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16.novembre.201416.11.2014 // Les Crises

[Reprise] BHL expulsé de Tunisie pour “trouble à l’ordre public”

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Arrivé à Tunis vendredi soir, le philosophe français, Bernard Henri Lévy, devait assister, le dimanche 2 novembre à Hammamet à une conférence sur la situation en Libye, un sujet qui lui tient à cœur depuis qu’il a milité en faveur de l’intervention franco-qatarie sous le rêgne de Nicolas Sarkozy. La réunion a été organisée par le représentant d’Ennhadha aux Etats Unis, Radwan Masmoudi, président de l’association « Islam et Démocratie ». Mais hélas pour BHL, sa diplomatie parallèle n’est pas du gout du gouvernement tunisien qui l’a prié de reprendre l’avion vers Paris pour « trouble à l’ordre public ».

Nous voici au coeur des réseaux entre une partie de l’administration américaine, les Frères Musulmans en Tunisie et en Libye et des hommes d’affaires véreux qui arrosent tout ce petit monde. BHL devait assister, le dimanche 2 novembre, à une conférence sur la Libye organisée à Hammamet, la plus grande ville trouristique de Tunisie, par un certain Masmoudi, le représentant du mouvement ides islamistes tunisiens, Ennhadha, aux Etats Unis et le président de l’association Islam et Démocratie.

La réunion était parrainée par un homme d’affaire douteux, Chafik Jarraya, surnommé « la Banane », en raison du monopole d’import-export qu’il a obtenu sur ce fruit. Cet affairiste à multiples bandes est devenu un entrepreneur prospère grace aux contrats qu’il obtint en Libye à l’époque de Kadhafi et avec l’appui du clan Trabelsi, du nom de l’épouse de Ben Ali, qui regroupait les moins recommandables des familles alliées à l’ancien régime. Et voici « la Banane » qui, depuis quatre ans, a lancé à Tunis deux journaux en arabe pour soutenir les islamistes d’Ennhadha et qui est connu pour finnancer les Frères Musulmans et quelques autres candidats aux présidentielles en Tunisie.

En eaux troubles

Lors de la résunion d’Hammamet du 2 novembre, BHL devait notamment rencontrer Adelhakim Belhadj, le chef des Frères Musulmans libyens et l’homme du Qatar, dont le plus fidèle allié à Tunis s’appelle…Chafik Jerraya. Que du beau monde! Le plus surprenant est que Belhadj est interdit de séjour officiellement en Tunisie. Le ministère tunisien de l’Intérieur refuse de lui accorder le moindre visa et s’il rentre tout de même en territoire tunisien, notamment pour se faire soigner, c’est avec l’appui des dirigeants d’Ennahdha…mais illégalement. Comment Belhadj peut-il dans ces circonstances assister à une conférence officielle à Hammamet? Y rencontrer des personnalités tellles que BHL? Et bénéficier du soutien des dirigeants d’Ennahdha organisateurs de cette réunion?

Ce n’est pas la première fois que BHL rencontre monsieur Belhadj. Lors du voyage éclair que le philosophe et « sauveur de la Libye »avait effectué à Tripoli le 22 mai 2014 et dont la presse n’avait pas parlé, le niveau de sécurité autour de sa personne avait été assuré par les milices islamistes qui règnent sur la ville sous le commandement de Belhadj. Les deux hommes s’étaeint longuement entretenu.

Du neuf avec de l’ancien
Sans mandat officiel, sauf le sauf conduit que constitue son amitié avec Laurent Fabius, BHL avait joué, lors de ce discret déplacement, aux faiseurs de roi, en proposant la nomination d’un gouvernement idéal. Le Premier ministre, selon lui, devrait redevenir l’ancien chef de gouvernement Zeidan. Le ministre de l’intérieur qui aurait ses faveurs est Abdelhakim Belhadj, l’homme du Qatar à Tripoli qui règne sur quelques centaines de miliciens islamistes et surveille les principaux lieux de détention de la capitale libyenne. Rien de tout cela n’a évidemment été suivi d’effets.

