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13.décembre.201513.12.2015 // Les Crises

L’OTAN héberge l’État Islamique, par Nafeez Ahmed

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Source : Insurge Intelligence, le 19/11/2015

Pourquoi la guerre nouvelle génération de la France contre l’État islamique est une mauvaise plaisanterie et une insulte aux victimes des attaques de Paris

Par Nafeez Ahmed

« Nous nous tenons aux côtés de la Turquie dans ses efforts pour la protection de sa sécurité nationale et dans son combat contre le terrorisme. La France et la Turquie sont du même côté dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe terroriste ÉI. »

Déclaration du ministre français des affaires étrangères, juillet 2015

Le massacre du 13 novembre à Paris restera, comme le 11 septembre, un moment décisif dans l’histoire mondiale.

L’assassinat de 129 personnes et les blessures de plus de 352 autres, par des sbires de « l’État Islamique » (ISIS) frappant simultanément différentes cibles au cœur de l’Europe, marquent un changement radical dans la menace terroriste.

Pour la première fois, une attaque rappelant celle de Bombay s’est produite en Occident – la pire attaque en Europe depuis des décennies. Une première qui a déclenché une réponse apparemment proportionnée de la France : la déclaration d’un état d’urgence national, du jamais vu depuis la guerre d’Algérie en 1961.

ISIS a ensuite menacé d’attaquer Washington et New York.

En attendant, le président Hollande a appelé les dirigeants de l’UE à suspendre les accords de Schengen sur l’ouverture des frontières, pour permettre d’importantes restrictions à la liberté de déplacement en Europe. Il exige aussi l’adoption par l’UE du système dit des « données des dossiers passagers » (PNR), qui permettra aux services de renseignements de pister les voyages des Européens, en plus d’une prolongation de l’état d’urgence pour au moins trois mois.

Pendant toute cette durée, la police française peut bloquer n’importe quel site web, assigner des gens à résidence sans procès, perquisitionner sans mandat, et empêcher des suspects d’en rencontrer d’autres s’ils sont considérés comme des menaces.

« Nous savons que d’autres attentats sont en préparation, pas seulement contre la France, mais aussi contre d’autres pays européens, » a déclaré le premier ministre français Manuel Valls. « Nous allons avoir à vivre longtemps avec cette menace terroriste. »

Hollande prévoit de renforcer les pouvoirs de la police et des services de sécurité grâce à une nouvelle législation antiterroriste et d’apporter des modifications à la Constitution qui mettraient l’état d’urgence permanent au cœur de la politique française. « Il nous faut un outil approprié que l’on puisse utiliser sans avoir à recourir à l’état d’urgence, » a-t-il expliqué.

En écho aux lois martiales à l’intérieur des frontières, Hollande a rapidement intensifié l’action militaire à l’étranger, en lançant 30 attaques aériennes sur une douzaine de cibles à Raqqa, capitale de facto de l’État islamique.

L’engagement provocant de la France, selon Hollande, est de « détruire » l’ÉI.

Le remous provoqué par les attaques en terme d’impact sur les sociétés occidentales sera probablement permanent. De la même manière que le 11 septembre a vu l’émergence d’une nouvelle ère de guerre perpétuelle contre le monde musulman, les attaques du 13 novembre à Paris sont déjà en train de provoquer une phase nouvelle et résolue dans cette guerre permanente : une nouvelle ère de Vigilance Permanente, dans laquelle les citoyens sont des complices indispensables de l’État policier, promulgué au nom de la défense d’une démocratie rongée par l’acte même qui est censé la défendre, la Vigilance Permanente.

La surveillance généralisée sur le plan intérieur et l’intervention militaire extérieure perpétuelle sont les deux faces d’une même sécurité nationale qu’il faut tout simplement développer le plus possible.

« La France est en guerre, » a affirmé Hollande devant les parlementaires français réunis au château de Versailles.

« Nous ne sommes pas engagés dans une guerre de civilisation, parce que ces assassins n’en représentent aucune. Nous sommes dans une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier. »

Les amis de nos ennemis sont nos amis

Une absence flagrante cependant se remarquait dans la déclaration de guerre faite d’un ton décidé par Hollande. Aucune mention n’y était faite du plus gros tabou : le soutien des états.

Les passeports syriens découverts près des corps de deux auteurs supposés des attentats à Paris étaient, selon la police, des faux, vraisemblablement fabriqués en Turquie.

Plus tôt cette année, le quotidien turc Meydan a rapporté que, selon une source ouïgoure, plus de 100 000 faux passeports turcs ont été donnés à l’ÉI. Ce chiffre, selon le Bureau Militaire des Études Étrangères (FSMO) de l’armée américaine, est probablement exagéré, mais semble confirmé « par des Ouïghours arrêtés avec de faux passeports turcs en Thaïlande et en Malaisie. »

Une autre confirmation vint d’un rapport du correspondant de Sky News Arabia, Stuart Ramsey, qui révéla que le gouvernement turc certifiait les passeports de militants étrangers qui franchissaient la frontière turco-syrienne pour rejoindre l’ÉI. Ces passeports, obtenus grâce à des combattants kurdes, portait le tampon officiel de la police des frontières turque, ce qui indique que l’entrée de ces militants de l’ÉI en Syrie étaient parfaitement connue des autorités turques.

Le FSMO résume le dilemme auquel fait face le gouvernement Erdogan : « Si le pays prend des mesures contre les passeports illégaux et les militants qui traversent le pays, ceux-ci pourraient prendre la Turquie pour cible. Cependant, si la Turquie laisse perdurer l’état actuel des choses, ses relations diplomatiques avec d’autres pays et sa situation politique internationale vont tourner à l’aigre. »

Ce n’est que le début. Un responsable occidental de haut rang, bien au fait d’un vaste ensemble de renseignements obtenus cet été grâce à un important raid dans un refuge de l’ÉI, a déclaré au Guardian que « des relations directes entre officiels turcs et haut membres de l’ÉI sont maintenant ‘indéniables’. »

Ce même responsable a confirmé que la Turquie, membre de longue date de l’OTAN, soutient non seulement l’ÉI, mais aussi d’autres groupes djihadistes, y compris Ahrar al-Cham et Jabhat al-Nosra, des groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. « La différence qu’ils établissent [avec d’autres groupes d’opposition] est particulièrement ténue, » déclara aussi celui-ci. « Il ne fait aucun doute qu’ils coopèrent militairement avec chacun d’eux. »

Dans un rare aperçu de ce soutien étatique éhonté à l’ÉI, Newsweek a rapporté il y a un an le témoignage d’un ancien technicien en communications de l’ÉI, qui était parti en Syrie pour combattre le régime de Bachar el-Assad.

L’ancien combattant de l’ÉI a raconté à Newsweek que la Turquie autorisait les camions de l’ÉI provenant de Raqqa à « franchir la frontière, traverser la Turquie puis franchir à nouveau la frontière pour attaquer les Kurdes syriens dans la ville de Serekaniye, au nord de la Syrie, en février. » Les militants de l’ÉI pouvaient librement « traverser la Turquie en convoi, » et s’arrêter « dans des lieux sûrs tout au long du chemin. »

L’ancien technicien en communications de l’ÉI a aussi admis qu’il avait régulièrement « mis en relation des capitaines sur le terrain et des commandants de l’ÉI de Syrie avec des personnes en Turquie en d’innombrables occasions, » ajoutant que « les gens à qui ils parlaient étaient des officiels turcs… Les commandants de l’ÉI nous ont dit que nous n’avions rien à craindre parce que la coopération avec les Turcs était totale. »

En janvier, des documents officiels de l’armée turque authentifiés ont ‘fuité’ sur internet, ils montraient que les services de renseignement turcs avaient été surpris par des officiers à Adana alors qu’ils transportaient en camion des missiles, des mortiers et des munitions anti-aériennes « destinés à l’organisation terroriste al-Qaïda » en Syrie.

Selon les autres suspects de l’ÉI en procès en Turquie, les services secrets turcs (MIT) ont commencé la contrebande d’armes, y compris celles de l’OTAN, avec les groupes djihadistes en Syrie dès 2011.

