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16.juillet.202216.7.2022 // Les Crises

Noam Chomsky : « En Ukraine, la voie diplomatique a été exclue. »

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Noam Chomsky avec David Barsamian, Transcription de l’interview Chronicles of Dissent

Source : David Barsamian, Chomsky.info
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Pouvez-vous seulement vous rappeler quand ça a commencé ? Cela ne vous semble-t-il pas être une éternité ? Et le timing – si tant est que l’on puisse dire que l’éternité est un timing – a été presque miraculeux (si, par miraculeux, vous entendez catastrophique au-delà de toute mesure). Non, je ne parle pas de l’attaque du 6 janvier contre le Capitole et de tout ce qui l’a précédée et suivie, y compris les auditions en cours qu’on peut suivre à la télévision. Je parle de la guerre en Ukraine. Vous savez, l’histoire qui, pendant des semaines, a phagocyté les informations en continu, pour laquelle tous les grands réseaux de télévision ont envoyé leurs meilleurs éléments, même des présentateurs, et qui maintenant se traîne quelque part à la limite lointaine de nos flux d’informations et de notre conscience.

Et pourtant, une guerre apparemment sans fin au cœur de l’Europe s’avère être un désastre sans commune mesure au niveau mondial, comme Rajan Menon a peut-être été le premier à le noter ici même à TomDispatch, menaçant de famine une grande partie de ce que l’on appelait autrefois « le tiers monde ». Dans le même temps, à peine remarquées alors que bien plus désastreuses, les dernières informations concernant le carbone que l’humanité en détresse déverse dans l’atmosphère sont tout sauf réjouissantes. Oui, c’est vrai, les émissions de CO2 ont légèrement baissé au cours de la pire année du Covid, mais ont rebondi de manière spectaculaire en 2021.

En fait, comme l’a annoncé récemment la National Oceanic and Atmospheric Administration, il y a maintenant plus de carbone dans l’atmosphère qu’à n’importe quel moment au cours des quatre derniers millions d’années. Il a également atteint officiellement un niveau 50 % plus élevé que celui du monde préindustriel. Et pour votre gouverne, au cas où vous ne vivez pas dans l’ouest ou le sud-ouest des États-Unis où sévit une méga-sécheresse comme on n’en a pas vu depuis au moins 1 200 ans (avec des températures record le week-end dernier), ou si vous n’avez pas vécu des vagues de chaleur sans précédent en Inde, au Pakistan, en Espagne et ailleurs, ce ne sont pas des nouvelles très réjouissantes.

C’est dans ce contexte général que le remarquable Noam Chomsky, 93 ans, un habitué de TomDispatch, s’est penché sur la guerre d’Ukraine en la replaçant dans ce cadre qui est le plus large et le plus dévastateur possible. Il l’a fait récemment dans une interview intitulée « Chronicles of Dissent » avec David Barsamian de Alternative Radio. L’entretien, qui a été révisé pour des raisons de longueur, est maintenant disponible sur TomDispatch.

David Barsamian : Commençons par le cauchemar le plus évident de ce moment, la guerre en Ukraine et ses effets au niveau mondial. Mais tout d’abord, un peu de contexte. Commençons par l’assurance donnée par le président George H.W. Bush au dirigeant soviétique de l’époque, Mikhaïl Gorbatchev, selon laquelle l’OTAN ne bougerait pas « d’un pouce vers l’est » — et cette garantie a été vérifiée. Ma question est la suivante : pourquoi Gorbatchev n’a-t-il pas obtenu que cela soit mis par écrit ?

Noam Chomsky : Il a accepté un gentlemen’s agreement, ce qui n’est pas si rare en diplomatie. Une poignée de main. De plus, le fait de l’avoir sur papier n’aurait fait aucune différence. Les traités consignés sur papier sont déchirés tout le temps. Ce qui compte, c’est la bonne foi. Et en fait, H.W. Bush, le premier Bush, a respecté l’accord de manière explicite. Il s’est même orienté vers l’instauration d’un véritable partenariat de paix, qui accueillerait les pays d’Eurasie. L’OTAN ne serait pas dissoute, mais elle serait marginalisée. Des pays comme le Tadjikistan, par exemple, pourraient la rejoindre sans en faire officiellement partie. Et Gorbatchev était d’accord. Cela aurait été un pas vers la création de ce qu’il appelait une maison européenne commune sans alliances militaires.

Clinton, au cours de ses deux premières années, y a également adhéré. Selon les experts, c’est vers 1994, que Clinton a commencé, comme ils le disent, à tenir un double discours. Aux Russes, il disait : Oui, nous allons adhérer à l’accord. À la communauté polonaise des États-Unis et aux autres minorités ethniques, il disait : Ne vous inquiétez pas, nous allons vous intégrer à l’OTAN. Vers 1996-97, c’est ce que Clinton a dit assez explicitement à son ami le président russe Boris Eltsine, qu’il avait aidé à gagner les élections de 1996. Il a dit à Eltsine : ne soyez pas trop exigeant sur cette histoire d’OTAN. Nous allons procéder à un élargissement, mais j’ai besoin de ça à cause du vote ethnique aux États-Unis.

En 1997, Clinton a invité les pays dits de Visegrad – Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie – à rejoindre l’OTAN. Les Russes n’ont pas apprécié, mais n’ont pas réagi outre mesure face à cette invitation. Et puis les pays baltes ont rejoint l’Alliance, et là encore, ça a été la même chose. En 2008, le deuxième Bush, qui était très différent du premier, a invité la Géorgie et l’Ukraine à rejoindre l’OTAN. Tout diplomate américain savait très bien que la Géorgie et l’Ukraine étaient des lignes rouges pour la Russie. Ils toléreront l’expansion ailleurs, mais ces pays-là font partie de leur cœur géostratégique et ils n’y toléreront aucune expansion. Pour continuer cette histoire, le soulèvement de Maidan a eu lieu en 2014, évinçant le président pro-russe et l’Ukraine s’est rapprochée de l’Ouest.

À partir de 2014, les États-Unis et l’OTAN ont commencé à faire pleuvoir des armes en Ukraine – des armes de pointe, des formations militaires, des exercices militaires conjoints, des initiatives pour intégrer l’Ukraine dans le commandement militaire de l’OTAN. Il n’y a rien de secret dans tout ça. C’était fait très ouvertement. Récemment, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a fanfaronné sur le sujet. Il a déclaré : C’est ce que nous faisons depuis 2014. Eh bien, c’est évident, c’est là quelque chose de très sciemment extrêmement provocateur. Ils savaient qu’ils entraient dans ce que chaque dirigeant russe considérait comme une démarche intolérable. La France et l’Allemagne y ont mis leur veto en 2008, mais sous la pression des États-Unis, l’invitation a été maintenue à l’ordre du jour. Et l’OTAN, c’est-à-dire les États-Unis, a pris des mesures pour accélérer l’intégration de facto de l’Ukraine dans le commandement militaire de l’OTAN.

