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6.juillet.20196.7.2019 // Les Crises

Quand la presse portait Macron au pinacle – et au pouvoir

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Source : ACRIMED, Mathias Reymond, 24-06-2019

Deux ans après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence, une partie des médias dominants déchantent, plus ou moins ouvertement. Mais aucun ne rappelle qu’en 2017, chacun joua son rôle dans la partition du véritable panégyrique déversé sur le corps électoral. Y compris Mediapart, où Macron avait « commencé un peu [sa] campagne » et où il avait donné son dernier entretien, dans les dernières heures qui précèdent officiellement la clôture.

Nous publions cet extrait du livre « Au nom de la démocratie, votez bien ! »(en vente sur notre boutique) qui revient sur l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle 2017, en attendant d’en débattre lors du prochain Jeudi d’Acrimed, le 27 juin 2019 à la Bourse du travail à Paris.

Le 26 avril 2017 dans L’Express, Christophe Barbier, exalté, met à profit son bagage de normalien : « Emmanuel Macron incarne déjà la plus incroyable aventure politique de la Ve République. […] Nous avons été témoins de la concrétion d’un enfant du siècle. […] Mais, d’ores et déjà, par l’effet Macron, plus rien ne sera comme avant dans la vie politique française. Il faut voter Emmanuel Macron. »

Deux jours plus tard, dans Libération, exploitant le même registre lyrique, Laurent Joffrin met en garde contre l’abstention : « C’est bien l’esprit de la République qui est en jeu. […] La République qui laisse ouvert le choix des politiques, du centre, de droite ou de gauche, au lieu de jeter la France dans l’enfermement nationaliste. La République, les choses étant ce qu’elles sont, c’est le vote anti-Le Pen. C’est donc le vote Macron. »

Une douce propagande – certains parlent de « pédagogie » – en faveur du vote Macron s’est jointe au vacarme médiatique. Ainsi, sur France Inter, le 28 avril 2017, Thomas Legrand dénonce cette « idée de renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron, [qui] prospère à la gauche de la gauche. » Puis, déclarant sa flamme à son futur président, il fulmine : « Une équidistance entre un banquier et un fasciste est aussi absurde qu’entre un curé et un communiste, un pompiste et un écologiste, un plombier-zingueur et un centriste ! On est dans la caricature et le schématisme sectaire le plus abouti ! Parce qu’Emmanuel Macron n’est pas un ultralibéral, c’est un social-libéral. Sa conception du rôle de l’État n’est pas tournée vers le désengagement et ses idées sur les relations sociales procèdent au mieux (vu de gauche) d’une tradition rocardo-CFDT d’inspiration scandinave, au pire schröderienne, mais pas du tout de l’ultra-libéralisme d’une Margaret Thatcher, par exemple ! »

En effet, Macron n’est pas Thatcher, pas plus que tous les présidents avant lui. Et s’il était permis de douter, au regard de la politique qu’il avait menée en tant que ministre de l’Économie quelques mois plus tard – mais Legrand ne pouvait pas savoir… –, celle qu’il mène en tant que président interdit de croire à une quelconque inclinaison à gauche de ses politiques économiques et sociales. Il suffit désormais de lister ses mesures – suppression de l’impôt sur la fortune, maintien du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), baisse de l’impôt sur les sociétés, gel des pensions de retraite et des allocations familiales, etc. – pour constater que Macron n’est pas même « social-libéral ».

Sur la radio publique, encore, Patrick Cohen reçoit, avec un empressement aussi visible que complice, le directeur de Mediapart Edwy Plenel dans sa matinale. À son tour, passage médiatique obligé de l’entre-deux-tours, l’ancien directeur de la rédaction du Monde fait (humblement) la retape pour le vote Macron : « Parfois j’ai l’impression que je les convaincs mieux [les électeurs, de voter Macron] que certains de ses soutiens. »