Ces accusations ont été corroborées par un procureur et un témoignage en justice d’officiers de la police militaire turque qui ont confirmé que les services de renseignement turcs livraient des armes aux djihadistes syriens depuis 2013 et jusqu’à 2014.

Des documents ayant ‘fuité‘ en septembre 2014 ont montré que le prince saoudien Bandar ben Sultan a financé des expéditions d’armes destinées à l’ÉI en passant par la Turquie. Un avion clandestin venant d’Allemagne a livré des armes à l’aéroport d’Etimesgut en Turquie et la livraison a été répartie en trois conteneurs, dont deux ont été délivrés à l’ÉI.

Un rapport de l’Institut Turc des Statistiques (TurkStat) a confirmé que le gouvernement a fourni pendant cette période pour au moins un million de dollars d’armes aux rebelles syriens, ce qui contredit les dénégations officielles. On peut compter parmi ces armes des grenades, de l’artillerie lourde, des canons anti-aériens, des armes à feu, des munitions, des fusils de chasse, ainsi que d’autres armes. Mais l’institut a refusé de préciser à quels groupes ont bénéficié ces envois.

Des informations de même nature sont apparues séparément. Il y a tout juste deux mois, la police turque a perquisitionné dans un journal ayant révélé comment le directeur des douanes local avait approuvé des envois d’armes de la Turquie vers l’ÉI.

La Turquie a également joué un rôle clé en rendant possible un élément vital pour l’expansion de l’ÉI : la vente de pétrole sur le marché noir. Des hommes politiques de haut rang et des sources des renseignements en Turquie et en Irak confirment que les autorités turques ont largement facilité les ventes de pétrole de l’ÉI à travers le pays.

L’été dernier, un homme politique de l’opposition a estimé le montant des ventes de pétrole de l’ÉI en Turquie à près de 800 millions de dollars. C’était il y a plus d’un an.

Cela signifie que la Turquie a facilité à ce jour la vente au marché noir de pétrole par l’ÉI pour une valeur supérieure à un milliard de dollars.

Selon Martin Chulov, du Guardian, il n’existe aucune « économie autosuffisante » pour l’ÉI contrairement aux affirmations fantaisistes du Washington Post et du Financial Times dans leurs dernières pseudo-enquêtes :

 » … les camions-citernes transportant le pétrole brut issu des raffineries de fortune arrivent toujours à la frontière turco-syrienne. Un membre de l’ÉI estime que l’organisation est encore loin d’avoir établi une économie autosuffisante dans la région de la Syrie et de l’Irak qu’elle contrôle. « Ils ont besoin des Turcs. Je suis au courant de beaucoup de collaborations, et ça m’effraie, » dit-il. « Je ne vois pas comment la Turquie peut attaquer l’organisation sérieusement. Ils partagent les mêmes intérêts. » »

Des hauts dirigeants de l’AKP ont reconnu l’ampleur du soutien du gouvernement à l’ÉI.

Le quotidien libéral turc Taraf a cité un fondateur de l’AKP, Denigr Mir Mehmed Firat, qui a admis : « Dans le but d’affaiblir les développements à Rojava (province kurde en Syrie), le gouvernement a fait des concessions à des groupes extrémistes religieux et les a armés… Le gouvernement soignait les blessés. Le ministre de la santé aurait dit : « c’est une obligation humaine de soigner les blessés de l’ÉI. »

L’article rapporte aussi que les militants de l’ÉI reçoivent habituellement des soins médicaux dans les hôpitaux du sud-est turc – y compris le bras droit d’al-Baghdadi.

Dans le Hurriyet Daily News, le journaliste Ahu Ozyurt a décrit le choc qu’il a reçu en apprenant les « sentiments pro-ÉI des poids lourds de l’AKP » à Ankara et au-delà, y compris « l’admiration pour l’ÉI de quelques hauts fonctionnaires civils, même à Şanliurfa. Ils sont comme nous, combattant contre sept grandes puissances dans la Guerre d’Indépendance, » dit l’un. Plutôt que le PKK en face, je préférerait avoir l’ÉI comme voisin,  » dit un autre. »

Pendant ce temps, les dirigeants de l’OTAN feignent l’indignation et les savants pontes libéraux continuent de se gratter la tête, perplexes devant l’extraordinaire résistance et l’inexorable expansion de l’ÉI.

Sans surprise, les bombardements turcs anti-ÉI ont largement été des gestes symboliques. Sous couvert de combattre l’ÉI, la Turquie en a largement profité pour bombarder les forces kurdes du Parti de l’Union Démocratique (YPG) en Syrie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie et en Irak. Pourtant, ces forces sont largement reconnues comme les plus efficaces dans le combat sur le terrain de l’ÉI.

En attendant, la Turquie a bien du mal à contrecarrer quasiment chaque effort américain pour s’opposer à l’ÉI. Cet été, lorsque le Front al-Nosra – branche d’al-Qaïda en Syrie – a pu kidnapper 54 combattants à peine sortis du programme à 500 millions de dollars d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens « modérés » mis en place par le Pentagone, ce fut à cause d’un ‘tuyau’ des services de renseignement turcs.

Le double jeu de la Turquie a été confirmé à Mac Clatchy par de nombreuses sources rebelles, mais nié par un porte-parole du Pentagone, qui déclara, en se voulant rassurant :

« La Turquie est un pays allié de l’OTAN, un ami proche des États-Unis et un membre important de la coalition internationale. »

Et tant pis si la Turquie a facilité la vente de près d’un milliard de dollars de pétrole de l’ÉI.

Selon un officier de la division 30 entraînée par les États-Unis qui a eu accès à des informations sur l’incident, la Turquie tentait « d’amplifier l’incident pour exagérer le rôle des islamistes de Nosra et Ahrar dans le nord » et ainsi convaincre les États-Unis « d’accélérer l’entraînement des rebelles. »

Comme l’a souligné le professeur de la London School of Economics David Graeber :

« Si la Turquie avait placé le même genre de blocus absolu sur les territoires contrôlés par l’ÉI que celui qu’elle avait imposé sur les zones kurdes de Syrie… ce « califat » taché de sang se serait effondré depuis longtemps – et on peut penser que les attaques de Paris ne se seraient jamais produites. Et si la Turquie le faisait aujourd’hui, l’ÉI s’effondrerait probablement en quelques mois. Pourtant, y a-t-il eu un seul dirigeant occidental pour demander à Erdoğan de le faire ? »

Ce paradoxe a bien été mis en avant par certains responsables, mais en vain. L’année dernière, la vice-présidente de l’assemblée parlementaire allemande, Claudia Roth, s’est montrée scandalisée que l’OTAN autorise la Turquie à héberger un campement de l’ÉI à Istanbul, qu’elle facilite l’acheminement d’armes aux militants islamistes à travers ses frontières et qu’elle soutienne tacitement les ventes de pétrole par l’ÉI.

Il ne s’est rien passé.

Au lieu de cela, la Turquie a été grandement récompensée pour son alliance avec le même état terroriste qui commit le massacre de Paris le 13 novembre 2015. Tout juste un mois plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel proposait d’accélérer le processus d’entrée de la Turquie dans l’UE, ce qui permettrait aux Turcs de voyager en Europe sans passeport.

Ce serait sans aucun doute une bonne nouvelle pour la sécurité des frontières de l’Europe.

Parrainage d’État

Il ne s’agit pas seulement de la Turquie. Des sources provenant de dirigeants politiques et du renseignement du Gouvernement Régional Kurde (KRG) ont confirmé la complicité de fonctionnaires de haut niveau du KRG en tant que facilitateurs concernant les ventes de pétrole de l’ÉI, pour en tirer un bénéfice personnel ainsi que pour faire face à la baisse des revenus du gouvernement.

Malgré une enquête parlementaire officielle qui corrobore ces accusations, il n’y a eu aucune arrestation, aucune inculpation et aucune poursuite.

Les intermédiaires du KRG et les autres fonctionnaires du gouvernement qui facilitent ces ventes continuent leurs activités sans entrave.

