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5.février.20175.2.2017 // Les Crises

Bilan 2016 : La contagion du désordre, par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 02-01-2017

« Jamais depuis 1945, le monde n’a paru moins ordonné, plus chaotique, et de ce fait plus inquiétant » (Hubert Védrine). Il y a un an, nous avions ainsi qualifié le bilan de l’année écoulée : « 2015 : odyssée de l’impasse »1. Aujourd’hui, pour ce qui est de l’année qui s’achève, nous choisissons : « 2016 : la contagion du désordre ». Pourquoi ? Comme l’écrivait Gramsci : « l’ancien monde meurt et le nouveau ne peut pas naître ; pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Face à des défis d’une grande ampleur (extension du terrorisme ; phénomènes migratoires non maîtrisés ; questionnement de la mondialisation et du libéralisme numérique ; crise de la démocratie ; montée des nationalismes, des populismes ; éclatement de l’Union européenne ; déstabilisation du Proche et du Moyen-Orient ; crise du multilatéralisme ; crise environnementale ; évolution vers une politique « post-vérité »…), les dirigeants du monde naviguent à vue sans cap, ni boussole tels des somnambules, des aveugles.

Ils sont désorientés par un monde dans lequel la perception compte autant que la réalité. Ils n’ont rien vu venir, ni le « Brexit » du 23 juin 2016, ni l’élection de Donald Trump le 8 novembre 2016. Devant le triomphe du court-termisme et de la démagogie, on en viendrait presque à douter de la démocratie à l’heure où les élites discréditent la voie référendaire comme mode d’expression de la souveraineté populaire. En réponse à la mondialisation des crises, nous constatons une crise du multilatéralisme et voyons partout des États en crise.

MONDIALISATION DES CRISES2 : L’ANNÉE DE LA POLYCRISE

Les crises qui secouent, parfois ébranlent le monde de ce début de XXIe siècle jusque dans ses fondements, doivent s’apprécier dans leur double dimension : géographique et transversale.

La dimension géographique des crises : la tectonique des continents

A des degrés divers, aucun des cinq continents n’est épargné par la crise planétaire, profonde et durable qui affecte directement et simultanément nombre d’États et remet en cause les fondements de l’ordre international. Jamais la violence n’a été aussi inquiétante que de nos jours.

S’agissant de l’Union européenne, le diagnostic est désormais posé par les europhiles : « L’Europe est une promesse, mais une promesse qui n’a pas été tenue », reconnait Martin Schultz, président du parlement européen (mai 2016). « Il y a quelque chose de pourri au royaume de l’Europe »3. Un acharnement à effacer l’histoire et à croire que les peuples étaient interchangeables. « Près de soixante ans après la création du premier noyau européen, on est encore à se demander si nous allons nous contenter de n’être qu’un grand marché de libre-échange sans défense crédible »4. L’Union se fragmente en plusieurs entités aux finalités différentes avec le sommet des pays méditerranéens à Athènes (9 septembre 2016) qui irrite Berlin. On assiste à une montée des nationalismes à la faveur de chaque élection (Allemagne, Autriche, Croatie, Pologne, Italie…) et à une division entre les pays de l’est (groupe de Visegrad conduit par le hongrois Viktor Orban), de la Méditerranée et les autres.

L’Amérique ne semble pas mieux lotie que le vieux continent. Sur le plan international, le bilan de deux mandats de Barack Obama est plus que mitigé. Placées sous le signe de la critique du système, les élections présidentielles du 8 novembre 2016 portent à la tête du pays, celui que personne n’attendait, Donald Trump. Les scandales secouent l’Amérique latine et centrale. Les trois crises qui frappent le Brésil (économique, politique et institutionnelle) avec la destitution de la présidente Dilma Rousseff affaiblissent ce géant du sous-continent. Le Venezuela du président Nicolas Maduro est à bout de souffle. Le Panama sent le soufre. Haïti n’en finit pas de sortir de la crise politique, sanitaire. Au Mexique, le discrédit des dirigeants politiques est grand. La disparition de Fidel Castro laisse un pays exsangue. Seule bonne nouvelle dans le continent, après 52 ans de combats, l’accord entre le gouvernement colombien et les FARC est porteur d’espoir.

Le continent africain est secoué de toutes parts. Il ne parvient pas à se débarrasser de ses autocrates qui se maintiennent au pouvoir mais les peuples se rebiffent de plus en plus, laissant la France face à ses contradictions et aux remugles de la Françafrique. La Libye n’en finit plus de se déchirer. Au Maghreb, le Maroc voit les islamistes confirmés après les législatives d’octobre 2016 alors qu’en Tunisie on change de premier ministre. L’Algérie fait figure de pôle de stabilité. Boko Haram, destabilisé, est toujours actif en Afrique de l’Ouest en dépit de la mise sur pied d’une force multinationale africaine et de l’opération Barkhane. L’Erythrée redevient une menace. Le Sud Soudan n’en finit pas d’aller de crise en crise de plus en plus violentes. L’Éthiopie connait une vague de contestation qui commence à avoir des conséquences économiques négatives.

Le Proche et le Moyen-Orient demeurent l’épicentre de la crise. Le rapport Chilcot reconnait la faute de Tony Blair dans la décision britannique de participer à la l’invasion de l’Irak en 2003. Plus le désordre se pérennise dans la région, plus l’opposition « Sunnites-Chiites » apparaît comme « un conflit aux mille visages ». Bachar Al-Assad reprend des forces avec l’appui irano-russe. Le président Erdogan se lance dans une fuite en avant, dupe les Européens dans l’accord sur les migrants. Une Turquie qui s’enfonce dans l’arbitraire et la violence surtout après le coup d’état raté des militaires de juillet 2016. La nouvelle donne au Moyen-Orient (rapprochement de la Turquie avec la Russie et Israël, de l’Arabie saoudite avec Israël5 ; Égypte à nouveau aux mains des militaires ; affaiblissement de l’EIIL…) montre que la page des « printemps arabes » est définitivement close. Le problème kurde demeure entier.