Créé en 2008 par Edwy Plenel, François Bonnet, Gérard Desportes et Laurent Mauduit, le site d’information Mediapart s’est construit comme un média complètement indépendant, sans publicité et financé uniquement par les abonnements des lecteurs. Hormis Le Canard enchaînéet Charlie Hebdo, rares sont les médias qui ont su pérenniser ce modèle économique ambitieux, souvent voué à l’échec. Bâti comme l’organe de presse qui allait être le premier opposant de Nicolas Sarkozy, le pureplayerfit des enquêtes d’investigation son fonds de commerce. Le succès de l’entreprise alla au-delà de l’espérance de ses fondateurs, reposant sur des rubriques pertinentes nourries par des articles de qualité. Comme c’est le cas au Monde, au Canard enchaîné, à Radio France ou dans Les Échos : de bons journalistes qui font bien leur travail.

Le média était considéré comme un compagnon de route de la gauche. Cette gauche qui ne renonce pas face au rouleau compresseur du capitalisme, celle qui est dans la rue contre les réformes antisociales et pour soutenir les minorités, bref, celle qui s’étend du PS à l’extrême gauche. Puis il y eut cette fameuse campagne de 2017. Et cet entre-deux-tours.

À la veille du premier tour, le 21 avril 2017, Edwy Plenel prend son clavier et tapote un (très) long texte. Il imagine un second tour idyllique (pour lui), opposant Mélenchon à Macron plutôt que Le Pen à Fillon : « Il ferait enfin droit aux alternatives radicales, nées des résistances citoyennes, aussi bien sociales que démocratiques et écologiques, indéniablement captées par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, en les confrontant à la tentative de renouveau du traditionnel “cercle de la raison” européen, économique et institutionnel que porte le mouvement En marche ! d’Emmanuel Macron. » Et d’ajouter : « À des pôles opposés, ces deux dynamiques inédites sont logiquement au cœur de l’incertitude du vote : l’un comme l’autre – Jean-Luc Mélenchon avec plus d’antériorité – ont compris qu’un ancien monde était en train de sombrer dans les ruines pavées d’impuissance et d’inexistence de la présidence Hollande. » Une dernière phrase qui met implicitement Mélenchon et Macron au moins à égalité.

Les mois précédents, les articles consacrés au leader de la FI avaient été peu flatteurs (notamment sur la Syrie et sur la Russie [1]) et l’on peut comprendre que Mélenchon refuse de se rendre dans les locaux de ceux-là mêmes qui l’attaquent tout en défendant l’idée d’une alternative « citoyenne » et « démocratique ».

Dans son texte onirique sur le premier tour, Plenel parle du « sort fait au droit à l’information durant cette campagne [comme d’un] symptôme inquiétant. Du refus par certains candidats des questions qui fâchent [2], libérant une violence qui ne fut pas seulement verbale, aux intolérances de leurs supporters, qui n’imaginent de presse que soumise ou partisane, cette haine du journalisme et, surtout, de son indépendance est une alarme sérieuse ». Faut-il le préciser, tandis que Mélenchon boycotte les invitations de Mediapart, Macron les honore. La première faite au futur candidat débouche, le 2 novembre 2016, sur un très long entretien au cours duquel Macron doit affronter les questions de toute l’équipe, mais surtout celles de Laurent Mauduit, qui se définit lui-même comme un « soutien critique » de l’ex-ministre de l’Économie. En mars 2017, Philippe Riès, inquiet du risque que Macron « provoque l’anathème » dans une France dont la « “culture” économique » est marquée au sceau de la « doxa étatiste », tente de démontrer que « les propositions économiques du candidat d’En marche ! procèdent d’un libéralisme très modéré [3] ».

Puis vinrent les résultats du premier tour. Et le silence de Jean-Luc Mélenchon. Si les journalistes de Mediapart n’ont pas été les premiers à attaquer Jean-Luc Mélenchon sur son refus de donner une consigne de vote pour le second tour, ils n’étaient pas les derniers pour autant.