Lors de son témoignage devant la commission des forces armées du sénat en septembre 2014, le général Martin Dempsey, alors chef d’état-major général des armées des États-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham quant à sa connaissance d’un « quelconque allié arabe important qui soit favorable à l’ÉI » ?

Le général Dempsey a répondu :

« Je connais des alliés arabes importants qui les financent. »

En d’autres termes, le plus haut responsable militaire américain du moment a confirmé que l’ÉI était financé par ces mêmes « alliés arabes importants » qui venaient de se joindre à la coalition anti-ÉI menée par les États-Unis d’Amérique.

Ces alliés incluent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et le Koweït en particulier – qui, ces quatre dernières années au moins, ont fait circuler des milliards de dollars largement à destination des extrémistes rebelles en Syrie. Il n’y a donc rien d’étonnant que leurs frappes aériennes anti-ÉI, déjà minuscules, se soient maintenant réduites presque à néant, se concentrant plutôt sur le bombardement des chiites houtis au Yémen, ce qui, incidemment, ouvre la voie à la montée de l’ÉI là-bas.

Des liens poreux entre les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (FSA) et des groupements militants islamistes comme al-Nosra, al-Cham et l’ÉI ont permis de prolifiques transferts d’armes des rebelles « modérés » aux militants islamistes.

Les transferts constants des fournitures d’armes de la CIA, des pays du Golfe et de la Turquie vers l’ÉI ont été établis par l’analyse des numéros de série des armes par le Conflict Armament Research (CAR) (Étude de l’Armement des Conflits), organisme basé au Royaume-Uni dont la base de données concernant les ventes d’armes illicites est financée par l’UE et le Département Fédéral des Affaires Étrangères suisse.

« Les forces de l’État Islamique se sont emparées d’importantes quantités d’armes légères produites aux États-Unis et les ont employées sur le champ de bataille, » a conclu un rapport du CAR en septembre 2014. « Des missiles antichars M79 90mm saisis par les forces de l’ÉI en Syrie sont identiques aux M79 transférés par l’Arabie saoudite aux forces opérant sous l’égide de « l’Armée Syrienne Libre » en 2013. »

Le journaliste allemand Jurgen Todenhofer, qui a passé 10 jours dans l’État Islamique, a rapporté l’année dernière que l’ÉI était « indirectement » armé par l’Occident :

« Ils achètent les armes que nous donnons à l’Armée Syrienne Libre, ainsi ils obtiennent des armes occidentales – des armes françaises… j’ai vu des armes allemandes, des armes américaines. »

L’ÉI, en d’autres termes, est parrainé par des États. Il est effectivement parrainé par des régimes prétendument pro-occidentaux dans le monde musulman, qui font partie intégrante de la coalition contre l’ÉI.

Ce qui amène à se demander pourquoi Hollande et d’autres dirigeants occidentaux qui expriment leur détermination à « détruire » l’ÉI par tous les moyens nécessaires, préféreraient éviter le facteur le plus significatif d’entre tous : l’infrastructure matérielle permettant l’avènement de l’ÉI sur fond de soutien permanent du Golfe et de la Turquie aux militants islamistes de la région.

Il y a de nombreuses explications, mais peut-être que l’une d’entre elles se démarque : l’abjecte dépendance occidentale aux régimes musulmans terroristes, principalement en vue de maintenir leur accès aux ressources de pétrole et de gaz du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Asie Centrale.

Gazoducs

Une grande partie de la stratégie qui a cours actuellement a été décrite sans équivoque dans un rapport RAND financé par l’armée américaine en 2008, Exposition de l’Avenir de la Longue Guerre (pdf). Le rapport note que « les économies des pays industrialisés continueront à dépendre fortement du pétrole, ce qui en fait une ressource d’importance stratégique. » Comme la plus grande part du pétrole sera produite au Moyen-Orient, les États-Unis ont un « motif pour maintenir la stabilité et les bonnes relations avec les états du Moyen-Orient » Il se trouve que ces états soutiennent le terrorisme islamiste :

« La zone géographique de réserves prouvées de pétrole coïncide avec la base du pouvoir d’une grande partie du réseau salafiste djihadiste. Cela crée un lien entre l’approvisionnement en pétrole et la longue guerre qu’on ne peut pas rompre facilement ni décrire en termes simplistes … Dans un avenir prévisible, la croissance de la production mondiale de pétrole et la production totale seront dominées par les ressources du Golfe Persique … La région restera donc une priorité stratégique, et cette priorité va interagir fortement avec celle de poursuivre la longue guerre. »

Des documents gouvernementaux déclassifiés précisent, sans l’ombre d’un doute, que la motivation principale de la guerre en Irak en 2003, dont la préparation avait commencé juste après le 11 septembre, a été l’installation d’une présence militaire américaine permanente dans le Golfe Persique pour garantir l’accès au pétrole et au gaz de la région.

L’obsession de l’or noir n’a pas pris fin avec l’Irak, cependant – et celle-ci n’est pas une exclusivité de l’Occident.

« La plupart des belligérants étrangers dans la guerre en Syrie sont des pays exportateurs de gaz ayant des intérêts dans l’un des deux projets de gazoducs concurrents qui cherchent à traverser le territoire syrien pour délivrer soit le gaz qatari soit le gaz iranien en Europe, » a écrit le professeur Mitchell Orenstein du Centre Davis des études sur la Russie et l’Eurasie de l’Université de Harvard, dans Foreign Affairs, la revue du Conseil de Washington DC sur les affaires étrangères (Council on Foreign Relations).

En 2009, le Qatar avait proposé de construire un gazoduc pour acheminer son gaz au nord-ouest, via l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie. Mais Assad « a refusé de signer, » rapporte Orenstein. « La Russie, qui ne veut pas voir ses positions sur le marché européen du gaz sapées, l’a soumis à une intense pression pour qu’il refuse. »

Le russe Gazprom vend 80% de son gaz à l’Europe. Donc, en 2010, la Russie a mis tout son poids derrière « un pipeline concurrent Iran-Irak-Syrie qui pomperait du gaz iranien provenant du même champ via des ports syriens tels que Lattaquié puis sous la Méditerranée. » Le projet permettrait à Moscou « de contrôler les importations de gaz d’Europe depuis l’Iran, la région de la mer Caspienne, et l’Asie centrale. »

Alors, en juillet 2011, un accord pour le gazoduc Iran-Irak-Syrie d’une valeur de 10 milliards de dollars était annoncé, ainsi qu’un accord préliminaire dûment signé par Assad.

Plus tard dans l’année, les États-Unis, l’Angleterre, la France et Israël intensifiaient leur aide secrète aux factions rebelles en Syrie pour obtenir « l’effondrement » du régime d’Assad « de l’intérieur ».

« Les États-Unis… soutiennent le gazoduc qatari comme moyen de contrebalancer l’Iran et de diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe loin de la Russie, » explique Orenstein dans Foreign Affairs.

Un article du Journal des Forces Armées publié l’année dernière par le commandant Rob Taylor, instructeur à l’US Army Command and General Staff College de Fort Leavenworth, offrait une critique acerbe des comptes rendus des médias conventionnels ne prenant pas en compte la question du gazoduc.

« Toute analyse du conflit actuel en Syrie qui négligerait l’économie géopolitique de la région est incomplète… D’un point de vue géopolitique et économique, le conflit en Syrie n’est pas une guerre civile, mais le résultat d’un placement sur l’échiquier géopolitique de plusieurs acteurs internationaux en prévision de l’ouverture du gazoduc… La décision d’Assad à propos du gazoduc, qui pourrait sceller l’avantage des trois états chiites sur le gaz naturel, démontre également les liens de la Russie avec le pétrole syrien et avec la région par l’intermédiaire d’Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar, tout comme al-Qaïda et d’autres groupes, manœuvrent pour renverser Assad et capitaliser sur l’espérée conquête sunnite de Damas. En agissant ainsi, ils espèrent obtenir une part de contrôle sur le « nouveau » gouvernement syrien, et une part des richesses apportées par le gazoduc. »

Les gazoducs n’accéderaient pas seulement au gisement de gaz irano-qatari, mais aussi à de nouvelles ressources de gaz côtières potentielles dans l’est de la Méditerranée – englobant les territoires côtiers d’Israël, de Palestine, de Chypre, de Turquie, d’Égypte, de Syrie et du Liban. On estime que la zone renferme 1,7 milliards de barils de pétrole et jusqu’à 3400 milliards de mètres cube de gaz naturel, ce qui pourrait ne représenter que le tiers des quantités totales d’énergies fossiles non-découvertes au Proche-Orient selon les géologues.