Personnalité sans mandat officiel ni rang institutionnel, Belhadj est aujourd’hui l’un des personnages les plus puissants du pays. Autrefois honni et traqué, il est aujourd’hui incontournable. Après avoir été financé et soutenu par le Qatar à la veille de la révolution, il multiplie depuis les déplacements à l’étranger pour consolider sa position de force à l’intérieur du pays et laisse entendre qu’il s’est éloigné de Doha, qui est soupçonné de financer l’Etat islamique.

Très proche du président turc Recep Tayyip Erdogan et des islamistes de Tunisie, notamment de Ghannouchi, le chef d’Ennahdha, l’ami Belhadj a surtout ses entrées à Washington. Mais ce fin politique sait ne pas être prisonnier de ses allainces. Plus récemment, le chef des islamistes libyens a même été reçu par des hauts responsables algériens et par Jacob Zuma, le président d’Afrique du Sud. Alger et Pretoria comptent sur lui pour contrôler, voire réprimer, les jihadistes libyens violents et rétablir un semblant d’ordre dans le chaos. Retournement de situation étonnant quand on connait le curriculum d’Abdelhakim Belhad. A seulement 22 ans, Abdelhakim s’expatriait dans le Peshawar, au nord du Pakistan, où il suivait l’entraînement militaire et spirituel qu’organisent Abdallah Youssef Azzam et Oussama Ben Laden, les deux créateurs d’Al-Qaida.

BHL dégage!

La présence de BHL en Tunisie aura été d’autant plus surprenante qu’il ne s’est jamais intéressé à ce pays ni dans ses écrits ni dans ses chroniques. Sous Ben Ali, BHL n’a jamais dénoncé les dérives du régime, pas plus qu’il ne s’est penché depuis sur la formidable transition démocratique tunisienne. Autant son soutien aux généraux algériens, à qui il a consacré deux longs articles dans « le Monde » bourrés d’erreurs, est connue, autant son indifférence à la Tunisie est totale. Aussitôt connue son arrivée à Tunis, de nombreux tunisiens se sont massés à l’aéroport avec un seul mot d’ordre: « Dégage ». En revanche, ce tigre de papier et va-t-en guerre a pris fait et cause pour la guerre en Libye. IL aura été le propagandiste zélé de l’intervention franco-anglaise, soutenue par le Qatar. Après le départ de Kadhafi, il ne s’est illustré que par une volonté suspecte de rapprocher le CNT libyen de l’époque, qui luttait contre Kadhafi, de la diplomtie israélienne.

Cet automne, le bide de sa dernière pièce de théatre à « l’Atelier » l’avait rendu amer et silencieux. L’expulsion de Tunisie n’est pas exactement le « come back » dont il rèvait. Philosophe enseigné dans aucune unoversité, journaliste mêlant le vrai du faux, cinéaste de raccroc, écrivain sans oeuvre littéraire, guerrier sans aucune fait d’armes, BHL est juste au nout de ses impostures. La Tunisie ne s’y est pas trompé qui sait ce qu’en matière sécuritaire, l’incendie allumé en Libye par BHL, Sarkozy et le Qatar comporte aujourd’hui encore des risques majeurs pour l’ensemble de la région

Dimanche 2 novembre, dans une interview accordée au Point.fr BHL, s’est expliqué :

Voici sa « vérité » sur son voyage en Tunisie :

Comment un simple aller-retour de Bernard-Henri Lévy à Tunis devient une véritable affaire d’État… Venu pour rencontrer des personnalités libyennes à l’hôtel La Résidence, le philosophe s’est retrouvé au centre d’un maelström où la rumeur et la malveillance ont pris le pas sur la vérité et la diplomatie. On a dit tout et son contraire sur ce voyage éclair… BHL rétablit la vérité et s’étonne d’une telle désinformation…

Le Point.fr. : Vous rentrez de Tunisie. On a lu des choses folles dans la presse. Que s’est-il vraiment passé ?