Dans un premier temps, Plenel et ses troupes pourfendent Mélenchon pour son refus d’appeler sur-le-champ à voter Macron : « Il a réussi à transformer ce succès collectif en échec personnel », déclare Plenel sur BFMTV le 24 avril ; puis le 1er mai sur France Inter : « Il y a une erreur fondamentale de Jean-Luc Mélenchon, de ne pas prendre en compte le rapport de force. Dans sa chevauchée solitaire, personnelle, et en effet qui peut nourrir du sectarisme, de l’exclusive, de la clôture et de la fermeture, il ne prend pas conscience qu’il bénéficie d’un immense désastre. »

Enfin, deux jours avant le second tour et dans les dernières heures qui précédent officiellement la clôture de la campagne, Mediapart invite Emmanuel Macron pour ce qui a été sa derrière intervention médiatique, le 6 mai 2017. Un véritable cadeau de la part du futur président, qui, en échange, lui permettait de rameuter l’électorat de gauche. Quelques extraits d’un long entretien parfois incisif, souvent prévenant et toujours jovial :

Edwy Plenel : Nous recevons celui qui va rassembler les voix de tous ceux qui veulent dire non, non à l’extrême droite, non aux héritiers du fascisme, non aux tenants de la haine et des peurs. […] Merci d’avoir accepté notre invitation lancée il y a une semaine. Vous aviez commencé un peu votre campagne ici à Mediapart…

Emmanuel Macron : … C’est vrai…

Edwy Plenel : … par deux heures et demie d’un live avec des questions qui fâchent, des questions cash. Et d’ailleurs, une semaine après, ça vous a musclé, vous avez annoncé officiellement votre candidature. […]

Emmanuel Macron : Merci beaucoup. Moi, je suis très heureux de finir cette campagne ici parce que j’avais apprécié la liberté de ton et le respect du débat qu’on avait eu la première fois. […] La démocratie n’est pas un jeu dans lequel on gagne à chaque fois. […] Vous avez une position de principe, devoir démocratique et citoyen. […] Les ultragauche et les ultradroite ont décidé depuis le début que j’étais leur ennemi. […] Je suis le métèque de la bande. […]

Emmanuel Macron : Je continuerai à être libre. Libre. J’ai été libre de devenir un banquier d’affaires alors que je viens d’une famille où il n’y a jamais eu de banquier d’affaires depuis des générations, pas plus qu’un inspecteur des finances. J’ai été libre de quitter ce monde, qui pensait que j’étais fou, pour rejoindre qui plus est une équipe de gauche alors que tout le monde dans ce milieu est plutôt de droite. […] Donc je continuerai à être libre. Tant pis pour eux si ça ne leur plaît pas.

Edwy Plenel : Nous sommes au clair, ici. Karl Marx venait d’une famille bourgeoise allemande, il a choisi le camp des prolétaires. Il y a eu un banquier qui a été le chef de la gauche du Parti socialiste, qui a été banquier beaucoup plus longtemps que vous, qui s’appelait Emmanuelli…

Emmanuel Macron : … Je vous remercie de le rappeler.

Edwy Plenel : … et avec lequel Jean-Luc Mélenchon a milité très longtemps. Donc, on ne va pas vous assigner à résidence ici.

Durant quinze jours, comme tous ces médias – du Monde au Canard enchaîné en passant par Radio France et Les Échos – qui font parfois un travail de qualité, Mediapart a fait campagne pour Emmanuel Macron. Aussi, malgré l’habillage, Mediapart n’a pas été autant qu’il veut le faire croire « un média à part ».

Des exemples par dizaines, dans les émissions de débats, sur les ondes et dans la presse écrite, où les éditoriaux pour le vote Macron ont envahi les colonnes des journaux. Libre à chaque chroniqueur d’appeler poliment à voter Macron – surtout face au Front national –, mais on peut s’interroger sur cette absence de pluralisme dans les médias… En « posant sur le fonctionnement des médias un verre grossissant », l’entre-deux-tours de la dernière élection présidentielle a dévoilé la prétention d’une clique de journalistes à dicter aux gens ce qu’ils devaient penser (et faire), mettant à nu ses méthodes : « un prosélytisme infantilisant dont l’aspect primitif aurait même indigné le Rodong Sinmun, l’équivalent nord-coréen du Monde [4] ».