Un rapport de l’US Army War College’s Strategic Studies Institute datant de décembre 2014, rédigé par un ancien directeur du ministère de la défense anglaise, remarque que la Syrie détient un potentiel significatif de pétrole et de gaz côtier :

« Une fois le conflit syrien résolu, les perspectives de production côtière – à condition que les ressources commerciales soient trouvées –  seront importantes. »

La brutalité et l’illégitimité d’Assad est indiscutable  - mais jusqu’à ce qu’il ait démontré qu’il n’était pas disposé à rompre avec la Russie et l’Iran, en particulier pour ce qui est du projet proposé de gazoduc, la politique américaine envers Assad a été ambivalente.

Les câbles du département d’état obtenus par Wikileaks révèlent que la politique américaine a oscillé entre financer les groupes d’opposition syriens pour faciliter le « changement de régime, » et utiliser la menace du changement de régime pour inciter un « changement du comportement. »

La préférence du président Obama pour la deuxième solution eut pour résultat des représentants américains, John Kerry inclus, courtisant sans honte Assad dans l’espoir de l’éloigner de l’Iran, d’ouvrir l’économie syrienne aux investisseurs américains et d’aligner le régime sur la vision israélo-américaine de la région.

Ainsi, lors des manifestations du printemps arabe de 2011 qui ont donné lieu à des brutalités de la part des forces de sécurité d’Assad envers des manifestants civils pacifiques, à la fois Kerry puis la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton ont insisté sur le fait qu’il était un « réformateur » – ce qu’il a donc interprété comme un feu vert pour répondre par de nouveaux massacres au cours des manifestations suivantes.

La décision d’Assad de se ranger du côté de la Russie et de l’Iran, ainsi que son approbation à leur projet de gazoduc favori, a été l’un des facteurs clés dans la décision des États-Unis à agir contre lui.

Quand l’Europe danse avec le diable

La Turquie, en tant que plaque tournante gazière permettant d’exporter sur les marchés européens tout en évitant la Russie et l’Iran, joue un rôle clé dans le projet soutenu par les États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite.

Il ne s’agit que d’un des nombreux pipelines qui pourraient passer par la Turquie.

Le directeur de l’initiative sur l’avenir des énergies eurasiatiques auprès du Conseil Atlantique, David Koranyi, qui fut également conseiller en sécurité intérieure auprès du premier ministre hongrois, a averti : « La Turquie est déterminante pour la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’intégralité de l’Union Européenne. Ce serait une erreur catastrophique que de poursuivre l’enrayement de notre coopération énergétique. »

Koranyi a indiqué que la récente « découverte de vastes quantités de gaz dans l’est de la Méditerranée, » ainsi que de « réserves de gaz dans le nord de l’Irak » pourraient être utilisées pour alimenter le marché turc et être acheminées au-delà vers l’Europe.

Étant donné la dépendance de l’Europe envers la Russie pour environ un quart de son approvisionnement en gaz, la priorité stratégique urgente est de minimiser cette dépendance et de réduire la vulnérabilité de l’UE face au risque de réduction de cet approvisionnement. Cette priorité se calque parfaitement avec les efforts entrepris de longue date par les États-Unis pour arracher l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est de la zone d’influence de la puissance russe.

La Turquie occupe la position de pivot sur la nouvelle carte de l’énergie envisagée par les États-Unis et l’UE.

« L’Union Européenne y gagnerait une source d’approvisionnement fiable pour diversifier un peu plus ses importations en provenance de Russie. La Turquie, en tant que plaque tournante, en bénéficierait au travers de taxes de transit et d’autres recettes liées à l’énergie. Si l’on considère que dans l’ensemble de la région, des ressources en gaz supplémentaires pourront être rendues disponibles à l’export dans les cinq à dix prochaines années, il est clair que la Turquie représente la route naturelle par laquelle celles-ci pourraient être acheminées vers l’Europe. »

L’an dernier, un rapport du Global Sustainability Institute (GSI) de l’université Anglia Ruskin a déjà averti que l’Europe faisait face à une crise énergétique imminente au cause d' »une pénurie critique des ressources naturelles, » tout particulièrement au Royaume-Uni, en France et en Italie.

« Les ressources en charbon, pétrole et gaz en Europe s’épuisent et nous avons besoin d’alternatives, » dit Victoria Andersen, professeur du GSI.

Elle a également recommandé une réorientation rapide vers les énergies renouvelables, mais la plupart des dirigeants européens ont apparemment d’autres idées en tête  -  à savoir, s’appuyer sur un réseau de pipelines qui puisse transporter pétrole et gaz depuis le Moyen-Orient, la Méditerranée occidentale et l’Asie centrale vers l’Europe : par l’intermédiaire de notre très chère amie, la Turquie d’Erdogan.

Qu’importe que, sous Erdogan, la Turquie soit le principal soutien du barbare « État islamique ».

Nous ne devons surtout pas poser de questions antipatriotiques à propos de la politique étrangère occidentale, ou sur l’OTAN à ce sujet.

Nous ne devons pas nous étonner du spectacle inutile des attaques aériennes et des pouvoirs policiers dignes de la Stasi, ni de notre honteuse liaison avec le régime de terreur d’Erdogan qui finance et arme notre propre ennemi.

Nous ne devons pas poser de question sur les motivations de nos dirigeants qui, bien qu’ils dissimulent cette information depuis des années, continuent, aujourd’hui, de nous mentir ouvertement, alors que le sang de 129 français n’a pas encore séché, prétendant vouloir « détruire » une bande d’ordures, d’assassins, de psychopathes, armés et financés par l’OTAN.

Non, non, et non. La vie continue. Le cours normal des affaires doit continuer. Les citoyens doivent maintenir leur confiance en la sagesse de la sécurité de l’état.

Les États-Unis doivent continuer d’appuyer les renseignements turcs qui contrôlent et entraînent les rebelles « modérés » en Syrie, et l’Union Européenne doit continuer d’étendre sa coopération avec le régime d’Erdogan tout en accélérant le processus d’accès à l’union du parrain de l’ÉI.

Mais n’ayez pas peur, Hollande a toujours l’intention de « détruire » l’État Islamique. Tout comme Obama et Cameron  – et Erdogan.

Certaines lignes rouges ne peuvent simplement pas être franchies.

Source : Insurge Intelligence, le 19/11/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

 

 

Commentaire recommandé

woz // 13.12.2015 à 08h20

Soutenir Daech n’est pas seulement la politique d’Erdogan, « islamiste à l’état pur », tandis que le gouvernement français ne serait que complice. C’est la politique de l’OTAN, impérialiste à l’état pur, qu’Erdogan se contente d’appliquer, sans rencontrer de problème, puisque l’OTAN soutient cette politique. Tout mettre sur le dos d’Erdogan me paraît trop facile, et une façon encore une fois de dédouaner les responsables occidentaux de leurs crimes.

44 réactions et commentaires

  • DUGUESCLIN // 13.12.2015 à 06h47

    Je préfère acheter le pétrole aux syriens afin qu’ils puissent en vivre chez eux plutôt que leur voler et les réduire à la pauvreté.
    Et faire semblant de croire qu’ils fuient un régime totalitaire en nous présentant comme des sauveurs après les avoir spolier.

      +53

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  • Nerouiev // 13.12.2015 à 06h55

    On dirait une adaptation moderne du « Cid ».

      +9

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  • Vénus-Etoile du Berger // 13.12.2015 à 07h34

    La Turquie un pays de non droit des enfants
    Le président de la république de Turquie mr Endogan incrime deux malheureux enfants de 12 et 13 ans en utilisant un article 299 de non droit pour diffamation de son image.
    Les 2 pauvres enfants pour pouvoir se nourrir ont enlevé une affiche papier pour le recycler, cette affiche où malheureusement pour eux figurait en partie le président turc.
    Ont-ils réellement eu conscience que c’était le président turc?
    Une image papier est-elle une personne?