En 2019, Volodymyr Zelensky a été élu avec une majorité écrasante — je crois environ 70 % des voix — sur la base d’un programme de paix, un plan pour instaurer la paix avec l’Ukraine orientale et la Russie, pour régler le problème. Il a commencé à le mettre en œuvre et en fait, il a essayé de se rendre dans le Donbass, la région orientale à forte composante russe, pour concrétiser ce qu’on appelle l’accord de Minsk II. Ce qui aurait voulu dire une sorte de fédéralisation de l’Ukraine avec un degré d’autonomie pour le Donbass, ce qui correspond à ce qu’ils voulaient. Quelque chose comme la Suisse ou la Belgique. Il a été contré par des milices d’extrême droite qui ont menacé de l’assassiner s’il persistait dans sa démarche.

Il se trouve que c’est un homme courageux. Il aurait pu aller de l’avant s’il avait eu un quelconque soutien des États-Unis. Ces derniers ont refusé. Aucun soutien, rien, ce qui signifie qu’on l’a laissé tomber et qu’il a dû faire marche arrière. Les États-Unis étaient déterminés à appliquer cette politique d’intégration progressive de l’Ukraine dans le commandement militaire de l’OTAN. Cela s’est encore accéléré lorsque le président Biden a été élu. En septembre 2021, sur le site Internet de la Maison Blanche c’est ce qu’on pouvait lire. On ne le criait pas sur les toits, mais bien sûr, les Russes étaient au courant. Biden a annoncé un programme, une déclaration commune pour accélérer le processus de formation militaire, d’exercices militaires, davantage d’armes dans le cadre de ce que son administration a appelé un « programme renforcé » de préparation à l’adhésion à l’OTAN.

Tout cela s’est encore accéléré en novembre. C’était avant l’invasion. Le secrétaire d’État Antony Blinken a signé ce qu’on a appelé une charte, qui en substance formalisait et étendait cet accord. Un porte-parole du département d’État a admis qu’avant l’invasion, les États-Unis avaient refusé d’aborder la question des inquiétudes russes en matière de sécurité. C’est tout cela qui fait partie du contexte.

Le 24 février, Poutine a lancé une invasion, une invasion criminelle. Les graves provocations dont nous avons parlé ne la justifient en rien. Si Poutine avait été un homme d’État, il aurait fait quelque chose de tout à fait différent. Il serait retourné voir le président français Emmanuel Macron, se serait saisi de ses modestes propositions, et aurait tenté de trouver un compromis avec l’Europe, afin de prendre des mesures en faveur d’une maison commune européenne.

Les États-Unis, bien sûr, s’y sont toujours opposés. C’est une chose qui remonte à loin dans l’histoire de la guerre froide, cela date des initiatives du président français De Gaulle visant à établir une Europe indépendante. Selon son expression, « de l’Atlantique à l’Oural », il s’agissait d’intégrer la Russie à l’Occident, ce qui était une solution très naturelle pour des raisons commerciales et, bien sûr, également pour des raisons de sécurité. Voilà, s’il y avait eu des hommes d’État dans le cercle étroit de Poutine, ils auraient compris les initiatives de Macron et tenté de voir si, en fait, ils pouvaient intégrer l’Europe et éviter la crise. Au lieu de cela, ce qu’il a choisi de faire est une politique qui, du point de vue russe, est une imbécillité totale. Outre le caractère criminel de l’invasion, il a choisi une politique qui a conduit l’Europe à se placer plus encore à la merci des États-Unis. En fait, il incite même la Suède et la Finlande à rejoindre l’OTAN, le pire résultat qui soit du point de vue russe, indépendamment du caractère criminel de l’invasion, et des pertes très sérieuses que la Russie subit à cause de cela.

Donc, criminalité et stupidité du côté du Kremlin, grave provocation du côté des États-Unis. Tel est le contexte qui a conduit à tout ça. Pouvons-nous essayer de mettre un terme à cette horreur ? Ou devrions-nous plutôt nous efforcer de la prolonger ? Ce sont les deux choix qui s’offrent à nous.

Il n’y a qu’une seule façon d’y mettre un terme. C’est la diplomatie. Maintenant, la diplomatie, par définition, signifie que les deux parties l’acceptent. Elles n’aiment pas ça, mais elles l’acceptent comme l’option la moins pire. Cela offrirait à Poutine une sorte de porte de sortie. C’est une possibilité. L’autre possibilité est de faire traîner les choses en longueur et de regarder tout le monde souffrir, de compter le nombre d’Ukrainiens qui vont mourir, de voir jusqu’à quel point la Russie va souffrir, combien de millions de personnes vont mourir de faim en Asie et en Afrique, dans quelle mesure nous allons progresser vers le réchauffement de l’environnement jusqu’au moment où il n’y aura plus aucune possibilité d’existence humaine vivable. Ce sont les options. Et bien, avec une unanimité proche de 100%, les Etats-Unis et la plupart des pays de l’Europe veulent choisir l’option de non-diplomatie. C’est explicite. Nous devons continuer à faire du mal à la Russie.

Vous pouvez lire des articles dans le New York Times, le Financial Times de Londres, partout en Europe. Le refrain commun est : nous devons nous assurer que la Russie souffre. Peu importe ce qui arrive à l’Ukraine ou à qui que ce soit d’autre. Bien sûr, ce pari présuppose que si Poutine est poussé à bout, sans aucune issue, il sera forcé d’admettre sa défaite, devra l’accepter et n’utilisera pas les armes dont il dispose pour dévaster l’Ukraine.

Il existe bien des choses que la Russie n’a pas faites. Les analystes occidentaux en sont plutôt surpris. Notamment, elle n’a pas attaqué les lignes d’approvisionnement de la Pologne qui déversent des armes en Ukraine. Ils pourraient certainement le faire. Cela les amènerait très vite à une confrontation directe avec l’OTAN, c’est-à-dire avec les États-Unis. Et vous pouvez deviner à quoi cela conduirait ensuite. Quiconque s’est déjà penché sur la question des jeux de guerre sait quelle en sera l’issue : une escalade menant à une guerre nucléaire terminale.