Mathias Reymond

Notes :

[1] Par exemple, le 5 mars 2015, dans un article aimablement titré « Jean-Luc Mélenchon joue à saute-cadavre », Fabrice Arfi et Antoine Perraud écrivent que, « en notre Ve République, son accès au pouvoir serait le pendant, à gauche, de ce que fut, à droite, l’expérience sarkozyste : la rencontre d’un ego effréné avec des institutions pousse-au-crime ».

[2] Souligné par nous : il est évident que sont visés Mélenchon puis les militants de la France insoumise.

[3] Philippe Riès, « Le libéralisme furtif d’Emmanuel Macron », Mediapart, 12 mars 2017.

[4] « Les bacchanales de la vertu », PLPL, avril 2005, n° 24.

Source : ACRIMED, Mathias Reymond, 24-06-2019

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Commentaire recommandé

wuwei // 06.07.2019 à 07h10

Médiapart ? Atlantiste, européiste, libéral, parfois juste un peu critique pour faire croire qu’il serait dans l’opposition à l’ordre capitaliste. Mais rien d’étonnant à cela il suffit de voir la trajectoire journalistique de Plenel et d’Arfi.

24 réactions et commentaires

  • Miss Marple // 06.07.2019 à 07h03

    Oui, et il faudra bien regarder la propagande de la presse en 2021
    avant les présidentielles de mai 2022 ….Qui allons nous voir en tête de gondole ? Une femme selon la prophétie de maître Attali….
    Marion Maréchal ?….Christine Lagarde ?…..

      +11

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    • Malbrough // 06.07.2019 à 07h12

      Une tête de liste PS , genre R. Gluksman : mêmes origines , mêmes trajectoires (alternative libérale)

        +10

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  • wuwei // 06.07.2019 à 07h10

    Médiapart ? Atlantiste, européiste, libéral, parfois juste un peu critique pour faire croire qu’il serait dans l’opposition à l’ordre capitaliste. Mais rien d’étonnant à cela il suffit de voir la trajectoire journalistique de Plenel et d’Arfi.

      +69

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    • Patrick // 06.07.2019 à 12h52

      Mitterrand avait déclaré que Plenel était l’homme des américains.

        +16

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      • jean bachelerie // 07.07.2019 à 10h42

        Exact, Roland Dumas l’écrit expressément dans ses mémoires et le dit dans un entretien diffusé sur Youtube, Plenel ne l’a jamais attaqué sur ce point!
        Pierre Péan qui avait écrit avec Cohen Le Monde d’Edwy Plenel, nous a confirmé le rôle de ce dernier qui comme beaucoup de Trotskyste par anti stalinisme, puis par anticommunisme ont servi sans état d’âme les services de l’hyperpuissance! Au nom de l’entrisme bien sûr, il faut rappeler que dés la mort de Trotsky en 1940 ses partisans se sont divisés entre les entristes, qui ont soutenu le Maréchal Pétain et ceux restés fidèles au combat révolutionnaire.
        Dés 1947 les entistes financés par les services des états unis ont participé activement à la fondation de FO et ont aidé Jules Moch dans sa chasse aux communistes….

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    • jean bachelerie // 07.07.2019 à 10h34

      C’est tout à fait juste, Fabrice Arfi s’est d’ailleurs fait remettre en place lors d’un débat sur le Média. Il faut aussi rappeler le rôle joué par Mediapart contre Denis Robert!

        +7

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    • Yannis // 08.07.2019 à 17h56

      Plenel, un as de la manipulation-désinformation sous ses positions « de gauche » grandiloquentes : https://lapartmanquante.com/2014/10/13/espoirs-grandeurs-et-deceptions-au-pays-des-mediapartiens/

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  • Fabrice // 06.07.2019 à 07h14

    Que disait apathie ? Aucune coordination, une pluralité totale, encore une fois la démonstration est faite d’un problème dans la presse d’un pluralité quasi inexistante, si les journalistes le reconnaissaient se seraient un premier pas mais ils sont dans le déni (conscient ou pas car s’interroger c’est douter de leur mode de fonctionnement ).