    Alors l’EI peut dormir tranquille, la Turquie est occupée à pourchasser de pauvres enfants âgés seulement de 12 et 13 ans.

    Si demain ma survie est en danger et qu’on me laisse que deux choix partir en Turquie ou en Russie, sans aucune hésitation je vais choisir la Russie pour protéger ma survie et ma sécurité.

      +47

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    • Roman // 17.12.2015 à 17h05

      Aller vers un extrême (la Russie) pour éviter un autre extrême (la Turquie), en fuyant un autre extrême (la France) n’est pas une solution. Il y a des alternatives. Mieux vaut-il lutter chez nous pour rendre notre nation meilleure plutôt qu’aller soutenir d’autres monstres, ou du moins s’en contenter « pour sa survie »…

        +2

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  • Pastèque // 13.12.2015 à 08h09

    La guerre c’est la paix
    L’ignorance c’est la force
    La liberté c’est l’esclavage

      +27

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  • Georges Clounaud // 13.12.2015 à 08h14

    Comment qualifier institutionnellement, pour un Président de la République, le fait de s’accoquiner avec le meilleur des amis de nos pires des ennemis ?

    Haute Trahison ?

    Ah non j’oubliais, depuis la réforme constitutionnelle de 2007, ce terme a été gommé de l’article 67 de la Constitution de la Vème république (celui qui précise le statut pénal du Président de la
    République)….

      +49

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    • Furax // 13.12.2015 à 09h26

      Non, la haite trahison supposait de le faire en tout état de cause au bénéfice d’un pays avec lequel nous aurions été formellement en guerre, c’est-à-dire auquel nous aurions adressé une déclaration votée par notre Parlement et déclarant que nous sommes en guerre.

      Donc cette réforme constitutionnelle n’a rien changé sur ce point.

        +4

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      • Georges Clounaud // 13.12.2015 à 10h05

        Désolé de ne pas être d’accord avec vous.

        Dans sa version originelle (c’est à dire avant la modification de 2007) l’article 68 de la constitution stipulait :

        « Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par les deux assemblées statuant par un vote identique au scrutin public et à la majorité absolue des membres les composant ; il est jugé par la Haute Cour de Justice. »

        http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=AEC94C8D81494770E676AE45D1F590A7.tpdila22v_3?idArticle=LEGIARTI000006527563&cidTexte=JORFTEXT000000571356&categorieLien=id&dateTexte=20070223

        Il n’y avait pas de définition précise de l’acte de « haute trahison ». On pouvait l’accuser de ce crime à la majorité absolue des deux assemblées réunies et celui-ci était jugé devant la haute Cours de Justice. Celle-ci comme toute juridiction statuait en fonction des éléments qui lui étaient soumis et était sommée de dire le droit c’est à dire de déterminer ou non si le président de la République était coupable.

          +6

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        • Furax // 13.12.2015 à 13h51

          Eh bien nous restons donc cordialement en désaccord. Mais sauf votre respect, je reste convaincu d’avoir raison pour les motifs suivants.

          La trahison existe et figure au code pénal comme au code de La Défense, sous plusieurs articles.

          http://www.delitdimages.org/selon-le-code-penal-hollande-est-coupable-de-haute-trahison/

          Le problème, c’est que le droit pénal, quand il s’agit de l’appliquer aux plus hauts responsables politiques, pose beaucoup plus qu’en tout autre circonstance la question de l’opportunité et de la légitimité politique et sociale.

          Qu’est-ce qu’un traitre ? La réponse à cette question est largement contingente.

          Un traitre qui garde le soutien de la majorité de ses mandants n’est pas considéré par eux comme un traitre. C’est la conservation du soutien de la majorité qui fait que l’auteur d’un acte pouvant être considéré matériellement comme une trahison ne sera pour autant pas condamné pour trahison. Et par ailleurs, une personne peut être condamnée pour traîtrise dans une situation de guerre civile, puis être réhabilité si sa cause l’emporte, alors qu’a contrario les auteurs de sa condamnation seront à leur tour condamnés pour traîtrise quand ils auront finalement été vaincus.

            +7

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  • woz // 13.12.2015 à 08h20

    Soutenir Daech n’est pas seulement la politique d’Erdogan, « islamiste à l’état pur », tandis que le gouvernement français ne serait que complice. C’est la politique de l’OTAN, impérialiste à l’état pur, qu’Erdogan se contente d’appliquer, sans rencontrer de problème, puisque l’OTAN soutient cette politique. Tout mettre sur le dos d’Erdogan me paraît trop facile, et une façon encore une fois de dédouaner les responsables occidentaux de leurs crimes.

      +54

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    • Vénus-Etoile du Berger // 13.12.2015 à 11h42

      La Turquie est positionnée à un endroit stratégique, elle joue ses propres cartes de destruction massive pour s’imposer en territoire puissant.
      Dédouaner les actions du président de la Turquie en simple exécutant et appliquant d’une institution dont il bafoue les applications régulièrement est malheureusement se méprendre sur l’acteur des faits mais je respecte votre observation à chacun son analyse des faits pour s’enrichir mutuellement d’avis différents.

        +13

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    • Chris // 13.12.2015 à 14h27

      A l’évidence, la Turquie est le cheval de Troyes de l’OTAN pour réaliser les desseins hégémoniques des USA contre la Russie.
      La Russie a réussi à éviter le bourbier ukrainien.
      Je crains qu’il lui soit plus difficile de gérer le panier de crabes d’une coalition aux intérêts contradictoires qui s’installe en Syrie et Irak. Le moindre faux-pas peut déclencher une troisième guerre mondiale. Poutine le sait, les néocons de tous bords aussi. Aux lendemains de l’abattage du SU-24, Poutine a averti très clairement : «Toute menace contre nos forces en Syrie verra une riposte d’une extrême fermeté. Toute cible menaçant les unités russes ou nos infrastructures au sol sera détruite immédiatement».
      Un avis qui ne s’adresse pas qu’à la Turquie, mais clairement à l’OTAN, bras armé de la géopolitique US.
      Ce qui n’a pas empêché l’aviation US de frapper immédiatement un camp loyaliste syrien pour bien marquer leur dédain et narguer Poutine par la bande.
      Cette escalade prend des proportions dramatiques.

        +31

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    • TZYACK // 13.12.2015 à 19h33

      « En 4 jours, les USA ont envahi et pris le contrôle de l’ensemble de l’Irak, tué 600.000 personnes et neutralisé l’entièreté de l’armée irakienne. Et à présent ils ne seraient pas capables de mettre hors d’état de nuire une horde d’assassins, de trafiquants de drogue et de violeurs d’enfants qui se fait appeler ISIS ? »
      et
      « Les Américains sont capables de voir de l’eau sur Mars mais pas de déterminer les positions de l’Etat Islamique ! »

      Vladimir Poutine

        +30

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  • tchoo // 13.12.2015 à 09h16

    Le soutien de nos hommes politiques à ce pays entâche à jamais leurs de mains de sang
    c’est de la haute trahison
    cela devrait déclencher une situation insurrectionnelle dans notre pays, mais au lieu de ça, les français boudent les urnes et laisse la tante et la nièce parader

      +12

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    • Astatruc // 13.12.2015 à 09h45

      Tchoo,

      je suis pas sûr que se rendre aux urnes soit insurectionnel.Ou alors, expliquez moi.

      🙂

        +9

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    • Nicolas Anton // 13.12.2015 à 09h54

      Non ils ne boudent pas les urnes. 3% de plus en participation par rapport aux régionales 2010. Les français savent ce qu’ils ont à faire et ils le feront. La majorité éclairée ne se laisse plus berner par l’imposture du système. Une fois que le chemin sera montré comme d’habitude les autres retrouveront leur courage et suivront.

        +6

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      • Sébastien // 13.12.2015 à 20h41

        Les 10% de participation supplémentaires (ex-abstentionistes) ont voté pour l’OTAN, pour la Turquie, pour le TAFTA, pour Washington. Vachement rebelles….
        On en reparle quand vous voulez.