En Asie, les problèmes en mer de Chine ne trouvent pas de solutions. Pékin refuse les conclusions de l’arbitrage de la CPA. En dépit du maintien d’une force résiduelle américaine, l’Afghanistan n’en finit pas avec ses attentats talibans. Les talibans s’opposent désormais à l’EIIL. En dépit des condamnations du Conseil de sécurité de l’ONU, la Corée du Nord poursuit ses incessantes provocations (essais de missiles) conduisant les États-Unis à annoncer l’installation d’un système antimissiles en Corée du Sud et à procéder à des manœuvres conjointes avec Séoul. La présidente sud-coréenne est poussée à la démission. La tendance nationaliste se renforce au Japon. Un premier ministre maoïste redevient premier ministre au Népal en août 2016. Le nouveau président philippin, Rodrigo Duterte multiplie ses saillies, traitant Barack Obama de « fils de pute » et s’impose en « trublion de l’Asie du Sud-Est ».

La dimension transversale des crises : la globalité des maux

Derrière ces mouvements de plaques tectoniques, c’est bien sûr toute la mondialisation qui est remise en cause et qui met à jour la globalité des maux dont souffre le système international. Le monde est confronté à une polycrise. La crise alimente la crise.

Crise économique, financière et sociale. Le monde ne s’est toujours pas remis de la crise des « subprimes » : croissance molle amplifiée par le « brexit » ; risque de récession profonde amplifié par les politiques d’austérité et par la baisse des cours du prix du pétrole…. Les BRICS ont explosé avec la crise des matières premières. La mondialisation fait l’objet de plus en plus de critiques, y compris aux États-Unis. Par ailleurs, on ne voit pas le début d’une solution globale à la crise financière. « Il n’existe plus de système monétaire international depuis 1971. Plus de règles partagées. Chacun n’en fait qu’à sa tête. Imaginons un mobile de Calder en équilibre subtil, comme celui immense, de Kennedy Airport à New York et que des singes s’amuse à sauter de branche en branche : tout s’écroule. C’est la représentation que nous nous faisons de la finance mondiale actuelle à la lecture de Jacques de Larosière »6. Crises économique et financière débouchent sur une crise sociale : 1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale. On assiste à l’explosion de mouvements alternatifs anti-système.

Crise migratoire. Elle n’en finit pas. Elle vient d’Asie, du Moyen-Orient et de l’Afrique sub-saharienne. Elle conduit au retour des frontières que l’on croyait effacées et à une forte poussée du « populisme ». Face à cette double réalité, on ne saurait ignorer à ce point les émotions des peuples. Avec 63,5 millions de déracinés fin 2015 (chassés par les conflits et les persécutions selon le HCR), la planète bat un record en dépassant le cap des 60 millions. Ceci se décompose en 21,3 millions de réfugiés, 3,2 millions de demandeurs d’asile et 40,8 millions de personnes déplacées au sein de leur propre pays.

Crise sécuritaire. L’humanité ne parvient pas à éliminer le phénomène de la guerre, quelle que soit la forme revêtue, souvent moins nouvelle qu’on pourrait le croire (« grandes guerres » et « petites guerres » selon Clausewitz). C’est que depuis la fin du « camp socialiste » en 1989, il n’y a jamais eu autant de guerres, de basse ou de haute intensité. Nous assistons à la montée du terrorisme qui se nourrit de causes internes (mauvaise intégration de certaines populations dans les sociétés) et externes (les spasmes des révolutions arabes qui n’en finissent pas). Crise face à laquelle les États occidentaux semblent dépourvus. Si l’EIIL recule en Irak, en Syrie, en Libye, il progresse sur le plan médiatique avec les attentats terroristes. Avons-nous une réponse politique, morale, tactique et stratégique face à ce nouveau défini de la guerre asymétrique islamiste ?

Crise environnementale. En dépit du succès de la COP21 et de son entrée en vigueur en novembre 2016, les défis sont encore devant nous. La COP22 de Marrakech se conclut par un constat de désaccord. Nous n’en sommes qu’au début d’une révolution environnementale. Les engagements pris à Paris pour réduire les rejets carbonés rendent hors de portée l’objectif de conserver une planète tempérée… Pas plus que le réchauffement ne connait de trêve, l’urgence climatique ne peut connaitre de répit. Maigre satisfaction, 197 pays signent le 14 octobre à Kigali un accord sur les gaz à effet de serre les plus nocifs (HFC pour hydrofluorocarbures)

Confronté à un tel tableau clinique inquiétant, force est de constater que le médecin « communauté internationale » ne dispose que d’une pharmacopée réduite et aléatoire pour soigner les maux des « damnés de la terre ».

CRISE DU MULTILATÉRALISME : L’ANNÉE DE LA DÉFIANCE

Afin de mieux sérier le problème qui affecte aujourd’hui le fonctionnement du multilatéralisme, il importe de l’appréhender dans ses deux principales dimensions : institutionnelle (constat) et conceptuelle (causalité).

La dimension institutionnelle : la limite de la régulation multilatérale

La problématique générale. Le pari sur le droit comme modèle universel de régulation interétatique a fait long feu. L’ingrédient indispensable au règlement des différends, à savoir la confiance, fait cruellement défaut. Sans lui, rien n’est possible. Les deux mandats de Ban Ki-moon au poste de Secrétaire général de l’ONU ont été décevants. Il est remplacé par le portugais, Antonio Guterres. Que pourra-t-il faire sans un minimum de confiance entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité au moment où l’on évoque le retour d’une « nouvelle guerre froide » ? Cette crise de confiance se double d’une crise de la justice internationale. Après le retrait de trois Etats africains (Afrique du sud, Burundi, Gambie…), c’est au tour de la Russie de retirer sa signature du statut de la Cour pénale internationale. Les Africains lui reprochent son manque d’impartialité. L’année 2016 marque le monde des « gates » et des « leaks ». Ces scandales éclaboussent un monde sans règles ni maîtres : systèmes de pollutions équipant les véhicules allemands (« dieselgate »); FIFA ; attribution des JO et des coupes du monde qui démontrent l’étendue de la corruption dans le monde du sport « Football Leaks », des phénomènes de dopage. ; les JO de Rio resteront comme « Un idéal olympique terni »7 ; « LuxLeaks » et « Panama Papers », « Bahama Leaks »… Le monde traverse une crise morale qui affaiblit le système multilatéral. On peine à découvrir de véritables hommes d’État à la hauteur des défis auxquels le monde est confronté. On passe de la démocratie à la démocrature. En Europe, on découvre les scandales entachant des ex-membres de la commission (Barroso et Kroes). « L’ensemble révèle une régression morale des élites. La Commission ne peut pas passer son temps à exiger des peuples et des États une probité et une éthique inspirée de Montesquieu, que certains de ses membres bafouent allégrement »8.