    Alors encore longtemps leur popularité sera celle de ceux dont ils sont si proches soit les politiciens (quasi inexistante) surtout pour ces éditorialistes qui pervertissent l’éthique professionnelle par dogmatisme, arrivisme ou conformisme ou manque de courage.

      +20

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    • Shock // 06.07.2019 à 08h01

      Tellement pluraliste que même le Canard Enchaîné a apporté sa touche (décisive?) au résultat que l’on connaît.

      Apathie n’a-t-il pas nié la fabrication de Macron?

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    • Renard // 06.07.2019 à 11h48

      Et encore dans les journaux vous avez un peu de pluralisme mais le problème c’est à la télé ou à la radio où là vous avez zéro pluralisme. Quedalle, rien, nada. C’est pas la presse écrite le problème : personne ne la lit.

        +14

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      • Tonton Poupou. // 07.07.2019 à 12h33

        La presse écrite est lue aussi. Mais tous ces pervers manipulateurs ne vivent que d’une seule chose. Leur audience ou leur vente. Alors pourquoi les regarder, les écouter et les lire ? Le masochisme serait il autant répandu et aimer que ça ? BOYCOTTEZ CES MEDIAS./…….. Et vous en serez débarrassé./

          +5

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        • Renard // 07.07.2019 à 16h41

          Le problème c’est que quand je vais au boulot le matin automatiquement je met la radio car le trajet dans le silence complet serait très ennuyant. Et là, je suis obligé d’avaler la propagande libérale via RTL, la seule radio que je capte dans mon bled.

          Moi ça va je suis complètement immunisé contre la propagande et j’aime même l’écouter pour savoir où elle en est. Mais combien de gens, combien de millions de personnes subissent la propagande sur le trajet vers le travail et le soir, en allumant la télé en rentrant du boulot ?

          Quand j’y pense je sens un gouffre s’ouvrir sous mes pieds.

          Nous sommes peu, vous savez.

            +5

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  • LBSSO // 06.07.2019 à 07h44

    Une idée à laquelle Emmanuel Macron était opposé en 2017…

    Le lendemain de la parution de cet article argumenté paru dans Acrimed,dans un entretien accordé à Reuters,le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, invite les journalistes à s’organiser pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation en créant un Conseil de l’Ordre des Journalistes.
    « Je considère qu’il doit y avoir un conseil de l’ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions ».
    Considérant que des sites tels que RT France, ou Sputnik, venus de Russie, fragilisent la démocratie, Cédric O estime qu’il y a « une obligation de résultat de la société. » « C’est aux journalistes de le faire, ce n’est pas à l’Etat de le faire, insiste Cédric O. S’ils ne le font pas, ce sera l’Etat qui le fera, au bout du bout. » Même chose pour les sanctions de médias, qui ne devraient pas revenir à l’Etat, selon lui. « Mais à un moment, devant la menace contre la démocratie, on le fera », a-t-il poursuivi. « Ce sera le CSA ou une autorité indépendante qui va décider ce qu’est une infox ou pas. »

    « Moi, depuis l’Italie des années 1930, je n’avais pas croisé ça »(*), avait déclaré… E Macron face à JJ Bourdin avant les élections.

    Depuis rétropédalage de Monsieur O,comme Ordre, face à la réaction des journalistes.

    (*) idée d’A Merlaud, conseiller régional (RN) .

      +8

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  • raloul // 06.07.2019 à 08h11

    Bonjour !

    Pour approfondir le sujet, un livre intéressant concernant les rouages de la «fabrication du consentement» autour du président français actuel: «Crépuscule» de Juan Branco.

    A lire avec recul et distance critique comme d’habitude, mais même si l’on peut douter des intentions de l’auteur, ça reste un bouquin instructif sur les réseaux à la manoeuvre.