          +16

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  • Jerome // 13.12.2015 à 10h48

    A la lecture de cet article, je ne comprends pas bien l’interet pour l’EI de commettre les attentats de Paris. Si on ananlyse les evenements actuels a travers une double grille sunnites/chiites et maitrise des productions petroliere et de gaz, il n’y a pas vraiment de raison que le conflit s’exporte. Si l’on met de cote la reaction molle contre l’EI des US & cie, surement plus cosmetique qu’autre chose, on ne peut que remarquer que l’intervention russe a precede de peu l’externalisation revendiquee d’actes de terrorisme. Pourquoi ?

    Sinon, est ce que le gaz livre par gazoduc est beaucoup moins cher que celui livre par methanier ?

      +6

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    • Bigtof // 13.12.2015 à 13h35

      L’EI n’a pas forcément un intérêt.
      En revanche, l’OTAN, et globalement, l’ensemble des gouvernants des pays occidentaux y a intérêt :
      Cela entraîne l’Europe entière dans les mêmes abus de pouvoir que ce qui a été mis en place dans les autres pays (USA avec la Patriot Act, Canada, Australie, etc…), permet de prendre le contrôle total des la population de ces états européen et par là, de stopper les actions des militants écolo anti Monsanto, ou des militants anti TAFTA (TIPP)) ou TISA.
      En clair, cela permet à court terme la mainmise sur l’ensemble du marché Européen par les majors US, et la fin de l’état de droit par le jeu des « arbitrages » qui vont faire sauter les barrières de droits que voudraient faire voter les citoyens européens. L’enjeu : des centaines de milliards de dollars, et le blocage des relations vers l’est que souhaitent les entrepreneurs européens…

        +39

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    • Balthazar // 13.12.2015 à 18h27

      A Jerome.
      Vous ne comprenez pas l’intérêt de l’EI de perpétrer des attentats….
      Je vous répondrai : quelle est la conséquence ? Une « guerre » lancée par l’OTAN en Syrie et en Irak pour éradiquer le… Mal.
      Bizarrement, ce n’est pas celui auquel vous pensez.
      La Turquie massacre les kurdes, les chiites, assiste l’EI dans la disparition des minorités non sunnites en Syrie, au nord Irak (ou Kurdistan).
      Les US bombardent eux aussi. Rarement l’EI.
      La France livre des armes aux rebelles « modérés » (j’adore, quel rebelle modéré cherche à s’armer d’armes anti tank? Mystère) qui finisse dans les mains de l’EI.
      Etc…
      Accessoirement, quand vous terrorisez une population (attentats ici, bombardements chez eux) cela empêche les gens de réfléchir. Et puis cela relance l’industrie militaire.

        +14

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  • tchoo // 13.12.2015 à 10h50

    Voter n’est plus l’expression de la volonté populaire, puisque quand il n’est pas conforme, le vote n’est pas respecté et quand il n’y a aucun candidat qui vous agrée, vous n’avez de moyen d’expression utile (vote blanc non comptabilisé dans les constitutions de majorité)
    il reste donc pour beaucoup l’abstention
    qui ouvre la voie, à des tendances que la majorité ne veut pas (ou pas plus qu’hier)
    Il faut donc trouver un autre moyen d’expression que les politiques soient obligés de respecter

      +16

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    • Sébastien // 13.12.2015 à 20h44

      Je ne savais pas que le non-vote des absentionnistes était un vote non respecté…Bonne chance dans vos recherches alors.

        +1

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  • Parousnik // 13.12.2015 à 13h00

    OTAN EI même combat … semer le chaos au Moyen Orient…et établir des dictatures en Europe justifiées par des attentats comme celui du 13 11 à Paris. L’ultra libéralisme ne peut survivre qu’en pillant le Moyen Orient et en instaurant des dictatures en Occident… Georges Orwell nous avait prévenu de l’avenir de l’Occident avec son livre 1984… Nous y sommes.

      +30

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  • Guillaume Besset // 13.12.2015 à 14h20

    L’Otan sur son site promeut la démocratie, la liberté et la sécurité.
    L’Otan promeut aussi la résolution pacifique des différents avant tout (avant intervention militaire)
    (se souvenir sur vice président de l’Otan qui avait appelé à la désescalade après l’avion de chasse abbatu par la Turquie)

    En clair, étant donné que les USs sont largement moins corrompus et avec une bien plus grande liberté de presse que la Russie (cf. classements internationaux), je me rangerait plutôt du côté de l’Otan, pourvu qu’il soit effectivement moins impérialiste (sachant que la Russie est aussi un grand pays impérialiste)
    http://www.nato.int/nato-welcome

    Il est aussi je pense important de boycotter le pétrole venant de pays salafistes si l’on veut être cohérent
    (j’ai envoyé une demande à Total, et prévoit de m’acheter une voiture électrique dès que possible)

      +0

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    • Chris // 13.12.2015 à 14h47

      « L’Otan sur son site promeut la démocratie, la liberté et la sécurité »
      Un postulat de la même veine que Monsanto qui promeut la résolution de la faim dans le monde en répandant son round up mortifère et qui s’applique à confisquer le patrimoine génétique des espèces végétales par toutes sortes de lois.
      Il serait intéressant de demander aux populations du Soudan, Erythrée, Libye, Afghanistan, Ex-Yougoslavie, Irak, Syrie, etc… comment elles ont apprécié « la démocratie, la liberté et la sécurité » apportées par les membres de l’OTAN, en détruisant leurs sociétés, leur économie et en générant des centaines de milliers de morts, invalides, des régions infestées d’uranium enrichi, agent orange ou semblable et des millions de déplacés, voire réfugiés.

        +45

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    • SPQR // 13.12.2015 à 15h30

      Prévoyez plutôt d’acheter un vélo si vous souhaitez demeurer également indépendant de l’uranium africain…

        +13

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    • Astatruc // 13.12.2015 à 18h33

      Bonjour Guillaume,

      Libre à vous de croire aux chiffres des « classements itnernationaux »- pour moi, ils sont de la même veine que les médias- et de leur faire totalement confiance pour choisir l’OTAN(faux nez de l’organisation militaire us)
      Allez sur Wikileaks, il y a plein d’infos.Certaines dient que l’OTAN a agit en dehors du cadre « défense » pour faire le contraire.
      Perso, c’est pas parce que l’OTAN écrit ceci cela dans son programme qu’ils le respecte.Je sais pas vous, mais moi, à force de me faire avoir parce ce qu’ils disent ou écrivent, j’ai de suite une méfiance, »chat échaudé craint l’eau froide ».

      Je ne voudrai pas vous attrister, mais acheter une voiture électrique ne vous éloignera pas de Total.
      Soyons réaliste, aujoud’hui, peut-être une centaine d’immenses groupes détiennent l’entièreté du dieu marché, et Total fait du nucléaire.

      Le pétrolier Total va prendre part aux côtés de GDF-Suez à la construction du réacteur de troisième génération (EPR) de Penly en obtenant un quart du bloc initialement attribué à GDF-Suez (33,33%).

      http://www.usinenouvelle.com/article/total-s-invite-dans-le-nucleaire.N66486

      C’est une claire aliénation pour nous tous parce que même avec de la bonne volonté, c’est dur de ne pas avoir affaire à eux.

        +7

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  • SPQR // 13.12.2015 à 14h51

    Une question me turlupine : on justifie rationnellement et de manière convaincante l’intervention américaine en Irak, Lybie, Syrie (soutien aux « rebelles modérés ») par la nécessité de voir s’effondrer les structures étatiques, garantes de stabilité, au Proche-Orient, et sécuriser de ce fait les approvisionnements pétroliers (installation à demeure de l’armée etc…)

    Mais l’auteur justifie aussi à l’aide de cet argument (garder la main sur les ressources énergétiques du golfe persique) la nécessité pour les occidentaux de garantir la stabilité des pétro-monarchie… N’est-ce pas contradictoire ? Pourquoi n’avoir pas su jouer la carte de la déstabilisation de ces régimes pour mieux s’accaparer leurs richesses ? La rhétorique droit-de-l’hommiste était parfaitement adaptée en plus !