Les problématiques spécifiques. L’ONU n’en peut mais. « Aux Nations unies, j’ai été pour la première fois confronté avec l’hypocrisie, le mensonge, la recherche des alibis et le contraste complet entre la réalité des problèmes tragiques du monde et les pseudo-solutions qu’on leur apporte »9. Rien n’a vraiment changé depuis la fin des années 1950 ou si peu. L’ONU apparait dépourvue de moyens d’action pour régler les crises. L’Union européenne est en crise : crise financière, crise grecque, crise migratoire, crise sécuritaire auxquelles s’ajoute une crise institutionnelle après le « brexit » du 23 juin 2016. « Depuis plus d’une décennie, les État membres de l’Union européenne ne parviennent pas à prendre les mesures décisives leur permettant de relever les principaux défis auxquels les citoyens sont confrontés »10. On ne voit pas venir de projet pour éviter que le Titanic ne coule.

L’OTAN se retrouve un nouvel ennemi, la Russie, qu’elle avait durant un bref moment historique remplacée par le terrorisme. Partout, où elle passe, elle joue les pyromanes. Le sommet de Varsovie (8-9 juillet 2016) marque le retour de la nouvelle « guerre froide ». Le G7 se cherche. Face à des enjeux planétaires, il démontre son rôle limité pour relancer la croissance, lutter contre le réchauffement climatique, le terrorisme, relever le défi migratoire, mettre un terme au chaos proche et moyen-oriental… La Russie, qui avait rejoint ce groupe en 1997, en est exclue depuis 2014 en raison de son annexion de la Crimée. Est-il possible de réfléchir à la sécurité internationale sans la présence de la Russie ? L’Union africaine est affaiblie par son inaction sur la plupart des crises politiques et sécuritaires11, sur le dossier libyen et sur Ebola. L’OMS. Organisation à la fois célébrée et critiquée, elle pâtit des pesanteurs bureaucratiques, de sa mauvaise gestion de l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, d’une organisation fondée sur les ressources et non sur les résultats… Les BRICS sont en crise et s’effacent de plus en plus sur la scène internationale à la faveur de la crise du pétrole. Ils ne constituent plus la locomotive de l’économie mondiale. Le Mercosur n’a plus de présidence en raison du problème vénézuélien.

La dimension conceptuelle : l’insignifiance de la réponse

Un constat préoccupant. Hélas, le monde de 2016 n’est pas le monde des bisounours. Il est le monde de la conflictualité. Force est de constater que, dans ce monde condamné à une « succession d’ordres précaires et de désordres traumatisants » (professeur Dario Battistella), nous n’avons plus d’architectes mais des pompiers, parfois pyromanes réagissant à l’évènement et le commentant plutôt que de l’anticiper et le prévoir. Ne revenons-nous pas à la vieille théorie westphalienne de l’équilibre des forces et son corollaire, le retour du vieux « concert des nations »12 ? Ne sommes-nous pas revenus, à certains égards, dans le paradigme d’un monde bipolaire ? Le nouvel ordre international est conditionné au règlement concerté d’enjeux planétaires (crises du Proche et Moyen-Orient, crises migratoires, terrorisme, mondialisation, environnement…). Or, le système multilatéral, concept pris dans son acceptation large, ne parvient plus à jouer son rôle de modérateur, de stabilisateur, de régulateur. Il est à la peine.

Au Conseil de sécurité de l’ONU, les vetos russe et chinois bloquent presque toutes les initiatives, y compris humanitaires pour parvenir à un règlement négocié de la crise syrienne. Dans le domaine de la libéralisation du commerce international (clé de voûte de la « mondialisation heureuse »), les grands chantiers (TTIP, CETA, traité transpacific…) se transforment en champs de ruines. Après les embrassades de la COP21, le chantier de la lutte contre le réchauffement climatique se fracasse sur le mur des réalités lors de la COP22 de Marrakech…

De multiples raisons. « Toutes ces fièvres sont bien les symptômes multiples d’une grande crise globale, profonde et durable qui affecte durablement et simultanément l’essentiel du monde et remet en cause les fondements de l’ordre international ».13 La crise du multilatéralisme est mondiale. Elle ébranle les bases du système de sécurité collective – marqueur essentiel de la paix par le droit – mis en place au lendemain de la guerre froide. Année après année, nous sommes entrés dans le monde de la défiance. À une démarche d’inclusion (parler à tous y compris à ses pires ennemis et dans les situations les plus conflictuelles), les Occidentaux ont substitué une démarche d’exclusion (pratique de l’anathème, de l’invective, des sanctions, voire de la guerre comme mode désormais normal de règlement des conflits). On ne saurait semer la paix et entretenir la guerre en même temps. C’est vers cette impasse que nous conduit le dévoiement de la diplomatie. L’action internationale est paralysée. Où sont passées les initiatives diplomatiques de long terme, les pensées stratégiques, les imaginations créatives ? Comme le souligne Dominique de Villepin : « nos initiatives diplomatiques s’enlisent parce que nous ne disposons plus des atouts de la vielle diplomatie d’État : le temps, le secret, la volonté de puissance… Jamais la violence n’a paru aussi diffuse, aussi insaisissable, aussi menaçante qu’aujourd’hui 14». Nous vivons dans le monde des passions, des émotions, de la corruption du langage, de la tyrannie de l’anecdotique (la « Fête de l’insignifiance », Milan Kundera), « La connivence des autruches, c’est-à-dire le consensus hégémonique de certaines élites pour ne rien entreprendre »15 l’œil rivé sur les sondages et les échéances électorales.