Voilà donc les jeux auxquels nous jouons en sacrifiant la vie des Ukrainiens, des Asiatiques et des Africains, l’avenir de la civilisation, et ce, afin d’affaiblir la Russie, de nous assurer qu’ils souffrent suffisamment. Eh bien, si vous voulez jouer à ce jeu là, faites preuve d’honnêteté. Il n’y a aucune base morale pour cela. En fait, c’est moralement odieux. Et les gens qui montent sur leurs grands chevaux en disant que nous défendons des grands principes sont sont de parfaits idiots quand on pense à ce qui est en jeu.

Barsamian : Dans les médias, et au sein de la classe politique aux États-Unis, et probablement aussi en Europe, l’indignation morale est grande concernant la barbarie, les crimes de guerre et les atrocités des Russes. Il ne fait aucun doute qu’ils se produisent, comme c’est le cas au cours de toute guerre. Ne trouvez-vous pas cette indignation morale un peu sélective ?

Chomsky : L’indignation morale est bien présente. Il est justifié qu’il y ait une indignation morale. Mais prenons les pays du Sud, ils n’arrivent tout simplement pas à croire ce qu’ils voient. Ils condamnent la guerre, bien sûr. C’est un crime d’agression déplorable. Mais ils regardent l’Occident et ils disent : Hey les gars, de quoi parlez-vous ? C’est ce que vous nous faites tout le temps.

Il est quelque peu étonnant de voir la différence s’agissant des commentaires. Vous lisez le New York Times et leur grand esprit, Thomas Friedman. Il a écrit une colonne il y a quelques semaines dans laquelle il s’est contenté de lever les mains au ciel en signe de désespoir. Disant : Que pouvons-nous y faire ? Comment pouvons-nous vivre dans un monde qui compte un criminel de guerre ? Nous n’avons jamais connu cela depuis Hitler. Il y a un criminel de guerre en Russie. Nous ne savons tout simplement pas comment agir. Nous n’avons jamais même osé envisagé l’idée qu’il puisse y avoir un criminel de guerre où que ce soit.

Quand les gens du Sud entendent cela, ils ne savent pas s’ils doivent éclater de rire ou se moquer. Nous avons des criminels de guerre qui se promènent dans tout Washington. En fait, nous savons très bien comment gérer nos criminels de guerre. En effet, c’est quelque chose qui s’est produit le jour du vingtième anniversaire de l’invasion de l’Afghanistan. Rappelez-vous, il s’agissait d’une invasion totalement injustifiée, vivement contestée par l’opinion mondiale. Une interview du responsable de cette invasion, George W. Bush, grand criminel de guerre, qui a ensuite envahi l’Irak, a été publiée dans la section « style » du Washington Post [Style est un supplément qui propose un mélange de nouvelles et d’articles de fond, avec des articles opportuns et factuels offrant aux lecteurs une approche plus descriptive et informelle des « coulisses », NdT] — interview de, comme il est décrit, cet adorable grand-père dégingandé qui jouait avec ses petits-enfants, faisait des blagues, montrait les portraits peint par lui de personnes célèbres qu’il avait rencontrées. Un cadre chaleureux et convivial.

Donc, nous savons très bien comment nous y prendre avec les criminels de guerre. Thomas Friedman a tort. Nous les traitons très bien.

Ou alors prenez celui qui est probablement le plus grand criminel de guerre de la période moderne, Henry Kissinger. Nous entretenons avec lui des relations non seulement polies, mais nous avons aussi une grande admiration pour lui. Après tout, c’est cet homme-là qui a transmis à l’armée de l’air l’ordre de bombarder massivement le Cambodge : « tout ce qui vole sur tout ce qui bouge » a été la phrase qu’il a utilisée. Je ne connais, dans les archives, aucun autre exemple comparable à celui-ci en terme d’appel à un génocide de masse. Et ce dernier a été mis en œuvre par un bombardement très intensif du Cambodge. Nous n’en savons pas grand-chose car nous n’enquêtons pas sur nos propres crimes. Mais Taylor Owen et Ben Kiernan, historiens sérieux du Cambodge, l’ont décrit. Il y a aussi notre rôle dans le renversement du gouvernement de Salvador Allende au Chili et l’instauration d’une dictature impitoyable dans ce pays, et plus encore. Nous savons donc très bien comment nous comporter avec nos criminels de guerre.

Pourtant, Thomas Friedman n’arrive pas à imaginer qu’il existe quoi que ce soit de semblable à ce qu’il se passe en Ukraine. Ce qu’il a écrit n’a suscité aucun commentaire, ce qui signifie que cela a été considéré comme tout à fait sensé. On peut difficilement utiliser le mot sélectivité. C’est au delà de ce qui est concevable. Donc, oui, l’indignation morale est tout à fait au rendez-vous. C’est une bonne chose que les Américains commencent enfin à montrer de l’indignation à propos de crimes de guerre majeurs commis par quelqu’un d’autre.

Barsamian : J’ai une petite énigme pour vous. Elle est en deux parties. L’armée russe est inepte et incompétente. Ses soldats ont un moral très bas et sont mal dirigés. Son économie est comparable à celle de l’Italie et de l’Espagne. Voilà un des volets. L’autre volet c’est que la Russie est un colosse militaire qui menace de nous submerger. Donc, nous avons besoin de plus d’armes. Élargissons l’OTAN. Comment conciliez-vous ces deux visions contradictoires ?

Chomsky : Ces deux visions sont la norme partout en Occident. Je viens d’avoir une longue interview en Suède quant à leurs projets d’adhésion à l’OTAN. J’ai fait remarquer que les dirigeants suédois ont deux opinions contradictoires, les deux que vous avez mentionnées. La première consiste à se réjouir du fait que la Russie a prouvé qu’elle était un tigre de papier incapable de conquérir des villes situées à quelques kilomètres de sa frontière et défendues par une armée essentiellement composée de citoyens. Donc, ils sont complètement incompétents sur le plan militaire. L’autre opinion est : ils sont prêts à conquérir l’Ouest et à nous détruire.

George Orwell avait un nom pour cela. Il l’appelait la double pensée, la capacité d’avoir deux idées contradictoires à l’esprit et de les croire toutes les deux [Doublepensée (en version originale Doublethink) est un terme inventé par George Orwell comme le novlangue, dans son roman dystopique 1984, indiquant une capacité à accepter simultanément deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique, NdT]. Orwell pensait, à tort, que c’était une chose qui ne pouvait exister que dans l’État ultra-totalitaire dont il faisait la satire dans 1984. Il avait tort. Il s’avère que c’est quelque chose de possible dans les sociétés démocratiques libres. Nous en voyons un exemple dramatique en ce moment même. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois.