      +3

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    • TZYACK // 13.12.2015 à 19h42

      Parce qu’en plus de « piller » leur richesse, on peut leur vendre de l’armement en les faisant guerroyer les uns contre les autres

        +11

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    • Jagajaga // 16.12.2015 à 19h09

      S’agissant du pétrole en Syrie, disons que si Nafeez Ahmed s’intéressait vraiment aux questions énergétiques au lieu de prétendre travailler sur le peak oil pour le plaisir d’aligner des thèmes à la mode sur sa page perso, il saurait que la Syrie n’a jamais été un acteur majeur dans le domaine et que leurs réserves sont en voie d’épuisement.
      Leur production a du plafonner à 500 000 b/j au milieu des années 90, et devait tourner à 250-200 avant guerre, soit 1/40ème de la production saoudienne, russe ou américaine. C’est important pour la Syrie, mais à l’échelle mondiale c’est une paille.
      Idem sur la présence hypothétique de champs « importants » en Méditerranée: 1,7 milliards de barils et 3.400 milliards de m3 de gaz c’est sympa pour les Etats concernés mais à l’échelle mondiale c’est une goutte d’eau.

      Le gaz, c’est un autre problème. Mais réussir à parler du sujet sans mentionner une seule fois l’existence du FPEG ou dire que « la plupart des belligérants étrangers dans la guerre en Syrie sont des pays exportateurs de gaz » relève soit de la désinformation soit de l’ignorance crasse.
      Seuls la Russie et le Qatar sont des acteurs d’importance dans ce domaine. L’Iran a les réserves pour le devenir (noeud du problème). Tous les autres pays sont importateurs ou autosuffisants …

        +0

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  • Krystyna Hawrot // 13.12.2015 à 15h47

    Une bonne contribution à la réflexion est un texte de Alain Badiou que Danielle Bleitrach vient de publier.
    https://histoireetsociete.wordpress.com/2015/12/11/alain-badiou-notre-mal-vient-de-plus-loin/

    Je n’ai pas toujours été d’accord avec Alain Badiou, surtout concernant la question du voile en France, mais là je dois dire que ses interprétations sont très intéressantes. Pour décrire la façon dont l’oligarchie capitaliste occidentale détruit et affaiblit les Etats, il utilise le terme de « zonage » qu’il définit comme la création d’un territoire de bandes criminelles organisées qui sert à faire la guerre, gagner de l’argent avec la guerre et aussi terroriser les populations – le système a besoin de ces zones, elles sont consubstantielles de son développement. Dans ces zones on envoient les mecs frustrés du système – qui peuvent y construire une vie, basé sur la violence nihiliste (elle aussi produit du capitalisme d’ultra-consommation), le pillage mais aussi une place sociale qu’on leur donne enfin.
    Le premier zonage était la Yougoslavie… le dernier en date Daesh;

    Comme illustration des propos d’Alain Badiou, je vous recommande cet excellent documentaire de Russia Today sur les femmes réduites à l’esclavage par Daesh. Franchement je trouve incroyable qu’en Occident les médias ne soient pas capables de traiter un tel sujet et que les Russes le font avec tact et mesure. Ce documentaire est très bon parce qu’il n’y a aucun spectaculaire ni scène de violence mais il est basé sur les témoignages des femmes et de ceux qui les ont sauvées.

    Pourquoi illustre-t-il les propos d’Alain Badiou? Parce qu’il donne un rare aperçu de la vie quotidienne sous Daesh et montre à quel point d’une part cette structure n’est pas un Etat mais un espace privatisé par une bande de délinquants de nos banlieues (Europe, Australie, Afrique du Nord) armés par des puissances étrangères ( non citées dans le document mais nous savons qui fait le bon boulot…)
    Il est intéressant de voir de visu ce qu’Alain Badiou nomme le « désir d’Occident » qui se mue en haine nihiliste quand les mecs des classes inutiles sont frustrés de ne pas pouvoir le satisfaire. En l’occurrence, les bandes criminelles armées composées de mecs bien de chez nous, enlevant, réduisant en esclavage et violant les femmes yézidis, satisfont l’accessibilité des femmes que leur promet la culture pornographique occidentale. Regardez bien la scène où les mecs de Daesh se filment en train de choisir les femmes mises en esclavages et dotées de numéros: c’est une scène de choix dans un bordel moderne, en Espagne ou en Allemagne. Les mecs auront par les armes ce qu’ils n’ont pu avoir par l’argent. Et ils réclament des femmes aux yeux bleus!

    https://francais.rt.com/programmes/enquetes-speciales/9281-victimes-daesh

    Deuxièmement, en filigrane des témoignages des femmes yézidis, vous voyez que les hommes de Daesh vivent enfin une vie « petite bourgeoise capitaliste » dans l’utopie de Daesh: ils vont au front comme ils iraient au boulot et reviennent manger le repas dans une maison que Daesh leur a donné (et confisqué à un habitant du coin), repas préparé par une épouse elle même Européenne ou Australienne qui est venue vivre avec eux dans le « social-fascisme » de Daesh… à un tel point c’est une vie « normale » que certaines des épouses « daeshisées » préfèrent laisser les esclaves partir parce qu’en femmes modernes, elles ne s’adaptent pas tout à fait à la polygamie!

    Et de plus, comme dit le documentaire, personne ne se soucient des femmes yézidis enlevées sauf les structures kurdes du coin qui utilisent les mafias et structures opaques locales ambigües pour racheter les femmes et les rendre à leurs familles et communautés. C’est un document fascinant qui montre à quel point Daesh est comme notre ombre, l’envers de notre décor hypocrite, mais indispensable à ce décor.

    Entre nous, je préfère l’utopie de Novorossia et, si j’avais pu, j »aurais préféré rejoindre Novorossia pour les aider à construire un contre-état vraiment communiste…

      +4

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  • Krystyna Hawrot // 13.12.2015 à 15h47

    Une bonne contribution à la réflexion est un texte de Alain Badiou que Danielle Bleitrach vient de publier.
    https://histoireetsociete.wordpress.com/2015/12/11/alain-badiou-notre-mal-vient-de-plus-loin/

    je n’ai pas toujours été d’accord avec Badiou, surtout concernant la question du voile en France, mais là je dois dire que ses interprétations sont très intéressantes. Pour décrire la façon dont l’oligarchie capitaliste occidentale détruit et affaiblit les Etats il utilise le terme de « zonage » qu’il définit comme la création d’un territoire de bandes criminels organisés qui sert à faire la guerre, gagner de l’argent avec la guerre et aussi terroriser les populatiosn – le système a besoin de ces zones, elles sont consubstantielle de son développement. Dans ces zones on envoient les mecs frustrés du système – qui peuvent y construire une vie, basé sur la violence nihiliste (elle aussi produit du capitalisme d’ultraconsommation), le pillage mais aussi une place sociale qu’on leur donne enfin.
    Le premier zonage était la Yougoslavie… le dernier en date Daesh;

    Comme illustration des propos de Badiou je vous recommande cet excellent documentaire de Russia Today sur les femmes esclavagisées par Daesh. Franchement je trouve incroyable qu’en Occident les médias ne soient pas capables de traiter un tel sujet et que les Russes le font avec tact et mesure. Ce documentaire est très bon parce qu’il n’y a aucun spectaculaire ni scène de violence mais il est basé sur les témoignages des femmes et de ceux qui les ont sauvés. Pourquoi il illustre les propos de Badiou? Car il donne un rare aperçu de la vie quotidienne des gens sous Daesh et montre à quel point d’une part cette structure n’est pas un Etat mais un espace privatisée par une bandes de délinquants de nos banlieues (Europe, Australie, Afrique du Nord) armés par des puissances étrangères ( non citées dans le docu mais nous savons qui fait le bon boulot…)
    Il est intéressant de voir de visu ce que Badiou nomme le « désir d’occident » qui se mue en haine nihiliste quand les mecs des classes inutiles sont frustrés de ne pas pouvoir le satisfaire. En l’occurrence les bandes criminels armées composés de mecs bien de chez nous en enlevant, esclavagisant et violant les femmes yézidis satisfont l’accessibilité des femmes que leur promet la culture pornographique occidentale. Regardez bien la scène ou les mecs de Daesh se filment en train de choisir les femmes mises en esclavages et dotées de numéros: c’est une scène de choix dans un bordel moderne, en Espagne ou en Allemagne. Les mecs auront par les armes ce qu’ils n’ont pu avoir par un argent qu’ils ne peuvent avoir. Et ils réclament des femmes aux yeux bleus!