En dernière analyse, comme cela est traditionnel dans ces périodes de crise, de doute, de peur, les citoyens du monde se retournent vers la structure qui leur paraît la plus protectrice, l’État en dépit des critiques qu’ils formulent par ailleurs sur ses insuffisances

ÉTATS EN CRISE : L’ANNÉE DES ÉTATS

L’année 2016 marque une sorte de retour sur le passé. En dépit de multiples vissicitudes, l’État redevient le sujet incontesté du droit international, des relations internationales, une sorte de valeur refuge comme l’or pendant les périodes de crises économiques et financières. Dans le même temps, nous assistons à une renaissance du concert des nations, symbole de la vieille diplomatie.

L’incertitude sur la place de l’État : sortie et retour

Ce n’est pas l’un des moindres paradoxes de la mondialisation que d’avoir enclenché une dynamique à fronts renversés : sortie de l’État du champ international, d’un côté et retour de l’État sur la scène mondiale, de l’autre.

La sortie de l’État. Les années 1990 ont sapé un peu partout les bases de l’État. Les soubresauts d’un monde sans maîtres depuis la fin de la guerre froide ont fissuré le socle de l’État-nation. Nombreux sont aujourd’hui les États fragiles, fragilisés qui sont source d’instabilité interne mais également extérieure à tel point que l’on évoque une « épidémie des États faillis ». Un rapide panorama de ces « États cabossés » fournit une idée assez précise du phénomène en ce début du XXIe siècle. Depuis une décennie, le Venezuela des présidents Chavez et Maduro se trouve dans une situation d’autant plus inextricable qu’il ne semble pas exister d’alternatives crédibles. Le Yémen constitue l’archétype de l’État failli. La guerre déclenchée par son puissant voisin saoudien n’a fait qu’empirer la situation. Certains vont même jusqu’à évoquer un « arc des États faillis » allant de la Mauritanie à l’Afghanistan et au Pakistan en passant par la Somalie, le Soudan, voire le Kenya et, désormais, l’Éthiopie.

Les « révolutions arabes » n’ont épargné ni la Libye ni l’Irak et la Syrie, états durablement fracturés. On ne saurait passer sous silence les revendications identitaires latentes en Europe occidentale qui pourraient un jour déboucher sur des indépendances : Wallonie avec la Belgique, Catalogne avec l’Espagne, Écosse avec le Royaume-Uni après le « brexit ». En Afrique, la tentation existe également de repenser la structure de l’État-nation.

Le retour de l’État. Annoncés comme moribonds en même temps que l’avènement de la fin de l’Histoire, les États font leur retour remarqué sur la scène internationale. Cette montée en puissance de l’État procède de causes multiples. La mort clinique de l’ONU, dont le Conseil de sécurité est paralysé par le veto russe, est une réalité incontournable. L’incapacité de l’Union européenne à relever les défis multiples qui se posent à elle (crise économique, financière, sociale, sécuritaire, migratoire, énergétique, environnementale…) amplifie la défiance des citoyens contre la technocratie bruxelloise. Les dérives d’une mondialisation non régulée crispent les citoyens les plus fragiles à l’égard des institutions multilatérales et de ses dirigeants. Tout naturellement, les citoyens se retournent vers la seule structure qui leur paraît la plus protectrice contre les violences qui les agressent : l’État. C’est une sorte d’assurance tous risques. En dépit de tous les critiques dont ils l’accablent, ils considèrent qu’ils ne peuvent pas se passer de lui. « Ni sécurité, ni paix, ni stabilité ne s’envisagent en son absence. Voilà la principale leçon de notre époque » (Dominique de Villepin).

La renaissance du concert des nations : la vieille diplomatie

L’année russe. Après un long effacement, l’année 2016 marque le grand retour de la Russie sur la scène internationale à la faveur de la crise syrienne et de l’effacement américain16 d’autant que le nouveau président, Donald Trump fait part de sa volonté de renforcer son dialogue avec Moscou. Vladimir Poutine est désormais incontournable tant par son pouvoir de nuisance (droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, Ukraine) que par son pouvoir de médiation (principalement sur la crise syrienne)17. Dans le même temps, nous assistons à un renversement des vieilles alliances. Au Moyen-Orient, la Turquie d’Erdogan se rapproche de la Russie, s’éloignant de l’Union européenne (le parlement européen demande le gel des négociations avec Ankara), se marginalisant à l’OTAN au grand dam de Washington (qui déplace ses armes nucléaires de sa base aérienne d’Incirlirk vers la Roumanie).

Les relations se dégradent entre Washington et Riyad, entre Washington et Jérusalem sous Barack Obama (résolution 2334). Le monde chiite tient tête au monde sunnite. Les Occidentaux commencent à saisir les inconvénients d’une alliance exclusive avec le second. La Chine renforce sa présence en mer de Chine, suscitant l’ire de ses voisins et de Washington, poursuit son implantation en Afrique et reste moteur de l’économie mondiale. La France s’efface sur la scène diplomatique par son approche manichéenne des relations internationales. Lors de sa tournée d’adieu en Europe, Barack Obama snobe Paris pour faire l’éloge d’Angela Merkel à Berlin. Quant au Royaume-Uni, il disparait des écrans radar depuis le vote sur le « brexit ».

La diplomatie de papa. L’Histoire des relations internationales ne serait-elle qu’un éternel recommencement ? Faute de voir les institutions multilatérales universelles (essentiellement le Conseil de sécurité de l’ONU) et régionales (Union européenne, OTAN, OSCE, Union africaine, Ligue arabe…), par un effet de vase communicant, nous assistons au retour des vieilles méthodes de la diplomatie classique si souvent décriées dans le passé pour leur inefficacité : médiation, conciliation, arbitrage, négociations en cercles restreints dans la plus grande discrétion. Nécessité fait loi. Alors que certains évoquent désormais une « nouvelle guerre froide » entre les États-Unis, ses plus fidèles alliés, d’une part et la Russie, de l’autre, les crises se règlent en dehors des cadres multilatéraux.

