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16.mars.202416.3.2024 // Les Crises

Les grands investisseurs américains soutiennent l’industrie de l’armement nucléaire

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Un nouveau rapport révèle que les investissements ont augmenté au cours de l’année écoulée, certains profitant également de l’augmentation des dépenses gouvernementales.

Source : Responsible Statecraft, Eli Clifton
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les armes nucléaires ne constituent pas seulement une menace pour la survie de l’humanité, mais aussi un commerce de plusieurs milliards de dollars soutenu par certains des plus grands investisseurs institutionnels des États-Unis, selon de nouvelles données publiées aujourd’hui par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) et la PAX, la plus grande organisation pacifiste des Pays-Bas.

Pour la troisième année consécutive, le nombre d’investisseurs dans les fabricants d’armes nucléaires a diminué au niveau mondial, mais le montant total investi dans ces entreprises a augmenté, en grande partie grâce à certaines des plus grandes banques d’investissement et à certains des plus grands fonds aux États-Unis.

« En ce qui concerne les États-Unis, bien qu’il y ait, comme les années précédentes, une prééminence et que le financement total des institutions basées aux États-Unis ait augmenté, le nombre total d’investisseurs américains a chuté pour la troisième année consécutive (comme pour les autres pays), et nous espérons que ce nombre continuera à baisser dans les années à venir », a déclaré Alejandar Munoz, l’auteur principal du rapport, à Responsible Statecraft.

En 2023, les dix principaux détenteurs d’actions et d’obligations des entreprises productrices d’armes nucléaires sont tous des entreprises américaines. Ces entreprises – Vanguard, Capital Group, State Street, BlackRock, Wellington Management, Fidelity Investments, Newport Group, Geode Capital Holdings, Bank of America et Morgan Stanley – détiennent 327 milliards de dollars d’investissements dans des entreprises productrices d’armes nucléaires en 2023, soit une augmentation de 18 milliards de dollars par rapport à 2022.

Ces entreprises profitent également des énormes contrats gouvernementaux qu’elles reçoivent pour développer et moderniser les armes nucléaires.

« Tous les États dotés d’armes nucléaires modernisent actuellement leurs systèmes d’armes nucléaires », indique le rapport annuel « Don’t Bank on the Bomb » (Ne misez pas sur la bombe) de PAX et ICAN. « En 2022, les neuf États dotés d’armes nucléaires ont dépensé ensemble 82,9 milliards de dollars pour leurs arsenaux d’armes nucléaires, soit une augmentation de 2,5 milliards de dollars par rapport à l’année précédente, les États-Unis dépensant plus que toutes les autres puissances nucléaires réunies. »

Les entreprises d’armement américaines figurent parmi les principaux bénéficiaires des contrats d’armement nucléaire. Northrop Grumman et General Dynamics sont « les plus grands profiteurs de l’armement nucléaire », selon le rapport. Ensemble, les deux fabricants d’armes américains ont des contrats en cours liés aux armes nucléaires d’une valeur potentielle combinée d’au moins 44,9 milliards de dollars.

Ces énormes contrats gouvernementaux pour des armes nucléaires, ainsi que les contrats pour les armes conventionnelles, ont contribué à faire des producteurs d’armes nucléaires un investissement attrayant pour les banques d’investissement et les fonds américains.

« Au total, 287 institutions financières ont été identifiées comme ayant de substantielles relations de financement ou d’investissement avec 24 entreprises impliquées dans la production d’armes nucléaires, indique le rapport. 477 milliards de dollars étaient détenus sous forme d’obligations et d’actions, et 343 milliards de dollars ont été fournis sous forme de prêts et de prises fermes. »

Le rapport note que si le montant total investi dans les armes nucléaires a augmenté, le nombre d’investisseurs a chuté et les tendances sont aux entreprises des pays dotés d’armes nucléaires.