BHL : Factuellement, pas grand-chose. Quelques dizaines d’islamistes ou, peut-être d’exilés kadhafistes, qui m’attendaient à l’aéroport et s’indignaient de voir un « sioniste » (sic) poser son sale pied sur le sol du pays. Mais l’événement, s’il y en a un, c’est ce qui a suivi. Et c’est ce vent de haine et de folie qui s’est mis à souffler dans les rédactions, sur la Toile, sur les réseaux sociaux. En quelques heures, j’étais devenu, dans le meilleur des cas, je veux dire dans les journaux convenables, un « intellectuel juif », ou un « agent sioniste », venu semer le désordre et déstabiliser, à moi tout seul, la jeune démocratie tunisienne. Dans le pire des cas, c’est-à-dire sur certains blogs, j’étais un « chien », une « vermine », un « vampire qui se nourrit du sang arabe », un type qu’il fallait « lyncher » si on le rencontrait – j’en passe et des meilleures…

Quel était le but de votre séjour en Tunisie ?

Une chose très simple. Rencontrer, dans un hôtel, au vu et au su de tous, dans la plus parfaite transparence, des amis libyens sortis exprès de Tripoli, Benghazi, les villes du Djebel Nefousa, Misrata, Zaouia, afin de poursuivre en terrain neutre, et avec moi, le dialogue de réconciliation nationale. Mais, d’un seul coup, dans cette opinion devenue folle et biberonnée au conspirationnisme le plus débile, j’avais un agenda secret qui était, pour les uns, de rencontrer les islamistes d’Ennadha ; pour les autres, de participer, en compagnie, si j’ai bien compris, d’un des pires islamistes radicaux de la région, à une conférence dont je n’avais, évidemment, jamais entendu parler ; pour les troisièmes, de comploter contre le régime issu des élections de la semaine dernière et, pourquoi pas, de le renverser. J’étais le complot sioniste à moi tout seul. L’incarnation des noirs desseins de l’étranger. J’étais, non plus un écrivain, mais un agitateur professionnel sur les « agissements » de qui des groupes de crétins se mettaient à réclamer l’ouverture d’une enquête judiciaire. Tout ça est à se tordre de rire. Mais, en même temps, je n’ai pas tellement envie de rire. Car ce qui se passe en Tunisie est, par ailleurs, tellement important – tellement beau et tellement important – qu’on est triste de voir des braillards, ou des gens sérieux, mais devenus dingues, partir dans ce genre de délires et salir ce que les démocrates tunisiens ont tant de peine à construire.

On dit que vous avez fini par être expulsé…

Vous plaisantez ! Vous imaginez un citoyen français expulsé comme ça, sans raison, par un pays ami et, de surcroît, démocratique ? Et où en serions-nous si les autorités tunisiennes, sorties victorieuses de leur bataille électorale contre les obscurantistes et les nostalgiques de la dictature, cédaient à la pression, je ne dis même pas de la rue, mais de quelques poignées de fanatiques drogués à l’antisémitisme le plus enragé ? Non. Tout cela est grotesque. Je suis parti quand ma réunion libyenne s’est terminée. Et les autorités tunisiennes, pour ce que j’en ai vu et su, se sont comportées de façon parfaitement normale.

Dans les réactions hostiles à votre venue, il y avait aussi l’extrême gauche…

Sans doute, oui. Mais l’extrême gauche a le même problème partout. En Tunisie, elle a eu son époque où elle soutenait les islamistes. Puis, celle où la dictature Kadhafi lui semblait un moindre mal. Puis, maintenant, elle a des indulgences pour Bachar el-Assad. Et quant au complotisme antisémite… Allons. On ne va pas mettre de l’huile sur le feu. Je dirai juste qu’il y a, dans cette extrême gauche, un vrai problème de culture politique, juste de culture politique et de niveau. Mais comment faire autrement quand on sort assommé de décennies de tyrannie et de bourrage de crâne?