Cette double-pensée est, par exemple, caractéristique de la mentalité au temps de la Guerre froide. Il faut remonter au principal document de la guerre froide de cette époque, le NSC-68 de 1950 [NSC-68 est un document d’orientation top secret de 58 pages émanant du Conseil de sécurité nationale des États-Unis sous la présidence de Harry S. Truman. C’est l’un des documents les plus importants de la politique américaine pendant la guerre froide, NdT]. Si vous l’examinez attentivement, vous verrez qu’il montre que l’Europe seule était militairement à égalité avec la Russie, et cela sans compter les États-Unis. Mais bien sûr, il nous fallait encore un gigantesque programme de réarmement pour contrer le dessein du Kremlin de conquérir le monde.

C’est un document réel et c’était une approche délibérée. Dean Acheson, l’un des auteurs, a dit plus tard qu’il était nécessaire d’être « plus clair que la vérité », son expression, afin de forger la pensée collective du gouvernement. Nous voulons faire passer cet énorme budget militaire, alors nous devons être « plus clairs que la vérité » en concevant un État asservisseur sur le point de conquérir le monde. Ce type de raisonnement a perduré tout au long de la période de la guerre froide. Je pourrais vous donner de nombreux autres exemples, mais c’est bien cela que nous observons à nouveau aujourd’hui de manière assez spectaculaire. Et la façon dont vous le dites est tout à fait correcte : ces deux idées sont en train de consumer l’Occident.

Barsamian : Il est également intéressant de noter que dans une tribune très prestigieuse parue dans le New York Times en 1997, le diplomate George Kennan avait anticipé le danger que représenterait le déplacement des frontières de l’OTAN vers l’Est.

Chomsky : Kennan s’était également opposé à la NSC-68. En fait, il avait été le directeur du Policy Planning Staff du Département d’État. Il a été mis à la porte et remplacé par Paul Nitze. Il était considéré comme trop gentil pour un monde aussi rude. C’était un faucon, farouchement anticommuniste, assez brutal lui-même en ce qui concerne les positions américaines, mais il s’était rendu compte qu’une confrontation militaire avec la Russie n’avait aucun sens.

Il pensait que la Russie finirait par s’effondrer à cause de ses contradictions internes, ce qui s’est avéré exact. Mais il a été considéré comme une colombe tout au long de son parcours. En 1952, il est en faveur de la réunification de l’Allemagne en dehors de l’alliance militaire de l’OTAN. C’était en fait la proposition du dirigeant soviétique Joseph Staline également. Kennan était ambassadeur en Union soviétique et spécialiste de la Russie.

L’initiative de Staline. La proposition de Kennan. Certains Européens l’ont soutenue. Cela aurait mis fin à la guerre froide. Elle aurait signifié une Allemagne devenue neutre, non-militarisée et ne faisant partie d’aucun bloc militaire. Elle a été presque totalement ignorée à Washington.

Un expert de la politique étrangère, un spécialiste respecté, James Warburg, a écrit un livre à ce sujet. Ça vaut la peine de le lire. Il s’intitule Germany: Key to Peace (Allemagne : La clé de la paix). Il y insiste pour que cette idée soit prise au sérieux. Lui-même a été méprisé, ignoré, ridiculisé. J’ai mentionné son livre plusieurs fois et on m’a tourné en ridicule moi aussi, on m’a traité de taré. Pouvait-on croire Staline ? Eh bien, les archives sont parues. Il s’avère qu’il était apparemment sérieux. On lit aujourd’hui les principaux historiens de la guerre froide, des gens comme Melvin Leffler, et ils reconnaissent qu’il y avait là une réelle chance de règlement pacifique à l’époque, elle a été écartée en faveur de la militarisation, d’une gigantesque expansion du budget militaire.

Venons-en maintenant à l’administration Kennedy. Lorsque John Kennedy est entré en fonction, Nikita Khrouchtchev, qui dirigeait la Russie à l’époque, a fait une offre des plus importantes visant à procéder à des réductions mutuelles à grande échelle concernant les armes militaires offensives, ce qui aurait signifié une forte détente des tensions. Les États-Unis étaient alors très en avance sur le plan militaire. Khrouchtchev voulait favoriser le développement économique de la Russie et avait compris que cela serait impossible dans le contexte d’une confrontation militaire avec un adversaire bien plus riche. Il a donc d’abord fait cette offre au président Dwight Eisenhower, qui n’y a pas prêté attention. Elle a ensuite été proposée à Kennedy et son administration a répondu par le plus grand renforcement de l’histoire pour ce qui est de la force militaire en temps de paix, même s’ils savaient très bien que les États-Unis étaient déjà nettement en avance.

Les États-Unis ont concocté un « missile gap » [Un des thèmes de la campagne électorale de John F. Kennedy était que Eisenhower avait une approche faible en matière de défense et qu’il n’en faisait pas assez pour empêcher les soviétiques de distancer les États-Unis en nombre de missiles (missile gap), NdT]. La Russie était sur le point de nous écraser en raison de son nombre de missiles. Eh bien, lorsque le concept de missile gap a été exposé, il s’est avéré être en faveur des États-Unis. La Russie n’avait alors probablement que quatre missiles exposés sur une base aérienne quelque part.

On peut continuer comme ça pendant longtemps. La sécurité de la population n’est tout simplement pas une préoccupation des décideurs politiques. La sécurité pour les privilégiés, les riches, les entreprises, les fabricants d’armes, ça oui, mais pas pour le reste d’entre nous. Cette double pensée est permanente, parfois tout à fait réfléchie, parfois non. C’est exactement ce que décrivait Orwell, un hyper-totalitarisme dans une société libre.

Barsamian : Dans un article de Truthout, vous citez le discours d’Eisenhower de 1953 sur la « Croix de fer » [aussi appelé Discours Chance pour la paix, NdT]. Qu’y avez-vous trouvé d’intéressant ?

Chomsky : Vous devriez le lire et vous verriez pourquoi il est intéressant. C’est le meilleur discours qu’il ait jamais fait. C’était en 1953, alors qu’il venait de prendre ses fonctions. En gros, ce qu’il a souligné, c’est que la militarisation était une gigantesque attaque contre notre propre société. Il – ou celui qui a écrit le discours – l’a exprimé avec beaucoup d’éloquence. Un avion à réaction signifie autant d’écoles et d’hôpitaux en moins. Chaque fois que nous augmentons notre budget militaire, nous nous attaquons à nous-mêmes.

Il l’a expliqué on ne peut plus clairement, dans les détails, appelant à une diminution du budget militaire. Il avait lui-même un bilan assez terrible, mais dans ce cas précis, il tapait dans le mille. Et ces mots devraient être gravés dans la mémoire de chacun de nous. Or en fait, récemment, Biden a proposé un énorme budget militaire. Le Congrès l’a étendu au-delà même de ses souhaits, ce qui représente une attaque majeure contre notre société, exactement comme Eisenhower l’avait expliqué il y a tant d’années.

