d’apporter plus de précisions, voir d’éléments probants pour soutenir ce genre d’affirmation.
      Merci.

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      • christian gedeon // 03.01.2018 à 11h12

        Hélas,originaire du coin,et y retournant régulièrement, je peux vous confirmer que le mariage de filles juste pubères est une réalité,aggravée par la guerre,en Irak comme en Syrie,quoique illégaux théoriquement.Tout comme au Yémen. « Traditions ancestrales « (sic!) et destruction des structures étatiques ont relancé ces pratiques,un moment en voie de régression sous des régimes « laïques  » forts comme les deux Baas,par exemple. En Egypte,c’est une véritable plaie,si j’ose. Et je ne parle pas des crimes dits « d’honneur  » pour l’essentiel passés sous silence.Il faudra un long chemin de paix pour combattre ces pratiques.mais attention,le constater ne doit pas mener à des attitudes de rejet des peuples en question…bien au contraire. Le constater doit au contraire nous motiver pour faire chacun à sa place et avec ses compétences,un peu chaque jour,pour que çà évolue. sans racisme,sans insulte de l’autre.

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  • Lysbeth Levy // 02.01.2018 à 15h08

    Etrangement personne n’est dupe au sujet des manifestations en Iran, même des « anti-Iran » disent qu’il faut attendre avant de savoir ce qu’il se passe et pourtant les deux noms qui ressortent c’est l’OMPI et MEK l’organisation anti-iran actuel financés par l’Occident alors qu’il a été considéré comme mouvement terroriste jusqu’en 2012 ! Voici l’audition en Europe a ce propos car souvent invités Maryam Radjavi et ces complices ne cessent leur lobbyisme : https://www.huffingtonpost.com/entry/debate-in-the-european-parliament-what-is-to-be-done_us_5931458fe4b062a6ac0aceb2 Encore des « rebelles modérés » qui se sentent l’envi de prendre le pouvoir a la place des actuels gouvernants. Nul doute qu’eux donneront leurs puits de gaz ou pétrole sans problèmes. Ah la belle prise mais combien de « morts »et de futurs « migrants » jetés sur les routes bientôt ??Rebelote pour un tour ? Qui se sent prêt à liberer ce peuple malgré lui ?

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  • Toff de Aix // 02.01.2018 à 15h48

    Et pendant ce temps au Honduras les élections sont volées par un ultra libéral soutenu par les States, résultat : au moins 35 manifestants pacifiques tués…

    Silence assourdissant de nos « journalistes ».

    Et pendant ce temps là au Yémen….

    J’arrête là, c’est plus la peine.

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  • Francil // 02.01.2018 à 17h09

    J’ai cherché, mais pas trouvé concernant les allégations « l’Iran soutient des terroristes ». Est-ce que quelqu’un peut me donner le moindre exemple durant ces vingt dernières années? À l’heure des « fake news » je peux pas croire que ce que les américains répètent à l’envi soit dénué de tout fondement…

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    • Alfred // 02.01.2018 à 18h21

      L’exemple type est un attentat en Argentine. On en parle moins depuis qu’il est apparu que la piste iranienne n’était pas si évidente qu’elle n’avait été vendue, loin de là.

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    • Catalina // 02.01.2018 à 18h39

      L’Iran l’a fait mais tout s’est arrêté il y a plus de 20 ans !

      « L’un des grands mensonges récurrents et bipartisans que l’on tente de faire avaler au public, avec l’aide enthousiaste de médias particulièrement complaisants, est que l’Iran est le principal commanditaire du terrorisme dans le monde d’aujourd’hui. »

      https://consortiumnews.com/2017/12/21/intel-vets-tell-trump-iran-is-not-top-terror-sponsor/

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  • Ardechois // 02.01.2018 à 18h04

    Rien d’étonnant ,les USA et ceux de l’OTAN ont dû découvrir en Iran quelques » démocrates » du genre de ceux qu’ils ont soutenus en Afghanistan ,ou en Syrie voire en Ukraine ,en Amérique du Sud:la stratégie est très simple ou le pays se soumet à toutes les exigences ou on y crée un tel désordre qu’il en devient ingouvernable et donc soumis aux plus forts…L’exemple type est la Lybie ,qui ,grace aux exploits de Sarkozy et de Cameron au nom des USA ,est plongée dans une anarchie totale au bénéfice de tous les exploiteurs…..Il est peut -être même possible que la Turquie ait échappé à ce scénario car ERdogan n’est pas toujours très obéissant….Finalement les vrais démocrates se trouvent en Arabie Saoudite au Yémen et dans les autres émirats…

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  • Alfred // 02.01.2018 à 18h27

    Quand les tireurs de ficelles (ici services secrets britaniques ) se font prendre sur le fait:
    https://mobile.twitter.com/wikileaks/status/947989371990564864

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  • Grand-père // 02.01.2018 à 18h52

    Le seul ouvrage à ma connaissance écrit sur le rôle des américains dans les printemps arabes est « arabesques américaines » de Ahmed Bensaada. Il dit avoir eu l’idée de son livre après avoir appris qu’au moment de la dernière crise en Iran, H Clinton avait demandé à Facebook de reporter une opération de maintenance pour garder les réseaux opérationnels au plus fort de la crise.
    Cet homme a l’air sérieux.

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  • Degorde // 03.01.2018 à 06h40

    Faut il s’étonner ? C’était en grande partie prévisible. L’Iran est un allié du régime d’Assad et les Hezbollah a joué un grand rôle, quoique moins médiatisé que l’intervention russe en Syrie. Les occidentaux ne pouvant supporter leur défaite syrienne s’en prennent maintenant à l’Iran tandis que prospère la propagande anti-russe

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  • Dricounet // 04.01.2018 à 16h12

    Bonjour à tous,
    En lisant les avis éclairés de certains sur ce site, concernant le moyen orient, notamment, mais pas que, je vous invite à lire les billets du site de Observatus geopoliticus :
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/

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