Comment expliquez-vous qu’une telle polémique soit née ?

On vit une époque folle. Plus personne ne vérifie quoi que ce soit. Les gens écrivent, de plus en plus, n’importe quoi. Y compris en France où un site comme Rue89 a quand même réussi à écrire, sans prendre la peine de checker leur information en téléphonant, par exemple, à l’intéressé, que BHL « serait en Tunisie pour voir le Libyen Abdelhakim Belhadj et l’islamiste tunisien Rached Ghannouchi » – c’est-à-dire, si je peux me permettre, ce qu’il y a de moins fréquentable sur les scènes politiques libyenne d’un côté, tunisienne de l’autre.

Un incident comme celui-ci vous paraît-il infirmer l’idée que la Tunisie est le premier pays des révolutions arabes à avoir réussi sa transition démocratique ?

Bien sûr que non. J’ai été parmi les premiers, en janvier 2011, à saluer l’héroïsme de ce peuple, qui, en solidarité avec un petit marchand de Sidi Bouzid immolé par le feu, s’insurgeait contre un pouvoir que l’on pensait invincible. Et je me souviens avoir relayé, à l’époque, les appels à « hacker » les sites officiels de Ben Ali ! Tout cela, je ne le regrette pas une seconde. Et la Tunisie, encore une fois, va dans le bon sens. Simplement, on constate une fois de plus qu’une démocratie, ce n’est pas seulement des élections. C’est aussi une culture. Une révolution lente des mentalités. Des digues contre la boue qui, elle aussi, profite de la liberté pour remonter à la surface. Et il reste en Tunisie, comme dans le reste du monde arabe, beaucoup à faire de ce point de vue.

Source : mondafrique


« BHL, allez-vous-en, et ne revenez plus jamais »

Bernard-Henri Lévy a consacré son déjeuner du samedi 1er novembre à une réunion organisée en Tunisie avec des hommes politiques libyens. Au grand étonnement – et mécontentement – des Tunisiens.

Que vient faire Bernard-Henri Lévy en Tunisie ? interroge le site tunisien d’information Leaders. La question est sur toutes les lèvres depuis l’arrivée à Tunis, dans
la nuit du vendredi 31 octobre, de BHL, pour une visite qui aura duré vingt-quatre heures.

Des Tunisiens embarqués à bord du même avion que BHL auraient prévenu leurs compatriotes de cette arrivée. Résultat : quelques dizaines de manifestants se sont mobilisés pour accueillir le philosophe français à
l’aéroport avec des pancartes : BHL, dégage. Toutefois, BHL a pu entrer dans le pays. Et, selon son amie Liliane Lazar, professeur à la Hofstra University, à Long Island, Bernard-Henri Lévy était à Tunis pour… déjeuner avec des ‘amis libyens’,
enchaîne Kapitalis.

Liliane Lazar a publié sur le blog de BHL la photo du fameux déjeuner, à l’hôtel The Residence Tunis, à Gammarth, où l’on voit, aux côtés de M. Lévy, Fadil Lamine, président du Conseil de dialogue national libyen ; Gilles Hertzog, compagnon de tous les combats du philosophe français ; Waheed Burshan, que ce dernier avait rencontré dans le djebel Nefoussa du temps de la révolution libyenne ; et Nouri Cheriou, grande figure des Amazighs libyens, poursuit le site d’information.