Nous nous en tiendrons à quelques exemples récents. La normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis est le résultat d’une longue et patiente médiation du Saint-Siège. L’accord mettant fin à plus d’un demi-siècle de conflit interne entre la Colombie et les FARC doit beaucoup à une médiation de Cuba. Le seul canal de discussion entre la Russie et l’Ukraine tient à l’existence du format Normandie imaginé en son temps par François Hollande à l’occasion des cérémonies commémoratives du débarquement. La crise syrienne fait l’objet de multiples contacts entre John Kerry et Sergueï Lavrov, entre Russes et rebelles syriens à Ankara via le truchement de la Turquie et de la Jordanie (crise d’Alep). De manière discrète, Oman offre un lieu de rencontre discret pour sa médiation entre Saoudiens et rebelles houthis afin de mettre un terme à la guerre au Yémen.

« La famille humaine » selon la belle formule de René Cassin, est menacée d’éclatement. Le temps n’est pas au lâche soulagement mais aux interrogations douloureuses. Alors que nous sommes assis sur un volcan, quand va-t-on se décider à refuser le conformisme ambiant et le rejet des banalités, des truismes pour recommencer à prendre en considération l’Histoire et le réel ? Quand va-t-on en finir avec ceux qui prennent le parti de mépriser la réalité au nom d’une arrogance intellectuelle ou d’une cécité volontaire ?

A force de ne pas traiter les véritables causes des maux (« les forces profondes » selon l’École des Annales) qui nous frappent, le monde ne remplit-il pas de manière impressionnante les conditions menant à une défaite encore plus étrange que celle analysée par March Bloch ? N’avons-nous pas à faire à des dirigeants (occidentaux, plus particulièrement) pareils aux « marcheurs éveillés », pour reprendre la métaphore de Christopher Clark, aveugles à la réalité ?18 « C’est là un trait d’époque. Burke nous avait prévenus : « Ceux qui passent leur temps à découvrir les défauts de l’ordre établi et à les monter en épingle n’ont pas les qualités requises pour le réformer ». Décidemment, l’année 2016 restera dans l’histoire comme l’année de la contagion du désordre.

Guillaume Berlat
2 janvier 2017

1 Guillaume Berlat, 2015 : odyssée de l’impasse, www.prochetmoyen-orient.ch , 28 décembre 2015.
2 Dominique de Villepin, Mémoire de paix pour temps de guerre, Grasset, 2016, p. 25.
3 Eva Joly, avec Guillemette Faure, Le loup dans la bergerie, Les Arènes, 2016.
4 Gérard Chaliand, L’arrogance d’Ankara souligne nos failles, Le Figaro, 13 mai 2016, p. 16.
5 Piotr Smolar, Visite d’un général saoudien en Israël, Le Monde, 28 juillet 2016, p. 13.
6 Jean-Pierre Robin, Un demi-siècle de crises financières : pourquoi elles ressurgissent sans cesse, Le Figaro économie, 17 mai 2016, p. 23.
7 Éditorial, « Un idéal olympique terni », Le Monde, 6 août 2016, p. 19.
8 Éditorial, Affaire Kroes : un effet dévastateur sur l’opinion, Le Monde, 23 septembre 2016, p. 21.
9 Romain Gary, Le sens de ma vie, Gallimard, 2014, p. 65 (extraits de l’émission « Propos et confidences » de Radio-Canada, 1980.
10 Guy Verhofstadt, Rendre à l’Europe sa grandeur, Le Monde, 22 novembre 2016, p 28.
11 Tanguy Berthemet, Les armées africaines impuissantes face au terrorisme, Le Figaro, 8 décembre 2016, p. 10.
12 Renaud Girard, Le retour du vieux « concert des nations », Le Figaro, 6 septembre 2016, p. 15.
13 Dominique de Villepin, précité, p. 49.
14 Dominique de Villepin, précité, p. 110.
15 Alexis Lacroix, Attali contre la « connivence des autruches », Marianne, 20-26 mai 2016, pp. 48-49.
16 Caroline Galacteros, La bataille d’Alep ou la déroute de la diplomatie occidentale en Syrie, Figarovox, 8 décembre 2016.
17 Jack Dion, Pourquoi Poutine les rend tous fous, Marianne, 2-8 décembre 2016, pp. 10-13.
18 Christopher Clark, Les somnambules, Flammarion, 2013.

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 02-01-2017

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Commentaire recommandé

Fritz // 05.02.2017 à 11h38

Bilan intéressant, volontiers catastrophiste. Pour filer la métaphore inspirée de Gramsci : Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !
Et puis, à quoi servent des dirigeants qui « naviguent à vue », « désorientés », « sans cap ni boussole, tels des somnambules et des aveugles » ?

Et si ce constat s’applique bien à Merkel, Obama, Hollande, sans oublier les eurocrates, faut-il le généraliser ? Est-il valable pour Xi Jinping, pour Vladimir Poutine ?

Ah, j’oubliais : ce diable de Poutine a montré « son pouvoir de nuisance » en Ukraine. Vraiment ?
Qu’en est-il de Victoria Nuland, John Brennan, Joe Biden, qui tous ont contribué au coup d’État de Kiev puis à la guerre contre le Donbass ?
M. Berlat pense-t-il réellement que le monde irait mieux si on retirait (quelle outrecuidance !) le droit de veto à la Fédération de Russie comme à la République populaire de Chine ?
L’Occident a cessé de faire la pluie et le beau temps, et c’est tant mieux.

Un bilan très occidental, en somme.

27 réactions et commentaires

  • Fritz // 05.02.2017 à 11h38

    Bilan intéressant, volontiers catastrophiste. Pour filer la métaphore inspirée de Gramsci : Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !
    Et puis, à quoi servent des dirigeants qui « naviguent à vue », « désorientés », « sans cap ni boussole, tels des somnambules et des aveugles » ?

    Et si ce constat s’applique bien à Merkel, Obama, Hollande, sans oublier les eurocrates, faut-il le généraliser ? Est-il valable pour Xi Jinping, pour Vladimir Poutine ?

    Ah, j’oubliais : ce diable de Poutine a montré « son pouvoir de nuisance » en Ukraine. Vraiment ?
    Qu’en est-il de Victoria Nuland, John Brennan, Joe Biden, qui tous ont contribué au coup d’État de Kiev puis à la guerre contre le Donbass ?
    M. Berlat pense-t-il réellement que le monde irait mieux si on retirait (quelle outrecuidance !) le droit de veto à la Fédération de Russie comme à la République populaire de Chine ?
    L’Occident a cessé de faire la pluie et le beau temps, et c’est tant mieux.