L’ICAN et la PAX suggèrent que cette concentration peut être le résultat de l’interdiction de développer des armes nucléaires pour les signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), un traité signé par 93 pays qui s’engagent à atteindre l’objectif ultime de l’élimination totale des armes nucléaires. [TIAN ou TPNW en anglais a été signé en juillet 2017, il est entré en application en janvier 2021, NdT]

Le rapport indique que :

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires proscrit de manière exhaustive la mise au point, la fabrication, les essais, la possession, l’utilisation et la menace d’utilisation d’armes nucléaires, ainsi que l’assistance à de telles pratiques. Pour les entreprises qui fabriquent les composants clés nécessaires au maintien et à l’expansion des arsenaux nucléaires des pays, l’accès au financement privé est crucial. Ainsi, les banques, les fonds de pension, les gestionnaires d’actifs et les autres financiers qui continuent à investir dans ces entreprises ou à leur accorder des crédits permettent la production d’armes inhumaines et aveugles. En se désengageant de leurs relations d’affaires avec ces entreprises, les institutions financières peuvent réduire les capitaux disponibles pour les activités liées aux armes nucléaires et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs de la TPNW.

Susi Snyder, directrice générale du projet Don’t Bank on the Bomb, a déclaré à Responsible Statecraft que même les banques américaines, comme la PNC Bank, basée à Pittsburgh, sont confrontées à la pression des actionnaires pour qu’elles se désengagent des armes nucléaires et que le vent est peut-être en train de tourner, les actionnaires des entreprises américaines étant de plus en plus préoccupés par les investissements dans les armes nucléaires.

« Depuis trois ans, des résolutions d’actionnaires ont été présentées à la banque PNC, qui s’inquiète du fait que ses investissements dans les producteurs d’armes nucléaires constituent une violation du traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) et qu’ils ne sont pas conformes aux lignes directrices générales de la banque en matière de droits de l’homme », a-t-elle déclaré.

Eli Clifton

Eli Clifton est conseiller principal à l’Institut Quincy et journaliste d’investigation à Responsible Statecraft. Il s’intéresse à l’argent dans la politique et à la politique étrangère des États-Unis.

Source : Responsible Statecraft, Eli Clifton, 21-02-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Arcousan09 // 16.03.2024 à 11h56

Les génies « démocrates » « pacifiste » des USA ne savent plus quoi inventer pour détruire la planète
Entre la manipulation des virus, les « vaccins » toxiques, les OGM en tout genre: plantes, moustiques, revoilà la bombe A et pourquoi pas la bombe H nettement plus efficace …. mais qui ne libèrent pas de CO2, elles.
Une fois la planète vitrifiée je ne vois pas ce qu’ils pourront inventer sinon détruire Mars ou Saturne voire le Soleil
De toute façon tous, tous, les traités signés avec les USA sont dénoncés par ces mêmes US qui accusent la partie adverse d’en être la responsable ….. accords nucléaire iranien, accords de Maïdan ……. entre autres

Lire le syndrome d’hubris c’est édifiant:

https://www.la-clinique-e-sante.com/blog/relations-toxiques/symptomes-syndrome-hubris

5 réactions et commentaires

  • Arcousan09 // 16.03.2024 à 11h56

    Les génies « démocrates » « pacifiste » des USA ne savent plus quoi inventer pour détruire la planète
    Entre la manipulation des virus, les « vaccins » toxiques, les OGM en tout genre: plantes, moustiques, revoilà la bombe A et pourquoi pas la bombe H nettement plus efficace …. mais qui ne libèrent pas de CO2, elles.
    Une fois la planète vitrifiée je ne vois pas ce qu’ils pourront inventer sinon détruire Mars ou Saturne voire le Soleil
    De toute façon tous, tous, les traités signés avec les USA sont dénoncés par ces mêmes US qui accusent la partie adverse d’en être la responsable ….. accords nucléaire iranien, accords de Maïdan ……. entre autres

    Lire le syndrome d’hubris c’est édifiant:

    https://www.la-clinique-e-sante.com/blog/relations-toxiques/symptomes-syndrome-hubris

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  • Grd-mère Michelle // 16.03.2024 à 15h27