Tout cela est louche

Et de s’indigner : La moindre des politesses (ou des précautions), de la part de M. Lévy, aurait été d’informer les autorités tunisiennes de son arrivée à Tunis, de l’objet de sa visite et de l’identité des personnes qu’il comptait rencontrer, car M. Lévy, grand Narcisse devant l’Eternel, sait que son auguste personne – ex-émissaire en Bosnie, en Afghanistan, au Kurdistan irakien, en Libye… excusez du peu ! – ne saurait passer inaperçue, dans un pays en transition politique, et qui fait face à des menaces terroristes, surtout que le ‘philosophe de la guerre’ comptait rencontrer des personnes impliquées dans une guerre qui se déroule aux frontières de la Tunisie. Ne pas informer le pays hôte d’une rencontre si importante pouvait susciter des interrogations, voire des suspicions… Et c’est déjà le cas.

Avant de soulever un autre point important : l’ambassadeur de France à Tunis, François Gouyette, était-il informé de cette visite pour le moins impromptue ?. En tout cas, Mongi Hamdi, chef de la diplomatie tunisienne, a déclaré que son ministère n’avait pas été informé de cette visite pour le moins bizarre, ajoutant qu’il n’était lui-même absolument pas au courant. D’ailleurs, le gouvernement tunisien a ouvert une enquête sur cette visite. Tout cela est louche, trop louche, aux regards des Tunisiens, qui ont réussi leur transition démocratique sans aucune ingérence étrangère et sont en passe de réussir leur seconde alternance démocratique en trois ans.

BHL continue ses conspirations

Sur le même ton, Business News souligne : Les Tunisiens connaissent très bien les ingérences de BHL en Libye et sa participation dans le drame actuel que vivent nos voisins et que sieur BHL appelle ‘révolution, démocratie et liberté’. De Tunis, on voit plutôt l’anarchie, l’insécurité et la dictature religieuse en marche accélérée pour ne pas dire le début de guerre civile. BHL poursuit son œuvre et continue ses conspirations avec les Libyens sur la terre tunisienne en pleines élections législatives et présidentielle. Tout cela s’appelle de la conspiration et invite à la suspicion.

La démarche de BHL ne servira qu’à alimenter la fausse image et les mauvaises analyses qu’a l’intelligentsia française et certains de ses politiques de la Tunisie, de sa révolution, de ses jeunes et de sa toile.

La Tunisie n’est ni la Libye ni la Syrie

Pour le site Leaders : BHL est arrivé dans l’urgence et la crainte de voir ce pays, aux 3 000 ans d’histoire, servir d’exemple au reste du monde arabe, ce qui risquerait sans doute de poser des problèmes à Israël, dont il défend ‘à la vie à la mort’ les intérêts avec sa langue fourchue et sa plume empoisonnée. Ce qui est sûr, c’est que lorsque BHL foule le sol d’un pays arabe, c’est pour servir Israël, et au passage porter un coup d’arrêt si possible à tout processus positif dans ces pays. Mais la Tunisie n’est ni la Libye ni la Syrie, qui subissent jusqu’à ce jour les conséquences de ses tragiques interventions.

Et de conclure : Monsieur Lévy, si vous cherchez des ruines et des cadavres pour vous mettre en valeur, vous vous êtes trompé de destination. Nous n’oublions pas votre indifférence à l’égard des massacres perpétrés par Israël à Gaza. Nous n’oublions pas vos tribunes enflammées pour la défense d’Israël, nous n’oublions pas votre intervention désastreuse en Libye… Nous n’oublions pas…

La Tunisie est un pays à part, un pays qui vit, un pays que votre monde et vos médias ne peuvent plus atteindre. Un pays qui défendra la Palestine et le peuple palestinien ‘à la vie, à la mort’. Alors allez-vous-en, et ne revenez plus jamais.

Source : le Courrier international


Les lourds secrets de BHL en Libye

Mondafrique a enquêté sur les amis libyens de Bernard-Henri Lévy et notamment Waheed Burshan, ancien membre du Conseil national de transition libyen qu’il a rencontré dans le Djebel Nafoussa lors de l’intervention franco-anglaise de 2011 contre Mouammar Kadhafi. Longtemps exilé à Chicago où il a défendu les intérêts des entreprises qatari, Burshan fut l’une des personnalités soutenues par la CIA et Doha pour reprendre les rênes de l’Etat libyen après la chute du « Guide ».