    Un bilan très occidental, en somme.

      +81

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    • theuric // 05.02.2017 à 18h48

      Bilan occidental, mon œil, bilan d’un angoissé de voir l’empire étasunien tant adoré disparaître, plutôt.
      Que cela conduise à toutes sortes de dérèglements, ça va de soit, d’autant plus que le premier responsable de cette gabegie est bien cette empire périclitant et ses supplétifs européens.
      Et puis, ce personnage, Monsieur Berlat, oublie tout de même tout plein de petites choses, comme la déstabilisation continuelle, par utilitarisme forcené et unilatéralité, de ce même empire, de toutes les instances internationales politiques et économiques, que ce soit l’O.N.U. ou le F.M.I., entre mille autres.
      Ce texte reste intéressant si nous conservons notre esprit critique, mais tout de même, son auteur ne s’est-il pas interrogé de savoir si, tous comptes fait, ce ne serait pas d’avoir continuellement tant mis à mal les états, les peuples et les pays par les États-Unis-d’Amérique et leur oligarchie qui produirait cette multitude de désordres dont celui-ci se désole tant?
      Dieu doit bien se marrer de voir tous ces gens se désoler d’effets dont, en réalité, ils raffolent, aiment et adorent les causes.

        +18

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  • TienTien // 05.02.2017 à 11h58

    « Vladimir Poutine est désormais incontournable, tant par son pouvoir de nuisance (droit de véto au Conseil de Sécurité de l’ONU, Ukraine)… ».

    J’ai arrêté là de lire ce long pensum. Le SEUL droit de véto « nuisible » serait donc celui de Moscou ?
    Les innombrables vétos US ( Israël ) seraient donc les seuls justifiables et moraux ?

    Pour ma part en tous cas, je continue de regretter que Moscou ( et Pékin ) n’aient pas opposé leur véto au massacre de la Libye. Ils se sont bien fait mener en bateau…

      +40

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  • LBSSO // 05.02.2017 à 12h03

    Citation entière et exacte de E Burke sur les journée d’Octobre 1789 :

     » C’est une vérité indiscutable, si paradoxale qu’elle puisse paraître à première vue, que de façon générale ceux qui passent leur temps à découvrir les défauts de l’ordre établi et à les monter en épingle n’ont pas les qualités requises pour le réformer ;  »

    Son texte comprend un point virgule et EB poursuit en donnant les raisons :

     » [suite donc]…. et cela parce que non seulement les modèles du beau et du bien n’ont pas place dans leur esprit, mais qu’ils se sont désaccoutumés de prendre plaisir à les contempler. À force de trop haïr le vice, ils en viennent à ne pas aimer assez les hommes. Comment s’étonnerait-on, dès lors, qu’ils ne soient ni disposés, ni aptes à les servir ? C’est par la même raison que se manifeste, chez tels de vos mentors, une disposition native à tout mettre en pièces ».
    E Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Paris, Hachette, 1989

    Sans autres commentaires….

      +12

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    • tepavac // 06.02.2017 à 05h41

      C’est une sentence qui peut aisément se retourner contre son auteur, puisque en la révélant il démontre aussi son absence de compassion envers la faiblesse de son semblable.
      1789, qui peut prétendre en ces temps plein de fièvre, qu’il restera lui même, serein et juste face aux vents violents du destin….

        +3

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      • christian gedeon // 06.02.2017 à 15h13

        1789 a scellé le sort de la France pour un siècle et l’a laissée complètement exsangue…c’est quand même très con d’avoir été couper la tête d’un roi qui n’en avait guère,mais sous le règne duquel avaient été commencées de profondes réformes « démocratiques ».Pour simplifier,çà été le triomphe du bourgeois, et la fossilisation de la société ,devenue toute entière la propriété d’une seule classe en trois coups de lame de guillotine.Un jour,peut-être,écrira-t-on l’horreur de ces cinq années,sans parti pris et sans envolées lyriques.

          +2

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  • David D // 05.02.2017 à 12h11

    Il y a une erreur sur la carte : la Crimée est en rouge, alors que le reste de la Russie est en orange.

      +21

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    • Fritz // 05.02.2017 à 12h23

      L’article original de M. Berlat ne comporte pas de carte. La distinction de couleurs que vous relevez traduit évidemment la position ukrainienne et occidentale sur l’illégalité du référendum d’auto-détermination en 2014, qui aboutit au rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.

      C’est bien une erreur, car en 2016 la Crimée n’a pas connu de conflit notable (cf. le titre de la carte).

        +13

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  • Catalina // 05.02.2017 à 12h35

    « les vetos russe et chinois bloquent presque toutes les initiatives, y compris humanitaires »

    Il faudrait demander aux gens d’Alep combien d’aide humanitaire ils ont reçu de l’Onu, de l’ue et des Russes….Vous mentez, Monsieur Berlat.

      +47

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    • RMM // 05.02.2017 à 13h16

      En effet.
      Il faudrait surtout lire les résolutions bloquées par la Russie et la Chine, et voir ce qu’elles recouvraient. Se M. Berlat n’a toujouts pas compris le jeu des USA et leurs « alliés » en Syrie, notamment, et par conséquent le rempart qu’a constitué la Russie pour ce pays, et pour le reste du monde, c’est qu’il est, disons, inattentif.
      Par ailleurs, il aurait du avoir constaté que la Chine, toujours très prudente dans sa politique étrangère, s’oppose rarement aux résolutions proposées au Conseil de Sécurité. Elle pratique l’abstention sur presque tous les dossiers chauds. Elle n’use de son droit de véto que contre des résolutions dont nocivité ne fait aucun doute.
      Pour le reste, les questions soulevées sont pertinentes, notamment celle de la cécité volontaire des leaders occidentaux. Heureusement pour l’humanité, l’occident n’est pas toute la planète.

        +18

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  • NeverMore // 05.02.2017 à 13h17

    « États cabossés », il faut aussi compter la France.

