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23.novembre.202423.11.2024 // Les Crises

Stefanik nommée par Trump à l’ONU : une victoire pour les partisans de la guerre

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Le président élu Trump a désigné la représentante du parti GOP de New York, Elise Stefanik, comme ambassadrice auprès des Nations unies. Cette nomination est l’une des premières nominations importantes que Trump a faites depuis qu’il a remporté l’élection la semaine dernière. Stefanik est une fidèle de Trump depuis son premier mandat et elle a été l’une des plus ferventes partisanes de la guerre à Gaza au cours de l’année écoulée.

Source : Responsible Statecraft, Daniel Larison
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Différentes factions du Parti républicain se sont affrontées sur l’orientation de la politique étrangère de Trump, et le choix de Stefanik semble être une victoire évidente pour les faucons purs et durs. En plaçant Stefanik à l’ONU, Trump semble indiquer au monde qu’il ne se soucie pas nécessairement de l’isolement des États-Unis et d’Israël en raison des guerres à Gaza et au Liban.

Élue pour la première fois en 2014, la députée Stefanik, 40 ans, est considérée comme une étoile montante du parti républicain. Avant d’être élue au Congrès, elle a travaillé au sein du groupe de réflexion de la Fondation pour la défense des démocraties et de l’Initiative de politique étrangère, cofondée par Bill Kristol et Robert Kagan.

Elle a ensuite été remarquée au niveau national lorsqu’elle a défendu Trump lors de sa première mise en accusation, après quoi elle est devenue l’un de ses plus fidèles soutiens. La décision de Trump de l’envoyer à l’ONU est clairement une récompense pour ses années de loyauté. Stefanik n’a pas de formation en relations internationales ou en diplomatie qui la préparerait à représenter les États-Unis au sein de l’organisme international, mais l’objectif de son envoi est probablement de déclencher des conflits avec d’autres États plutôt que d’essayer de les résoudre.

Des présidents Républicains ont déjà nommé des ambassadeurs hostiles aux Nations unies. Reagan a confié le poste à Jeane Kirkpatrick, George W. Bush a choisi John Bolton (mais a dû se contenter d’une nomination de vacances) et Trump a nommé Nikki Haley au cours de son premier mandat. Si elle est confirmée, Stefanik suivra probablement ses prédécesseurs républicains dans leur aversion pour l’institution.

Toutefois, contrairement à Nikki Haley, Stefanik n’essaiera pas de mener sa propre politique étrangère depuis New York. Stefanik ne rencontrera que peu d’obstacles pour être confirmée par le Sénat. Les Républicains contrôleront la chambre, et il est peu probable qu’elle soit confrontée au type d’opposition organisée que Bolton a dû affronter il y a près de vingt ans.

En tant que membre du Congrès, Stefanik a sévèrement critiqué les Nations unies, qualifiant l’institution d’antisémite chaque fois qu’elle a donné aux Palestiniens l’occasion d’exprimer leurs griefs ou de faire pression sur Israël au sein de l’Assemblée générale. Elle a dénoncé l’administration Biden pour son échec supposé dans la lutte contre l’antisémitisme à l’ONU.

Stefanik a pris la tête de la campagne visant à dénigrer les manifestants anti-guerre sur les campus universitaires en les qualifiant d’antisémites, et elle a joué un rôle dans les pressions exercées sur les présidents des universités de l’Ivy League pour qu’ils répriment les manifestations organisées dans leurs établissements. Elle a également soutenu la suppression du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), l’agence qui joue un rôle essentiel dans la fourniture d’une assistance humanitaire aux civils palestiniens de Gaza.

Stefanik s’est distinguée comme l’un des membres du Congrès les plus extrêmement anti-palestiniens.

Comme Trump, Stefanik s’est opposée à l’accord nucléaire avec l’Iran dès le début. Elle s’est récemment jointe à ses collègues républicains pour appeler à un « retour à une campagne de pression maximale contre l’Iran ». Elle a réitéré cet appel cette semaine. Les ambassadeurs auprès de l’ONU ont généralement peu d’influence sur l’élaboration de la politique, mais le choix de Stefanik est cohérent avec les informations selon lesquelles Trump envisage de mener une politique plus agressive à l’égard de l’Iran au cours de son nouveau mandat.

La nomination de Stefanik met un bémol à la nouvelle selon laquelle Mike Pompeo et Nikki Haley ne feront pas partie de la nouvelle administration. Trump ne reprend peut-être pas toutes ses anciennes nominations, mais il continue de s’entourer de partisans de la ligne dure. Dans la mesure où le personnel est la politique, cela n’augure rien de bon pour la politique étrangère de la nouvelle administration.

*

Daniel Larison est chroniqueur régulier à Responsible Statecraft, rédacteur en chef adjoint à Antiwar.com et ancien rédacteur en chef du magazine The American Conservative. Il est titulaire d’un doctorat en histoire à l’université de Chicago. Il écrit régulièrement pour sa lettre d’information, Eunomia, sur Substack.

Les opinions exprimées par les auteurs sur Responsible Statecraft ne reflètent pas nécessairement celles du Quincy Institute ou de ses associés.