Pendant longtemps Bernard-Henri Lévy n’a été que ridicule. Avec parfois une pointe d’odieux dans la série de ses mensonges, dans sa vie inventée et mise en scène façon série B. Un seul exemple pris dans la pile, quand il affirmait avoir livré des postes de radio au commandant Massoud en 1982. Mais la vie est comme la littérature, il lui faut bien des imposteurs ; leur existence gratifie les hommes courageux et discrets. Depuis qu’il a quitté le seul ridicule pour devenir complice des bombardiers, il a cessé de nous amuser. C’est ce qu’ont compris les tunisiens de la « société civile » qui, vendredi 31 octobre, ont réservé à ce pitre une standing ovation. Aux cris de « BHL dégage ! ». Reprenant ainsi les mots utilisés pour chasser Ben Ali.

Dehors, le clown.

Prié par le pouvoir, après une nuit passée à « La Résidence », le palace de Tunis, de rentrer au plus vite en France, le vieux philosophe la queue entre les jambes, s’est quand même gentiment assis dans un jet pour filer. A Paris, où ses points de chute médiatiques sont aussi nombreux que les relais de poste à l’époque des diligences, les affidés de BHL se sont mis au travail. Leur ordre de mission, leur story telling : donner son vrai sens à l’expulsion du génie du Flore.

C’est Liliane Lazar qui, depuis sa chaire (bien faible) de « professeur à Hofstra Univesity », USA, ouvre le premier barrage de contre-artillerie. C’est bien normal, depuis Long Island Liliane voit tout, sait tout de ce qui se passe en Tunisie. Ses mots sur le voyage de BHL sont donc du béton : l’ami de Nicolas Sarkozy ne s’est rendu au pays du jasmin que pour discuter, sur un mode fitzgéraldien, avec quelques amis dans le hall d’un palace et dans la fumée des cigares. Des amis libyens. Exploits, tant l’espèce est introuvable, des démocrates pas du tout islamistes.

De BHL à Gulliver

Pauvre Liliane qui, comme souvent quand les serviteurs veulent trop bien faire, se prend les pieds dans le tapis. Ainsi, en légende d’une photo où l’on voit le romanquêteur entouré de ses gens, la professeure nomme l’un des convives comme étant « Djebel Nefousa ». Éclat de rire général : « Monsieur Djebel Nefousa » n’existe pas, il s’agit du nom d’un haut plateau libyen proche de la frontière tunisienne où, aux côtés de conseillers qataris et français, les islamistes rebelles à Kadhafi ont préparé leur raid vers Tripoli. Avec à leur tête le si charmant et démocrate Abdel Hakim Belhadj, le prince du djihad et agent de Doha. C’est aujourd’hui ce grand maître barbu qui règne sur Tripoli. Liliane confond un homme et une montagne… ce qui devrait la pousser bientôt à s’intéresser plus aux voyages de Gulliver qu’à ceux de BHL.

Dans la brigade de défense de l’homme de Dombasle, qui ne manque pas de bras, après Liliane, le pompon revient à Jérôme Béglé. C’est un courtisan mondain et ne sachant pas écrire, qui a fini par trouver une écuelle au Point. Bien entendu, Jérôme pratique l’art où il excelle, servir la soupe. Même dans ses questions, aussi vides qu’un théâtre où se joue du BHL, on remarque le style du maître. Là notre phare de la nouvelle philo, mais aussi journaliste donc attaché à la vérité, décrit la petite foule qui l’attend à l’aéroport : « Quelques dizaines d’islamistes ou, peut être, d’exilés kadhafistes »… Voila, crier « BHL dégage ! » est une offense à trois coups, c’est être islamiste, antisémite et aimer les dictateurs. Ceux qui faisaient le pied de grue en attente du génie sortant de l’Airbus, et que nous connaissons comme des tunisiens laïcs, des citoyens de la société civile, vont apprécier l’injure.