    Quant à la diabolisation des Russes et de Poutine, c’est à çà qu’on reconnaît … « les bien pensants »..

      +9

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    • NeverMore // 05.02.2017 à 13h19

      « États cabossés. J’allais oublier la Gréce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie …etc …

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  • Louis Robert // 05.02.2017 à 13h54

    À mettre, au hasard, un peu de tout et n’importe quoi dans la soupière qui bientôt déborde, pas étonnant que l’on ne sache plus quel nom donner à ce douteux « mélange ».

    « Les dirigeants du monde naviguent à vue sans cap, ni boussole tels des somnambules, des aveugles »? Que non!

    Un nouveau monde est né, post-américain, post-occidental, que Xi Jinping et Vladimir Poutine sont occupés à construire. La vision du monde à l’origine de cette renaissance est titanesque, sans précédent dans l’histoire humaine. Elle implique un nouvel ordre mondial qui se met en place. Elle met à contribution et relie les peuples d’Eurasie d’abord, mais aussi tous les peuples disposés à contribuer et à collaborer, « entre égaux » qui se respectent, dans cette nouvelle longue marche de l’humanité.

    Pendant ce temps, derrière, l’Empire d’hier, le dernier empire, déjà en proie aux spasmes hideux de l’agonie, de mauvais gré doit se retirer. Tel qu’annoncé, ses capitaines ont cessé de naviguer. Les voilà qui rentrent en dérivant. Au soleil radieux qui se lève, cela se voit.

      +10

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    • Dufour // 05.02.2017 à 16h38

      Loin des fables du soleil radieux, derniers spasmes du stalinisme et du maoïsme, François Chesnais avait fait le point sur la situation mondiale dans ce travail que j’avais du recommander alors, tant il m’a semblé aider à la compréhension du moment et donc du « que faire ? »:
      Cours actuel du capitalisme et perspectives de la société humaine civilisée
      http://wp.me/p5oNrG-tUZ

      J’ai découvert hier qu’il avait, en tenant compte des nombreux débats et échanges qui ont suivi cette publication, publié une nouvelle analyse, qui apporte encore plus:
      Le capitalisme a-t-il rencontré des limites infranchissables?
      http://wp.me/p5oNrG-wuo

        +1

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      • LBSSO // 05.02.2017 à 18h52

        Merci .
        G Berlat ne nomme pas clairement « les risques » ,ce que font ,a contrario,les auteurs de vos liens que je me permets de reprendre:

         » Mandel écrivait:

        la barbarie, en tant qu’un résultat possible de l’effondrement du système, est une perspective beaucoup plus concrète et précise aujourd’hui qu’elle ne l’a été dans les années 1920 ou 1930. »

        Mes références personnelles ne sont pas celles des auteurs ,mais je vous rejoins.
        A quoi assistons nous ? Aux prémices d’un collapse ? D’ États , croissance et matières premières se raréfiant, commençant à se durcir pour préserver le niveau de vie de leurs peuples,d’une oligarchie?

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        • tepavac // 06.02.2017 à 06h13

          Il y a quelques temps…revenant de Roumanie, pressé par la curiosité de mes amis, j’ai souri de leurs yeux ronds alors que naturellement j’affirmais; qu’ils étaient en avance sur nous!
          Et en quoi me demandèrent-ils?
          Ils ont déjà les chevaux et les charrettes!
          C’est une histoire réelle, qui reflète l’arrogance aveugle du sieur Berlat, qui s’imagine vivre au sein d’une quiétude jalousement envié par un monde extérieur en désordre coloré.
          Quel bel « occident » nous vante t-il là, une Europe sans conflit Grecque, sans crispation Espagnol, sans inquiétude paranoïde Polonaise et Baltes, sans même notre râle coutumier….

          Je ne sais pas ce que prend ce monsieur, mais j’en veux aussi….

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    • Louis Robert // 06.02.2017 à 11h28

      ADDENDUM, référence.

      À l’attention des lecteurs curieux, je signale cette conférence sur la Chine (passé, présent et avenir) donnée récemment à Beijing par le professeur Martin Jacques de Cambridge, auteur de « When China Rules the World », traduit en 15 langues, et professeur invité à Tsinghua.

      « Lecture at Harrow International School Beijing »

      http://www.martinjacques.com

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  • Krystyna Hawrot // 05.02.2017 à 14h28

    Catastrophisme très occidental. Car à part l’Europe occidentale et pro occidentale et les USA, les autres pays ne vont pas si mal: la Russie, la Chine, l’Inde… même le Vénézuela survit sans parler de Cuba, et les autres pays de l’Amérique Latine – Equateur, Bolivie, ils se portent bien autant qu’on peut l’être dans un monde ou les multinationales occidentales multiplient les crises artificielles afin de maintenir un pouvoir qu’elles veulent totalitaires. En Afrique le Maroc, l’Algérie, le Kenya c’est pas pire qu’il y a 5 ans. Les pays plus pauvres survivent aussi, sachant que les populations n’ont pas d’autres ambitions que la survie pour le moment et ils y arrivent assez bien. C’est pas la gloire, mais il n’y a que l’Europe et les Etats Unis qui sont en train de crier à la catastrophe parce que leur pouvoir vacille. C’est comme à l’échelle sociale- si vous gagnez le SMIC depuis des années, vous vous en foutez que la bourse plonge. Ce qui vous intéresse c’est les services publics. Par contre si un Fillon ou Macron attaque vos services publics, le système va vous dire que tout va très bien mais vous saurez que ca va mal. Pas la même optique…

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  • Delespaux // 05.02.2017 à 18h24

    si l’on croise les données mondiales financières, énergétiques, démographiques, environnementales et géopolitiques, il n’y a pas grand chose qui permet d’espérer d’éviter le mur, d’autant que ces données ne s’additionnent pas mais interagissent entre elles dans un sens plutôt multiplicateur.

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  • Duracuir // 05.02.2017 à 22h34

    C’est pas bon. Vraiment pas bon.
    Limiter la crise syrienne à « l’effacement des USA » et aux vétos de la Russie à l’ONU décrédibilise tout le point de vue du bonhomme.
    Sous la croute de « raison » on voit bien un globaliste catastrophé de voir son beau jouet s’écrouler. Mais il n’a toujours pas compris pourquoi.
    Et c’est lui qui parle d’aveuglement.