    https://francais.rt.com/programmes/enquetes-speciales/9281-victimes-daesh

    Deuxièmement en filigrane des témoignages des femmes yézidis vous voyaient que les hommes de Daesh vivent enfin la vie une vie petite bourgeoise capitaliste dans l’utopie de Daesh: ils vont au front comme ils iraient au boulot et reviennent manger le repas dans une maison que Daesh leur a donné (et confisqué à un habitant du coin), repas préparé par une épouse elle même Européenne ou Australienne qui est venue vivre avec eux dans le « social-fascisme » de Daesh… a un tel point c’est une vie « normal » que certaines des épouses daeshisées préfèrent laisser les esclaves partir parce qu’en femmes moderne elles ne s’y font pas tout à fait à la polygamie!

    Et de plus, comme dit le documentaire, personne ne se soucient des femmes yézidis enlevés sauf les structures kurdes du coin qui utilisent les mafias et structures opaques locales ambigus pour racheter les femmes et les rendre à leurs familles et communautés. C’est un document fascinant qui montre à quel point Daesh est comme notre ombre, l’envers de notre décors hypocrite, mais indispensable à ce décors.

    Entre nous, je préfère l’utopie de Novorossia et si j’avais pu j »aurais préféré rejoindre Novorossia pour les aider à construire un contre Etat vraiment communiste…

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    • Nora // 14.12.2015 à 20h56

      @ Krystyna Hawrot
      Merci pour l’article de Badiou. Je partage entièrement votre indignation sur les atrocités de Daesh. Cependant l’impérialisme n’est pas seulement économique, il est aussi culturel. Il s’exerce à travers nos politiques extérieures et intérieures. Une Française voilée est une française ni plus, ni moins. Un Français est il nécessairement un non-musulman ? Lisez « Des voix derrière le voile » de F. Zeroula (Mars 2015). Cordialement.

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    • Homère d’Allore // 14.12.2015 à 21h08

      Merci, Krystyna, pour le lien du reportage RT ainsi que pour la transcription de la conférence de Badiou.

      Et quand Engels écrivait que l’avenir serait soit le Socialisme, soit la Barbarie, il ne pouvait pas savoir quel visage aurait exactement cette dernière. Mais le triomphe du capitalisme induit bien ce résultat.

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  • Astatruc // 13.12.2015 à 18h41

    A « SPQR »,

    1. Parce qu’ils sont immensément riches et qu’ils sont capables, comme on l’a vu, de se payer les hommes, les armes d’une très grande armée et parce qu’il faut les garder comme copains pour qu’ils ne copinent pas avec l’Eurasie. Du moins, pas trop…
    2. Parce qu’ils ont des accords avec Israël.
    Enfin, ce n’est que mon avis, très superficiel, sans doute.
    3. Et puis, aussi, peut-être qu’ils ne trouvent pas de volontaires, d’ONG qui acceptent de s’y installer pour aller préparer foutre le « dawa » là-bas. C’est moins simple dans les pays des non-droits de l’homme. Ils ne peuvent pas orchestrer des choses horribles parce que l’horreur est coutumière : lapidation, décapitations, etc…

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  • Theoltd // 13.12.2015 à 18h53

    On a absolument besoin des rebelles modérés. Tout repose sur leur existence, meme virtuelle. Car quand on se mettra a frapper Daesh sérieusement, tous les combattants de Daesh changeront d’uniforme, et une grande armée de moderes surgira des sables syriens, pour remporter la victoire et chasser Assad dans un grand mouvement populaire. Tel est le plan, qui justifie la creation, l’existence de Daesh et tous les événements qui y sont lies.

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  • Bruno // 13.12.2015 à 18h58

    Un article majeur, à distribuer partout. Ce qui est impressionnant, c’est le silence de la presse française officielle. Pourquoi?

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  • fouineur // 14.12.2015 à 00h21

    « La brutalité et l’illégitimité d’Assad est indiscutable ». A partir du moment ou la narration occidentale n’est que mensonge, quel crédit doit on accorder à cette affirmation ? A partir du moment ou la rébellion que Assad a réprimé dans le sang, n’en était pas une mais plutôt une opération de subversion menée par les USA, pour les raisons qui sont clairement explicitée dans l’article, peut on réellement reprocher à Bachar El Assad d’avoir stoppé cette opération ?

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  • caliban // 14.12.2015 à 11h44

    Combien d’années faudra-t-il attendre pour que ce genre d’informations soient diffusées au journal de 20h ?

    Je crois qu’en fait cela ne passera jamais, nos gouvernants vont s’enfoncer jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à l’instauration de la dictature. Plusieurs motifs :
    • pas de changement géopolitique, l’opposition à la Russie n’est pas prête de s’arrêter et l’intégration de la Turquie dans l’UE est sur les rails : c’est l’oncle Sam qui dicte la marche à suivre
    • il y aura d’autres attentats : pour nos dirigeants, reconnaître leur implication dans ce merdier, c’est mettre leur tête sur le billot (au sens figuré, je veux dire ils mettraient fin à leurs splendides carrières de branquignols)

    Je ne peux m’empêcher de penser que ce sont les mêmes qui se gargarisent de l’accord « arraché » lors de la Cop21.

    Comment on fait pour changer de planète ?

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  • Pampita // 15.12.2015 à 01h31

    En tout cas, le sultan est de plus en plus isolé, ce qui l’oblige à… faire des ouvertures à Israël ! http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/12/la-journee-des-trois-conditions.html
    L’Etat hébreu n’est pas dupe et a renvoyé Erdogan à ses chères études…

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  • olivier M // 15.12.2015 à 23h49

    Les crises est gaulliste, donc il est pour un ministère de la justice. Ca ne choque pas les francais, mais ca fait rire a mort les anglo-saxons lorsqu’on leur parle de la democratie francaise (je l’ai vecu).

    Bon aller, je suis hors-sujet, donc je sors, la liberte d’expression est morte de toute facon.

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    • fouineur // 17.12.2015 à 12h46

      Les anglos saxons rient à mort ? Je pense que les familles des 1 million de morts vietnamiens, des1 million de morts irakiens, celles des 30 000 morts libyens (à tort imputés à Kadhafi) et des 250 000 morts syriens (à tort imputés à Bachar el Assad), déclenchés par les guerres impérialistes d’essence anglo-saxonne (en armant Al Qaida et l’EI), rigolent beaucoup moins. Donc leur avis – si vous permettez – ils se le gardent (pour rester poli) : ils ont mis assez de misère comme cela dans le monde. La démocratie anglo-saxonne est telle que la française : ce sont des souvenirs, perverties qu’elles ont été par lle consumérisme et la communication, où le mensonge n’en est plus un, et est conceptualisé par le terme élégant de « story-telling » par les agences de com’. La société occidentale dans son ensemble est en totale perte de repères et de de principes (même ces concepts sont récupérés par ses pires fossoyeurs tels Sarkozy sous le terme de « valeurs », qui a fait complètement galvaudé ce mot) elle est perdition. Vous perdez votre temps à comparer ses différentes nuances, française et anglo-saxonne. Quand le bateau coule qu’est ce que ça peut faire d’être en 1ere ou seconde ?

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  • Acc // 05.01.2016 à 11h51

    […] politiques étrangères occidentales à l’égard des pétromonarchies du Golfe et de la Turquie, dont le soutien de milices terroristes est de notoriété publique. Au contraire, ce processus […]

    http://axedelaresistance.com/letat-francais-a-facilite-les-actions-dal-nosra-la-majorite-refuse-toute-enquete-alain-marsaud/

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