Le prétexte : la thèse qu’il nous faut nous défendre contre ce tigre de papier, si incompétent militairement qu’il ne peut pas se déplacer à quelques kilomètres au delà de sa frontière sans s’effondrer. Et donc, avec un budget militaire monstrueux, nous nous portons gravement préjudice et mettons le monde en danger, gaspillant d’énormes ressources qui seront nécessaires si nous voulons faire face aux graves crises existentielles auxquelles nous sommes confrontés. Pendant ce temps, nous déversons l’argent des contribuables dans les poches des producteurs de combustibles fossiles pour qu’ils puissent continuer à détruire le monde le plus rapidement possible. C’est ce à quoi nous assistons avec l’immense développement de la production de combustibles fossiles et des dépenses militaires. Il y a des gens qui s’en réjouissent. Allez dans les bureaux de la direction chez Lockheed Martin, ExxonMobil, ils sont aux anges. C’est une aubaine pour eux. On leur en fait même crédit. On les félicite pour avoir sauvé la civilisation en détruisant les possibilités de vie sur Terre. Laissons tomber le Sud. Si on imagine des extraterrestres, s’ils existaient, ils penseraient que nous sommes tous complètement déments. Et ils auraient raison.

Source : David Barsamian, Chomsky.info – 16-06-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

bm607 // 16.07.2022 à 11h17

Autant pour ma part je trouve le début de l’analyse très bien, autant je trouver que ça se gâte quand on arrive à :
« Le 24 février, Poutine a lancé une invasion,

Si Poutine avait été un homme d’État, il aurait fait quelque chose de tout à fait différent. Il serait retourné voir le président français Emmanuel Macron, se serait saisi de ses modestes propositions, et aurait tenté de trouver un compromis avec l’Europe, afin de prendre des mesures en faveur d’une maison commune européenne. »

Il semble que depuis des années la France montrait qu’elle n’avait aucune envie de faire quoi que ce soit de sérieux pour l’Ukraine. Les doubles discours au début du conflit l’ont bien démontré, juste du vent comme d’habitude, et de la grandiloquence verbeuse pré-électorale.

Les compromis, il n’y aurait pas eu à en trouver si la France s’était investie un peu dans le respect des accords de Minsk. macron était probablement catalogué à cause de celà, inutile de lui supposer un regain d’intelligence et d’indépendance politique en février dernier c’eut été perdre du temps.
Poutine l’a écouté, et visiblement de par son comportement ça a dû confirmer son jugement, il n’a pas voulu perdre de temps à servir de faire-valoir à notre jupiter.

Chomsky prend macron pour un homme politique, il ne voit pas ce qui se passe chez nous aussi clairement que nous, et donc en le lisant on voit qu’il le suppose capable de s’opposer en fait aux américains sur ce conflit que visiblement ils voulaient créer. Je ne peux qu’être en désaccord : dans cette crise, macron est une marionnette u$, et il le confirme en permanence.

20 réactions et commentaires

  • manuel // 16.07.2022 à 09h17

    Chomsky a perdu la tête : louer Eisenhower qui a lancé des coups d’état aux Philippines et au Guatemala!
    Il n’y a pas un chef d’état US pour sauver les autres ce sont tous des malades mentaux religieux. Il faut lire « Une histoire populaire des États Unis » pour comprendre qu’on a sur la scène internationale un pays qui trahit pratiquement tous ses traités d’abord en interne (guerre indiennes) et ensuite à l’extérieur et tout cela au nom d’une destinée manifeste.

      +15

    Alerter
    • 6422amri // 16.07.2022 à 14h43

      Eisenhower avait mis en garde les USA contre la militarisation de ce pays, les aventures extérieures, c’est pour cette raison que Chomsky le cite.

      Chomsky n’a pas perdu sa tête et j’aimerais posséder ses capacités intellectuelles, l’un des plus grands scientifiques du 20 ième siècle, un militant infatigable des droits humains, de la justice sociale, de la défense des plus pauvres, sans relâche, depuis près de 40 années, refusant systématiquement les honneurs.

      Une vie exemplaire.

      Un peu de modestie dans l’opprobe mon ami, tentez donc de faire de votre vie ce qu’en a fait Chomsky de la sienne.

        +10

      Alerter
  • JEAN DUCHENE // 16.07.2022 à 10h19

    Chomsky n’a pas perdu la tête en étant dans la pensée complexe plutôt que binaire.

      +14

    Alerter
  • bm607 // 16.07.2022 à 11h17

    Autant pour ma part je trouve le début de l’analyse très bien, autant je trouver que ça se gâte quand on arrive à :
    « Le 24 février, Poutine a lancé une invasion,

    Si Poutine avait été un homme d’État, il aurait fait quelque chose de tout à fait différent. Il serait retourné voir le président français Emmanuel Macron, se serait saisi de ses modestes propositions, et aurait tenté de trouver un compromis avec l’Europe, afin de prendre des mesures en faveur d’une maison commune européenne. »

    Il semble que depuis des années la France montrait qu’elle n’avait aucune envie de faire quoi que ce soit de sérieux pour l’Ukraine. Les doubles discours au début du conflit l’ont bien démontré, juste du vent comme d’habitude, et de la grandiloquence verbeuse pré-électorale.

    Les compromis, il n’y aurait pas eu à en trouver si la France s’était investie un peu dans le respect des accords de Minsk. macron était probablement catalogué à cause de celà, inutile de lui supposer un regain d’intelligence et d’indépendance politique en février dernier c’eut été perdre du temps.
    Poutine l’a écouté, et visiblement de par son comportement ça a dû confirmer son jugement, il n’a pas voulu perdre de temps à servir de faire-valoir à notre jupiter.

    Chomsky prend macron pour un homme politique, il ne voit pas ce qui se passe chez nous aussi clairement que nous, et donc en le lisant on voit qu’il le suppose capable de s’opposer en fait aux américains sur ce conflit que visiblement ils voulaient créer. Je ne peux qu’être en désaccord : dans cette crise, macron est une marionnette u$, et il le confirme en permanence.

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  • RGT // 16.07.2022 à 11h49

    Les USA font comme tous les empires qui les ont précédés : Par la force brute ils tordent le bras de leurs voisins et de leurs « alliés » afin de renforcer leur position dominante et imposent au reste de la planète leur vision unipolaire.

    Certes, l’URSS n’était pas un monde idéal, loin de là, mais avait au moins l’avantage, pour les autres nations, ne ne pas tenter de coloniser par la force les autres nations.