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  • theuric // 05.02.2017 à 23h13

    Le danger, du-moins dans le court terme, ne vient pas d’un manque de matière première ou d’énergie mais des immenses déséquilibres économiques qui se sont développées depuis plus de quatre décennies.
    C’est ça qui nous conduit droit vers l’effondrement de la globalisation heureuse.
    Ce qui la sous-tend c’est la désindustrialisation internationale, sensible par le fait que le prix des carburants reste aux alentours des 50$, même après leur baisse de production, et même avec de nouvelles baisses de productions, ce qui a eu lieux officiellement au moins une fois, ce prix tendra tout de même à la baisse.
    Baisser la production en accentue le prix, ce qui met les entreprises en difficulté, elles ferment définitivement ou ouvrent ailleurs, là où les paies sont moins élevées, ou bien met des gens au chômage pour pouvoir vendre moins cher, ce qui fait baisser le prix de l’essence, d’où une diminution de production, augmentation du prix, difficultés industrielles, etc…
    Et ce, jusqu’à que le système cesse tout fonctionnement.

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    • theuric // 05.02.2017 à 23h31

      A cela, vous devez y rajouter la monté du prix des matières premières provenant de ce que les spéculateurs boursiers se reportent sur les-dites matières puisque les bourses se retrouvent, peu ou prou, manipulées par les banques étasuniennes et les banques centrales.
      Je le dis et le répète, nous faisons face à une désindustrialisation internationale, ou à un crash industriel généralisé, si vous préférez.
      Les Q.E. de toutes sortes ont fait perdre aux monnaies leur valeur intrinsèque.
      La masse des crédits et dettes de toutes sortes ont, en plus d’avoir accentué cette perte de valeur, généré des bulles spéculatives d’une ampleur inimaginable d’échelle mondiale.
      Cerise sur le gâteau, les banques centrales sont contrainte de remonter leur taux d’intérêt, mais en ce cas les débiteurs auront plus de difficultés pour rembourser leur dû.

        +1

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      • theuric // 05.02.2017 à 23h44

        Pour comprendre quels seront les effets lors de cet effondrement économique mondialisé, c’est très simple:
        Entrez dans un grand magasin, regardez autour de vous, tout ce qui ne sera pas estampillé « fabriqué en France » aura disparu.
        Les monnaies n’auront plus de valeur.
        Le commerce international, maritime, aérien, routier, ne fonctionnera plus pour un temps indéterminé.
        Les pays n’auront plus que leurs réserves stratégiques de carburant d’état, donc nos voitures ne serviront plus à rien, puis l’essence coûtera une blinde.
        Dans certaines régions, il y aura des famines, sauf si le gouvernement met en route une organisation efficace, avez-vous vu les baltringues qui passent à la télé pour les élections?
        Je n’en vois qu’un pour mettre en place cela, mais lui ne passe pas à la télé.
        Tout le tissu industriel de la patrie sera à reconstruire, qui verrait Fillon, Macron, Hamon ou Le Pen mettre en place une telle infrastructure?
        Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, aucun n’en est capable!

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  • MH // 06.02.2017 à 00h36

    Bonjour, je voulais commenter sur l’article concernant les pays arabes qui interdisent l’entrée aux citoyens Israéliens. Il me parait très approximatif, voir erroné, et clairement indigne des « Crises ».

    1- Le Liban n’est pas un pays musulman mais un pays arabe multi-confessionnel. La population libanaise + diaspora (à peu près 12-13M de libanais) est majoritairement chrétienne, même si les libanais vivant au Liban sont majoritairement musulmans. Par ailleurs, le président de la république doit être chrétien par constitution.

    2- Certains de ces pays sont officiellement en guerre avec Israël (Liban, Syrie…) et les citoyens de ces pays sont également interdits de séjour en Israël me semble-t-il. Quant aux citoyens ayant une double nationalité, ils peuvent se rendre en Israël avec leur second passeport, mais le blocage de quelques heures à la douane et la fouille au corps sont courants si le lieu de naissance est Beyrouth ou Damas.

    3- Enfin, les citoyens israéliens qui ne peuvent plus se rendre dans leurs pays d’origine vivent bien mieux en Israel (pays qu’ils ont choisi) que les réfugiés palestiniens vivant dans les camps au Liban et en Syrie, apatrides depuis plus de trois générations.

    Merci donc de nuancer, de peur de faire aussi le jeu de la propagande israélienne.

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  • Julien // 06.02.2017 à 10h01

    J’adore le  » la disparition de Fidel Castro laisse un pays exsangue », qui révèle une méconnaissance totale de la situation cubaine. Fidel n’étant plus au pouvoir depuis juillet 2006, le pays s’est modernisé et ouvert, tout en conservant son ADN socialiste. La situation des cubains est bien plus enviable depuis lors avec les paladares, les casas particulares, etc.

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  • Jacques Beaudry // 06.02.2017 à 16h33

    Guillaume Berlat que je viens de lire jusqu’au bout nous joue la démonstration du dernier couplet de son article soit la métaphore de Christopher Clark. En résumé il affiche sa grande capacité à décrire les défauts de ce monde qu’il observe mais aussi son aveuglement à en expliquer l’existence. J’ai tiqué particulièrement sur les vétos russes qui paralysent les Hautes Missions du Conseil de sécurité de l’ONU. J’ai le fou rire depuis. Quelle connerie ..

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  • christian gedeon // 06.02.2017 à 17h37

    Oui en fait,j’en ris aussi…ce que M. Berlat ne veut pas voir,ne veut pas admettre,c’est que le bordel généralisé,et cette carte du monde en feu sont,pour la majeure partie,la résultante d’une « politique  » folle menée depuis quarante ans…et ne comprend en rien,que »avant  » les guerres locales pouvaient être circonscrites,et les informations y afférentes facilement contrôlable.Maintenant,les guerres locales sont de moins en moins circonscrites et l’information,en dépit des efforts désespérés des mainstream, circule…mal,mais circule.M. Berlat a encore et toujours la berlue!

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