      +17

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  • Roger // 06.07.2019 à 08h35

    Ce qui est intéressant dans la critique des media, c’est de procéder comme ACRIMED par études de cas, sans généralisation.
    La démonstration est ici implacable.
    Nous le savons au moins depuis « La fabrique du consentement », les journalistes les plus soucieux de bien faire leur travail font parti d’une activité qui fait « système » avec la domination implacable d’une oligarchie Economico-politique qui vise explicitement à contrôler l’opinion.
    Internet et les sites comme Les crises, les associations comme ACRIMED, conservent un espace de pluralisme et de véritable débat. Mais voyez comment c’est grignoté par le soi-disant « libéralisme »…

      +21

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  • , // 06.07.2019 à 09h09

    Dans les « qualités » de Médiapart, vous avez oublié que 5% – au moins – du capital est détenu par Niels, grand ami de qui vous savez.

      +23

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  • RGT // 06.07.2019 à 09h12

    « Mais, d’ores et déjà, par l’effet Macron, plus rien ne sera comme avant dans la vie politique française. »

    Pour une fois, Christophe Barbier ne s’est pas trompé… Enfin presque.

    Je dois avouer que depuis l’arrivée du « prodige » le changement a été radical avec une inflexion de la courbe descendante du niveau politique qui est désormais la chute libre.

    Les deux prédécesseurs nos avaient déjà étonnés par leurs frasques délirants, par leurs magouilles nauséabondes et leur obstination à refuser d’écouter les revendications de la population mais ils étaient des petits joueurs que regrettons désormais amèrement.

    Et dans l’entourage du président, même Vals semble désormais très modéré par rapport aux éborgneurs qui l’ont remplacé.

    Avec les deux gugusses précédents, lorsque la population soumettait une récrimination au prince, ceux-ci répondaient « j’en ai rien à foutre ».

    Désormais la réponse est plus « virile » : « Fermes-la ou tu te prends un LBD40 en pleine gueule ».

    En effet monsieur Barbier, plus rien n’est comme avant dans la vie politique française.
    Espérons seulement que ça ne dure pas.

      +33

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    • MrJoe // 07.07.2019 à 03h25

      Bah, encore trois ans. Si d’ici là, macron ne réinstaure pas le septennat avec effet immédiat.

        +4

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  • jules Vallés // 06.07.2019 à 09h21

    Allez, c’est reparti, ressasser jusqu’à la nausée le pourquoi du comment de la société du spectacle !
    Tiens, je parie qu’à la prochaine élection importante, les mêmes causes produiront les mêmes effets et que les électeurs moutons (mais plutôt poissons rouges), voteront à nouveau pour celui ou celle qui sera promu par le système…

      +16

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  • Louis Robert // 06.07.2019 à 14h17

    Il est de l’essence même de l’ « éducation » française de dire aux enfants d’abord, aux citoyens ensuite, « ce qu’IL FAUT retenir de…, penser de…, etc. ». Cette pratique semble marquer les esprits d’une façon durable. D’où l’omniprésence, dans les conversations entre Français et dans les médias français, de ces expressions… disons… «rassembleuses » qui intriguent tant, dès l’abord, l’étranger débarquant au pays de Liberté, Égalité, Fraternité. Tentons de le comprendre: lui ignorait tout de cet impératif si catégorique.

      +2

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  • Lo // 06.07.2019 à 15h25

    Le génie de la presse en France est de faire croire aux français qui la lisent qu’ils sont cultivés alors qu’ils sont dans une situation de désinformation pire que s’ils ne lisaient rien du tout.

      +16

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  • Dominique Gagnot // 07.07.2019 à 00h15

    Et les élections présidentielles ?

    Elles sont capitales !
    Elles donnent les apparences d’une parfaite démocratie : chaque citoyen peut être candidat (sous réserve d’obtenir le parrainage de « grands électeurs »…), et tout le monde peut voter bien que beaucoup n’en voient plus l’intérêt et depuis des décennies…
    Les travailleurs, pourtant nettement plus nombreux, n’ont en effet aucune chance de voir un hypothétique représentant les gagner.

    Car les dés sont pipés : les propriétaires disposent de tous les atouts pour emporter à coup sûr, peu ou prou, la victoire, sans même parler de leurs moyens financiers pratiquement illimités.