Djebel or not Djebel

Dans l’Express où BHL a aussi son rond de serviette, on tend les sels afin que notre intellectuel multi spires reprenne connaissance. Mieux que lui prenant la plume, c’est son Sancho Pansa, Gilles Herzog, qui signe le compliment. Divergence avec le patron, le bon Gilles nous dit que les amis libyens, ceux qu’il fallait rencontrer, « habitaient sur place ou venaient de Tripoli », alors que BHL dans son envolée digne d’une carte IGN nous dit que ces démocrates venaient aussi de « Benghazi, des villes du djebel Nefousa (sic), Misrata, Zaouia »…Faudrait savoir ! Djebel or not djebel ? Heureusement pour l’intérêt du romanquête, Herzog nous livre un détail avec du sang : à son hôtel, BHL a été agressé par un homme… C’est bien connu, le palace de Tunis est un nid de supporters du Califat. Herzog ne peut imaginer que ce type en colère suit chaque jour le film d’horreur de ses voisin, du technicolor enclenché par BHL en 2011 à Tripoli : « Apocalypse Now ».


Bernard-Henri Levy avec son ami libyen Waheed Burshan, troisième en partant de la droite, à l’hôtel « La Résidence » à Gammarth, dans la banlieue chic de Tunis.

Mais attardons nous un peu sur l’excellent Waheed Burshan, l’un des aimables humanistes avec lesquels BHL s’est entretenu à l’hôtel « La Résidence ». Là, une petite leçon est nécessaire. Souvenez-vous d’un certain Ahmed Chalabi présenté en 2003 par les Américains comme l’homme providentiel qui devait remplacer Saddam Hussein… A l’usage il s’est révélé que ce démocrate était à la fois un voleur et un agent double allant rendre compte à Téhéran. Waheed Bershan, outre, détail important, qu’il n’est pas délinquant, a joué le rôle de Chalabi en Libye. Pour le Département d’État ce libyen exilé à Chicago était un fer au feu. Un joker sans cesse réchauffé par la CIA et le Qatar afin qu’il se tienne prêt à faire bonne figure, « au cas ou », pour devenir le cadre du nouvel État.

Et, pour la révolution libyenne, Bershan a mouillé son maillot, jusque sur le plateau de Nafousa où, assis dans le fourgon du Qatar piloté par Belhadj, il a rencontré BHL le libérateur, le Sandino, la Marti, le Guevara de la Libye. Notre ami Waheed méritait bien de faire parti du Comité National de Transition, la crème de la crème. Puis, sagement, tout en gardant un œil sur le réchaud libyen, et l’autre sur les envolées de BHL, Burshan à occupé son temps à défendre les intérêts d’entreprises qataries. Ce qui est plus sage. Nourri de la philosophie des Frères Musulmans, le saint homme dont la fille et la femme vivent sous le voile, peut attendre son heure.


Waheed Burshan avec sa fille, Sarah et sa femme, Amal, à Tunis. Cette photo a été prise en 2011 lors de l’entrée des rebelles libyens dans Tripoli

En réalité, comme l’a révélé Mondafrique, une réunion politique autour de la « réunification des partis libyens » devait bien se tenir à Hammamet. On attendait là d’autres philosophes, ceux d’Ennadha bien sûr, mais aussi ce cher Belhadj que BHL a croisé sans le voir dans la fureur de Nefousa. On ignorait que, fauteur de guerre, Lévy avait aussi la qualité d’un imam capable de rassembler la Oumma, la communauté des croyants.

Source : mondafrique


Révélations sur le voyage controversé de BHL en Tunisie (video)

9 Novembre 2014


BHL-charia-express

Source : Youtube

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