    Certes, les anciens pays de l’est avaient été soumis, mais n’oublions surtout pas que ces pays avaient deux « particularités » qui devraient ne surtout pas être oubliées :

    – Pendant la seconde guerre mondiale ces pays ont, volontairement ou contraints, participé à l’effort de guerre nazi contre l’URSS (qui souhaitait simplement avoir la paix et ne surtout pas se mêler de ce conflit).

    – Ces pays se trouvaient en bordure des pays occidentaux, ces derniers étant bien sûr les fidèles vassaux des USA qui se présentaient comme les « défenseurs de la liberté » et servaient en fait de tampon pour sanctuariser leur territoire.

    Sachant que depuis ses débuts la Russie a toujours été victime des invasions de ses voisins : À l’est par les hordes sauvages que les russes ont « maté » puis intégré à leur propre population) et à l’ouest par les attaques incessantes des occidentaux qui ne supportaient pas que les russes soient orthodoxes.
    La sanctuarisation de leur territoire est donc une priorité absolue depuis des siècles.

    Contrairement aux USA, les russes ne veulent pas asservir les autres, ils veulent juste qu’on leur foute la paix.

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    • Laurent K // 16.07.2022 à 13h18

      Heureusement qu’il y a le mot « contraints » dans votre phrase « Pendant la seconde guerre mondiale ces pays ont, volontairement ou contraints, participé à l’effort de guerre nazi contre l’URSS » parce que des pays comme la Pologne n’ont pas vraiment eu leur mot à dire sur la question. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’ils ont été victimes des nazis et de l’URSS qui l’a envahi peu après l’Allemagne nazie (17 septembre pour l’URSS, 1er septembre pour l’Allemagne) ..

      Alors l’URSS comme pays ne tentant pas de coloniser par la force les autres nations, vous repasserez !

      En ce qui concerne la phrase « Sachant que depuis ses débuts la Russie a toujours été victime des invasions de ses voisins « , vous êtes vous demandé comment la Russie est devenue le pays le plus vaste du monde ?

      Alors oui, « La sanctuarisation de leur territoire est […] une priorité absolue » mais comme tout état, c’est pour défendre sa part du gâteau quitte à écrase les autres et non parce qu’ils sont des gentils contre les méchants.

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    • 6422amri // 16.07.2022 à 13h57

      Incroyable…!!!! Vous avez besoin de lire sur la période 1933-1945.

      Tous les peuples soviétiques ont participé peu ou prou a la collaboration avec l’Allemagne, pas seulement les pays cédés à l’ex URSS par l’accord franco-allemand (l’ouverture des archives russes depuis Elstine et le travail des historiens contemporains ont permis ces précisions) entre Hitler et Staline ou ont été partagé les pays, un rappel, les pays baltes, l’est de la Pologne, etc. La Russie jusqu’au premier jour de l’opération Barbarosa participe massivement à l’effort de guerre allemand en livrant, pétrole, charbon, acier, etc.

      Un exemple parmi les autres, les Tatars, ceci va nous rapprocher du conflit en cours, la Crimée dont Poutine nous assure qu’elle a été toujours russophone, ce qui n’est pas vrai. C’est la terre des Tatars.

      Beria et Staline usent du vague prétexte sans aucune preuve de la collaboration des Tatars avec l’Allemagne pour y organiser une déportation de masse vers les autres républiques de l’ex URSS, pour faire bonne mesure plus de 300.000 personnes décèderont au Goulag, l’intelligentsia Tatars sera exécutée, comme l’intelligentsia polonaise a Katyn, l’enseignement de la langue tatar sera interdite. On les remplacera par des russes bien blanc…les mauvaise habitudes persistent.

      Il y a une brigade tatar qui combat avec l’Ukraine maintenant.

      Contrairement aux USA, les russes ne veulent pas asservir les autres, ils veulent juste qu’on leur foute la paix

      Ceci est le contraire de toute l’histoire de la Russie depuis Pierre le Grand et plus proche de nous 1956, 1960. 1968, l’Afghanistan, 10 années d’ocupation, baisse de la population de 1.7 millions, 2 millions de morts civils, le plus grand exode de réfugiés des 50 dernières années. L’ex URSS y a perdu 25.000 hommes et cecia été l’évènement qui a entraîné la chute de l’ex URSS.

      Ces pays se trouvaient en bordure des pays occidentaux, ces derniers étant bien sûr les fidèles vassaux des USA qui se présentaient comme les « défenseurs de la liberté » et servaient en fait de tampon pour sanctuariser leur territoire.

      Les pays occupés en périphérie de l’Occident ? Les pays Baltes, l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Yougoslavie c’était quoi ? Des bantoustans des USA a cette époque ? Rien n’est plus faux. Pas des pays occidentaux ?

      Une question pour vous. Qui sont ces pays dits tampons ? J’ai sûrement manqué quelque chose lors de mes cours à l’Ecole Navale sur le conflit de 1939 a 1945. Merci à l’avance de votre aide.

      Pour les tatars.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9portation_des_Tatars_de_Crim%C3%A9e

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      • ouvrierpcf // 25.07.2022 à 15h11

        incroyable…!!!! Vous avez besoin de lire sur la période 1933-1945.Tous les peuples soviétiques ont participé peu ou prou a la collaboration avec l’Allemagne, pas seulement les pays cédés à l’ex URSS
        6422
        heu heu ou sont passées les 21 millions de celles et ceux qui donnèrent leur vie pour que Hitler se trucide dans son bunker ? les batailles de Stalingrad de MOURSK un détail ? sans doute comme aurait dit le borgne de LOAS Mon grand père polonais attends toujours l’armée française qui déclara elle la guerre à l’Allemagne le 1er septembre 1939 et qui s’arretta à à à Dunkerque Oui non ? pour mettre les nazis hors de Pologne Là aussi comme pour les accords de Minsk II pour le conflit ukrainien la France et Monsieur Hollande n’ont pas respecté leurs engagements sans parler du Pétainisme ….pour L’URSS non non non et non elle n’a pas chuté ! cest une dissolution et votée par le peule pour sa transformation en CEI Communauté des états Indépendants 6422 y faut relire vos notes ou les actes de l’histoire la Russie n’est toujours pas un état c’est une fédération !!

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    • Cgn002 // 16.07.2022 à 14h00

      Vous préférez la sanctuarisation du territoire à celle de la nation démocratique et libre.
      Vous preferez donc la guerre.
      Vous êtes l allié parfait de la Chine qui ne tardera pas à conquérir Taïwan.
      Selon vous la volonté d un état libre et démocratique n est rien face à la volonté d un empire qui va trouver tous les prétextes à augmenter son territoire.
      Vous appartenez à un monde archaïque.
      Retour à la case départ de notre animalité originelle.
      Touche pas à mon territoire. !