    Cet article, traduit sur un site (en) français, a le mérite de nous faire connaître la substance du rapport de PAC et ICAN et leur existence… ainsi que celle du traité TIAN signé/ratifié par 97 États membres des Nations Unies.
    À noter que les pays détenteurs d’armes nucléaires, ainsi que les pays/membres/alliés de l’OTAN, entre autres, refusent de signer le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires.
    Or, le « financement privé » de ces armes (voir encart) est indispensable, et il est constitué en grande partie des « économies » des peuples concernés.
    Il est donc de la responsabilité des citoyen-ne-s de s’opposer à leurs « dirigeant-e-s » concernant cette question, ou en tout cas d’écarter les politiques irresponsables qui risquent d’entraîner une gigantesque catastrophe/guerre nucléaire.
    À considérer aussi, les éventuelles catastrophes pouvant survenir à l’occasion de l’utilisation de l’énergie nucléaire « civile »(prétexte pour faire tourner à plein régime les centrales atomiques existantes ou en devenir-« dada » de E.Macron).

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    • Pierrot // 18.03.2024 à 10h20

      L’énergie nucléaire civile n’a rien à voir avec la question des armes nucléaires.

      De plus, dans ce domaine, la rhétorique catastrophiste est sans rapport avec le niveau de risque réellement encouru, relativement à bien d’autres activités humaines prétendument « sûres ». Un barrage hydraulique qui cède, c’est potentiellement plusieurs centaines à plusieurs milliers de victimes (on en a déjà eu de nombreux exemples dans le monde). Pire, le fonctionnement normal des centrales électriques au charbon fait chaque année plus de victimes que tous les accidents nucléaires de l’Histoire réunis !

      Le cas de la centrale de Tchernobyle ne peut être généralisé, puisque la conception particulière du réacteur en faisait à la base une véritable bombe (pas atomique, hein, juste classique), laquelle a explosé à cause d’une manipulation fautive. Les victimes de cette catastrophe ont été principalement les « liquidateurs » envoyés au contact direct des matériaux dangereux avec des protections illusoires, et les conséquences sanitaires sur les populations sont restées d’un niveau inférieur aux autres causes habituelles de maladies et de décès.

      Quant aux accidents de Three Miles Island et Fukushima, il n’ont fait aucune victime directe, au contraire des réactions de panique qu’ils ont provoquées.

      Enfin, rappelons qu’Emanuel Macron est quand même le président qui a fermé la centrale de Fessenheim. Du reste, il nous a habitué à dire tout et son contraire, et à souvent faire le contraire de ce qu’il déclarait.

        +2

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      • azuki // 19.03.2024 à 21h43

        Les mensonges du nucléowashing dans son excellence. Le nucléaire est une super énergie si on oublie tout ce qui n’est pas super. En plus on est en train de perdre a toute vitesse la mémoire et les compétences tout en essayant d’appuyer sur l’accélérateur.

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        • Pierrot // 21.03.2024 à 11h46

          Du « nucléowashing » ? Quels mensonges ? Qu’est-ce qui ne serait pas exact dans mes propos ?

          Il n’est pas nécessaire d’oublier les inconvénients du nucléaire pour conclure qu’il reste, quoi qu’il en soit, la moins mauvaise des solutions qui s’offrent à nous.

          En revanche, les anti-nucléaires n’ont jamais tari d’approximations, d’exagérations, d’affabulations et de mensonges pour en dire du mal, ni les pseudo-écolos pour l’anéantir et pour occulter « tout ce qui n’est pas super » dans les EnR et la soi-disant sobriété énergétique qu’ils nous imposent en remplacement.

          Du reste, le nucléaire n’est que l’un de nos nombreux secteurs vitaux visés par le sabotage généralisé que nous subissons depuis plusieurs décennies. Tout comme pour le reste, pour redresser la situation (si tant est qu’on le veuille) il faudra certainement aller chercher hors de nos frontières la mémoire et les compétences intentionnellement « perdues ».

            +1

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