Source : Responsible Statecraft, Daniel Larison, 11-11-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Suzanne // 23.11.2024 à 12h53

Les partisans de la guerre nous fatiguent. Un projet de loi pour les obliger à être mobilisés eux-mêmes s’ils se déclarent en faveur?

8 réactions et commentaires

  • Gracques // 23.11.2024 à 10h07

    Et entre la politique économique agressive des states ,leur future politique étrangère unilatérale et le mur chinois …. quid des marges de manœuvres d un état national comme la France?
    Étant plus ou moins « souverainiste » voulant desserer la contrainte europeenne, je me pose la question….
    L avenir n est pas rose….

      +6

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  • Ecofil // 23.11.2024 à 12h04

    Tout cela c’est du Pipo pour pouvoir encenser le fait que Trump est pour la guerre. On sait très bien que Trump est très favorable à l’état d’Israel et donc qu’il y a peu de chance qu’il mette des bâtons dans les roues de Nethanyau (quoique?). Et en généralisant et en titrant qu’il est pour les guerres par la nomination de cette femme pro-israélienne , on fait tout simplement de la désinformation .Le bashing continue bien…

      +4

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  • Suzanne // 23.11.2024 à 12h53

    Les partisans de la guerre nous fatiguent. Un projet de loi pour les obliger à être mobilisés eux-mêmes s’ils se déclarent en faveur?

      +16

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    • DVA // 23.11.2024 à 14h10

      Un projet de loi pour les obliger à être mobilisés eux-mêmes s’ils se déclarent en faveur de guerres avec leurs familles et amis hein !

        +7

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  • DVA // 23.11.2024 à 14h15

    Sourire…La Russie envoie un message clair aux USA avec son missile et la Chine un autre car elle a émis deux nouvelles obligations en dollar US…https://agefi.com/actualites/marches/la-chine-a-emis-deux-nouvelles-obligations-en-dollar
    Imaginons que si la Chine intensifie ses opérations et, au lieu d’émettre des obligations d’une valeur de 2 milliards de dollars, elle commence à en émettre des dizaines ou des centaines de milliards, cela signifierait pour les USA que la Chine serait en concurrence avec le Trésor américain sur le marché mondial du dollar. Et donc, au lieu que des pays comme l’Arabie saoudite recyclent automatiquement leurs dollars en obligations du Trésor américain, ils pourraient les investir dans des obligations chinoises en dollars qui rapportent le même taux causant de facto la création d’un système parallèle du dollar dans lequel la Chine, et non les États-Unis, contrôlerait une partie du flux de dollars. Les États-Unis continueraient d’imprimer les dollars, mais la Chine en déciderait de plus en plus. Dangereux ?

      +5

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  • DVA // 23.11.2024 à 14h18

    …, si la Chine aide les pays des BRICS à régler leurs dettes en dollars tout en s’arrangeant pour être remboursée en yuans, en ressources stratégiques ou par le biais d’accords bilatéraux, cela pourrait créer plusieurs avantages pour elle :1. Réduction de l’excès de dollars : La Chine pourrait utiliser ses importantes réserves de dollars pour aider d’autres pays à régler leurs dettes, diminuant ainsi son exposition au dollar américain.
    2. Échapper à la dépendance au dollar : En permettant à ses partenaires de rembourser en yuans ou en ressources stratégiques, la Chine contribuerait à réduire la dépendance de ces pays vis-à-vis du dollar américain, renforçant ainsi l’usage du yuan dans les transactions internationales.
    3. Intégration économique renforcée : En établissant des accords bilatéraux et en recevant des paiements en ressources ou en yuan, la Chine pourrait renforcer ses liens économiques avec ces pays, créant une relation économique plus étroite et réduisant l’influence des États-Unis dans ces régions.Cela pourrait donner à la Chine une influence accrue et un rôle plus central dans le système financier international, tout en affaiblissant le rôle dominant du dollar américain. Cela pourrait avoir des implications profondes sur les relations économiques et géopolitiques mondiales…

      +5

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  • La Mola // 23.11.2024 à 19h04

    TOUS les présidents US ont déclenché et/ou attisé des conflits/sanctions unilatérales mortifères… depuis des décennies

    parmi leurs opposants, j’apprécie particulièrement le mouvement CODEPINK* des féministes pour la paix pour leur activisme et leur « franc parler ».
    cette semaine, sur une loi qu’elles qualifient de « raciste » pour une campagne maccarthyste à l’encontre des Chinois installés aux USA

    https://www.codepink.org/china
    https://www.codepink.org/news

    * CODEPINK fait référence aux dites « révolutions de couleur ».. vues en rose^^

      +2

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  • Fritz // 24.11.2024 à 12h23

    Le vrai danger de guerre, c’est la surenchère des USA pour armer leur base avancée ukrainienne contre la Russie, et le refus du bloc occidental de reconnaître sa défaite en Ukraine. Ce danger extrême va durer jusqu’au 20 janvier 2025, tant que l’administration Biden sera aux affaires.

    Et on nous dit avec cet article que le danger, c’est le méchant Trump qui nomme une méchante ambassadrice.

    Ce genre d’article est lunaire, voire interstellaire.

      +0

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