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      • Lt Briggs // 16.07.2022 à 19h00

        Moi non plus je ne partage pas les opinions exprimées par RGT dans son commentaire, mais là vous prenez un sacré recul…

        « Vous préférez la sanctuarisation du territoire à celle de la nation démocratique et libre. »

        Les peuples chinois et russe sont bien placés pour être extrêmement sensibles à la sécurité de leurs frontières. Les armées japonaise et allemande n’ont pas laissé de très bons souvenirs lors de leurs passages…
        Concernant l’avenir de Taïwan, la question reste posée. La guerre civile entre nationalistes et communistes chinois a tourné à l’avantage de ces derniers. Seule la protection des USA a préservé le camp nationaliste réfugié à Taïwan d’une invasion venue du continent. Que faire aujourd’hui face à la volonté de Pékin de conquérir – pacifiquement ou militairement – la dernière province rebelle et terminer ainsi une guerre civile commencée il y a environ un siècle ? Condamner cette volonté et s’y opposer par la force ? Et si ça avait été le contraire ? Si les nationalistes avaient conquis le continent et si les communistes s’étaient réfugié sur l’île au large ? Ne trouverait-on pas normal, presque « sain » que le camp nationaliste envahisse Taïwan et « délivre » l’île des communistes ?
        Chaque camp est sûr de son bon droit. Un règlement pacifique est-il possible ? La surenchère tant du côté de Pékin que de Washington n’incite guère à l’optimisme.

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        • 6422amri // 16.07.2022 à 19h34

          Faire comme les français et les allemands qui malgré 3 guerres,,j’oublie Napoleon…l’occupation de la France pendant 4 années ont fait la paix, personne en Allemagne ne réclame le retour de l’Alsace Lorainne…

          L’obsession de la Chine avec Taiwan relève de la pathologie nationaliste, utilisée en boucle dans les médias chinois, un pays qui occupe illégalement le Tibet mais probablement vous allez lui trouver une bonne excuse ?

          Tout le monde se réarme dans cette région, un effet du hasard ? Beijing qui au mépris du droit maritime international veut transformer la Mer de Chine en lac intérieur chinois, la construction d’îles artificielles pour élargir son espace maritime (Beijing a perdu devant le tribunal international) ni sont probablement pour rien,

          Enfin vos affirmations sur les peuples russes et chinois, etc,,les armées allemandes et japonaises…ne résistent pas à une connaissance de l’histoire militaire de ces 2 pays. Avant l’effondrement de la Chine ce pays a été une peste colonialiste dans tout le sud-est asiatique, en Mongolie, l’est de la Russie, une partie de la Sibérie, Vladivostock, etc… La haine des vitnamiens pour tout ce qui est chinois date de ces époques, avant la colonisation française…(le Laos et le Cambodge itou) et la Russie s’est construite sur des conquêtes permanentes depuis Pierre Le Grand, sans mentionner son association criminelle avec Hitler jusqu’a l’opération Barbarosa.

          Les chinois ont un proverbe.

          Les russes nous ont pris le pétrole, le gaz, la forêt et nous ont lasissé le désert, le sable et les cailloux.

          Au-delà des slogans ce qui manque a certains commentateurs de ce blog, c’est un minimum de connaissances historiques et militaires.

          Ne pas accepter les opérations extérieures américaines style Irak, les sanctions contre Cuba qui durent depuis plus de 60 années maintenant, sa politique unidensionelle au Moyen-Orient, ne veut pas dire accepter les prétentions d’un pays dans lequel il n’existe aucune démocratie, pas d’élections libre, un parti unique, des prisonniers politiques comme s’il en pleuvait…

          Les Chinois de Taiwan sont autant bretons que les marseillais, ils regardent ce qui se passe en Chine et a Hong-Kong.

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          • Lt Briggs // 17.07.2022 à 08h21

            « Au-delà des slogans ce qui manque a certains commentateurs de ce blog, c’est un minimum de connaissances historiques et militaires.  »
            Puisque c’est vous qui mettez le sujet sur la table, allons-y…

            « Faire comme les français et les allemands qui malgré 3 guerres,,j’oublie Napoleon…l’occupation de la France pendant 4 années ont fait la paix, personne en Allemagne ne réclame le retour de l’Alsace Lorainne… »
            Figurez-vous que la France et l’Allemagne sont deux pays différents, avec deux peuples différents. La population taïwanaise est constituée de… 95,31 % de Chinois Han.

            « L’obsession de la Chine avec Taiwan relève de la pathologie nationaliste, utilisée en boucle dans les médias chinois, un pays qui occupe illégalement le Tibet mais probablement vous allez lui trouver une bonne excuse ? »
            En somme, tout expansionnisme non-occidental relève de maladie, de folie furieuse, tandis que le mythe de la Frontière aux États-Unis, qui a entraîné une poussée vers l’ouest des colons aboutissant à la quasi-extermination des Indiens, auquel a succédé ensuite le doux impérialisme américain sont plutôt rassurants, fondés sur le droit et la justice… Le Tibet occupé vous révolte ? Et bien moi aussi. Mais la base militaire que les Américains occupent illégalement à Guantanamo me révolte aussi, de même que les colonies de Cisjordanie.

            Apprenez également que Taïwan, aux termes de sa constitution, revendique toujours tous les territoires actuellement administrés par la république populaire de Chine…

              +14

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          • Lt Briggs // 17.07.2022 à 14h28

            « Vous et vos petits camarades vous ne possédez aucune perspective historique et militaire sinon des clichés….style les indiens..que vous répétez en boucle… »

            Essayez d’expurger de vos commentaires les sempiternelles piques personnelles ainsi que les diplômes et grades que vous avez obtenus et concentrez-vous sur vos arguments. C’est moins facile, mais ça enrichit le débat un tout petit peu plus.

            Nous pourrions continuer à lister les méfaits des USA, de la Chine, de la Russie et des autres pendant des heures, nous ne serions pas plus avancés. J’essaie d’indiquer dans mes commentaires qu’il est souvent facile de présenter un camp comme appartenant aux bons et un camp appartenant aux méchants. J’essaie d’équilibrer, voyez-vous ? Que la Chine menace Taïwan, c’est un fait. Que les États-Unis soient légitimes pour s’interposer et faire fonction de justice internationale, c’est autre chose.