    Longtemps avant l’appel aux urnes, les propriétaires auront repéré leurs poulains (plusieurs par sécurité…) parmi les citoyens aspirant à de « hautes responsabilités », et dont la prétention n’a d’égale que la vacuité de la pensée.
    D’opportunes responsabilités, généralement ministérielles, les propulseront ensuite en permanence à la une des médias.  

    note – Tous les présidents ont été nommés au préalable dans un précédent gouvernement, et ce depuis Georges Pompidou qui fut Premier ministre du général de Gaulle (à l’exception de François Hollande qui ne fut que président du groupe PS à l’Assemblée nationale, et candidat à la présidentielle en remplacement de Dominique Strauss-Kahn, empêché).

    …/…

      +1

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    • Dominique Gagnot // 07.07.2019 à 00h17

      …/…

      Assis dans leurs fonctions, ils auront alors eu le loisir de se construire l’image d’un « dirigeant » : cela passe par une gestuelle noble, le regard dominateur, l’intonation affirmée, un calme olympien face à l’adversité.
      Et surtout la capacité à dire éventuellement le contraire de ce qu’ils pensent avec des accents de profonde sincérité, car le grand nombre n’a évidemment pas à connaître le sort qui lui sera réservé. Ne restera plus ensuite qu’à choisir le « meilleur » d’entre eux, le moment venu.
      Tandis que le camp des travailleurs, lorsqu’il est représenté, devra se contenter des miettes médiatiques qu’on voudra bien lui laisser.

      Dans le même temps, de sorte à rendre vaine toute réelle opposition, on mettra en lumière des adversaires inoffensifs , mais capables d’attirer les voix des mécontents, toujours plus nombreux au fil des élections.
      Comme pour vendre une lessive, tout est dans l’emballage et la promotion. Le public n’en demande pas plus, d’autant qu’il n’est préparé à rien d’autre.

      note – Une « élite » doit se distinguer du vulgum pecus. D’où le décorum dont ils s’affublent. Notre monde « civilisé » a fait sienne cette exigence, qui commence par le port de la cravate…

      (Maréchal Lepen devrait donc bientôt entrer au gouvernement…)

      Extrait de « COMPRENDRE L’ARNAQUE CAPITALISTE, IMAGINER LE SYSTÈME D’APRÈS ». PDF gratuit : http://bit.ly/capitalisme

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  • Serge F. // 07.07.2019 à 00h47

    « Sa conception du rôle de l’État n’est pas tournée vers le désengagement et ses idées sur les relations sociales procèdent au mieux (vu de gauche) d’une tradition rocardo-CFDT d’inspiration scandinave, au pire schröderienne, mais pas du tout de l’ultra-libéralisme d’une Margaret Thatcher, par exemple ! »

    Dites-moi, Thomas Legrand est bien journaliste ? Que pense-t-il de ceci :

    Dans le journal Le Point daté du 7 octobre 2016, Mathieu Laine, un proche de Macron, a déclaré « Je suis admiratif de cette femme, l’une des plus grandes réformatrices de notre temps. Si tout n’était pas parfait, Thatcher a objectivement sauvé son pays. Nous avons beaucoup à apprendre d’elle. » Et à la question « Y a-t-il des « thatchériens » parmi nos politiques ? », il répondit « Le seul à l’invoquer est François Fillon, dont je salue la lucidité et l’audace économique. Celui qui me semble incarner le mieux ce rapport assaini entre convictions profondes, envie de changement et primat de la liberté est Emmanuel Macron. Bien sûr, les différences avec Thatcher ne manquent pas – sur l’Europe ou la notion de société. Il a aussi à cœur de mieux accompagner les perdants provisoires de la mondialisation. Mais son désir de réactiver la mobilité au mérite, de déverrouiller les blocages et de restaurer une juste concurrence, ainsi que son approche décomplexée de l’individualisme, du succès et du nouveau monde font de lui un authentique réformateur « à la française ». »

    https://laetitiastrauch.com/2016/10/06/mathieu-laine-thatcher-quelle-magnifique-lecon/

    Le 13 mai 2017, Il a déclaré, dans la revue The Economist, qu’Emmanuel Macron était prêt pour son moment Thatcher.

    https://www.economist.com/taxonomy/term/29/0?page=49

      +2

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