            Je finis avec Guantanamo : depuis la révolution cubaine, La Havane réclame la restitution du territoire. Mais c’est un détail sans importance me direz-vous…

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  • Castor // 16.07.2022 à 13h48

    Noam Chomsky :

    « Et en fait, H.W. Bush, le premier Bush, a respecté l’accord de manière explicite […]. L’OTAN ne serait pas dissoute, mais elle serait marginalisée.  »
    Il suffit de regarder l’entrevue d’OB avec Roland Dumas pour se convaincre que H.W. Bush n’a à aucun moment eu l’intention de respecter l’accord :
    (notamment à partir de la 17ème minute, mais le reste est bien aussi) :
    https://www.youtube.com/watch?v=5lOjBp7Pzto

    Parlant de Vladimir Zelensky : c’est en fait un brave type qui a réellement essayé de mettre fin à la guerre de l’état ukrainien contre les rebelles russophones, mais, que voulez-vous, les nationalistes l’ont menacé de mort.
    C’est dommage que le président ukrainien ne se soit pas exprimé publiquement sur ce sujet. Surtout pour « quelqu’un de courageux ». Pour réduire le risque il aurait pu dissoudre les unités nationalistes, qui, si l’on comprend bien, décident de la politique à mener. Mais non, il a demandé de manière répétée l’adhésion de son pays à l’OTAN. Triste sire.

    Enfin l’invasion criminelle, stupide de surcroît, de Vladimir Poutine. Ok les Etats-Unis se sont livrés à de graves provocations. Ok, pour qu’une solution diplomatique ait une chance quelconque il faut au moins être deux… mais agir, même dans ces circonstances, est un crime (selon Noam Chomsky). Noam Chomsky est manifestement partisan du dialogue, même lorsqu’il ne sert à rien. Parler pour ne rien dire. Et surtout ne rien faire.

    Avec des opposants de cette trempe, les élites économiques et politiques des Etats-Unis peuvent dormir tranquilles.

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  • max // 16.07.2022 à 13h56

    Entre la Russie et la Pologne/Turquie ca a été des relations difficiles pendant des siècles même si dans certains cas l’Ukraine a été prépondérante dans l’animosité.
    Pour la Finlande et les états baltes l’incorporation dans la Russie c’est faite a la suite d’un conflit entre la Russie et la Suède conflit déclenché par la Suède qui voulait s’agrandir et que cette dernière a perdue et a donc du céder les territoires en question, le choc a été rude pour les peuples de ces territoires d’où une haine tenace qui continue encore aujourd’hui et plus tard Staline n’a pas arrangé la situation. Le Suédois est toujours une langue officielle en Suède.
    Sur le Donbass, je comprends l’argumentaire de la Russie.
    Mais il faut aussi dire qu’a l’issue de la 2eme guerre mondiale l’URSS a fait des redécoupages de frontières notamment au détriment de la Pologne et que dire de Kaliningrad dont les habitants légitimes ont été expulsés de leurs terres historiques.
    Je ne m’étends pas non plus sur Vladivostok.
    Les haines remontent a plusieurs siècles

      +3

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  • Auguste Vannier // 16.07.2022 à 18h34

    La Russie avec d’autres pays et sous le regard attentif et intéressé de la plus grande partie du monde, est en train de travailler à l’émergence d’un système multipolaire et dédollarisé..
    Sera-t-il meilleur? J’ai le sentiment qu’en tout cas il ne pourra pas être pire…Et l’instauration d’un droit international, le respect des souverainetés, la mise au pas d’un capitalisme financier qui conduit les économies à la catastrophe, la remise en cause d’une croissance indéfinie, conviennent mieux à ma rationalité limitée.

      +10

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  • xc // 17.07.2022 à 15h18

    « En 2019, Volodymyr Zelensky a été élu avec une majorité écrasante — je crois environ 70 % des voix — sur la base d’un programme de paix, un plan pour instaurer la paix avec l’Ukraine orientale et la Russie, pour régler le problème. … Il a été contré par des milices d’extrême droite qui ont menacé de l’assassiner s’il persistait dans sa démarche.

    Il se trouve que c’est un homme courageux. Il aurait pu aller de l’avant s’il avait eu un quelconque soutien des États-Unis. Ces derniers ont refusé. …

    Le 24 février, Poutine a lancé une invasion, une invasion criminelle. Les graves provocations dont nous avons parlé ne la justifient en rien. Si Poutine avait été un homme d’État, il aurait fait quelque chose de tout à fait différent. Il serait retourné voir le président français Emmanuel Macron, se serait saisi de ses modestes propositions, et aurait tenté de trouver un compromis avec l’Europe, afin de prendre des mesures en faveur d’une maison commune européenne. »

    Chomsky croit vraiment que Poutine aurait pu parvenir à un compromis avec l’UE ? Contre les USA ?

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    • ManuUK // 17.07.2022 à 19h18

      Toujours est-il que Poutine a plus perdu en attaquant l’Ukraine qu’en cherchant un compromis.
      Donc je ne vois pas l’intérêt de la manière forte.

      Finalement quel est le but recherché par Poutine en attaquant l’Ukraine ?

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  • alexandre clément // 17.07.2022 à 21h03

    « Le 24 février, Poutine a lancé une invasion, une invasion criminelle. Les graves provocations dont nous avons parlé ne la justifient en rien. Si Poutine avait été un homme d’État, il aurait fait quelque chose de tout à fait différent. Il serait retourné voir le président français Emmanuel Macron, se serait saisi de ses modestes propositions, et aurait tenté de trouver un compromis avec l’Europe, afin de prendre des mesures en faveur d’une maison commune européenne. » Quand tu lis ça tu comprends que Chomsky ne sait pas quoi il parle. Déjà il ne semble pas savoir que Poutine est intervenu parce que au mois de mars l’armée ukraino-atlantiste allait attaquer le Donbass, ensuite comment peut-il croire que Poutine aurait réglé le problème en dialoguant avec Macron ? Le reste de l’article est tout aussi idiot à commencer par le malheureux Barsamian qui nous dit que l’armée russe est incompétente ! Alors que les faits montrent que la stratégie russe s’est révélée supérieure à celle de l’OTAN.

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  • Alain // 20.07.2022 à 08h57

    Malheureusement, Noam Chomsky est incapable de se mettre à la place d’autrui, il ne voit le monde que par ses propres yeux. Renier la qualification de chef d’état à Poutine est une erreur colossale, il est visiblement incapable de comprendre:
    – que l’occident fait constamment des propositions en baisse à la Russie (Macron propose moins que les accords de Minsk), ne les respectent pas et « font un geste » en proposant encore moins
    – que la question est existentielle pour la Russie, elle est dos au mur et tout nouveau recul conduira à sa destruction
    – qu’un accord diplomatique avec l’occident a une durée de vie très limitée et qu’il ne vaut pas le risque de les signer
    – que les Européens ne sont que des marionnettes, que traiter avec eux – et donc avec Macron – est un non sens et que le seul interlocuteur qui vaut est le président des USA, le marionnetiste

      +4

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